“Oublie pas la casquette cowboy, ça vaut même à l’étranger.” il lui annonce, vissant par la même occasion le couvre-chef aux couleurs des Socceroos sur la tête du brun, ne sachant faire autre chose que de sourire de toutes ses dents en retour. Le soleil est bien moins étouffant que celui de Brisbane mais la Nouvelle-Zélande ne les ménage pas totalement, acceptant pourtant presque dix degrés de moins pour rendre les sorties à l’extérieur plus agréables. Le programme de leur séjour n’est pas acté, il est rêvé en grand la veille au soir pour qu’ils se décident mieux chaque matin de rester cinq minutes de plus dans leur chambre d’hôtel, adaptant au jour le jour leurs activités. Venus pour l’anniversaire de Swann, ce dernier en viendrait presque à en oublier le jour qu’il est tant leur séjour tend à se prolonger, pour leur plus grand bonheur. Les derniers événements semblent loin derrière eux, les points de suture de la main de l’anglais ayant été retirés il y a plus de deux semaines déjà: n’en reste qu’une large trace rouge qui ne disparaîtra sûrement jamais. Avec le temps, elle se contentera de prendre une couleur plus claire pour mieux se confondre avec le teint naturel de l’anglais, et à ce moment-là il pourra de nouveau agir comme si de rien n’était. A ses yeux, il n’y a aucune raison de ressasser cette soirée, surtout alors qu’ils ont eu de nombreuses occasions de retrouver le sourire au cours des dernières semaines, ce long week-end (puisque officiellement, cela n’a rien de vacances) en étant l’apogée. Il est bien plus heureux de passer tout son temps avec Rory que de découvrir le paysage de l’île voisine. Non pas qu’il s’en désintéresse, mais face à son petit-ami il doit bien avouer qu’elle ne fait guère le poids, en témoigne toute l’attention qu’il démontre au brun en cette fin de matinée. Aujourd’hui plus que jamais, il apprend à vivre cette nouvelle vie auprès de lui, pour le moment encore exemptée de tous paparazzis ou journalistes trop curieux.

Sans avoir à en discuter davantage, les deux hommes n’ont pas eu à discuter bien longtemps pour tomber d’accord sur un point: les villes sont peut-être très belles, mais ils seront tout aussi bien ailleurs, à ne pas tenter le Diable au milieu des foules. Swann ne craint plus (tant) le regard d’autrui ni même qu’on puisse reconnaître Rory et, par extension, que leur couple soit reconnu dans la presse, mais il préfère autant que possible profiter de l’anonymat qui leur permet de passer de bien plus belles vacances que tout ce qu’ils auraient pu imaginer. A quelques heures à peine de leur chez eux, ils n’ont pas besoin de plus pour un véritable bol d’air frais, ce dont ils profitent encore aujourd’hui alors qu’ils ont décidé d’une simple randonnée non loin de leur hôtel. Conseillée par l’hôtesse d’accueil, ils n’ont pas eu besoin de plus pour se décider de l’entreprendre, la jeune femme leur ayant assurée que le niveau n’était pas bien élevé - non pas qu’ils craignent un peu d’exercice physique mais bien que Swann soit toujours en train de se soucier du genou un jour abîmé de son petit-ami, lequel ne semble pas enclin à se soigner totalement.

La tête du brun désormais protégée par une casquette et celle de Swann tout autant, c’est avec le coeur plus léger que jamais qu’ils peuvent s’aventurer sur le sentier largement ombragé par les arbres environnants - peut-être qu’il a tenu plus que de raison aux casquettes, oui. Il ne se refera jamais, l’anglais, à toujours se faire du souci pour ceux qu’il aime. Aujourd’hui pourtant, c’est surtout la conversation qu’il a eue avec Martin qui lui revient en tête, la date de leur retour approchant à grand pas et, avec elle, la fin de l’arrêt maladie du blond - ce même arrêt maladie qu’il aurait jugé totalement ridicule s’il ne lui avait pas permis de pleinement profiter des fêtes de fin d’année en compagnie de Rory. Il sait que s’il doit entamer des procédures, il devrait arrêter de tout repousser au lendemain et risquer de rater l’opportunité de ce changement de vie. Pour autant, avant de se lancer dans quoi que ce soit, c’est surtout l’avis de Rory qu’il veut connaître, et c’est bien ce dernier qui décidera de la suite des événements. Rattrapant en quelques pas son léger retard sur l’australien, il vient nouer ses doigts entre les siens de façon instinctive, bien plus stressé à l’idée d’avoir cette discussion que ce qu’il ne devrait en réalité. Après un bref coup d’oeil sur son profil et s’être assuré une fois de plus qu’il l’aimait toujours autant, le blond prend une inspiration discrète. “Tu te souviens, y’a un an et demi, quand je t’ai fait la liste de tout ce que j’aurais pu faire pour sauver notre couple ?” Il annonce donc, ses yeux sombres déjà émus à l’idée de remettre au goût du jour de tels souvenirs. Ils avaient eu cette discussion les larmes aux yeux, comme bon nombre de fois - si ce ne sont toutes les fois - où ils avaient discuté, cette année-là. C’est à ce moment qu’il lui avait annoncé l’existence de Lucia et l’importance que cette dernière avait déjà gagné dans sa vie, parfaite jeune femme venue combler le vide dans son coeur. Les détails lui reviennent par vagues alors qu’il n’a pas la moindre envie de se les remémorer à l’esprit, raison pour laquelle il tente vite de reprendre son explication et arriver à son but. “Je t’avais parlé de travailler sur les tournages, avec toi. Enfin pour toi, si on est précis.” Il esquisse un rire sincère, n’ayant aucun mal à accepter la précision qu’il impose lui-même. Après tout, c’est Rory l’acteur et il est l’homme de l’ombre: les choses ont toujours été ainsi, à raison. “Je me disais que je pourrais réellement entamer les démarches cette année. Si l’idée te plaît.” Son sourire est désormais celui d’un enfant qui continue ses explications sans savoir si ses parents s’apprêtent à le gronder ou le féliciter. Rory avait dit qu’il aurait adoré l'idée, mais la conversation est bien trop vieille et trop de choses se sont passées depuis pour qu’elle soit prise pour acquise. “Puisque tu vas reprendre les tournages et que… j’aimerais autant ne pas vivre loin de toi.” L’anglais confesse, décidé à ne pas réitérer les erreurs du passé. Ils ont pris l’habitude de se voir tous les jours depuis plus de quatre mois et revenir à une vie quotidienne sans pouvoir le serrer près de lui pendant des jours ou des semaines semble désormais impossible aux yeux de l’anglais, plus que jamais posés sur le profil de son petit-ami dont il reste suspendu aux lèvres.

you're wonder, under summer skies.

@SWANN BUCHANAN & RORY

Ils en avaient longtemps rêvé, de ce voyage à l'étranger. Plus encore après les événements qui avaient valu à Swann de se retrouver avec un nez amoché et une main coupée en son centre sur plusieurs centimètres. Aujourd'hui, enfin, c'était un projet que Swann et lui avaient pu concrétiser sans même avoir à regarder derrière eux. Ils avaient besoin de se retrouver tous les deux, besoin aussi de mettre les dernières semaines derrière eux et d'oublier que les fêtes ne s'étaient pas passées tout à fait comme ils l'avaient imaginé. Ça n'avait plus d'importance, désormais, et c'est de la meilleure façon qui soit qu'ils s'apprêtaient à écrire le début de cette nouvelle année : ensemble, sans aucune autre préoccupation à l'esprit que de savoir s'ils verraient le bout de cette randonnée. Le sentier ne semblait pas bien compliqué et largement à la portée des novices qu'ils étaient, raison pour laquelle ni Swann ni lui ne s'était réellement inquiété à l'idée de partir seuls à l'aventure, largement conseillés par l'hôtesse qui elle non plus ne semblait pas tellement douter du fait de les revoir en un seul morceau. Tout irait forcément bien s'ils restaient tous les deux, leurs seuls sourires témoignant du bonheur qu'ils éprouvaient d'être ici, loin de leur quotidien mais plus proches que jamais l'un de l'autre. Finalement, il n'y avait sans doute pas mieux pour s'habituer à être vus ensemble qu'un endroit où ils n'avaient presque aucune chance de croiser quelqu'un qu'ils connaissaient – tout comme de croiser quelqu'un tout court, à cet instant précis où leurs pas les éloignaient déjà de leur hôtel. Swann se faisait doucement à l'idée de s'afficher officiellement à son bras et Rory lui avait promis qu'ils feraient les choses en douceur, raison pour laquelle l'absence de tout paparazzi ne pourrait pas mieux tomber. A vrai dire, ce voyage tout entier était parfait en tous points aux yeux d'un Rory simplement impatient de goûter toutes les spécialités à dix kilomètres à la ronde, de prendre avec Swann un millier de photos qu'ils pourraient ensuite envoyer à Haley et d'embrasser l'anglais tous les dix mètres le long de leur parcours. Ils n'avaient pas le moindre risque de le trouver interminable, de cette façon.

“Oublie pas la casquette cowboy, ça vaut même à l’étranger.”
« Tu veux pouvoir me repérer en un coup d’œil si jamais on se perd, avoue. »
Une manière de sous-entendre que ce jaune était un brin voyant mais qu'il arborerait cette casquette avec la plus grande fierté – par patriotisme bien sûr, mais aussi pour ne pas risquer une stupide insolation qui l'empêcherait de profiter comme il se doit de leur soirée.

Soleil ou pas, profiter d'un tel cadre en compagnie de l'homme qu'il aimait était déjà suffisant pour que Rory en apprécie chaque aspect, de ce climat légèrement différent de celui de Brisbane à ces moments où le sentier grimpait et faisait travailler leurs jambes. Sentir les doigts de Swann se nouer aux siens ne rendait même ce moment qu'un peu plus précieux encore, alors qu'il était de loin la plus belle chose que ses yeux se plaisent à contempler, même au milieu d'un paysage à couper le souffle. Lorsque son regard croisa celui de Swann, pourtant, Rory crut y lire une mélancolie inhabituelle, de celle qui ne semblait pas liée à une quelconque fatigue. “Tu te souviens, y’a un an et demi, quand je t’ai fait la liste de tout ce que j’aurais pu faire pour sauver notre couple ?” Oh, la voilà donc la raison à ce regard. « Je me souviens, oui. » Rory confia tout bas. Comment oublier le jour où il avait bien cru que sa route et celle de Swann s'étaient séparées pour de bon, l'anglais à nouveau heureux aux cotés de Lucia tandis que lui pansait un cœur trop éprouvé pour retomber amoureux. Les souvenirs rattachées à cette journée restaient plus douloureux qu'il ne le voudrait et répandaient toujours une certaine tristesse dans le cœur de l'australien, pourtant si loin d'expérimenter aujourd'hui un vide aussi grand et une peine aussi viscérale qu'à l'époque où Swann manquait à chaque pan de son être. Terriblement, constamment, et encore bien trop pour qu'il ait été judicieux de croire qu'il pourrait un jour voir s'éteindre ses sentiments pour lui. Bien loin de là, ces derniers n'avaient fait que subsister de longs mois et lui par en retomber profondément amoureux, sans que ça n'ait rien d'une surprise et surtout pas pour un cœur qui l'avait tant pleuré. Tout allait bien, désormais, et ils avaient tout pour être les plus heureux. En mettant de coté les récentes blessures de son petit-ami et la convalescence qui avait suivi, tout semblait cette fois bel et bien leur sourire. Ils avaient pu prendre les vacances dont ils avaient tant parlé, rien que tous les deux, et ce n'était que le début.

“Je t’avais parlé de travailler sur les tournages, avec toi. Enfin pour toi, si on est précis.” Son sourire s'étira avec douceur lorsqu'il crut comprendre où Swann voulait finalement en venir. Parce qu'à l'époque déjà, c'est vrai, l'idée n'avait pu que lui sembler excellente et le timing simplement malheureux. “Je me disais que je pourrais réellement entamer les démarches cette année. Si l’idée te plaît.” Ses doigts toujours entremêlés aux siens, ce sont ses pas qui ralentirent le long du sentier et vers Swann qu'il tourna doucement son visage. « C'est vrai, tu... te sentirais prêt à laisser tomber ton boulot au cabinet ? Je veux dire, t'en aurais envie ? » Parce qu'il y avait sa place au cabinet, bien sûr, mais aussi et surtout Martin qui comptait probablement sur Swann et avec qui l'anglais avait toujours apprécié travailler. Ce n'était pas des détails à ses yeux, mais bien deux points importants à prendre en compte. “Puisque tu vas reprendre les tournages et que… j’aimerais autant ne pas vivre loin de toi.” Cette fois l'émotion qui s'empara de lui fut un peu différente et c'est tendrement qu'il déposa sa main libre sur la joue de son petit-ami, la caressant du bout de ses doigts. « Je veux pas vivre loin de toi, moi non plus. C'était trop dur, de te laisser pendant plusieurs semaines... Je veux pas revivre ça. » Il ne voulait ni ne pouvait. Parce que s'il y avait bien une chose que leur rupture lui avait appris, c'est qu'il était bien incapable d'être heureux s'il était loin de lui. Quelques jours ou quelques semaines, ça lui semblerait de toute façon être une éternité. Et il ne supporterait pas l'idée de le laisser à nouveau derrière lui pendant si longtemps, pas alors qu'il s'était promis de faire de lui sa priorité à compter de maintenant. « Mais c'est pas à toi de sacrifier un boulot et une place que tu aimes pour que ça fonctionne, tu le sais pas vrai ? » Il avait besoin que Swann l'entende, tout comme il avait besoin que son petit-ami comprenne que ça ne changerait jamais rien à la façon dont il pouvait l'aimer. « L'idée me plaît. Elle me plaît même énormément. » Il souffla finalement, dans un sourire qui se permettait pourtant de rêver à un futur dans lequel Swann pourrait le suivre sur ses tournages sans qu'ils n'aient jamais plus à être séparés. Bien sûr qu'il voudrait pouvoir retrouver ses bras à chaque pause, lui faire une place dans cet univers qui n'aurait plus seulement à être le sien mais pourrait devenir le leur. Un tournage nécessitait toujours de s'entourer d'une équipe médicale et Rory n'avait pas même à se projeter davantage pour savoir que n'importe qui serait entre les meilleures mains qui soient avec Swann. « Tu peux pas savoir combien ça me rendrait heureux de partager tout ça avec toi. Et de te savoir tout près en permanence. Mais je veux que tu en aies vraiment envie, pas que tu prennes la décision pour moi. » Il ne lui demanderait jamais une telle chose. « Autrement, j'aurais peur que tu la regrettes et que tu sois malheureux. » C'était la dernière chose qu'il voulait et le moyen le plus simple pour qu'il culpabilise de l'avoir laissé prendre cette décision. Tout ce qu'il désirait c'était que Swann pense à ses besoins et ses envies avant tout le reste. C'était la condition à laquelle il s'autoriserait à accepter cette idée qui autrement ne lui aurait pas causé la moindre hésitation. Bien au contraire.

Imposant un rythme plus lent que le sien lorsque l’anglais noue ses doigts à celui du brun, il ne fait qu’user d’un stratagème supplémentaire parmi des milliers pour s’assurer qu’il ménage autant que possible son genou et cette blessure prête à resurgir à chaque instant. Que ce voyage soit entaché de la moindre noirceur serait bien le dernier souhait de Swann, bien trop comblé de pouvoir profiter de quelques jours de répit dans un pays qui n’est pas celui d’aucun d’eux. Ils ne restent pas assez longtemps pour pouvoir en observer les aspects négatifs et cela lui convient parfaitement: ainsi, absolument tout leur séjour est parfait et si Swann évoque brièvement le souvenir d’une époque difficile, ce n’est que pour lui prouver à quel point tout a changé depuis, si ce n’est l’intensité de l’amour qu’il porte à Rory. « Je me souviens, oui. » La voix basse de son petit-ami lui confirme une fois de plus à quel point aucun d’eux n’a aimé cette époque difficile, autant dans leur vie respective que dans leur relation: il faut dire que les deux sont intrinsèques. Il resserre doucement ses doigts autour des siens, assurance muette que cette discussion ne sera jamais rien d’autre qu’un mauvais souvenir et un exemple de ce qu’ils ne reproduiront jamais. N’ayant aucune envie de faire durer cette incertitude, il prend rapidement une mince inspiration pour lui faire part de la suite de son idée, celle qu’il avait déjà évoquée il y a plus d’un an: travailler sur ses tournages, jamais non loin de lui. A en juger par le sourire de Rory et le fait qu’il ralentisse l’allure au point de ressentir le besoin de s’arrêter, il ne semble pas avoir besoin de peser le pour et le contre de cette idée. « C'est vrai, tu... te sentirais prêt à laisser tomber ton boulot au cabinet ? Je veux dire, t'en aurais envie ? » En retour, l’anglais ne peut qu’hocher vivement la tête, son pouce occupé à caresser le dos de la main de son petit-ami. Désormais, ce ne sont pas des idées qu’ils avancent avec nostalgie, des et si qui auraient pu éviter leur rupture. Désormais, ce sont des petites choses qui changeront leur quotidien du tout au tout sans que, pour une fois, cela ne déstabilise Swann. Il sait qu’il a tout à y gagner, et surtout Rory. “Pour toi, oui.” Il n’aurait jamais quitté son poste sinon, c’est une évidence, mais le seul prénom de Rory est un argument suffisant pour bien des changements dans son existence. A en juger par le sourire de Swann, cela ne ressemble en rien à une concession qu’il lui fait.

Après quelques secondes d’argumentaire, l’anglais ne tarde pas davantage avant d’avouer le fond de ses pensées: s’il a envie d’entreprendre toutes ces démarches, c’est pour ne plus avoir à vivre loin de lui. Ils ont déjà vécu cette vie pendant des années, parfois incapables de se retrouver à cause de l’omniprésence de curieux autour du domicile de l’acteur. C’est un déchirement qu’il ne veut plus connaître, pas alors qu’il sait qu’il a aussi été un argument de poids au moment de leur rupture. Ils ne sont pas faits pour vivre éloignés l’un de l’autre, ils ne savent pas faire comme tous ces couples qui ont besoin de leur espace vital et de temps à eux. Swann a déjà bien trop l’impression d’avoir gâché ses dernières années de vie pour pouvoir reprendre le même chemin, et la main que le brun dépose contre sa joue pour la caresser n’est qu’une assurance supplémentaire: c’est une bonne idée. Ce ne peut qu’en être une. « Je veux pas vivre loin de toi, moi non plus. C'était trop dur, de te laisser pendant plusieurs semaines... Je veux pas revivre ça. » Ému à son tour, l’anglais se pince les lèvres pour ne pas avoir à laisser surgir dans son esprit trop de souvenirs d’une époque révolue. Les au-revoir à l’arrière goût d’adieux ont été bien trop nombreux, il ne veut plus avoir à revivre ce moment où il doit se résoudre à détacher ses bras de lui pour le laisser prendre son avion. Il ne veut plus non plus avoir à retourner au loft pour retrouver son odeur lorsque ses déplacements se font trop longs. “Ça n’arrivera pas.” Il le rassure donc aussitôt, ayant bien trop l’impression que Rory se laisse happer par les souvenirs de cette époque-là. Ses yeux dans les siens, l’anglais a rarement été aussi assuré de ses paroles.

Pourtant, l’homme qu’il aime n’aurait justement pas un tel titre s’il n’était pas éternellement égal à lui-même, à toujours faire passer le bien être d’autrui avant le sien propre. « Mais c'est pas à toi de sacrifier un boulot et une place que tu aimes pour que ça fonctionne, tu le sais pas vrai ? » Swann esquisse un doux sourire, fermant un instant les yeux pour profiter des caresses de son petit-ami contre sa joue et un visage ne portant plus les stigmates de sa rencontre avec Murphy. Il reporte sa propre main sur la sienne, simplement un peu moins assuré à cause de sa blessure. “Je continuerai de faire le travail que j’aime et tu feras le tien. Personne ne sacrifie rien.” Et c’est justement pour cette raison que le changement de milieu lui avait semblé évident, il y avait simplement pensé trop tard, ou n’avait pas voulu se rendre compte de l’évidence de cette idée alors qu’il était encore trop occupé à craindre que son ombre ne trahisse sa relation avec le brun. Rory doit tourner où on le demande et Swann ne voudrait pas qu’il refuse des opportunités à cause de lui, alors, pour une fois, il est celui qui s’adapte à la situation. Il continuera de faire ce qu’il aime et se contentera de changer de milieu ; et c’est tout aussi peu pire que ça en a l’air. « L'idée me plaît. Elle me plaît même énormément. » Le sourire de l’anglais grandit aussitôt et se veut immense, ses yeux brillants sous le soleil de la Nouvelle-Zélande. “Ça me rend tellement heureux.” Il le rend tellement heureux, à vrai dire, et s’il ne le lui dit pas en cet instant précis, c’est sûrement parce qu’il lui a déjà répété dix fois pendant la matinée et qu’il recommencera encore dans l’après-midi. « Tu peux pas savoir combien ça me rendrait heureux de partager tout ça avec toi. Et de te savoir tout près en permanence. Mais je veux que tu en aies vraiment envie, pas que tu prennes la décision pour moi. » Il s’y prend trop tard pour mettre un terme au flot de ses pensées faisant de Swann celui qui se sacrifie pour Rory et leur couple, mais le baiser qu’il dépose brièvement sur ses lèvres après avoir enlevé sa propre casquette en a toute la vocation. « Autrement, j'aurais peur que tu la regrettes et que tu sois malheureux. » Et face à un tel aveux, ses yeux papillonnent, trouvant toujours le moyen de tomber un peu plus amoureux de lui encore. “J’ai un avant goût de ce à quoi ressemble une vie avec toi depuis quelques mois.” Puisque, même s’ils n’habitent pas officiellement ensemble, ils passent tout de même le plus clair de leur temps l’un avec l’autre, dans le loft ou à la collocation. Les proches de Swann sont devenus ceux de Rory, sûrement au plus grand plaisir d’une Maisie qui ne sait l’admirer autrement qu’avec des yeux brillants. “Et je voudrais vraiment que ça devienne notre avenir.” Ils ont le temps avant d’emménager ensemble, pourtant, Swann est assuré que le fait de continuer à prendre leur temps est une bonne chose alors qu’ils sont assurés de vouloir une vie ensemble. Cela leur permet simplement de l’anticiper au mieux, de profiter de leur vie dans sa configuration actuelle aussi. “Je t’aurais pas proposé l’idée si je ne voulais pas réellement le faire. Et tu sais à quel point je serais rassuré de m’occuper personnellement de toi.” Il n’est pas assuré de beaucoup de choses en ce qui le concerne mais il sait au moins avoir été attentif durant ses études et connaître bien mieux que n’importe quel médecin l’histoire de Rory, ses blessures, ses allergies et Dieu sait quoi encore dont un médecin pourrait avoir besoin. Il sait aussi que si son petit-ami risque de ne pas écouter les conseils d’un professionnel, il pourrait peut-être le faire avec ceux du blond qui s’avère être, malheureusement, un connaisseur du domaine médical à son tour. “J’ai commencé à aborder l’idée avec Martin, il commencera bientôt à me chercher un remplaçant.” Ce qui veut dire que plus rien ne le retient d’engager les démarches pour faire de cette idée une réalité, Rory lui ayant aujourd’hui assuré qu’il était avec lui dans ce renouveau. “Et peut-être qu’il nous a invité à un mariage en fin d’année, aussi.” Il annonce, mine de rien, un énième sourire suspendu aux lèvres tant il n’a pas besoin de sonder Rory pour savoir s’il voudrait y assister ou non. Il n’y aura peut-être pas d’enfants à kidnapper cette fois-ci, mais un mariage reste toujours un moment de vie particulier et il sait à quel point son petit-ami les chérit. “Mais une chose à la fois. Je veux pouvoir dire à l’hôtesse d’accueil qu’on est allés au bout du sentier et qu’on a résisté à l’envie de déjà retourner au fond du lit.” Ce qui ne serait pas non plus une idée pour lui déplaire, il faut bien l’avouer, mais puisqu’ils vivront tôt ou tard ensemble il sait déjà qu’ils pourront s’adonner à ce genre d’activité sous le soleil de plomb de Brisbane. Ici, ils peuvent au moins profiter de l’air frais, loin des buildings et des appels tantôt de Donna, tantôt du cabinet pour une urgence. Mutin, l’anglais replace sa casquette pour reprendre leur randonnée, le coeur infiniment plus léger désormais.

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Les mots prononcés par Swann se faisaient ici l'écho de ceux formulés déjà un an plus tôt par l'anglais, mais c'est cette fois dans de toutes autres circonstances et avec le cœur bien moins lourd que Rory les accueillit. Et un sourire qui n'eut plus rien de triste qui trouva rapidement le chemin de ses lèvres, alors que dans son regard ne brillait déjà plus la moindre once de tristesse. S'il avait souvent repensé à cette idée depuis leurs retrouvailles, s'il avait souvent songé à ce que serait devenu leur quotidien si Swann l'avait rejoint sur ses tournages, Rory n'y avait pourtant jamais plus fait allusion. Parce qu'il ne s'en était simplement pas octroyé le droit, pas alors qu'il avait toujours été bien trop important à ses yeux que Swann ne croit jamais devoir prendre la moindre décision pour lui faire plaisir ou parce que ça rendrait les choses rien qu'un peu plus simples. Des concessions, ils s'étaient jurés d'en faire pour ne jamais reproduire les erreurs qui les avaient séparés une première fois, mais Rory n'aurait jamais suggéré le moindre changement avant que Swann ne s'y sente absolument prêt. C'était le cas pour l'idée d'emménager officiellement tous les deux, et ça l'était pour le reste. Alors que l'idée vienne aujourd'hui de lui et que Swann semble si plein de joie et déterminé à l'idée d'opérer ces quelques ajustements ne pourrait pas le rendre plus heureux. “Pour toi, oui.” Et ça n'avait pas l'air d'une décision que Swann s'était résigné à prendre uniquement par amour, ce qui rassura en partie un Rory éternellement soucieux de placer les besoins de son petit-ami avant quoi que ce soit d'autre. Parce qu'il le connaissait trop bien pour ignorer que Swann n'en était pas capable lui-même, pas alors que le bonheur de ses proches passait toujours en premier pour lui. Ce n'était que l'une des innombrables raisons pour lesquelles il en était tombé profondément amoureux. “Ça n’arrivera pas.” Repenser aux trop nombreuses fois où il lui avait fallu monter dans un avion en laissant Swann derrière lui suffit à lui serrer le cœur, pourtant c'est dans un sourire infiniment tendre et non moins paisible que Rory souffla doucement. « Je sais. » Ils ne revivraient pas ça, peu importe quelles concessions seraient nécessaires aujourd'hui ou dans quelques années. « Je nous laisserai jamais plus reprendre ce chemin-là. » Il ne ferait jamais ça à leur couple, il ne ferait jamais ça à Swann. Ils avaient traversé bien trop de choses, surmonté bien trop d'épreuves pour laisser la moindre distance les séparer plus que ce ne serait purement nécessaire. Il l'aimait surtout bien trop, lui, pour vouloir en être séparé plus de quelques jours. Il peinait déjà à le savoir loin de lui le temps de quelques heures, et ce voyage en tête à tête lui prouvait une nouvelle fois combien il n'avait jamais eu besoin de beaucoup plus que de ces moments seuls avec lui pour être sincèrement heureux.

Pour autant Rory ne pouvait pas complètement occulter les doutes qui le rongeaient malgré lui. Non pas parce que l'idée que Swann soit prêt à renoncer à son boulot au cabinet pour le suivre en tournage lui paraissait trop belle – il ne doutait pas un seul instant qu'il en ait envie – mais parce que la dernière chose qu'il voulait était que son petit-ami puisse un jour éprouver des regrets. Pas demain, pas dans six mois, mais tôt ou tard. “Je continuerai de faire le travail que j’aime et tu feras le tien. Personne ne sacrifie rien.” Swann avait raison et il le savait, tout comme il savait que le Rory d'il y a quelques années aurait été le plus heureux d'avoir une chance de voyager régulièrement avec l'homme qu'il aimait. Ce Rory plein d'espoir et pourtant résigné à vivre un amour caché de tous. Ce Rory à qui il devait aussi de saisir aujourd'hui la moindre opportunité d'être le plus souvent possible auprès de Swann, pour toutes les années qu'ils avaient vécu dans le secret et toutes celles qu'ils se devaient maintenant de rattraper. « Tu continueras d'aider les autres, surtout. Et je sais que c'est plus important que tout pour toi. » Et ça ne faisait qu'ajouter à toutes les raisons pour lesquelles Rory était si fier de partager sa vie, chose qu'il lui avait déjà répété des centaines de fois et qu'il veillerait à lui répéter encore et encore. En attendant, en tout cas, c'est avec une douceur inouïe et dans des caresses prudentes que ses doigts effleuraient la peau de son visage, encore à peine marqué aujourd'hui par l'épisode Murphy mais trop éprouvé ces dernières semaines pour qu'il ne veuille pas en prendre soin – plus encore que d'habitude. “Ça me rend tellement heureux.” A cet instant leurs deux sourires se faisaient le reflet l'un de l'autre. Ils avaient tout pour être les plus heureux, aujourd'hui, et vivre en toute insouciance de ce que serait demain. C'était peut être ça, après tout, le vrai bonheur. “J’ai un avant goût de ce à quoi ressemble une vie avec toi depuis quelques mois. Et je voudrais vraiment que ça devienne notre avenir.” Rory ne doutait pas une seconde Swann saurait trouver les mots pour lui ôter ses derniers doutes et achever de le convaincre que la perspective de le suivre en tournage ne pouvait être qu'une excellente idée. Mais il était à cet instant ému au point d'abandonner complètement l'idée de polémiquer, le cœur plus léger que jamais à l'idée que Swann n'ait lui-même pas le moindre doute. C'était tout ce qui comptait le plus pour lui : qu'il soit sûr, qu'il se sente prêt. « Moi aussi, Swann. C'est ce que je veux plus que tout. » Et il n'aurait sûrement pas pu mieux le lui exprimer qu'au travers du doux baiser qu'il apposa contre ses lèvres, souriant contre celles-ci. “Je t’aurais pas proposé l’idée si je ne voulais pas réellement le faire. Et tu sais à quel point je serais rassuré de m’occuper personnellement de toi.” « Je le sais. Tout comme je sais que tu y as beaucoup réfléchi. » Il le devinait à la manière dont Swann avait probablement attendu qu'ils partent en Nouvelle-Zélande, loin du tumulte des fêtes de fin d'année, pour évoquer le sujet. Et ça le rassurait tout autant que de savoir qu'ils avaient véritablement les mêmes envies pour cette vie à deux et cet avenir qu'ils écriraient ensemble. Bien qu'il n'en ait jamais un seul instant douté, leurs nombreuses discussions n'ayant jamais semé le moindre doute dans son esprit. Bien au contraire. « Et tu sais que je me plaindrai pas le moins du monde d'avoir mon kiné personnel à portée de mains. Même si je devrai accepter que d'autres aussi bénéficient de ses messages, ce qui devrait être largement supportable si je l'ai juste à moi le reste du temps. » Son sourire en était à nouveau la preuve, c'était une contre-partie qui valait toutes les concessions du monde. D'autant plus alors qu'il n'avait jamais éprouvé la moindre gêne à l'idée que Swann soit tout simplement amené à masser beaucoup de personnes dans le cadre de son travail. Ils savaient tous les deux qu'il avait aussi peu de souci à se faire que lorsque Rory était amené à suivre un script à la lettre. Et tout avait toujours parfaitement bien fonctionné à ce niveau-là sans qu'ils n'aient jamais hésité à partager leurs doutes et leurs craintes. Swann pouvait absolument tout lui dire et il savait que l'inverse était vrai.

“J’ai commencé à aborder l’idée avec Martin, il commencera bientôt à me chercher un remplaçant.” Le regard de Rory brilla d'impatience lorsqu'il comprit que les choses étaient déjà plus que concrètes, non sans qu'il éprouve une joie profonde et sincère à cette idée. Swann avait entreprit les premières démarches, preuve qu'il était d'ors et déjà prêt à écrire ce nouveau chapitre avec lui. L'australien l'était tout autant de son coté. « Il l'a bien pris, alors ? » Ce n'était pas réellement une crainte que Rory pouvait avoir en connaissant un peu le tempérament de Martin, dont il n'imaginait pas qu'il puisse éprouver la moindre rancœur à l'égard de Swann ou de son désir de prendre un nouveau tournant. Il lui avait toujours semblé bien trop sympathique et compréhensif pour ça. « Ce sera peut être pas exactement dans les mêmes conditions, mais rien ne t'empêchera de continuer à exercer en cabinet de façon ponctuelle entre deux tournages. Ou n'importe où ailleurs. » Rory se contentait d'émettre des idées, à son tour, toujours avec l'envie de faire passer le bonheur et le confort de Swann avant tout le reste. « Tu pourras même recevoir certains patients ici, si tu veux pas avoir l'impression de les abandonner. Tu sais que je ferai tout pour que le changement soit le moins perturbant possible pour toi. » Peut être n'en aurait-il pas envie et préférerait-il à l'avenir se sentir utile autrement, chose qui ne manquerait sûrement pas d'arriver lorsqu'il se rendrait compte que les tournages d'envergure ne manquaient jamais de comédiens et cascadeurs blessés. Sans compter ceux qui comme Rory faisaient l'objet d'une surveillance accrue lors de certaines scènes musclées en raison d'anciennes blessures – à l'image du traumatisme au genou lui ayant coûté une hypothétique carrière dans le football. “Et peut-être qu’il nous a invité à un mariage en fin d’année, aussi.” Son sourire s'étira plus encore à cette seule pensée, sans que ça n'ait rien d'étonnant. « Pourquoi j'ai l'impression qu'en ce moment chaque discussion avec un de nos amis aboutit soit sur un mariage, soit sur une grossesse ? » Il fit remarquer dans un rire complice. Non pas que ce soit un seul instant pour lui déplaire, bien au contraire, et ce n'était pas Swann qui risquait de l'ignorer. Rory ne pourrait pas être plus heureux qu'en voyant ses proches l'être eux-même et ça avait bien peu d'importance qu'il ne soit ici pas certain de connaître les principaux intéressés. « Qui sont les futurs mariés ? J'espère que tu lui as dit qu'on acceptait avec grand plaisir, dans tous les cas. » Le ou la marié(e) était peut être cette fois encore un(e) ami(e) de Swann, auquel cas il serait aussi heureux de faire sa connaissance que c'avait été le cas avec Alex quelques semaines plus tôt. Une chose était certaine, il ne faudrait jamais le prier pour qu'il accepte de prendre part à une cérémonie de mariage et à un buffet composé de pièce montée. “Mais une chose à la fois. Je veux pouvoir dire à l’hôtesse d’accueil qu’on est allés au bout du sentier et qu’on a résisté à l’envie de déjà retourner au fond du lit.” Oh, ils n'avaient certainement pas fait tous ces kilomètres pour rester dans leur chambre durant tout le séjour, quand bien même c'était une perspective qui lui paraîtrait certainement plus que séduisante une fois qu'ils seraient venus à bout de cette randonnée. « Et on aura d'autant plus mérité d'y passer toute la matinée de demain si on rentre avant qu'il fasse nuit. » Rory souffla dans un petit sourire entendu, impatient de pouvoir ajouter cette journée à la liste des nombreux souvenirs que Swann et lui auraient partagé durant cette douce parenthèse néo-zélandaise. « Je passe devant. » Et parce qu'il leur restait pas mal de chemin à parcourir le long du sentier, les deux hommes accélèrent légèrement le pas, non sans toutefois prendre le temps d'échanger sourires complices et regards amoureux à la première occasion. Après quelques dizaines de mètres, toutefois, Rory s'arrêta. « Swann ? » Il se retourna vers son petit-ami. « J'ai cru entendre un bruit qui venait de derrières les fourrés. » Un bruit qu'il ne saurait pas vraiment identifier ni reconnaître, à vrai dire, mais qui avait malgré tout attiré son attention. « C'est sans doute rien. Tu crois qu'on devrait aller voir ? » Si c'était un animal sauvage qui n'avait rien avalé depuis des jours, ce ne serait peut être pas une si bonne idée. Mais puisqu'il n'avait pas la moindre idée de si des animaux sauvages pouvaient vraiment errer dans les parages – il n'était peut être qu'à moitié attentif pendant les explications de leur guide, oui – il était probable qu'ils finissent de toute façon par aller jeter un coup d’œil.

you're wonder, under summer skies.

@SWANN BUCHANAN & RORY

Si Rory avait du douter un seul instant que Swann soit le meilleur petit-ami qu'on puisse rêver d'avoir, il en aurait été d'autant plus assuré à l'instant où l'anglais lui fit part de son projet. Dieu sait qu'il n'aurait jamais exigé de lui aucune concession, pas même pour leur permettre de passer le plus de temps possible ensemble, y compris lorsque ses tournages auraient repris. Pourtant l'idée de voir s'allier leurs deux passions ne pourrait le rendre plus heureux. Ça avait tout d'une merveilleuse idée, et il pouvait déjà s'imaginer combien celle-ci viendrait de nouveau embellir leur quotidien. “Tu resteras toujours mon patient préféré, ne t’en fais pas.” Il n'en fallut pas davantage pour que le sourire de Rory se fasse l'exact miroir de celui de l'anglais, lui qui aujourd'hui tout particulièrement n'avait pas la moindre envie de le partager avec le reste du monde, tenant bien trop à ce que ce voyage soit uniquement le leur. Ils donnaient tous les deux de leur personne sans jamais rechigner à aider leurs proches ou à rester de plus longues heures au travail, mais cette fois il n'y avait qu'eux, et cette bulle que l'australien ne voudrait percer pour rien au monde. Pour quelques jours, ils pourraient s'aimer sans même penser au reste, tels deux adolescents éperdus, partis fugués dans le dos de leurs parents. Leurs regards langoureux et leurs joues rougissantes, eux, collaient plutôt bien au script de ces premiers émois. « Ça je suis sûr que c'est parce que je suis le seul à te payer en nature. » Et Rory ne prit pas même la peine de contenir l'esquisse plus malicieuse qui fendit le coin de ses lèvres, bien trop heureux de pouvoir lui glisser ce genre de sous-entendus. Ils étaient seuls dans ce coin du sentier et il donnerait tout pour que ce soit de nouveau le cas d'ici une demi-heure, rien que pour pouvoir prolonger ces instants avec lui. Le rire de Swann mêlé aux sons de cette nature un brin sauvage était tout ce dont il avait besoin pour goûter au bonheur et à la sérénité.

“J’y réfléchirai, c’est une bonne idée.” Il n'avait pas besoin de prendre une quelconque décision maintenant, de toute manière, ni en ce qui concernait l'idée d'exercer son métier en cabinet de façon plus ponctuelle, ni en ce qui concernait le reste. Et ils ne passeraient pas le reste du voyage à parler boulot sous peine de se le reprocher aussitôt. Swann pouvait prendre le temps de réfléchir aux différents détails, ce n'était pas Rory qui risquait de le presser et encore moins de lui forcer la main. Qu'il soit prêt à renoncer à sa place aux cotés de Martin pour s'engager sur des tournages à ses cotés valait déjà tout à ses yeux, alors le moins qu'il puisse faire était de chercher des solutions pour que la transition soit la plus évidente possible. Parce qu'ils avaient le temps, oui. Swann n'était pas forcé de tout quitter du jour au lendemain, ils veilleraient ensemble à ce qu'aucun de ces changements ne soit trop perturbant à terme. “Je sais. Mais ici, c’est chez nous, et je veux pas que ça change.” Rory hocha doucement la tête, conscient qu'il y avait des concessions que son petit-ami n'était pas prêt à faire et c'était une chose qu'il ne pouvait que trop bien comprendre, tenant lui aussi à cloisonner les différentes parties de leur vie de façon à protéger au mieux leur intimité. « Tu as raison. Je trouve ça bien moi aussi, de séparer notre vie du reste. » Swann et lui étaient tous deux passionnés par ce qu'ils faisaient, c'était donc une chance inouïe qu'ils aient peut être enfin l'opportunité de pratiquer leurs deux activités en un même endroit, sans être jamais bien longtemps séparés l'un de l'autre. Pour autant c'est leur couple et leur vie privée qui primerait toujours sur tout le reste, Rory n'avait pas même à réfléchir pour savoir que Swann et lui en pensaient la même chose. Ils avaient traversé bien trop d'épreuves et fait bien trop de chemin pour ne pas protéger ce qu'ils avaient coûte que coûte, et cette vie à deux qu'ils construisaient étape par étape. Un jour, Rory l'espérait, c'est un foyer rempli de rires tout autant que d'amour qu'ils protégeraient du reste du monde. « Ça changera pas, c'est promis. » Ils ne mélangeraient jamais le travail et leur vie au loft, ou peu importe l'endroit où ils aspireraient peut être à emménager un jour – c'était là encore une question qu'ils n'étaient pas forcés de se poser pour l'instant. Rory comptait profiter de chaque instant. De ce voyage, pour commencer. “C’est pas un changement qui me fait peur, Rory.” Son cœur, lui, s'enveloppa d'une douce chaleur à cette idée. Il n'y a rien qu'il souhaitait davantage que de savoir Swann heureux et épanoui, et aucun choix d'aucune sorte ne légitimerait jamais de sacrifier ce bonheur à ses yeux. Alors savoir qu'il se sentait prêt à sauter le pas l'emplissait d'une joie immense. « J'en suis tellement heureux, si tu savais. » Heureux que le changement ne l'effraie plus comme ça pouvait être le cas par le passé, sans jamais que Rory ne lui en ait pourtant tenu rigueur un seul instant. Heureux aussi de tout ce qui s'annonçait et de toutes les belles choses qu'ils auraient à vivre ensemble, sur différents plans et à tant de niveaux que Rory était déjà impatient de voir leur quotidien changer pour le meilleur.

Tout autant qu'il l'était déjà à l'idée de ce mariage, cette invitation ne pouvant être accueillie qu'avec enthousiasme de la part d'un Rory ému de voir ces heureuses occasions se multiplier depuis quelques mois. “C’est sûrement parce que c’est pas qu’une impression.” Et c'était loin d'être une pensée déplaisante, bien au contraire, Rory ne pouvant qu'être sincèrement heureux qu'autant de leurs proches goûtent à de si grands bonheurs. Son cœur, lui, vibrait d'impatience à l'idée qu'il en irait de même pour eux un jour. Lorsqu'ils consacreraient leur amour devant leurs familles et leurs amis, lorsqu'ils fonderaient la famille dont ils rêvaient tant. Tant de choses que Rory était plus qu'impatient de vivre à ses cotés. Si ça ne tenait qu'à lui, ils goûteraient à cette vie-ci sans plus attendre mais l'australien n'était pas le moins du monde inquiet : ils s'aimaient et rêvaient au même avenir, ensemble. « Au fond, je suis sûr qu'ils font tout ça parce qu'ils trouvent qu'on assure, comme parrains et comme convives. » Bien sûr, après tout ils se montraient toujours tellement généreux dans leurs cadeaux de mariage et de naissance que n'importe qui voudrait pouvoir en profiter. Ça ne tenait évidemment qu'à ça, et son petit sourire amusé n'était en aucun cas la preuve de sa plaisanterie. « Franchement, tu trouves pas qu'on écrase la concurrence ? » La vérité, c'est qu'il prenait goût au fait d'être témoin du bonheur de ses proches et ne voudrait s'en priver pour rien au monde. Outre le fait que chaque événement heureux parlait à son cœur de grand romantique, Rory se sentait aussi privilégié de tenir un rôle même minime dans tout ça. Après tout, il n'avait pas même besoin de connaître les futurs mariés pour se réjouir sincèrement pour eux. “Clément et Loan, je ne les connais pas moi-même. Le dernier est acteur, j’ai dit que tu le connaissais peut-être. Mais dans tous les cas je lui ai aussi dit qu’on serait heureux de venir, qu’on devrait simplement vérifier nos disponibilités.” C'est pourtant une certaine surprise qui s'invita sur ses traits lorsque Rory crut faire un rapprochement inattendu. Se pourrait-il que... ? « Clément comme... Clément Winchester ? » La coïncidence pourrait paraître énorme, mais il n'y avait sûrement pas tant de Clément qui soient comédiens et résident actuellement à Brisbane, à l'instar de celui qu'il n'avait pas revu depuis des années mais dont il se rappelait parfaitement. « Parce que si oui, on se connaît. On a tourné ensemble y'a quelques années, quand je venais tout juste de décrocher mon premier rôle au Cinéma. » A l'époque, sa carrière décollait tout juste et ce rôle lui était apparu comme une immense opportunité, raison pour laquelle il avait peut être commis quelques erreurs, en grande partie dues au trac de se voir confier une telle responsabilité. « Il se peut qu'on ait pas tout à fait démarré sur d'excellentes bases et que j'y sois pour quelque chose. C'est une longue histoire mais... c'est du passé, et je serais ravi d'assister à son mariage. Je suis content pour lui qu'il ait trouvé la bonne personne. » Et Swann le connaissait assez pour savoir qu'il parlait en toute sincérité et voudrait plus que tout saisir l'occasion pour se rappeler au bon souvenir de Clément pour de bonnes raisons. Quand bien même l'eau avait coulé sous les ponts et eux laissé tout ça loin derrière eux. La perspective d'un mariage, de toute façon, ne pouvait mettre que du baume au cœur à un Rory éternellement comblé de prendre part à une nouvelle cérémonie. « J'ai confiance, on arrivera à se libérer. Hors de question que tu doives revenir sur ta réponse auprès de Martin. » Ils s'arrangeraient pour être disponibles à la date prévue et tout irait pour le mieux, Martin pourrait compter sur eux tout comme les futurs mariés qui compteraient deux convives particulièrement impatients à leurs cotés.

***

La randonnée se poursuivit quant à elle jusqu'au moment où un bruit étrange les incita à ralentir. Étaient-ils vraiment seuls, ou pourraient-ils faire une mauvaise rencontre ? “Je vais voir.” « Sois prudent, d'accord ? » Nerveux à l'idée que Swann s'aventure en direction des buissons sans avoir aucune idée de ce qu'il pourrait y trouver, Rory ne le quitta pas du regard et se tint prêt à intervenir à tout instant. L'anglais n'était qu'à quelques mètres devant lui, il n'aurait qu'à faire quelques enjambées pour lui porter secours et rien de grave n'arriverait aujourd'hui sur ce sentier. “Je crois que c’est… Oh Rory.” Son cœur se mit à battre à toute vitesse en percevant l'émotion différente dans la voix de son petit-ami. « Swann ? Tout va bien ? » Sans même savoir ce qu'il redoutait, Rory avait besoin de s'assurer qu'il n'y avait rien de grave et que ce n'était en rien la peur ou la désolation qui valait au ton de Swann de résonner différemment. Lorsqu'il le vit s'enfoncer au milieu des feuillages puis en ressortir avec quelque chose dans les bras, pourtant, Rory ne mit qu'une seconde à comprendre qu'il s'était inquiété pour rien et que l'anglais ne courait pas le moindre danger. “Il est minuscule.” Et les yeux si brillants de Swann s'expliquaient assurément par la présence d'un adorable chiot dans ses bras, sur lequel Rory posa aussitôt un regard aussi émerveillé qu'attendri. « Oh, il est... mon dieu, il est si mignon. » Et c'est sans attendre une seconde de plus que Rory parcourut les quelques mètres qui le séparaient encore de Swann pour se glisser à ses cotés et aventurer une main prudente en direction du chiot, à qui il offrit quelques caresses. Une découverte que ni Swann ni lui ne pensaient sans doute faire en débutant cette randonnée mais qui sans la moindre surprise faisait chavirer leurs cœurs, à l'un comme à l'autre. “Il tremble et j’en vois pas d’autres dans les environs. Je crois qu’il a perdu sa famille, ou bien qu’il a été abandonné.” Ce qui pourrait expliquer que le chiot semble alerte et pas le moins du monde rassuré dans cet environnement. Une idée qui lui serra le cœur alors que Rory regarda un instant autour d'eux, peut être avec l'espoir d'apercevoir quelque chose. « Pauvre trésor. Qui voudrait laisser un chiot aussi adorable dans cet endroit ? C'est une vraie chance que tu l'aies trouvé. » Une vraie chance et une vraie bénédiction pour l'animal qui dans le cas contraire serait peut être resté là plusieurs jours sans eau ni nourriture, livré à lui-même à un âge où sa survie aurait été largement compromise. “On peut pas le laisser là.” Sur ce point ils étaient parfaitement d'accord, et jamais Rory n'aurait même dans l'idée de lui demander de reposer le chiot pour poursuivre leur toute comme si de rien était. Bien loin de là, la seule idée de s'en détacher sans savoir ce qu'il adviendrait de lui suffisait à lui briser le cœur : ils ne l'abandonneraient pas.

« Tu crois qu'on pourrait... » Le garder avec nous ? L'idée était des plus tentantes et Rory n'avait qu'à observer le chiot pour déjà ne plus vouloir s'en séparer. Mais à défaut de pouvoir décider d'adopter l'animal sur un coup de tête en ignorant tout de ses hypothétiques propriétaires, ils pouvaient au moins prendre les choses dans l'ordre et réfléchir à une solution. « Il doit bien y avoir une clinique vétérinaire dans les environs, on pourra sûrement se renseigner auprès de l'hôtel. Peut être qu'ils accepteront qu'on le garde avec nous en attendant ? » Ils sauraient trouver les bons arguments dans le cas où ils se montreraient hésitants, Rory ne se faisait pas le moindre souci à ce sujet. Qui pourrait de toute façon résister à une frimousse aussi craquante que celle de ce chiot ? Le coup de foudre était inévitable. « Il est si petit qu'il dérangera personne. » Et surtout pas Rory, d'ors et déjà attendri par l'animal qui sans que ça n'est rien d'étonnant l'avait conquis au premier regard. Et il n'avait qu'à peine à observer celui de Swann pour se douter qu'il aurait tout aussi peu envie de l'abandonner à son sort en pleine nature. « J'ai pas envie de le laisser alors même s'ils sont pas d'accord, je suis prêt à faire du camping le temps qu'on trouve comment l'aider. » Ça, ou une grève de la faim. Il n'avait pas encore tout à fait statué. « Et qu'on ait même pas de tentes sur nous n'est qu'un détail. » Un léger détail qu'ils outrepasseraient volontiers pour un chiot qui méritait autant d'amour que d'attention.

« Ça je suis sûr que c'est parce que je suis le seul à te payer en nature. » Leurs sourires malicieux sont identiques, Swann étant bien le dernier à pouvoir (et vouloir) mettre à mal l’argument avancé par son petit-ami. Bien évidemment qu’il est le seul avec qui les massages prennent parfois une tournure bien plus charnelle, bien moins habillée que nécessaire aussi. Ils en ont toujours joué et continueront de le faire, une fois leur intimité retrouvée et les longues journées de travail derrière eux. Rapidement, ses pas rattrapent les siens pour qu’il se retrouve de nouveau à sa hauteur, à nouveau silencieux pour simplement profiter de leur escapade maintenant qu’il lui a dit ce qu’il avait sur le cœur depuis plusieurs semaines maintenant. Le retour en Australie ne sera pas uniquement synonyme de fin de vacances mais aussi et surtout de début d’élaboration de ce nouveau projet, idée qui réjouit l’anglais plus que jamais. Et puisqu’ils sont tous les deux d’accord sur le fait de continuer à séparer leur vie privée du reste, et surtout de leur métier respectif, alors Swann sait qu’ils n’ont rien à craindre: ils sont aussi d’accord sur tous les autres sujets, comme toujours. « J'en suis tellement heureux, si tu savais. » Swann ne peut que sourire à nouveau alors qu’il remonte un instant ses yeux dans les siens, abandonnant la contemplation des environs. Sa main retrouve la sienne uniquement pour qu’il puisse la porter à sa hauteur et en embrasser le dos. Lui aussi est heureux, infiniment heureux, et tout est dû à la présence de l’homme qu’il aime auprès de lui.

Bonheur rimant avec mariage, et possiblement avec enfants, c’est donc avec le cœur léger que l’anglais l’informe d’une nouvelle invitation de mariage récemment reçue, ce qui a de quoi amuser les deux hommes. Leurs proches se marient ou ont des enfants, au choix, mais l’un des deux semble avoir été rendu obligatoire sans que personne ne les informe, eux. « Au fond, je suis sûr qu'ils font tout ça parce qu'ils trouvent qu'on assure, comme parrains et comme convives. » Evidemment. Cette réflexion coule de source, au point où Swann n’avait même pas jugé bon de la partager à voix haute tant les deux hommes savent qu’elle n’est que pure vérité. Toute l’ironie de ces mots amuse le blond, lequel se veut surtout profondément heureux que la vie de ses proches semble avancer vers de telles choses positives: un couple stable, une famille. Il y aspire lui aussi, bien entendu, mais est encore persuadé qu’ils ont besoin d’ajuster leur vie respective avant de pleinement n’en vivre qu’une seule et unique. « Franchement, tu trouves pas qu'on écrase la concurrence ? » - “Quelle concurrence ?” Il s’en amuse alors, son instinct compétiteur titillé par les paroles du brun. Se retrouver parrain d’enfants est une immense responsabilité mais il sait que Rory est déjà parfait dans ce rôle, tout comme il est un oncle d’exception. Il a le contact facile avec les enfants et pour avoir longtemps vu grandir Noah près de l’acteur, il l’a toujours su. C’est d’un œil éternellement attendri qu’il les a toujours observés, en oubliant parfois qu’il devait garder pour lui ce genre d’émotion. A l’époque déjà, il s’étonnait de rêver d’un avenir digne de ce nom auprès de Rory, comprenant mariage et enfants. C’était pourtant un temps où leur union aurait encore été impossible dans le Queensland, raison de plus pour lui pour se refermer dans sa coquille et vivre cette passion caché de tous.

« Clément comme... Clément Winchester ? » - “Peut-être, oui. Je crois.” Il n’en mettrait pas sa main à couper, mais l’accord du nom et du prénom lui semble familier. Pourtant, il est bien plus intrigué par le trouble soudain de Rory plutôt que tout autre chose. Est-ce une mauvaise chose, que le marié soit Clément Winchester ? Son pas ralenti, tout son être se voulant soudainement occupé à scruter l’australien pour anticiper ce qu’il pourrait dire et ajouter sur le sujet. Swann ne le presse pas: il lui fait assez confiance pour savoir que s’il doit dire des choses, il le fera. Il a simplement besoin de trouver ses mots. « Parce que si oui, on se connaît. On a tourné ensemble y'a quelques années, quand je venais tout juste de décrocher mon premier rôle au Cinéma. » Sa langue se délit petit à petit alors que le blond écoute le récit avec attention, ayant déjà compris que les premiers mots ne faisaient office que de mise en contexte. Clément n’est même pas acteur, mais le monde dans lequel son petit-ami évolue est immense et il est amené à rencontrer des personnes de tous les milieux, de tous les métiers aussi. « Il se peut qu'on ait pas tout à fait démarré sur d'excellentes bases et que j'y sois pour quelque chose. C'est une longue histoire mais... c'est du passé, et je serais ravi d'assister à son mariage. Je suis content pour lui qu'il ait trouvé la bonne personne. » Il déglutit tristement, craignant d’avoir un peu trop anticipé les choses alors que Rory pourrait finalement être mal à l’aise à l’idée de se rendre au mariage d’une personne avec qui il a eu un différend. A ses yeux, il n’y a rien de plus compréhensible, raison pour laquelle il se permet enfin d’interposer ses propres paroles à son récit. “Je peux toujours dire qu’on a un tournage de prévu à cette date là. Si jamais tu penses que c’est pas une bonne idée, ça serait pas un problème.” Être heureux pour lui et vouloir assister à son mariage sont deux choses bien distinctes. Swann ne voudrait jamais le mettre mal à l’aise, encore moins l’inciter à venir à une soirée à laquelle il ne veut pas assister: peu importe qu’elle porte le nom de ‘mariage’, finalement, si la finalité est la même. Il avait informé Martin de la possibilité d’un problème d’emploi du temps, ce refus n’aurait rien d’une surprise tardive et malvenue. « J'ai confiance, on arrivera à se libérer. Hors de question que tu doives revenir sur ta réponse auprès de Martin. » Alors il hoche la tête, conciliant, ne pouvant pourtant pas ôter l’expression de souci imprimée sur son visage. “Tu veux en parler, de ce qu’il s’est passé entre vous ?” Swann interroge alors, tentant de faire au mieux pour lui. Il n'est animé d’aucune curiosité, simplement le besoin de s’assurer que cette discussion n’est pas en train d’alourdir le cœur de son petit, lequel avait sans doute oublié cette histoire depuis le temps.

***

Il n’est finalement animé de curiosité que lorsque Rory en vient à parler de bruits dans les fourrés, l’instinct de l’anglais le poussant dès lors à vérifier par lui-même ce dont il s’agit pour avoir le cœur net sur la situation. « Sois prudent, d'accord ? » Il dévale déjà la maigre pente et passe devant Rory, écoutant d’une oreille distraite ses paroles nerveuses. “Ne t’en fais pas.” Il souffle doucement lorsqu’il passe auprès de lui, soucieux à l’idée de ne pas lui donner davantage de raisons de s’en faire. Il ne prend aucun risque et se contente finalement de poser un nom sur un bruit ; rien de plus normal. « Swann ? Tout va bien ? » Rapidement, pourtant, son besoin de rassurer Rory est mis à mal par des mots qui lui manquent et une phrase restant en suspens alors qu’il étend son bras au maximum au milieu des fourrés, perdant de nombreux combats contre les branchages aiguisés pour finalement gagner la seule guerre qui compte: par la peau du cul, il arrive finalement à ramener doucement le chiot jusqu’à lui. Swann relève ses genoux poussiéreux du sol pour se retrouver avec le minuscule animal entre les bras, l’expression de son visage trahissant largement toute l’empathie et l’amour qu’il ressent déjà pour lui alors qu’il fait quelques pas en direction de Rory. Il porte l’animal avec toute les précautions du monde, comme s’il s’agissait d’un véritable nourrisson humain. Finalement, il met en pause sa contemplation pour reposer ses yeux brillants dans ceux de Rory, ces derniers parlant pour eux-même autant que le fait son sourire ému. « Oh, il est... mon dieu, il est si mignon. » Rory en vient à le caresser à son tour alors que le chiot semble déjà s’habituer à une telle forme d’attention et ne plus chercher à se mettre en boule contre le torse chaud et rassurant de l’anglais. Pourtant, il est encore largement tremblant et ses grands yeux observent le reste du monde avec une crainte certaine. Il lui rappelle bien trop sa propre personne pour que l’anglais ne puisse lui en tenir rigueur, surtout alors qu’il se contente d’en venir à la conclusion qu’il a été abandonné ou qu’il est simplement né ici et n’a jamais connu de présence humaine. « Pauvre trésor. Qui voudrait laisser un chiot aussi adorable dans cet endroit ? C'est une vraie chance que tu l'aies trouvé. » A vrai dire, c’est surtout grâce à l’australien que le chiot a été repéré. Nul doute que Swann, perdu dans ses pensées, n’aurait jamais rien entendu et se serait contenté de continuer son chemin sans le moindre souci.

« Tu crois qu'on pourrait... » Et tel un enfant le jour de Noël, Swann hoche vigoureusement la tête alors qu’il n’a pas besoin que son petit-ami prononce sa phrase en entier pour comprendre ce dont il est question. Oui, bien sûr qu’il veut le garder auprès d’eux et veiller sur lui, se sentant redevable d’une telle chose envers le chiot. Pour peu, il serait prêt à appeler ça un instinct paternel. “Tu veux le tenir ? Je vais essayer d’appeler une clinique, si je trouve du réseau quelque part.” Les mots de Rory sont les bons: il faut qu’il aille chez un vétérinaire avant toute chose, pour qu’il vérifie s’il a des propriétaires autant que pour qu’il s’assure que le chiot est en bonne santé. Il est donc de leur devoir de trouver une adresse de la sorte et puisque Swann voudrait le faire le plus tôt possible, c’est avant tout sur son téléphone qu’il voudrait se renseigner plutôt que l’accueil de l’hôtel. De toute façon, il sait déjà que le brun ne sera pas contre l’idée de garder contre lui le chiot le temps du retour: il a bien vu avec quels yeux il l’observait, le genre qui pourrait presque finir par le rendre jaloux à force. “On trouvera un autre hôtel s’ils n’acceptent pas les chiens. Pas besoin de tente, même si je sais que tu rêves de me montrer comment allumer un feu à base de bouts de bois.” Il a une âme d’aventurier, au fond, et cela fait toujours rire l’anglais qui n’a pas de mal à s’en moquer avec bienveillance, pourtant certain que son petit-ami sait véritablement exécuter tout ce qu’il raconte. Pour le moment encore, ils doivent se concentrer sur le présent, et Swann retarde son appel le temps d’une caresse supplémentaire contre le crâne de l’animal, plus attendri que jamais de l’image sous ses yeux.

Bonjour… Procédure à suivre pour animal retrouvé… Tout petit, tout petit… Rapidement, oui, d’accord… On arrive. Il énonce au téléphone, décrivant l’animal comme très jeune mais apparemment en bonne santé, sans doute peut-être un peu amaigri. De toute façon, il ne semble pas vouloir de l’eau que lui propose l’anglais dans le bouchon de sa bouteille, sans doute simplement intimidé à l’idée d’accepter ce que l’inconnu lui propose. Ils réessayeront chez les vétérinaires et lui proposeront même à manger, là-bas. “Ils disent qu’on a bien fait de les appeler et de le prendre avec nous.” qu’il rassure donc Rory, lui donnant par la même occasion le reste des informations données par les vétérinaires alors qu’il garde un œil éternellement bienveillant posé sur le chiot. De toute façon, ils auraient été bien incapables de la laisser sur place, voué à lui-même.

***

Préférant l’image d’un Rory aux petits soins avec le chiot plutôt que de le garder lui-même, Swann a conduit leur véhicule jusqu’à la clinique la plus proche pour s’assurer du bien-être du petit animal pour lequel il est sans doute déjà en train de penser à quelques noms, juste au cas où. “Tu sais que tu vas devoir le lâcher quand ça sera notre tour, pas vrai ?” L’anglais ironise avec douceur, posant une main rassurante contre la cuisse de son petit-ami alors qu’ils patientent quelques minutes à peine dans la salle d’attente. Le chiot est calme, assoupi, et le blond se permet de se calmer à son tour, laissant finalement sa tête glisser contre l’épaule de l’acteur. “Je te trouve adorable avec lui dans les bras. Tu en prends tellement soin.” Il confesse sur un ton plus bas, jugeant que ce sont des paroles qu’il réserve à leur intimité de couple, surtout alors que tout ce qu’il se retient de dire c’est que Rory ferait un père merveilleux. “Il a de la chance d’avoir croisé ton chemin.” Et un jour, il l’espère, ce genre de phrase pourra être associée à un petit humain et non plus un chiot, aussi adorable celui-ci puisse-t-il être.

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“Quelle concurrence ?” Le sourire amusé de Swann n'avait d'égal que celui d'un Rory plus amoureux que jamais, attendri chaque fois qu'il était question du bonheur de leurs proches et plus particulièrement de l'idée de voir grandir de plus en plus d'enfants autour d'eux. Une telle chose ne pourrait jamais leur déplaire, elle ne faisait même que renforcer un peu plus sa propre envie de fonder un jour une famille avec l'homme qu'il aimait. Avoir un peu d’entraînement avec les enfants des autres était forcément une bonne chose, quand bien même elle confortait surtout Rory dans l'idée que Swann était définitivement fait pour être père, son instinct paternel ne pouvant en aucun cas être mis en doute lorsqu'on le voyait à l’œuvre avec Noah ou les jumelles d'Alex. De telles visions éclairaient toujours le visage de Rory du plus lumineux des sourires, alors que les mariages à eux seuls faisaient déjà d'excellentes raisons de se réjouir pour leurs proches. “Peut-être, oui. Je crois.” Clément Winchester était donc sur le point de se marier, ce qui valait à Rory de se réjouir sincèrement pour lui tout autant que de s'émouvoir d'avoir peut être l'occasion d'assister à la cérémonie. Les événements passés, qui plus est ceux vieux de presque dix ans, n'avaient plus la moindre importance. “Je peux toujours dire qu’on a un tournage de prévu à cette date là. Si jamais tu penses que c’est pas une bonne idée, ça serait pas un problème.” Ainsi Rory secoua la tête, faisant comprendre à son petit-ami qu'ils n'avaient aucune raison de décliner l'invitation. « Non, non. Au contraire, je me ferais une joie d'aller à ce mariage et je trouve ça vraiment gentil de la part de Martin d'avoir pensé à nous. » S'il est vrai que Clément et lui n'avaient peut être pas débuté sur les meilleures bases à l'époque, Rory aimait penser qu'il y avait prescription et que la plupart des gens se rappelaient à peine de ce genre de rencontres. « J'espère juste que les mariés sont au courant et qu'ils sont d'accord, surtout. » Parce que c'était le plus important à ses yeux et qu'il ne se permettrait pas de s'inviter à un mariage sans que les principaux intéressés aient eu leur mot à dire. Nul doute que Martin avait du obtenir leur autorisation avant de les inviter en bonne et due forme, mais il valait toujours mieux prendre certaines précautions avant de foncer tête baissée. “Tu veux en parler, de ce qu’il s’est passé entre vous ?” Oh, Rory serait bien incapable d'avoir le moindre secret pour Swann, surtout alors qu'il n'y avait ici aucune raison pour que l'anglais s'inquiète d'une quelconque manière. « C'était pas grand chose, à vrai dire. Tu te souviens, quand je t'ai dit que je travaillais comme barman à mes débuts en tant qu'acteur, parce qu'il fallait que je paie mes cours de théâtre et que mes parents avaient refusé de me soutenir financièrement ? » Swann connaissait cette histoire par cœur pour l'avoir entendu des dizaines de fois, étant l'une des rares personnes à qui Rory n'ait jamais eu honte de tout dire. Au sujet de ses parents, de son père qu'il avait échoué à rendre fier et de cette passion que ce dernier n'avait jamais compris – encore moins accepté. « C'était une période stressante où mon père me répétait sans arrêt que j'irai droit dans le mur si je m'entêtais dans cette voie et que je ferais mieux de prendre exemple sur Garrett. » Si ça avait longtemps été source de souffrance pour le brun de voir combien il n'avait jamais cru en lui, aujourd'hui tout allait beaucoup mieux. En grande partie parce qu'il avait pu compter sur d'autres soutiens – celui de Swann, tout particulièrement. « Quand j'ai décroché ce premier rôle au Cinéma, j'étais évidemment super heureux mais aussi terrifié à l'idée de le décevoir. Alors j'ai peut être pris ça un peu trop à cœur et Clément était juste au mauvais endroit au mauvais moment quand j'ai eu besoin d'extérioriser cette pression. J'ai pas été très aimable, le premier jour, et une simple histoire de café renversé sur mon costume de tournage a pris des proportions démesurées... Enfin, je m'en suis beaucoup voulu et j'ai longtemps espéré qu'il m'en tiendrait pas rigueur. » Il n'y avait pas grand chose d'autre à en dire, Rory en avait simplement voulu à la mauvaise personne lorsqu'un incident pourtant minime avait joué avec ses nerfs. Il l'avait regretté quasiment aussitôt et en avait tiré une précieuse leçon : toujours laisser ses ennuis dans sa loge, au moment d'entrer sur le plateau. Ainsi aucun membre de l'équipe et aucun autre comédien n'aurait à subir sa mauvaise humeur les jours où il ne serait pas dans son assiette. « Je sais même pas s'il s'en souvient, à vrai dire. C'était un extra sur ce film et il a sûrement connu beaucoup de réussites depuis ce jour-là alors si ça se trouve, il se rappelle à peine qu'on a bossé ensemble. » Et Rory ne savait pas s'il valait mieux ça ou bien le contraire, imaginant mal prendre part au mariage de Clément sans lui rappeler qu'ils se connaissaient, mais ne comptant pas non plus accorder à cette histoire plus d'importance qu'elle n'en avait au fond jamais mérité.

***

“Ne t’en fais pas.” C'est pourtant bien d'inquiétude dont se remplit le cœur de l'australien durant les quelques secondes où Swann disparut derrière les buissons, sans que l'un ou l'autre ne soit capable de dire sur quoi il pourrait bien tomber. Ce sentier n'était communément fréquenté que par les randonneurs et ils n'avaient croisé personne en s'y aventurant, si quoi que ce soit devait mal tourner il n'était pas certain qu'ils trouveraient immédiatement de l'aide. Mais Rory comprit bien vite qu'il n'y avait en vérité aucune raison de s'en faire, et pour cause : l'animal qui apparut bientôt dans les bras de Swann, lui, avait absolument tout d'inoffensif. Plus que ça, le chiot était si minuscule qu'il ne devait pas être né depuis bien longtemps, ce qui soulevait de nombreuses questions sur sa présence dans cet endroit et sur la raison pour laquelle quelqu'un voudrait l'abandonner à son sort. Une telle pensée répandit une sincère tristesse chez l'acteur, qui se reconcentra pourtant bien vite sur l'essentiel. Ce chiot n'avait probablement personne et son état était préoccupant, assez pour qu'ils n'aient pas la moindre intention de le laisser derrière eux – sur ce sujet Swann et lui eurent à peine besoin d'échanger un regard pour tomber d'accord. “Tu veux le tenir ? Je vais essayer d’appeler une clinique, si je trouve du réseau quelque part.” « Bien sûr, oui. » Rory ne se fit pas prier pour accueillir l'animal entre ses bras et continuer de lui offrir de légères caresses, craignant que ses gestes soient trop brusques pour un chiot probablement terrorisé d'avoir été abandonné à son sort en pleine nature. Qui sait seulement ce qui lui était arrivé ou ce qu'il avait pu endurer. Rory éviterait de trop y penser au risque sinon d'en avoir le cœur brisé et de n'être d'aucune aide. L'important était avant tout que quelqu'un puisse s'occuper de lui et s'assurer qu'il ne courait pas de grave danger en étant resté seul dans ces bois pendant une durée indéterminée. Rory ignorait s'ils pourraient trouver facilement un vétérinaire dans les environs, mais ils tenteraient tout ce qui serait en leur pouvoir pour venir en aide à l'animal. “On trouvera un autre hôtel s’ils n’acceptent pas les chiens. Pas besoin de tente, même si je sais que tu rêves de me montrer comment allumer un feu à base de bouts de bois.” Son sourire s'étira avec douceur, allégeant quelques peu son cœur qui se remplissait à nouveau d'inquiétude à l'idée que ce chiot soit probablement déshydraté, lui qui peinait déjà à boire dans le bouchon de leur bouteille. « J'aurai bien d'autres occasions de te montrer mes talents d'aventurier. » C'était une promesse qu'il ne manquerait pas de tenir, bien sûr, et pas seulement parce qu'il comptait bien partager avec Swann de nombreux autres voyages comme celui-ci. Quand bien même il se contenterait fort bien de rester toute une semaine enfermé dans une chambre d'hôtel avec lui, n'ayant pas toujours l'âme d'un aventurier quand il pouvait simplement rester blotti entre ses bras.

Bonjour… Procédure à suivre pour animal retrouvé… Tout petit, tout petit… Rapidement, oui, d’accord… On arrive. Attentif à l'échange entre Swann et la clinique vétérinaire la plus proche, Rory tentait dans le même temps de bercer le chiot le plus doucement possible, espérant l’apaiser en attendant que quelqu'un puisse le prendre en charge. “Ils disent qu’on a bien fait de les appeler et de le prendre avec nous.”  « J'aurais pas pu me regarder en face si on l'avait laissé derrière nous. Je veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit... » Parce qu'il s'y était instantanément attaché, sans que ça n'ait rien d'une surprise, et sans qu'il n'en soit probablement autrement pour Swann. Son petit-ami et lui avaient en commun d'aimer les animaux en plus d'avoir énormément de tendresse à donner. Peut être bien qu'ils étaient censés tomber sur ce chiot, que ce voyage était censé prendre cette tournure tout à fait inattendue.

***

Le trajet jusqu'à la clinique vétérinaire ne lui sembla durer que quelques secondes tant Rory s'attendrissait de voir le chiot assoupi dans ses bras. Il avait veillé à bouger le moins possible pour ne surtout pas le réveiller et alignait encore à présent des pas prudents jusqu'à l'entrée de la clinique, où on les fit patienter. “Tu sais que tu vas devoir le lâcher quand ça sera notre tour, pas vrai ?” Son sourire répondit au sien et s'étira même un peu plus au contact rassurant de la main de Swann, qu'il n'aurait pas hésiter à serrer entre ses doigts dans d'autres circonstances mais qu'il se contenta de caresser du regard, toujours pour ne pas troubler le repos du petit animal. « Il faut encore qu'ils appellent la dame à notre gauche, au minimum. Et ça, ça veut dire que je peux le garder dans mes bras encore un petit moment. » Et il ne lui viendrait pas un seul instant l'idée de s'en plaindre, surtout alors qu'on ne faisait pas plus mignon et silencieux que le chiot toujours endormi. Swann laissa finalement retomber sa tête contre son épaule et Rory dégagea cette fois l'une de ses mains avec précaution pour glisser ses doigts entre ses cheveux – son petit-ami aussi avait grand besoin d'être apaisé après l'ascenseur émotionnel qu'ils venaient tous les deux de vivre. “Je te trouve adorable avec lui dans les bras. Tu en prends tellement soin.” Oh, Swann. Son cœur ne resta pas insensible aux paroles de son petit-ami, et ce parce qu'ils avaient à peine besoin de mots pour que Rory comprenne que Swann aussi, sans doute, se prenait à imaginer ce que serait leur vie s'il ne tenait pas entre ses bras un petit chiot, mais bien un bébé. Un souhait qu'il avait bien souvent formulé à voix haute et dont Swann n'ignorait pas qu'il lui tenait profondément à cœur. Alors il y pensait, oui, constamment et encore à cet instant précis tandis que son autre main maintenait l'animal tout contre lui. « C'est surtout lui qui est adorable. Regarde-moi ce petit museau, ces petits coussinets... » Il pourrait passer l'après-midi à s'émerveiller devant tout ce qui rendait ce chiot plus attendrissant encore, pourtant inquiet tant qu'il ne l'aurait pas confié aux mains expertes du vétérinaire. « J'ai l'impression qu'il nous aime bien. Tu crois qu'il nous aime bien ? » Il l'interrogea dans un petit sourire, ne pouvant s'empêcher d'espérer que pour l'animal aussi, cette rencontre avait tout d'un coup de foudre. Peut être étaient-ils les premières personnes qu'il croisait depuis des heures, des jours. Était-ce possible qu'un lien se soit noué entre eux et lui à l'instant où ils l'avaient secouru ? Rory aimait croire que oui, du fond du cœur. “Il a de la chance d’avoir croisé ton chemin.” « Je suis sûr qu'il se dit exactement la même chose à ton sujet. J'ai bien vu comment il te regardait. » Et Swann était véritablement la première personne que ce chiot ait vu approcher lorsqu'il était plongé dans une grande détresse physique, ça ne faisait à ses yeux qu'ajouter à toutes les raisons qui faisaient que l'animal ne pouvait qu'avoir aussitôt adopté son petit-ami et son grand cœur. « Monsieur Buchanan ? » Une voix résonna depuis l'autre bout de la salle d'attente, incitant Rory à redresser la tête. « Oui, c'est mon compagnon. » Dieu sait pourtant qu'il aspirait un jour à porter son nom ou à permettre à Swann de porter le sien, troquant ainsi le terme compagnon pour celui de mari. « Veuillez me suivre, s'il vous plaît. »

***

C'est le cœur un peu lourd d'avoir laissé le chiot aux mains du vétérinaire que les deux hommes ressortirent de la clinique, Rory ne tardant pas à enrouler un bras autour de Swann pour le rapprocher de lui. Ce n'était qu'un au revoir, n'est-ce pas ? Ils reverraient le chiot et pourraient s'assurer en personne qu'il allait bien. « Je suis rassuré qu'ils le gardent quelques heures en observation. Il était si faible, maintenant je sais qu'il est entre de bonnes mains. » Ils n'auraient pas su l'aider même avec la meilleure volonté du monde et il valait bien mieux que des personnes aptes à lui offrir les meilleurs soins s'occupent de lui. « Je sais qu'il a dit qu'il nous appellerait dès qu'il serait remis sur pieds mais... on sait toujours pas s'il a des maîtres ni si on nous permettrait de le garder. » Ils ne savaient à vrai dire toujours pas comment ce chiot avait bien pu être abandonné en pleine nature, sans sa mère ni son propriétaire. Ils ne savaient pas grand chose, seulement qu'ils l'avaient aimé au premier regard et que son sort leur tenait dès à présent à cœur. « Je veux dire... tu voudrais le garder, toi ? Avec nous. » Son regard sonda le sien en silence, incapable de garder plus longtemps cette question pour lui. Ils n'étaient pas obligés d'avoir cette discussion maintenant, le plus important était que le chiot se rétablisse et qu'ils puissent prendre de ses nouvelles ensuite. Rory ne pouvait simplement pas s'empêcher de penser à combien il pourrait remplir leur existence de bonheur, rien que par sa présence. « Ça va peut être te sembler curieux, mais j'ai peur de pas réussir à penser à autre chose si on rentre à l'hôtel, alors je me disais qu'on pourrait peut être... finir cette randonnée ? Ça nous occupera l'esprit, et puis on pourra dire qu'on a vraiment été au bout de nous-même. » Il suggéra dans un sourire, loin de vouloir lui forcer la main pour autant. Ils n'étaient simplement pas du genre à renoncer, ni l'un ni l'autre. Leur histoire et l'amour qu'ils vivaient aujourd'hui au grand jour en étaient après tout les preuves. « J'ai déjà rempli nos bouteille, au cas où. » Ainsi Swann n'avait qu'un mot à dire pour qu'ils y retournent et puissent avoir deux bonnes raisons de sourire en repensant à cette journée.

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Cette histoire concernant Clément ne méritait sans doute plus qu'on s'y attarde depuis de nombreuses années, qui plus est alors que cet épisode n'était en lui-même probablement pas aussi mémorable que dans l'esprit de Rory. La culpabilité éprouvée ce jour-là avait rendu ces souvenirs plus tenaces qu'il ne l'aurait voulu, mais du peu qu'il avait découvert de Clément à l'époque l'acteur était convaincu qu'il avait du tourner la page et oublier cette histoire. Rory, lui, se rendrait dans tous les cas au mariage de Clément avec les meilleures intentions et un plaisir sincère de le savoir heureux auprès de quelqu'un. Pour l'heure, il avait surtout à cœur de tout expliquer à Swann pour que ce dernier soit certain de n'avoir aucune raison de s'en faire, à aucun niveau. “T’es en train de me dire que t’as finalement un défaut que je pourrais retrouver presque dix ans en arrière ? Incroyable mais vrai, Rory Craine n’est pas totalement l’homme parfait.” Son rire résonna avec douceur tandis qu'il pressa tendrement sa main sur la sienne, incapable de ne pas l'observer avec le plus attendri des regards. Swann était fidèle à lui-même, rassurant comme chaque fois que Rory avait la moindre raison de douter ou comme ici de culpabiliser pour une erreur commise des années en arrière. Il était sans doute le seul à s'en préoccuper, et il savait que c'était pour Swann sa façon de le lui faire comprendre. Alors oui, il lui redonnait le sourire, sans que ça n'ait rien de surprenant quand on savait qu'il le perdait rarement au contact de l'homme qu'il aimait. « Je me disais que c'était important que tu connaisses cet affreux défaut avant d'envisager de passer le reste de ta vie avec moi. » Oh oui, parfois il valait mieux arracher le pansement d'un seul coup plutôt que d'avoir de mauvaises surprises par la suite, n'est-ce pas. « J'espère que ça remet pas en question ton envie de continuer ce voyage avec moi. » Le brun s'amusa dans un nouveau sourire. En vérité, Rory présentait de son point de vue assez de défauts pour ne pas avoir à s'en inventer, il suffisait pour ça d'interroger ses parents ou ses frères et sœurs. Trop crédule, trop entreprenant, trop tenté de mettre son nez partout même quand on ne lui demandait rien. Ils auraient beaucoup de choses à dire, c'est certain, mais Swann lui n'avait jamais accordé la moindre importance à toutes ces choses et lui avait au contraire toujours fait sentir qu'il ne voudrait pas qu'il soit différent. Qu'il lui suffisait, surtout, une impression que Rory n'avait jamais eu avant ça auprès de personne. Dire que Swann le rendait profondément heureux serait un euphémisme, tant il se sentait aimé et soutenu sans jamais avoir même à garder quoi que ce soit pour lui de peur d'être jugé. C'est la raison pour laquelle il lui avait parlé de cette histoire avec Clément, et celle pour laquelle il serait incapable de lui cacher quoi que ce soit. “Si je t’avais croisé plus tôt crois-moi que je m’en serais souvenu, mais on va encore m’accuser de pas être objectif.” Oh, si ce voyage était déjà parfait il venait à cet instant de devenir plus féérique encore. « Tu n'es définitivement pas objectif, mais je t'aime aussi pour ça. » Il l'aimait aussi pour un millier d'autres raisons mais celle-ci en faisait assurément partie. Tout comme la manière dont Swann prit encore le temps de le rassurer, s'assurant comme toujours que rien ne pèse sur le cœur de l'australien qui en retour ne supporterait pas non plus de le voir ruminer quoi que ce soit. Pas alors qu'il méritait plus que tout de pouvoir savourer le bonheur qu'il avait poursuivi toute sa vie et que l'australien se réjouissait de pouvoir enfin lui offrir, prêt à dédier toute sa vie à ça. “Je suis sûr que tu t’en fais pour rien.” Et c'est dans un baiser qu'il scella sa promesse : celle de ne pas s'en faire davantage à propos de cette histoire.

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Un chiot en détresse était bien la dernière rencontre qu'ils auraient pensé faire aux abords de ce sentier, pourtant ni Swann ni Rory n'eut un seul instant dans l'idée de l'abandonner à son sort. Au contraire, c'est à son bien-être qu'ils pensèrent avant toute chose lorsqu'ils décidèrent de le conduire à la clinique vétérinaire la plus proche, là où l'animal pourrait être pris en charge. Le cœur un peu plus léger, Rory profita de la chaleur des bras de son petit-ami pour faire retomber la pression des dernières minutes, soulagé d'avoir fait ce qu'il fallait. Finalement, la seule question qu'il ne pouvait à cet instant s'empêcher de se poser était celle-ci : que faire, une fois l'animal remis sur pieds, s'il n'avait ni maître ni personne pour veiller sur lui ? Pourraient-ils assumer ce rôle, pour lui, à présent qu'il était évident qu'ils avaient l'un comme l'autre craqué devant la frimousse attendrissante de l'animal ? Feraient-ils de bons maîtres pour lui ? Et Swann, accepterait-il de lui faire une place dans leur quotidien ? En avait-il seulement envie ? “Oui. Oui, bien sûr. J’ai toujours pensé à avoir un chien et je sais que c’est pareil pour toi, on a simplement jamais fait les démarches pour, alors peut-être que… c’est un signe.” Son sourire s'étira avec émotion, les paroles de Swann réchauffant son cœur à mesure que Rory comprit qu'ils ne pouvaient pas faire autrement que d'interpréter les choses de la même façon, à nouveau. L'animal s'était retrouvé sur le chemin par le plus grand des hasards et il leur avait fallu à peine quelques secondes pour se prendre d'une immense affection pour lui. S'il est vrai qu'ils n'avaient encore jamais entrepris de lancer la moindre démarche d'adoption, l'un et l'autre aimaient bien trop s'entourer d'animaux pour que l'idée d'avoir un chien ne sonne pas comme une évidence. Qu'ils n'aient pas encore initié cette discussion n'y changeait rien : il suffisait de les voir à l’œuvre avec le chiot pour comprendre qu'ils l'aimaient déjà. « Je peux pas m'empêcher de me dire la même chose, je veux dire... il a eu de la chance de tomber sur nous, et nous sur lui. C'était inespéré, tout ça. » Et Rory mentirait s'il disait que ce voyage n'avait pas pris une tournure plus agréable encore à ses yeux lorsque Swann était réapparu avec l'animal dans les bras. Si son cœur s'était d'abord serré d'inquiétude, le savoir à présent entre les mains des vétérinaires le rassurait infiniment. Ils avaient pris la bonne décision en le conduisant dans cette clinique, à présent la suite était entre leurs mains mais tous les deux avaient à peine besoin de le dire tout haut pour qu'elle soit implicite. “On aura sûrement tout un tas de papiers à remplir pour le ramener en Australie mais je m’imagine pas le laisser à un refuge.” C'est un Rory profondément apaisé qui accueillit les mots de son petit-ami, quand bien même il n'avait pas douté une seule seconde qu'il lui serait à lui aussi impossible de confier ce chiot à qui que ce soit d'autre. Il le connaissait bien trop pour ça. « Je me fiche de la paperasse, je veux pas qu'on l'abandonne moi non plus. Qui sait combien de temps il a déjà passé tout seul, sans personne pour veiller sur lui... » Non, il n'aurait pas le cœur à le laisser derrière eux. Ils avaient tant d'amour et d'attention à donner et un loft bien assez grand pour y accueillir un adorable chiot. Un jour, ce sont des rires d'enfants qui rempliraient leur foyer et dès lors ils auraient véritablement tout pour être les plus heureux. Mais en attendant, Rory se verrait parfaitement accueillir l'animal au sein de leur famille, laquelle il avait plus que hâte d’agrandir avec le temps. “Et m’en veux pas si je te pose pas en retour la question de savoir ce que tu en penses.” Son sourire répondit au sien avec tendresse, ses doigts caressant les siens. « Je t'en aurais voulu si tu avais douté du fait qu'on en pense la même chose, mais je sais que tu me connais trop bien pour ça. » Tout comme Swann le connaissait trop bien pour savoir qu'en vérité, il aurait été bien incapable de lui tenir sérieusement rigueur.

D'autant plus qu'à cet instant, c'est le cœur véritablement plus léger que Rory envisageait la suite de leur voyage. Le chiot était entre de bonnes mains à la clinique et bien qu'il soit impatient d'avoir de ses nouvelles, l'acteur savait aussi qu'il aurait besoin de s'occuper l'esprit en attendant le coup de fil du vétérinaire. Pour ça, il ne voyait pas de meilleure idée que de reprendre leur randonnée là où ils l'avaient arrêté, comptant bien raconter à Wendy ainsi qu'au reste de leurs proches qu'ils avaient été au bout de l'objectif qu'ils s'étaient fixés. Ils en étaient capables, son unique moteur étant encore et toujours Swann. Pour lui, il y arriverait. “C’est une bonne idée.” Et Rory s'en faisait dès à présent une joie. Ils auraient ainsi doublement mérité de se reposer demain matin après ce cocktail d'efforts et d'émotions fortes. “Et moi je connais le chemin jusqu’au sentier, maintenant.” Un doux rire filtra d'entre les lèvres du brun, qui chuchota à l'oreille de Swann. « Tu fais un parfait aventurier, tu sais. » Quoi qu'il puisse en penser, lui qui redoutait toujours un peu les voyages et la perspective de quitter ses repères pour filer vers l'inconnu. Rory était plus que conscient que Swann prenait sur lui depuis qu'ils avaient soumis l'idée de s'envoler ensemble pour la Nouvelle-Zélande et il ne pourrait véritablement pas être plus fier et heureux de le voir y prendre goût et s'amuser.

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Jusqu'ici la suite de leur randonnée ne leur avait pas donné trop de fil à retordre en dehors du nombre conséquent de kilomètres qu'ils avaient eu à marcher, mais le plus périlleux s'annonçait avec une avancée à la verticale, cette fois. Une ascension de quelques mètres que Rory appréhendait depuis déjà plusieurs minutes, tétanisé par une peur du vide que quelques câbles ne suffiraient pas à calmer. “Tu veux que je passe en premier ?” Rory perçut toute l'inquiétude dans le regard de son petit-ami et c'est doucement qu'il réduisit le peu de distance qui les séparait encore pour venir embrasser le coin de ses lèvres. « Non, non, c'est... ça me dérange pas de passer devant. Je le sens, ça va aller. » Il n'était sûrement qu'à moitié crédible, à en juger par sa lèvre inférieure qu'il mordillait nerveusement et la façon dont ses mains tremblaient bien malgré lui. Le vide, définitivement, ne le mettait aucunement à l'aise. Il en avait déjà fait l'expérience en Suisse, quatre ans plus tôt, mais ça n'avait encore rien de comparable avec le fait de gravir des roches avec seulement quelques cordes pour le retenir au-dessus du vide. Mais peu importe, il ne pouvait pas reculer alors qu'il s'était promis d'aller au bout de lui-même. Il ne pouvait pas le faire alors que Swann, lui aussi, comptait sur lui. « Il paraît que c'est important de dépasser ses peurs, et je veux pas avoir à dire à nos amis que je suis resté en retrait pendant que tu te montrais brave et courageux. » Son sourire était aussi la preuve que la peur ne lui faisait pas perdre sa bonne humeur, ce qu'il savait susceptible de rassurer Swann dans un moment pareil. Tout irait bien, parce qu'ils ne seraient de toute façon jamais bien loin l'un de l'autre. Et ça, ça suffisait mine de rien à lui donner tout le courage dont il avait besoin. “Je suis un peu triste que tu doives retirer cette magnifique casquette pour mettre un de ces casques, ceci dit.” Oh, il est certain que ce casque ne lui conférerait pas une allure très glamour mais peu importe, Rory devinait rien qu'au son de sa voix que Swann n'était pas disposé à faire l'impasse sur le moindre équipement. Et lui non plus, à vrai dire, si ça pouvait leur assurer d'arriver de l'autre coté du sentier en un seul morceau. Ils avaient encore bien trop de choses à partager au cours de ce voyage – et tout autant après celui-ci – pour vouloir prendre le moindre risque inconsidéré. « La casquette retrouvera bien vite sa place, t'en fais pas. En attendant elle sera en sécurité dans mon sac. » Et il s'empresserait naturellement de la porter de nouveau une fois cette étape franchie, ayant bien l'intention de prétendre que le jaune était définitivement sa couleur – quand c'était tout sauf le cas, en réalité. “On fera une photo au sommet. Pour Wendy et la dame de l’accueil.” Une photo, oui, voilà qui était susceptible de le motiver d'autant plus à braver sa phobie du vide. Ce ne serait l'affaire que de quelques minutes, de toute façon, mais la satisfaction qu'il gagnerait à montrer fièrement ce cliché à sa sœur n'avait pas de prix, elle. Alors ça valait bien de prendre sur lui rien qu'un instant. « Je prépare déjà mon meilleur sourire pour qu'aucune ne devine que j'étais pétrifié à l'idée de le faire. » Mais pour l'heure, c'est à Swann et uniquement à lui qu'il dédia un sourire amoureux, impatient de pouvoir dire à leurs amis qu'ils ne s'étaient pas seulement contentés de rester dans leur chambre à tester le moelleux du matelas – quand bien même ils y avaient aussi dédié une partie du voyage, oui.

“Garde toujours un des deux mousquetons d’attaché, ok?” La voix rassurante de Swann était la seule chose dont Rory avait à cet instant besoin pour oublier le vide et l'inconnu qui se dressaient devant lui. « Promis. » Son baudrier enfilé, fermement attaché par les câbles, Rory hésita un instant, pris une grande inspiration puis s'élança finalement le long de la paroi rocheuse. Pas après pas, il positionna prudemment ses mains et ses pieds de manière à avancer sur plusieurs mètres tout en s'assurant que Swann, à son tour, le suivait de près. « J'y arrive. Tout va bien. » Jusqu'ici, tout du moins, les choses se passaient sans le moindre encombre malgré la peur qui lui remuait le ventre et l'impression de leur faire perdre un temps précieux à hésiter à chacun de ses pas. Mais il fallait bien ça pour qu'il dompte sa peur, et personne n'avait dit qu'ils étaient censés arriver de l'autre coté avant la tombée de la nuit, si ? En bonne voie, quelque chose lui apparut subitement étrange lorsqu'un bruit inhabituel résonna aux oreilles de Rory. « C'est pas si difficile que je le pen... » Un clic dont il ignorait complètement l'origine et qui lui valut de se figer un instant contre la roche. Rien, ce n'était sans doute rien du tout. « Swann, tu crois que c'est normal que... » Soudain, l'un des mousquetons se détacha de son anneau et précipita l'acteur dans le vide avant même que ce dernier n'ait eu le temps de se retenir quelque part ou même de comprendre ce qui se passait. « ...AAAH ! » Tout arriva très vite, si vite que son cri fut comme avalé par la puissance de sa chute. Une chute brutale, suffisamment en tout cas pour le projeter violemment contre la paroi rocheuse en contre-bas, alors que le deuxième mousqueton n'avait par chance pas cédé sous son poids et permis d'amortir un tant soit peu sa réception. Sonné, incapable durant plusieurs secondes de recouvrer complètement ses esprits ni même de se rappeler où il se trouvait, Rory ne réalisa qu'après coup qu'il était tombé et ne percevait maintenant plus Swann que plusieurs mètres au-dessus de lui. Son petit-ami, heureusement, était lui sain et sauf. « Swann, j'ai... je crois que j'ai quelque chose de cassé. » Sa jambe lui faisait horriblement mal, tout comme la moitié de son corps endolori par le contact avec la roche et qu'il ne sentait à cet instant qu'en partie. Le moindre geste lui demandait des efforts sur-humains et même son cœur lui semblait battre au ralenti, sans qu'il ne réalise encore complètement que la situation aurait pu être beaucoup, beaucoup plus dramatique. Rory avait eu peur, oui, mais pas pour lui. Même au moment où son corps avait été projeté en contrebas avec une violence inouïe et que certains de ses os avaient été malmené par l'impact, c'est uniquement à Swann qu'il avait pensé. A Swann, et à combien il n'aurait pas supporté que quoi que ce soit lui arrive. Pour ça, il acceptait bien volontiers d'être celui sur qui le sort s'était aujourd'hui abattu.