Le Deal du moment :
Code promo Nike : -25% dès 50€ ...
Voir le deal

 (bethommy) what we've got here is failure to communicate

Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptySam 29 Jan - 22:00


elizabeth & tommy
what we've got here is failure to communicate

My hands are tied, the billions shift from side to side and the wars go on with brainwashed pride, for the love of God and our human rights. And all these things are swept aside by bloody hands time can't deny, and are washed away by your genocide, and history hides the lies of our civil wars ☆☆☆



Tommy avait besoin d’argent. Bien sûr, Tommy avait toujours besoin d’argent, comme à peu près tous les parents célibataires et sans diplôme de ce pays – et pas que. Mais il y avait quelque chose d’encore plus gros que le besoin d’argent de Tommy : la taille de son ego. Il n’en avait pas l’air comme ça, on le disait tour à tour trop gentil, trop bonne poire, et bien trop prompt à courber l’échine tant nul n’était plus à même de le dévaloriser que lui-même et la piètre opinion qu’il avait de sa personne ; Mais traitez-le d’incapable et subitement il serait suffisamment piqué au vif pour tout mettre en oeuvre pour vous donner tort. Ou au moins pour essayer. Et piqué au vif, le troisième né des Warren l’était assurément tandis qu’il regardait les arrêts défiler sur l’écran du bus l’amenant tout droit vers les immeubles de Spring Hill. Il se serait bien passé de cette escapade à l’autre bout de la ville en réalité, et s’il y avait bien une zone de Brisbane dans laquelle il ne mettait presque jamais les pieds c’était celle-ci tant elle semblait se trouver à des années lumières de Redcliffe, là où se concentrait depuis son retour au pays le gros de sa vie personnelle et professionnelle. Soit, cela ne ferait qu’une chose de plus à ajouter à la longue liste des raisons pour lesquelles Beth aurait tout intérêt, à l’avenir, à se mêler de ses propres affaires.

Mais ce n’est peut-être pas elle.
C’était forcément elle. Qui d’autre, sinon ?
Elle a simplement envie de t’aider, ça part d’une bonne intention.
Mais tout partait toujours d’une bonne intention, avec Beth. Le problème n’était pas là.
Elle va se vexer que tu le prennes comme ça.
Soit, ils seraient donc deux dans ce cas.

Quelques jours auparavant, une notification sur son téléphone en fin de vie l’avait averti d’un mouvement inhabituel sur son compte en banque. Les sourcils froncés, Tommy avait aussitôt consulté l’application de sa banque, presque certain malgré ce qu’il pensait être un budget calculé au centime prêt de trouver son compte à découvert et de devoir à nouveau négocier avec sa conseillère pour faire sauter des pénalités dont il n’avait pas besoin, par-dessus le marché. À cette période de fin du mois et pour cause de prime de Noël décalée à la fin janvier (un vrai régal lorsque l’on comptait en partie dessus pour les traditionnels cadeaux de Noël) il s’attendait si fort à voir un montant négatif s’afficher en rouge vif que le vert des chiffres lui avait presque plus attiré l’oeil que la somme en elle-même, et lorsqu’enfin il avait réalisé combien se trouvait actuellement sur son compte … il en avait tout simplement recraché sa gorgée de café. Pour d’autres cela semblerait inattendu mais pas extraordinaire, mais pour lui dont l’argent était un problème de tous les jours, JAMAIS de sa vie ne s’était-il un jour retrouvé avec près de cinq mille dollars sur son compte courant. Cinq mille dollars c’était une fortune, cinq mille dollars c’était à peine moins que ce qu’il était parvenu à rembourser à son ancien patron en l’espace de cinq ans … Et ces cinq mille dollars, aussi appétissants étaient-ils pour les yeux, ne lui appartenaient pas. Il s’agissait forcément d’une erreur, et contrairement à une partie de Monopoly dans la réalité l’erreur de la banque n’était jamais en votre faveur, aussi déjà dans la crainte de s’attirer le moindre ennui s’était-il empressé de composer le numéro de téléphone de sa banquière pour tenter d’obtenir une explication. Ironique, quand on savait avec quelle maîtrise il s’arrangeait la plupart du temps pour filtrer ses appels.

Ce n’était pas une erreur.
Et la question à partir de ce moment-là avait été de déterminer le Qui de toute cette histoire. Mais les candidats étaient peu nombreux et les circonstances pointaient toutes dans une seule direction : si ce n’était pas ses parents alors c’était forcément Marius ou Elizabeth, et puisque cela ne pouvait pas être Marius alors c’était forcément Elizabeth. Et pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Probablement parce que leur mère n’avait pas su tenir sa langue, et parce qu’à défaut d’une fratrie qu’elle aurait voulu soudée tout en agissant sans cesse dans l’extrême inverse, elle se chargeait elle-même de narrer aux uns ce qu’il y avait de neuf ou d’intéressant (de son point de vue) à retenir dans la vie des autres. Et dans la vie de Tommy actuellement, se narrait le parcours semé d’embûches d’un garçon sans trop de moyens que l’un de ses amis avait finalement persuadé de s’associer pour monter une entreprise ; Dit comme ça cela semblait tellement ridicule. Contre toute attente, le patriarche Warren s’était malgré tout montré encourageant : on sentait dans ses mots les regrets d’un homme qui, si c’était à refaire, n’aurait peut-être pas végété toute sa vie dans la même entreprise par simple sécurité financière. Ne manquait qu’une banque prête à les suivre, et pour cela un minimum d’apport financier aurait été un plus non-négligeable … Mais quand on s’appelait Tommy Warren et que l’on avait déjà dû faire un choix entre rembourser ses dettes ou économiser pour les futures études de sa fille unique, autant dire que l’on n’avait que des poches trouées à apporter en guise de garantie.

Et voilà que l’argent de sa sœur désormais lui brûlait les doigts, tout métaphoriquement parlant. L’intention était louable, sans aucun doute, mais la forme égratignaient autant la fierté que l’ego de Tommy, et il n’entendait pas laisser croire à sa sœur ou à qui que ce soit d’autre qu’il avait besoin qu’on lui fasse l’aumône. Le chèque était déjà rédigé, l’écriture (un peu) plus appliquée qu’à l’accoutumée, et la signature semblait avoir gratté le papier avec tellement de force que le stylo était passé à deux doigts de le transpercer. Je ne veux pas de ton argent Beth, j’ai besoin de personne. Voilà ce qu’il se répétait mentalement, le genou s’agitant machinalement sous le regard agacé de son voisin de bus. Et s’il s’était imaginé faire comme dans les films et débouler dans le bureau de sa sœur en ouvrant la porte de façon théâtrale, c’était bien sûr sans compter la petite rousse à lunettes qui faisait office de cerbère à l’accueil du bâtiment d’ABC. « Je peux vous aider ? » lui avait-elle demandé avec une amabilité mesurée, Tommy estimant un peu naïvement qu’un « J’viens voir Beth Warren. Elizabeth Warren. » serait suffisant à lui permettre de passer les portiques de sécurité. « Vous avez rendez-vous ? » Non, il n’avait pas rendez-vous ; On parlait de sa sœur ou du Premier Ministre, au juste ? « Miss Warren ne reçoit pas sans rendez-vous. Voyez avec son secrétariat la prochaine fois. » Alors oui, mais non. « Dites-lui que son frère est là, je suis sûr qu’elle va pouvoir s’arranger. » Devant le manque de réaction de la jeune femme, le brun avait impatiemment désigné le téléphone posé à côté d’elle comme pour lui demander ce qu’elle attendait, et soupirant sans plus chercher à cacher son agacement elle s’était néanmoins exécutée. « Oui, allo ? C’est Johana, de l’accueil. J’ai quelqu’un en bas qui prétend être le frère de Miss Warren. » Qui prétend ? « Je lui ai dit, oui. Je demande, oui. » Relevant les yeux vers Tommy, elle avait questionné « Votre nom, s’il vous plaît ? » Are you really that stupid ? « Warren. Thomas, Warren. »« Thomas Warren. C’est ça. Je patiente. » S’en était suivie une minute si longue que Tommy avait presque eu la sensation d’être à nouveau derrière les barreaux, et finalement quelqu’un semblait être revenu à l’autre bout du fil. « Hmhm ? D’accord, merci. et raccrochant le combiné, la jeune femme avait relevé les yeux vers Tommy, visiblement agacée d’accéder à sa demande. C’est bon, vous pouvez monter. Vous avez de la chance qu’elle ne soit pas en réunion. » De la chance, oui.

Passant les portiques de sécurité non sans avoir l’impression qu’il fallait presque autant montrer patte blanche ici que pour rentrer dans la banque fédérale, il avait suivi les différents panneaux et les indications supposées le mener jusqu’au bureau de sa soeur, et quelques couloirs ainsi qu’un voyage en ascenseur plus tard il était enfin parvenu à destination. Un autre PNJ servant probablement de secrétaire à sa sœur l’avait aussitôt accueilli d’un signe de tête, et frappant à la porte du bureau elle avait annoncé « Votre frère est là. » et fait signe au concerné d’entrer. L’ensemble lui avait paru tellement lunaire qu’en passant la porte, le Warren en avait presque oublié qu’il était fâché et pourquoi il était fâché ; Au lieu de cela, il avait posé les yeux sur Beth et attendu que la porte se referme derrière lui pour commenter « T’es presque plus difficile à approcher que notre bien-aimée souveraine. » Sans exagération aucune, bien entendu. « Ta secrétaire a l’air d’être un vrai cerbère, j’espère que tu la payes bien. » Oh, et d’ailleurs en parlant d’argent … « Désolé de débarquer à l’improviste, mais faut qu’on ait une discussion toi et moi. » Elle arguerait peut-être que cela aurait bien pu attendre un autre lieu et un autre jour, mais pour une fois ils allaient faire les choses selon les règles de son frère et non pas les siennes.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptyMer 30 Mar - 18:08

Le faire. Ne pas le faire. Ce discours avait tourné en boucle dans la tête de miss Warren pendant plusieurs jours. Pourtant, habituellement, elle était du genre à prendre des décisions rapidement et sans les remettre en question bien longtemps. Défaut professionnel. Mais quand il s’agissait de sa famille, elle redevenait une petite fille fragile, s’interrogeant sur chacune de ses actions, par peur de décevoir. C’était viscéral pour la directrice : dès que cela touchait à sa famille, elle se sentait comme paralysée face aux attentes des autres membres qu’elle n’arrivait jamais à satisfaire. C’était autant rageant que blessant.

Le faire. Ne pas le faire. Comme un refrain imbuvable d'une chanson qui s’était incrusté en elle pendant plusieurs jours. Tommy avait toujours été clair sur le fait de ne pas avoir besoin de recevoir de l’aide de sa famille. Mais pour autant, il se retrouvait bloqué dès qu’il voulait aller de l’avant suite à sa vie carcérale qui le hantait encore des années après. Alors pourquoi ne pas lui forcer un peu la main ? Le pousser gentiment à agir ? Comme une sorte d’encouragement en fait, non ?

Le faire. Ne pas le faire. Leur mère n’avait pas pu s’en empêcher, évidemment. Il avait fallu qu’elle balance haut et fort l’info que Tommy allait se lancer dans l’aventure de l’entreprenariat. Et juste après cette annonce renversante, l’inquiétude maternelle n’avait pas tardé à suivre et à envahir la pièce de tensions. Pas que Tommy n’en avait pas les capacités mais cette histoire d’entreprise allait lui demander beaucoup d’énergie, de temps et d’argent. Et même si Moïra était désormais une adolescente…et bien, non, justement, une adolescente demandait peut-être même plus d’attention qu’une enfant. Période de quête identitaire, de questionnements envahissants, de changements corporels et de potentielle rébellion…il y avait de quoi faire. La mère Warren avait donc souligné, à juste titre, que cette histoire pourrait peut-être plus l’enfoncer que l’aider à sortir la tête de l’eau. Elizabeth avait écourté la conversation, trop fatiguée pour contenir les angoisses de sa mère. Mais en rentrant chez elle, elle avait déjà commencé à retourner la nouvelle dans son esprit. Sa mère n’avait pas tord, et si Tommy s’effondrait de nouveau ? Elizabeth ne le supporterait pas. Elle avait enfin réussi à retrouver son frère dans sa vie et à avoir une relation à peu près « normale », à communiquer avec lui relativement régulièrement et le voir de temps à autres. Et puis il n’y avait rien de plus déchirant pour elle que de voir l’un de ses frères ou sœur traverser une zone de vie sombre. Elizabeth était profondément investie dans le bien-être de sa fratrie, même si cela avait toujours été de façon maladroite.

Le faire. Ne pas le faire. Juste un petit virement d’argent. Ni vu, ni connu. Tommy n’en ferait peut-être même pas mention pour ne pas amener de tension inutile. Après tout, lui aussi faisait de gros efforts pour que leur lien se maintienne. Il avait même réussi à quelques reprises à s’ouvrir à elle. Et d’ailleurs, elle n’était pas prête de l’oublier. Juste un petit clic et la somme serait sur le compte de son jeune frère. Ce n’était qu’une broutille pour elle ce montant. Peut-être que Tommy accepterait de se faciliter la vie pour une fois. Après tout, il avait bien Moïra à charge et des études, ça coûte cher…Clic. L’argument de sa filleule avait fini par achever Elizabeth. Elle avait succombé à la tentation et appuyer sur valider.

Elle avait poursuivi la suite de son programme, sans avoir de manifestation de son frère. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, non ? Mais c’était se réjouir trop tôt car plus tard son assistante l’appela pour lui annoncer qu’un certain Thomas Warren était là pour la voir...

« T’es presque plus difficile à approcher que notre bien-aimée souveraine. »

Tommy pénétra dans la pièce et Elizabeth ne put s’empêcher de sourire à sa réflexion. C’est vrai que cela pouvait être déroutant pour quelqu’un qui n’en avait pas l’habitude. Et son frère cadet n’en faisait absolument pas une habitude de traverser la ville pour venir la voir sur son lieu de travail, endroit au monde dans lequel Elizabeth avait le moins de temps à consacrer à quiconque.

« Ta secrétaire a l’air d’être un vrai cerbère, j’espère que tu la payes bien. »

Etre bien payé, c’était relatif…Elizabeth avait une fâcheuse habitude de maltraiter ses assistantes et celle-ci n’en était pas l’exception. Mais elle devait bien admettre qu’elle avait un caractère plus prononcé que les anciennes et ce n’était pas pour lui déplaire.

« Je devrais sans doute l’augmenter. Elle pourra te remercier »

Elizabeth mit son ordinateur en veille. Son frère méritait d’avoir son attention complète.

« Désolé de débarquer à l’improviste, mais faut qu’on ait une discussion toi et moi. »

Mieux valait attendre de savoir de quoi il s’agissait réellement avant de paniquer. Et si il venait la voir pour un tout autre sujet ? Concernant Moïra par exemple ?

« Tu es toujours le bienvenu Tommy. De quoi tu veux me parler ? »

Dit-elle, avec le regard le plus innocent dont elle était capable. Puis elle avala sa salive et pour une fois, elle se fit petite, laissant le lead à Tommy.  


@Tommy Warren
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptyMer 11 Mai - 16:48

Jamais Tommy n'aurait imaginé avoir un jour l'occasion de voir de ses propres yeux l'environnement dans lequel évoluait professionnellement sa sœur au quotidien, et il y avait fort à parier qu'elle non plus ne l'avait jamais envisagé. Le bureau dans lequel Beth daignait l'accueillir malgré qu'elle ne reçoive habituellement pas sans rendez-vous était à son image : raffiné et austère, et un coup d'œil au brun suffisait à comprendre qu'il n'était pas à sa place dans cette tour d'ivoire. Est-ce qu’on aurait soupçonné Marius de prétendre être le frère de Miss Warren à l’accueil du rez-de-chaussée ? Tommy était certain que non, car Beth et lui étaient fait dans le même moule et portaient tous les deux à merveille le costume de l’ascension sociale. Passant sous le regard de cerbère de la secrétaire postée à l’entrée (secrétaire, assistante, peu importe le titre dont Elizabeth avait décidé de l’affubler sur sa fiche de poste) il n’avait pas manqué de souligner à la fois le fait qu’elle se rendait aussi difficile à approcher qu’un homme politique, et le fait que son employée semblait prendre son boulot très à coeur … A moins qu’Elizabeth ne lui mette simplement une pression conséquente, chose tout aussi probable. « Je devrais sans doute l’augmenter. Elle pourra te remercier. » S’agissait-il d’une plaisanterie ? Au ton pince sans rire avec lequel elle avait répondu en coupant son ordinateur, Tommy devinait que non, et arquant un sourcil il avait commenté « C’est si capitaliste de ta part. » avec un brin de sarcasme. C’était donc à cela que se jouait la paie des employés ici, au hasard des commentaires de ceux qui venaient en visite ? Elle devait avoir une autre saveur, la vie d’Elizabeth et de tous ceux qui n’avaient aucune idée de ce que signifiait le fait de compter chaque centime une fois passé le quinze du mois.

L’argent, c’était justement le motif de sa visite et la raison pour laquelle (tout de même) il s’était excusé de débarquer ici à l’improviste. Il aurait pu attendre un moment plus propice, l’inviter à déjeuner, ou même simplement débouler chez elle plutôt que sur son lieu de travail, mais s’il était parfaitement honnête il n’avait pas vraiment envie d’arranger sa soeur quand elle avait, de son côté, agi sans se soucier de ce qui le mettrait ou non dans une position délicate. « Tu es toujours le bienvenu Tommy. De quoi tu veux me parler ? » avait-elle pourtant prétendu en adoptant une posture angélique, le genre qu’elle adoptait déjà plus jeune au moment de dire “non Tommy, ce n’est pas moi qui ait dit aux parents que ton bulletin était dans la boîte aux lettres”. « T’as pas une petite idée ? » Tenté l’espace d’une seconde de jouer aux devinettes, il avait finalement décidé n’avoir pas ce temps à perdre et avait récupéré dans la poche intérieur de sa veste le chèque rédigé rageusement un peu plus tôt dans la journée, le plaquant sur le bureau immaculé. « J’suis venu te rendre ça. Et fais nous gagner du temps, n’en perd pas à prétendre que tu ne sais pas ce que c’est. » Elle le prenait déjà pour un incapable, il n’avait pas besoin qu’elle le prenne en plus pour un imbécile. Il n’aurait pas su l’expliquer, mais le simple fait de se débarrasser de ce chèque lui donnait l’impression de se sentir plus léger – plus léger de cinq mille dollars, certes, mais surtout plus léger de l’affront que lui avait fait sa sœur en lui faisant l’aumône. « Je suis pas ta bonne action de la saison, Beth. Si t’a à ce point besoin de jouer les Mère Thérésa, y’a un SDF installé à cent mètres de l’entrée de l’immeuble. » Fonctionnait également si elle ne cherchait qu’à cocher une case sur la liste de ses bonnes résolutions pour 2022.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptyLun 6 Juin - 18:40

« C’est si capitaliste de ta part. »

Elizabeth se retint de rouler des yeux vers le ciel. Leurs échanges étaient-ils donc condamnés à en revenir toujours à l’ascension sociale de la directrice et à sa situation financière qui en découlait ? Lui aussi pourrait briller dans sa vie professionnelle s’il acceptait de l’aide à des moments opportuns. Mais au lieu de ça, il laissait son ego dicter ses choix et ériger des remparts à une meilleure vie. La curiosité de la directrice et l’amour qu’elle portait pour son frère l’empêchèrent de répondre quelconque réplique à ce commentaire acerbe. Au lieu de cela, elle décida de demander directement l’objet de la visite de son frère.

« T’as pas une petite idée ? »

Tommy n’attendit même pas une réponse de sa sœur pour poursuivre. Il attrapa quelque chose dans la poche de sa veste. Il vint percuter le bureau dans un bruit qui retentissait, du moins dans le cœur d’Elizabeth. Un chèque vint se révéler sous sa main. Il allait refuser. Bien sûr qu’il allait refuser. Mais elle n’avait pas encore abattue sa dernière carte. La férocité de la directrice n’avait d’égal que son amour pour sa famille.

« J’suis venu te rendre ça. Et fais nous gagner du temps, n’en perd pas à prétendre que tu ne sais pas ce que c’est. »

Evidemment qu’elle savait de quoi il s’agissait. C’était comme quand ils étaient enfants et qu’elle prétendait de ne pas savoir comment les parents avaient su que le bulletin de notes de son frère était dans la boîte aux lettres. Tommy devait se confronter à la réalité, se durcir face aux réprimandes parentales pour pouvoir prendre en maturité et se mettre vraiment à fournir un travail scolaire plus acharné. Il fallait qu’il comprenne que son insuffisance de bons résultats scolaires ne l’amènerait pas à remplir tout son potentiel et à l’élever au sein de la société. Ce n’est pas parce qu’ils venaient d’une bonne famille qu’une belle vie de privilèges leur était due. Leur père et leur mère avaient raison sur ce principe et Elizabeth n’avait fait que suivre un exemple de qualité sur cette question. On pouvait reprocher beaucoup de choses aux parents Warren mais pas celle de ne pas avoir cherché à enrichir leurs enfants intellectuellement.

« Je n’ai pas besoin de cet argent donc non merci »

Et elle posa délicatement ses doigts de féline dessus pour faire faire le chemin inverse à ce bout de papier symbolique et le rapprocher de Tommy. Ce qui, à l’évidence, ne fut pas au goût de son frère.

« Je suis pas ta bonne action de la saison, Beth. Si t’as à ce point besoin de jouer les Mère Thérésa, y’a un SDF installé à cent mètres de l’entrée de l’immeuble. »

Elle connaissait tout à fait l’existence de ce SDF. D’ailleurs, ils avaient tenté à plusieurs reprises de convaincre cet homme de migrer dans une rue adjacente. Ce n’était pas bon pour l’image de la ABC d’avoir une incarnation du déséquilibre de la répartition des richesses mondiales devant leur entrée. Cela ne faisait que dissuader les gens d’y entrer. Personne n’avait envie de se confronter à la pauvreté. Pas dans leur univers de corporation en tous cas. Mais gare au scandale…Ce qui serait plutôt ironique avec une chaîne d’informations. Ils ne pouvaient donc pas le déplacer de force et leur argumentaire auprès de cet homme n’avait pas encore fait effet. Elizabeth ne gérait pas l’affaire mais elle savait qu’elle était au cœur de discussions dans certains bureaux, notamment celui de la sécurité.

« Tu penses vraiment que je te prends pour une bonne action ? Sérieusement Tommy, je sais qu’on n’est pas les frères et sœurs les plus proches du monde mais j’ai le droit de vouloir t’aider non ? Parce que si tu penses que je donne mon argent à n’importe qui, je t’arrête de suite »

Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours qu’on la place dans un rôle de méchante sœur ? Est-ce qu’elle ne pouvait pas juste tout simplement vouloir soutenir ses proches ?

« Pourquoi est-ce que pour une fois tu n'accepterais pas que quelqu'un te file un coup de main ? Pense à ce que tu pourrais avoir. Personne n'a besoin de savoir que je t'ai aidé, ça restera entre nous »


@Tommy Warren
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptyJeu 25 Aoû - 0:29

Par pure ironie, Tommy s’était fait la remarque qu’aujourd’hui aurait probablement été le jour pour jouer au loto – un comble, pour un ancien addict aux jeux d’argent. Pas qu’il se soit senti plus en veine qu’un autre jour, mais pour avoir su deviner quelle serait la réaction de Beth avait même qu’elle n’ait ouvert la bouche, son intuition devait être particulièrement en forme … Ou bien sa sœur était-elle simplement diablement prévisible ? Le brun serait bien allé poser la question à la secrétaire, mais il ne serait probablement pas de bon ton de manquer la faire renvoyer après lui avoir (peut-être) permis une augmentation. Reste qu’Elizabeth était égale à elle-même : égale en tout, d’ailleurs, comme le ton faussement conversationnel sur lequel elle lui avait demandé quel bon vent l’amenait jusqu’à son antre, comme si elle n’en avait pas la moindre idée. Un autre jour Tommy s’en serait peut-être même offusqué, l’aurait soupçonné de le prendre pour encore plus stupide qu’il ne l’était, mais ce jour-là son cadet avait déjà suffisamment de raisons d’être offusqué pour ne pas s’en rajouter une supplémentaire. Refusant de tourner autour du pot plus que nécessaire, il avait plaqué contre son bureau ordonné le chèque rédigé à son nom avant de quitter son appartement, son écriture désordonnée témoignant à la fois de l’agacement qui l’habitait lorsqu’il l’avait rédigé, mais aussi du peu d’occasions qui lui étaient données de prendre un stylo pour écrire quoi que ce soit, à une époque où tout ou presque se faisait à l’aide d’un clavier. Elle pourrait bien juger cela aussi, son frère écrivait comme un cochon, la belle affaire … Du moment qu’elle encaissait ce chèque et cessait une bonne fois pour toutes de se mêler de ce qui ne la regardait pas, il se moquait du reste.

Mais non. Non, même ça, cela semblait être trop pour le besoin permanent de Beth de régenter la vie de son entourage comme elle semblait vouloir régenter la sienne. « Je n’ai pas besoin de cet argent donc non merci. » Tiens donc. « Et moi j’ai pas besoin de ta charité, un point partout. » Et puisqu’aux yeux de sa sœur tout n’était toujours qu’une compétition, le vocabulaire sportif était peut-être le plus approprié. Reste que pour ça comme pour le reste, Tommy n’entendait pas être la cause perdue du moment de sa sœur ; Elle n’avait pas réussi à être celle de Scarlett malgré des années d’insistance qui n’avaient fait que les éloigner, peut-être était-il temps qu’elle comprenne que ce rôle ne lui allait tout simplement pas au teint. « Tu penses vraiment que je te prends pour une bonne action ? » Fallait-il vraiment qu’il réponde à cette question ? « Sérieusement Tommy, je sais qu’on n’est pas les frères et sœurs les plus proches du monde mais j’ai le droit de vouloir t’aider non ? Parce que si tu penses que je donne mon argent à n’importe qui, je t’arrête de suite. » Secouant la tête et levant les yeux au ciel avec impatience, il l’avait coupée aussitôt et rétorqué d’un ton agacé « Mais je m’en moque, Beth. Tu peux bien donner aux chiens errants, aux femmes battues ou aux petits enfants qui meurent de faim en Afrique si ça te fait plaisir, ça te regarde. Mais moi, tu m'oublies. » Et l'idée de lui faire la charité comme s'il n'était qu'une cause perdue supplémentaire avec. Parce qu'elle avait beau vouloir enrober cela sous autre chose et choisir de plus jolis mots dans l'espoir de faire passer la pilule, c'était exactement ce dont il était question – et Tommy avait toujours fait en sorte de se débrouiller seul, on pouvait lui reprocher un tas de choses mais pas son indépendance, alors ce n'était pas pour que l'on vienne lui gâcher cela aussi.

Sa sœur pourtant semblait ne pas vouloir en démordre. Pire encore, elle semblait prendre son refus comme une attaque personnelle, tout en refusant l'idée même que Tommy puisse en dire autant : une dissonance cognitive comme on en avait toujours eu la spécialité chez les Warren, mère et fille aînée en tête de file. « Pourquoi est-ce que pour une fois tu n'accepterais pas que quelqu'un te file un coup de main ? Pense à ce que tu pourrais avoir. Personne n'a besoin de savoir que je t'ai aidé, ça restera entre nous. » Pourquoi cela lui tenait-il autant à cœur ? Qu'essayait-elle de prouver au juste, et à qui ? À moins qu'elle n'attende ensuite simplement le jour où elle pourrait avancer ses pions et lui rappeler qu'il lui était redevable, au moment qu'elle estimerait opportun ? « Moi je le saurai. » avait-il alors commencé par faire remarquer, avant que ne lui échappe un soupir de lassitude. « Je veux pas de ton "coup de main". T'as peut-être l'impression de m'aider, mais je te jure que là, tu m'aides pas. » S'interrompent pour faire quelques pas dans la pièce, ce bureau si loin de son environnement personnel lui donnant la sensation d'étouffer, il avait reposé les yeux sur sa sœur « Tu veux vraiment m'aider ? Arrête de bousiller mes chances de m'en sortir tout seul. Je veux la satisfaction d'être arrivé à mes fins sans l'aide de personne, c'est trop demandé ? Ou bien les lauriers et les félicitations de papa et maman c'est réservé à Marius et toi, et faut pas empiéter sur vos plates bandes ? » Il n'y en avait que pour eux, depuis toujours, c'était toujours "Marius a réalisé ceci", "Elizabeth a mis en place cela" … Est-ce qu'ils n'en avaient pas assez, l'un et l'autre, d'utiliser leurs cadets comme paillasson afin de s'assurer tous les louanges de la famille ? « J'ai jamais eu besoin de vous. Ni pour trouver un boulot, ni pour sortir de taule, ni pour rembourser mes dettes. Alors je vais continuer. » Où était-elle, Beth, lorsqu'il tournait en rond en prison et que seule Scarlett lui avait rendu visite ? Nulle part, car Beth ne connaissait que l'argent comme réponse à ses ennuis, et se débinait dès que la solution était ailleurs. « C'est pas de ton fric que j'ai besoin, Beth. C'est que pour une fois tu me considères pas comme un incapable … Mais ça aussi, je suppose que c'est trop demandé. » Et l'amertume de prendre le pas sur le reste, tandis qu'il secouait la tête d'un air résigné.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptySam 15 Oct - 0:47

« Moi je le saurai. »

Etait-il si borné qu’il ne pouvait envisager de laisser une personne qui partage le même sang le sortir d’une impasse ? Apparemment oui. Et Tommy ne s’arrêta pas à juste laisser parler son ego mais aussi son exaspération clairement non dissimulable.

« Je veux pas de ton "coup de main". T'as peut-être l'impression de m'aider, mais je te jure que là, tu m'aides pas. »

Il marqua une pause, comme peut-être pour tenter de stopper le flux de son irritation. Il fit quelques pas dans la pièce spacieuse avant de reposer son regard lourd de sens sur sa sœur. Dire qu’elle pouvait y lire de l’aigreur était un euphémisme. Elle pouvait voir dans les pupilles de son frère son dilemme interne : poursuivre ou ne pas poursuivre sa croisade indépendante conquérante contre sa propre sœur ?

« Tu veux vraiment m'aider ? Arrête de bousiller mes chances de m'en sortir tout seul. Je veux la satisfaction d'être arrivé à mes fins sans l'aide de personne, c'est trop demandé ? Ou bien les lauriers et les félicitations de papa et maman c'est réservé à Marius et toi, et faut pas empiéter sur vos plates bandes ? »

Et voilà, Tommy ressortait les grands chevaux. « Bousiller ses chances de s’en sortir tout seul »…quand allait-il comprendre que ses réussites ou ses échecs ne dépendaient pas des autres ? Y contribuer oui, mais faire à sa place non. Recevoir un investissement financier n’était en rien gage d’un futur succès. Il fallait savoir le gérer cet argent. Bien le dépenser, faire des choix réfléchis. Et puis, se lasserait-il un jour de ressortir cette même rengaine d’enfants préférés ? Elizabeth était fatiguée d’entendre ce reproche encore et encore. Elle qui avait tant souffert des attentes que leur mère avait placées sur elle. S’étaient-ils tous demandé ce que cela faisait d’être dans ses chaussures à elle ? Outre le fait que les escarpins ne soient pas toujours confortables, la place de la fille aînée non plus. Leur mère n’attendait que ça de partager une grossesse avec sa fille chérie. Il y a certains moments durant lesquels Elizabeth se demandait même si cette pression constante ne l’avait pas poussée inconsciemment loin des hommes capables de lui offrir une famille. Heureusement que Moïra était là pour calmer les ardeurs de grand-mère mais être une femme non mariée à son âge, c’était une honte dans leur milieu. Oui, elle était une honte, une inconvenance pour sa propre mère. Mais ça, personne ne le comprenait.

« Je te signale que si je te propose d’être un investisseur silencieux, ce n’est certainement pas pour récolter quelconque laurier d’une potentielle réussite de ta part. »

Son ton restait calme malgré son agacement qui grimpait à l’intérieur d’elle. Il était temps que son frère grandisse à son âge. Et malheureusement, professionnellement, elle avait parfois le sentiment qu’il agissait encore comme un jeune homme de 20 ans.

« J'ai jamais eu besoin de vous. Ni pour trouver un boulot, ni pour sortir de taule, ni pour rembourser mes dettes. Alors je vais continuer. »

Pourquoi donc étaient-ils tous aussi têtus chez les Warren ? C’était vraiment à en devenir fou parfois. Bien entendu, Elizabeth savait qu’elle faisait partie du lot mais quelque part, elle se rassurait en se disant qu’elle faisait sans doute partie des moins bornés…non ?

« Rembourser ses dettes c’est bien mais maintenant ça serait bien d’avoir un peu plus d’argent non ? »

Elle pensait pourtant que Tommy et elle avaient progressé dans leur relation. Elle avait espéré que cette fois-ci il la laisserait être une grande sœur pour lui. Ce n’était pas que l’argent qu’il rejetait, mais sa sœur aussi. Ou du moins, c’était comme ça qu’elle le ressentait. Apparemment, pour Tommy aussi elle était inutile. Arriverait-elle un jour à avoir une place importante dans la vie de ses frères et de sa sœur ? Marius était parti sans rien lui dire, Scarlett n’avait jamais besoin d’elle et Tommy avait fui plus vite que son ombre. Est-ce qu'elle aurait du le pourchasser ? Pour qu’après il lui reproche de ne pas le laisser se débrouiller ?

« C'est pas de ton fric que j'ai besoin, Beth. C'est que pour une fois tu me considères pas comme un incapable … Mais ça aussi, je suppose que c'est trop demandé. »

Tommy secouait la tête, incapable désormais de laisser également son corps s’exprimer. Elizabeth, elle, restait de marbre, comme elle le faisait toujours. Mais son volcan interne avait envie d’exploser…et sans doute était-ce déjà une goutte de lave qui sortait lorsqu’elle sorti l’argument de trop.

« Et Moïra dans tout ça ? Tu y penses ? »

Elle savait que c’était une erreur de mêler sa nièce à tout ça. Et pourtant…elle ne put s’empêcher de la mentionner. Les choix de Tommy avait un impact sur elle en première ligne.

« Tu ne penses pas que si tu te facilitais un peu ta réussite, qui dépend quand même de toi et de tes choix au passage, tu pourrais lui offrir une vie meilleure ? Un avenir sécure ? Et si elle a envie de faire des études, comment fera-t-elle ? Tu sais bien que ça coûte extrêmement cher. Et là aussi, j’imagine que tu ne me laisseras pas contribuer »

Mais là encore, elle ne dirait pas son dernier mot facilement, amadouant très certainement l’université dans laquelle sa brillante nièce se rendra. Elle y comptait bien sur ça. Elizabeth n’aurait peut-être sans doute jamais d’enfant et elle le comprenait au fur et à mesure que le temps passait, mais elle ferait tout son possible pour que sa nièce ait un futur prospère.


@Tommy Warren
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate EmptyJeu 5 Jan - 18:59

Tenter de raisonner Elizabeth était pour Tommy presque aussi vain que le fait pour elle de tenter de faire autant. Ils évoluaient comme deux animaux d’un même zoo séparés par une clôture car incapables de s’entendre sans que l’un finisse par vouloir donner un coup de canine à l’autre, et ce malgré le fait qu’ils se scrutent quotidiennement. La clan Warren était un microcosme dans lequel chaque membre se retrouvait forcé d'interagir avec les autres, mais avec obligation bien plus que par envie – et à quel point n’en avait-il plus envie depuis longtemps, Tommy, pour s'être exilé si longtemps à l’autre bout du globe ? Mais il n’était pas le seul, Beth aussi se faisait souvent prier, manquait autant de repas de famille que son métier “à responsabilités” le lui permettait de le faire, et compartimentait sa vie au point qu’aucun autre Warren, à l’exception peut-être de Marius, ne soit réellement capable de dire de quoi étaient faites ses journées, qui étaient ses amis, et quelles étaient ses passions. Elle ne s’y prenait finalement pas mieux qu’eux pour tenter d’entretenir la flamme déjà éteinte de l’harmonie familiale, et même son vocabulaire trahissait la vérité de ses intentions : « Je te signale que si je te propose d’être un investisseur silencieux, ce n’est certainement pas pour récolter quelconque laurier d’une potentielle réussite de ta part. » Froide, droite comme un piquet derrière le bureau de sa tour d’ivoire, Elizabeth faisait ce qu’elle savait faire de mieux : exiger, et s’agacer lorsque les choses n’allaient pas dans la direction escomptée. « Contente toi d’être ma sœur, pour une fois. » Il n’avait pas besoin d’un investisseur, Tommy. Il avait besoin que quelqu’un lui fasse confiance, que quelqu’un croit en lui, mais dès l’instant où il avait donné son nom à la greluche du rez-de-chaussée il avait compris que c’était peine perdue.

Elle lui parlait investissement, il lui parlait mérite personnel. Celui qu’elle brandissait à qui voulait bien l’entendre lorsqu’il était question d’elle-même, mais qu’elle ne savait pas envisager autrement que comme un bête sursaut d’égo dès qu’il était question d’autrui. « Rembourser ses dettes c’est bien mais maintenant ça serait bien d’avoir un peu plus d’argent non ? » Cette fois-ci véritablement agacé, Tommy avait balayé sa remarque d’un geste de la main en fendant l’air « Tout ne tourne pas toujours autour du fric, Beth ! » Mais si, dans le monde sa sœur tout était toujours une question d’argent. Même quand il était question de sa famille, et lorsqu’elle avait répliqué « Et Moïra dans tout ça ? Tu y penses ? » elle avait malgré elle créé la goutte d’eau de nature à faire déborder le vase. « Tu ne penses pas que si tu te facilitais un peu ta réussite, qui dépend quand même de toi et de tes choix au passage, tu pourrais lui offrir une vie meilleure ? Un avenir sécure ? Et si elle a envie de faire des études, comment fera-t-elle ? Tu sais bien que ça coûte extrêmement cher. Et là aussi, j’imagine que tu ne me laisseras pas contribuer. » Revenant se planter devant le bureau de sa soeur, n’écoutant qu’à moitié la suite de ses simagrées, il avait pointé un doigt menaçant dans la direction de la jeune femme « Je t’interdis de te servir de Moïra pour te trouver des excuses. Et je t’interdis de sous-entendre que je ne pense pas suffisamment à elle, parce que c’est la seule chose à laquelle je pense, tout le temps ! » Moïra était le seul sujet sur lequel Tommy était incapable de garder toute commune mesure, incapable de réagir autrement qu’au quart de tour. Au point même d’en oublier de ne pas se montrer blessant, comme en ajoutant « Le jour où t’auras des enfants te feras bien ce que tu veux, mais d’ici là tes conseils de parentalité tu peux te les garder. » sans plus se soucier du fait de tirer sur une corde sensible.

Finalement, ce fut la sonnerie du téléphone posé sur le bureau d’Elizabeth qui avait interrompu l’escalade de la conversation. Peut-être l’assistante, inquiète d’entendre des éclats de voix depuis l’autre côté de la porte, et soucieuse de s’assurer que sa patronne allait bien – auquel cas, cette petite méritait réellement une augmentation, quand bien même Tommy en venait à lui souhaiter plutôt de trouver du travail ailleurs, auprès de quelqu’un d’un peu plus humain que le dragon en lequel savait se transformer sa soeur. « T’empêche pas de répondre pour moi, de toute façon on avait terminé. » Cette discussion ne mènerait à rien, comme tant d’autres avant elle, et le brun n’avait plus d’énergie à dépenser en ce sens. « J’saurai trouver la sortie tout seul. » Et il repartirait comme il était venu, avec la sensation âpre de ne pas être à sa place, et de dénoter au milieu du décor immaculé dans lequel choisissait d’évoluer sa sœur, en espérant prouver Dieu savait quoi à Dieu savait qui. Le chèque rédigé d’une main tremblante avant de quitter son appartement et de sauter dans le bus, quant à lui, était resté sur le bureau d’Elizabeth comme un point final à ce que Tommy estimait être une conversation close.

Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty
Message(#)(bethommy) what we've got here is failure to communicate Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(bethommy) what we've got here is failure to communicate