Lorsqu’elle avait ouvert les yeux ce matin-là, Naomi n’avait pas tout de suite été capable de dire où elle était. Seules certitudes : elle n’était pas chez elle, et Asher Buckley dormait toujours à poings fermés. Et c’est la présence de cet individu qui permit à l’escort-girl de remettre ses idées en place. Elle n’était plus à Brisbane, mais sur l’île Moreton. Un coin de paradis, à quelques heures à peine de la ville, où ils pourraient profiter de quarante-huit heures paisibles. Logés dans un bungalow tout confort, ils avaient la chance d’avoir une vue splendide sur l’océan. Cette escapade, elle l’avait choisie avec soin : elle voulait le meilleur pour son ami. Et pour cause : bientôt, Asher Buckley se ferait passer la bague au doigt. Et puisqu’elle le connaissait bien, et qu’elle savait qu’il n’affectionnerait pas être jeté en pâture à l’occasion d’un enterrement de vie de garçon, l’Australienne avait opté pour un court séjour dans un lieu idyllique, rien que tous les deux. Elle ne l’avait évidemment prévenu de rien, et l’avait mis devant le fait accompli. Ainsi, lorsqu’il était venu chez elle la veille pour passer quelques heures en sa compagnie, elle l’avait embarqué pour une destination dont elle seule avait connaissance. Sceptique, Asher s’était pourtant laissé guider (en même temps, avait-il un autre choix qui s’offrait à lui ?). Il n’avait pas fait le moindre commentaire, sans doute trop occupé à pester contre sa maudite amie, et ne s’était déridé qu’en voyant qu’ils se dirigeaient vers un coin reculé — et que vraisemblablement, sa meilleure amie ne lui avait pas fait un coup pendable.


« Salut beau gosse. » Murmura Naomi, alors qu’elle voyait émerger son ami. Elle baissa ses lunettes sur le bout de son nez, et croisa le regard encore ensommeillé de son ancien amant. Ses lippes s’étirèrent en un sourire malicieux, et elle demanda : « Dure nuit ? » Les deux Australiens n’avaient pourtant rien fait de bien folichon ; ils étaient arrivés tardivement dans leur bungalow, et avaient simplement pris le temps de prendre une douche avant d’aller se coucher. Naomi repoussa ses lunettes de soleil, et se pencha pour prendre la tasse de café qu’elle s’était servie. Elle la porta à ses lèvres, et indiqua d’un coup de menton l’assiette qui se trouvait au milieu de la table. « En attendant que la belle au bois dormant se réveille, j’ai pris la liberté de nous faire livrer quelques trucs à manger. » Des fruits, des pancakes, deux muffins : de quoi commencer la journée du bon pied. Elle avait hâte de croquer dans la pâtisserie, sur laquelle elle louchait depuis quelques minutes. Mais avant de manger quoique ce soit, elle avait voulu attendre qu’Asher sorte du lit ; après tout, s’ils étaient là tous les deux, dans ce coin paradisiaque, c’était pour lui. Pour fêter l’heureux événement à venir, pour célébrer sa future union. Alors, même si son estomac criait famine, Naomi avait préféré attendre pour partager chacun des moments avec Asher. « Prends des forces, tu en auras besoin. » Elle savait que cette phrase susciterait l’inquiétude chez son invité. Asher Buckley n’aimait pas spécialement les surprises, et aimait encore moins être complètement laissé dans l’inconnu. Et Naomi le savait, mieux que quiconque. Si elle en jouait ? Évidemment ; mais elle ne le laisserait pas trop longtemps dans le flou. Le bout de cette journée n’était pas de le mettre mal à l’aise — c’était même le contraire. Elle voulait qu’Asher se détende complètement, qu’il se sente bien et unique. Et pour lui, pour son dernier voyage en tant qu’homme encore officiellement célibataire, elle avait mis les petits plats dans les grands.

Il y avait bien longtemps que Naomi n’avait pas si bien dormi. Préoccupée par son travail après avoir fait défection au Club, elle s’attendait à être rattrapée par la patrouille à tout moment. Mais pour ces prochaines heures, elle savait qu’elle pouvait relâcher la pression. Elle pouvait arrêter de sursauter au moindre bruit, arrêter de se retourner pour vérifier que personne ne la suivait, arrêter de retenir sa respiration quand quelqu’un la frôlait sans qu’elle ne s’y attende. Soulagée et en confiance, l’Australienne était parfaitement détendue. « Tu es tellement prévisible, parfois. » Répondit Naomi, alors qu’Asher lui confiait craindre la suite des événements. Elle allait prendre un malin plaisir à ne pas lever immédiatement le voile sur ses intentions, et sur le programme qu’elle lui avait concocté pour les prochaines quarante-huit heures. Mieux encore : elle allait faire gentiment monter la pression, juste pour le faire un peu mariner. « Rien. Il n’y a rien à faire, Asher. » Commenta-t-elle, ses lèvres s’étirant progressivement en un large sourire. « Je suis une cause perdue, et tu es mon prisonnier. » Jugea-t-elle bon de préciser. Elle retira finalement ses lunettes de soleil, qu’elle déposa sur la table qui les séparait. Amusée, elle désigna le paysage d’une main délicate et manucurée : « Mais rassure-moi… Tu n’aurais quand même pas l’audace de t’en plaindre, vu les panoramas qui s’offrent à nous ? » Elle savait que cet argument était irréfutable ; ils étaient dans un décor paradisiaque, et il n’y avait personne aux alentours. Ils pouvaient s’amuser, lézarder, prendre le temps. Et elle adorait ça, Naomi. « Tu sais combien d’hommes rêveraient d’être à ta place ? » Elle réalisa, un peu trop tardivement, que sa question pouvait être maladroite. À cause de leur passif commun, mais aussi à cause de son travail d’escort-girl. Elle se sentit ridicule, et un désagréable sentiment de malaise monta en elle. Par chance, Asher — vraisemblablement inconscient des tourments que son amie traversait — lui offrit une porte de sortie providentielle. Elle ricana, et haussa les sourcils. « Un joker ? Qu’entends-tu exactement par un joker ? » Demanda-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, ses doigts tapotant sur ses avant-bras. Ses lèvres s’arrondirent en un « o » offusqué en voyant Asher s’emparer du deuxième muffin — qui était, en fait, sa part. « Eh ! Ce n’est pas juste ! » S’exclama-t-elle, avant de se redresser pour attraper son muffin. Malheureusement pour Naomi, Asher fut plus rapide qu’elle et mit son gâteau hors d’atteinte. « Tu sais quoi ? Finalement, tu n’as qu’à le manger. Ce n’est pas moi qui prendrai du ventre, comme ça. » Elle se moquait allègrement de lui, clairement narquoise. « Tu n’es même pas marié que, déjà, tu te laisses aller. » Fit-elle remarquer, avant de prendre une fraise dans la corbeille de fruits qui se trouvait sur la table. Elle croqua dedans avec plaisir, et ajouta : « Je n’ose même pas imaginer ce que ça va donner, dans quelques mois. » Sous-entendu, il allait s’empâter comme un homme d’âge mur sans même s’en rendre compte — et lorsqu’il prendrait conscience de ce changement, il serait déjà trop tard. « Tu m’appelleras pour une séance de shopping, au pire. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules, prête à l’accompagner à ses prochains essayages de jeans. « A moins que tu ne daignes me rendre ce qui m’appartient, évidemment. » Ajouta-t-elle finalement, amusée, en tendant une main pour récupérer son dû. Elle n’allait pas le supplier, mais consentit néanmoins à minauder pour obtenir de lui ce qu’elle voulait : « S’il te plait… »

« Il n’est pas question que l’on reste au lit pendant trois jours, sans profiter des alentours. » Commenta l’escort-girl en secouant la tête. Il était rare qu’elle s’accorde plusieurs jours de répit, et encore plus rare qu’elle quitte Brisbane. Alors maintenant qu’elle était loin de ses habitudes, et qui plus est dans un décor idyllique, elle comptait en profiter pleinement. « Ce sont tes derniers jours de célibataire ; ce serait criminel de ne pas en profiter. » Elle restait volontairement évasive, consciente qu’Asher n’était pas à l’aise avec cette situation. Ça la faisait marrer, Naomi ; il savait, au fond, qu’elle était capable de tout. Mais ferait-elle quelque chose qui lui déplairait ? Certainement pas. Mais elle pouvait toujours sous-entendre l’inverse. « Tu n’es pas d’accord ? » Demanda-t-elle en passant une main dans ses cheveux ondulés. Elle le titillait, le charriait, et le poussait dans ses retranchements. S’il savait, en réalité, qu’elle avait simplement prévu un massage et une après-midi à lézarder sur la plage...« Évidemment, ça restera entre nous. » À l’instar de Las Vegas, tout ce qui se passe sur l’île Moreton reste à l’île Moreton. Mais Levi n’avait pas à s’en faire ; non seulement Asher l’aimait à en crever, mais il était un homme bien. Il ne se laissait pas dicter sa conduite, et ne se laissait pas séduire ; il pouvait avoir une confiance aveugle en son homme. « C’est trop facile si je te donne un joker ! » S’exclama Naomi en faisant la moue. Bon, elle pourrait toujours le rouler dans la farine en prétendant une activité qui ne figurait pas sur son programme, mais… Ce n’était pas franchement honnête. « Je ne veux pas que tu me laisses toute seule avec le strip-teaser, ce soir. » Commenta Naomi en gloussant, particulièrement fière de sa connerie. Elle avait hâte de voir la réaction d’Asher, qui ne manquerait pas d’arriver dans quelques secondes.


« Qu’est-ce que tu sous-entends, exactement ? » Demanda-t-elle en faisant la moue, alors qu’il lui promettait un muffin pour plus tard, si elle était sage. Mais… « Je suis toujours sage. » Commenta Naomi en arquant un sourcil, regardant Asher droit dans les yeux. Elle savait qu’il n’en croirait pas un mot. Après tout, n’était-elle pas celle qui lui avait fait perdre sa virginité, des années plus tôt ? N’était-elle pas celle dont les activités professionnelles consistaient à prendre autant de plaisir que d’argent ? Le blond n’ignorait rien de la vie débridée de Naomi, même si elle n’en parlait jamais. Jamais directement, jamais frontalement. Mais il n’était pas dupe. « Et j’ai faim. » Ajouta-t-elle, en insistant volontairement sur le dernier mot. Mais son ami avait vraisemblablement décidé d’être sans pitié, puisqu’il croqua une nouvelle fois dans le muffin qu’il lui avait précédemment subtilisé. « Je ne vais pas te donner toutes les lignes du programme. » Dit-elle en secouant la tête. « Tu peux continuer ton chantage culinaire. » Elle avait quelques réserves pour tenir, de toute façon. « Et il n’est pas question que je dorme sur la plage. Le sable, ça gratte. Il fait froid la nuit, et il y a plein de bestioles. » Grommela-t-elle en faisant la moue. « Par contre pour ce qui est de boire et de manger, je n’ai aucune objection. » Ajouta-t-elle avec un sourire complice. À vrai dire, elle avait déjà réservé dans un restaurant pour le soir — celui de l’hôtel, dont la réputation était excellente. L’escort-girl s’étira, et se redressa finalement. « Dépêche-toi de finir mon petit-déjeuner. On est attendu dans trente minutes. » Déclara la brune en souriant. Elle se détourna de son ancien petit-ami, et se faufila dans la salle de bain pour prendre une douche bien méritée. Avant le massage, elle voulait détendre ses muscles au maximum.

« C’est un peu le cas, non ? » Si elle exagérait ? Bien sûr que oui. En réalité, elle parlait simplement de ses derniers jours en tant qu’homme célibataire — ou plutôt, en tant qu’homme non-officiellement casé. Une partie d’elle, qu’elle faisait taire pour éviter de se poser des questions désagréables et dont les réponses ne la satisferaient pas forcément, était envieuse ; Asher avait eu la chance de trouver la perle rare. La personne qui lui convenait, qui lui correspondait, et qui l’aimait pour ce qu’il était. Elle posa une main chaleureuse sur la joue de son ancien compagnon, et lui sourit avec tendresse. Elle était fière de lui, et heureuse pour lui. « Je suis vraiment contente pour toi. » Avoua-t-elle à voix basse. Elle était soudainement redevenue sérieuse, donnant à cette conversation un nouveau tournant. Plus solennel, plus réaliste aussi.  « Même si cela signifie aussi que tu ne risques plus de venir te glisser dans mes draps au milieu de la nuit pour me raconter tes petits soucis. » Et pour cause : son mari n’accepterait sans doute pas qu’il s’en aille retrouver son escort-girl d’ex pour aller dormir avec elle. Même si leur relation n’avait plus rien de charnel et d’ambiguë, ils n’en restaient pas moins très fusionnels. « Dommage, tu me tenais chaud quand tu étais là. » Plaisanta-t-elle. Il ne manquerait sans doute pas de réagir à ses propos — combien de fois lui avait-elle piqué la couverture, ou s’était-elle collée à lui au moment de s’endormir ?


« Tu mens. Tu le sais, et je le sais. » S’amusa Naomi, avant de hausser les sourcils. Moqueuse ? Elle l’était. Cependant, l’escort-girl connaissait suffisamment son ami pour savoir que jamais, ô grand jamais, un strip-teaser serait une surprise qui lui ferait plaisir. Il se sentirait probablement mal à l’aise, et il ne profiterait en rien du spectacle. Certes, la brune pourrait toujours se rincer l’oeil, mais… Le spectacle n’était pas pour elle ; elle n’était pas celle qui mettait une fin définitive à sa vie de célibataire. « Sache qu’en tant qu’amie, je t’ai épargné ce supplice. » Mais elle lui avait préparé d’autres surprises, qui ne seraient ni amères, ni embarrassantes pour lui. À commencer par cette soirée cocktails, où elle comptait bien le traîner dès ce soir. « Tu me connais si bien. » Gloussa-t-elle, avant de partir dans un franc éclat de rire. Tous deux savaient bien qu’elle mentait ; Naomi était tout, sauf sage et innocente. Et la vie débridée de l’Australienne ne trompait personne. Hilare, elle se leva et s’aventura dans la salle de bain pour se préparer, indiquant à son ami que lui aussi ferait bien de s’activer, s’ils voulaient être à l’heure.


Elle avait laissé l’eau chaude ruisseler sur ses courbes voluptueuses, fermant les yeux pour mieux profiter de cet instant de quiétude. Cette matinée serait exclusivement dédiée à son bien-être, elle l’avait décidé. Une fois sortie de la douche, elle se sécha et enfila un bikini noir, où s’entremêlaient des liserés bleus et ors. « Ça n’a pas beaucoup d’importance ! » Répondit l’escort-girl, alors qu’elle nouait un paréo autour de son cou gracile. Elle alla retrouver son ami, qui fouillait dans sa valise. « Prends un tee-shirt et un short de bain, ça suffira. » Déclara-t-elle en haussant les épaules, alors qu’elle nouait ses cheveux en un chignon lâche. « Je t’attends dehors ! » S’exclama-t-elle en lui faisant un clin d’oeil complice. Il la retrouva quelques minutes plus tard, et elle sourit en constatant qu’il avait écouté ses précieux conseils. Ils se mirent en marche en direction du lieu, toujours inconnu pour Asher, et Naomi passa une main autour de son flanc. « Plus que quelques minutes de patience. Ne cherche pas à me soudoyer, tu n’y arriveras pas. » Bon gré mal gré, l’Australien obtempéra. « Profite de ce laps de temps pour me raconter ce que tu comptes faire pour ton mariage. Y aura-t-il une cérémonie ? As-tu déjà choisi la musique ? Qui sont tes invités ? Qui sera ton témoin ? » Demanda-t-elle, curieuse et désireuse d’en apprendre davantage. Il s’était montré si secret, sur les préparatifs de l’événement et sur le déroulé de la cérémonie…

Elle ricana, et secoua finalement la tête. « Est-ce que tu dis ça pour te rassurer ? » Demanda-t-elle, franchement peu convaincue. Oui, ils se verraient toujours, elle n’avait aucun doute à ce sujet. Par contre, elle émettait quelques réserves quant au fait qu’il découche pour venir dormir dans son lit. « Parce que ça me semble compromis. Tout compréhensif qu’il soit, Levi ne sera sans doute pas ravi de te voir changer de lit, même s’il ne s’agit que d’une soirée. » Elle se demandait, d’ailleurs, ce que Levi savait d’elle. Qui elle était, quelles étaient les relations qu’elle avait entretenu avec Asher par le passé, quelle était sa profession. À la réflexion, il valait mieux que Levi ne sache rien de tout ça ; après tout, ça n’avait strictement rien de glorieux. Ils entreprirent ensuite de s’habiller, avant de se diriger vers un lieu seulement connu de Naomi — pour le plus grand déplaisir d’Asher.


« C’est une plaisanterie ? » Demanda Naomi en s’arrêtant, les sourcils froncés. Les poings posés sur ses hanches, elle regardait, interloquée, Asher. Alors c’était tout ? Il allait lier son destin à celui de l’être qu’il aimait, et il allait se contenter d’une signature sur un vulgaire bout de papier à la mairie ? En fin de compte, ce n’était pas pour son enterrement de vie de garçon qu’elle aurait dû s’impliquer ; c’était pour sa cérémonie. « Je rêve. » Dit-elle en reprenant sa marche, ses yeux roulant dans leurs orbites. Considérant qu’elle était d’office invitée à cette cérémonie (il ne manquerait plus qu’il lui annonce l’inverse…), elle s’attarda sur un détail non négligeable à ses yeux :  « Simple signature ou pas, je te préviens d’emblée : je vais mettre le paquet. » Physiquement parlant, bien évidemment. Elle avait déjà prévu d’aller faire du shopping, pour trouver une robe couleur corail qui épouserait ses formes sans trop en dévoiler. Elle irait se faire coiffer et maquiller, et porterait des bijoux en argent pour trancher avec la couleur chaude de sa robe. En d’autres termes, Naomi avait prévu d’être sublime — et Asher la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle ne mentait pas. Elle gloussa lorsqu’il lui demanda ce qu’elle avait prévu pour son propre mariage, et déclara : « Il faudrait déjà que le prince charmant se manifeste. » En amour, elle n’avait pas franchement eu de chance. Elle n’avait pas beaucoup aimé dans sa vie, Naomi ; Asher pouvait se targuer d’être l’un des seuls à qui elle s’était vraiment attachée, au point d’en tomber amoureuse. Plus tard, bien plus tard, elle avait cru qu’Alec pourrait être le bon ; malheureusement, leurs choix de vie impliquaient des obligations auxquelles ils ne pouvaient pas se soustraire. Et, clairement, s’aimer dans un contexte aussi particulier et incertain n’était pas la meilleure idée que les deux amants aient pu avoir, à l’époque. Elle secoua la tête, et chassa ses pensées qui la ramena loin. « J’adorerais me marier en blanc. » Confia-t-elle, évitant soigneusement le regard d’Asher. Étrangement, elle avait presque peur de sa réaction. Elle craignait qu’il ne la trouve ridicule, avec ses rêves de midinette. « Je sais, c’est franchement ironique. » Ajouta-t-elle en haussant les épaules. Le blanc symbolisait la pureté et l’innocence — deux traits dont Naomi était dépourvue depuis bien longtemps. « Et je compte sur toi pour m’amener jusqu’à l’autel. » N’ayant jamais connu son père, Naomi ne pourrait confier cette mission qu’à une personne en qui elle avait une confiance absolue — et Asher était tout désigné. Ils arrivèrent à proximité de l’endroit où ils allaient être massés, et l’escort-girl trépigna d’impatience. Tout sourire, elle s’empara de la main de son ami et l’entraîna à sa suite pour finalement s’arrêter devant les deux tables de massage qui avaient été spécialement disposées sur la plage pour eux. « Tadaaaam ! » Elle retira le noeud de son paréo, et laissa l’étoffe tomber au sol. « Alors, c’est qui la meilleure ? » Demanda-t-elle en se retournant vers Asher. Elle noua ses cheveux en un chignon lâche, et s’allongea sur une des deux tables.