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 (jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb.

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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyDim 30 Jan 2022 - 21:40

pacify my nightmare, calm down the bomb.

Quel merdier. Quel foutu merdier. Weatherton n'avait jamais connu une telle cohue depuis que cette histoire de cambriolage avait fait prendre à l'atelier et au reste de la Maison un retard monstre. Voilà des jours que James s'efforçait de maintenir leur productivité à son plus haut niveau malgré les circonstances, alors qu'une partie de leurs robes avaient disparu aux mains d'on-ne-sait-trop quels voyous – qu'il ne s'était pas privé de traiter de tous les noms possibles et imaginables, ça va sans dire. Des jours, aussi, qu'il essayait de comprendre comment quelqu'un avait bien pu s'infiltrer dans les locaux de Weatherton et mettre la main sur leurs précieuses créations sans être vus, entendus ni interceptés. Tout aurait du être mis en place pour que ce genre de choses n'arrivent jamais et James ne savait plus faire autre chose que maudire la terre entière, à défaut d'avoir les coupables sous la main. Si on pouvait en temps normal lui reprocher ses pics de colère pas toujours justifiés, il avait pour une fois une bonne excuse pour aboyer sur tout le monde. Y compris au téléphone, et y compris à quelques mètres d'un Archie probablement conscient qu'il faudrait plus qu'un café et deux spéculoos pour calmer ses nerfs. James ne saurait même plus dire qui avait eu l'idée de se retrouver dans cet endroit ni pour quelle raison ils s'étaient surpris à penser qu'ils ne seraient pas pires ici qu'à Weatherton, mais changer d'air ne pouvait sûrement pas lui faire de mal après cette semaine mouvementée. Et puis, quitte à éviter les sujets trop glissants et les regards un peu trop expressifs, autant s'offrir une pause avant de replonger au cœur du chaos.

C'est en direction d'Archie que James revint justement après avoir raccroché. Le poing serré le long de son corps, comme si sa paume renfermait une bombe qui pourrait à tout instant exploser à la figure de quiconque s'approcherait trop près. Archie avait l'habitude, lui. Avec le temps, il était même probable qu'il ait suffisamment observé le mécanisme de l'intérieur pour avoir en partie appris à la désarçonner. « C'était Edith. Ils ont fini de faire l'inventaire de tout ce que les cambrioleurs ont volé. Tes estimations étaient exactes, le butin total s'élèverait bien à près de 80 000 dollars. » Entre les robes qui à elles seules valaient au bas mot plusieurs dizaines de milliers de dollars et les nombreux accessoires emportés ici et là, James s'attendait à ce que la note soit à la hauteur du préjudice fait à Weatherton. Poing serré sur la table, il faisait son possible pour ne pas sortir de ses gonds mais son self control ne tenait plus à grand chose depuis le jour du cambriolage. Une fois rentré, ce soir, il laisserait sans doute éclater sa colère. « J'ai vu mon père ce matin. Il était furieux. » Et lui désemparé de le voir dans un état qu'il ne lui avait jusqu'ici que rarement connu. Son père était un homme de poigne mais son caractère avait toujours paru inoffensif comparé à celui de son fils. Ce matin, pourtant, il l'avait vu montrer un tout autre visage et n'en avait pas mené large. « Je lui ai dit que je te laissais t'occuper des assurances. Je dois encore passer des tas de coups de fil et me racheter un téléphone personnel. » Puisqu'ils l'avaient volé au même titre que le reste. L'intérêt d'avoir toujours possédé deux téléphones était simple : il ne mélangeait jamais travail et vie privée et ne mélangeait pas non plus ses répertoires entre eux. Concernant Archie, pourtant, tout était plus compliqué. C'est par le travail que leurs routes s'étaient recroisées mais leurs échanges, eux, avaient fini par largement sortir du cadre professionnel. C'est pourquoi il avait été la première chose à laquelle il avait pensé lorsque son deuxième téléphone avait été porté disparu. Lui, et les discussions qui s'étaient tenues entre les deux hommes à des heures parfois indues et sur des sujets souvent glissants. Autant le dire, tout ce que ces cambrioleurs pourraient lire sous le nom Archie pourrait mettre à mal la thèse selon laquelle le cœur du styliste était bel et bien libre, tel qu'il s'efforçait de le faire croire.

« Il n'y a aucune raison pour que ce qu'ils trouvent dans l’ancien leur soit utile. Ils l'ont sûrement déjà formaté de toute façon. » Il assura avec le besoin inconscient de prévenir les potentielles inquiétudes de l'actionnaire. Si les cambrioleurs auraient fait une prise plus intéressante en dérobant le téléphone dont il se servait à des fins professionnelles et qui contenait sa précieuse liste de contacts dans tout le milieu, Archie et lui savaient qu'ils auraient aussi beaucoup à perdre si un individu mal-intentionné décidait d'utiliser contre eux les échanges immortalisés sur son deuxième téléphone. Des échanges qui sous-entendaient plus que largement que leur relation n'était pas restée strictement professionnelle. N'importe qui pourrait alors se demander ce qu'ils faisaient là, tous les deux, confortablement installés à cette table. James se contenterait de répondre qu'ils étaient là pour parler boulot, comme de coutume, quand bien même ses doigts frôlaient parfois les siens lorsqu'ils glissaient sur la table pour saisir sa tasse. Un détail. « A vrai dire, je m'en fais plus pour les dessins qu'ils ont volés. S'ils ont seulement conscience de ce qu'ils valent, ils pourraient les revendre à la concurrence ou pire encore. » Ces dessins avaient pour certains servis de point de départ à l'élaboration de leurs dernières créations, qui pour beaucoup d'entre elles avaient heureusement été épargnées par cette sordide razzia. S'ils tombaient entre les mauvaises mains, des concurrents peu scrupuleux pourraient les prendre de vitesse et fabriquer des modèles identiques, le tout pour clamer ensuite que ceux de Weatherton étaient des plagiats. Ce scénario était le cauchemar de tout créateur et James ne faisait pas exception : ses dessins, c'était ses bébés. Il se sentait forcément orphelin d'une part de lui-même quand il en savait une partie égarés dans la nature. Et c'était bien plus déstabilisant et écœurant encore que n'importe quelle perte financière.
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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyLun 21 Fév 2022 - 4:28

pacify my nightmare, calm down the bomb.
Archie &  @James Weatherton

Si James savait, il jetterait Archie du haut de la tour Weaterthon et se lècherait les lèvres de satisfaction en voyant son corps éclater en mille morceaux au contact du béton. Si James savait, il aurait enfin une tête à blâmer et il ne cesserait de se ronger les ongles pour seulement pointer Archie du doigt en le traitant de traître.

Mais il ne savait pas, le coupable. Il faisait confiance à Murphy et il avait terriblement honte de comprendre aujourd’hui qu’il s’était fait manipuler comme un vulgaire pantin. Quel idiot. Il était habituellement celui qui tirait avantage des autres, pas le crétin de service qui n’arrivait pas à lire les signes. Le pire, c’est qu’il ne pouvait pas lui faire payer, à cette voleuse qui le tenait littéralement par les couilles. Elle n’avait pas seulement volé des robes. Elle avait en sa possession des photos des conversations qu’Archie et James entretenaient sous les couvertures, loin des yeux du public. Elle pouvait le ruiner en claquant des doigts. « C'était Edith. Ils ont fini de faire l'inventaire de tout ce que les cambrioleurs ont volé. Tes estimations étaient exactes, le butin total s'élèverait bien à près de 80 000 dollars. » Le jeune homme relève la tête en se massant les tempes lorsque James pose enfin son portable sur la table. Ce dernier ne cessait de vibrer, le sien aussi, mais il avait cessé de répondre parce qu’il ne supportait plus cette condensation de stress qui le clouait au sol depuis une semaine. En temps normal, Archie aurait fêté sa victoire, parce qu’il avait effectivement parié que les pertes seraient aussi significatives, mais cette fois il se contente de lâcher un soupir avant de tremper ses lèvres dans son troisième café. Inutile d’en ajouter une couche. Ils ont perdu quatre-vingts-milles dollars. C’est indirectement sa faute. C’est bon, il a compris. Il est un connard. Heureusement il a toujours bien caché son jeu et James n’a pas remarqué une seule fois que la honte le submergeait. À moins qu’il fasse semblant de ne rien voir pour ne pas jeter de l’huile sur le feu. Si Archie peut se vanter de bien connaître le styliste, il n’a jamais calculé ses réactions dans une situation similaire avant aujourd’hui alors il pourrait être bien surpris. « J'ai vu mon père ce matin. Il était furieux. » Et il le serait encore plus en apprenant qu’Archie connait l’identité de la responsable de cette catastrophe mais qu’il n’en glisse pas un mot. Inutile de le décevoir. « Je lui ai dit que je te laissais t'occuper des assurances. Je dois encore passer des tas de coups de fil et me racheter un téléphone personnel. » Il prend une garde inspiration et contient l’air dans ses poumons jusqu’à ce qu’il étouffe. « Calme-toi. Ensemble nous sommes bien assez aisés pour laisser les autres faire de l’ordre dans ce merdier. » C’est la vérité. Archie pourrait payer tout Brisbane en entier sans craindre de perdre sa fortune. « Les assurances sont déjà contactées, j’attendais seulement une confirmation du montant total. Ils nous rembourseront absolument tout, ne t’inquiète pas James. » Il sait bien que ce n’est pas l’argent qui transforme son sang en encre mais plutôt la perte de créations qu’il ne pourra jamais revoir sauf s’il arrive à se souvenir de chaque couture – ce serait étonnant, vu toutes les robes et costumes qu’il créé en un mois. Mais après, Archie pourrait être surpris, il n’a pas le même cerveau que l’artiste.

« Il n'y a aucune raison pour que ce qu'ils trouvent dans l’ancien leur soit utile. Ils l'ont sûrement déjà formaté de toute façon. » Il se racle aussitôt la gorge en secouant la tête. « Ça ne m’angoissait pas. Ils n’en ont certainement rien à foutre de nos conversations. Ils veulent de l’argent, c’est tout. » Et seulement une personne qui connait Archie pourrait se faire une petite fortune en tombant sur ces missives. Eh merde. « Ces petits connards n’ont pas trouvé meilleur moyen de gagner leur vie qu’en glissant la main dans la poche des autres. » Il ajoute, mettant sans arrêt l’emphase sur le sexe masculin des voleurs, parce que ce n’est absolument pas une fille qui a fait ça. Pas du tout. « A vrai dire, je m'en fais plus pour les dessins qu'ils ont volés. S'ils ont seulement conscience de ce qu'ils valent, ils pourraient les revendre à la concurrence ou pire encore. » Son réflexe est de soulever sa main, si près de la poser sur celle de James, mais il se retient à la dernière seconde alors qu’une serveuse frôle son dos pour servir des clients installés à leur table voisine. Ses dents grincent. Il ramène ses cheveux vers l’arrière. Quelle idée de s’installer dans un café, au milieu du public, pour parler de ça. Ils avaient peut-être besoin d’un peu de normalité pour se changer les idées, bien qu’ils continuent à aborder le sujet comme s’il n’y avait plus rien d’autre qui les liait tous les deux. « Ils ont choisi Weatherton parce que les bureaux étaient au dernier étage de l’édifice. Rien de plus. Ils n’y connaissent absolument rien en mode, j’en suis certain. » Il peut seulement essayer de rassurer James en inventant des mensonges sur le pouce. Dans l’espoir de calmer un peu sa nervosité croissante, il propose : « Je crois qu’on devrait faire une petite pause. Ça fait une semaine que tu ne dors pas, je te connais. Tes cernes trainent sur le sol. C’est pas joli à voir, crois moi ! » Un peu d’humour arrivera peut-être à les calmer, lui et l’artiste. « Comment pourrais-je occuper ton esprit autrement ? » Oh oui, s’il-te-plaît James, aide Archie à cesser de culpabiliser en revoyant sans cesse le visage de Murphy derrière ses paupières. Change-lui les idées, à cet égoïste qui pense davantage à sa réputation qu’à la valeur sentimentale de toutes ces créations qui t’ont été dérobé.    
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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyLun 7 Mar 2022 - 21:43

pacify my nightmare, calm down the bomb.

James ne serait pas d'une compagnie agréable, ni aujourd'hui ni dans les prochains jours. Certains diraient qu'il ne l'avait jamais été, d'autres qu'on prenait plus généralement l'habitude de ses sautes d'humeur à force de travailler avec lui. Pourtant il n'avait jamais fait face à un revers comme celui-là, même à l'époque où il devait constamment faire ses preuves et montrer qu'il était bien plus qu'un nom, bien plus qu'un énième fils de à qui tout était dû. Il vivait pour son boulot depuis maintenant de nombreuses années, et c'est ainsi qu'il prenait comme une attaque personnelle le cambriolage de son atelier. Son repaire, son refuge, sa deuxième maison. « Calme-toi. Ensemble nous sommes bien assez aisés pour laisser les autres faire de l’ordre dans ce merdier. » Ne me dis pas de me calmer, Archie. Oh, il n'aurait pas hésité à prononcer ces mots et à passer ses nerfs sur lui si les circonstances avaient été différentes. Si les choses n'avaient pas changé, surtout, et l'actionnaire pris dans sa vie une place que James n'aurait jamais pensé pouvoir céder un jour. Quelle qu'elle soit précisément. Ils n'avaient pas encore réellement statué sur la question, laissant vagues ce genre de détails, mais ce que James savait c'est qu'il ne voudrait pas affronter tout ça avec quelqu'un d'autre. Il avait besoin d'Archie, bien plus qu'il n'était prêt à se l'avouer. Et quoi que veuille finalement réellement dire le fait de se laisser une chance, au milieu de tout ça. « Si c'est ta manière de me dire que tu comptes engager des tueurs à gage pour t'occuper de ces voyous, j'ai peur que ce soit un peu extrême. » Le coin de ses lèvres s'étira avec un brin de malice, pour la première fois depuis des jours. Non, bien sûr, ce n'était pas ce qu'Archie sous-entendait. Mais quoi de mieux qu'un peu d'humour noir pour dédramatiser la situation. Il s'en était toujours sorti ainsi. « Les assurances sont déjà contactées, j’attendais seulement une confirmation du montant total. Ils nous rembourseront absolument tout, ne t’inquiète pas James. » James ne put cacher un certain soulagement, devant déjà gérer un nombre incalculable d'imprévus depuis que ce cambriolage était venu bouleverser ses habitudes à Weatherton, celles grâce auxquelles il parvenait jusqu'ici à gérer plusieurs importantes commandes de front, y compris en période de défilés. « Tant mieux. » Une chose de moins dont il aurait à se préoccuper en ce moment, chaque minute de gagnée étant une minute qu'il pouvait consacrer au plus important : la création. Il s'y réfugiait deux fois plus depuis l'incident. « Merci. » Il était reconnaissant à Archie de le soulager d'une partie de ses soucis, quand bien même il lui en restait bien assez pour dormir encore moins que d'ordinaire et passer toujours plus de temps à penser au boulot. James n'avait pas douté un instant qu'il pourrait compter sur l'actionnaire, mais savoir qu'il était véritablement de son coté était particulièrement précieux ces temps-ci. Il ne l'avouerait pas facilement, encore moins à lui, mais il n'avait jamais autant eu besoin de quelqu'un sur qui se reposer. « Mon père pense qu'on devrait porter plainte, mais on est jusqu'ici parvenus à pas trop ébruiter l'affaire et je tiens pas à voir la réputation de Weatherton écornée par cette histoire. » Son père n'était pas décidé à laisser passer de tels faits et James le comprenait mieux que n'importe qui, s'agissant non seulement de l'entreprise à laquelle Norman Weatherton avait dédié toute une partie de sa vie, mais aussi du principal héritage du père de ce dernier. « Si tout le monde apprend qu'on nous a volé dans notre propre atelier, plus personne ne voudra nous confier la création de robes à plusieurs milliers de dollars. » Parce que leurs clients même les plus fidèles se questionneraient, craignant de voir leurs commandes s'envoler dans la nature ou de voir leur nom associé à un scandale dont tout le monde se passait fort bien. James ne souhaitait pas qu'un journal s'empare de l'affaire et laisse entendre que Weatherton se visitait comme un moulin : ils étaient une Maison de prestige, pas une bande d'amateurs. Et ça, personne ne devait en douter.

Qu'on lui ait dérobé son téléphone personnel paraissait bien anecdotique à l'échelle de cette histoire, pourtant ce dernier renfermait des photos et messages dont la valeur sentimentale ne saurait être compensée. Ses échanges avec Archie n'étaient que la partie émergée de l'iceberg : il pouvait échanger directement avec l'actionnaire à n'importe quel moment, mais ce n'était pas le cas pour Alessandro. Et ça, ce n'était pas des regrets qu'il se savait capable d'énoncer tout haut, préférant faire bonne figure et prétendre qu'il pouvait en encaisser toujours plus. « Ça ne m’angoissait pas. Ils n’en ont certainement rien à foutre de nos conversations. Ils veulent de l’argent, c’est tout. » James secoua pensivement la tête, conscient qu'Archie avait certainement raison et qu'aucun cambrioleur aussi opportuniste soit-il ne verrait beaucoup d'intérêt à utiliser le contenu d'un téléphone. Ils n'y trouveraient rien de beaucoup plus croustillant qu'ailleurs, après tout. En mettant de coté le fait que ces messages aient été échangés avec un homme qui n'avait pas la moindre envie qu'on lui prête une attirance pour la gente masculine ; mais il n'était pas évident de faire le rapprochement rien qu'avec le prénom d'Archie sous les yeux. « Ces petits connards n’ont pas trouvé meilleur moyen de gagner leur vie qu’en glissant la main dans la poche des autres. » James serra son poing sur la table, tentant de calmer ses nerfs. « Et si c'était un coup des Hermann ? » De la Maison Hermann, principaux concurrents de Weatherton depuis des décennies, partis en croisade contre son grand-père et de nouveau bien décidés à leur faire mettre la clé sous la porte depuis que James avait pris sa suite. Leurs rapports n'avaient jamais été des plus cordiaux, quand bien même ils maniaient les apparences à la perfection en public, et James ne serait pas surpris qu'ils n'aient pas trouvé d'autre moyen d'attendre Weatherton qu'en s'abaissant à un tel coup bas. A qui profitait le crime ? « Ils ont pas supporté que notre dernier défilé éclipse complètement le leur. En même temps, c'était du vu et revu. Moi aussi je me serais endormi sur mon siège à la place des critiques. » Est-ce qu'il divaguait ? Est-ce que toute cette histoire le rendait parano ? Peut être bien que de trouver des coupables l'aidait à affronter les choses. Peut être aussi que ça le démangeait depuis des années de leur rendre une visite tout sauf amicale et qu'il serait presque déçu, en fin de compte, de devoir se raviser. « Ils ont choisi Weatherton parce que les bureaux étaient au dernier étage de l’édifice. Rien de plus. Ils n’y connaissent absolument rien en mode, j’en suis certain. » Au fond, c'était sans doute Archie le plus réaliste d'eux deux. Ce vol était probablement l’œuvre d'amateurs qui avaient forcé la première porte qui s'était présentée à eux, n'ayant sans doute qu'une vague idée de ce que valait précisément leur butin. Auquel cas ils auraient pu emporter beaucoup plus encore. « J'espère que tu dis vrai. » Il avait besoin d'y croire, en tout cas. « Ce qui me rend dingue, c'est toutes ces failles au niveau du système de sécurité. J'ai l'impression d'être entouré d'incapables. » Qu'une telle chose ait pu arriver était impensable, et cette idée l'exaspèrait.

« Je crois qu’on devrait faire une petite pause. Ça fait une semaine que tu ne dors pas, je te connais. Tes cernes traînent sur le sol. C’est pas joli à voir, crois moi ! » L'espace d'une seconde, Archie parvint à lui décrocher un demi-sourire, pas vraiment joyeux mais pour autant un peu moins maussade. James n'avait définitivement pas le cœur à rire, mais la compagnie d'Archie aidait à bien des niveaux à apaiser une partie de l'amertume pesant sur son cœur. « Je tourne au café, comme tu peux voir. » Et ses yeux s'attardèrent quelques secondes de trop au fond des siens, oubliant l'espace d'un instant qu'ils étaient toujours au café, en public, là où n'importe qui pourrait surprendre ce genre de regards. Il pourrait s'en moquer, décider que ça lui importait peu que l'on se fasse des idées à leur sujet. Mais Archie, lui, ne s'en moquerait sûrement jamais. « Comment pourrais-je occuper ton esprit autrement ? » Une part de lui rêvait d'être déraisonnable, de lui intimer de le suivre jusqu'aux toilettes pour que l'actionnaire s'emploie à lui faire oublier cette semaine désastreuse. Mais s'il prenait ce risque aujourd'hui, ce serait la porte ouverte à d'autres risques bien plus inconsidérés. Et ils savaient tous les deux qu'ils ne pouvaient pas se le permettre. « Ça dépend. » Il souffla du bout des lèvres, tapotant ses doigts contre sa tasse. « C'est le collaborateur qui pose la question, ou bien... l'homme qui a dit qu'il était prêt à ce qu'on se laisse une chance, tous les deux ? » Il aurait été plus prudent d'éviter le sujet tant qu'ils étaient en public, mais James ne comptait pas rougir comme un écolier et se planquer derrière son menu. Ils avaient été assez grands pour effleurer le sujet une première fois, dans son bureau, ils pouvaient bien le refaire à présent qu'ils avaient plus ou moins acté l'idée d'essayer. Quoi que ça veuille précisément dire face à deux hommes gonflés d'orgueil et incapables d'exprimer leurs sentiments tels que eux. « Je sais même pas ce que ça fait exactement de nous. Mais je t'ai pas proposé d'aller boire ce café pour parler assurances pendant deux heures. » Il essayait, James. Il tendait une main malhabile en direction d'Archie, à défaut de savoir comment s'y prendre. Il n'avait plus fait ça depuis des années, et c'est Alessandro qui à l'époque prenait toutes les directives. Lui n'avait qu'à se laisser porter, conscient que l'italien ferait toujours le double d'efforts pour que leur couple fonctionne quand James, bien trop souvent, freinait des quatre fers. « Je peux nous commander quelque chose de plus fort. Ça nous a déjà aidé à laisser le boulot de coté par le passé, il me semble. » Une pensée qu'il partagea avec un sourire amusé, faisant par là référence à cette soirée alcoolisée chez l'actionnaire qui leur avait valu de se confier l'un à l'autre comme ils n'en avaient jamais été capables avant ça. Le Archie bavard et désinvolte de ce soir-là lui manquait, à vrai dire.
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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyJeu 17 Mar 2022 - 1:44

pacify my nightmare, calm down the bomb.
Archie &  @James Weatherton

« Si c'est ta manière de me dire que tu comptes engager des tueurs à gage pour t'occuper de ces voyous, j'ai peur que ce soit un peu extrême. » La triste ironie, c’est qu’Archie aura toujours plus de facilité à parler de tueurs à gage que d’afficher la moindre affection envers James en public. C’est donc d’une voix sûre et un peu trop éloquente qu’il s’exclame : « Il fallait me le dire plus tôt ! J’ai déjà payé trois mecs. Ils ne voudront jamais me rembourser. » Et il lâche un faux soupir tout en faisant taper ses doigts sur le bord de la table avant de glisser un regard amusé à James dans l’espoir de lui voler un sourire. La vérité, c’est que cette histoire de vol ne l’aurait pas autant inquiété (parce qu’il est égoïste) s’il ne connaissait pas la coupable. D’entre eux, il est celui qui arrive encore à dormir sur ses deux oreilles parce qu’il n’est pas artiste, il ne connait pas la valeur sentimentale que James accorde à ses créations. L’empathie n’est pas sa plus grande qualité ; au contraire. Il ne sait pas grand-chose des obstacles de la vie, lui à qui on a porté la nourriture directement dans la bouche, lui qui n’a pas eu besoin de compter sur la chance ou les efforts pour se fonder un empire. Il est né chanceux et naturellement talentueux (pour se faire apprécier ou détester, selon ses envies). Il n’a pas eu besoin de se battre contre d’autres artistes pour se faire une place. Il ne connait rien à la vraie vie. Il peut seulement décrire à la perfection le fond de ses poches. Ça ne l’empêche pas de penser qu’il a mérité tout ce qu’il possède aujourd’hui.

En fait, non. Il ne dort par sur ses deux oreilles parce qu’il craint tous les jours de voir un article à son propos passer sur son fil d’actualité. La peur est insensée : depuis que Murphy l’a menacé, il sait que le monde n’en aurait rien à foutre d’apprendre que lui et James sont plus liés qu’ils ne laissent paraître mais il ne peut calmer l’angoisse qui réduit ses tripes en bouillie. Il n’est pas prêt à affronter la réalité. Il n’est pas prêt à laisser le véritable Archie se montrer en plein jour parce qu’il a l’impression qu’il pourrait tout perdre. Tout sauf James. Parce qu’il se doute que ce dernier aurait préféré vivre ce genre d’aventure avec un homme qui n’a pas honte de sa nature. Peut-être qu’il mérite tout sauf l’autre garçon..?

Peu importe. Archie préfère ne pas y penser. Il s’était dit qu’en acceptant l’invitation de James dans un café, en public donc, il cesserait de trop réfléchir. Ça fonctionne en partie parce que leur discussion tourne autour du cambriolage depuis déjà deux heures, et James ne semble pas se calmer pour autant. « Mon père pense qu'on devrait porter plainte, mais on est jusqu'ici parvenus à pas trop ébruiter l'affaire et je tiens pas à voir la réputation de Weatherton écornée par cette histoire. » Croissant ses doigts devant son menton, il réfléchit à la question. Une mauvaise publicité, ça reste une publicité. Ça rapporte des clients qui ne connaissaient pas le nom de la marque avant d’en entendre parler à la radio. Mais ce n’est pas à Archie de donner son opinion sur le sujet : il est un homme de mathématiques, pas de communication et de marketing. Et il craint bien moins de tacher son nom. Mais ça ne l’empêche pas de prononcer l’idée : « Il y a un revers à la médaille. Ce genre de scandale ferait parler. Tout le monde aurait le nom Weatherton à la bouche. Ils le verraient passer sur les réseaux sociaux pour ne plus jamais l’oublier. Les clients reviendraient plus tard, plus nombreux, une fois la tempête passée. » Il hausse les épaules en interrogeant le garçon du regard.  Devant son faciès fermé, il ajoute : « Ou alors on ne fait rien. Et on fait savoir aux cambrioleurs qu’on n’est pas dangereux et qu’ils peuvent revenir autant qu’ils le veuillent pour finir le travail. » La cambrioleuse que tu connais, hein, Archie ? Celle qui te tient par les couilles et le portefeuille.

C’est sans surprise que James glisse un commentaire au sujet du téléphone personnel qu’il a perdu. Si Archie n’était pas bon acteur, il aurait laissé un rictus nerveux lui déformer le visage mais il ne laisse rien paraître et prétend plutôt ne pas s’inquiéter pour les conversations privées qu’ils ont entretenues. Les moments de complicité, les compliments au travers les insultes, Les remarques salaces, l’emoji en forme de cœur. Le stupide emoji en forme de cœur qui a certainement attiré l’œil de Murphy en premier et qui a attisé sa curiosité. « Et si c'était un coup des Hermann ? » Il serre les dents en entendant cette théorie sortie de nulle part. James est devenu paranoïaque, c’est officiel. N’empêche, Archie le serait certainement tout autant s’il ne connaissait pas l’identité de la coupable depuis le début. Il se déteste de ne pas avoir le courage d’apaiser la conscience de l’artiste volé, qui continue d’élaborer son hypothèse en se basant sur des indices tirés par les cheveux. Sa dernière remarque moqueuse arrache un gloussement à l’actionnaire qui se passe la main dans la barbe pour cacher sa réaction. Il croit comprend pourquoi il l’apprécie, James. C’est son caractère passif agressif, c’est certain. Il n’est pas plus doux que lui, contrairement à ce que laissent penser les apparences. Il n’y a que ses cheveux qui sont lisses et brillants. « Oui, c’est certainement eux. » Il dit d’une voix sarcastique en le couvrant d’un regard amusé pour lui faire comprendre que sa théorie est complètement loufoque. S’il ne veut pas qu’il trouve le coupable derrière cette histoire, il souhaite au moins l’empêcher de ruiner encore plus le futur de la marque en l’empêchant de se faire de nouveaux ennemis. Hermann n’est pas menaçant pour la simple et bonne raison que James a raison : leur marque ressemble à du travail d’amateurs à côté de celle de Weatherton, qui brille de mille feux et qui continuera à briller de mille feux malgré les complications. Il connait bien James pour savoir qu’il attrape les emmerdes à deux mains et les transforme en sa faveur. Il ne se laisse jamais marcher sur les pieds même si le monde entier l’écrase de sa lourde semelle. Un exemple de résilience, il n’en connait pas de meilleur. « J'espère que tu dis vrai. » Oh, oui, il dit vrai. Et, cette fois, ce n’est pas son égocentrisme qui lui fait penser qu’il a tout bon. « Ce qui me rend dingue, c'est toutes ces failles au niveau du système de sécurité. J'ai l'impression d'être entouré d'incapables. » Cette fois, il ne pourra pas le contredire. Il a sous-estimé l’intelligence de Murphy. Ou surestimé le professionnalisme des agents de sécurité. Ou un mélange des deux. « Tu as toujours été entouré d’incapables. » Archie répond en le lorgnant. C’est la vérité ; si James a réussi à prendre l’actionnaire dans ses filets, ce n’est pas seulement parce qu’il a de jolis yeux. Il n’est pas sur le même piédestal que le reste du monde, lui non plus.

C’est en lançant un soupir épuisé qu’Archie fait part de son besoin de changer un peu de sujet. Après tout, cela fait une semaine que tous les deux courent à gauche et à droite dans le but de réparer les dégâts qui ont été commis. Ils méritent bien une petite pause. « Ça dépend. » Il ne lâche pas ses yeux de ses en attendant la suite, suspendu à ses lèvres. « C'est le collaborateur qui pose la question, ou bien... l'homme qui a dit qu'il était prêt à ce qu'on se laisse une chance, tous les deux ? » Naturellement, le petit animal effrayé du sujet de l’amour jette un coup d’œil autour d’eux pour s’assurer que personne n’a pivoté une oreille en leur direction. Il ne se rend pas compte que tous les clients du café se fichent complètement des deux hommes bien parés au milieu de la salle à manger. Ils ont la tête dans le travail, eux aussi. « C’est Archie qui pose la question. » Il répond, évitant soigneusement de faire un véritable choix. Archie le collaborateur ou l’amant ? Un des deux, ou un mélange des deux, ou aucun des deux. Le public l’empêche de prendre une décision lucide. « Je sais même pas ce que ça fait exactement de nous. Mais je t'ai pas proposé d'aller boire ce café pour parler assurances pendant deux heures. » Ce à quoi il répond rapidement pour ne pas trop y réfléchir : « Ça fait déjà deux heures qu’on en parle. » Le temps passe vite en bonne compagnie, pas vrai James ? Il se mord le bout de la langue pour empêcher ses lèvres de se tendre comme un fil. « Pourquoi un lieu public si ce n’était pas pour parler affaire ? » Il demande sans animosité dans la voix. Il veut seulement savoir avant de s’imaginer toute sorte de choses erronées. « Tu essayes de trouver mes limites ? » Il bredouille en portant sa tasse presque vide à ses lèvres, une lumière malicieuse dans la pupille. « Je peux nous commander quelque chose de plus fort. Ça nous a déjà aidé à laisser le boulot de coté par le passé, il me semble. » Il en aurait envie. Oh oui. Il en aurait envie. Depuis cette soirée-là, il attend honteusement la prochaine fois. La deuxième étape, la marche suivante. Il n’a pas pour autant eu le courage d’initier la suite comme s’il pensait qu’il ne sera jamais coupable s’il n’est pas celui qui propose. Il ne pourra pas s’en vouloir d’avoir craqué si c’est James qui commande une bouteille de vin, ou si ça se passe chez l’artiste, ou si l’autre est le premier à frôler ses doigts des siens.

Pourtant, c’est bien lui qui a laissé sa main se perdre sur son torse.

« Pas ici. » Il dit à contre cœur avant de lâcher toute son inspiration par ses narines. « Peut-être ce soir. » Il précise en fixant la table pour mieux contrôler cette vague de chaleur qui lui colore les joues. « Je crois qu’il faudrait qu’on instaure quelques règles. » Il ancre son regard au sien. « La toute première : pas d’alcool en public. » Il s’humecte les lèvres en réfléchissant. « Pas de contacts non plus. » Et il dit cela parce qu’il ne se rend pas compte que son genou est posé à plat contre celui de James sous la table. Un peu contreproductif, certes. Dès le moment où leurs lèvres se sont rencontrées pour la première fois, la bulle autour de lui s’est percée pour James, et seulement lui. Il ne sent plus sa présence à l’intérieur de celle-ci ; le sentiment est tellement nouveau qu’il ne le reconnait pas encore.      

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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyLun 4 Avr 2022 - 22:00

everytime you leave make me
wanting you more.

« Il fallait me le dire plus tôt ! J’ai déjà payé trois mecs. Ils ne voudront jamais me rembourser. » Oh, pour un peu il imaginerait presque Archie attablé avec ces caïds, faisant glisser sur la table une mallette pleine à craquer de billets. Si sa dévotion à l'égard de Weatherton n'était plus à prouver, James doutait cependant qu'il soit prêt à risquer sa parfaite réputation pour eux. Ils étaient tous les deux bien trop individualistes pour ne pas faire passer leurs intérêts en premier, quelle que soit la situation. « C'est vrai que l'argent est clairement un problème pour toi. Tu devrais essayer de leur vendre un rein ou un poumon en échange de ton fric, avec un peu de chance ils ont plusieurs cordes à leur arc. » Des tueurs à gage doublés de redoutables revendeurs d'organes ? James ne doutait pas qu'Archie avait du voir passer pas mal de spécimens pas toujours fréquentables dans le milieu des affaires, mais il l'imaginait plus facilement entouré de businessmen mouillés dans des détournements de fonds. Cela dit, l'argent ouvrait bien des portes et Archie n'aurait sûrement qu'à tendre une liasse de billets pour appâter la moitié de la pègre de Brisbane. C'était bien l'attrait de la marchandise qu'ils pourraient voler chez Weatherton qui avait du attirer ces voyous jusque dans leur atelier, là où étaient stockées suffisamment de créations pour leur assurer un juteux magot s'ils décidaient d'en revendre une partie. Et ce qu'il y avait de bien avec la Haute Couture c'est que vous passiez difficilement inaperçu avec une de ces créations sur le dos. James avait peut être perdu un temps fou – et son sang froid – avec ces histoires de cambriolage, mais il savait qu'il obtiendrait réparation d'une manière ou d'une autre. Et il était bien inutile qu'il fasse appel à des mafieux pour ça, ayant toujours été adepte des traitements plus subtiles mais non moins efficaces.

Son père, lui, voudrait traîner en justice les responsables au risque d'écorner la réputation de Weatherton, chose à laquelle James ne pouvait consentir. Ils avaient travaillé trop dur pour que la Maison jouisse d'une image irréprochable et il suffirait que tout le monde sache qu'il était aussi facile de pénétrer dans leur atelier que de se présenter à la poste pour qu'ils voient une partie de leurs clients s'adresser à la concurrence. James savait comment ces choses-là fonctionnaient et que certains n'attendaient qu'une occasion pour le prendre de vitesse et le regarder s'effondrer avant la ligne d'arrivée. « Il y a un revers à la médaille. Ce genre de scandale ferait parler. Tout le monde aurait le nom Weatherton à la bouche. Ils le verraient passer sur les réseaux sociaux pour ne plus jamais l’oublier. Les clients reviendraient plus tard, plus nombreux, une fois la tempête passée. » James ne pouvait nier qu'Archie avait un coté séduisant quand il se montrait aussi optimiste, lui qui restait particulièrement zen depuis le cambriolage et s'avérait être un socle sur lequel le styliste pouvait sans mal se reposer. Mais James ne pouvait accepter que les failles évidentes de leur système de sécurité se retrouvent à faire les gros titres. « Les gens sont attirés par les scandales, c'est vrai, mais d'ici à ce que la plupart d'entre eux soient prêts à refaire confiance à Weatherton, certains de nos clients les plus importants auront trouvé leur bonheur ailleurs. » Et est-ce qu'il était prêt à ce que cet incident profite à la concurrence ? Évidemment pas, ce serait pour lui une double humiliation. « Si je voulais vraiment d'un bad buzz pour faire parler de Weatherton, je m'arrangerais pour qu'on parle de nous pour quelque chose d'un peu plus sensationnel qu'un cambriolage. » Aucune presse n'était véritablement mauvaise pourvu qu'on en contrôle les répercussions, certains scandales l'avaient après tout déjà prouvé. « Gianni Versace s'est fait descendre par un fanatique et depuis son empire reste tout-puissant. Dans ce milieu, on gagne beaucoup plus à se faire abattre au sommet qu'à se faire voler dans son propre atelier. C'est comme ça. » Et il n'était pas entrain de dire qu'il irait jusqu'à engager quelqu'un pour lui faire la peau, mais simplement que son honneur serait bien plus préservé que s'il devenait aux yeux de ses clients un homme incapable de veiller sur ce qu'il avait de plus précieux – à savoir, ses créations. « Ou alors on ne fait rien. Et on fait savoir aux cambrioleurs qu’on n’est pas dangereux et qu’ils peuvent revenir autant qu’ils le veuillent pour finir le travail. » James étira cette fois un rictus sarcastique, nourrissant bizarrement l'impression de revivre la discussion qu'il avait eu un peu plus tôt. « Désolé de te le dire, mais tu parles comme mon père. Et tu sais quel respect j'ai pour lui, mais c'est pas tellement un compliment. » Parce qu'aussi vrai qu'il adorait son père, ce dernier n'avait pas la moindre fibre artistique et se contentait de penser comme un bureaucrate qui considérait le problème réglé pourvu qu'un maximum d'argent soit sauvegardé. Sauf qu'il n'était pas seulement question d'argent pour James, c'était bien au-delà de ça.

Que James veuille à tout prix impliquer les Hermann dans ce cambriolage, en revanche, frôlait probablement l'acharnement. Le mépris qu'il leur portait expliquait en partie son besoin de faire le lien entre leurs concurrents directs et les récents événements : il savait pourtant bien, au fond de lui, que même eux ne s'abaisseraient pas à ce genre de choses. Lorsqu'on était dans leur position, c'est sur le podium qu'on livrait bataille. « Oui, c’est certainement eux. » Probablement qu'Archie n'y croyait pas lui-même mais qu'il songeait que le blond avait connu assez de contrariétés pour ne pas vouloir en rajouter une couche. Qu'il se rassure, James aurait probablement changé de cible d'ici une heure : il ne manquait pas de boucs émissaires pour ça, c'était une chance. « Eux ou pas, ils sabreront de toute façon le champagne s'ils apprennent la nouvelle. » Parce que c'était exactement ce que lui ferait dans le cas inverse et qu'il ne pourrait pas le leur reprocher. Les affaires étaient ainsi faites, le succès de l'un faisait forcément la frustration de l'autre mais le moindre revers était une victoire à célébrer. « Tu as toujours été entouré d’incapables. » Finalement, James releva un regard plus amusé en direction de celui d'Archie. Bien sûr qu'il n'allait pas le contredire sur ce point, il rêvait probablement de tous les flanquer à la porte lui aussi. Derrière son apparente sérénité d'homme d'affaires au sang froid intact, Archie rêvait sûrement de voir des têtes tomber et de pouvoir lui rappeler au meilleur moment qu'ils n'avaient de toute façon besoin de personne pour s'en sortir. « Dit celui qui a accepté de travailler avec moi. J'espère que tu te mets pas dans le lot ou alors je devrais m'inquiéter pour nos finances. » Il n'avait pas besoin d'une nouvelle désillusion, bien que dans le cas d'Archie les risques soient moindres. Même du temps où ils ne se supportaient pas, son professionnalisme et son intégrité n'auraient jamais pu être mis en doute.

« C’est Archie qui pose la question. » Et c'est sans doute la réponse que James espérait entendre en posant la sienne. Bien sûr, il reconnaissait là toute la pudeur de l'homme qui refusait de se laisser aller au moindre regard un peu trop expressif et au moindre geste d'affection en public. Il reconnaissait aussi son apparente nervosité, et son besoin de tout ramener au bureau comme si ça pouvait éternellement les protéger du reste. « Ça fait déjà deux heures qu’on en parle. » Et c'est bien la raison pour laquelle il espérait faire dévier la conversation vers quelque chose d'un peu plus palpitant, qui implique si possible de mettre ces histoires de chiffres et de cambriolage de coté pour les prochaines minutes. Serait-ce vraiment toujours aussi compliqué ? « Pourquoi un lieu public si ce n’était pas pour parler affaire ? » James eut un bref rictus, son regard toujours accroché au sien. «  Parce que j'avais des raisons de penser que tu refuserais de me suivre directement chez moi après... » Après ce qui s'y était passé la dernière fois, dans son salon. Oh, Archie comprendrait tout seul à quoi il faisait allusion et pourquoi il brillait subitement dans son regard une once de malice. « Tu essayes de trouver mes limites ? » « Peut être. » Est-ce que ça le gênerait, si c'était le cas ?

James n'avait jamais caché aimer jouer avec le feu et c'est peut être pour ça qu'il évoqua l'idée de commander quelque chose d'un peu plus fort. Histoire d'avoir une excuse la prochaine fois que sa main glisserait un peu trop près de celle d'Archie, ou juste pour occulter quelques secondes la présence des autres clients. « Pas ici. » Tu fais chier, Archie. « Peut-être ce soir. » Subitement, son regard s'éclaira d'une lueur un peu différente. De défi, peut être. « Je suis pas certain d'être libre, ce soir. Je consulterai mon agenda et je te dirai. » Bien sûr qu'il était libre ou n'avait tout au plus prévu de ne consacrer sa soirée qu'à son travail, comme bien souvent. Mais il détestait l'idée de lui céder aussi facilement lorsqu'Archie décidait de quand et de ils pouvaient se voir, aussi vrai qu'il détestait l'impatience qui lui remuait le ventre à cette seule idée. « Je crois qu’il faudrait qu’on instaure quelques règles. » Silencieux, James attendit que le couperet tombe afin de pouvoir décréter à quel point il détestait ou non cette idée. Les règles, en général, le créateur se plaisait plutôt à les contourner. « La toute première : pas d’alcool en public. » Celle-là, elle était plutôt facile. Dommage que ce soit aussi sa meilleure garantie d'obtenir d'Archie qu'il se déride et se détende. Ça attendrait qu'ils soient seuls, de toute évidence. « Tu crains à ce point de pas savoir te contrôler ? » Est-ce qu'il lui faisait vraiment tant d'effet que ça, pour qu'il ne veuille pas prendre le moindre risque ? James souffla ces mots avec une provocation évidente, sourire au coin des lèvres. Pour autant, il prenait soin de les chuchoter pour que personne à l'intérieur du café ne puisse surprendre leur conversation – n'était-ce pas une règle qu'Archie s'empresserait sinon d'imposer ? « Pas de contacts non plus. » C'était sans doute le point le moins surprenant, pourtant James ne put contenir un léger soupire. « Si je te suis bien on continue d'agir comme deux collaborateurs, mais on évite les poignées de main et on trinque à nos réussites avec de l'eau. » Ce serait presque cocasse si ça n'était pas aussi déprimant. James avait toujours été pudique en ce qui concernait sa vie privée, pour autant il y avait des choses que sa fierté lui interdisait et raser les murs en faisait partie. « Ça me fait pas vraiment rêver, tu sais. Je veux dire que ce serait excitant si j'avais pas l'impression d'être un ado obligé de flirter dans le dos de ses parents. » Feignant de réfléchir à la question soulevée un peu plus tôt, James finit par relever son regard clair vers le sien et souffler. « Quelle heure, ce soir ? » Peut être bien qu'en fin de compte il était résigné à accepter les miettes d'affection qu'Archie consentait à lui donner, à défaut de savoir encore rompre le charme qui l’enchaînait à lui.
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Message(#)(jarchie #14) pacify my nightmare, calm down the bomb. EmptyMer 27 Avr 2022 - 20:56

pacify my nightmare, calm down the bomb.
Archie &  @James Weatherton

« C'est vrai que l'argent est clairement un problème pour toi. Tu devrais essayer de leur vendre un rein ou un poumon en échange de ton fric, avec un peu de chance ils ont plusieurs cordes à leur arc. » Répondre à l’ironie par l’ironie : un petit jeu auquel les deux hommes s’adonnent continuellement. Un petit jeu qu’Archie apprécie tout particulièrement, notamment lorsque l’autre participant est doté du même humour noir que lui. Il le sait depuis longtemps, que James et lui s’embrèvent l’un à l’autre à la perfection. C’est la raison pour laquelle il a toujours préféré établir un périmètre de sécurité autour de lui ; ainsi James se tenait à l’écart et Archie ne pouvait pas trop s’intéresser à son sujet quand il avait pour seul intérêt de dominer le monde. Une distraction ; voilà ce que le styliste aurait été si l’autre ne s’était pas protégé dès leur rencontre. Est-ce que cette explication pourrait un jour le pardonner d’avoir agis comme un véritable connard à son encontre ? Non. Mais rien ne pourra l’innocenter. Et puis, de toute façon, il ne cherche pas à payer la moindre dette parce qu’il ne considère pas avoir péché. Il a simplement agis comme il devait agir en fonction des armes que son éducation lui avait cédé. James avait hérité d’un bouclier et lui d’une épée. Les rôles commençaient lentement à s’échanger, d’ailleurs. Ou ce n’était que James qui apprenait à manier l’arme en compagnie d’Archie, même s’il n’a jamais réellement montré la moindre faiblesse devant lui. Il est certainement bien plus solide que l’actionnaire – une hypothèse qu’Archie ne prononcera jamais même s’il le pense hardiment.

Il est question de scandale, de revanche, de silence ou de cri de guerre. Dans cette histoire de cambriolage, Archie préfère faire profil bas pour la simple et bonne raison qu’il se sent coupable. Il connait la responsable derrière cette histoire et il préfère laisser les autres chiens aboyer. Rares sont les occasions où il préfère choisir le mutisme. « Gianni Versace s'est fait descendre par un fanatique et depuis son empire reste tout-puissant. Dans ce milieu, on gagne beaucoup plus à se faire abattre au sommet qu'à se faire voler dans son propre atelier. C'est comme ça. » Les lèvres d’Archie se ferment solidement autour de sa tasse tandis qu’il ravale un inconfort. Honteusement, il se demande si le nom de Weatherton aurait lui aussi fleuri si James avait péri dans cette ruelle – encore une fois, par la faute d’Archie. Il chasse vivement cette pensée désagréable de sa tête en reposant son café et en soupirant. « Tu t’y connais mieux que moi. » Il admet, soumis à ses connaissances qu’il ne partage pas. Après tout, il n’est qu’un homme de chiffres. S’il a un mot à dire, c’est simplement parce que le contrat l’exige puisqu’il possède des parts dans l’entreprise. Mais il décide de ne pas prendre ce droit de parole, notamment pour se placer à l’ombre de cette affaire, mais aussi pour ne pas importuner davantage le jeune homme terriblement affecté par le cambriolage. Archie ne connait pas la valeur d’une idée, d’un concept ou d’une œuvre d’art. Il a fait fortune autrement. « Désolé de te le dire, mais tu parles comme mon père. Et tu sais quel respect j'ai pour lui, mais c'est pas tellement un compliment. » Et pourtant, il a l’impression que c’en est un. Il s’empêchera de le préciser, évidemment, parce qu’il ne veut pas ébruiter cette conversation qu’il a entretenue avec son père lorsque James était sous sédatif. Ce serait d’admettre ses pleurs et, par le fait même, ses faiblesses.

Les accusations hypothétiques continuent de fuser de la bouche d’un James qui n’arrive visiblement pas à mettre son cerveau en pause. Si Archie emploie un ton sarcastique, c’est seulement pour envoyer un message à James : ce n’est pas lui qui a besoin de mettre la main sur le coupable de ce crime. Ils ont déjà engagé des professionnels qui, avec un peu de chance, n’arriveront jamais à retracer Murphy et, en même temps, son lien jadis étroit avec le multimillionnaire qui s’est laissé marcher sur les pieds alors qu’il s’était promis de ne jamais tomber dans un tel piège. « Dit celui qui a accepté de travailler avec moi. J'espère que tu te mets pas dans le lot ou alors je devrais m'inquiéter pour nos finances. » C’est de son sourire toujours assuré qu’il répond : « Non, je suis venu améliorer la moyenne. » Il ne loupera jamais l’occasion de se mettre en valeur si ça lui permet en même temps de cacher ses défauts derrière sa propre ombre.

Si Archie veut changer les idées de James, c’est aussi pour cesser de serrer les poings en-dessous de la table en espérant ne pas laisser la culpabilité prendre contrôle de ses membres. Naturellement, leur nouvelle complicité remonte en flèche dès l’instant où il n’est plus question de travail. Les papillons se remettent à battre des ailes dans l’estomac d’Archie qui fait la moue en constatant que sa tasse de café est vide. « Parce que j'avais des raisons de penser que tu refuserais de me suivre directement chez moi après... » Il se pince les lèvres, croise le regard de l’autre homme et hausse les sourcils, cherchant à savoir s’il aurait le courage (ou la folie) de compléter sa phrase. Heureusement, il s’en tient à ces trois points de suspens. Ils savent tous les deux de quoi il parle. Inutile d’apporter les précisions. Pourtant, la simple idée de partager un tel secret avec le styliste le ramène quinze ans plus tôt, lorsqu’il se faisait un plaisir à découvrir l’euphorie et l’excitation provoquées par le nouveau et l’inattendu. « Peut être. » Fredonne James lorsqu’Archie lui demande s’il joue avec ses limites, deux petits mots qui soulèvent la commissure des lèvres du garçon. Il jette un coup d’œil furtif autour d’eux, toujours à l’affut de la moindre intrusion dans leur jeu de séduction.

Mais, quand James propose d’additionner de l’alcool à l’équation, Archie est formel : il ne veut pas consommer en public. Toutefois, l’idée de retenter l’expérience le soir-même ne lui déplait pas, au contraire. « Je suis pas certain d'être libre, ce soir. Je consulterai mon agenda et je te dirai. » Ses yeux provocateurs s’accrochent à ceux de l’autre et, pour lui faire savoir qu’il ne croit pas à ces sottises, il percute son pied avec le sien en-dessous de la table. Il oublie par la suite de décoller sa jambe, comme si la position était plus naturelle ainsi. Hypocrite de sa part puisqu’il s’attèle aussitôt à énoncer les règlements qui devront ceinturer leur comportement en public. « Tu crains à ce point de pas savoir te contrôler ? » Une provocation à laquelle il répond seulement en plissant les paupières avant de proclamer les contacts comme interdits ; quand bien même leurs genoux se touchent encore sous la table. « Si je te suis bien on continue d'agir comme deux collaborateurs, mais on évite les poignées de main et on trinque à nos réussites avec de l'eau. » Seulement pour la blague, il acquiesce. « Tu exagères un peu, mais tu comprends l’intention. » « Ça me fait pas vraiment rêver, tu sais. Je veux dire que ce serait excitant si j'avais pas l'impression d'être un ado obligé de flirter dans le dos de ses parents. » Étrangement, c’est exactement ce qui l’excite, lui. Il s’empêchera de passer le commentaire. C’est une guerre qu’il mènera seul contre son père et son opinion extrêmement traditionnaliste. Une guerre qu’il mènera contre lui-même aussi, d’ailleurs, parce qu’il ressemble beaucoup plus à Charles qu’il ne pourrait le réaliser – en vérité, il l’a réalisé, mais il préfère ne pas y accorder plus de crédit que nécessaire. « Quelle heure, ce soir ? » Il ne se rend pas compte qu’il répond en à peine un souffle « vingt-heures » avant de faire signe à la serveuse de lui apporter un second café.  
         


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