don't let me be misunderstood
Megan Williams & @Jo Carter

J’ai qu’une adresse, et c’est pas Joséphine qui me l’a donnée. Elle a fait une sorte de mystère de l’endroit où elle va bosser maintenant qu’elle a démissionné sur un coup de tête. Je lui ai toujours dit qu’elle pouvait viser bien plus haut qu’une boîte de nuit et qu’un job de barman. Elle est comme ça, Jo, capable de tout envoyer bouler du jour au lendemain sans réellement savoir avec quoi elle se retrouvera. Elle a ce luxe que j’ai pas, parce que j’ai grandi sans filet de sécurité et je sais ce que c’est, d’être tout en bas de l’échelle. Elle comprend peut-être pas comment je peux accepter un métier dont je me lasse - ma passion, c’est la photo, la vraie, pas les clichés volés - comment je peux accepter un amant qui m’appartient pas totalement et un mari qui m’aime pas. Elle comprend pas parce qu’elle a jamais eu besoin d’avoir peur de se retrouver à la rue ou de devoir choisir entre manger et payer son loyer, elle comprend pas parce qu’elle a jamais eu peur de se retrouver seule, vraiment seule, le genre de solitude ou tu te dis que si tu crevais les gens mettraient plusieurs semaines avant de s’en rendre compte, elle comprend pas parce qu’elle a eu une nana, trente-six frère et des parents présents, malgré leurs failles, et que moi j’ai eu Billie. Alors j’ai appris à faire la part des choses, à voir les avantages que je peux tirer d’une situation plutôt que toutes les raisons pour lesquelles elle est vraiment merdique.

Cela ne veut pas dire que je n’admire pas son courage, ou sa ténacité. Elle a retrouvé un boulot sans réellement chercher et en un claquement de doigt, un boulot dans un nouveau commerce. C’est vague, nouveau commerce. Assez pour intriguer la fouineuse que je suis. Assez pour que je me débrouille pour trouver l’endroit (oui, je l’ai suivie, c’est bon, vous savez tout), et ma surprise a été entière quand je l’ai vue entrer dans ce qui ressemble à un nouveau Club, avec des néons roses et pourpres sur la devanture. Je plisse les yeux pour lire le nom, Paradise City, et je me demande si elle se serait pas trouvé un job dans un sex-shop. Si je n’ose pas forcément pousser la porte, c’est parce que ça a l’air vide - ce n’est pas ouvert, donc rien de surprenant. J’hésite quelques secondes, avant d’être accueillie par une blonde qui n’est pas Joséphine, mais qui me dit où je peux la trouver. Je pousse la porte du salon que mon interlocutrice m’a indiqué, et j’affiche un immense sourire quand mes yeux se posent sur la brune. « Me dit pas que c’est ce que je pense. » On était supposées se retrouver pour aller boire quelques verres, mais pas avant plus d’une heure. J’ai pris un peu d’avance parce que je voulais voir où elle travaille. « Tu sais, si serveuse ça payait pas assez, tu pouvais me demander de l’argent, plutôt que de danser pour que des mecs te glissent des billets dans la culotte. » Un sourire amusé sur les lèvres, je pique et je provoque. Elle ne peut pas réellement être devenue strip-teaseuse, non ? « Et je croyais que ton domaine c’était plutôt le chant ? » Enfin, dans une autre vie. « Je pars trois semaines en Italie et je te retrouve à lécher les barres de pole dance. C’est le moment où, en tant que bonne amie, je suis supposée organiser une intervention ? » Bien sûr, le tout n’est que provocation. Je ne suis pas de celles qui vous insultent en vous disant tu aurais dû me demander de l’argent, surtout pas quand mon argent est celui de la famille à laquelle je me suis mariée. Je ne suis pas non plus le genre qui organise des interventions, à vrai dire, mais l’occasion était trop belle de me foutre un peu de la gueule de la piquante brune, puisque j’ai pas réellement été à mon avantage lors de nos derniers échanges et, plus globalement, ces derniers mois.

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Jo Carter & @Megan Williams

L’ouverture de Paradise City, c’était seulement dans quelques jours, mais la mise en place était aussi importante que tout le reste, alors parce qu’elle avait l’impression qu’Itziar la croyait incapable de bien faire, Jo se donnait les moyens de lui prouver le contraire. Elle n’était même pas encore payée, et pourtant elle était là tous les jours de la semaine depuis qu’elle avait officiellement été engagée, à briquer des verres à cocktails en ayant l’impression de faire bien les choses, même si dans le fond, elle savait qu’elle finirait par se lasser d’ici comme elle s’était lassée de l’Electric Playground. Au moins ici, on ne lui demandait pas grand-chose si ce n’était de faire son travail, et comme il n’avait pas vraiment commencé, ça ne lui coûtait pas grand-chose de faire acte de présence; elle en profitait pour flâner un peu quand elle avait fini de jouer à la lèche-cul de service, petite-fille docile de son passé, quand son petit papa lui demandait de faire ce qu’il fallait pour mettre la foule en transe sans se soucier que ça lui fasse du bien ou pas. Au moins, elle ne dandinait pas du cul comme les danseuses engagées par les patronnes, et même si c’était le cas, elle ne trouverait pas ça si pire dans le fond; ça restait de l’art, elles savaient ce qu’elles faisaient, et elles le faisaient avec une grâce qui ne les rendaient pas vulgaires. Elle se voyait presque chanter sur les numéros qu’elles répétaient encore et encore. C’était presque comme si elle s’était mise à les admirer… comme si, parce que dans le fond d’elle-même, elle n’était là que pour l’oseille, elle s’en cognait des strings qui pleuvaient des scènes surélevées du club.

La tête penchée sur son nouvel ouvrage, isolée dans un des salons privés, le torchon crissant sous la force qu’elle mettait à faire briller la petite table-basse devant laquelle elle était agenouillée, elle leva la tête quand elle reconnut une voix moqueuse qui s’adressa soudain à elle. Et merde, qu’elle pensa d’abord, avant de se demander pourquoi en fait, elle faisait autant de mystère sur ce nouveau post qu’elle disait avoir trouvé en ville — parce que, c’était suffisant comme réponse, et puisque ce n’était les oignons de personne, elle ne ferait pas mine de développer pour que ceux qui la pensaient à la dérive se sentent mieux de ne s’être rendue compte de rien. Elle n’était pas à la dérive, elle était là en toute connaissance de cause, putain.
Franchement, si elle n’avait pas eu la rage, elle aurait pensé à rougir, confrontée à la goguenardise de Barbie. Mais Jo était plus vive encore quand elle était prise sur le fait, ça faisait bouillir en elle quelque chose qui la rendait plus apte encore à déverser toute la bile qu’elle avait au fond de ses tripes, et qu’elle n’hésita pas à cracher à la gueule de Meg quand elle se redressa sur ses toutes petites jambes "Pardon, aucun milliardaire n’est venu sonner à ma porte en braquant un flingue sur moi pour que j’accepte de l’épouser. Ça fait quoi, quatre jours que t’es mariée à Crésus, t’as déjà oublié que rien tombe du ciel comme par magie ?" Elle glissa le bord de ton torchon dans la ceinture de sa mini-jupe, et serpenta de la tête quand elle lui rétorqua sans même réfléchir "Au moins, je lèche des trucs, moi. Qu’est-ce que t’as léché toi pendant ta lune de miel, à part des boules de glace ?" Connasse, que lancèrent ses yeux vers Megan, mais c’était plus affectueux que vraiment malfaisant, alors elle renifla pour mieux la toiser et faire genre de la juger, quand elle finit par lui demander, délogeant son torchon aussi vite pour s’incliner à nouveau sur la table-basse. Et c’était presque comme si elle évitait son regard, quand elle lui demanda enfin "Je croyais qu’on devait se voir que dans une heure, comment t’as su que j’étais là ?"

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Megan Williams & @Jo Carter

Joséphine est en colère et si ces quelques mots auraient sonné l’alerte dans l’esprit de beaucoup, moi, ils ne font que m’amuser. Jouer avec le feu m’a toujours amusé et, lorsqu’il est question de Jo, ce n’est qu’encore plus distrayant. Incadescente, facile à faire partir au quart de tour, la brune représente mon attraction grandeur nature favorite. J’aime Shilon de tout mon coeur, mais c’est avec Jo que j’arrive à oublier les merdes de mon quotidien et c’est en sa compagnie que je suis le plus moi. Alors oui, la petite brune m’insulte déjà dans sa tête d’être venue la débusquer sur son nouveau lieu de travail alors qu’elle ne m’y a pas invitée, mais mon immense sourire prouve que je jubile  déjà. « Pardon, aucun milliardaire n’est venu sonner à ma porte en braquant un flingue sur moi pour que j’accepte de l’épouser. Ça fait quoi, quatre jours que t’es mariée à Crésus, t’as déjà oublié que rien tombe du ciel comme par magie ? » - « Tu sais pas ce que tu rates. » L’ironie est palpable mais la proposition initiale n’en reste pas moins vraie : si elle a besoin d’argent, je peux lui en donner. J’en ai et je ne l’ai pas acquis de la plus honnête des façons, alors à quoi bon si je ne peux pas en faire profiter ceux à qui je tiens ? « J’étais sérieuse. Je vais vite en avoir assez d’achter des fringues de créateur pendant que tu m’accompagneras pour me dire que tout ce que j’essaye me va divinement bien. » Je la provoque en étalant une fois de plus mon matérialisme. De nature plutôt simple - avant Damon, je m’habillais le plus souvent d’un jean et d’un t-shirt - je découvre le fait de pouvoir acquérir tout ce que je vois et qui me plaît. Je découvre, et j’y prends goût. « Au moins, je lèche des trucs, moi. Qu’est-ce que t’as léché toi pendant ta lune de miel, à part des boules de glace ? » - « Classe. » Je lève les yeux au ciel de façon théâtrale. « Si je réponds le contraire, tu me traîteras de trainée : je te connais. » Est-ce que ça arrivera un jour ? Est-ce que, pris par le moment, Damon et moi nous cèderons à la curiosité de consommer notre mariage. Il est plutôt mignon je dois l’avoue, la chose ne sonne pas comme une corvée, mais les choses sont belles et bien restées platonique entre nous pendant notre lune de miel. « T’aurais pu commencer par ”Megan je suis contente de te voir, comment c’était l’Italie ? Grenade ? New York ?” » Non, si c’est ce que j’attendais, c’est avec Shiloh que j’aurais prévu d’aller boire un verre. Avec Jo, je sais que je peux parler de tout avec honnêteté, et je sais aussi qu’elle me donnera un avis honnête, mais sans me juger (ou pas trop).
 
« Je croyais qu’on devait se voir que dans une heure, comment t’as su que j’étais là ? » - « Fouiner, c’est comme ça que je gagne ma vie, je te rappelle. » Et débusquer les gens là où ils ne s’attendent pas à me voir mon coeur de métier. Le fait est que ce n’était pas bien compliqué : j’ai simplement supposé qu’elle m’avait donné rendez-vous dans un bar à moins d’un kilomètre à la ronde et j’ai cherché les nouveaux établissements du quartier. Boum. Le Paradise City était le seul. « J’étais sérieuse en revanche. Je dois m’inquiéter ? » Je fronce les sourcils en jetant un coup d’oeil circulaire autour de moi. L’endroit possède une classe qui l’éloigne des clichés du genre, et dégage une grosse dose de sensualité. Que fait-elle exactement ici ? Pourquoi avoir quitté L’Electric Playground pour un job semblable en tous points ? « Qu’est ce que tu vas faire exactement ici ? » - Le bar est vide à cette heure, et je m’appuie contre l’une des barres de pole dance avec un sourire amusé sur les lèvres. « J’ai croisé ta boss à l’entrée. Elle a l’air sympa. Me dit pas que t’as changé de boulot pour impressionner une fille. » Tant que je n’aurais pas le fin mot de l’histoire, j’ai bien l’intention de continuer les allusions toutes plus insultantes pour sa fierté les unes que les autres.

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Jo Carter & @Megan Williams

Si, elle savait, ce n’était pas pour autant qu’elle allait se mettre à supplier madame Williams de lui enfoncer sa fortune dans le gosier. Elle avait assez de fierté pour bosser quand c’était nécessaire. Elle ne le faisait pas de gaieté de cœur, c’était certain, et ce parce qu’elle avait une autre vision du turbin, Josephine. Mais la moitié de ce qu’elle se foutait dans la poche en suant chaque jour de sa vie, c’était pour aider sa grand-mère, pas pour se la donner dans les derniers gadgets à la mode. Elle était moins matérialiste qu’elle en avait l’air, mais bien sûr que si, qu’elle connaissait la valeur des choses. Megan avait tendance a oublier que pendant un temps, elle avait été traitée comme la putain de princesse qu’elle était, et que ce n’était pas à elle qu’elle allait apprendre combien ça soulageait de ne pas avoir à penser si on tiendrait la fin de la semaine avec ce qui traînait sur son compte ou dans le fond de ses putains de poches. Elle roula des yeux "Quoi, maintenant que t’es riche, tu veux faire dans l’humanitaire? T’es en train de devenir le cliché que j’avais prédis, je peux pas dire que je suis déçue, mais je croyais que t’allait attendre un peu avant de vouloir te faire passer pour la sainte que t’es pas." qu’elle lui balança comme simple réponse, s’en retournant à sa besogne sans faire plus de cérémonie, aussi agacée qu’elle était un peu gênée qu’elle la trouve là, à faire un secret de quelque chose dont il n’y avait pas à avoir honte; au moins, elle n’avait pas abandonné sa répartie "Même sans ça, t’es une traînée. Je crois pas à ton petit cinéma, pas à moi." Si elle n’était pas passée à la casserole avec Démon, c’était simplement parce qu’ils avaient un accord, et que se faire baiser par contrat, c’était jamais rien de plus que de la prostitution. Mais elle ne dit rien de plus à ce sujet, ne tenant pas particulièrement à bousiller l’égo de Barbie pour le coup, même si elle piétinait le sien sans vergogne à ce moment-là. Elle aurait tout le loisir de se venger plus tard, fallait pas croire.

"Je suis contente de te voir." Franchement, elle l'était "Mais je m’en fous du reste." qu’elle termina par lui dire, avec un léger sourire, mais en ne la regardant toujours pas, trop occupée à s’évertuer à polir cette table à la con qui brillait assez pour qu’elle voit son reflet dedans; et autant elle se trouvait belle, autant l’expression qu’elle décela sur son propre visage lui donna envie de gerber au point qu’elle se releva de nouveau pour enfin poser son regard sur Megan à qui elle demanda comment elle avait su qu’elle était ici "Hmm j’oubliais que c’était ton fonds de commerce de fouiller dans la merde des autres." Une réflexion comme une autre, prononcée sur le ton de la conversation, et qui n’avait pas lieu de faire autre chose que souligner ce que Megan venait de lui dire. Elle était douée pour ce qu’elle faisait, c’était un fait.
Jo fronça les sourcils, sa tête remuant de nouveau quand elle détecta, quoi… de l’inquiétude dans son ton? Elle lâcha un rire cristallin "Inquiète de quoi. J’ai démissionné, je me suis trouvée un nouveau job… j’ai cherché à la rubrique astronaute, mais y avait rien de disponible." qu’elle ironisa, et elle reprit dans la foulée "Je fais la même chose qu’à l’Electric Playground, y a pas à t’affoler comme ça." Et quand bien même elle se serait mise à poil pour vivre, qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre. Elle haussa les épaules, faisant glisser son torchon entre son pouce et son index, faisant naître un soupçon de brûlure qui lui fit du bien, quand ce qu’elle ajouta la fit marquer une pause durant laquelle elle vit le visage de Charlie dans les sous-entendus apporter par sa comparse "Qu’est-ce qu’elle t’a dit?" qu’elle lui demanda sans préciser, sachant très bien qu’elle avait dû être le sujet de leur conversation à un moment où un autre; il ne pouvait pas en être autrement. Un nouveau rire lui échappa, plus discret celui-ci, une colonne d’air par le nez, et elle secoua la tête en se détournant de Megan simplement pour aller briquer une autre table-basse "Crois-le ou pas, mais j’agis pas toujours en fonction de plans machiavéliques. J’avais besoin d’un boulot, elles recrutaient, fin de l’histoire." Elle avait déjà oublier la réalité de la vie, ou elle se foutait royalement de sa gueule? Et c’était de bonne guerre, Jo avait passé les derniers mois à faire d’elle et de son mariage la cible privilégiée de ses plus beaux sarcasmes.

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Megan Williams & @Jo Carter

« Quoi, maintenant que t’es riche, tu veux faire dans l’humanitaire? T’es en train de devenir le cliché que j’avais prédit, je peux pas dire que je suis déçue, mais je croyais que t’allait attendre un peu avant de vouloir te faire passer pour la sainte que t’es pas. » Je lève les yeux au ciel de la plus théâtrale des façon et me retiens même de pousser un long soupir. « Je voulais juste te filer un coup de main, c’est pas la peine de devenir vexante. » Alors quoi, parce que la façon dont j’ai obtenu mon argent n’est pas très orthodoxe, parce que ce n’est pas vraiment le mien et parce qu’elle connaît l’envers du décors, cela veut dire que je n’ai pas le droit d’en parler et pas le droit de lui proposer de l’aider ? Elle est comme ça Jo, persuadée d’être trop bien pour accepter une main tendue dans sa direction, elle préfère cracher dessus sans le moindre scrupule et moi, pour la peine, je suis vexée. Certes, j’ai peut-être été maladroite. Certes, j’aurais au moins pu la prévenir que je comptais finalement passer la chercher sur son lieu de travail. Mais si elle n’a rien à se reprocher ou rien à cacher, elle n’a pas de raison d’être piquée de la sorte, que je sache. « Même sans ça, t’es une traînée. Je crois pas à ton petit cinéma, pas à moi. » - « Aïe. » Un peu blessée par la remarque - les piques acides ont beau être notre principal mode de conversation, je trouve celle-ci un peu gratuite. « On est pas obligées d’aller boire un verre et je peux me casser, si t’as pas envie de me voir, c’est pas la peine de m’insulter. » Voilà ce qu’on gagne, à essayer d’être une meilleure personne et amie.

« Je suis contente de te voir. Mais je m’en fous du reste. » - « T’as une drôle de façon de le montrer. C’est quoi ton problème ? » Elle n’est pas d’accord avec mes choix de vie, c’est un fait et elle l’a déjà exprimé sans prendre de pincettes. Du reste, je suis une adulte et si elle n’est pas obligée d’être d’accord avec moi, elle peut au moins éviter de me rappeler la merde dans laquelle je me suis foutue à chaque fois qu’on se voit, elle et moi. « Hmm j’oubliais que c’était ton fonds de commerce de fouiller dans la merde des autres. » - « Je vais finir par croire qu’en plus de te dessaper pour des pervers, tu fais le tapin. Pourquoi t’es autant en rogne si t’as rien à cacher ? » Je fronce les sourcils et croise mes bras sous ma poitrine. Alors oui, c’est peut-être moi qui ait manqué de délicatesse en fouinant (encore une fois) pour trouver le nouveau club dans lequel elle travaille. Mais étais-je censée savoir qu’elle avait l’intention d’en faire un tel secret ? « Inquiète de quoi. J’ai démissionné, je me suis trouvée un nouveau job… j’ai cherché à la rubrique astronaute, mais y avait rien de disponible. Je fais la même chose qu’à l’Electric Playground, y a pas à t’affoler comme ça. » - « Je m’affole pas. » Mais toi ma grande, tu es sur la défensive. « C’est qu’un club de toute façon. On s’en fout. » Et savoir pourquoi elle a quitté son ancien job ne m’intéresse pas si ça doit la mettre dans tous ses états, de toute façon.

« Qu’est-ce qu’elle t’a dit ? » A nouveau, je fronce les yeux et cette fois-ci, je suis bel et bien innocente de ce dont elle m’accuse. De toute évidence, elle perçoit un sens caché dans une question qui n’en avait pas. Je n’ai pas besoin cependant d’aller bien loin pour trouver ma réponse : je suppose qu’elle ne parle pas de sa nouvelle boss, mais de Charlie. « Crois-le ou pas, mais j’agis pas toujours en fonction de plans machiavéliques. J’avais besoin d’un boulot, elles recrutaient, fin de l’histoire. » - « Crois le ou pas, je pensais pas à Charlie. Que tu le fasses toi en revanche, ça prouve qu’elle t’obsède plus que tu veux bien l’admettre. » J’ai consciente de faire la maligne et de jouer les crâneuses mais, cette fois, elle l’a bien cherché. « T’avais un boulot, qu’est ce qui allait pas avec l’ancien ? » Elle se plaignait parfois des ses collègues ou des clients, mais se plaindre, c’est la langue maternelle de Joséphine. « Et Charlie m’a pas dit grand chose. Juste que vous aviez pas forcément prévu de vous revoir, mais que ça se ferait certainement sur un coup de tête. Vous êtes des grandes filles, j’ai plus l’intention d’interférer. » J’ai appris ma leçon depuis la dernière fois.

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Jo Carter & @Megan Williams

Rouler des yeux, plus qu’un mode de vie, une véritable passion pour Jo qui ne se souciait pas de blesser l’ego de sa copine. Puisqu’elles avaient toujours fonctionné de cette façon, elle devait avouer qu’elle ne réfléchissait pas toujours au fond ce qu’elle lui balançait à la tronche, persuadée qu’elle se remettrait du choc une fois qu’elle lui servirait un de ses rares sourires qui la rendait si mignonne que c’était difficile de lui en vouloir trop longtemps — mais si, celui avec des fossettes, qui faisait plisser ses yeux et remonter le haut de son petit nez. Seulement, c’était peut-être le fait d’en avoir plein les poches, ou d’être devenue une femme-trophée puisqu’au plus elle était agressive avec elle, au plus Jo sentait que Megan se braquait pour de vrai. Depuis quand elle prenait ce qu’elle lui disait pour argent comptant? C’était parce que ça débordait de partout qu’elle se payait le luxe de prendre mal ses paroles, ou c’était juste parce qu’elle savait qu’elle avait eu tort de venir la trouver là où elle ne lui avait même pas dit qu’elle était?
Elle soupira par le nez, fort "Quand t’auras compris que c’est comme ça que je fonctionne et que c’est comme ça que je m’exprime, t’arrêteras de te faire du mal pour rien. J’ai pas de problème, si ce n’est ton bronzage qui te donne l’air d’une vieille rombière monégasque." qu’elle lui répondit en guise d’excuses. Sans rien dire de plus, elle secoua la tête en signe de dénégation "J’ai rien à cacher, c’est toi qui te fait tout un monde de pas grand-chose. Je t’ai pas dit où je bossais parce que c’est pas encore ouvert. Et en plus, depuis quand je te dois des comptes? Je me souviens pas d’avoir signé une clause qui stipule que je dois te demander l’autorisation de vivre ma vie genre." Genre. Ce n’était pas parce qu’elle, elle se sentait obligée de tout partager avec elle qu’elle devait suivre son exemple. Elle ne pouvait compter que sur elle-même, l’avis des autres avait cessé de compter à la minute où elle avait été relégué à la seconde place d’un classement duquel elle avait été première plus souvent qu’à son tour et qu’elle s’était rendue compte de la variabilité des opinions de ceux qui la jugeaient, ouvertement ou pas. Elle préférait encore être seule que de savoir qu’elle était appréciée un jour pour être totalement mise de côté le jour d’après. Elle aimait bien Megan, mais elle n’était pas mieux que tous les autres: et elle avait du fric, alors c’était peut-être même pire en définitive. Bientôt, elle s’en servirait pour se créer un entourage duquel elle ne ferait pas partie parce qu’elle était mal élevée, vulgaire et critique à propos d’à peu près tout et tout le monde. Elle faisait tache dans son monde, elle le savait. Elle deviendrait bientôt rien de moins qu’une distraction de laquelle elle se lasserait, et comme elle avait déjà ramassé ce genre de pots cassés, peut-être que Jo préférait anticiper que de nouveau se retrouver à devoir passer le balais.

Mais ça, elle ne le lui dirait pas. Ce qu’elle lui dit en revanche dépassa les frontières de sa propre mauvaise foi "Elle m’obsède pas." Et puis quoi encore, ajoutèrent ses yeux qu’elle posa sur Megan "Mais je suis une nana, je sais comment on se comporte entre copines et je sais qu’à la seconde où elle a fourré sa langue dans ma bouche, elle prévoyait de t’en parler. Je suis pas du genre soirée-pyjama, mais j’ai eu les oreilles qui ont sifflées pendant un jour ou deux après ton mariage." Absolument pas, mais il fallait bien qu’elle se défende de penser immédiatement à la jeune femme sitôt qu’on parlait d’impressionner quelqu’un.
Elle s’éloigna d’elle, et ce qu’elle ajouta sur le petit chemin qu’elle fit ça la fit se retourner avant que son chiffon ne vienne toucher le verre de la table-basse "J’aimais pas le patron, ça te va comme explication?" lui demanda-t-elle en levant ses bras de part et d’autre de son corps avant de lâcher un nouveau soupir et d’ajouter en tapant très brièvement du pied pour se résoudre à accepter elle-même ce qu’elle s’apprêtait à lui avouer "Il me trouvait des contrats pour chanter de temps en temps à des soirées un peu plus classes que celles de l’Electric, et j’ai merdé en m’engueulant avec un actionnaire à l’une d’entre elles. Il m’a fliquée jusqu’à ce que je démissionne, parce que c’était qu’un connard de toute façon." Elle n’en dit pas plus étant donné que sa gorge se serra quand elle songea à tout ça. Pour donner le change, elle s’agenouilla enfin pour commencer à frotter la table-basse qu’elle était venue nettoyer. Préférant changer de sujet, elle se jeta sur ce que Megan ajouta à propos de Charlie "C’est la meilleure décision de ta vie. Merci." Et quand on savait qu’elle n’était pas la reine des bonnes décisions, la photographe, c’était un vrai compliment. Passons sur le fait qu’elle venait de la remercier de rester à sa place, il valait mieux ne pas en faire toute une histoire.

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Megan Williams & @Jo Carter

« Quand t’auras compris que c’est comme ça que je fonctionne et que c’est comme ça que je m’exprime, t’arrêteras de te faire du mal pour rien. J’ai pas de problème, si ce n’est ton bronzage qui te donne l’air d’une vieille rombière monégasque. » Sur la réserve et, surtout, sur la défensive, je croise mes bras sous ma poitrine. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, me voilà donc cliché, traînée et rombière, et je suppose qu’elle en a encore sous le pied. J’avais pas forcément prévu ni envie d’être rhabillée pour l’hiver par Jo, j’ai pas signé pour ça et si j’aime son mordant naturel, je préfère quand c’est dirigé contre les autres ou, en tout cas, quand elle ne frappe pas sous la ceinture. « Ouais, ou j’arrêterai les frais, on verra. » Je hausse les épaules en fausse innocente et vraie piquée à vif. « La jalousie c’est laid. Et ça te va pas au teint. » Plus personne ne voit Jo se faire offrir des voyages à l’autre bout du monde depuis que sa minute trente de célébrité est terminée. Elle est mal placée pour parler de superficialité, princesse pop star, c’est tout ce que je veux dire. « J’ai rien à cacher, c’est toi qui te fait tout un monde de pas grand-chose. Je t’ai pas dit où je bossais parce que c’est pas encore ouvert. Et en plus, depuis quand je te dois des comptes? Je me souviens pas d’avoir signé une clause qui stipule que je dois te demander l’autorisation de vivre ma vie genre. » - « T’as raison. Je m’en fous. Je sais même pas pourquoi l’idée d’être agréable et concernée m’a traversé l’esprit. » A nouveau, voilà ce qu’on gagne quand on prend la résolution de faire dEs eFfOrTs pour être une meilleure personne et amie. La prochaine fois, je serai une garce, puisque c’est ce que Joséphine Carter comprend le mieux.

« Elle m’obsède pas »
« A d’autres. »

J’avais même pas prononcé le prénom de la blonde - je ne pensais même pas à elle à vrai dire - que Jo la ramenait déjà sur le devant de la scène. « Je savais bien que j’aurais jamais dû te la présenter. Devient pas le genre stalker gênante s’il te plait, je me suis un peu portée garante en lui disant que t’étais cool. » Personne n’a soit-disant la moindre importance aux yeux de cette diva, pourtant nous y sommes : des mois après, elle parle encore d’elle à cause d’un malheureux baiser. Un, vous avez dit ? « Mais je suis une nana, je sais comment on se comporte entre copines et je sais qu’à la seconde où elle a fourré sa langue dans ma bouche, elle prévoyait de t’en parler. Je suis pas du genre soirée-pyjama, mais j’ai eu les oreilles qui ont sifflées pendant un jour ou deux après ton mariage. » Amusée, je lève un sourcil et mes lèvres s’étirent en un sourire supérieur. « Bah tu vois, là, c’est toi la commère. Parce que je savais pas que t’avais fourré ta langue dans sa bouche à mon mariage. Donc soit elle t’obsède, soit tu supportais juste pas que les projecteurs soient braqués sur quelqu’un d’autre que toi. » Sur moi, en l'occurrence, puisque j’étais divine dans ma robe de soirée. « Et ça va continuer encore longtemps, ces baisers volés ? Vous êtes quoi, des collégiennes ? » Et surtout, où est passée madame principes qui ne voulait surtout rien avoir à faire avec une femme prise ?

« J’aimais pas le patron, ça te va comme explication ? » - « A vrai dire, il aurait pu essayer de te sauter que j’en aurais rien eu à foutre. Je faisais la conversation. » Ou plutôt, je nourrissais mon insatiable goût pour les commérages en tout genre. Plutôt mourir que d’admettre que je m’intéresse simplement à ce qu’il se passe dans sa vie, pas après l’accueil auquel j’ai eu droit. « Il me trouvait des contrats pour chanter de temps en temps à des soirées un peu plus classes que celles de l’Electric, et j’ai merdé en m’engueulant avec un actionnaire à l’une d’entre elles. Il m’a fliquée jusqu’à ce que je démissionne, parce que c’était qu’un connard de toute façon. » - « Et toi un vrai ange. » C’est vrai, j’oubliais. « C’est la meilleure décision de ta vie. Merci. » - « Ça pue surtout les emmerdes, votre histoire. » C’est peut-être un peu hypocrite, puisqu’au départ toute cette histoire était une idée brillante sortie de mon esprit de génie de la vengeance, mais il n’est reste pas moins vrai que j’ai de plus en plus l’impression que la situation échappe totalement aux mains de la brune. « T’as aperçu les jumeaux, je suppose ? Tu te vois déjà belle-mère, c’est ça ? »

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Jo Carter & @Megan Williams

"Je suis super cool." qu’elle lui répondit sans aucune espèce d’hésitation. Cool n’était peut-être pas le bon mot quand on savait qu’elle démarrait au quart de tour et qu’elle maniait le sarcasme comme un nunchaku, repoussant tous ceux qui l’approchaient en espérant les écorcher au passage, mais la vérité c’était qu’elle valait son pesant de cacahuètes quand même. La preuve, même son voisin coincé de partout parvenait à la supporter et à avoir une conversation avec elle sans se mettre à chialer, partageant ses cookies sans même qu’elle n’ait le besoin de lui demander. Elle avait des défauts à la pelle, elle avait aussi des qualités qu’il était appréciable de pouvoir toucher du doigt, et sur ce coup, ce n’était même pas un manque de modestie de sa part. Si elle avait eu des amis, des vrais, pas ceux rencontrés parce qu’elle leur avait sauté à la gorge, ils auraient été en mesure de témoigner de combien elle pouvait être loyale, de combien elle pouvait être prête à tout pour ceux qu’elle aimait; Roman aurait pu en témoigner, mais Roman était en train de la donner dans une loge à des kilomètres, sûrement en train de se faire raboter le poireau par la première qui passait. Chacun son truc, elle, elle préférait garder sa dignité intacte.
Encore que, rien n’était moins sûr si on considérait que depuis quelques semaines déjà, elle jouait à cache-cache avec maman Charlie. C’est à elle qu’elle pensa quand Megan fit des sous-entendus sur lesquels elle sauta sans se faire prier, se fustigeant intérieurement d’être incapable de reconnaître une mine quand elle en voyait une et sautant dessus comme la grosse conne qu’elle pouvait être parfois; elle n’était pas la plus maline, à des moments. Est-ce que ça la mettait dans l’embarras? Pas plus que de se rendre compte que Barbie s’était levée du mauvais pied. Mais honnêtement, si elle avait épousé un mec sous la menace, peut-être qu’elle aussi, elle aurait fait la gueule après tout.

Elle arqua un sourcil "C’est la première option. On est passé à ça du interdit au moins de 18 ans, mais le fait que ton oncle ce soit fait buter, ça nous a coupé dans notre élan." Bang, bang., qu’elle disait Nancy Sinatra. Elle savait bien faire son cinéma,  Jo. C’était aussi sûr que si elle avait vraiment percé, elle aurait fini rôle principal d’un Baz Lurhmann. En attendant que ça lui arrive un jour, bien sûr qu’elle préférait métaphoriquement avoir les projecteurs braqués sur elle, c’était une évidence qu’elle choisit d’admettre plutôt que de se lancer dans de nouvelles révélations qui permettraient à Megan de jubiler.
Elle aurait pu lui dire que c’était Charlie qui l’avait suivie, elle aurait pu lui dire que c’était elle qui l’avait presque suppliée de rentrer avec elle, aussi, en omettant d’avouer que c’était elle qui l’av ait embrassée la première. Mais elle appréciait assez la blonde pour préserver sa dignité à elle aussi, elle la remercierait pour ça — ou pas, elle n’avait pas tellement prévu de la revoir de son côté, juste de tomber sur elle par hasard un de ces quatre, pourquoi pas. Quand elle s’agenouilla, elle détendit son visage par un léger rire guttural "De la part de quelqu’un qui vient de passer sa lune de miel sans passer à la casserole, je trouve que c’est putain d’ironique de dire ça." qu’elle nota tout haut en ne se sentant pas insultée de préférer rester sur ses gardes à propos du mirage Charlie. Elle tourna la tête vers elle, son chiffon marquant la cadence pendant qu’elle lustrait la table-basse d’un geste d'habitude "D’ailleurs, un petit coup, ça te ferait pas de mal. T’as quoi à être mal lunée comme ça, faut se détendre." Pour quelqu’un qui était constamment en colère, c’était aussi comique que la mine qu’elle lui accorda en lui disant tout ça "Si ça te demande autant d’effort de faire la conversation, tu peux rester chez toi aussi. Je t’ai rien demandé." qu’elle lui fit remarquer, et elle finit par pointer son petit doigt à l’ongle acéré sur elle, toujours agenouillée "Y a pas d’histoire, et je te rappelle que c’est toi qui a planté la première graine." Au contraire de Démon, qu’elle faillit ajouter, mais elle-même trouva ça de trop. Si jamais elle finissait par se lasser de sa condition d’héritière par alliance, Meggy-Meg, elle pourrait toujours ouvrir son agence de matchmaker; elle en connaissait un rayon "T’aurais pu me dire qu’elle avait des gosses, j’en m’en serais jamais doutée si je les avais pas vus de mes propres yeux. Ils sont mignons — lui répète pas que j’ai dit ça." qu’elle ajouta rapidement, et elle finit par hausser les épaules "Je compte pas l’épouser demain, et je crois pas que ce soit dans ses intentions non plus, reste tranquille." Et puis honnêtement, toute charmante qu’elle était, la Charlie, elle avait d’autres chats à fouetter en ce moment "C’est ça qui t’inquiète, que je me fasse briser le cœur par ta copine? Awwwwwww…" Et cet interminable  aww, elle l’accompagna d’un léger froncement de nez et d’un redressement de sa toute petite silhouette qu’elle approcha de celle de Megan qu’elle finit par prendre dans ses bras pour la serrer contre elle, son chiffon tenu entre ses griffes, et lui murmurer à l’oreille "Je suis contente que tu sois là." Il fallait toujours qu’elle soit un peu dure pour apprécier de lui laisser entendre qu’elle lui portait de l’affection. L’amour vache, c’était tout ce dont elle était capable pour ne pas donner l’impression qu’elle avait le cœur tendre, Josephine.

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Megan Williams & @Jo Carter

La différence entre Jo et moi, la vraie différence, c’est que y’en a une qui se fout vraiment du regard et de l’avis des autres et une qui prétend s’en foutre. Je vous laisse deviner qui est qui, mais si vous avez besoin d’un indice, il suffit de poser un regard sur ma vie et sur toutes ces fois où j’ai désespérément cherché l’aval d’autrui, qu’autrui soit masculine ou féminin. Jo, elle semble réellement mener sa barque sans soucier de ce que les gens peuvent penser de la façon dont elle le fait et, pour ça, je l’admire réellement. Mais j’ai toujours eu besoin de me sentir aimée, valorisée, et j’ai toujours eu besoin de devenir quelqu’un, aussi loin que je me souvienne. Le problème, c’est que ce qui est à mes yeux une sacré qualité rend aussi la brune sarcastique et dure, et si j’ai les tripes assez accrochées pour composer avec, parfois, des dissonances apparaissent. « C’est la première option. On est passées à ça du interdit au moins de 18 ans, mais le fait que ton oncle ce soit fait buter, ça nous a coupé dans notre élan. » Je siffle, avec une admiration (presque) feinte. « Que t’arrives à tourner même ça en dérision, ça me rendrait presque admirative. » Sauf qu’on parle de la vie d’un homme et que c’est pas elle qui s’est retrouvée pendant presque vingt quatre heure à l’hôpital avec une robe de mariée tachée de sang, façon Carrie au bal de promo. Moi, si je n’ai aucun contact et aucun rapport avec Auden, je n’en reste pas moins traumatisée. « De la part de quelqu’un qui vient de passer sa lune de miel sans passer à la casserole, je trouve que c’est putain d’ironique de dire ça. » Théâtralement, je lève les yeux au ciel. « T’en fais une telle obsession que je crois que même si j’étais passée à la casserole, je le garderais pour moi. » Après tout, quelle différence cela fait pour elle ? « D’ailleurs, un petit coup, ça te ferait pas de mal. T’as quoi à être mal lunée comme ça, faut se détendre. Si ça te demande autant d’effort de faire la conversation, tu peux rester chez toi aussi. Je t’ai rien demandé. » Là, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. « T’es sérieuse ? T’es mal lunée depuis que j’ai passé la porte parce que, pour une raison qui m’échappe, t’avais décidé de faire un secret de ton nouveau boulot. C’est pas moi qui ai besoin de me détendre. » Ou peut-être que si, au moins un petit peu. Mais elle comprendrait pas ce qui me tend, Jo. Elle comprendrait pas que, depuis que j’ai touché du bout du doigt ce monde qui me plaît, je suis constamment terrorisée à l’idée de faire une énorme connerie et de tout perdre. Elle comprend déjà pas pourquoi je me suis foutue dans ce genre de situation, pour commencer.

« Y’a pas d’histoire, et je te rappelle que c’est toi qui a planté la première graine. » - « Vous êtes des grandes filles. Vous avez pas eu besoin de moi pour l’arroser hein. » Je ne les ai pas obligées à se parler au mariage. J’ai même résisté à l’envie presque irrépressible de les mettre l’une à côté de l’autre lorsque j’ai travaillé avec la mama Williams sur le plan de table. Et je les ai encore moins obligées à s’embrasser alors, soit Jo se voile la face, soit elle me prend pour une idiote. « La vérité, c’est qu’elle te plaît bien. » J’esquisse un sourire prétentieux et suffisant, persuadée de l’avoir percée à jour. « T’aurais pu me dire qu’elle avait des gosses, je m’ en serais jamais doutée si je les avais pas vu de mes propres yeux. Ils sont mignons - lui répète pas que j’ai dit ça. » - « C’était beaucoup plus drôle de te laisser le constater de tes propres yeux. » Et, encore une fois, je pensais que toute cette histoire se limiterait à un rencard dans un bar, puis fin de l’histoire. « Je compte pas l’épouser demain, et je crois pas que ce soit dans ses intentions non plus, reste tranquille. » - « Tu lui plais bien aussi, si c’est ça qui te fait peur. » J’écoute à peine ce qu’elle me dit ou, plutôt, je fais comme si je ne l’avais pas entendue. Si je la houspille à propos de Charlie, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même : j’avais étiqueté le sujet comme sensible et n’avais pas la moindre intention de l’aborder. « C’est ça qui t’inquiète, que je me fasse briser le cœur par ta copine ? Awwwwwww… » Mes yeux roulent dans leurs orbites, et j’éclate d’un rire sincère. Sauf qu’avant que j’ai le temp de répondre quoi que ce soit, Jo m’attire contre elle pour me serrer dans ses bras. « Je suis contente que tu sois là. » Je suis sûre que ça lui arrache les lèvres, ça me fait rire, ça me touche et, plutôt que de sombrer dans le sentimentalisme, je l’étreins à mon tour. « Allez, arrête, on va finir par croire que t’as un cœur. » J’esquisse un sourire amusé, avant d’exercer une dernière pression dans son dos puis d’échapper à cette étreinte. « J’ai presque cru que j’avais perdu la première place dans ton cœur. Charlie ci, Charlie ça. » Je me moque gentiment, sans que cela ne reflète la moindre possessivité ou jalousie. « Tu veux aller boire un verre, mater un film ou au hammam ? Pick your poison. »

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"J’ai l’air d’une psy? Tu veux te remettre de ton trauma? Bah t’as assez de fric pour t’en payer une flopée maintenant, alors ta gueule, hein." On se calme, Josephine. Elle aimait se dire que Megan avait l’habitude maintenant, mais à la vue de ses réactions depuis qu’elle s’était pointée à Paradise City, elle décida de lever le pied sur la méchanceté au moins le temps qu’elle se remette à respirer correctement et à reconnecter avec l’idée qu’elle était comme ça, qu’elle disait parfois des trucs qu’elle ne pensait pas juste parce qu’on ne lui avait pas appris à filtrer les saloperies qui pouvaient lui passer par la tête. Ce n’était pas une excuse, elle ne le prétendait pas d’ailleurs, seulement ce n’était pas moins vrai qu’elle avait besoin de plus de temps pour s’adapter à la sensibilité des autres; parfois elle n’essayait même pas, mais avec Megan, c’était un peu différent. Elle s’était attachée à elle, c’était aussi surprenant que c’était comme ça, ça aussi, et qu’elle n’avait pas envie d’y accorder une quelconque logique. Elle laissait le truc couler parce que c’était facile, parce qu’elle avait beau l’agacer avec ses décisions pourries, elle lui faisait plus confiance qu’à n’importe qui, et que ça lui faisait du bien de se dire qu’elle pouvait au moins compter sur quelqu’un "Je suis tout le temps mal lunée. Et puisque mon nouveau boulot consiste pas à montrer mon boule au premier offrant, on peut peut-être passer à autre chose. T’auras qu’à prendre rendez-vous avez mes patronnes pour t’assurer que je vais pas finir dans un trafic ou je sais pas quoi, maman." Putain, elles avaient quoi, toutes, avec leur instinct maternel à la con.

C’était un débat pour un autre jour. En attendant, elle roula des yeux "La vérité, c’est que ça te regarde pas vraiment." C’était le camembert qui dit au roquefort tu pues quand on pensait qu’à la moindre porte ouverte, Jo se permettait de se mêler de la vie intime de Megan. Mais la mauvaise foi était un art qu’elle maîtrisait aussi bien que la piano et le chant. Et le pire, c’est qu’elle lui disait tout ça sans ressentir ne serait-ce qu’une once de honte à l’idée d’être aussi fourbe; l’art et la manière d’être malhonnête avec désinvolture, un manuel qu’elle pourrait écrire avec ses pieds si elle en avait le temps. Elle marqua une pause mentale quand elle se mit à vouloir la rassurer à propos de Charlie, et le chiffon qu’elle trimballait depuis tout à l’heure, elle finit par le jeter sur son épaule avec l’air aussi confiant que d’ordinaire "Je sais." qu’elle plaisait à Charlie, on roulait rarement des pelles à des gens qu’on trouvait repoussant. Et la réciproque était vrai d’ailleurs, mais elle ne confirma pas les supputations de Megan.
Elle ne rebondit pas non plus sur l’idée qu’elle avait peur, elle préféra s’approcher d’elle pour se montrer plus malicieuse que d’ordinaire, et la serra dans ses bras avec une volonté soudaine de lui faire sentir qu’en vrai, sa présence était appréciée malgré la manière dont elle s’était immiscée dans sa nouvelle routine comme si elle avait tout les droits. Elle se mit à rire, et quand elle desserra un peu son étreinte, elle chassa un rideau de cheveux de l’épaule de la blonde pour lui souffler avec l’air de ceux qui s’apprêtent à se servir d’un avantage obtenu par la force "Han, t’es jalouse en vrai. T’inquiète pas, tu seras toujours la première dans mon coeur… j’en ai un, il est juste accessible que sous condition, t’as intérêt à pas te vanter d’avoir obtenu la clef." Les changements d’humeur de Jo, ou sa manière de rattraper des coups où elle estimait avoir un peu abusé. Elle finit par rompre pour de bon son étreinte avec Megan "Juste: j’ai plus envie de parler de Charlie pour aujourd’hui." qu’elle tint à lui dire sans savoir elle-même pourquoi elle estimait que c’était un sujet aussi sensible. Ce n’était pas comme si quelque chose s’était vraiment passé entre elles — ou alors la manière dont elles s’étaient quittés avaient laissée plus de trace qu’elle n’osait l’avouer parce que ça remettait en perspective la manière dont elle avait hésité quand elle lui avait demandé de rentrer avec elle. Elle n’avait pas envie d’y penser, à la place elle fit mine de réfléchir aux options proposées par Megan "Je te laisse choisir si on va manger un truc avant. J’ai tout donné en astiquant ces tables à la con et j’ai besoin d’un peu d’énergie pour supporter le récit de ton extraordinaaaaire lune de miel avec le fiston Corleone." Elle était sûre que Megan était là pour ça aussi; pour partager les entrées récentes du journal de sa toute nouvelle vie — qu’elle ne validait peut-être pas, mais qu’elle n’avait pas le droit de lui retirer sous le prétexte que ça lui faisait peur de songer à ce qui pourrait lui arriver si elle merdait.

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Megan Williams & @Jo Carter

« J’ai l’air d’une psy? Tu veux te remettre de ton trauma? Bah t’as assez de fric pour t’en payer une flopée maintenant, alors ta gueule, hein. » Je lève un sourcil et je m’interroge sur ma susceptibilité. Le suis-je réellement plus qu’habituellement ou Jo est-elle simplement très en forme ? Je l’ignore, je suis à fleur de peau ces derniers temps et je n’ai pas envie de chercher à savoir pourquoi - ou plutôt, je n’ai pas envie de me poser des questions qui ne feraient de bien à personne. Se convaincre que l’on est comblé par sa situation est que l’on est heureux, c’est plus simple que d’admettre que l’on se sent seul. Fake it until you make it. Je me persuade que cela peut être vrai et fonctionner quelles que soient les circonstances. « Je suis tout le temps mal lunée. Et puisque mon nouveau boulot consiste pas à montrer mon boule au premier offrant, on peut peut-être passer à autre chose. T’auras qu’à prendre rendez-vous avec mes patronnes pour t’assurer que je vais pas finir dans un trafic ou je sais pas quoi, maman. » - « Faut bien que quelqu’un s’intéresse à toi et fasse attention à tes choix de vie douteux. » Je ravale ma susceptibilité pour le moment, et c’est sur un ton moqueur et amusé que je m'adresse à présent à elle et, pour cause : c’est l’hôpital qui se fout de la charité. « Fais attention ou je balance tout à ta nana. » Je pourrais presque tirer la langue, pour aller avec mon ton de gamine qui se veut maline.

« La vérité, c’est que ça te regarde pas vraiment. » Théâtralement, je pose ma main sur ma poitrine. « Tu me brises le cœur. » Et c’est un tantinet hypocrite : tout ce qui se passe dans ma vie la concerne, mais elle se braque lorsqu’il est question d’elle. Je l’ai toujours remarqué : Joséphine est accro aux rumeurs, une vraie commère dans l’âme, mais se montre extrêmement pudique lorsqu’il s’agit d’elle. « Je sais. » - « J’insiste pas plus, mais je vais rajouter une chose… Sois sympa avec elle. » Il faut avoir le cœur bien accroché pour suivre Joséphine, et Charlie est en pleine tempête. « Son mec est pas rentré depuis qu’elle l’a mis dehors en novembre. Personne a de nouvelle de lui : il a juste disparu. » Léo est aux abonnés absents et c’est à se demander s’il n’a pas quitté le pays pour fuir ses responsabilités et les conséquences de ses conneries. « Ou son ex. A ce stade, je sais pas comment elle le qualifie. » Et comment il convient de le faire. « Alors… Go easy on her. C’est tout ce que je te demande. » Je n’ai pas envie d’avoir fait la pire des conneries en les mettant en contact : je m’en voudrais, si l’une ou l’autre était blessée. Je ne m’inquiète pas moins pour Jo : elle a simplement le cuir plus épais que Charlie, que je devine assez sentimentale. « Han, t’es jalouse en vrai. T’inquiète pas, tu seras toujours la première dans mon coeur… j’en ai un, il est juste accessible que sous condition, t’as intérêt à pas te vanter d’avoir obtenu la clef. » - « Je peux pas aller donner des interview ? Merde, et moi qui étais amie avec toi que pour ça. » Si je me permets ce trait d’humour, c’est bel et bien parce que la brune est au contraire l’une de mes rares relations parfaitement désintéressée. « Juste: j’ai plus envie de parler de Charlie pour aujourd’hui. » - « On en parle plus. J’ai dit ce que j’avais à dire. » Du reste, je lui en ai également fait part : elles sont adultes.

« Je te laisse choisir si on va manger un truc avant. J’ai tout donné en astiquant ces tables à la con et j’ai besoin d’un peu d’énergie pour supporter le récit de ton extraordinaaaaire lune de miel avec le fiston Corleone. » - « On passe chercher ton maillot de bain dans ce cas. Et j’offre. » Je la regarde avec sévérité. « Pas de mais. T’auras qu’à dire que c’est mon cadeau de noël. Surtout que je t’ai pas ramené de souvenir de New York ou d’Europe. Je me suis dit que t’aurais rien à foutre d’un porte clé statue de la liberté. » C’est ce que j’ai offert à Shiloh, en plus d’une robe achetée chez un petit tailleur italien. Je mens d’ailleurs. Jo aura le droit à son sac de créateur venu tout droit d’Italie dans un second temps : si je le lui offre maintenant, elle me laissera pas l’inviter pour la soirée. « Scott a repris contact avec moi. Je sais pas ce qu’il veut. » Je prétend ne pas savoir ce que moi je veux non plus, mais on sait toutes les deux que mon comportement auto destructeur finira par avoir le dessus.

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Jo Carter & @Megan Williams

Un autre jour, Jo n’aurait pas hésité à menacer Megan quand elle brandit la garde Nana; en la plaquant contre un mur pour lui faire entendre que jamais de sa putain de vie elle ne devait faire ce genre d’allusions au risque qu’elle lui briserait les dents et autres joyeusetés qu’elle était capable de faire sans ressentir la moindre compassion. Pas là. Là, elle prit sa phrase pour ce qu’elle était, un gag qu’elle ne la laisserait pourtant pas prononcer de nouveau dans le futur, si jamais l’idée lui revenait d’utiliser sa grand-mère comme un avertissement comique à faire pour la forcer à agir et réagir en bonne fifille. Contrairement à tous les choix que faisaient Megan, Ava ne représentait pas un truc à tenter pour se sentir plus vivant; c’était une réalité qu’elle n’avait pas droit de dégainer pour lui faire entendre qu’elle faisait des erreurs et elle se ferait d’une mission de le lui faire rentrer de force dans la tête une autre fois, quand elle n’aurait pas déjà l’impression d’avoir abusé des reproches.
Donc, elle laissa couler, reprenant là où elles avaient laissées les choses comme si elle ne fulminait pas intérieurement que Megan puisse dire ce genre de choses sans penser que ça pourrait la heurter. Mais après tout, c’était l’arroseur-arrosé, et puisqu’elle savait que la blonde n’hésiterait pas à le lui faire remarquer, elle rongea son frein pour mieux hausser les sourcils à ce qu’elle lui annonça à propos du statut de la vie sentimentale de Charlie "Merde, ça c’est un retournement de situation." Ou pas. Ça lui pendait au nez. Elle ne put cependant faire comme si ça ne la chagrinait pas un peu qu’elle se prenne enfin un retour de bâton dans la gueule; à moins d’être con, elle aurait du s’y attendre, ouais et prendre définitivement la tangente au lieu de s’accrocher à l’idée que c’était une meilleure idée d’aller papillonner ailleurs pour rendre la monnaie de sa pièce au traître qu’elle avait pour moitié.
Enfin pour ce qu’elle en savait franchement, elle n’allait pas se lancer dans le jeu des reproches, d’autant qu’elle n’était pas présente, et que même si médire faisait partie de ses passions, le faire sur quelqu’un qui avait le dos tourné, trop peu pour elle. Aussi, elle haussa les épaules "Elle ira bien. Elle a pas besoin de lui." Ça, elle le proclamait à l’aveuglette. Mais elle avait une assez haute estime de la jeune femme pour l’imaginer en femme forte, qui saurait gérer les choses sans se terrer dans son lit en attendant que l’autre connard rapplique pour venir colmater son petit cœur. Et elle saurait aussi bien gérer le sarcasme de Jo, c’était une certitude qu’elle partagea avec Megan quand elle lui demanda d’y aller doucement avec elle "On verra. Je suis pas connue pour faire dans la dentelle, et elle est pas logée à meilleure enseigne que toi ou les autres. Elle s’en remettra." Et sa conviction était palpable dans le débit traînant de sa voix.

Et comme d’un commun accord, c’est la dernière fois qu’elles parlèrent de Charlie. Pour l’instant en tout cas "Tu joueras moins à la conne quand on viendra frapper à ta porte pour apparaître dans mon docu Netflix." qu’elle lui rétorqua sans l’ombre d’un cillement de faux-cils tandis que Megan statuait sur leurs plans de la journée. Jo se recula de quelques pas pour rejoindre la porte du salon privé et l’invita à la rejoindre pour qu’elles prennent le chemin vers ailleurs et aillent récupérer ses petites affaires dans le local des employés "Je vais pas refuser l’invitation. Je suis fière, mais je suis pas assez stupide pour refuser d’être rincée aux frais de la princesse." Et princesse Megan, ça lui allait bien au teint, alors elle décida que dorénavant, elle passerait de Barbie à ce statut-là.
Elle lui demanda d’attendre à la porte du local comme elle n’en aurait que pour quelques secondes à peine à récupérer ses affaires et empoigna la anse de son sac qu’elle glissa à son épaule en harponnant la bras de la jeune femme quand elle se répandit en nouvelles confessions. Jo s’arrêta en chemin, penchant la tête de trois-quart pour accorder à Megan le genre de regards qui suintent le jugement; rien de nouveau venant de Jo "T’en as pas marre de jouer les saintes-nitouches? Bien sûr que tu sais ce qu’il veut, t’es pas une gamine." Tout le monde gardait un souvenir impérissable de Megan dans ses robes de mariée. La photo que Jo avait prise d’elle et qu’elle avait envoyée au type dont elle lui parlait, elle aurait réveillé un cadavre. Elle ne comprenait pas tellement les tenants et les aboutissants de la relation qu’elle entrenait avec lui, encore qu’elle non plus n’était pas une gamine et qu’un coup de reins dans un hôtel à plusieurs milliers, c’était toujours plus engageant de retrouver môsieur pour un dîner cuisiné par la bonne, mais elle se disait que franchement, qu’est-ce qui passait par la tête d’un mec marié pour recontacter sa maîtresse qui venait elle-même de se faire passer la bague au doigt? Si ce n’était pas malsain et autodestructeur, elle ne s’appelait pas Josephine Ophelia Carter "T’as prévu de lui répondre, ou tu vas continuer à l’ignorer?" Elle avait bien un ou deux conseils à lui fourguer. Seulement elle connaissait à bien la connaître, Megan. Elle paraissait plus douce et conciliante qu’elle ne pouvait l’être, mais elle avait aussi un fond de contradictions qui la faisait aller là où le vent la menait, là où ses intérêts se retrouvaient dorlotés comme un nouveau-né. C’était inutile de vouloir lui mettre du plombs dans la tête. Aussi s’en garda-t-elle, continuant à marcher avec son bras sous le sien en attendant qu’elle lui donne une réponse.

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Megan Williams & @Jo Carter

Je ne suis pas réellement surprise que la situation ait fini par exploser entre Charlie et Léo, ce qui me surprend plus - sa tromperie mise à part j’avais un bon feeling concernant le jeune homme - c’est qu’il ait été lâche au point de disparaître sans laisser la moindre information. Charlie et lui se connaissent depuis des années et, même après toute cette histoire, la blonde m’avait confié être convaincue qu’ils étaient faits l’un pour l’autre, tous les deux. J’ai mal au cœur pour elle et je me demande si elle a été trop naïve ou trop optimiste. Le résultat est le même, de toute façon. « Merde, ça c’est un retournement de situation. » - « C’est moche le sarcasme Joséphine. » Je grimace avec, sur le visage, un air profondément amusé. Je la connais assez pour savoir qu’elle pense certainement qu’ils l’ont tous les deux cherchée, la fin brutale de leur histoire d’amour. Je ne pousse même pas le bouchon jusqu’à lui dire que le sarcasme lui va mal au teint puisque c’est parfaitement faux : elle respire l’humour noir, la brune. « Elle ira bien. Elle a pas besoin de lui. » - « C’est mon avis aussi. Mais la dernière fois qu’on en a parlé elle et moi elle avait pas l’air de le partager. » A l’époque, elle était encore persuadée que tout finirait par rentrer dans l’ordre grâce à l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre. Empathique, j’ai beaucoup de peine pour mon amie dès que je repense à toute cette histoire. « On verra. Je suis pas connue pour faire dans la dentelle, et elle est pas logée à meilleure enseigne que toi ou les autres. Elle s’en remettra. » Je lui fais les gros yeux sans rien ajouter : je suis consciente de ne pas être capable d’avoir la moindre influence positive sur Jo Carter.

« Tu joueras moins à la conne quand on viendra frapper à ta porte pour apparaître dans mon docu Netflix. » J’éclate de rire devant sa répartie, avant de répondre sur le même ton. « Vu ton nouveau boulot, on risque surtout de frapper à ma porte pour un épisode de True Crime sur Youtube. » Il ne manque plus que de lui tirer la langue pour le parfait portrait de l’insolente. Soucieuse d’alléger l’atmosphère tendue - c’est le mode de fonctionnement de la brune, la tension, et je ne peux pas tout à fait innocente non plus - je me laisse prendre dans les bras, avant de proposer que nous passions à la suite du programme. « Je vais pas refuser l’invitation. Je suis fière, mais je suis pas assez stupide pour refuser d’être rincée aux frais de la princesse. » Jo s’éclipse pour se changer, me laissant l’occasion d’observer son nouvel univers mais guère plus. Elle réapparait bien vite et, alors qu’elle s’approche de moi, je passe mon bras autour de ses épaules pour l’attirer contre moi dans une étreinte qu’elle détestera certainement.

Il n’y a qu’une personne à qui je peux confier le retour dans le paysage de Scott. Impossible d’en parler à Shiloh et Charlie pour des raisons bien évidentes, je me livre donc à Jo tout en sachant que je risque de toute façon de n’en faire qu’à ma tête et de plus écouter mon coeur que ses précieux conseils. « T’en as pas marre de jouer les saintes-nitouches? Bien sûr que tu sais ce qu’il veut, t’es pas une gamine. » - « C’est lui qui a choisi de tout arrêter. Je vois pas pourquoi il aurait changé d’avis aujourd’hui. » Sauf qu’elle a raison : au fond, je soupçonne Scott, parfaite incarnation de la gente masculine, d’avoir changé d’avis à présent qu’il réalise que je lui échappe. Il ne tolère certainement pas ça quand, pourtant, nous ne nous sommes jamais rien promis et je ne lui appartiens donc pas. « T’as prévu de lui répondre, ou tu vas continuer à l’ignorer ? » Pour être honnête, je ne l’ai jamais ignoré : c’est l’inverse qui s’est produit. Le faire aurait témoigné d’une grandeur d’âme que je ne possède pas, d’une abnégation que je n’ai jamais démontrée. « Je sais pas… » Menteuse. « Je me dis que ça fait de mal à personne d’entendre ce qu’il a à me dire. » Et si elle me connaît un tant soi peu, Jo sait qu’il ne me faudra pas grand chose pour effectuer une marche arrière et retomber dans les bras de mon ancien amant. « On s’est rien promis Damon et moi, de toute façon. » Excepté devant l’homme d’église, évidemment. « Je veux me conduire comme il faut avec lui. Mais je suis pas sûre de savoir ce que ça englobe. » La situation n’a jamais été vraiment claire, entre l’italien et moi.

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Jo Carter & @Megan Williams

Jo pourrait faire remarquer à Megan qu’on savait rarement ce qui était bien pour nous. Certains cherchaient même à se créer des problèmes pour avoir l’impression d’être vivants — et là, Megan est la mieux placée pour le comprendre —, alors les conseils proclamés par un entourage inquiet, rien à foutre à dire vrai. Mais se répandre en discours philosophes sur le bien que ça ferait à Charlie de couper le cordon avec son mec, ce n’était pas dans ses projets immédiats. Elle faisait ce qu’elle voulait avec qui elle le voulait, et tant pis pour elle si elle se prenait des murs car en l’occurence oui, c’était tout ce qu’elle cherchait comme si ce n’était pas envisageable à ses yeux de mener une vie heureuse, sans problèmes. Ce n’était pas le sien, de problème. Il n’y avait pas grand-chose qui la liait à la blonde en dehors des baisers qu’elles avaient échangés. Elles n’étaient pas amies, elles n’étaient pas autre chose non plus, aussi ce qu’elle pouvait penser de tout ça, elle pressentait que Charlie n’en avait sans doute rien à cogner non plus; au moins, elles étaient raccords sur un truc, c’était déjà ça.
Laisser Charlie de côté, profiter de la présence de Megan, c’était plus engageant, et quand elle revint dans la conversation après une halte rapide dans les vestiaires des employés, elle était prête à se consacrer entièrement à ce que la jeune mariée avait à lui raconter.

Avec Megan, elle n’était jamais déçue tant elle avait le don de creuser sa tombe pour mieux y sauter à pieds joints. On s’y faisait, ça faisait partie intégrante d’elle, et même si elle aurait beaucoup de choses à lui reprocher sur la question, elle rongea son frein pour prendre en considération le nouveau sujet de leur conversation.
En l’occurence, le mec par lequel elle se faisait sauter une fois sur deux avant de mettre le grappin sur Damon. OK, leur union était sous le joux d’un marché juteux en plus de l’autorité d’un papa à la limite du mafieux, mais si Megan pensait pouvoir avoir une influence positive sur Jo, cette dernière pensait que devenir une moitié d’honnête-femme l’aurait vaccinée de fourrer son nez là où ça ne sentait pas la rose. Seulement, il suffisait d’un message de son amant pour qu’elle y replonge sans hésiter, bien que pour l’instant, elle jouait encore à la fausse ingénue en prétendant que ça ne lui faisait rien. Le jour de son mariage, à quelques minutes à peine de se faire passer la bague au doigte, elle lui avait donné l’impression que ça lui faisait quelque chose pourtant. Jo la regarda par-dessus sa rangée de faux-cils "Tu joues à être débile, ou c’est naturel?" qu’elle lui demanda sans mâcher ses mots "Je croyais que t’étais du genre à savoir comment fonctionne les mecs, à agir comme des petits garçons dès qu’on leur vole leur jouet préféré et à vouloir le récupérer de force." La comparaison était un peu réductrice, mais Megan ne pouvait pas ne pas comprendre les intentions du type en question; elle n’était plus disponible, ça ravivait un interdit et le plaçait dans le rôle de celui qui pouvait la chasser jusqu’à ce qu’elle se sente trop faible pour flancher et se laisser tirer comme un lapin pris dans les phrases d’une voiture. Et là aussi la comparaison était limite, mais honnêtement, toute cette histoire était limite alors "T’es mariée, meuf. Ça représente un nouveau challenge pour lui. C’est plutôt malin de sa part de rappliquer maintenant, quel bâtard." qu’elle laissa filer avec un sourire aux coins des lèvres, saluant le machiavélisme du jeune homme non sans avoir envie de lui faire face pour lui arracher ses brunes à coup de canines — c’était graphique, mais ça faisait son petit effet dans son imagination, et c’était foutrement satisfaisant.
"Fous-toi de ma gueule, bien sûr que tu sais." Elle l’imaginait, Meggy-Meg, à lire à la seconde le message qu’il lui avait envoyé en prenant le temps de s’imprégner de toutes les syllabes qu’elle voyait défiler sous ses yeux, et faisant exprès de vouloir laisser passer un certain laps de temps valide à ses yeux avant de lui répondre. Jo était une femme, elle savait comment elles réagissaient dans ce genre de moments, quand bien même elle faisait partie de la catégorie des femmes fières et fortes "Mouais, d’entendre ce qu’il a à te dire… ou de le laisser te désaper à la seconde où vous serez dans un endroit confiné." Elle roula des yeux, continuant à marcher jusqu’à la sortie et adressant un signe de tête à Duran, l’agent de sécurité tandis que Megan se défendait de ne rien avoir promis à son soi-disant époux "Peut-être que t’as rien promis à Damon, mais l’autre… il a pas promis un truc à sa femme? Ou alors c’est un mariage de convenances pour lui aussi?" Un air de lui faire comprendre que vivre comme étant l’autre femme n’avait rien de gratifiant bien au contraire — elle vivrait toujours dans l’ombre, et elle n’était pas tellement faite pour ça, Megan. Quand elles arrivèrent à l’extérieur, Jo lui lâcha le bras en haussant les épaules "M’enfin, j’imagine que ce que j’ai à en dire, c’est pas vraiment ce pourquoi tu m’en parles. Tu tiens juste à te donner l’impression de peser le pour et le contre quand tu sais en fait que tu vas finir par craquer." Elle n’arrivait pas à croire qu’elle allait prononcer les paroles qui sortirent de sa bouche à ce moment-là, son regard se posant sur elle sans chercher à rien d’autres que la regarder avec un sérieux étonnant de sa part "Fais ce qui te fait plaisir, c’est toi qui vois ce que t’es capable de supporter." Et pour ce que ça englobait de vouloir bien se conduire avec son faux-mari, elle était la seule à pouvoir le déterminer.

don't let me be misunderstood
Megan Williams & @Jo Carter

« Tu joues à être débile, ou c’est naturel ? » Elle en tout cas, je n’ai pas besoin de lui demander si elle joue à être désagréable ou si c’est naturel : plusieurs années à la côtoyer ainsi que les vingt dernière minutes confirment la théorie qui dit que c’est innée chez elle, une sorte de seconde nature. Je ne suis pas une femme naïve. Je ne suis pas de celles que l’on peut bercer d’illusions dans le simple but de les mettre dans notre lit. Pour autant, je suis perdue lorsque je dois mettre des mots sur ma liaison : Scott et moi ne sommes pas que des amants, mais nous ne sommes pas un couple et encore moins deux amoureux. Mais je nous pensais au-dessus de ce genre de jeux malsains. « Je croyais que t’étais du genre à savoir comment fonctionnent les mecs, à agir comme des petits garçons dès qu’on leur vole leur jouet préféré et à vouloir le récupérer de force. » - « C’est pas mon mec. Mais ça faisait trois ans qu’on se fréquentait, j’espère que je suis plus qu’un jouet à ses yeux. » Même si, dans le fond, je sais que l’analyse de Joséphine est la bonne. « T’es mariée, meuf. Ça représente un nouveau challenge pour lui. C’est plutôt malin de sa part de rappliquer maintenant, quel bâtard. » Je reste silencieuse mais je n’en pense pas moins et, surtout, je n’oublie rien de ce que la brune avance puisqu’elle plante la graine du doute dans mon esprit. Est-ce donc ça ? Scott s’était-il lassé de moi et, à présent que je ne suis plus disponible, suis-je devenue un nouveau challenge ? Un jouet sur lequel on aurait fait la poussière ? Je n’aime pas cette idée et, s’il y a peu de chance que je résiste à l’envie de lui répondre, nul doute que je saurai lui poser les bonnes questions.

« Fous-toi de ma gueule, bien sûr que tu sais. » D’ailleurs, Jo en a parfaitement conscience et elle me connaît assez pour pouvoir avancer que je n’apprends pas de mes erreurs et que je n’en fais qu’à ma tête. « Si tu crois que je me fous de ta gueule à chaque fois que je me confie, la communication va devenir compliquée entre nous. » Je lève les yeux au ciel un poil trop théâtralement, et le sourire que je tente de masquer en dit long sur le fait que je ne prends pas réellement mal sa remarque. « Mouais, d’entendre ce qu’il a à te dire… ou de le laisser te désaper à la seconde où vous serez dans un endroit confiné. » - « J’ai un peu plus de vertu que ça. » Elle est déjà prête à se foutre de la mienne, de gueule, et prête à clamer le contraire. « J’ai un peu plus de fierté en tout cas. » Heureusement que je ne lui ai pas précisé le contenu du message. Face à ce, ”Megan, maintenant” de Scott, Jo aurait réagi en clamant qu’il considère que je suis à sa disposition, prête à me faire sauter lorsqu’il en ressent le besoin. « Peut-être que t’as rien promis à Damon, mais l’autre… il a pas promis un truc à sa femme? Ou alors c’est un mariage de convenances pour lui aussi ? » - « C’est pas une nouveauté ça. »  Et pour être honnête, cela ne m’a pas empêchée de coucher avec lui toutes les semaines, parfois plusieurs fois, depuis trois ans. « C’est peut-être dur à concevoir pour toi, mais j’ai jamais attendu de lui qu’il la quitte. » Je ne fais pas partie de ces maîtresses qui mettent la pression à leur amant pour qu’il demande le divorce. « M’enfin, j’imagine que ce que j’ai à en dire, c’est pas vraiment ce pourquoi tu m’en parles. Tu tiens juste à te donner l’impression de peser le pour et le contre quand tu sais en fait que tu vas finir par craquer. » - « Ce serait mal ? » Elle lâche mon bras, et moi j’indique du bout du doigt la direction à prendre pour rejoindre le SPA que j’ai choisi pour ce soir. « Sois honnête avec moi. De ton point de vue à toi, ce serait mal ? » Si on oublie la gourde avec laquelle il est marié. Je me moque bien de cette femme, je ne m’intéresse qu’à moi, ma fierté, ma vertu, et mon étrange mariage et ce qu’il implique.

« Fais ce qui te fait plaisir, c’est toi qui vois ce que t’es capable de supporter. » C’est peut-être la meilleure conclusion, la seule qu’elle peut m’apporter mais celle qui ne m’arrange pas vraiment : j’aurais aimé qu’elle me dise que, quoi que je décide, les conséquences seront gérables. J’aurais aimé qu’elle me raconte des salades parce que je suis douée pour me voiler la face, surtout lorsqu’on m’encourage. « T’es chiante avec tes principes. » Je lui donne un coup de coude amical, avant de tourner à nouveau la tête dans sa direction. « Y’a pas de raison que je sois la seule source de distraction de cette amitié. Et toi ? Commence par me parler de la belle gueule avec laquelle t’es venue au mariage. » J’ai juste promis de ne plus rien ajouter sur Charlie : je n’ai pas prétendu que je ne jouerai plus les curieuses.