@Isaac Jensen - 16 janvier 2022
Voilà maintenant six jours que j'étais enfermé dans cette chambre d'hôpital, ma maison commençait à me manquer. Mes déplacements étaient toujours aussi difficile et j'avais remarqué l'apparition d'ecchymose et d'hématomes sur mon corps. Le plâtre sur ma jambe m'apparaissait de plus en plus insupportable, sauf que je ne pouvais faire autrement que de prendre sur moi afin de guérir le plus rapidement possible. J'avais encore du mal à comprendre les circonstances de mon accident de voiture. J'avais des flash qui faisait surface de temps à autre, mais rien de concluant et surtout rien qui puisse éclaircir les questions que la police m'avait posées. Mon téléphone portable n'avait toujours pas été retrouvé et je commençais à me dire qu'il ne le serait jamais, heureusement que j'avais toujours un cahier avec les numéro à la maison. Il me permettrait au moins de reprendre contact avec des personnes importante de ma vie.

Assise sur le lit, je soupirais légèrement. Je n'avais pas vu Keïla depuis que je l'avais laissé chez mes parents et bien que j'avais eu des nouvelles avec le téléphone de la chambre, le manque commençait à grandir. Je ne pouvais pas cesser d'espérer qu'elle allait me faire une surprise pour cette journée si particulière et pourtant, une part de moi-même, la plus réaliste, n'y croyais pas du tout. J'attrapais les béquilles posaient sur le bord du lit et je me redressais, essayant de m'occuper l'esprit afin de ne pas trouver cette journée trop longue. Je me dirigeais vers la salle de bain de la chambre, j'allumais la lumière avant de regarder mon reflet dans le miroir. J'avais quelques traces qui pouvaient trahir la violence de l'accident, mais dans l'ensemble j'avais eu beaucoup de chance. Est-ce qu'on pouvait penser que j'avais eu un ange gardien ce jour-là ? Je soupirais une nouvelle fois avant de fouiller dans la petite trousse de toilette que ma mère m'avait apporté quelques jours plus tôt, ne voulant pas choquer Keïla elle avait fait le choix de venir seule. Comme toujours, ma mère avait pris la décision sans me consulter ou même me demander mon avis. Je n'avais, cependant, opérer aucune remarque à cela n'ayant pas envie de me battre.

Je glissais le pinceau de maquillage sur mon visage pour finir d'étaler la poudre. J'étais plutôt satisfaite d'avoir été en mesure de cacher les marques disgracieuses de mon visage et ainsi paraître totalement normale. C'était surement stupide de penser ainsi, mais s'était bien la seule chose que je pouvais faire de mes journées. Le bruit de la porte de la chambre me tira de mes pensées et je récupérais les béquilles pour regarder de qui il s'agissait. Je sortais de la salle de bain avant de tomber nez à nez avec lui, "Isy ?!" Je le regardais un instant essayant de ne pas pleurer et pour cacher toute ma détresse, je venais sourire. "Je ne pensais pas que tu étais de retour..."

Penny et moi avions pris la route quelques jours avant la Saint Sylvestre en vue de passer ces festivités avec les parents et le frère de cette première, dans sa ville natale. Ce séjour d'un peu plus de deux semaines au sein de la petite ville côtière avait pour objectif de passer des vacances loin de notre train-train quotidien de Brisbane, tout en permettant à Penny de passer du temps de qualité avec ses proches. Par la même occasion, j'étais en mesure d'en apprendre davantage sur ses parents et son frère, tout comme la ville au sein de laquelle elle avait grandi.

Ce séjour à Torquay nous avait également permis d'annoncer la grossesse de ma petite amie à nos parents respectifs, lors d'un repas. La nouvelle avait été accueillie avec surprise mais également bienveillance, quand bien même Penny et moi ne formions un couple que depuis quelques mois. Même si l'arrivée de notre futur enfant n'avait pas été planifié, j'en étais pour ma part aussi ravi que confiant depuis que nous avions décidé de devenir parents. Désormais, d'ici juillet 2022, nous aurons la chance d'accueillir un petit être, à la fois elle et moi, et je trépignais d'impatience à l'idée de le rencontrer et démarrer cette nouvelle aventure.

Toutefois, une bouleversante rencontre était survenue à Laidley. Une découverte des plus inattendues, comme si l'univers se plaisait ces derniers temps à concocter les surprises les plus ébranlantes les unes que les autres. Non seulement avais-je appris que mon ex, Lucy, était la voisine des parents de Penny, mais également qu'elle n'avait jamais véritablement avorté de notre enfant. Ainsi, j'apprenais être père d'un enfant de trois ans. J'étais révolté d'avoir été tenu à l'écart toutes ces années de mon fils et par conséquent, de ne constituer qu'un vulgaire inconnu à ses yeux alors que j'avais tant souffert lorsque Lucy m'avait confirmé avoir mis un terme à sa grossesse. Je me sentais trahi et privé d'un rôle que j'avais rêvé d'endosser et dorénavant, un nouveau challenge s'installait. Il me fallait concilier cette situation déroutante avec Jude avec le reste de mon quotidien, ce qui ne s'annonçait pas être des plus évidents.

Alors que nous nous préparions à quitter Torquay, je recevais un message de Ian m'informant de l'accident de la route auquel Phoebe était associée. Mon teint vira spontanément au blême, mon sang ne fit qu'un tour, mon cœur manqua un battement et je demeurais immobile alors que les mots percutaient violemment ma boîte crânienne. Je m'imaginais rapidement le pire tandis que les prochains messages me rassuraient un peu sur l'état de ma sœur. Je m'asseyais sur le rebord du lit, jambes en coton, apprivoisant peu à peu cette nouvelle qui m'avait brusquement pétrifié. Heureusement, Pheebs semblait ne pas se trouver dans un état trop sérieux, même si elle demeurait hospitalisée. Je me promettais de lui faire la surprise de lui rendre visite au centre hospitalier quand je serai de retour à Brisbane, ce qui ne serait qu'une question d'heures maintenant.

Il me fallut peu de temps pour dénicher la chambre dans laquelle ma cadette avait été installée. Armé de quelques présents que j'avais pris soin d'acheter, je tapotais à la porte de sa chambre. Heurté à un silence, je me permettais de me glisser à l'intérieur de la pièce, question de constater si la Jensen l'occupait toujours. Peut-être avait-elle obtenu congé ? Ma gorge se serra légèrement quand j'aperçus la jeune mère, brinquebalant sur ses béquilles, s'extraire de la salle de bain, bien je lui offrais un sourire sincère. "Isy ?! Je ne pensais pas que tu étais de retour..." Mon rictus se voulut plus sincère, alors que je charriais : "T'as cru que j'allais louper ton anniversaire, vieille branche ?" J'embrassais doucement la joue de ma sœur. "Joyeux anniversaire, Pheebs," je lui souhaitais. "Comment tu te sens ? Qu'est-ce qui s'est passé ?" Tu m'as fait une des peurs de ma vie je me retenais de gronder.

@Isaac Jensen - En sortant de la salle de bain, je ne pensais pas me retrouver nez à nez avec mon frère. Je n'avais pas imaginé qu'il était rentré de ses vacances et surtout qu'il viendrait me rendre visite. Je remarquais qu'en plus, il n'était pas en tenue professionnelle, s'était donc qu'il venait en simple visiteur. "T'as cru que j'allais louper ton anniversaire, vieille branche ?" Je le fixais un instant surprise par cette remarque, "Vieille branche ?! Comment ça vieille branche ?!" Je levais la béquille pour venir lui donner un coup dans les flancs, "Tu sais ce qu'elle te dis la vieille branche !" Je riais légèrement avant de reprendre appuie sur la béquille, "Joyeux anniversaire, Pheebs," Je secouais la tête, "C'est ça ! Fait toi pardonner donc !" Je lui tirais la langue avant de sourire. J'étais contente de le voir et qu'il soit venu me tenir un peu compagnie, il fallait dire que le temps était terriblement long ici. "Comment tu te sens ? Qu'est-ce qui s'est passé ?"

Je retournais vers le lit pour m'asseoir dessus et me soulager un peu, je soupirais légèrement. "En faites, j'ai voulu voir pourquoi vous passiez autant de temps ici...Je dois dire que j'ai pas encore trouver la réponse...Faut être honnête, on s'emmerde cruellement ici..." Je le regardais avec sérieux avant de sourire et de rire une nouvelle fois. Cela avait été trop tentant de l'embêter avec ça. "Non plus sérieusement...Je ne sais pas ce qui s'est passé en réalité...C'est le trou noir ! Je me souviens avoir embrassé Keïla et prendre la route pour rentrer à Brisbane. J'étais concentré sur la route et puis plus rien...J'ai ouvert un oeil et j'ai vu la voiture dans un sale état...Je pouvais plus bouger mes jambes le volant me bloquer complètement. J'ai vu les lumières des ambulances, j'ai entendu des brides de conversation...La police est passer pour prendre ma déposition et ils m'ont assurés mener l'enquête, ils m'ont dis qu'ils avaient des choses étranges sur mon véhicule." Je haussais les épaules, "Mais pour l'instant j'en sais pas plus..." Je faisais toujours attention à entretenir ma voiture et je n'avais pas vraiment compris de quoi ils m'avaient parler, cependant, je faisais confiance aux forces de l'ordre.

"Ils ont aussi demandé tout un tas de test sanguin et autre...Ils m'ont dit que s'était la procédure. Ils ont surement dû croire que j'étais alcoolisé ou drogué...Sinon outre le fait que j'ai une jambe dans le plâtre, que ça me dérange particulièrement pour dormir, que certaines infirmières sont pas très sympathique...Et heureusement que certains remonte le niveau d'ailleurs...je vais bien ! Et toi ? Comment se sont passées tes vacances ? Vous avez bien profité avec Penny ?" J'interrogeais curieuse d'en apprendre plus et surtout de me changer un peu les idées avec autre chose que mon accident de voiture. J'en avais marre qu'on me parle uniquement de ça. Notre mère était championne pour s'en charger personnellement.

Le regard interloqué que m’adressa Phoebe lorsque je la qualifiais de vieille branche insinua un sourire à la fois narquois et satisfait sur mes lippes. « Vieille branche ?! Comment ça vieille branche ?! » Je ne pus m’empêcher de rire alors qu’elle me menaçait de sa béquille, tapotant mon flanc. « Tu préfères vieille biquette ? » Je saisissais le bout de son arme de fortune pour ne pas qu’elle perde l’équilibre dans sa vengeance, puis la dégagea lorsqu’elle la reportait au sol, ma cadette me donnant un peu l’image du jeune faon qui apprend à se maintenir en équilibre sur ses longues pattes. « Tu sais ce qu'elle te dit la vieille branche ! » « Qu’elle est encore moins menaçante présentement ? » Je tentais, joueur, avant de déposer un baiser affectueux sur la joue de mon interlocutrice et lui souhaiter un joyeux anniversaire. « C'est ça ! Fais-toi pardonner donc ! » J’affichais un rictus malicieux, commentant avec insolence un « évidemment » avant de m’intéresser plus sérieusement à l’état de la trentenaire.

« En fait, j'ai voulu voir pourquoi vous passiez autant de temps ici... Je dois dire que j'ai pas encore trouvé la réponse... Faut être honnête, on s'emmerde cruellement ici... » Je levais doucement les yeux au Ciel, m’adossant au mur faisant face à Phoebe qui venait de prendre place sur son lit. « C’est parce que tu ne fais pas encore partie du club VIP, » je narguais. Bien que je reconnaissais que le temps pouvait être affreusement long au centre hospitalier lorsqu’on y était soigné, y ayant moi-même effectué quelques séjours en qualité de patient, il demeurait toutefois une usine à occupations et préoccupations pour les salariés, véritables fourmis de cette entreprise de santé. « S’il n’y a que ça, je peux te trouver du taff, j'aime bien exploiter les patients, »je proposais ainsi avec taquinerie. « Non plus sérieusement... Je ne sais pas ce qui s'est passé en réalité... C'est le trou noir ! Je me souviens avoir embrassé Keïla et prendre la route pour rentrer à Brisbane. J'étais concentrée sur la route et puis plus rien... J'ai ouvert un œil et j'ai vu la voiture dans un sale état... Je pouvais plus bouger mes jambes le volant me bloquait complètement. J'ai vu les lumières des ambulances, j'ai entendu des brides de conversation... La police est passée pour prendre ma déposition et ils m'ont assuré mener l'enquête, ils m'ont dit qu'ils avaient des choses étranges sur mon véhicule. Mais pour l'instant j'en sais pas plus... » Je fronçais les sourcils, intrigué par le récit de ma cadette, que je visualisais à mesure de ces paroles. « Des choses étranges ? Étranges comment ? » Je répétais, surpris. Y avait-il eu un dysfonctionnement soudain avec le véhicule de ma cadette qui lui avait provoqué cet infortuné accident ou quelque chose l’avait-elle percutée de plein fouet ? Non seulement Phoebe prenait soin de la sûreté de son automobile, mon père et moi-même nous assurions aussi régulièrement qu’elle ne courrait pas de risque avec son bolide. « Tu penses que tu as heurté un kangourou ou un autre animal du genre ? Ou tu as perdu le contrôle de ta voiture et as quitté la route ? » Je sollicitais davantage de renseignements. « Le choc a été violent dans tous les cas, » je remarquais avec compassion, constatant les blessures de mon interlocutrice et considérant qu’elle avait perdu connaissance selon son récit. « Tu n’es pas trop en souffrance ? » Je m’inquiétais. « Keila est chez les parents ? » Je poursuivais. « Tu sais ce qui a été fait de ta voiture ? » Je m’intéressais, certain que j’irais y jeter un œil si jamais celle-ci était accessible.

« Ils ont aussi demandé tout un tas de tests sanguins et autres… Ils m'ont dit que c'était la procédure. Ils ont sûrement dû croire que j'étais alcoolisée ou droguée… Sinon outre le fait que j'ai une jambe dans le plâtre, que ça me dérange particulièrement pour dormir, que certaines infirmières sont pas très sympathiques… Et heureusement que certains remontent le niveau d'ailleurs… Je vais bien ! » J’aurais bien aimé avoir été une petite souris pour en connaître davantage sur la prise en charge de ma sœur aux urgences. Ian avait certes pu m’informer à distance de certaines choses, cela n’était pas identique à constituer un témoin direct. « Bon, tant mieux alors, si ça va malgré tout. S’il y en a qui sont trop pénibles, n’hésite pas à me dire, j’irais leur toucher un mot. » Je proposais. Je savais qu’il était loin d’être une tâche aisée de garder sa bonne humeur dans le cadre de notre métier, mais je me doutais que Phoebe n’était pas une patiente difficile ; je soupçonnais qu’elle pâtissait plutôt des comportements désagréables d’autres personnes. Je n’irais pas me prendre la tête avec mes collègues, ni les traiterais de quelconques noms d’oiseaux, mais j’étais confiant de pouvoir tirer quelques attitudes au clair ou insinuer de la sympathie dans le traitement de ma cadette, surtout lorsque j’étais moi-même apprécié au centre hospitalier. « Et toi ? Comment se sont passées tes vacances ? Vous avez bien profité avec Penny ? » Le sourire que j’affichais pendant que Phoebe relativisait sur son état disparut quand elle me questionna sur mes toutes récentes vacances. Je sentais mon cœur se serrer immanquablement, les tracas afférant à mon nouveau rôle de père et aux difficultés que nous rencontrions avec Penny revenant en puissance dans mon esprit. « Oui, c’était bien, » je répondais sobrement, avant de tirer une chaise afin de m’y asseoir. « Ça m'a permis de découvrir Torquay et Penny avait organisé des activités vraiment sympas, puis sa famille et ses amis d’enfance sont très agréables. On a passé de très bons moments, » je reconnaissais. J'aimerais tellement toutefois me concentrer uniquement sur le positif, mais la vérité était qu’une quantité faramineuse d’événements, de paroles et d’inconnues me pesaient considérablement, obscurcissant mes états d’âme et me provoquant exponentiellement de l’angoisse et des insomnies. Je m’efforçais d’étouffer néanmoins mes propres démons, je ne m’autorisais pas à défaillir ou à me démotiver quand je priorisais le bien-être de mes proches et souhaitais leur apporter un soutien indéfectible. J’inspirais profondément, relevant le regard vers la brune qui m’observait, interrogative. La Jensen me connaissait bien trop pour ne pas avoir deviné que je m’appliquais présentement à de la rétention d’informations. « J’ai découvert que Lucy était la voisine des parents de Penny, » j’informais. Si Phoebe ignorait les troubles mentaux dont je souffrais, comme mes parents et mon frère, et le fait que j’avais attenté à mes jours suite à ma rupture avec mon ex-fiancée, elle avait connaissance que notre séparation avait composé une épreuve très difficile à surmonter pour moi. « Et qu’elle y élève notre fils. » S’il ne me paraissait pas y avoir de moyen idéal pour déclarer une paternité fraîchement découverte à mes proches, je ne m’attendais assurément pas à l’annoncer dans ce contexte non plus. Un rictus fendit ma joue alors que ma mine s’assombrissait. J’étais révolté envers mon ex de m’avoir caché l’existence de cet enfant, tout comme j’avais le cœur brisé d’avoir manqué plus de trois ans de la vie de ce dernier.

@Isaac Jensen - Lorsque mon aîné était entré dans la chambre, j'avais été surprise de le voir. Je n'avais pas imaginé qu'il puisse venir me voir directement après son voyage. J'avais envisagé qu'il profite de Penny pleinement pour lui, mais, il était là face à moi. En plus d'être devant moi, je l'entendais me dire que j'étais une vieille branche, il ne perdait donc rien pour attendre. « Tu préfères vieille biquette ? » Je lui tirais la langue avant de retrouver mon équilibre et de me remettre sur les béquilles. « Qu’elle est encore moins menaçante présentement ? » Je levais les yeux au ciel, "Tu verras quand je serais guérit...Crois-moi que je vais pas te louper !" Je souriais avant de m'installer sur le lit pour me reposer un peu. Il fallait être en compagnie des deux béquilles pour comprendre à quel point celle-ci était usante et pas pratique du tout.

J'entendais alors Isy questionner sur ce qu'il s'était passé. J'aurais aimé lui répondre, pouvoir lui donner les détails, mais j'en étais totalement incapable. Alors je préférais plaisanter en premier lieu, je ne voulais pas qu'il pense que cet accident m'avait touché au plus profond. « C’est parce que tu ne fais pas encore partie du club VIP, S’il n’y a que ça, je peux te trouver du taff, j'aime bien exploiter les patients, » Je posais les béquilles contre le lit avant de croiser les bras, "Et bien il serait temps que tu fasse ton boulot et que tu me notifie sur la liste des VIP ! Et je me passerais bien de ton exploitation...Ou plutôt de ton esclavagisme !" Lançais-je avant de rire un peu et d'expliquer plus sérieusement se qui m'avait conduite à l'hôpital. « Des choses étranges ? Étranges comment ? » Je hochais les épaules, "Aucune idée ! Ils ont l'air d'avoir trouvé une piste, mais ne semble pour l'heure pas disposé à m'en parler...Peut-être que tu pourras avoir des informations ?" Je ne savais pas si, les policiers seraient plus disposé à en informer Isy, mais il pouvait toujours tenter. « Tu penses que tu as heurté un kangourou ou un autre animal du genre ? Ou tu as perdu le contrôle de ta voiture et as quitté la route ? » Je secouais doucement, j'avais pas vraiment de souvenir, mais j'étais persuadé d'une chose, "Je n'ai rien heurté, j'en suis convaincu ! Si avait eu un animal j'aurais forcément freiné. Tu connais aussi bien que moi la route de Laidley, c'est impossible de ne pas voir les kangourou qui approchent !" Je l'avais suffisamment emprunté pour savoir qu'on voyait les animaux arriver à des kilomètres. « Tu n’es pas trop en souffrance ? » Je haussais les épaules, "Un peu...Mais d'après le personnel c'est normal...Comme tu dis le choc a été violent et pour l'instant je dois guérir tranquillement...Je suis juste contente d'être dans cette hôpital et pas un autre...Sans ça, les nouvelles auraient été beaucoup plus longue car j'ai perdu mon téléphone. Ils sembleraient qu'il ne soit plus sur la scène de l'accident." Ce que je trouvais étrange d'ailleurs, car je n'étais pas le genre à oublier mon engin quelque part. « Keila est chez les parents ? Tu sais ce qui a été fait de ta voiture ? » Je hochais la tête, "Oui, elle est chez les parents...Mais entre nous, tu pourrais la récupérer ? Maman va la rendre folle à pas vouloir qu'elle me voit." Je souriais un peu, "Pour la voiture, je ne sais pas...Peut-être à la fourrière ?" C'était une information qu'on ne m'avait donné.

Je questionnais ensuite mon frère sur ses vacances avec Penny. « Oui, c’était bien, » Je fixais mon aîné convaincu qu'il avait quelque chose, "Mais ?" Je le regardais s'installer sur la chaise qu'il venait de tirer. « Ça m'a permis de découvrir Torquay et Penny avait organisé des activités vraiment sympas, puis sa famille et ses amis d’enfance sont très agréables. On a passé de très bons moments, J’ai découvert que Lucy était la voisine des parents de Penny, » Je faisais une légère moue à l'annonce de Lucy. Pourquoi fallait-il qu'elle fasse encore chier son monde ? « Et qu’elle y élève notre fils. » Je fixais Isy face à cette nouvelle, j'avais l'impression d'avoir manqué plusieurs épisodes d'un coup. "...Qu...Quoi ?" Je secouais la tête rapidement "..Attends, j'ai pas bien compris ce que tu viens de me dire..." Je tentais de remettre le puzzle en place et je me projetais quelques années en arrière. Lucy et Isy filait le parfait amour fut un temps, mais une ombre s'est inscrite au tableau lorsqu'elle lui a annoncé sa grossesse et surtout son avortement. C'est un sujet que je n'avais jamais réellement abordé avec lui, ne voulant pas ouvrir à nouveau les blessures. "Tu es entrain de me dire, que ce garçon...Serait ton fils ? Ok, qu'est-ce qui le prouve ? Je veux dire outre son âge ? Peut-être qu'elle est retombé enceinte directement derrière et qu'au final, tu n'es pas le père ? Isy, est-ce qu'elle t'a demandé de l'argent pour votre fils ?" Etait-il possible qu'elle soit parfaitement au courant de la relation entre Penny et Isy et qu'elle puisse mettre son grain de sel dedans ? Après tout, elle était peut-être prête à tout pour faire encore du mal à mon frère. Et bien entendu, il était hors de question que je la laisse faire.

Après avoir pris le soin de taquiner comme il se devait ma sœur, je m’intéressais avec sérieux à l’accident dont elle avait été victime. J’apprenais les circonstances décrites comme « étranges » par les forces de l’ordre et formulais les interrogations qui me traversaient spontanément l’esprit, nuancées d’inquiétude. « Aucune idée ! Ils ont l'air d'avoir trouvé une piste, mais ne semblent pour l'heure pas disposés à m'en parler... Peut-être que tu pourras avoir des informations ? » J’acquiesçais lentement, mon intrigue exponentielle face à ce mystère entretenu par la police. L’accident de Phoebe serait-il lié à une affaire louche qui nécessitait d’acter sous le radar pour ne pas en compromettre des pistes ? « J’essaierais d’en savoir plus. C’est la police de Brisbane ou de Laidley ? » Je questionnais, ignorant si ma sœur était plus proche de la ville que du village et qui avait pris en charge son infortunée affaire. Je tentais de visualiser la scène, lui demandant si elle avait heurté un animal qui aurait été la cause de son accident. Sans surprise, Phoebe hochait la tête en signe de dénégation, expliquant : « Je n'ai rien heurté, j'en suis convaincue ! S’il y avait eu un animal j'aurais forcément freiné. Tu connais aussi bien que moi la route de Laidley, c'est impossible de ne pas voir les kangourous qui approchent ! » Je hochais la tête, en accord avec ses propos. De plus, la Jensen possédait un tempérament prudent et n’était pas du genre à prendre le risque de rouler de nuit ou faire beaucoup de vitesse. Mes épaules s’affaissaient, désolé du malheureux événement duquel ma sœur avait été victime et pour lequel elle payait désormais des conséquences. Je lui demandais comment elle se sentait, ses blessures révélant un choc violent. Heureusement, Phoebe était consciente et semblait quand même pouvoir s’en sortir sans séquelles importantes. « Un peu...Mais d'après le personnel c'est normal... Comme tu dis le choc a été violent et pour l'instant je dois guérir tranquillement... Je suis juste contente d'être dans cet hôpital et pas un autre... Sans ça, les nouvelles auraient été beaucoup plus longues car j'ai perdu mon téléphone. Ils sembleraient qu'il ne soit plus sur la scène de l'accident. » Je grimaçais doucement, compatissant. « L’important c’est que tu prennes bien soin de toi, » je soulignais, soucieux que la jeune mère ne se surmène pas et s’accorde le repos nécessaire pour guérir correctement. « Tu as demandé aux parents si jamais ton téléphone n’est pas chez eux ? » Je soumets, bien que cela m’étonnerait que Phoebe ait oublié de prendre son outil de communication avant de quitter le domicile familial. « Je peux t’en prêter un si tu veux, » je proposais. « Et je peux aller te chercher des affaires et de quoi te distraire. Tu as besoin de quoi ? Tu aimerais des choses en particulier ? » Je poursuivais, avant d’aborder le sujet de ma nièce. « Oui, elle est chez les parents... Mais entre nous, tu pourrais la récupérer ? Maman va la rendre folle à ne pas vouloir qu'elle me voit. » Je souris en coin, imaginant bien que notre mère désirait protéger Keila en lui épargnant la vision de sa mère hospitalisée. Néanmoins, l’adolescente n’était désormais plus une petite fille et j’étais persuadé qu’elle pourrait sans grand choc supporter cette scène. De plus, ultimement, Phoebe savait ce qui était le mieux pour sa fille. « Pas de souci. Elle peut rester chez nous, » je m’engageais, persuadé que Penny ne s’y opposerait pas et comprendrait cette situation exceptionnelle. « Puis je pourrais la conduire ici pour qu’elle passe du temps avec toi, » je soumettais. Mon domicile était par ailleurs localisé proche du centre hospitalier et je m’y rendais assez régulièrement pour que ces visites s’organisent rapidement. « Ils t’ont dit combien de temps tu dois rester ici ? Tu as quoi à part ta jambe cassée ? » Je demandais, avant de m’intéresser à la voiture qui témoignerait peut-être davantage de ce qui s’était passé sur cette route. « Pour la voiture, je ne sais pas... Peut-être à la fourrière ? » J’acquiesçais, me promettant d’aller y faire un saut également.

Le sujet de conversation vira sur mon escapade avec Penny à Torquay, que je qualifiais en toute franchise de bon séjour à mon interlocutrice. En aucun cas je ne doutais des excellents moments partagés avec ma petite amie et ses proches à l’extérieur de Brisbane, ils forgeaient indéniablement de précieux souvenirs que je chérissais ; néanmoins, la découverte de ma paternité laissait un arrière-goût doux amer à ce voyage, ce qui devait se lire sur mes traits vu le « Mais ? » que me faisait ma sœur. J’affichais un léger rictus, puis lui annonçais d’une manière assurément atypique qu’elle était tante. A l’expression de Phoebe, je comprenais qu’elle était à la fois choquée et sceptique face à cette information. « …Quoi ? Attends, j'ai pas bien compris ce que tu viens de me dire... » La situation pourrait presque être risible si elle n’était pas si réelle. « Tu es en train de me dire que ce garçon... Serait ton fils ? Ok, qu'est-ce qui le prouve ? Je veux dire outre son âge ? Peut-être qu'elle est retombée enceinte directement derrière et qu'au final, tu n'es pas le père ? Isy, est-ce qu'elle t'a demandé de l'argent pour votre fils ? » Je fixais quelques instants mon interlocutrice, reconnaissant avoir ici en avant-première les doutes et questions que me réserverait ma mère lorsque je ferais cette déclaration à nos parents. Ces deux femmes auraient pu faire écrivaines de thrillers avec leurs déductions catastrophiques. « Ça correspond beaucoup trop bien au niveau des dates, Pheebs. Puis, franchement, vu sa tête quand elle m’a vu, ça voulait tout dire. » Si je n’accordais que très peu de confiance en Lucy, je pouvais difficilement douter de ma paternité. De plus : « Même à lui, c’est écrit sur son visage qu’il est de moi. Tu serais choquée de la ressemblance, » j’ajoutais avec un sourire en coin à la fois tendre et fier. Je tirais mon smartphone de la poche arrière de mon pantalon dans l’objectif de partager quelques clichés de l’enfant à ma cadette. « Elle ne m’a pas demandé de l’argent, et j’ai déjà entamé les démarches pour le reconnaître et avoir l’autorité parentale sur lui, » j’informais en réduisant la distance entre la créatrice et moi. Je lui tendais ensuite mon téléphone pour qu’elle y voie une photo du garçonnet. « Elle a utilisé le prénom qu’on avait choisi. Jude. » Je prenais place sur un espace libre sur le lit d’hôpital, encore décontenancé par cette nouvelle. Ça me tuait si acerbement que Lucy ait gardé ce secret si longtemps et que j’ai été tenu à l’écart de la vie de mon fils pendant plus de trois ans.

Je ne pouvais pas répondre clairement à Isy et s'était particulièrement agaçant. Je ne pouvais pas le faire, non pas parce que je n'en avais pas envie, mais parce que je n'avais aucune idée de l'avancement de l'enquête concernant mon accident. La police était resté évasif sur le sujet m'indiquant simplement qu'ils avaient trouvés des éléments étrange qui ne coïncidé pas avec un accident basique. « J’essaierais d’en savoir plus. C’est la police de Brisbane ou de Laidley ? » Je réfléchissais un instant pour me souvenir de l'officier qui était venu me trouver, "Brisbane je crois bien..." Je posais ma main sur mon front, "J'ai l'impression de perdre la tête...Alzheimer me guette à ce rythme..." Je riais légèrement face à me remarque avant de reprendre mon sérieux et de faire comprendre à mon aîné que je n'avais heurté aucun animal et qu'il était à mon sens impossible que cette théorie soit possible. On connaissait tout les deux la route entre Brisbane et Laidley et la vue était suffisamment dégagé pour voir les animaux de loin. J'indiquais également à Isy que j'avais perdu mon téléphone et que personne ne semblait remettre la main dessus. « Tu as demandé aux parents si jamais ton téléphone n’est pas chez eux ? » Je hochais doucement la tête positivement, "Oui...Aucune trace de lui chez eux...C'est à croire qu'il a réussi à disparaître dans la matrice..." Je commençais sincèrement à me poser des questions sur toute cette affaire. Est-ce que je devais craindre pour moi ? Et pour Keïla ? C'était certainement stupide, mais la police n'avait fais qu'amplifier mon inquiétude. Bien entendu, je me gardais d'indiquer tout ceci à mon frère et je lui demandais simplement de récupérer sa nièce prétextant qu'elle en avait marre de ses grands parents. « Pas de souci. Elle peut rester chez nous, Puis je pourrais la conduire ici pour qu’elle passe du temps avec toi. Ils t’ont dit combien de temps tu dois rester ici ? Tu as quoi à part ta jambe cassée ? » Je hochais un peu les épaules, "Je ne sais pas exactement combien de temps...Il faudrait que je revois ça avec le médecin..." Médecin qui n'était autre que Ian. "J'ai quelques côtes fêlées aussi, mais, ça va c'est supportable !" Lançais-je pour rassurer un peu Isy. Il fallait dire que j'étais quelque peu drogué au tramadol.

Je déviais ensuite la conversation voulant penser à autre chose que mon accident et mes blessures, bien entendu je l'orientais sur le séjour du petit couple. Je l'écoutais attentivement avant d'avoir un léger bug à l'annonce d'un enfant caché. Je ne comprenais pas tout de suite ce qu'il était entrain de m'annoncer et j'avais la sensation que tout ceci était une supercherie inventer par Lucy. « Ça correspond beaucoup trop bien au niveau des dates, Pheebs. Puis, franchement, vu sa tête quand elle m’a vu, ça voulait tout dire. Même à lui, c’est écrit sur son visage qu’il est de moi. Tu serais choquée de la ressemblance, » J'étais sous le choque et je questionnais Isy sur ce qu'elle lui avait demandé. Est-ce qu'elle le faisait chanter ? « Elle ne m’a pas demandé de l’argent, et j’ai déjà entamé les démarches pour le reconnaître et avoir l’autorité parentale sur lui, » J'attrapais l'appareil pour regarder la photo qu'il voulait me montrer et je fus projeter quelques années en arrière en posant mon regard sur ce petit garçon. Je nous revoyais dans le jardin de la maison familial et nos nombreuses bêtises. Je me souvenais notamment de ce fameux après-midi ou nous avions décidés de faire une cabane dans l'arbre du jardin. Nous avions pris des feuilles et des crayons pour faire le plan de la cabane de nos rêves. J'avais insisté pour avoir un tobogan afin de descendre plus rapidement, mais j'avais voulu qu'il est la particularité de pouvoir être remonter pour qu'aucun ennemis ne puisse venir nous embêter. Lorsque je parlais d'ennemis, s'était nos parents ou les petits voisins que je n'appréciais pas réellement. Une fois qu'on avait réussi à se mettre d'accord sur les différentes options de notre cabane, nous étions partie à la recherche de planche en bois dans la remise de notre père. S'était un endroit où nous n'avions pas réellement le droit de mettre les pieds car, il avait tout un tas d'objet dangereux, j'avais d'ailleurs gardé une petite cicatrice sur l'avant bras en me griffant avec un clou. Notre cabane n'avait jamais aboutis, mais nous avions passé un très bon moment à rire et vivre notre vie d'enfant. Finalement, notre père en rentrant avait remarqué les nombreuses planches au pied de l'arbre et alors qu'on avait imaginé prendre une sacrée engueulade, il était partie dans sa remise pour récupérer quelques outils. Il s'était accroupis pour récupérer notre dessin et l'avait étudier pendant un long instant, un instant interminable pour une enfant de cinq ans. Puis il l'avait reposé avant de nous dire que certaines options ne seraient certainement pas évidente à réaliser, mais qu'avec de la patience et du temps nous pourrions surement le faire tout les trois.

« Elle a utilisé le prénom qu’on avait choisi. Jude. » Je sortais de mes pensées pour reposer mon regard sur Isy. "Est-ce que tu es heureux de cette nouvelle ?" Je ne doutais pas qu'il était en joie, il avait toujours voulu un enfant. "Est-ce que tu vas me le présenter ?" Lançais-je finalement en souriant. Si Isy était heureux ainsi, alors je ne pouvais que l'être pour lui et je n'avais pas le droit de juger son choix.

Au fil de mes échanges avec Phoebe, je mesurais le caractère abstrait de l’accident duquel elle avait été victime. Compréhensif et patient, je m’engageais à me rendre au commissariat afin d’en apprendre davantage sur les circonstances de cette catastrophe, souriant avec compassion lorsqu’elle me prévenait : « Brisbane je crois bien... J'ai l'impression de perdre la tête... Alzheimer me guette à ce rythme… » « C’était un choc violent, » je rappelle, soumettant l’hypothèse qu’elle ait pu heurter un animal sauvage, ce que ma cadette réfutait avec raison. Elle m’expliquait avoir perdu également son téléphone portable. « Oui... Aucune trace de lui chez eux... C'est à croire qu'il a réussi à disparaître dans la matrice... » Je grimaçais, proposant : « Est-ce que tu veux que je t’en prête un ? Tu pourras battre tous les records de Candy Crush pour tuer le temps si tu veux, » je faisais, armé d’une dose d’humour.

J’acceptais spontanément d’aller récupérer ma nièce chez mes parents et de l’héberger à mon domicile le temps que ma sœur quitte sa chambre d’hôpital. Je proposais de la conduire au centre hospitalier pour qu’elle passe également du temps avec sa mère, cette offre étant facilitée par le fait qu’il s’agissait également de mon lieu de travail. Je questionnais ma sœur sur la durée de son séjour et l’étendue de ses infortunes, recevant un hochement d’épaules. « Je ne sais pas exactement combien de temps... Il faudrait que je revoie ça avec le médecin… J'ai quelques côtes fêlées aussi, mais, ça va c'est supportable ! » Je souris en coin, sincèrement désolé. « Je pense que ce sera l’histoire d’une semaine gros max, » je conjecturais par mon expérience. Lorsque le traitement contre la douleur que ressentait Phoebe serait acté et qu’elle ne présenterait plus quelconque risque vital ni d'aggravation de ses blessures, considérant son degré d’autonomie, j’imaginais bien que le responsable du service lui donnerait congé, le temps et le repos devenant alors les principaux acteurs de sa convalescence, dont elle devrait abuser à son domicile – et ce à quoi je veillerais personnellement.  La présence de Keila pourrait également devenir un soutien moral et dans certaines tâches du quotidien.

Le sujet de la conversation varia sur mes précédentes vacances à Torquay en compagnie de Penny. Durant ce séjour, j’avais retrouvé de manière inopinée mon ex-fiancée Lucy et découvert par la même occasion l’existence de mon fils, Jude. L’incompréhension, la confusion, la surprise et l’incrédulité vinrent emprunter les traits de mon interlocutrice, qui mit instantanément en doute les paroles de celle qui aurait pu devenir sa belle-sœur. Je tentais d’effacer les soupçons qui avaient été automatiques pour elle mais qui ne m’avaient jamais effleuré l’esprit pour ma part, persuadé de ma paternité. Je tendais à Phoebe mon smartphone sur lequel était affiché un cliché du garçonnet et l’observais alors qu’elle analysait la photographie silencieusement. Après ce qui me semblaient être de longues minutes, je rompais le silence qui me mettait de plus en plus mal à l’aise en l’informant du prénom de l’enfant, qui était par ailleurs celui que nous avions choisi. « Est-ce que tu es heureux de cette nouvelle ? » Un sourire vient derechef se loger sur mes lippes, bien que ses nuances fussent mitigées, et j’acquiesçais à l’affirmative. « Est-ce que tu vas me le présenter ? » La brune m’offrait un sourire, ce qui me rassurait sur ses états d’âmes. « Bien sûr, il ne pourra pas passer à côté de ses tantes ni de son oncle, » j’affirmais. « Je suis vraiment heureux et je l’aime déjà comme un fou. C’est un gamin exceptionnel, il est tellement doux mais vif d’esprit, attentif et malicieux. Il est speed mais il est aussi patient. Bref, je pense que je le vante comme tout bon parent vante ses enfants, » je reconnais avec un sourire, avant que ma mine ne s’assombrisse. « Ce qui me tue c’est d’avoir loupé plus de trois ans de sa vie. J’ai tellement de rancune envers Lucy de m’avoir refusé ce rôle, de m’avoir complètement banni de sa vie alors qu’elle savait pertinemment que je rêvais d’être père et que je me serais spontanément investi dans sa vie. J’ai perdu des étapes de sa vie que jamais je ne pourrais rattraper, et j’ai beau être son père, je suis aussi qu’un vulgaire inconnu pour lui, » je déplorais sur un ton calme et posé bien que mon regard trahissait à quel point mon cœur était brisé face à cette situation. « Je la déteste tellement pour tous ces mensonges. Si le hasard ne l’avait pas voulu, je n’aurais peut-être jamais même su que j’avais un fils, » je constatais avec amertume. « Je ne lui pardonnerais jamais, je prends sur moi pour Jude, mais je ne pourrais jamais lui pardonner tout ce qu’elle a fait, » je soulignais. « J’ai ce sentiment d’injustice que je n’arrive pas à digérer non plus. Je me sens comme un môme, mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que ce n’est pas juste, comme situation. Autant j’aime Jude et je suis heureux de le connaître et qu’il fasse partie maintenant de ma vie, autant le contexte me frustre au plus haut point, »  je confiais sans filtre. J’avais beaucoup pris sur moi ces derniers jours, muni de l’intention de ne pas accabler davantage Penny qui avait déjà beaucoup à supporter et gérer au quotidien. Aujourd’hui, bien que Phoebe ait aussi son lot de malheurs et de préoccupations, je me permettais de lui parler à cœur ouvert et délester un peu l’acide poids de mes épaules. C'était dans les habitudes de notre relation également.