Quand ton ennemi utilise la flèche de sa langue pour te blesser, utilise l'épée de ton sourire pour le tuer
Je me sens mal … Vraiment mal. Je venais d'avoir revu Luke, et surtout je venais de lui avoir parlé, on avait échangé ces mots, ces paroles, qui m'avait horriblement bouleversé. Et je n'arrêtais pas de penser à lui. Après toutes ces années il me faisait encore de l'effet. Et pas de celui que j'apprécie vraiment. J'avais déjà mis des années à l'oublier, et il fallait une seule petite conversation de merde pour que tout s'écroule. J'étais toujours amoureuse quand il est parti, ou tout du moins c'est ce que j'ai voulu me persuader, ou alors que j'avais tout simplement arrêté de le lui démontrer. Tout ça est ma faute, mais l'avouer avait été bien plus difficile que je n'aurais pu le penser, parce que oui j'avais un égo qui avait été brisé par son départ alors que je nous croyais heureux. Enfin, pas vraiment. On n'avait pas du tout réussi à avoir cet enfant qu'on désirait tant. Et aujourd'hui j'avais l'impression que ça se reproduisait. Pas le fait qu'il m'abandonne encore, mais ces crampes douloureuses qui me venait des ovaires. Non … non ce n'est pas possible. Enfin si, mais je n'avais plus eu de fausses couches depuis si longtemps. Pourtant je me protège presque tout le temps pour éviter les maladies, alors pourquoi je serais tombée enceinte ? Ce n'est pas possible ! .. A moins que … Et merde. J'avais vraiment merdé. Et là j'en avais la récompense. Le pire ? C'est que j'étais en plein milieu de la galerie marchande du centre commerciale, ne sachant pas où aller, ne trouvant pas la force de marcher pour aller me chercher les toilettes. Je suis en pleine panique. Je ne sais même pas comment je fais pour réussir à respirer. Tout commence a devenir flou autour de moi, les gens, la chaleur, je ne supporte plus rien, je me sens fondre sous la douleur, j'ai mal, j'ai des crampes terribles mais je n'arrive toujours pas à bouger … Même pas à m'écrouler.
Petite séance de shopping improvisé. En fait, non, pas tant improvisé que cela. Elle avait besoin de récuperer certaines choses au centre commercial pour la rentrée de son petit. Lewis avait hâte de reprendre l'école d'ailleurs. Il n'arrêtait pas de sauter dans tous les sens. Oui, son petit bout de chou grandissait. Il aimait bien l'école. Il était pressé de retrouver ses petits camarades. De leur raconter ce qu'il avait fait cet été. Il était parti en vacances, avec Casey. Mais également avec ses grands-parents. Il s'était bien amusé. Et Casey était ravie, y'avait pas à dire. En tout cas, elle allait donc au centre commercial. Elle avait juste pris une béquille. Elle marchait bien mieux. Elle allait reprendre le travail d'ailleurs. Officiellement, sa mutation, son transfert de Sydney à Brisbane. Elle reprenait la semaine prochaine. Cela ne l'avait pas empêchée, d'ailleurs, d'aller faire un tour au commissariat histoire de se présenter et de voir ses nouveaux collègues. Bon, elle en connaissait certains. Elle avait pu en voir certains en ville, en connaître d'autres par un autre moyen. Enfin, elle n'allait pas se sentir dépaysée. Du moins, pas beaucoup. Elle connaissait le job. Qu'elle soit à Brisbane, à Sydney, ou bien ailleurs, c'était du pareil au même. Ou presque. Enfin, passons. Et revenons-en à ce qui nous intéresse. Cela ne faisait guère de temps qu'elle était rentrée dans le centre commercial. Elle marchait à son rythme. Tranquillement. Sans se presser. Elle n'avait pas besoin de se dépêcher. Elle avait devant elle du temps. Beaucoup de temps. Elle ne récupérait pas son fils tout de suite. Il était avec sa grand-mère. Et si jamais Casey n'avait pas le temps, elle savait très bien que sa mère le garderait plus longtemps. Elle adorait l'avoir. Comme son père également. Elle en vint à sortir son téléphone afin de regarder la liste de courses qu'elle avait. Et des différentes choses qu'elle allait devoir acheter. Mais elle délaissa bien vite tout cela quand elle redressa la tête et qu'elle remarqua une Rebecca ne semblait ... pas être en grande forme. Est-ce qu'elle devait l'ignorer ? Et passer son chemin ? Ou bien venir l'aider ? Est-ce qu'elle pourrait l'aider ? Là était la question. Alors, Casey s'était rapprochée. Elle ne savait pas ce qu'elle pourrait faire, mais qu'importe, elle ne pouvait pas la laisser là, comme ça, en plein milieu de la galerie. "Hé ... faudrait que tu songes à t'asseoir avant de t'écrouler." Elle ne savait pas trop comment elle allait faire pour la mener jusqu'au banc le plus proche mais bon.
Quand ton ennemi utilise la flèche de sa langue pour te blesser, utilise l'épée de ton sourire pour le tuer
Mon corps me faisait mal, et de plus en plus. Je ne savais plus comment faire pour marcher ou même bouger. J'étais comme pétrifié, sentant que mes ovaires étaient en train de pulser et d'exploser. Moi qui avait tant redouter ça. J'aurais du me douter que j'étais encore apte à créer la vie pour la détruire juste après. Rien qu'à cette idée j'avais envie de crier et de pleurer en même temps. Je me sentais aussi mal psychologiquement que physiquement. Je n'eus pas le temps de songer à davantage de choses que j'entendis une voix connue et je tournais à peine la tête vers elle, me sentant de plus en plus fébrile. Si je faisais un pas de plus j'allais m'effondrer. Mais je me devais d'être forte, encore plus face à Casey qui est dans … enfin, qui était dans un fauteuil roulant C'est vrai que tu sais de quoi tu parles … Mais je te croyais cloitrée dans un fauteuil. Disais-je comme pour oublier ma douleur. Me reporter sur elle me faisait penser à autre chose. Du moins je l'avais espéré. Parce que j'avais toujours un mal de chien et je me sentais de plus en plus faible, sentant mes forces m'abandonnaient plus les secondes passaient. Je devais m'asseoir et le banc le plus proche j'étais incapable de le voir. Alors mes jambes me lâchèrent et je me laissais m'écrouler par terre, fesses les premières et restais tout de même droit jusqu'à ce que mon ventre crie de nouveau. J'avais besoin d'aide et j'étais encore affreuse avec la seule personne qui a daigné venir « m'aider ». Mais comment le pouvait-elle ? Est-ce que tu pourrais me … me dire où se trouve un banc ? Ou appeler directement la sécurité ? De nouveau une douleur et je me crispais en avant pour finalement m'écrouler de tout mon long par terre tellement la douleur devenait de plus en plus affreuse. Valait mieux qu'elle appelle la sécurité du centre commercial, au moins ils pourront m'emmener à l'infirmerie.
Là, pour le coup, oui, elle regrettait quelque peu de ne pas être dans son fauteui roulant. Parce que ça aurait été bien plus facile pour retenir Rebecca. Bien plus facile pour éviter que la trentenaire ne se retrouve le cul par terre. Bon, il était vrai que Casey la tenait, pour le moment. Mais cela ne voulait pas dire qu'elle pourrait la soutenir éternellement. Non. Casey était limitée. Elle avait retrouvé ses jambes, c'était un fait. Mais elle n'avait pas pour autant retrouvé toutes ses forces. Elle l'aurait fait, elle n'aurait pas besoin de sa béquille. Bon, oui, y'avait de l'amélioration puisqu'elle n'avait plus qu'une seule béquille avec elle. Au lieu des deux. Mais cela n'était pas suffisant pour autant et elle pouvait très bien s'écrouler, surtout si Rebecca l'entraînait dans sa chute. "C'était le cas, oui. Mais c'était pas de manière définitive et j'me suis toujours dit que j'finirais par me sortir de ce maudit fauteuil." Et elle était plutôt contente, d'ailleurs. Elle était plutôt contente d'être sortie du fauteuil. Tout n'était pas gagné pour autant. Elle pouvait se refaire mal au dos, chuter, ou que sais-je encore. Mais elle espérait que c'était fini et qu'elle ne retournerait plus jamais dans un fauteuil. Elle avait appris, dans cette petite mésaventure, que les jambes était quelque chose de précieux. Un membre du corps très précieux. C'était un fait. Et il ne fallait pas les prendre pour acquis. Car du jour au lendemain, tout pouvait s'envoler. Et ça devait alors compliquer. Casey allait dire autre chose. Mais Rebecca s'effondra. La blonde n'avait pu la retenir et elle était assise par terre. Bon, elle était pas certaine que ça irait mieux pour Rebecca. Mais au moins, elle était assise. Rebecca voulait qu'elle lui montrer un banc. Ou bien la sécurité. "J'crois que j'vais plutôt appeler du personnel médical parce que t'es vraiment pas bien." Casey avait récupéré son téléphone, regardant à droite à gauche, tentant de capter le regard d'une personne qui pourrait ... qui pourrait leur venir en aide. "Vous !" Elle avait pointé du doigt une jeune maman qui promenait son bébé dans une poussette. "Allez chercher un vigile et demandez à ce qu'il passe une annonce pour un médecin." Rebecca s'était carrément effondrée. Elle était couchée par terre. "Vite, vite." La jeune maman était partie à toute vitesse. Casey s'était agenouillée, tant bien que mal, posant également sa béquille au sol. "J'suis sûre que t'aurais préféré que ça soit quelqu'un d'autre qui te vienne en aide mais bon, t'as pas le choix ma grande. Et j'vais rester avec toi." Du moins, jusqu'à ce que le vigile arrive, ainsi que les secours.
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La dernière fois que j'avais vu l'infirme, ça c'était plutôt bien passé bizarrement et je m'étais rappelé de ma camarade qui avait presque failli devenir une amie. Mais à cette époque, comme à il y a pas longtemps, je ne pouvais laisser personne entrer dans ma vie. Mais aujourd'hui je me rendais compte que être toute seule ça n'avait aucun bienfait et je commence à le sentir. Parce que je m'étais sentie liée à la jeune femme. Sûrement parce qu'elle avait souffert autant que moi dans sa vie et ça me faisait du bien d'entendre d'autres histoires triste. Et puis elle ne se laisse pas se blesser facilement, et ça c'est une force de caractère que j'apprécie beaucoup. Mais de là à faire totalement la paix, ce n'est pas dans mes gênes, alors même si je commençais réellement à souffrir du ventre, je ne pus m'empêcher une petite pique, à laquelle elle répondit encore avec cette légère que je respectais. Je souriais légèrement, contente que ce soit une battante et au fond contente pour elle qu'elle s'en soit sortie. Etrange comme sensation, mais je n'avais pas du tout envie de me retrouver seule, encore plus quand je ne tins plus du tout debout et que je me suis mis à m'asseoir, puis à m'allonger. Elle avait sûrement du appeler à l'aide parce que je l'avais vu parlé à quelqu'un, mais rien de plus, je chavirais et ne sentais presque plus mon corps tellement il me lançait des douleurs atroces. J'entendis de nouveau la voix de la blonde me dire qu'elle allait rester avec moi malgré le fait que j'aurais préféré quelqu'un d'autre. Peut-être, peut-être pas. Mais la douleur me faisait juste avoir une grimace, certainement très effrayante, qui m'empêcher de répondre quoique ce soit. Seulement j'avais besoin de soutien et je voulais qu'elle le ressente, alors même si j'y suis allée peut-être un peu violemment, j'ai posé ma main sur la sienne et l'ais serré fort, de plus en plus fort jusqu'à finalement sentir quelque chose entre mes jambes J'ai … je coule … Je ne voulais pas voir, non, je panique clairement de plus en plus de nouveau, je sens que c'est du sang, j'ai déjà senti cette sensation, je sais ce qu'il m'arrive Non … Disais-je dans un cri étouffé et surtout dans les pleurs qui commençaient à s'échapper de mes yeux.
Casey ne savait pas trop ce qui lui arrivait. Mais ça ne semblait pas être bon pour la trentenaire. Pour la femme qui avait été cruelle avec Casey durant de longs moments. Peut-être qu'elle aurait dû passer sa route. Peut-être qu'elle n'aurait pas dû se soucier de Becca et la laisser là, en proie à ... Et bien, en proie à ce qui était en train de lui arriver. Mais quand bien même Rebecca avait été peste avec Casey durant tout ce temps, même si elle avait tenté de lui faire avaler ses dents, si on peut dire cela ainsi, non, c'était pas le genre de Casey. Elle avait besoin d'elle. Et elle n'allait pas la laisser toute seule, là, en plein milieu du centre commercial. Parce que va savoir si y'aurait des personnes assez aimables pour lui venir en aide. Si ça se trouvait, la pauvre Rebecca allait se retrouver toute seule, sans personne pour l'aider. Et elle n'avait pas envie que ça arrive. Alors, oui. Casey se retrouvait à ses côtés. Ca n'avait pas été une mince affaire pour se retrouver à sa hauteur, ça avait été difficile de se retrouver auprès d'elle. Mais elle était là. Et elle ne partirait pas. Pas tant que les pompiers ne viendraient pas. Parce qu'ils finiraient par venir. C'était obligé. Comment ne pas débarquer alors qu'une pauvre femme était là, au sol. Elle était pas agonisante mais elle souffrait beaucoup. C'était un fait. Rebecca en était même venue à lui serrer la main. Enfin, c'était plus du broyage qu'autre chose. La vache. Elle avait une sacrée poigne. Et nul doute que ça devait être pour compenser la douleur qu'elle devait ressentir en ce moment. Et à ce que Rebecca lui disait, Casey comprenait qu'elle était en train de faire une fausse couche. Ou du moins, c'était l'impression qu'elle avait. Mais la policière n'irait pas voir ce qui était en train de se passer entre ses jambes. D'une part parce qu'elle n'était pas médecin. De deux, c'était bien trop intime. Alors, elle n'en ferait rien. "T'inquiète pas ... on va s'occuper de toi." Elle n'était pas certaine de savoir quoi dire ou quoi faire pour la réconforter. Elle ne savait pas si au final elle pourrait garder son bébé ou si ... ou bien, ou si c'était terminé. Elle espérait, honnêtement, qu'elle pourrait avoir ce bébé, que ce n'était pas terminé. Mais Casey n'était pas médecin. Et elle n'avait pas vécu cette situation. Elle avait perdu un bébé, oui, mais elle était inconsciente. Et quand elle s'était réveillée, c'était terminé. Est-ce mieux ? Elle en doutait ? Ce fut à ce moment que des ambulanciers se pointèrent. Un homme et une femme. Casey ne s'était pas détachée de l'étreinte de Rebecca. Elle aurait pu prendre sa main ou bien lui demander de la laisser. Mais elle n'en avait rien fait. Elle était là. Et elle allait rester là.
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La douleur était vraiment encore plus atroce que dans mes souvenirs. Encore plus cette sensation horrible de mouillé qui fait que je sais pertinemment que je suis en train de faire une fausse couche. J'ai autant envie de pleurer que d'envie de crier. J'ai autant la haine que de la peine. Je me sentais désespérée, faible, tout ce que je n'aime pas, et terriblement triste surtout. Mais bizarrement, je ne me sentais pas seule. Ni les premières fois d'ailleurs vu que j'avais Luke avec moi les deux premières fois. Mais là, je n'avais que Casey, ce n'était même pas une amie en fait, mais je ne me sentais pas seule, ni même désespérée à l'idée que ce soit elle. Non, je lui avais pris la main même pour ne pas qu'elle me laisse. A ce moment même je ne voulais personne d'autre, je me concentrais simplement sur ma douleur, ma respiration pour calmer la douleur. Je sentais le malaise arriver, je sentais que j'allais défaillir, mais je me concentrais sur Casey, sur ses paroles rassurantes. Oui on allait s'occuper de moi et ça me tardait, histoire qu'on m'endorme, qu'on m'apaise cette fichue douleur atroce. C'est que j'ai l'impression que c'est la pire des fausses couches que j'ai jamais eu. Je gardais bien comme il faut la main de Casey, même lorsque je voyais les secours arriver. Je ne cherchais même pas à savoir si ça la dérangeait ou non, j'avais bien trop mal pour ça. Je sentais qu'on me transportait, qu'on s'occupait de moi oui, qu'on me déplaçait mais je ne lâchais toujours pas Casey, j'avais besoin de cette attention physique, qu'elle m'apprécie ou non, j'avais besoin d'une présence connue pour me rassurer. Mes paupières étaient totalement lourdes et la douleur me faisait horriblement défaillir. Tellement que j'eus à peine le temps de dire aux gens qui s'occupaient de moi Elle reste … Même en étant totalement fébrile je sentais que j'avais été froide et bien directive. Ils avaient intérêt à m'écouter, sinon, ça allait barder. Enfin, je ne saurais faire grand chose vu que le trou noir arriva presque instantanément.
Fermement, la blonde lui tenait la main. Elle ne voulait pas la lâcher. Casey n'allait pas récupérer sa main de sitôt mais ce n'était pas grave. Si Rebecca voulait qu'elle soit là, et bien, elle resterait là. Elle resterait là jusqu'au bout. Jusqu'à ce que les secours arrivent. Elle se voulait rassurante. Elle essayait de lui faire garder espoir. De la rassurer. Elle se voulait convaincante. Elle aurait pu jouer à sa peste. Lui dire tout le contraire de ce qu'elle venait de lui dire. Parce que Rebecca ne l'avait pas épargnée. Elle avait été garce avec elle. Mais étonnement, Casey n'avait pas envie de faire la même chose. Elle lui tendait la main. A nouveau. La mère de famille ne savait pas pourquoi elle le faisait d'ailleurs. Peut-être que ... Elle n'en savait rien. Peut-être parce qu'elle cherchait à enterrer la hache de guerre avec Rebecca. Une bonne fois pour toute. Ouais, ça serait pas mal. Ca serait même bien. Les ambulanciers avaient fini par se pointer et s'occupaient de Rebecca. "Reculez s'il vous plaît." avait dit l'un d'entre eux à l'intention de Casey. "Plus facile à dire qu'à faire. J'suis un peu limitée dans mes mouvements." Elle lui avait montré la béquille qu'elle avait et le fait également que Rebecca la tenait. Non sans mal, elle parvint à se relever, la main toujours dans celle de Rebecca. Casey suivait tant bien que mal jusqu'à l'ambulance. Fin de son calvaire ? Pas vraiment. Parce que la blonde avait besoin d'elle. Elle n'avait pas envie qu'elle s'en aille. "Désolé, vous ne pouvez pas monter." Casey fronça des sourcils et sortit sa plaque. "Cette femme doit témoigner dans une affaire de la plus haute importance et il est hors de question que je la perde de vue une seule minute." L'ambulancier soupira. Face à la loi, il pouvait pas faire grand chose. Même s'il ne savait pas qu'il venait de se faire avoir. Alors, Casey embarqua dans l'ambulance. Direction l'hôpital.
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Casey était à l'extérieur de la chambre depuis quelques minutes, le téléphone portable plaqué contre son oreille. "Je ne sais pas pour combien de temps je vais en avoir. Alors, si tu pouvais aller chercher Lewis ..." Elle passa une main dans ses cheveux, poussant un léger soupir. "Merci maman. J'passerais le chercher plus tard." Son fils était en sécurité avec sa mère. Elle savait qu'il ne craignait rien. Elle pouvait le laisser là-bas quoi qu'il arrive. "Je te tiens au courant, t'inquiète." Casey raccrocha. Elle finit par repasser la porte de la chambre de Rebecca. Elle était encore dans les vapes. Pour combien de temps ? Casey n'aurait su le dire. Elle n'avait plus qu'à prendre son mal en patience. Et attendre. Elle ne savait pas si ça prendrait longtemps ou pas. Mais elle attendrait.
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Un grand espace. Un verdoyant. Le vent souffle. Mais il ne dérange pas. Les feuilles, les brins d'herbe, tous s'abaissent sur son passage. Sauf lui. Sauf Luke qui se trouve au loin. Je ne le vois pas bien distinctement, mais c'est lui, je le reconnaîtrais entre milles. Mais il n'est pas seul. Il tient la main d'une petite fille toute blonde avec des cheveux longs, très longs qui volent au vent. Je me sens bien, heureuse. Je cours vers eux. Non, ils reculent. Non ! Je cours encore plus vite, ils ne bougent pas mais ils s'éloignent encore plus. Non ! NON ! Mes yeux s'ouvrirent direct, le souffle court, je ne savais plus où j'étais, mais plus rien n'était vert et j'avais mal, mal au bas du ventre. C'est alors que tout me revint en mémoire et j'aperçus Casey à mes côtés. Je devais vraiment avoir une sale tête et j'espérais qu'il n'y ait pas de miroir dans cette chambre de … d'hôpital. Evidemment. Je m'étais évanouie au … où déjà ? Au centre commercial, oui c'est ça. Et Casey était encore là. Pourquoi ? Je n'en savais vraiment rien, mais ça me rassurait de la savoir là, de ne pas être toute seule. Je la regardais, avec un regard assez fuyant qui regardait tout autour de moi. J'avais envie de me lever, de partir loin d'ici. Dis moi que je n'ai pas cette mine atroce que j'ai l'impression d'avoir … Lui demandais-je alors que j'essayais tant bien que mal de me redresser un peu à l'aide de mes bras. Mais j'avais l'impression que toute ma force m'avait abandonné, et mes bras lâchèrent avant même que je n'arrive à me soulever de quelques petits centimètres. Je me sens horriblement pitoyable tout à coup. Je me retrouve des années auparavant, avec ma dernière fausse couche. Et là, les souvenirs remontent, et je sens des larmes rouler sur mes joues. Encore une fausse couche … Comment l'ai-je laissé faire ? J'ai mal, horriblement mal au cœur. Je viens encore de perdre une partie de moi.
Casey avait fini par s'installer dans le fauteuil. De toute manière, elle ne pouvait pas faire grand chose de plus. Enfin si, elle aurait pu partir. Mais quelque chose la retenait. Peut-être la manière dont Rebecca lui avait tenue la main alors qu'elles étaient au centre commercial. Peut-être la manière dont la blonde avait dit aux ambulanciers qu'elle ne voulait pas que Casey s'en aille. Un des deux ... C'était peut-être ça ... Rebecca aurait très bien pu l'envoyer sur les roses. Lui demander de se tirer et de la laisser toute seule. Mais non. Elle avait demandé à ce qu'elle reste. Peut-être que c'était un signe de ... Et bien, qu'il était temps d'enterrer la hache de guerre. Sans doute que ça devait être le cas. C'était une bonne chose à dire vrai. Parce qu'elle ne se voyait pas fâchée éternellement avec Rebecca. oui, elle avait été une véritable peste lorsqu'elles étaient au lycée. Oui, Rebecca avait été horrible avec elle. Mais il était temps, sans doute, de laisser ça derrière elles et de passer à autre chose. Casey avait penché la tête sur le côté. Elle avait regardé en direction de Rebecca. Celle-ci venait d'ouvrir les yeux. Peut-être un peu désorientée. Se demandant où elle était. "Hé, ça va aller." Ou pas. Le médecin n'avait rien voulu dire à Casey. Il ne lui avait pas donné de détails. En même temps, il n'y était pas vraiment autorisé. Elle n'était pas de la famille. On pourrait même dire que toutes les deux, elles étaient des ennemies. Enfin, façon de parler. Mais peut-être que les choses allaient finalement s'arranger, qui sait ? Rebecca lui posa une question. En rapport avec la mine terrible qu'elle avait. Casey eut un hochement de la tête. "J'avoue. T'as un look pas terrible." Elle était pâle. Vraiment pâle à dire vrai. "J'aurais un miroir, j't'aurais bien fait voir. Mais ça risquerait de te foutre la trouille." Pour sûr. "J'vais aller chercher ton médecin. Parce qu'ils ont rien voulu me dire." Non. En même temps, c'était compréhensible. "J'reviens rapidement." Sauf si Rebecca la retenait mais bon.
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A chaque fausse couche que j'ai pu faire, c'est comme si j'avais perdu un bout de moi à chaque fois. Il n'y a rien de plus horrible. Du moins de ce que j'ai pu connaître. Il y avait eu le fait de se faire abandonner, de perdre ma mère qui n'avait pas su être forte, tant de choses dans ma vie auxquelles j'avais pu tourner le dos. Mais ça, non, je n'y arrivais toujours pas à m'y faire. Je pensais tellement que ça ne m'arriverait plus, et voilà où j'en étais. Encore à l'hôpital après avoir fait carrément un malaise. Je ne pensais pas qu'après toutes ses années je me sentirais aussi épuisée d'avoir si mal, et pas seulement physiquement. Mais comme rarement ça m'était arrivée, j'étais cette fois-ci accompagnée. Et pas par ma meilleure amie malheureusement, mais c'était déjà mieux elle que personne. Et je n'ai tellement pas envie de me retrouver seule de nouveau … Comme si je me rendais compte que mon comportement ne me sert qu'à être seule encore une fois. Je n'avais rien trouvé de mieux à dire que j'avais certainement une sale tronche. Bingo, elle était d'accord avec moi. Mais elle voulait aller me chercher le docteur. Une légère panique m'envahit et me redressais encore un peu plus Non ne te donne pas cette peine, je sais très bien ce qu'il va me dire. Que j'aurais du prendre mes précautions, après tout ça fait des années que je sais que je ne suis capable de faire que des fausses couches … Disais-je en finissant par baisser le regard. Je n'avais pas eu tant de mal à dire ça à Casey, tout simplement parce qu'on avait partagé ce même sentiment la dernière fois, et ça fait bizarre de partager quelque chose qui est sensé rapprocher avec ma meilleure ennemie. Mais aujourd'hui c'est bel et bien ce qui nous rapprocher et pour une des rares fois dans ma vie, je n'ai pas envie de l'en éloigner.
Même si avec Rebecca le courant ne passait pas, même si elles n'étaient pas les meilleures amies au monde, Casey s'nquiétait pour son ennemie de toujours. Enfin, elle n'était plus certaine qu'elle pouvait considérer Rebecca comme étant sa némésis. Mais oui. Y'avait des progrès, pour sûr. De là à ce que tout devienne rose du jour au lendemain et qu'elles soient les meilleures amies au monde, ouais, on n'en était pas encore là, c'était un fait. Mais un jour, peut-être, qui sait ? En attendant, Casey tentait d'arrondir les angles. Elle aurait pu partir, la laisser. Mais elle n'en avait rien fait. Elle avait vu ce regard désespéré qui en disait long avant que la malade ne soit embarquée dans l'ambulance. Et la voir aussi seule ... Aussi désespérée ... La voir avec une telle peur dans le regard, non, la policier n'avait pu se résoudre à l'abandonner. Et maintenant qu'elle était réveillée ? Oui, elle pourrait partir. Mais elle n'en ferait rien. Elle allait rester un petit moment. Sauf si Rebecca l'éjectait. Ce qui était possible vu son mauvais caractère. Oui, Rebecca n'était pas toujours agréable. Elle ne l'avait même jamais été à l'égard de Casey. Elle l'avait toujours repoussée. Lui disant tout un tas de saloperies. Et la trentenaire maman avait pris ses distances. Et maintenant, maintenant, elle était prête à tout oublier. Et repartir sur de bonnes bases. En tout cas, Casesy était prête à se lever pour appeler son médecin. D'ailleurs, elle s'était même levée. Mais Becca n'avait pas envie que quelqu'un débarque dans sa chambre. Elle savait déjà ce qu'on lui dirait. Des excuses, encore et encore. Et un bébé de perdu. Encore un. Casey comprenait aisément qu'elle était déjà passée par là. D'ailleurs, elles en avaient brièvement parlé, la dernière fois, lorsqu'elles étaient au bar et que Becca était désagréable. "Je ne te ferais pas l'affront de te dire que je suis désolée ou que je comprends. Parce que, tu as dû l'entendre souvent, non ?" Casey s'était assise et elle avait pris la main de Rebecca. Elle ne pouvait pas faire grand chose de plus. Cette perte, Casey l'avait ressenti, aussi, quand elle avait perdu son bébé dans l'accident. Elle ne pouvait qu'essayer d'avancer. Plus facile à dire qu'à faire d'ailleurs. "Et les médecins ne peuvent rien faire ? Enfin, pas de traitement, d'opération ou quelque chose dans le genre qui permettrait que tu puisses en garder un ?"
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Depuis notre dernière rencontre, je me suis surprise à regretter d'avoir toujours été si désagréable envers Casey. Je savais au début que c'était une femme intéressante, mais le fait qu'elle avait été trop intrusive dans ma vie m'avait fait une peur monstre et je n'avais pu me défendre que par la force de ma méchanceté. Et c'était resté, parce qu'on était plus resté en contact tout simplement, et on avait pas eu d'autres occasions de refaire connaissance. Jusqu'à la dernière fois au bar. Et on avait bien plus de points communs que prévu, c'en était affolant, parce que ce n'est pas sensé être le cas avec ses meilleurs ennemis, ceux que tu adores détester. Mais la revoir aujourd'hui, alors que j'ai encore fait une fausse couche, je n'ai plus envie de la détester. Elle est là alors que personne d'autre ne l'est, je ne peux pas l'envoyer chier, même si l'envie me démange, ou plutôt l'habitude. Mais pas assez pour tout foutre en l'air et que je me retrouve de nouveau toute seule, surtout pendant ce moment horrible. Et encore une fois elle savait quoi me dire pour que je ne l'envoie pas chier. En effet. Lui répondais-je, de façon triste et désespérée tout en posant mon regard sur la fenêtre perdant mon regard dans le vide, alors qu'elle prit à son tour ma main dans la sienne. Je la laissais faire, me sentant soutenu pour une fois, me sentant déjà plus zen. C'est alors qu'elle me posa tout un tas de question sur mon état de santé et sur les pronostics que j'aurais pu avoir par le passé et ça me désespérait rien que d'y penser Non ils n'ont rien pu faire. Je suis juste stérile. Mes ovaires peuvent procréer mais ils se percent en quelque sorte à chaque fois, ce qui fait que je ne peux pas mettre à terme mes grossesses. Et je m'étais fait à l'idée, franchement, j'avais presque tué le gynécologue qui m'avait dit ça, mais j'avais fini par l'encaisser. C'est ce qui avait par la suite détruit ma vie de couple, certes, mais au fur et à mesure que le temps passe, on est forcé de l'accepter et c'est ce que j'ai fait.
Elle aurait aimé lui dire qu'elle était désolée. Elle aurait aimé lui dire que ça allait s'arranger. Que ce n'était qu'une mauvaise passe. Mais encore fallait-il qu'elle arrive à se convaincre elle-même. Et ce n'était pas le cas. Elle savait très bien que ça n'allait pas s'arranger. Enfin, elle espérait que ça soit le cas. Elle espérait que Rebecca puisse aspirer au bonheur un de ses quatre. Mais cela ne semblait pas être pour tout de suite. Semble-t-il. Ou du moins, pas de cette manière. Casey était étonnée. Elle s'était attendue à ce que la blonde la congédie d'un revers de la main. C'était bien son genre d'ailleurs. Elle avait pensé qu'elle l'aurait engueulée. Ou bien, qu'elle l'aurait envoyé paître. Qu'elle lui aurait dit qu'elle n'avait pas besoin d'elle ici. Mais non. Casey était encore là. Avec Rebecca. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Peut-être ... pour arranger les choses entre elles. Parce qu'en quelque sorte, cette épreuve, ça permettait de les rassembler. De repartir à zéro. Et c'était une bonne chose. Et une très bonne chose. Alors, Casey s'était hasardée à lui poser quelques questions. Sur ses problèmes médicaux d'ailleurs. Rien faire. Ils ne pouvaient rien faire. Pas de médicaments. Pas d'opération. En gros, elle ne pourrait jamais avoir d'enfant. Casey prit une mine désolée. Sincèrement. "C'est moche ... J'suis désolée pour toi." Casey se demandait si Rebecca avait déjà songé à l'adoption. Ou une mère porteuse. Certes, si elle avait envie d'avoir un enfant, ça serait les seules possibilités pour en avoir un. "Ca ne me regarde pas. Mais tu as songé éventuellement à d'autres moyens pour avoir des enfants ?" Oui, il était clair que ça ne la regardait pas. Et oui, il y avait de fortes chances pour que Rebecca l'envoie paître. Mais elle tentait. Elle tentait quand même. Comme on le dit, qui ne tente rien n'a rien, non ?
Quand ton ennemi utilise la flèche de sa langue pour te blesser, utilise l'épée de ton sourire pour le tuer
C'était bizarre de me retrouver à discuter calmement avec Casey, mais elle avait considérablement remontée dans mon estime. Mais ça, je ne suis pas forcément prête à le lui annoncer tout de suite, ou même un jour à vrai dire. Ca m'arrache la gorge ce genre de chose. Parce que soyons clair, ça se voit que je l'apprécie déjà un peu plus là non ? Sinon je l'aurais envoyé chier depuis longtemps et elle ne serait déjà plus à mes côtés. Mais je suis faible aujourd'hui et j'ai besoin d'elle. Si ça ne me dérange pas de l'admettre mentalement, ça par contre, il est encore plus improbable que je le lui avoue. De toute façon, pas sûre qu'elle me croit en plus de ça. Je lui annonçais plutôt les idiotes aventures de ma vie qui font qu'elle est désolée. Oui, c'est normal. J'ai horreur de me plaindre, mais pour cette histoire de stérilité je ne peux pas m'en empêcher. C'est vraiment la plus grande des merdes qui puissent arriver. Et Casey semblait d'accord avec moi vu son regard rempli de pitié à mon égard. Non je ne lui en voulais pas pour ça, de toute façon je suis bien trop épuisée pour m'emporter si rapidement. Bien que j'aurais pu y arriver avec la question qu'elle m'avait posé. Je reposais mon regard, entre la perplexité et l'agacement, pour finalement souffler, ne voulant pas perdre de mon énergie à m'énerver Je ne veux pas « des » enfants, je veux mon enfant. Je n'aimerais pas un enfant qui ne vient pas de mes entrailles, et je n'en veux pas, c'est aussi simple que ça. Alors je me suis fait une raison. Tu sais ça fait bien des années que je sais ça … Oui j'avais eu le temps de faire mon « deuil » en quelques sortes pour mes ovaires. Elles ne sont pas productives et ne le seront jamais. J'avais appris à vivre avec cette idée, et ça me convient très bien. Ou presque.
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