because I wanna gonna get through your head, what the mystery man said, because I'm gonna hate to say I told you so, all right! @Emery Dawson

Theo passait de plus en plus de temps au dojo. Etait-ce pour s’entraîner et s’améliorer ? Ou tout simplement pour décharger un trop plein de frustration ? Probablement un peu des deux. Sa relation conflictuelle avec sa mère avait été la première raison pour laquelle elle s’était mise à la boxe. Et puis elle avait tout simplement fini par vraiment prendre goût à ce sport de contact et à tous ceux qui lui permettaient de se dépenser physiquement d’une manière ou d’une autre. Si elle pouvait en plus manier un objet tranchant, c’était du bonus. Mais la boxe restait aujourd’hui encore son sport de prédilection, appréciant de pouvoir s’escrimer et s’essouffler contre un sac de frappe autant qu’elle le voulait, même si sa préférence irait toujours à un vrai combat et à un adversaire en chair et en os qui lui provoquait parfois de belles contusions mais qui repartait aussi en retour avec sa part de bleus et de nez parfois un peu ensanglanté. On avait dit pas le visage ? Oups. Elle avait dû louper la consigne. Elle avait décidé d’épargner un potentiel adversaire aujourd’hui et s’était dirigée mécaniquement vers un sac de frappe. Cela faisait plusieurs minutes qu’elle donnait des coups dedans, l’air concentré et imperturbable. Dans ces moments-là, elle donnait l’impression que le monde autour d’elle n’existait plus. Elle se vidait l’esprit, laissait tous ses problèmes de côté et se débarrassait des dernières traces de colère qu’elle n’était pas parvenue à faire exploser d’une manière ou d’une autre au visage de son entourage. Ces chanceux. Ses gestes étaient précis, nets, sans une once d’hésitation. Seul son sac existait. Alors qu’est-ce qui l’avait poussée à laisser son regard s’égarer le temps de quelques secondes et dévier vers les personnes autour d’elle ? Vers une personne très précise ? S’était-elle inconsciemment sentie observée ? Elle n’en avait rien à faire habituellement. Mais cette fois-ci le regard qu’elle croisa lui fit rater son mouvement, son poing venant brasser l’air au lieu du sac auquel son autre main se rattrapa pour éviter de tomber car cette erreur lui coûta son équilibre. Tout comme ce regard vint instantanément la déstabiliser. Est-ce qu’elle rêvait ? Certainement pas. La colère dont elle venait habituellement se débarrasser en venant dans cette salle était instantanément réapparue pour se loger au creux de son ventre. En même temps qu’une montagne de souvenirs avaient jugé opportun de se rappeler à sa mémoire brutalement. « Tu te fous de moi. » Elle avait murmuré ces mots pour elle-même, alors qu’Emery avait décidé de se retourner et de faire comme si de rien n’était, lui confirmant une bonne fois pour toute son identité. La lâcheté et la stratégie de l’évitement, ça la connaissait. Theo n’en voulait pas de ces souvenirs et de ces images qui s’imposaient à elle. Elle ne voulait pas se rappeler toute l’affection qu’elle avait pu un jour ressentir pour la jeune femme. Elle refusait de se remémorer toutes les fois où elle avait cru sentir son cœur sur le point d’exploser dans sa poitrine à la simple vue de son sourire. Elle rejetait en bloc tous leurs moments de complicité et les dernières minutes qu’elles avaient passées ensemble qui lui avaient littéralement coupé le souffle de la meilleure des manières. Elle ne retenait que son départ soudain, le fait qu’elle ne lui avait donné aucune nouvelle, qu’elle n’avait jamais répondu à ses messages. Elle se souvenait de la profonde détresse qui l’avait envahie et de la rancune tenace qui s’était installée petit à petit pour remplacer tous ces sentiments. Elle aurait voulu pouvoir se montrer parfaitement stoïque en la voyant réapparaître ainsi. Elle aurait aimé pouvoir dire que cela ne lui faisait rien et lui tourner à son tour le dos pour lui signifier le peu d’importance qu’elle avait à ses yeux aujourd’hui. Mais il n’en était rien. Car s’il y avait bien une chose dont elle ne pourrait jamais faire preuve envers Emery, c’était d’indifférence.
Alors évidemment qu’elle n’allait pas tourner le dos et l’ignorer. Evidemment qu’elle allait même faire tout le contraire. Elle se dirigea vers le propriétaire du dojo pour lui glisser quelques mots avant de venir se positionner dans la zone dédiée aux combats. Elle resserra ses gants, un air sérieux et déterminé sur le visage, observant l’homme aller vers Emery pour lui transmettre son message de d’un ton fort et assuré pour que les gens autour l’entendent également, laissant ainsi peu de place à une quelconque échappatoire : « Emery c’est bien ça ? Je crois qu’on vient de t’imposer un trial by combat. » Oui. Parce que Theo avait certainement abusé des épisodes de Game of Thrones. Et aussi parce qu’elle ne savait régler ses problèmes et ses comptes que par l’intermédiaire de ses poings. Et c’est bien ce qu’elle comptait faire une nouvelle fois. Elle était déjà en position  d’attaque -oui, d’attaque, et non de défense- quand Emery mit à son tour un pied sur le tapis. Son regard était plongé dans le sien. On pouvait aisément y lire toute sa rancœur et sa volonté d’en découdre. Hors de question de se laisser défaillir à la vue d’un quelconque sourire cette fois-ci. « Je t’ai manqué Em ? » Pas une once d’hésitation dans sa voix. Pas de pitié non plus.

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Theo l’observa prendre son temps pour se préparer à la rejoindre. Elle n’avait aucune échappatoire cette fois-ci et cette idée la réjouissait tout particulièrement. Si ses yeux avaient été en mesure de lancer des boules de feu, il ne faisait aucun doute qu’Emery serait déjà couverte de quelques brûlures au deuxième degré. Dommage qu’elle ne soit qu’en mesure de faire apparaître quelques bleus sur sa peau. Patiente, Theo attendit qu’elle daigne mettre un pied dans l’espace dédié au combat. Elle avait attendu sept ans avant de pouvoir se confronter à nouveau à elle, elle pouvait bien patienter quelques minutes de plus. « Je devrais te retourner la question. Un trial by combat, sérieusement ? » Elle afficha un sourire faussement innocent avant d’hausser les épaules en guise de réponse. Elle avait un problème avec sa façon de régler ses comptes ? Ça tombait plutôt bien, Theo avait aussi un problème avec la façon qu’elle avait de gérer ses problèmes. Car c’était comment ça qu’elle s’imaginait aux yeux d’Emery : comme un problème, un obstacle dans sa vie qu’elle n’avait pas su ni eu envie de gérer à l’époque. Elle avait passé suffisamment de temps à se demander ce qu’elle avait pu faire de mal pour qu’elle ne lui donne plus aucun signe de vie, surtout après la manière dont elles s’étaient quittées. Rien qui ne pouvait laisser présager un départ définitif. Rien qui avait permis à Theo d’avoir un quelconque sentiment de fin. Elle ne lui avait laissé aucune chance de se préparer à sa disparition, bien au contraire. Les espoirs de l’adolescente qu’elle était n’avaient fait que grandir progressivement les jours qui avaient suivi leur baiser avant de finir par s’estomper pour disparaître définitivement et laisser place à une rancune tenace qui se lisait dans son regard mais aussi dans la crispation de ses doigts sous ses gants. Oui, un trial by combat. Elle était parfaitement sérieuse et elle restait persuadée qu’elle ne méritait pas mieux que ça comme message de bienvenue. « Tu sais, si tu voulais un tête à tête, on aurait juste pu aller boire un café. » « Oh et risquer que tu me poses un lapin ? Non, j’ai cru comprendre qu’il valait mieux en profiter tout de suite tant qu’on t’avait sous la main. » Comme tu as des tendances à t’évaporer dans la nature sans un mot. Etait-elle assez clair ou avait-elle besoin qu’elle précise sa pensée pour bien lui faire comprendre que malgré les années, elle n’avait rien oublié et surtout rien pardonné. Qu’y avait-il à pardonner de toutes façons ? Emery ne s’était jamais excusée et ça n’était certainement pas sept ans plus tard qu’elle allait le faire. Alors oui, elle était prête à en découdre et à avoir cette discussion dans un endroit public et sous le regard de plusieurs curieux. « Ou alors tu aurais pu commencer par me dire bonjour, me demander comment je vais. » Elle secoua la tête, un sourire mauvais se dessinant sur ses lèvres au moment où elle vint frapper ses avant-bras. « Oh excuse-moi, c’est vrai. Raconte-moi donc ce qui s’est passé dans ta vie ces sept dernières années Em. Je rêve de le savoir. » Son ton était un parfait mélange d’ironie et de dédain. Son regard était plus sérieux que jamais alors qu’elle se déplaçait autour d’elle, à gauche, puis à droite, parfaitement campée sur ses appuis, aucune hésitation dans ses mouvements. « Mais tu préfères cogner directement. Tu m’en veux tant que ça ? » Elle envoya son poing droit frapper dans l’épaule d’Emery avec beaucoup plus de force qu’elle ne comptait en mettre initialement. A croire que sa rancune s’exprimait à sa place et que le dosage et la mesure n’étaient pas de la partie ce jour-là. Dommage. Est-ce que ça répond à ta question Em ? « Tu t’attendais à quoi exactement ? Je t’en prie, dis-moi donc comment j’aurais dû réagir. » Pensait-elle sincèrement mériter autre chose que son mépris étant donné la façon dont elle avait décidé de mettre fin à leur…amitié ? Relation ? Elle n’en avait aucune idée. Evidemment qu’elle lui en voulait, et c’était bien là la preuve qu’Emery avait sincèrement compté à ses yeux.

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Theo n’était pas en mesure de réfléchir de façon rationnelle. Parce qu’elle était lancée dans un combat (sans merci qui plus est) et que selon elle la raison n’avait tout simplement pas sa place quand il s’agissait de la boxe. Mais aussi et surtout à cause de l’adversaire qu’elle avait en face d’elle. Cette adversaire là ne lui avait jamais laissé une chance de réfléchir de façon rationnelle. Cela avait toujours été instinctif et d’un incroyable naturel avec Em. Leurs conversations n’étaient jamais forcées, leurs silences étaient tout aussi significatifs que leurs mots et leurs gestes parlaient pour elles sans qu’elles n’aient besoin d’y réfléchir. Theo n’aurait pas été jusqu’à dire qu’elles étaient fusionnelles, mais elles étaient sans aucun doute complémentaires à leur manière très singulière. Alors évidemment que l’indifférence n’était pas de mise quand elle se retrouvait à nouveau face à elle, même sept ans plus tard. L’affection avait été remplacée par la colère et pourtant ces deux sentiments restaient intrinsèquement liés. Elle la détestait aujourd’hui parce qu’elle avait trop compté à ses yeux par le passé. Quelle ironie pour quelqu’un qui revendiquait haut et fort qu’elle n’en avait strictement rien à faire des autres. « C’était le pied, si tu veux tout savoir. Et toi ? Une belle vie ? » Elle soutenait son regard avec obstination. « Super. » Pourquoi s’épancher davantage face à des réponses et des questions aussi ironiques que celles-ci ? Ça avait au moins le mérite de la laisser se concentrer sur ses prochains coups. Pour l’heure, elle fut forcée de reculer en arrière suite à l’attaque qu’Em venait d’effectuer. Ses sourcils se froncèrent un peu plus. Elle savait donc se défendre et attaquer. Etait-ce égoïste de sa part de penser qu’elle aurait préféré ne pas la recroiser ici ? Qu’elle aurait voulu pouvoir garder cette soupape de décompression pour elle ? Theo n’avait pas envie de découvrir qu’Emery était une adversaire à sa hauteur. Elle n’avait pas envie de devoir partager cette passion avec quiconque, surtout pas elle. Pourquoi parvenait-elle à lui gâcher ce plaisir là  ? « J’en sais rien, moi. En sept ans, t’aurais dû avoir le temps de passer à autre chose. C’est pour ça que tu fais de la boxe ? Un problème de gestion de la colère ? » Un sourire mauvais apparut au coin de ses lèvres. Elle la connaissait parfaitement sa capacité à gérer sa colère, elle n’avait pas changé depuis la dernière fois qu’elle l’avait vue. « Pas un problème non. Il s’avère que la boxe est juste un excellent catalyseur pour me permettre d’emmagasiner ma colère pour la transformer et la voir ressurgir au moment le plus opportun. Dans des combats. » Preuve en était le coup qu’elle venait d’amortir avec ses avant-bras. Pourquoi passer à autre chose quand elle pouvait enfin exploiter la peine qu’elle avait ressentie quand la blonde avait décidé de ne plus lui donner signe de vie ? La rancune, il n’y avait que ça de vrai. Et rien de mieux à exploiter dans un ring. « Tu devrais essayer d’utiliser des mots pour t’exprimer, ce serait plus simple. Tiens, je commence. » Elle se moquait de qui exactement ? Et ses mots à elle, où étaient-ils quand Theo en avait eu besoin ? Elle comptait vraiment lui faire des leçons sur la meilleure façon de s’exprimer ? L’hôpital, la charité, tout ça. Elle la laissa faire ses deux pas en arrière, restant sur la défensive, se préparant psychologiquement à l’explication à deux balles qu’elle s’apprêtait à lui donner. « Je ne t’ai rien dit parce que tu n’aurais jamais compris, enfoncée dans ta petite vie dorée. Et je continue de penser que c’était la meilleure décision à prendre. » Un rire étouffé s’échappa de ses lèvres en même temps qu’une expression incrédule s’afficha sur son visage. « T’es sérieuse là ? » Elle était restée silencieuse quelques secondes, immobile. Et puis elle avait fini par laisser tomber ses bras le long de son corps, abandonnant toute défense. Quant à une potentielle attaque, elle n’allait pas se faire par de quelconques coups cette fois-ci. Theo fit quelques pas en avant pour réduire la distance qui les séparait. « Ma petite vie dorée ? » Elle connaissait mieux que personne la relation difficile qu’elle entretenait avec sa mère. Alors non, elle n’avait certainement pas à se plaindre de sa vie. Mais de là à la faire passer pour la princesse de service, elle allait trop loin. Qu’avait-elle fait exactement pour mériter d’être considérée de cette façon ? Quel sorte de transfert tordu était-elle en train de faire entre leurs vies respectives pour se permettre de faire cette comparaison ? Theo s’était approchée dangereusement de son adversaire, toujours sans aucune défense en place. Elle pouvait bien se prendre des coups, elle n’en avait rien à faire. Ça n’était pas de la colère qui se lisait sur son visage cette fois-ci, mais une franche incompréhension. Ses yeux détaillèrent le visage d’Emery, ses expressions, le sérieux de ses propos. Elle fit l’erreur de s’attarder une seconde de trop sur ses lèvres, ravivant instantanément des sensations et des images qu’elle pensait pourtant bien enfouies aujourd’hui. Puis, venant poser à nouveau son regard dans le sien, elle déclara d’un ton parfaitement posé mais sans appel : « C’est bien, tant mieux pour toi si tu continues de penser ça. En attendant c’est certain que je pouvais pas comprendre puisque tu ne m’as tout simplement jamais expliqué. On saura jamais le fin mot de l’histoire parce que tu m’as laissé aucune chance de te prouver qu’il existait d’autres options que la fuite. D’autres options dont je faisais partie, où j’avais ma place. » Alors qu’elle lui avait toujours voué une confiance sans faille, elle avait réalisé que la réciproque n’était pas vraie. Et ça, ça faisait mal. Plus mal que n’importe quel coup qu’elle pourrait lui porter physiquement. « Mais j’ai lu tous tes messages quand même. » Ses doigts se serrèrent dans ses gants, son visage se fit à nouveau plus dur. Elle ne savait que trop bien comment la provoquer. « Tu te souviens de ceux-là ? » Bien sûr qu’elle s’en souvenait. Et elle se souvenait surtout du silence radio qui avait suivi. Son bras droit se souleva rapidement et spontanément pour venir l’attaquer au ventre. Parce que c’était très précisément là qu’elle venait de l’attaquer avec ses mots et ses souvenirs : un coup invisible et traitre qu’elle avait senti passer profondément dans son estomac.


Win : Emery n’a pas le temps de réagir et encaisse le coup porté avec force dans son ventre
So close : Emery parvient à faire un pas en arrière la dernière seconde et à minimiser le coup que Theo vient de lui porter.
Fail : Emery est rapide et a le temps de parer le coup de Theo au dernier moment. Ca n’est que partie remise.

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« Tu sais que c’est vrai, Theo. » Ha bon ? Elle savait ? Qui était-elle pour émettre un quelconque jugement sur sa vie et sur ce qui s’y passait ? Quel que soit le degré de vérité qui pouvait exister dans ses mots, elle ne lui avait pas demandé son avis sur la question et elle était encore moins encline à l’accepter considérant le fait qu’elle avait été tout bonnement absente de son existence ces sept dernières années. « Crois ce que tu veux, je m’en fiche. Je suis pas venue là pour jouer à déterminer laquelle de nous deux à la vie la plus foireuse. » Une alternative somme toute originale au jeu du "qui a la plus grosse ?" Theo était à deux doigts de faire une référence à Rémi sans famille pour contrer les attaques d’Emery, mais elle s’était finalement ravisée in extremis, ne se laissant pour une fois pas tomber au seuil du mauvais goût et de l’indécence. Pour l’instant. Vu la tournure que prenait ce combat, il n’était pas impossible que ses bonnes résolutions ne durent pas très longtemps. Et si elle avait littéralement baissé les bras pour l’instant, ses mots comme ceux de son adversaire n’en restaient pas moins aussi bien placés et blessants que leurs coups. « C’est justement ça, le problème. Tu n’avais pas ta place dans la suite. » Etait-ce utile de le lui rappeler ? Elle avait eu plusieurs années pour bien intégrer cette information, et pourtant elle continuait de lui faire mal comme au lendemain de son départ. A bien y réfléchir, Theo aurait finalement préféré que ce combat puisse se dérouler en silence et dans les règles de l’art. Oui, dans les règles de l’art…contrairement au coup qu’elle venait d’envoyer dans le ventre de la blonde. Si elle savait contrôler ses mots, il n’en était vraisemblablement pas de même pour ses gestes. Emery avait prononcé la provocation de trop et son corps avait parlé bien avant que son cerveau n’ait le temps d’intégrer ce qui était en train de se produire. Preuve en était l’expression de surprise qui traversa son visage au moment où elle la vit se tordre en deux et reculer, accusant le coup…très littéralement. Si Theo continuait de ressentir une certaine culpabilité à avoir agi de la sorte, bien consciente qu’il n’y avait pas moins fair play que ce qu’elle venait de faire, elle effaça bien vite les sentiments confus qui pouvaient se lire sur son visage afin de reprendre une expression sérieuse et concentrée. Oui, elle était blessée par les mots d’Emery. Et elle était toute aussi blessée de ce qu’elle venait de lui faire subir. Mais il était hors de question de laisser paraître tout cela aux yeux de sa victime et de leurs observateurs. Elle s’étonnait d’ailleurs qu’aucun d’entre eux ne soit intervenu ou ne lui ait fait une réflexion quant au coup qu’elle venait de donner. Etaient-ils conscients qu’autre chose qu’un simple combat était en train de se jouer ? Elle avait effectué un pas prudent en direction d’Emery pour tenter de déterminer l’état dans lequel elle se trouvait. Encore plus en colère que quelques secondes auparavant, ça ne faisait aucun doute. Mais physiquement, qu’en était-il ? Elle s’était toutefois rapidement ravisée en la voyant se redresser et se remettre immédiatement en position, faisant reprendre sa position défensive à Theo dans la foulée. Elle avait toujours été davantage dans l’attaque que dans la défense…mais son adversaire avait peut-être suffisamment pris pour aujourd’hui après son dernier coup, non ? « C’est peut-être moi qui ais fuit. Mais c’est toi la plus lâche de nous deux. Si t’as envie de nous enterrer parce que c’est un catalyseur ou une connerie comme ça, c’est ton choix. Pas le mien. » Non, Em en redemandait visiblement encore, et elle n’avait pas eu le temps de se préparer à une potentielle riposte, pensant naïvement qu’elle se contenterait de la traiter de tous les noms avant d’abandonner le combat. Issue qui aurait somme toute était plus sage que ce qui s’apprêtait à suivre. Issue que Theo aurait elle-même pu mettre en pratique mais à la place leurs egos avaient décidé de s’exprimer sans laisser la moindre place à leur raison. Déstabilisée par la réaction d’Emery, Theo se sentit perdre l’équilibre et partir dangereusement en arrière. Elle eut tout juste le temps d’entamer un geste approximatif avec son pied en direction des jambes de son adversaire pour tenter de la déséquilibrer à son tour. Un geste réflexe qui relevait davantage du karaté que de la boxe…mais en étaient-elles encore à ça près ? Un geste qui finit de déséquilibrer Theo complètement et acheva de la faire tomber sur le dos.

Win : Emery est déséquilibrée par le coup de pied et vient à son tour s’étaler sur le sol à ses côtés. Theo ne se laisse cette fois-ci pas surprendre et agit rapidement, roulant sur le côté avant de se relever en partie pour l’immobiliser au sol en venant s’asseoir au niveau de son bassin. Un gant de boxe à côté de sa tête, son visage très proche du sien, un air de défi dans les yeux mais aussi perturbée de se trouver soudain aussi proche d’elle et très directement à son contact : « Me traiter de lâche ? L’hôpital…la charité…tout ça, tu connais ? Et puisque j’avais pas ma place dans la suite à l’époque, j’imagine que je l’ai toujours pas aujourd’hui. Alors qu’est-ce qu’on fait encore là ? »

So close : …you choose, je te laisse trancher entre le win ou le fail, bon courage.

Fail : Emery est déséquilibrée par le coup de pied et vient à son tour s’étaler sur le sol à ses côtés. Elle se montre en revanche cette fois-ci bien plus vive que Theo et l’immobilise au sol en venant s’asseoir au niveau de son bassin. Les bras de Theo restent parfaitement immobiles le long de ses flancs. Elle n’a pas l’intention de répliquer, malgré l’air de défi qui se lit dans ses yeux : « Me traiter de lâche ? L’hôpital…la charité…tout ça, tu connais ? Et puisque j’avais pas ma place dans la suite à l’époque, j’imagine que je l’ai toujours pas aujourd’hui. Alors qu’est-ce qu’on fait encore là ? Vas-y Em. Frappe. Et pars d’ici. Encore une fois. »

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Bien qu’il lui ait permis de prendre le dessus, Theo n’avait pas vu venir ce retournement de situation très littéral. La technique qu’elle avait employée n’était pas fair play mais elle lui était apparue davantage comme un réflexe que comme une véritable volonté de nuire à Emery. Et quand bien même, cela faisait plusieurs années qu’elles ne la jouaient plus fair play, alors autant continuer sur leur lancée. S’attendant à la voir se débattre pour s’extirper de sa prise, elles s’étaient finalement retrouvées toutes deux à rester complètement immobiles. Encore une fois. Mais le gant de Theo posé stratégiquement à côté du visage de son adversaire et son expression à la fois grave et préoccupée conféraient un air menaçant à la situation. Les gens la connaissant auraient certainement parié sur un coup qui ne tarderait pas à partir, surtout si l’on considérait que le ton n’était en rien en train de se calmer entre elles. « On était des gamines. Y a beaucoup de choses qui ont changées, depuis. » No shit Sherlock. En quoi cette information lui permettait-elle de justifier d’une quelconque manière que ce soit la manière dont elle avait agi par le passé ? « De mon point de vue, t’as deux options. Tu continues de me cogner, ou tu considères que c’est assez et tu me laisses partir. T’as gagné dans les deux cas. » Emery avait raison de lui retourner la question sur ce qu’elles faisaient encore là. Theo n’était pas exactement la seule responsable de la situation dans laquelle elles se trouvaient à présent, mais elle en était clairement le déclencheur. Elle aurait pu tourner les talons, l’ignorer comme elle avait elle-même choisi de le faire. Mais si elle avait été surprise de la voir, elle s’était surtout retrouvée instantanément submergée par des sentiments qu’elle pensait morts et enterrés et il ne lui en avait pas fallu plus pour laisser sa fierté et son ego s’exprimer, eux qui avaient déjà tendance à prendre une place trop importante dans son quotidien. Alors oui, deux options s’offraient à elle à présent puisqu’Em ne semblait pas sur le point de tenter une quelconque riposte. Et elle n’avait aucune foutue idée de laquelle elle allait choisir. Pour l’heure, son poing restait fermement ancré à côté de sa tête alors que son regard parcourait son visage pour y lire colère et désillusion. « De mon point de vue… » Elle reprit ses propres mots et marqua une légère pause, plongeant son regard dans le sien, laissant d’infimes regrets s’emparer d’elle l’espace de quelques secondes avant de reprendre, sur un ton suffisamment bas cette fois-ci pour s’assurer qu’Em soit la seule à entendre ce qu’elle s’apprêtait à dire. Parce que ça ne les concernait qu’elles, et pas les oreilles indiscrètes du public curieux qui s’était formé autour des tapis sur lesquels elles se trouvaient. « …on a perdu toutes les deux. » Evidemment qu’elle ne parlait pas du combat. Quelle que soit l’issue de ce dernier, aucune d’entre elles ne ressortirait la tête haute de ce dojo. La bataille qu’elles se livraient tacitement remontaient à plusieurs années et était perdue depuis tout aussi longtemps. « J’me demande juste. Tu vas me haïr toute ta vie ? » Elle ne s’attendait définitivement pas à cette question qui lui fit l’effet d’un nouveau coup à encaisser. En quoi la réponse pouvait-elle lui importer puisqu’elle avait choisi de l’effacer de sa vie ? Pourtant, les traits de son visage s’adoucirent quelque peu alors qu’elle se penchait presque imperceptiblement, comme attirée vers elle sans même s’en rendre compte. Theo ne savait pas résister au magnétisme d’Emery à l’époque, et elle n’était vraisemblablement toujours pas capable d’y résister pleinement aujourd’hui encore. Elle n’était pas douée pour exprimer ses sentiments, ça n'était un secret pour personne. A ses yeux, les actes pouvaient parler bien plus fort que n’importe lequel des mots (aussi blessants ces derniers puissent-ils être, preuve en étaient les propos qu’elles venaient de tenir). Peut-être était-ce aussi pour cette raison qu’elle était encore si blessée par son départ : parce que c’était probablement l’acte le plus fort, le plus parlant et le plus significatif qu’elle pouvait faire pour la tenir éloignée d’elle. Ironiquement, les actes de Theo avaient aujourd’hui choisi de s’exprimer sans qu’elle n’en ait conscience, son langage non verbal prenant la place des mots qu’elle refusait de prononcer. Et c’est un infime mouvement de la gauche vers la droite que sa tête avait effectué, comme pour répondre inconsciemment à la question qu’elle venait de lui poser. Bien sûr que non, elle ne voulait pas la haïr toute sa vie. Elle ne le savait juste pas encore. Ne sachant pas si elle aurait l’occasion de le revoir, son regard s’attarda encore quelques secondes pour parcourir son visage avant qu’elle ne vienne finalement prendre appui sur le sol avec son gant pour venir se relever sans un mot, quittant la zone de combat sans se retourner. Elle se débarrassa de ses gants et les jeta dans son sac avant d’en faire glisser la lanière sur son épaule puis de sortir du dojo sans un regard en arrière, bien consciente qu’il allait lui falloir un long moment pour pouvoir digérer tout ce qui venait de se passer.