Plus rien n'allait. J'avais l'impression de m'enfoncer de plus en plus et de ne plus savoir comment me relever. J'ai l'impression de perdre toutes mes forces, de ne plus avoir cette rage de vivre et de me battre. Il est évident que si je n'avais pas ma jumelle dans ma vie, j'aurais abandonné ma vie depuis bien longtemps. Mais fallait croire que j'avais encore cette volonté de vivre et d'aller mieux, parce que je me retrouvais dans la salle d'attente d'un gynécologue et mes jambes n'arrêtaient pas de bouger, je stressais et je me sentais mal, fébrile. Il fallait vraiment que j'en passe par là ? Oui, je m'étais fait une raison. A l'hôpital on m'avait fait croire qu'il y avait une chance pour mes fausses couches n'arrivent plus et j'avoue que cette perspective m'a vraiment fait espéré. Et si je pouvais être maman finalement ? L'espoir et la peur, à la même échelle, ça fait un sacré cocktail qui me rend de plus en plus malade. Je venais d'avoir une troisième fausse couche et je me sentais encore fatiguée, j'ai encore ces quelques jours de congés et je me sens vidée. Pour la première fois de ma vie, je n'ai pas ce besoin d'aller au boulot. J'avais juste besoin que ce gynéco me dise que je pouvais être sauvé et que je pourrais avoir enfin un enfant. Cet enfant que je désire depuis si longtemps, depuis que je suis tombée amoureuse de Luke, depuis que mon enfance a été merdique, depuis que je me suis juré que je serais la meilleure des mères. Mais tout ça, à quoi bon quand on découvre qu'on est abonné aux fausses couches ? Seulement, aujourd'hui, tout a changé. Et pas seulement parce que j'avais revu Luke et que j'étais horriblement heureuse qu'il n'ait toujours pas créé de famille … Je me secouais la tête, essayant d'enlever cette idée stupide en tête et me levais à l'entente de mon nom, prête à affronter ce que je redoute et espère le plus.

On t’avait donné le dossier quelques jours plus tôt. Des collègues à l’hôpital t’avaient parlé de cette femme qui avait été admise pour une fausse couche et apparemment pas la première. Ils avaient fait les examens et une malformation au niveau des ovaires était ressortie. Cette femme n’avait apparemment pas consulté de gynécologue depuis un moment. Peut-être que si elle l’avait fait elle aurait pu l’avoir cet enfant. Parce qu’une malformation des ovaires cela s’opère. Enfin, fallait-il encore que cette femme le sache. Tu appris quand on te donna le dossier qu’elle s’appelait Rebecca Priest. Tu ne la connaissais pas, c’était mieux comme cela d’ailleurs, pour toi, comme pour elle. Tu ne savais pas si elle était au courant qu’elle pouvait se faire opérer pour espérer régler le problème ou pas, cela n’était pas dans le fichier et ils ne lui en avaient pas parlé aux urgences. Tu ne savais donc pas si c’était elle qui refusait de se faire opérer. Tu connaissais des femmes qui avaient tellement peur de ce genre d’opération qu’elles préféraient ne pas en faire. Peut-être était-ce le cas de cette femme ? Tu ne savais pas mais tu avais du mal à voir pourquoi elle ne se serait pas faite opérer. N’importe quel gynécologue compétent aurait vu cette malformation avec des examens mais elle n’en avait jamais fait auparavant non plus. Tu soupirais. La journée avait bien commencé et bientôt ce fut le tour de la jeune femme en question. Tu attendais derrière ton bureau alors que ta secrétaire la faisait entrer. Une chose était sûre, elle était encore sous le choc physique et moral de ce qui lui était arrivé et elle ne semblait pas ravie d’être ici. Elle semblait plus résignée qu’autre chose. Tu lui serrais la main avant de prendre place en face d’elle. « Bonjour madame Priest. Je suis le docteur Bush. Je pense que mes collègues vous ont dirigé vers moi. J’ai les résultats de vos examens. Je doute qu’on vous ait donné beaucoup d’explications. » Dis-tu en ouvrant le dossier plus pour le geste qu’autre chose, tu le connaissais par cœur. C’était ton truc ça, tu t’investissais à fond ou pas du tout. « Je suis impressionné que personne ne vous ait fait faire des examens avant aujourd’hui. Je tenais à vous dire que je suis sincèrement désolé pour votre fausse couche. Avoir un enfant est l’un de vos projets ? » Demandas-tu professionnellement. Tu avais besoin de savoir, c’était important. Cela te dirait si elle refusait de se faire opérer ou si son médecin était incompétent … Et alors tu allais pouvoir l’aider.

Le stress et la colère en même temps ne me réussissent pas, surtout après une fausse couche. Je venais de l'avoir et j'avalais encore quelques médicaments pour mieux me rétablir. La secrétaire était venue me chercher et je me levais doucement mais sûrement pour rejoindre le bureau du gynécologue qui me faisait déjà peur. Non, ce n'était pas de la peur, mais du dégoût et pire qu'une appréhension. Je devais rentrer et passer cette consultation mais c'est clairement à contre cœur. Saleté de médecin qui ne m'avait pas laissé le choix. Malgré l'espoir que j'avais, en rentrant je ne me sentais pas du tout à l'aise et très bien. Je m'avançais tout de même vers le gynécologue, prête à m'asseoir, je lui serrais la main, malgré ma tête très certainement très désagréable et m'installais en face de lui. Je le laissais parler jusqu'à ce qu'il me pose une question. Avoir un enfant … Un de mes projets ? Je me sentais bien trop mal pour être très désagréable, et cette histoire me fait encore trop souffrir Oui … Répondais-je en baissant légèrement les yeux. Il fallait que je reprenne du poil de la bête, alors je reprenais presque instantanément en me redressant pour paraître un peu plus sûre de moi. Mais ça ne sert à rien. Je ne peux pas avoir d'enfants, donc non, ce n'est pas un projet, ce n'est plus un projet pour moi. Expliquez moi donc ce que je fais ici pour que je reparte vite. Oui je commençais à stresser et la colère commençait à monter également. Je n'avais rien contre lui, mais le fait qu'il soit un gynécologue était suffisant pour que je ne l'apprécie pas et que je souhaite partir le plus rapidement possible et qu'on me fiche enfin la paix. Quitte à ce qu'on me retire totalement les ovaires pour que je n'ai plus de fausses couche, je serais prête à le faire, qu'on me fiche enfin la paix, que je puisse vivre ma vie sans enfant en paix. L'espoir était totalement parti maintenant que j'étais rentrée dans ce cabinet, je ne m'imaginais plus du tout avoir d'enfants, non ce n'est juste pas possible, je ne sais pas ce qu'il m'a pris d'avoir ce fichu espoir.

Tu vois la jeune femme entrer dans ton bureau et déjà tu sais qu’elle n’a pas envi d’être là. Tu peux comprendre, elle a fait une fausse couche quelques jours plus tôt, ce n’est pas à ces moments là que les gens veulent revenir voir un médecin. Mais pourtant, il était important qu’elle soit là aujourd’hui parce que tu ne comprenais pas pourquoi elle n’avait pas pu se faire opérer plus tôt de sa malformation des ovaires. Cette opération n’était pas une opération à risque et même s’il y avait toujours un risque que cela ne fonctionne pas, tu ne l’avais jamais vu arriver pour l’instant. Non, tu savais t’occuper de ce genre d’interventions et tu avais fait accoucher des femmes que tu avais opérées. Tu étais plus attentif à leur grossesse qu’à une grossesse normale bien entendu mais la plupart étaient mamans aujourd’hui et tu ne comprenais pas pourquoi ce ne serait pas le cas de la jeune blonde devant toi. Tu lui demandais donc si elle voulait avoir des enfants. Si la réponse était oui cela voulait dire que ce n’était pas elle qui avait refusé l’opération mais plutôt qu’elle n’en a jamais entendu parler. « Oui … Mais ça ne sert à rien. Je ne peux pas avoir d'enfants, donc non, ce n'est pas un projet, ce n'est plus un projet pour moi. Expliquez moi donc ce que je fais ici pour que je reparte vite. » Son ancien médecin était un homme sacrément incompétent, avec un cas pareil elle pourrait l’amener devant la justice. Tu compris aussi que tu avais devant toi une femme qui avait perdu tout espoir d’avoir un jour un enfant. Elle était résignée, cette fausse couche avait été la fausse couche de trop apparemment. Tu pouvais la comprendre, à sa place tu aurais certainement perdu tout espoir aussi à vraie dire … Cependant tu te devais de refaire vivre l’espoir parce qu’il y en avait un. « Vous êtes ici parce qu’il semble que votre précédent gynécologue était quelqu’un de très incompétent. » Dis-tu en sachant très bien que cela ne lui apporterait aucune réponse. « Je vois bien que vous avez perdu espoir mais vous pouvez avoir des enfants Madame Priest. La malformation des ovaires qui est ressortie des analyses de mes collègues est quelque chose qui s’opère assez facilement. Mes clientes ayant eu cette intervention ont toutes des enfants aujourd’hui ou sont sur le point d’en avoir. Tous les autres signes semblent excellents pour la conception d’un enfant. » Dis-tu sans la quitter des yeux. Certainement que cela ne suffirait pas mais il était important qu’elle voit que tu ne mentais pas. « Si vous acceptez de vous faire opérer, vous avez toutes vos chances. » Dis-tu en attendant une réaction.

La seule chose que je voulais à l'instant c'était de partir loin, très loin de ce bureau, de ce gynécologue, de cet hôpital, parce que je me sentais mal. Que pouvait-il bien me vouloir ? Me parler d'adoption ? Non merci, qu'il ne m'en parle surtout pas, sinon je risque de péter un sérieux câble. Mais ça, il ne semble pas le savoir, il ne lit pas dans mes pensées même si ça doit bien se voir sur mon visage. Cet foutu espoir que j'avais avant de rentrer dans ce cabinet, je ne sais plus lequel c'était et je dois bien avouer que dans mon état actuel, il me manquait. Seulement le supplice ne dura pas si longtemps que ça au final puisque je me calmais intérieurement direct quand il utilisa le mot « incompétent ». Comment ça incompétent ? Que voulait-il dire par là ? J'eus la réponse bien rapidement et si je n'avais pas été assise je crois bien que je me serais effondrée. Plus il avançait dans ses explications plus je me sentais libérée, avec trop d'air dans les poumons tellement que j'avais envie de rire et de pleurer en même temps. Mais mon visage restait juste choqué. J'attendais qu'il ait terminé ses explications pour réellement me laisser aller et exploser en larmes. Elles coulèrent toute seule jusqu'à ce que finalement les rires se mêlent aux larmes. J'essayais alors de me calmer pour répondre à ce gynéco qui me rendait tous mes espoirs d'une merveilleuse manière Vous êtes sûr Docteur Bush ? Sûr de vous ? De ce diagnostic ? Sûr que ça fonctionne très bien ? Sûr que je n'ai qu'une malformation des ovaires ? J'aurais pu continuer comme ça longtemps, mais je me sentais tellement sur un petit nuage qu'il me fallait des réponses pour le rester encore le plus longtemps possible. Je ne savais pas réellement ce que ça voulait dire ce genre de malformation, mais le principal c'est que je pouvais me faire opérer et avoir des enfants. Avoir un enfant. C'est tout ce que j'ai toujours voulu. Et forcément je continuais de pleurer de joie tellement je n'en reviens pas.

Devant toi se trouvait une femme qui voulait désespérément un enfant et qui aurait dû en avoir un, peut-être deux depuis bien longtemps. Tu étais réellement désolé pour elle qu’elle soit tombée sur un gynécologue aussi incompétent que celui sur lequel elle était tombée. Une malformation des ovaires, ce n’est pas réellement compliqué à remarquer, cela fait parti des maladies bénignes que l’on vous apprenait à voir lors de vos études. Tu avais déjà opéré plusieurs femmes atteintes de cette malformation dans tes trois années à l’hôpital en tant que résident. Tu ne voyais pas pourquoi cette femme devrait être privée de son envie d’avoir des enfants. Voilà pourquoi tu lui annonçais la situation et cela ne te surpris qu’à moitié qu’elle éclate en larmes. Cela ne te dérangeait pas avec les patients que tu connaissais mais avec les inconnus tu te sentais toujours très mal parce que tu ne savais pas quoi faire. Les larmes te mettaient mal à l’aise, tu devais l’avouer. Soupirant, tu tendis des mouchoirs à la jeune femme alors que tu pouvais voir l’espoir revivre dans ses yeux malgré l’expression de son visage toujours en mode choc. Cela pouvait être compréhensible, elle s’était tellement attendue à ne pas avoir d’enfant, elle avait dû se faire à l’idée et voilà que tu lui proposais une autre perspective. « Vous êtes sûr Docteur Bush ? Sûr de vous ? De ce diagnostic ? Sûr que ça fonctionne très bien ? Sûr que je n'ai qu'une malformation des ovaires ? » Elle voulait espérer pour quelque chose, elle ne voulait pas être déçue. Tu ne pouvais pas lui garantir que l’opération allait marcher, tu étais toujours très clair à ce sujet avec tes patientes. Il n’y a aucune opération qui a cent pourcent de chances de réussir mais c’est une opération pas très compliquée et avec laquelle tu n’as pas vu une patiente ne pas avoir d’enfant ensuite alors les chances sont élevées même s’il y a toujours des cas. « Je suis sûr et certain du diagnostic et je suis aussi sûr et certain que ce n’est que ça. Vous avez tous les symptômes et les résultats ne mentent pas. » Dis-tu dans un premier temps avant d’ajouter. « Je veux que vous compreniez que je ne peux pas vous assurer que cela va réussir. Il y a toujours une petite chance que cela ne marche pas mais cela n’est pour l’instant jamais arrivé avec mes patientes. Je suppose que c’est un risque à prendre. » C’était à elle de décider dans tous les cas et tu espérais qu’elle fasse le bon choix. Même s’il y avait des chances que cela ne marche pas, elles étaient tellement faibles que ce serait bête de ne pas prendre le risque.

Comment était-ce possible ? Je n'arrive toujours pas à y croire, et pourtant je n'arrêtais pas de me dire que les miracles arrivent, mais au fond, est-ce que j'y croyais vraiment ? Non je ne pense pas, voilà pourquoi je suis encore sous le choc, et tellement choquée que des larmes se sont échappées de mes yeux à mon grand regret. Mais je n'avais pas su faire mieux et acceptais les mouchoirs tendus par le gynécologue qui venait de me donner une deuxième vie. Il est évident que s'il ne se trompe pas, je lui serais redevable toute ma vie. Parce que si je peux être une grande garce, quand on m'apporte un tel bonheur, je ne peux qu'être reconnaissante. Mais je ne pouvais pas encore crier si vite victoire. Alors je lui pose des milliards de questions, auxquelles il ne perd pas patience et prend le temps de me répondre, chose que j'apprécie particulièrement évidemment. Et il ne me fourvoie pas, donc forcément l'espoir qu'il venait de me donner, baissa d'un cran. Non je ne devais pas penser négativement, j'ai enfin une chance de changer ma vie, de la rendre si particulière, alors pourquoi j'hésite ? Parce que oui c'est un beau risque à prendre, mais le fait de devoir passer sur une table de billard m'angoisse au plus haut point. J'essaie de respirer, de reprendre une respiration normale pour arrêter mes larmes et lui répond Je suppose que c'est un risque à prendre avec vous. J'essayais d'étirer un sourire, mais j'avais vraiment du mal, comme si ça m'écorchait à vif le visage. Si je décide de le faire, il faudra m'opérer je suppose ? M'anesthésier ? Que de questions, que de nouvelles, que d'espoir. Je n'arrive toujours pas à m'y faire, je sens qu'il y a une couille quelque part, et même si je suis du genre courage plus que n'importe qui sur cette terre, je dois bien avouer que j'ai un sale pressentiment, ou était-ce simplement de la peur ...

Ce n’était pas souvent que tu pouvais annoncer à une femme que contrairement à ce qu’elle pensait elle pourrait très certainement avoir des enfants. En général c’était plutôt l’inverse qui se produisait. Ces consultations-là tu les détestais au plus haut point. Tu voyais dans le regard de ces femmes que tu venais de briser leur vie et parce qu’il fallait un responsable, tu étais le responsable. Tu te prenais donc souvent tout à la figure. Bon, en général quelques mois plus tard, une fois le choc passé elles venaient s’excuser. C’était soit ça, soit elles s’appuyaient sur toi comme à une bouée de secours qui allait pouvoir les sauver. Tu ne pouvais pas mais tu les envoyais chez un psychologue et tu avais de très bonnes informations sur les nouvelles manières d’avoir un enfant aujourd’hui. N’était-ce pas merveilleux ? La jeune femme en face de toi était en larmes ce qui n’était pas réellement surprenant mais cela t’avait toujours mis mal à l’aise. Malgré cela, tu répondis patiemment à toutes ses questions, c’était certainement un gynécologue qui n’avait pas pris le temps de l’écouter qui l’avait mise dans cette situation à la base alors tu voulais lui montrer que tous les gynécologues n’étaient pas comme son précédent. Elle pourrait certainement le traîner en justice si elle voulait parce que c’était en espèce de refus de soin en quelque sorte. « Je suppose que c'est un risque à prendre avec vous. Si je décide de le faire, il faudra m'opérer je suppose ? M'anesthésier ? » Tu voulais être prudent, on ne sait jamais ce qui peut arriver mais tu ne voyais aucune raison pour que l’opération ne marche spécialement avec la jeune femme. Mais mieux valait ne pas prendre trop de risque, c’était pour te couvrir aussi. A sa question sur l’anesthésie, tu levais un sourcil, en effet cela allait être obligatoire … « En effet, il faudra vous opérer et vous anesthésier totalement. Mais ne vous en faites pas c’est une opération assez rapide, pas plus d’une heure et nous avons de très bons anesthésistes. » Dis-tu avec un sourire que tu espérais être rassurant. Ben quoi ? Vos anesthésistes étaient bons, tu n’avais jamais eu de problèmes. Tu espérais que la jeune femme n’avait pas la phobie des opérations sinon il faudrait en plus gérer cela … « Est-ce que cela vous intéresse de vous lancer dans cette intervention ? Si c’est le cas nous pourrons certainement faire ça la semaine prochaine ou la suivante au plus tard. » Dis-tu pour savoir où elle en était exactement.

Le premier choc étant passé, l'espoir de nouveau présent, je me heurtais à une sorte de problème. L'opération. Parce qu'il est évident que j'ai une déformation vu que je ne fais que des fausses couches. Et le savoir, l'apprendre est déjà une étape en soit, une énorme, et pas des moins à encaisser, même si c'est une bonne nouvelle. Toujours est-il que les opérations m'ont toujours terrifiées, surtout celles avec une anesthésie générale, celles dont il est possible de ne jamais se réveiller. Une sorte de phobie oui, même s'il est hors de question d'admettre ce genre de faiblesse. Il est sûrement évident qu'il avait sous son aile d'excellent anesthésiste mais toujours est-il que ma peur reste présente. Ce n'est pas une grosse opération dangereuse, je le sais bien, mais je ne suis pas encore prête à l'admettre tout de suite. Je regarde le gynéco, encore un peu sous le choc, ne sachant pas trop comment réagir face à son envie de me rassurer quand il rajoute sa question et sa proposition soudaine qui me déstabilisa. J'écarquillais les yeux. La semaine prochaine … ? Non je suis désolée, je ne pense pas encore être prête, peut-être ne suis-je pas faite pour avoir des enfants … En tout cas, merci beaucoup pour m'avoir annoncé … ça. Mais je ne peux pas, je suis navrée ! C'était plutôt lui qui allait être navré pour moi, et non l'inverse, après tout c'est mon problème et il est là simplement pour me guider, pour me conseiller, me soigner, simplement, il ne fait pas parti de ma vie, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ?! Je me relevais assez précipitamment de mon siège et tout en lui donnant le chèque pour la séance et en lui tendant la main en guise d'adieu.

Quand vous êtes médecin, il vous faut aussi être pédagogue. Tu expliquais donc à la jeune femme devant toi qu’elle allait très certainement pouvoir avoir des enfants mais qu’il allait falloir l’opérer d’une anesthésie générale. Tu continuais ton discours sans te préoccuper de savoir si cela la dérangeait ou non. Tout le monde était habitué à ce genre de procédure non ? Et puis c’était une opération bégnine alors te faire du soucis ne t’était pas venu à l’esprit. Mais quand tu levais les yeux de ton agenda vers les yeux terrifiés de la jeune femme, tu compris que quelque chose allait clocher. Avait-elle peur de l’opération ? De la possibilité qu’elle loupe ? De l’anesthésie ? Tu ne savais pas et avant que tu ne puisses dire quoi que ce soit, la jeune blonde était sur ses pieds et te saluait prête pour la fuite : « La semaine prochaine … ? Non je suis désolée, je ne pense pas encore être prête, peut-être ne suis-je pas faite pour avoir des enfants … En tout cas, merci beaucoup pour m'avoir annoncé … ça. Mais je ne peux pas, je suis navrée ! » Pourquoi ne pouvait-elle pas ? Et elle venait d’être tellement heureuse de pouvoir avoir des enfants, tu serais un très mauvais docteur si tu la laissais filer comme cela. Peut-être qu’elle n’était pas prête pour l’opération, tu pouvais le lui concéder, elle n’avait pas à se dérouler si rapidement mais tu t’en voudrais si tu laissais la jeune femme partir ainsi. Tu te levais et tu allais donc la rattraper. « Attendez ! » Tu attrapais son poignet dans le couloir. « Vous ne pouvez pas partir comme ça ! On est pas obligé de vous opérer de suite vous savez. Ce serait bête de faire une croire sur quelque chose qui vous est si cher parce que vous craignez quelque chose. » Tu pouvais lire la peur dans ses yeux mais tu ne savais pas de quoi. « On peut en discuter si vous voulez. » Oui, ce serait mieux non ?

L'idée de me retrouver sur la table de billards me pétrifier, tout simplement parce que l'inconnu me fait peur et que c'est sûrement la chose la plus dangereuse qui puisse nous arriver. Enfin à part l'inattendu comme les accidents et autre. Mais là, je pouvais y perdre … mon vagin ! Peut-être pas la vie, j'en suis consciente, mais je suis pétrifiée de peur et je préfère choisir la fuite plutôt que d'y réfléchir et de me laisser convaincre. Seulement le docteur ne semblait pas vouloir me laisser avoir le dernier mot, et je dois bien avouer quand j'ai senti sa main sur mon poignet, j'ai eu encore un peu plus de respect pour lui. Il osait vraiment me défier pour mon bonheur. C'est bien rare ça quand ça arrive. Du coup j'étais surprise et le laissais s'expliquer même si j'étais tentée au fond de moi de me retirer d'un coup et de partir en prenant mes jambes à mon coup. Mais il arriva à me faire réfléchir et surtout à me faire docile pour une fois Vous savez, c'est l'une des rares choses qui m'effraient, voire même la seule. Je ne peux pas prendre une décision toute de suite, j'ai besoin d'encaisser toutes ces informations, savoir si je veux vraiment risquer l'opération. Je veux un enfant oui, plus que tout, mais je n'ai pas d'homme dans ma vie et ça ne risque pas d'arriver. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? C'est bien la première fois que je me lâche ainsi, que je dis vraiment ce que j'ai sur le cœur. Je ne pensais pas vraiment que je puisse penser comme ça à vrai dire, je m'étais toujours dis que je serais une mère célibataire à partir du moment où Luke avait quitté ma vie. Enfin, non, ce serait mentir. Je n'y ai pas pensé, je me croyais stérile. Mais je pensais que je ferais tout toute seule à présent, et ça aurait pu être la même chose avec un enfant dans ma vie. Mais je me rends compte que pour une fois, je ne pense pas seulement à moi.

Tu ne pouvais pas la laisser partir, ce n’était pas possible tout simplement. Tu savais bien que ce n’était pas facile à encaisser tout cela, elle avait fait une fausse couche quelques jours plus tôt, cela laissait des traces alors tu pouvais comprendre qu’elle fuit mais tu ne pouvais t’empêcher de te dire que si tu ne la rattrapais pas maintenant ce serait trop tard. Elle avait besoin d’être rassurée à tous les niveaux apparemment parce que tu n’avais pas pensé que l’opération et l’anesthésie serait un problème mais encore une fois tu t’étais trompé. Tu fus soulagé qu’elle s’arrête quand tu lui attrapais le poignet et qu’elle ne cherche pas à fuir. Tu étais soulagé qu’elle t’écoute tout simplement. « Vous savez, c'est l'une des rares choses qui m'effraient, voire même la seule. Je ne peux pas prendre une décision toute de suite, j'ai besoin d'encaisser toutes ces informations, savoir si je veux vraiment risquer l'opération. Je veux un enfant oui, plus que tout, mais je n'ai pas d'homme dans ma vie et ça ne risque pas d'arriver. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? » Tu poussais un soupir de soulagement, elle continuait à te parler, elle continuait à t’expliquer c’était beaucoup mieux que prévu, elle ne se refermait pas sur elle-même. Parce que oui, cela arrivait … C’était dans des moments comme celui-là que tu regrettais de n’avoir pas fait un mineur en psychologie à l’université. Mais c’était trop tard aujourd’hui, tu apprenais donc sur le tas. Tu ne pus t’empêcher de laisser un sourire se dessiner sur ton visage et de secouer la tête. Ce n’était pas une bonne raison, pas une assez bonne raison parce que même si elle n’avait personne dans sa vie pour l’instant cela ne voulait pas dire que la vie n’allait pas la surprendre. On ne sait jamais ce qui peut arriver et mieux ne vaut pas reporter trop. « Je comprends que vous ayez besoin de penser, de vous renseigner, nous ne sommes pas obligé de prévoir l’opération de suite. Je peux vous mettre en contact avec des anciennes patientes qui sont passées par là si vous voulez mais s’il vous plaît ne vous cachez pas derrière des excuses … » Tu étais prêt à lui offrir des séances avec un psychologue, d’appeler d’anciennes patientes pour l’aider à prendre cette décision mais pas qu’elle se prive de la joie d’avoir des enfants. Lea était toute ta vie. « Et ce n’est pas parce que vous n’avez personne maintenant que la vie ne vous surprendra pas. Personne ne peut savoir ce qui va se passer et mieux vaut être préparé n’est-ce pas ? Imaginez que vous rencontrez quelqu’un et vous le voulez cet enfant, est-ce que cela vaudra le coup de se relancer dans la procédure à ce moment là ? Pourquoi attendre si cela peut être quelque chose qui se produit dans le futur ? » Il ne fallait pas qu’elle ferme cette possibilité.

Ce toubib me surprenais de minute en minute et il est vraiment une bénédiction dans ma vie. Certainement l'une des rares. D'abord la nouvelle que je ne suis pas vraiment stérile, que ça se soigne, et maintenant malgré le fait que je me perde dans mes peurs, il arrive à me rassurer et à m'apaiser dans ces peurs là. Il avait raison, et pour une fois ça ne me tuait pas, ça me rassurait, c'est bien une première fois ça aussi. Je restais silencieuse un moment en le regardant simplement. J'étais terriblement tentée par lui donner ma vraie nature, lui faire comprendre pourquoi je n'aurais jamais d'hommes dans ma vie qui en vaut la peine et avec qui je voudrais avoir des enfants, mais je me retenais, il est assez sympathique avec moi depuis le début de ce rendez-vous pour éviter toute confrontation de ce genre. Je préférais donc rester sobre face à tout cela, ne lui répondant rien à ce sujet, et faire comme si j'étais d'accord avec ce qu'il venait de me dire. On peut prendre un rendez-vous dans un mois ? Je pense que j'aurais assez réfléchi d'ici là pour savoir quelle sera ma décision. Même si vous êtes assez convainquant dans votre genre. Finis-je par lui dire en souriant. C'était plutôt positif comme réponse, et je dois bien avouer que le pourcentage pour que j'accepte cette opération était montée à 60%. J'ai encore besoin d'y réfléchir, d'en parler avec ma sœur, même si je sais très bien ce qu'elle va me dire face à cette nouvelle. Puis au moment où j'étais prête à partir, une horrible chose me revint en mémoire Mais quelle mauvaise cliente je fais ! J'ai bien failli partir sans vous donner votre du ! Disais-je dans un léger rire. Oui je me sentais mieux, tellement plus à l'aise, tellement plus détendu. A croire que ce docteur fait bel et bien des miracles. Je revenais donc m'asseoir pour remplir le chèque avec le montant qu'il me demandait le remerciant encore une énième fois pour son efficacité. Merci pour tout encore docteur.

Tu voyais qu’elle réfléchissait à tes paroles, tu voyais qu’elle les prenait en compte. Tu ne savais pas à quoi cela menait mais tu ne voulais pas qu’elle forge sa décision sur sa peur de l’opération ou sur le fait qu’elle n’avait personne en ce moment. Cette opération peut se faire à tout moment mais plus c’est tôt mieux c’est. Attendre encore n’allait rien changer mais pourquoi attendre ? Peut-être que la vie allait la surprendre et mettre sur son chemin un homme qui allait l’aimer et avec qui elle voudrait des enfants ? Tu n’en savais rien mais c’était une possibilité et tu voulais qu’elle la considère parce que ce serait dommage de se priver. Alors tu essayais de la convaincre. C’était aussi ton métier, convaincre les patients de faire ce qui est le mieux pour eux même s’ils ne s’en rendent pas de suite compte. Tu laissais échapper un petit rire quand elle te dit : « On peut prendre un rendez-vous dans un mois ? Je pense que j'aurais assez réfléchi d'ici là pour savoir quelle sera ma décision. Même si vous êtes assez convainquant dans votre genre. » Tu étais heureux d’entendre que tu étais convainquant, ce n’était pas quelque chose que tu entendais souvent alors cela te réchauffait un peu le cœur. Entendre qu’elle voulait reprendre rendez-vous était un soulagement pour toi. Tu étais prêt à lui laisser le temps qu’elle voulait mais seulement si elle revenait sinon cela serait un gâchis. « J’essaye, j’essaye. » Dis-tu avec un clin d’œil avait d’ajouter. « Tenez, ma carte de visite. Appelez le numéro pour prendre rendez-vous, je laisserai un mot à ma secrétaire d’attendre votre appel. » Dis-tu avec un sourire parce que tu refusais qu’elle abandonne. Cela ne changerait pas ta vie mais cela pouvait changer la sienne sans trop prendre de risque ce qui était ce que tu cherchais. Tu allais repartir vers ton bureau quand elle te dit : « Mais quelle mauvaise cliente je fais ! J'ai bien failli partir sans vous donner votre du ! Merci pour tout encore docteur. » Ah oui … Tu avais complètement oublié cela avec cette histoire … Tu la laissais chercher dans son sac et te payer avant de te remercier. Elle n’avait pas à te remercier, tu faisais ton travail mais tu étais fier d’avoir pu faire renaître la flamme dans ses yeux. « De rien, à dans un mois. » Dis-tu avant de repartir vers ton bureau pour de bon cette fois. Oui, il y avait du bon à annoncer de bonnes nouvelles aux gens.