Going to prison is like dying with your eyes open. -- @Iris Castillo
14 octobre 2021. Assis sur son lit, Caelan caressait du bout des doigts son album de mariage posé sur ses cuisses. Il pouvait presque revivre les émotions du moment tandis qu’il observait chacune des photos une dernière fois, qu’il se remémorait cette journée inoubliable qui lui paraissait soudainement si lointaine. Il aurait tout donné pour retourner en arrière à l’époque où Iris et lui étaient prêts à affronter le monde ensemble, qu’ils se promettaient d’être là l’un pour l’autre pour le meilleur et pour le pire, avant que le pire n’ait finalement raison de leur mariage. Lorsqu’il tourna la page et que son regard se posa sur cette photo où son expression faciale valait un million de dollars, un rire larmoyant jaillit d’entre ses lèvres. Le photographe avait capturé le moment parfait, l’instant même où Caelan avait réalisé qu’il avait oublié le bout de papier sur lequel il avait écrit ses vœux sur sa table de chevet. S’il avait toujours été à l’aise de parler en public, n’avoir d’autre choix que d’improviser alors que tous leurs proches avaient les yeux rivés sur lui avait causé un petit moment de panique intérieure. Au final, il s’en était très bien sorti, il n’avait pas eu besoin de ses notes pour parler avec son cœur et le moment avait été particulièrement touchant comme bien d’autres au cours de la soirée. Repenser à tous ces souvenirs lui faisait beaucoup plus de mal que de bien, il referma donc l’album après avoir soigneusement essuyé avec le bas de son t-shirt les larmes qui s’étaient écrasées sur le plastique protecteur. Demain, il se rendrait au poste de police pour qu’il puisse confesser son crime. Sa vie allait basculer, sans aucune possibilité de retour en arrière, et il était incapable de s’imaginer derrière les barreaux sans avoir tout d’abord avisé Iris de ce qu’il s’apprêtait à faire. Il avait tenté de la rejoindre à plusieurs reprises ces derniers jours, mais elle n’avait jamais retourné ses appels. Sur le point de manquer de temps, il avait demandé à Channing s’il pouvait lui donner l’adresse de la jeune femme afin qu’il puisse tenter une dernière fois d’entrer en communication avec elle. Tant qu’à aller la voir pour son délit de fuite, il allait en profiter pour lui remettre leur album photo qui n’allait lui être d’aucune utilité pendant son incarcération.
Caelan avait beau savoir que se dénoncer à la police était la chose à faire, ce qui l'attendait ne lui faisait pas moins peur. L'inconnu, la vie derrière les barreaux avec d'autres détenus qui avaient probablement davantage le profil de criminel que lui. Il espérait qu'il pourrait faire son temps sans trop de problèmes, qu'on le laisserait tranquille avec son mètre quatre-vingt-onze, mais il ne se faisait pas d'illusions non plus, il ne s'en allait pas dans une cour d'école et il en était conscient. Le brun tentait de ne pas trop y penser, il avait encore quelques heures de liberté devant lui après tout, mais c’était beaucoup plus facile à dire qu’à faire, d’autant plus alors qu’il venait de stationner sa voiture devant chez son ex à qui il s’apprêtait à annoncer la nouvelle. Après avoir pris la boîte contenant l’album photo de leur mariage, Caelan sortit de son véhicule et se rendit jusqu’à la porte d’entrée sur laquelle il toqua quelques coups. Lorsque la porte s’ouvrit et que son regard se posa sur Iris, il lui sourit légèrement. « Hey. Désolé de débarquer comme ça, mais tu ne répondais pas à mes appels et il fallait vraiment que je te parle. » expliqua-t-il en tapotant nerveusement sur la boîte avec son index. « Mais avant, j’ai ça pour toi. » Il leva le couvercle de la boîte pour lui montrer l’album photo avant de la refermer. « Je ne me suis pas rendu compte que je l’avais pris et quand tu me l’as demandé bah… je ne voulais pas m’en défaire. » Caelan avait difficilement vécu leur divorce et, égoïstement, il avait voulu garder ce souvenir rien que pour lui. « Je suis désolé, c’était con. » ajouta-t-il en lui tendant la boîte d’un air désolé. Ça lui faisait bizarre d’être en face d’Iris pour la première fois en un peu plus de deux ans, d’entendre sa voix sur autre chose que sa messagerie vocale sur laquelle il était tombé à plusieurs reprises dans les derniers jours. « Est-ce que je peux entrer? » demanda-t-il d’une voix qui manquait cruellement d’assurance en désignant l’intérieur de sa maison d’un geste de la tête.
Cette journée n’a pas été marquée par son originalité. Elle a été une de celle que l’on vit tous les jours, celle qui peut vous agacer parce qu’elle ressemble bien trop à d’autres et qu’il vous tarde juste que le weekend approche pour faire autre chose que les mêmes gestes chaque matin en vous levant et chaque soir en vous couchant. Le quotidien en somme ou pire la routine, voilà ce qu’a pensé Iris Castillo de sa journée. Une accumulation de fatigue du fait de ce chantier qui lui prend beaucoup de son temps et de son énergie, qui lui demande de faire des allers retours incessants entre Sydney et Brisbane depuis quelques mois. Le plus gros contrat qu’elle a actuellement se trouve, en effet, dans la ville du New South Wales alors qu’elle a quelques autres petits contrats à terminer ici à Brisbane. Alors, oui il est difficile, de ce fait, de joindre Iris ces derniers temps, tant elle passe son temps à l’aéroport et dans un avion. Parfois juste pour la journée, ce qui ne l’enchante guère, surtout pour son âme un tant soit peu écolo. Mais ses obligations ne lui en laissent pas d’autres choix et c’est dans ces instants qu’elle se dit qu’il fallait impérativement qu’elle gagne un peu plus à être connu pour étendre sa compagnie et établir un bureau aussi dans la CBD de Sydney, tout comme elle l’a fait deux ans auparavant, ici, à Brisbane. Alors, lorsqu’elle se laisse tomber lourdement dans son canapé ce soir-là, elle laisse échapper un soupir profond. Se retrouver dans son petit cocon lui fait du bien et elle compte bien savourer sa soirée chill à s’empiffrer de sucreries qu’elle a été chercher au supermarché du coin en rentrant, tout en savourant ce ceviche qu’elle a cuisiné la veille et dont les restes sont les bienvenus après une journée éreintante comme celle-ci. Et si le programme de sa soirée est déjà tout tracée, l’architecte ne s’attend certainement pas à entendre quelqu’un toquer à sa porte, alors qu’elle n’attend personne en particulier, ce soir. Etonnée donc alors qu’elle s’est glissée dans une tenue confortable, un legging et un petit débardeur de sport et que ses cheveux sont attachés en une queue de cheval, elle se dirige vers la porte d’entrée en courant légèrement pour voir qui est ce visiteur impromptu.
Alors qu’elle ouvre la porte, elle ne pensait certainement pas se retrouver nez à nez avec « Caelan ? » Leckie, son ex-mari. Elle est surprise, celle-ci peut se lire sur ses traits alors que cela fait deux ans que lui et elle ne se sont pas vus, après avoir signé les derniers papiers qui ont marqué la fin officielle de leur mariage. « Hey. Désolé de débarquer comme ça, mais tu ne répondais pas à mes appels et il fallait vraiment que je te parle » . Evidemment, un sourcil s’arque sur son visage, étonnée qu’il se donne la peine de se déplacer alors qu’il aurait pu tout aussi bien lui laisser un message sur le répondeur. Bien sûr qu’elle les a vu ses appels manqués. Mais Iris n’a pas daigné le rappeler peut-être par crainte d’attendre à nouveau sa voix, celle qu’elle a tenté d’oublier ces deux dernières années. Peut-être aussi par crainte de ce qu’il pouvait bien avoir à lui dire, et le fait de le voir là, ce soir, sur le pas de sa porte, ne présage rien de bon. Elle ne dit rien, reste silencieuse alors qu’elle a une main derrière la porte et une autre devant, prenant ainsi appui sur celle-ci tout en attendant que Caelan soit plus précis sur les raisons de sa venue. Elle ne rebondit pas sur le fait de ne pas avoir retourné ses appels car elle ne tient pas à lui avouer les raisons qui l’ont poussé à ne pas le faire. « Mais avant, j’ai ça pour toi » . Iris baisse alors son regard sur la boite qu’il tient entre ses mains et dont il en soulève le couvercle « Je ne me suis pas rendu compte que je l’avais pris et quand tu me l’as demandé bah… je ne voulais pas m’en défaire » . Son regard reste figé sur cet objet qu’elle a longuement cherché et dont elle a regretté avoir égaré dans le déménagement lors de leur séparation. Leur album de mariage. C’est stupide, elle devrait ne plus en avoir rien à faire quand ce mariage est désormais derrière eux, et pourtant, c’est sûrement la seule chose à laquelle elle pouvait encore se raccrocher, cette dernière trace de leurs jours heureux, où tout était bien plus simple… « Je suis désolé, c’était con » . Elle retrouve alors son regard et tourne doucement la tête de gauche à droite « Non, je peux… comprendre » avoue-t-elle à demi-mot quand elle-même aurait sûrement agi de la même manière s’il lui avait demandé. Il lui tend la boîte et elle marque une certaine hésitation avant de s’en saisir. « Merci » dit-t-elle un peu prise au dépourvu. Est-ce uniquement pour cette raison qu’il est venu jusqu’à chez elle ? Pour lui rendre cet album photo ? Ou y avait-t-il d’autres raisons ? « Est-ce que je peux entrer ? » . Une fois de plus, elle est prise au dépourvue et c’est à cet instant qu’elle remarque les traits de son visage. Il lui rappelle le Caelan qu’elle a quitté suite à ce délit de fuite, le Caelan qui ne trouvait plus le sommeil à cause de cet accident qu’il avait causé, le Caelan qui avait les traits tirés de ce fait, et qui n’était plus celui dont elle était tombée éperdument amoureuse. Elle le remarque et une boule vient à se créer dans son estomac. Peut-être dû à ses retrouvailles soudaines, peut-être aussi parce qu’elle sent qu’il est là pour lui apprendre une nouvelle qu’elle n’a peut-être pas envie d’entendre. « Entre… » fait-t-elle alors en ouvrant davantage la porte, dégageant le passage pour le laisser passer.
Un silence s’installe alors qu’elle l’invite à la suivre dans le living room et qu’elle dépose doucement la boîte sur la grande table à manger. « Pourquoi maintenant ? » demande-t-elle alors, venant interrompre ce silence qui devient pesant « Pourquoi tu me le rends aujourd’hui ? » , en particulier pourrait-t-elle ajouter. Elle ne le dit pas mais, indirectement, elle lui demande pourquoi il vient à s’en débarrasser alors qu’il semblait y être attaché. Y’a-t-il quelqu’un d’autre ? S’apprête-t-il à avoir un nouvel album photo du genre qui l’oblige à se débarrasser définitivement du leur ? Peut-être que les traits d’Iris s’attristent et montre une certaine inquiétude à cet instant, et c’est pour cette raison qu’elle détourne le regard, lui passant à côté alors qu’elle se dirige vers la cuisine pour apporter deux verres d’eau. En revenant à sa hauteur, elle lui en tend un et ajoute « C’était ça, la raison de tes appels ? » . Iris a planté son regard dans le sien alors qu’elle porte son verre à ses lèvres, comme si cette gorgée était nécessaire pour l’aider à affronter cette conversation qu’ils s’apprêtent à avoir. « Notre album de mariage ? » . Elle sait que ce n’est pas le cas quand elle voit ses cernes sous les yeux, ses traits tirés et l’absence de son sourire. Son palpitant s’accélère peut-être davantage à cet instant, dans l’attente de ce qu’il a à lui dire.
Going to prison is like dying with your eyes open. -- @Iris Castillo
« Caelan ? » Iris était visiblement surprise de trouver son ex-mari sur le pas de sa porte malgré ses appels répétitifs des derniers jours. Caelan en venait à se demander si elle n’avait pas perdu son téléphone, ou peut-être n’avait-elle simplement pas envie de lui parler et encore moins de le revoir. Pourtant, malgré les quelques tensions déjà présentes lors de leur séparation ainsi que celles causées par un Leckie confus qui essayait de comprendre ce qu’il n’avait pas vu et en plus de vouloir convaincre Iris de lui donner une chance, ils étaient relativement en bons termes lorsqu’ils s’étaient dit aurevoir après avoir signé les papiers et déposé les clefs de leur ancienne maison chez le notaire. Après ce jour-là, il avait fini par se résigner et il avait tenté de refaire sa vie de son côté comme il le pouvait, même si l’absence soudaine de sa présence après quatorze ans de couple était loin d’être facile à vivre. Encore aujourd’hui, deux ans et demi plus tard, il ne voulait pas s’imposer, mais il n’avait pas vraiment le choix s’il ne désirait pas qu’elle apprenne son incarcération après coup et de la bouche de quelqu’un d’autre. C’est dans l’espoir de partir au poste de police l’esprit tranquille - du moins le plus que possible – qu’il débarqua chez Iris. Le brun profita de cette visite surprise pour faire deux pierres d’un coup et lui ramener en même temps leur album de mariage qu’il gardait depuis deux ans sur une tablette de sa garde-robe. « Non, je peux… comprendre » répondit la jeune femme lorsqu’il lui expliqua pourquoi il lui avait fait croire qu’il n’avait pas l’album avec lui et qu’il s’excusa. Constater qu’elle n’était pas contrariée en découvrant qu’il n’avait pas été tout à fait honnête avec elle le rassura. « Merci » Il lui adressa un sourire forcé tout en croisant ses bras contre son torse, coinçant ses mains sous ses aisselles. Maintenant que le cas de l’album de mariage était réglé, il pouvait se concentrer sur la véritable raison de sa visite aujourd’hui : son délit de fuite.
« Entre… » Le cœur battant la chamade, il pénétra dans la nouvelle demeure de son ex sans trop savoir par où commencer. Il demeura silencieux tandis qu’elle refermait la porte derrière lui et qu’il l’observait silencieusement en se grattant la nuque. Nerveux, il ne savait pas quoi faire de ses dix doigts et il était incapable de rester immobile plus d’une seconde. Ses mains passèrent donc rapidement de son visage jusqu’au bas de son chandail, puis à ses poches de pantalons avant d’en ressortir presque aussi vite qu’elles y étaient entrées. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi tu me le rends aujourd’hui ? » Caelan posa son regard sur ses pieds tout en haussant les épaules. « Je sais que tu le voulais… » commença-t-il par répondre avant de relever la tête à la recherche de son regard qui le fuyait comme la peste. « Je me suis dit qu’il allait t’être plus utile qu’à moi… » Ou pas parce que la jeune femme avait certainement bien mieux à faire que de feuilleter son vieil album de mariage deux ans et demi après son divorce. Le divorce qu’elle a elle-même demandé, d’ailleurs. Il se contenta de la remercier d’un hochement de tête lorsqu’il prit le verre d’eau qu’elle lui tendait. « C’était ça, la raison de tes appels ? Notre album de mariage ? » Malgré son mètre-quatre-vingt-onze, Caelan se sentit minuscule lorsque son ex planta son regard dans le sien en le questionnant au sujet de ses multiples appels. Même s’il était chez elle pour une raison bien précise, jamais il ne serait véritablement prêt à avoir cette discussion avec elle. « N-non, c’est pas ça. Pour l’album, j’aurais très bien pu attendre… » Dans le pire des cas il l’aurait gardé pour lui si elle ne lui avait pas donné de nouvelles. Sans la quitter des yeux, il porta le verre à ses lèvres pour en prendre une gorgée. « C’est… moi. Fallait que je te parle de moi. » Il baissa la tête et son regard se perdit un instant dans son verre d’eau comme s’il y cherchait la dose de courage qui lui manquait. « T’avais raison, Riz’, j’aurais dû t’écouter… » avoua-t-il en relevant la tête d’un air piteux avant de détourner la tête en calant son verre d’eau. Avant de poursuivre, il se permit de s’asseoir dans le canapé à proximité. Il déposa son verre vide sur la table basse, puis il se tira nerveusement les cheveux d’une main en fixant le sol. « J’aurais dû aller me dénoncer quand ça s’est passé… » Il rit nerveusement en repensant à tous les problèmes que ça lui aurait évité s’il l’avait fait. « C’est en train de me rendre fouuuuuuuuuu. » Il se frotta les yeux avec la paume de ses mains, puis il laissa lourdement retomber ses bras sur ses cuisses. « J’en peux plus, je vais le faire. Demain… je vais me dénoncer demain. » murmura-t-il avec émotion en fixant ses mains qui trituraient le bas de son chandail. Chaque confession le rapprochait dangereusement de ce moment qu’il redoutait tant, celui où il perdrait absolument tout et où il dirait aurevoir à sa famille sans la moindre idée de quand il allait pouvoir les serrer dans ses bras la prochaine fois. Il ne serait jamais prêt à une telle éventualité, mais après deux ans et demi, il était temps qu’il prenne ses responsabilités et qu’il vive avec la conséquence de ses actes.
Dernière édition par Caelan Leckie le Dim 27 Mar 2022 - 21:16, édité 2 fois
Il pénètre pour la toute première fois chez elle et c’est évident quand ils ne sont plus en contact depuis leur divorce. Deux ans et demi où ils n’ont sûrement pas cherché à avoir des nouvelles de l’autre que ce soit directement ou par l’intermédiaire d’une autre personne… enfin, ça c’est ce qu’ils pensent réciproquement. Pour Iris, elle l’a fait, notamment lorsqu’elle a renoué avec Channing ou encore avec Marcus. D’ailleurs, en parlant de ce dernier, Iris ignore la réaction de Caelan à propos du fait qu’elle ait elle-même parlé de la véritable raison pour laquelle ils se sont séparés tous les deux, apprenant ainsi à Marcus le délit de fuite de son frère. Elle s’en est voulu d’ailleurs, pensait même qu’elle aurait eu droit à une réaction de la part du principal concerné, mais elle n’a jamais eu de retour à ce sujet… Elle s’était engagée à ne pas trahir son secret mais elle pensait que depuis tout ce temps, il en aurait parlé à ses proches. « Je sais que tu le voulais… » Iris le sent nerveux, et après toutes ces années passées ensemble, elle sait en reconnaitre les signes. Et il a ce comportement actuellement alors qu’elle vient à lui demander pourquoi il se décide à lui rendre leur album de mariage après tout ce temps. « Je me suis dit qu’il allait t’être plus utile qu’à moi… ». Il décèlera certainement un haussement de sourcil, un qui se veut un peu contrarié quand elle y voit autre chose qu’un simple geste de bonté de cœur. Elle imagine qu’il est sur le point de se remarier avec une autre, autre qui a dû lui taper une crise de jalousie parce qu’elle n’a pas apprécié de trouver l’album de mariage avec son ex dans ses affaires. En réalité, Iris ne voit que cette raison, aucune autre à cet instant et peut-être que oui, au fond, l’idée la chagrine un peu. Elle était consciente que ce jour arriverait tôt ou tard, ce jour où, autant lui qu’elle, finirait par refaire sa vie avec quelqu’un d’autre. Pour autant, cette éventualité bien qu’envisagée, elle n’y était sûrement pas préparée si bien qu’elle ne le pensait. Alors, elle insiste, elle lui demande si c’était donc ça l’unique raison de ces appels alors qu’elle a l’impression qu’il tourne autour du pot. « N-non, c’est pas ça. Pour l’album, j’aurais très bien pu attendre… ». L’attente lui parait longue, il tarde à s’exprimer et peut-être que pour une fois, elle qui est pourtant d’un tempérament patiente, s’impatiente. « C’est… moi. Fallait que je te parle de moi. ». Elle est à deux doigts de lui sommer de parler, le ¡habla ! manquant de passer la barrière de ses lèvres. Mais elle est prise d’une angoisse soudaine, une boule se formant dans son estomac quand il a cet air inquiet qui la projette à avant leur divorce. A ce moment où il a décidé de lui dire la vérité à propos de cet accident, que le sang présent sur sa carrosserie n’était pas celui d’un animal, mais celui d’une personne. Il a les mêmes expressions, les mêmes gestes anxieux et lorsqu’il lui dit « T’avais raison, Riz’, j’aurais dû t’écouter… », elle comprend tout de suite les raisons de sa venue. Il se dirige alors vers son canapé pour y prendre place et elle le suit, sans pour autant s’assoir tout de suite à ses côtés, se postant face à lui de l’autre coté de la table basse, l’air inquiet« Raison… à propos de quoi Cae’ ? ».Ils ont beau être séparés, leurs surnoms reviennent naturellement, malgré la douleur et les années de séparation « J’aurais dû aller me dénoncer quand ça s’est passé… ». Elle ne pourra pas le contredire, parce que c’est la raison pour laquelle ils ont fini par se séparer, ce sujet de discorde où il refusait de se rendre à la police et qu’elle n’a pas supporté. « C’est en train de me rendre fouuuuuuuuuu. ». « Caelan, calme-toi » . Pourquoi maintenant ? Qu’est-ce qui faisait qu’il prenait conscience désormais de cette erreur… Et surtout, pourquoi tenait-t-il à lui en parler, aujourd’hui et ça de vive voix ? Est-ce uniquement pour exprimer des regrets ? « J’en peux plus, je vais le faire. Demain… je vais me dénoncer demain. ». Et là, la sentence tombe. Iris comprend mieux, tout ce qu’il a pu dire jusqu’à maintenant, tout prenant soudainement sens. Elle sent ses jambes flanchées et après être restée figée et silencieuse pendant quelques secondes, la mexicaine décide de rejoindre son ex-mari sur le canapé, contournant la table basse « Cae’… tu… » . Elle sent sa gorge se nouer « Tu es sûr de toi ? » . Oui, elle a été celle qui l’a poussé à le faire, oui elle aurait aimé qu’il ait le courage de le faire avant, car peut-être cela aurait pu sauver leur mariage. Mais elle pense aussi à ce que cela va entrainer, surtout après tout ce temps et donc la peur de la sentence. Mais aussi la panique à l’idée qu’il soit en prison, lui qui n’a pas sa place en ses lieux quand on le connait par cœur comme elle peut le connaitre. Instinctivement, elle vient à attraper ses mains pour le calmer dans ses gestes « Ça va aller, Caelan… » Elle cherche son regard, l’oblige à la regarder alors qu’elle resserre un peu plus ses mains dans les siennes « Ca va aller, d’accord ? » . Il est difficile pour elle de rester de marbre alors qu’elle lit la panique dans son regard « Si tu en as besoin pour te sentir mieux… Alors tu dois le faire… » . Sa gorge se noue malgré tout mais elle poursuit « Tu dois le faire… pour toi » . Pour lui avant tout et personne d’autre. Iris le connait, sait qu’il n’est pas mauvais, sait qu’il n’a jamais voulu faire de mal à quiconque et que sa fuite est dû à la peur des conséquences. « A qui en as-tu parlé ? » d’aller se dénoncer le lendemain « Quelqu’un t’accompagne ? » . Parce que, s’il le fallait, elle l’accompagnera. Mais Iris ignore s’il a envie de sa présence et elle ignore elle-même si elle se sent capable de l’accompagner quand l’idée de le voir derrière les barreaux l’effraie, malgré tout... Une larme perle alors ses joues alors que son regard ne quitte plus celui de Caelan, gardant ses mains dans les siennes pour l’aider à s’apaiser lui… et peut-être elle aussi.
Going to prison is like dying with your eyes open. -- @Iris Castillo
« Raison… à propos de quoi Cae’ ? » Il la connaissait suffisamment pour savoir qu’elle allait s’impatienter s’il ne crachait pas bientôt le morceau, même si elle respectait son rythme pour le moment. Il tenta de lui expliquer le plus clairement que possible, mais il avait l’impression que son discours était décousu tellement il n’arrivait pas à réfléchir clairement avec le stress qu’il vivait. « Caelan, calme-toi » Il en était incapable, pas maintenant avec la confidence qu’il s’apprêtait à faire et tout ce qui l’attendait le lendemain. Finalement, il cracha le morceau et la nouvelle eut l’air de surprendre la jeune femme. Peut-être avait-elle perdu espoir qu’il le fasse après tout le temps qui avait passé. « Cae’… tu… Tu es sûr de toi ? » Il savait depuis bien trop longtemps qu’il s’agissait de la chose à faire, qu’il aurait dû se dénoncer dès les premiers instants et surtout ne pas se sauver du lieu de l’accident. Sous la panique, il avait pris une décision qu’il regrettait depuis plus de deux ans et s’il réfléchissait trop, il risquait de changer d’idée et de fuir ses responsabilités une fois de plus. Il ne voulait pas en arriver là et décevoir ses proches une fois de plus alors il essayait de ne pas trop y penser, une tâche tout simplement impossible à accomplir depuis quelques jours. Étant donné le temps qu’il avait attendu avant de se dénoncer, il était presque sûr de se retrouver derrière les barreaux et cette possible incarcération occupait ses pensées jours et nuits. Le brun ne connaissait absolument rien au milieu carcéral et il ne pouvait donc que se référer aux images qu’il avait vues dans des films ou séries. Ces scènes suffisaient à lui donner des cauchemars dès qu’il fermait l’œil, à un point tel où il était sur le bord de l’épuisement à force de combattre son sommeil pour ne pas voir les images qui hantaient ses nuits. « Oui. Il faut que je le fasse. » Pour que sa victime et sa famille puissent passer à autre chose, mais aussi pour ne plus faire honte à ses proches qu’il avait terriblement déçus. Pour pouvoir enfin avancer, il avait aussi besoin de le faire pour lui, même si ça impliquait qu’il devrait perdre tout ce dont il avait travaillé pendant plus d’une décennie. « Ça va aller, Caelan… » Il s’efforça de ne pas la regarder lorsqu’elle attrapa ses mains parce qu’il savait qu’il craquerait dès l’instant où leurs regards se croiseraient. Il devait se montrer fort et inébranlable comme il savait si bien le faire depuis toujours, mais son ex le força à le regarder et comme il le craignait, il sentit ses barrières commencer à s’abattre. « Ca va aller, d’accord ? » La respiration entrecoupée, il n’était pas encore prêt à s’avouer vaincu alors il continua de lutter silencieusement contre les émotions qui remontaient dangereusement dans sa gorge. « Si tu en as besoin pour te sentir mieux… Alors tu dois le faire… Tu dois le faire… pour toi » Et si ça ne l’aidait pas à se sentir mieux? Il avait peur de ne pas passer au travers sa sentence, de ne pas survivre dans ce milieu qui n’était pas du tout fait pour lui. Et s’il se rendait à sa liberté, dans quel état allait-il se trouver? Il craignait de ne plus être le même à sa sortie et que les liens qu’il entretenait avec ses proches en souffrent. Il espérait trouver des projets qui le motiveraient autant à se lever le matin que son boulot d’ingénieur qu’il ne serait plus en mesure de pratiquer avec son casier judiciaire. Qu’allait-il faire de ses journées? Il ne le savait pas et toutes ces incertitudes l’angoissaient au plus haut point. « Je suis fatigué, je n’en peux plus de mentir, de faire semblant… » De faire comme si tout allait bien et de parler de son séjour au Canada comme s’il y était allé en vacances plutôt que pour s’exiler loin de ses problèmes le temps de réfléchir. Il avait besoin de se libérer de ce poids qu’il trainait depuis des années… « A qui en as-tu parlé ? Quelqu’un t’accompagne ? » Il libéra ses mains de l’emprise des siennes pour se caresser la nuque en haussant une épaule. « Channing, Gabrielle et Anwar savent… Et pour demain, je ne sais pas encore, quelqu’un de ma famille peut-être... J’espère. » Il attendait le jour même pour leur en parler, de peur de changer d’avis et de les décevoir une fois de plus. « Je ne sais pas comment je vais faire Riz’… J’ai peur… » avoua-t-il d’une voix tremblante, le regard noyé de larmes. Ce n’était plus le rôle d’Iris de réconforter Caelan maintenant qu’ils étaient divorcés, mais l’homme se sentait terriblement seul depuis quelques mois et tout ce dont il avait envie à l’instant, c’était que quelqu’un le prenne dans ses bras pendant que c’était encore possible.
« Oui. Il faut que je le fasse. » Les mots sont durs à entendre alors qu’ils résonnent dans la maison qui parait soudainement bien trop silencieuse et dont l’atmosphère est pesante. Dire que ce n’est pas ce qu’elle a toujours voulu serait mentir. Parce que c’est cette exacte raison, le refus de Caelan d’avouer ce qui s’était passé aux forces de l’ordre, qui a eu raison de leur mariage. Iris aurait aimé qu’il ait le courage de se rendre, elle aurait aimé qu’il l’écoute deux ans plus tôt lors de l’accident. Il aurait essuyé une peine mais certainement moindre que celle qui l’attendait après tout ce temps. Et c’est ce qui l’effraie à Iris. Et c’est ce qui explique aussi sa réaction en apprenant ce soir qu’il décide de se rendre le lendemain. Ça parait soudain… Mais au final, elle qui ne lui a plus adressé la parole depuis leur séparation, que sait-t-elle au final des remords et des regrets de son ex-mari ? Elle ignore totalement comment il a pu se sentir face à cet accident pendant tout ce temp, comment il a pu vivre avec. Iris l’ignore parce qu’elle l’a elle-même ignoré quand il l’a imploré de revenir et de ne pas le laisser… Elle l’ignore quand elle s’est éloignée de tout le monde à leur séparation, ces proches en commun que sont Marcus et Channing, pour ne citer qu’eux. Et puis, même après avoir renoué avec ces derniers, elle n’a jamais osé leur demander comment il allait, estimant ne plus en avoir le droit… Bref, Iris ce soir est mal placée pour dire quoi que ce soit comme elle ne peut pas non plus se permettre de lui dire qu’il ne doit pas le faire… Alors, elle le conforte dans son idée même si elle sent son estomac se nouer en le faisant, lui disant qu’il doit avant tout faire ce choix pour lui, s’il estime que c’est le plus juste à faire… une façon pour elle de lui glisser un message, celui de ne surtout pas le faire pour elle quand, par le passé, elle a été catégorique et que se rendre était finalement la condition pour qu’elle reste avec lui… « Je suis fatigué, je n’en peux plus de mentir, de faire semblant… » Elle acquiesce, son regard ancré dans celui de son ex-mari, serrant un peu plus son emprise sur ses mains. Elle comprend, elle entend ses arguments, sa lassitude, son besoin de le faire pour aller mieux, pour avancer aussi certainement et une fois de plus, c’est tout ce qu’elle peut faire. Acquiescer. Elle reste silencieuse, ne sachant que lui dire, quand elle n’a tout simplement plus la même place dans sa vie qu’elle pouvait l’avoir encore à l’époque de cet accident. « Channing, Gabrielle et Anwar savent… Et pour demain, je ne sais pas encore, quelqu’un de ma famille peut-être... J’espère. » Entendre que Channing est désormais au courant enlève un certain poids à la jeune femme qui s’est abstenue, pendant tout ce temps, de lui dire la vérité sur les véritables raisons de leur rupture. Elle a fait l’erreur avec Marcus, lui ayant parlé de l’accident que son frère s’était bien gardé de lui avouer et s’en était suffisamment voulue pour que cela se reproduise à nouveau. Iris a donc été prudente à ce sujet, prenant soin de ne jamais le révéler à quiconque, parce que c’est la promesse qu’elle avait faite à Caelan lors de leur divorce. Promesse qu’elle ne le trahirait pas sur ce secret, estimant que ce n’était pas de son ressort de l’avouer à ses proches. Concernant l’accompagnant, Iris n’ose pas se proposer… elle n’ose pas parce qu’à cet instant, elle ne peut s’empêcher de se sentir coupable de l’avoir poussé à se rendre quand pourtant, c’est la seule chose sensée à faire. il doit le faire ne cesse-t-elle de se répéter pour ne pas lui crier de faire l’opposé. Cette contradiction la rend malade alors qu’aucun mot, aucun son n’est capable de passer la barrière de ses lèvres. « Je ne sais pas comment je vais faire Riz’… J’ai peur… » C’est les mots de trop, ceux qui la font finalement flancher à son tour alors qu’elle voit les larmes envahir le regard de son ex-mari. Elle n’a jamais supporté de le voir dans cet état, cette vision lui rappelant celle du passé, au moment de leur rupture, quand elle l’a laissé en lui tournant définitivement le dos. Son regard se plante dans le sien, elle le fixe une fraction de secondes sans agir, sans rien dire. Et finalement, elle se rapproche de lui, ses bras venant se nouer autour de son cou et vient à l’amener contre elle « Ca va aller, Caelan, tout va bien se passer… » réitère-t-elle, les mots facile à dire mais pourtant auquel elle ne croit pas. Parce qu’elle a peur elle aussi. Elle a peur de son sort, elle a peur de la sentence, elle a peur de ce qui va bien pouvoir se passer pour lui à l’intérieur de la prison. « Tu… tu fais le choix qu’il faut … » ça lui arrache le cœur de dire ça, mais c’est la raison qui parle et non le cœur. Elle resserre son étreinte un peu plus, cette proximité soudainement retrouvée la perturbant bien plus qu’elle n’aurait pu le penser. Elle le laisse aller, elle le laisse extérioriser tout ce qu’il peut ressentir à cet instant même, se contentant d’être cette personne qui le prend dans ses bras et lui apporte ce réconfort dont il a besoin, malgré leur divorce, malgré ce fossé qui s’est creusé entre eux depuis tout ce temps. Iris veut retrouver son regard pour l’aider à se calmer mais elle a ce moment où elle a le sentiment d’être incapable de le lâcher… Comme la peur de ne plus pouvoir l’étreindre à nouveau, cette sensation agréable la projetant des années en arrière, où tout était plus simple entre eux, où ils étaient heureux même après quatorze ans ensemble. Elle aimerait pouvoir retourner en arrière, avant cet accident, où même ce sujet discordant, à propos de l’enfant qu’il n’était pas prêt à avoir avec elle, lui semble être désormais dérisoire à côté de ce qu’il se prépare à faire. A regret, elle se recule doucement pour trouver son regard, ne lâchant pas l’étreinte de ses bras autour de sa nuque pour autant « Cae, regarde-moi… » souffle-t-elle doucement pour l’inciter à le faire « Ce ne sera pas facile, mais il le faut… Il le faut parce que tu en a besoin pour avancer… Il le faut pour … pour aider la victime et sa famille à avancer aussi… Il le faut pour que tu puisse enfin te pardonner et … elle s’interrompt parce que les mots sont difficiles à prononcer pour que tu puisse être enfin heureux… » Oui les mots sont durs à passer la barrière de ses lèvres parce qu’ils étaient supposés être heureux… ensemble. Pour le meilleur, comme pour le pire… C’était les paroles qu’ils avaient échangées et elle avait l’impression désormais d’être le monstre dans l’histoire, celle qui s’est éloignée de lui alors qu’il avait besoin d’elle plus que tout au monde dans cette mauvaise passe. Ses larmes perlent de plus belle sur ses joues alors qu’elle croise son regard à nouveau. Elle s’en veut à cet instant, son front venant trouver le sien doucement « I’m sorry… » laisse-t-elle échapper dans un murmure à peine audible, pas même certaine qu’il ne l’entende en réalité « Tu ne seras pas tout seul, Cae… on… on sera là pour toi » glisse-t-elle l’instant d’après alors que ses pouces caressent délicatement le bas de sa nuque, que ses yeux sont toujours clos, toujours front contre front.
Going to prison is like dying with your eyes open. -- @Iris Castillo
Même sans que Caelan n’en fasse la demande explicite, Iris sembla comprendre son besoin de proximité, un vestige visiblement conservé des quatorze années passées ensemble. Lorsque les bras de la jeune femme s’enroulèrent autour de sa nuque, il ne se fit pas prier et il se blottit contre elle en s’agrippant à son dos pour ne pas la laisser partir en espérant naïvement que le temps finirait par se figer et que son délit de fuite et toutes les conséquences qu’il avait engendrées ne seraient plus qu’un mauvais rêve. « Ca va aller, Caelan, tout va bien se passer… » Malgré tout ce qu’elle pouvait dire, ses paroles ne suffisaient pas à apaiser les angoisses de son ex-mari qui ne savait que trop bien que jamais personne ne pourrait lui affirmer avec certitude qu’il ne lui arriverait rien en prison, ce n’était ni de son ressort, ni du leur. « Tu ne peux pas le savoir, personne ne peut le savoir Riz’. » Et peut-être que ce n’était que ses craintes qui parlaient, qui faisaient en sorte qu’il s’imaginait le pire, mais sa petite voix intérieure lui criait que c’était impossible qu’il passe à travers sa sentence sans problèmes. « Tu… tu fais le choix qu’il faut … » Malgré la peur et la colère qu’il ressentait contre lui-même, il savait qu’il faisait le bon choix et ça lui faisait du bien de sentir que, pour une fois, il prenait la bonne décision en lien avec cet évènement et l’approbation d’Iris était importante même si elle ne faisait plus partie de sa vie depuis maintenant deux ans. « Merci d’être là… » répondit-il d’une voix tremblante en la serrant un peu plus fort contre lui. Il courba ensuite suffisamment l’échine afin de pouvoir appuyer sa tête contre l’épaule de la jeune femme où il se permit de laisser libre cours à sa tristesse sans restriction, jusqu’à ce qu’il finisse par se calmer, bercé par le parfum enivrant de la brune qu’il humait les yeux fermés. « Cae, regarde-moi… » Lentement, il rouvrit les yeux et il se redressa sans savoir combien de temps il venait de passer dans ses bras, ayant perdu la notion du temps. « Ce ne sera pas facile, mais il le faut… Il le faut parce que tu en a besoin pour avancer… Il le faut pour … pour aider la victime et sa famille à avancer aussi… Il le faut pour que tu puisse enfin te pardonner et … pour que tu puisse être enfin heureux… » Il baissa les yeux en souriant tristement. Comment pourrait-il être heureux en sortant de prison après avoir perdu tout ce à quoi il tenait parce qu’il avait pris la mauvaise décision trois ans plus tôt? Iris ne l’attendait plus à la maison depuis plusieurs années maintenant, il devrait faire le deuil de sa carrière passionnante et il n’avait plus de maison sur laquelle bricoler non plus, devant se contenter d’habiter dans un logement qui appartenait à quelqu’un d’autre et qui l’empêchait de faire tout ce qu’il désirait. Il allait devoir repartir de zéro à trente-sept ans alors qu’il n’en avait pas envie, était-ce ça être heureux? « Si être heureux c’est de tout perdre… » murmura-t-il sans oser la regarder. Il n’essayait pas de la faire culpabiliser de l’avoir quitté, il n’arrivait simplement plus à voir la lumière au bout du tunnel avec ce qui l’attendait dans les prochains mois et les incertitudes dont il était en proie concernant son avenir. Il essayait de se raccrocher au fait qu’il allait au moins retrouver une partie de sa dignité. Il releva la tête lorsqu’il aperçut du coin de l’œil des larmes rouler sur les joues d’Iris. Le cœur serré de la voir dans cet état, par sa faute qui plus est, il essuya doucement ses joues du bout des doigts sans la quitter des yeux. « I’m sorry… » Il sourit tristement et laissa échapper un sanglot tandis qu’il secouait négativement la tête sans décoller son front du sien. « Tu n’as rien fait de mal, c’est moi qui ai tout gâché… » tenta-t-il de la rassurer en glissant doucement ses doigts dans ses cheveux tout en caressant ses joues avec ses pouces. « Tu ne seras pas tout seul, Cae… on… on sera là pour toi » Il se contenta d’hocher la tête en guise de réponse, soulagé de savoir qu’elle serait présente pour lui pendant cette période difficile même si elle ne lui devait plus rien depuis bien longtemps. Les yeux fermés, il ne lâcha pas son visage des mains, se concentrant sur le souffle chaud d’Iris qui lui caressait la peau et qui faisait remonter à la surface multiple souvenirs qu’ils partageaient ensemble. Des souvenirs pourtant heureux, mais qui lui rappelaient une fois de plus qu’ils n’étaient plus ensemble par sa faute et qui ranimaient une peine qu’il croyait en majeure partie guérie. Nostalgique, il rouvrit les yeux et il l’observa en silence comme il l’avait si souvent fait pendant qu’elle dormait. Caelan était tiraillé entre sa tête et son cœur qui lui envoyaient des messages différents. Il était conscient qu’un baiser risquait de faire plus de mal que de bien, que ça n’allait être qu’une mauvaise décision de plus à son actif, mais malgré ça, il releva le menton pour étouffer ses pleurs contre les lèvres d’Iris dans l’espoir de ramener en prison un peu de douceur.
« Tu ne peux pas le savoir, personne ne peut le savoir Riz’. » Il a cruellement raison et cette phrase qu’elle a sorti, celle affirmant que ça allait bien se passer n’était qu’une phrase bateau, celle que tout le monde pouvait et allait certainement lui dire, pour l’apaiser ou pour le rassurer. Mais il n’est pas dupe et personne ne l’est en réalité, quand les conditions de détention ne s’apparentent pas à un club de vacances. Alors, tout ce qu’elle peut faire à cet instant, c’est être présente pour lui durant ces dernières heures de liberté, et être l’épaule sur laquelle il peut se reposer et se laisser aller. « Merci d’être là… » Elle aimerait pouvoir lui murmurer always mais ce ne serait qu’un mensonge. Un mensonge concernant autant ces deux dernières années, durant lesquelles elle a passé le début de celles-ci à l’ignorer pour ne pas retomber dans ses bras – parce qu’elle l’aimait encore et si elle s’était autorisée une seule fois à le revoir, elle sait qu’elle aurait été incapable de repartir. Mais un mensonge aussi qui concerne le futur proche quand elle sera incapable d’aller lui rendre visite en prison. Elle déteste que les choses soient désormais ainsi entre eux, qu’il ait fallu qu’un tel drame vienne bouleverser leur vie alors qu’ils ont toujours eu tout pour être heureux. Une entente parfaite, une compréhension l’un envers l’autre sans pareil, un seul regard suffisant bien souvent pour que l’un comprenne ce que l’autre ressentait. Iris resserre davantage Caelan contre lui alors qu’il en fait de même et entendre ses sanglots lui tord le ventre. C’est dur, elle l’a déjà connu vulnérable, mais jamais de la sorte. Alors, la mexicaine le garde tout contre elle, lui caressant doucement la nuque, lui susurrant des ssht à peine audible pour l’aider à se calmer. Et c’est lorsqu’elle sent qu’il se calme un peu qu’elle recule pour trouver son regard et avoir ces quelques mots l’encourageant à faire face à cette décision qu’il a prise et du positif qu’il faut en tirer « Si être heureux c’est de tout perdre… » La conclusion lui serre la gorge bien plus qu’elle ne peut l’avoir déjà. Elle sait tout ce qu’il va perdre en prenant cette décision, cette même crainte qu’il a eu deux ans plus tôt et qui l’a poussé à ne pas se rendre. Et bien sûr, qu’il le veuille ou non, Iris comprend aussi qu’il parle de la perte de leur couple, du fait surtout de l’avoir perdu elle, et elle ne sait que dire à ce moment-là. Ses larmes perlent sur ses joues alors qu’elle s’excuse de ne pas avoir tenu ce serment qu’elle a pourtant fait le jour de leur mariage, s’en voulant de ne pas avoir eu le courage de rester à ses côtés malgré le secret, malgré son erreur. Le voir dans cet état aujourd’hui lui fend le cœur, et peut-être que si elle était restée à ses côtés, elle aurait peut-être réussi à le faire revenir à la raison, à accepter de purger sa peine et peut-être que cette sentence aurait été moins dure que celle qu’il s’apprête à avoir. « Tu n’as rien fait de mal, c’est moi qui ai tout gâché… » Il ne cherche pourtant pas à la blâmer et a ce geste à son encontre, ce réconfort qu’il tente de lui donner en séchant ses larmes et en remettant toute la faute sur lui « Je n’aurai pas dû… partir mais elle se stoppe, l’émotion beaucoup trop forte et reprend quelques secondes après en lui promettant qu’il ne sera pas tout seul face à cette épreuve et qu’elle sera là pour lui, le on qu’elle utilise l’englobant évidemment.
Ils sont toujours front contre front, les yeux clos tous les deux. Caelan a toujours le visage de son ex-femme entre ses mains, et elle ses mains autour de sa nuque, qu’elle continue de caresser doucement. Il est agréable ce moment, ce moment où ils sont transportés autant l’un que l’autre des années en arrière. Et encore plus lorsque, sans qu’Iris ne s’y attende, Caelan vient à plaquer ses lèvres contre les siennes. Et ce baiser, si doux, bien que mêlé à leurs larmes respectives, ne fait que lui faire davantage ressentir encore la nostalgie d’un temps plus doux. Et si le geste la surprend en premier lieu, la mexicaine ne le repousse pas pour autant, et répond à ce baiser. Quelques secondes, elle se laisse porter par l’instant, par ce moment de retrouvailles, un de ceux qu’ils n’ont jamais eu. Puis finalement, elle l’interrompt, ces larmes continuant de perler sur ses joues, susurrant un « Cae… sans être capable de dire quoi que ce soit d’autre. Elle l’interrompt mais n’est pas certaine de le vouloir, vraiment. Tout comme elle n’a pas envie de le voir partir et préférerai le garder avec elle jusqu’au moment fatidique. Mais ce n’est certainement pas la solution, et c’est pour cette raison qu’elle soupire, à regret. Son front reste collé au sien encore quelques secondes alors que ses mains glissent pour rejoindre les siennes dont elle se saisit. Elle presse ses lèvres entre elles et trouve le regard de Caelan Je te promets que je ne te laisserai pas cette fois et que je viendrai te voir le plus possible » Leur regard sont scellés et alors que ses yeux se perdent dans les siens et qu’elle serait certainement capable de lui rendre ce baiser, elle préfère le serrer une dernière fois dans ses bras en déposant un long baiser sur sa joue.
Lorsqu’il quitte les lieux, Iris s’effondre derrière la porte d’entrée à peine refermée et reste ainsi de longues minutes durant avant de retourner sur le canapé, se saisissant d’un des coussins qu’elle sert fort contre elle et y reste installée toute la nuit, incapable de trouver le sommeil.