Face au miroir de la salle de bains, je pousse un soupir désabusé en découvrant mon reflet. Je dois admettre que je ne pouvais pas espérer une meilleure mine après la nuit que je viens de passer : sommeil inexistant, les sens aux aguets, le cerveau tournant à mille à l'heure en essayant de songer à toutes les éventualités. Hélène qui sort de sa chambre avec l'intention de m'attaquer. Hélène qui déjoue mon poste de guet, établi dans le salon, en passant par la fenêtre de l'étage puis le toit, avant d'aller semer la pagaille parmi les habitants de Coochie. Voire pire. Personne ne peut m'en vouloir de me montrer aussi méfiante alors qu'une étrangère dort à quelques mètres de moi. Pas quand on sait ce qui s'est déjà passé. Il est si facile de jouer les chevaux de Troie avec un air innocent et une situation désespérée. J'en sais quelque chose.
Hier, suite à notre retour sur l'île en fin de journée, j'ai donc emmené notre nouvelle venue à l'armurerie afin qu'elle dépose et recense son arme à feu. Étant donné qu'elle semblait vraiment au bord de l'épuisement, je l'ai accompagnée sans attendre à la maison, où elle a pu prendre possession de la chambre libre. Elle s'est quasiment effondrée sur le matelas et n'a pas émergé depuis. Désormais, il est sept heures trente-cinq du matin. Tout est toujours silencieux, mais je sais qu'elle est là. J'ai entendu les draps se froisser lorsque je suis passée devant sa porte en remontant le couloir. Ou, si je dois utiliser un terme plus proche de la réalité : lorsque je me suis arrêtée un instant devant sa porte.
Une fois prête, débarbouillée et habillée, je file à la cuisine afin de faire couler du café, cet or noir indispensable à mon bon fonctionnement, et qui finira sans doute par devenir inaccessible. Mon mug fumant entre les mains, j'entreprends de déguster son contenu dehors, sous le porche. Dès qu'il me voit passer le seuil de l'entrée, Miles avance d'un bon pas dans ma direction. « Hey, Quinn. » Je devine la question qui s'apprête à franchir ses lèvres : on a vécu trop de choses, tous les deux, depuis la fin du monde. Je lis en lui comme dans un livre ouvert. « Hey. Elle est encore endormie. » Je l'informe, le coiffant au poteau. « Je vais passer la journée avec elle, lui montrer les lieux. » Un haussement d'épaules plus tard, j'ajoute. « Je crois... Je crois qu'on s'en fait pour rien. » Il soupire : cette méfiance n'a rien d'inutile de son point de vue. « Tu sais ce que je vais te dire. » « Je sais. » Je souffle. Je sais.
Miles reste et discute avec moi une poignée de minutes, puis repart vaquer à ses occupations. Je retourne à l'intérieur, et à peine dix minutes se sont écoulées quand la silhouette d'Hélène entre dans la cuisine. Je l'accueille avec un sourire, espérant qu'elle ne remarquera pas trop mes traits tirés. « Tu te sens reposée ? » Interrogation rhétorique : après ce qu'elle a vécu en centre-ville, je me doute qu'un vrai repos dans un vrai lit lui a fait énormément de bien. Et c'est tant mieux. « Le café est prêt, ça te tente ? Je crois que j'ai du thé aussi, si tu préfères. » Je fais un geste en direction d'une chaise. « Viens, sers-toi. » Je l'invite à s'asseoir à la table où trônent déjà deux sets de couverts et de verres, une bouteille de jus d'orange, une assiette de pain grillé et trois pots de confiture différents. « Je t'attendais avant de manger un morceau. Je t'ai juste devancée sur le café, sans ça j'ai du mal à ouvrir les yeux. » Surtout quand je ne les ferme pas de la nuit. Je m'installe en face d'Hélène, et en guise d'exemple, attrape de quoi prendre des forces pour cette nouvelle journée.
Le silence. L’apaisement. Cela faisait tellement longtemps qu’Hélène ne les avait pas ressentis. Toutes ces sensations de bien-être ; plus aucune peur, ni de boule au ventre même endormie. S’en était presque bizarre. C’est cela qui avait réveillé Hélène. Cette dernière ouvrit les yeux sur un plafond. Qui n’était pas le sien. La blonde se leva très vite. Assez pour avoir la tête qui tourne et de voir des étoiles devant elle. Cependant, cela lui permit de se remettre les idées en place ; ce qui était assez ironique. Elle était chez quelqu’un. Elle était en sécurité. Plus de centre-ville, plus de zombies ; enfin la paix. Du moins, plus de zombies, cela était vite dit. C’était juste qu’Hélène ne risquait plus de se faire tailler le bout de gras pendant son sommeil. Ce qui aidait pas mal. Pourtant, la blonde ne se rendormit pas. Elle se rallongea quelques minutes puis, entendant du bruit se leva discrètement. Elle ouvrit tout aussi doucement sa porte et marcha à pas léger. Or, avant même qu’elle n’est pu voir sa camarade et sauveuse, elle l’entendit parler à quelqu’un d’autre. Parler d’elle. La curiosité est un vilain défaut, cependant, Hélène voulait savoir ce qu’on pensait d’elle. Arès tout, peut-être qu’on la trompe. On lui fait avoir confiance et elle devient un appât voire un encas pour zombies en cas de problème. Pourtant, à entendre la discussion, Hélène s’était trompée. La jeune femme blonde l’appréciait réellement. Ou alors, c’était une bonne menteuse.
Ne voulant pas s’immiscer encore plus dans la vie de Quinn, la française retourna dans sa chambre tout aussi doucement qu’à l’aller. Elle enfila des vêtements. Les siens en réalité. Elle devrait peut-être les changer maintenant qu’elle était en sécurité. Du moins, tant qu’elle ne sortait pas de l’île. De plus, Quinn avait parlé de lui faire visiter. Ce qui était parfait. Après avoir de nouveau soufflé et avoir accepté qu’elle n’était plus en danger, Hélène sortit de sa chambre. Elle était discrète mais plus autant qu’avant. Elle rejoignit sa camarade dans sa cuisine. Une bonne odeur de café et de pain était dans la pièce. Ce qui donna assez faim à la française. Ce qui devait se voir sur son visage car l’autre femme lui proposa de petit-déjeuner après lui avoir posé une question rhétorique. Hélène lui sourit.
- Oui. Merci. Pour le petit-déjeuner et pour le lit.
Puis, en suivant Quinn, Hélène s’assit et prit doucement une tranche de pain avec une tasse de café. Elle avait peur de vraiment abuser de l’hospitalité de sa camarade. Cependant, son ventre prit le dessus et dès lors qu’elle prit une bouchée de pain, elle l’engloutit en moins de deux. Puis, prit une nouvelle tranche. Et de la confiture.
Entre deux bouchées, la française regarda sa camarade blonde.
- Je devrais peut-être changer de vêtements. Non ?
Hélène ne savait pas si cela pouvait faire comprendre qu’elle avait entendu la conversation mais en soit, comment ? C’était vrai. Ses vêtements étaient assez sales et, ne le cachons pas, des trous à peine rapiécé était visible. Cependant, la blonde prit vite conscience de quelqu’un chose d’important. Elle n’avait pas de sous. Dommage. Avec une déception presque cachée, Hélène soupira.
Je récupère une tranche de pain grillé dans l'assiette qui me fait face avant d'étaler une bonne couche de beurre puis de confiture dessus. Mon estomac crie famine depuis le temps que je suis éveillée et alerte, mais je tenais à attendre ma toute nouvelle colocataire avant de commencer ce premier repas de manière formelle. Hélène avait besoin d'un long sommeil, et elle n'est en rien responsable de ma nuit quasiment blanche. Ce n'est pas sa faute si je suis incapable de tenir à distance les nombreux doutes liés aux trahisons du passé, au point de lui prêter les pires des intentions alors qu'elle ne cherche qu'à survivre dans cet enfer. Car oui, à de rares occasions, quelques visages étrangers ramenés à Coochie ont bien failli réduire notre communauté à néant. C'est un fait indiscutable. Mais combien d'autres se sont intégrés, ont prouvé leur loyauté et sont désormais des membres à part entière de notre famille de survivants ? Je ne peux pas juger la Française coupable jusqu'à preuve de son innocence. Ce n'est pas de cette manière que je veux réagir. Ce n'est pas de cette manière que je veux considérer mes pairs.
« Merci. Pour le petit-déjeuner et pour le lit. » J'esquisse un sourire à l'attention de la blonde, la laissant s'asseoir et prendre ses marques. Je vois qu'elle se sert, avec timidité d'abord, avant d'abandonner la bataille face à la faim qui la tenaille. Son appétit fait très plaisir à voir. « Pas de problème. » J'acquiesce, hochant la tête. « Tu peux rester ici autant que tu veux. Et quand tu te sentiras prête, on te trouvera ton propre espace. » Tous les logements présents sur l'île ont été recensés à notre arrivée, et sont distribués équitablement en fonction de leur taille ainsi que des demandes. Certaines personnes aiment être toujours entourées, alors que d'autres préfèrent s'installer dans un endroit où elles pourront se retrancher, seules. Avec les ententes et parfois mésententes entre habitants - la vie en communauté n'est pas parfaite, même en période d'apocalypse - ce n'est jamais figé. La douce Laura organise ces foyers d'une main de maître, essayant de prendre en compte les requêtes de chacun, du moins autant que possible. Ainsi, dépendamment de son choix, Hélène pourra rejoindre une chambre dans une vaste maison à partager, ou bien se voir attribuer une surface plus restreinte mais qui lui sera exclusive. Peut-être qu'avec le temps, on ne pourra plus se permettre une telle liberté. Et quelque part, je l'espère. N'est-ce pas notre but de ramener un maximum de gens ?
« Je devrais peut-être changer de vêtements. Non ? » Je m'apprête à lui répondre. Elle semble toutefois ce raviser. « Ou juste voir l’île. Elle a l’air passionnante. » Je ne me formalise pas de ce revirement de situation soudain. Elle n'est pas la première à imaginer que l'on manœuvre encore comme avant, et elle ne sera pas la dernière non plus. « J'ai prévu les deux. » Je lui confirme, rassurante. « Je crois qu'on fait à peu près la même taille. Je t'ai laissé des habits propres dans la salle de bains. » Hélène était tellement éreintée, hier, qu'elle n'a pas eu la force de prendre une bonne douche. Je suis certaine que ça lui fera grand bien de prendre soin d'elle avant qu'on ne démarre notre visite guidée de Coochie. « Dans la journée, on ira voir Nora. C'est elle qui gère les stocks de produits hors nourriture. Elle te donnera le nécessaire. » Une pile de vêtements et l'indispensable de l'hygiène, pour commencer sur des bases solides. « Rien ne s'achète, ici. » La précision sera sans doute la bienvenue. J'ai accueilli assez d'individus auparavant isolés pour me rendre compte que c'est une question importante voire primordiale pour eux, et je le comprends aisément. « Ce qu'on produit sur place et ce qu'on trouve en mission de ravitaillement est mis en commun, et on compte sur le bon sens de tous. On ne consomme pas davantage que ce dont on a besoin, et ce qu'on prend est noté afin de s'assurer qu'il n'y ait pas d'abus. C'est la raison pour laquelle plusieurs d'entre nous sont assignés aux divers inventaires. » Il me faut admettre que ça fonctionne pas mal malgré mes réticences du début.
Hélène avait encore la tête dans l’oreiller. En quelques sorte. Cependant, son estomac, lui, était bien dans ses talons. Peut-être que l’idée d’avoir tant de choses à pouvoir manger alors qu’avant, elle devait se restreindre pour le faire était une des coïncidence. Or, maintenant, elle n’avait plus besoin de compter ses rations aussi bien pour survivre que pour manger car, toute une table devant elle était présente. Ironiquement, elle s’était tout de suite dirigée vers le pain, française avant tout. Puis un peu de confiture. C’était toujours aussi bon qu’avant voire plus ; peut-être car cela faisait un petit moment que la blonde n’avait pas gouté à ce met délicat. C’était un peu comme si elle revivait. Pensée un peu ironique et drôle quand on sait qu’elle a dû se priver de tout cela justement à cause de personnes qui revivaient avec envie de chair humaine en prime. Elle rigola doucement de cette allusion involontaire et, la bouche pleine acquiesça à la proposition de Quinn. La française avala et s’essuya vite fait la bouche.
- Je ne veux pas trop profiter de ton hospitalité. Ça sera avec joie d’avoir mon propre espace.
Hélène se demandait bien à quoi pouvait bien ressembler ses parties privés, les espaces personnels. Était-ce juste une chambre comme cela ou est-ce que c’étaient des appartements. Peut-être même des maisons entièrement. Or, la blonde doutait un peu que dans un tel contexte, on aurait laissé à quelqu’un seul ou à deux, une maison entière. C’était peut-être dans les maisons qu’il devait y avoir plusieurs chambres à louer. Hélène ne voudra pas ça. Elle avait été longtemps seule mais, bizarrement, elle n’aimera surement pas d’être d’un seul coup bien entourée. Elle voulait être seule mais entourée. Ne pas partager son chez-soi mais en même temps, ne pas refaire comme à l’ancienne époque et être réellement, toute seule. Cependant, ce n’était pas la seule réflexion que la jeune femme s’était faite. Mais, pour l’autre, elle s’était ravisée.
Heureusement pour elle, Quinn lui expliqua un peu le programme de la journée. Des vêtements et le tour de l’île. Cela réconforta le cœur d’Hélène et elle dut mettre toute sa bonne volonté pour ne pas pleurer de tant de gentillesse.
- C’est vraiment gentil. J’ai hâte de voir ça.
Hélène se demandait réellement comment pouvait être l’île. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été en communauté qu’elle allait surement ressembler à une adolescente qui découvre le monde. Un monde nouveau.
Elle avait fini son pain et s’était servi une tasse de café. De base, elle n’était pas trop boisson caféiné mais c’était une exception. Elle but le reste de son café d’un trait et avec un petit sourire, elle sortit :
- Je vais me changer. Encore merci.
Hélène avait vraiment hâte de voir cette île. Mais elle n’allait pas presser sa camarade, cela serait très irrespectueux. Enfin, selon elle.
Ma nouvelle colocataire voit mon accueil comme un geste de générosité de ma part, mais en toute franchise, il est aussi et surtout une règle mise en place par notre conseil. C'est la raison pour laquelle je vis dans une maison un peu plus spacieuse que ce qui aurait dû m'être attribué : la chambre supplémentaire reste inoccupée la majorité du temps. Par contre, lorsque des étrangers arrivent à Coochie après une mission en extérieur, s'ils sont seuls - comme Hélène - il passent d'abord par chez moi. Miles s'est très vivement opposé à cette solution, de peur qu'il ne m'arrive quelque chose, mais s'est vu obligé de capituler face à ma détermination. A mon sens, c'est un excellent moyen de nous montrer ouverts aux inconnus, tout en gardant un oeil sur eux jusqu'a s'assurer qu'ils ne dissimulent pas de mauvaises intentions envers notre groupe.
Je n'en reste pas moins ravie de partager mon espace avec la française, d'autant qu'elle semble vraiment soulagée d'être là, et de pouvoir enfin revivre après avoir été seule si longtemps. Je la rassure sur certains points de fonctionnement de notre île autour du petit-déjeuner, dans la bonne humeur et l'impatience d'Hélène à l'idée d'en découvrir davantage. « Je vais me changer. Encore merci. » Un petit hochement de tête et un sourire plus tard, je la laisse rejoindre la salle de bains pendant que je débarrasse la table. Alors que je nettoie les tasses dans l'évier, mon regard croise celui de Steve par la fenêtre. Il me fait un signe, puis ses lèvres forment deux mots que je devine sans aucun mal : « Ça va ? » Je lui réponds que oui de la même manière. Il lève un pouce, et retourne à sa tâche. Le connaissant, il ne manquera pas de venir saluer Hélène lorsqu'on le recroisera durant notre visite. Après tout, il était avec nous à Brisbane, hier.
En parlant d'Hélène, elle refait bientôt surface, fraîchement douchée et changée. J'ai vu juste côté taille : les vêtements lui vont à la perfection. Tant mieux. « Prête ? » Mon enthousiasme en est presque débordant. En tout état de cause, je suis toujours heureuse de montrer aux autres la magnifique communauté que l'on a réussi à construire, chacun d'entre nous, en travaillant dur, et main dans la main. Hélène et moi nous retrouvons sur le porche de la maison. Je descends les escaliers, et indique une direction de l'index, sur la droite. « On va partir par ce côté. Ça nous permettra de traverser le coin des résidences avant de nous éloigner un peu plus vers les autres installations. Et plus loin dans les terres, on ira voir la partie agricole. » Je prévois de finir par les postes de surveillance. Il faut qu'elle puisse en voir un maximum, ça l'aidera non seulement à se familiariser avec Coochie, mais également à choisir ce qui sera son futur rôle. Bien sûr, avant de rentrer, comme promis, on passera près de Nora.
« Et là, tu as l'infirmerie, gérée par Jack, notre médecin en chef. » Cela fait déjà une bonne heure qu'on se promène. On avance doucement, en prenant notre temps, en faisant parfois une pause quand j'ai besoin de fournir davantage d'explications à Hélène, ou quand elle m'interroge d'elle-même. Après le coin médical, je bifurque sur la gauche, et on s'engage sur chemin qui s'enfonce dans les bois, sous l'épais couvert des arbres. On a un peu de marche à faire avant d'arriver à destination : le fameux grand jardin commun. J'en profite alors pour en savoir plus sur notre nouvelle membre. « Qu'est-ce que tu faisais dans la vie, avant tout ça ? » Peut-être que ça aidera à lui attribuer sa nouvelle tâche sur l'île ?
Le ventre d’Hélène était plein, elle avait réussi à rattraper le sommeil qu’elle avait en retard, enfin presque, et ; à présent, elle allait visiter une nouvelle île, un nouvel endroit sans zombies. Son âme aventureuse et curieuse était ravie. A présent, il fallait juste se nettoyer car elle sentait bien qu’elle avait beau avoir presque tout retrouvé, ses cheveux gras montraient que son hygiène était un peu déplorable. Avec un sourire, elle se leva et partit se doucher. Elle tourna tout abord doucement l’eau avant de se rappeler qu’elle pouvait faire du bruit : elle n’était plus en danger. Enfin, en danger de mort par morsure, le danger avec Quinn était un peu plus facile à détourner. Quoique, si l’homme de la dernière fois revient, elle n’allait pas faire long feu la française. Hélène secoua la tête pour oublier tout cela et retira son pyjama pour rentrer dans la douche et laisser l’eau couler sur elle.
Heureusement que personne ne la voyait sous la douche car non pas qu’elle avait honte de ses différentes cicatrices, au moins cela montrait qu’elle s’était battue, Hélène avait rendu l’eau noire. Elle eut un peu honte d’avoir dormi en étant aussi sale dans un lit propre aidée généreusement par une camarade capillaire. Cependant, elle oublia très vite ses soucis et passa sa tête sous l’eau chaude et ferma les yeux. Elle se souvient de toutes ses épreuves, toutes les fois où elle croyait qu’un bout d’elle allait se finir dans les dents d’un zombie ; à chaque fois qu’elle avait eu peur, de chaque bruit, de chaque animal sauvage, de chaque minute. Toutes ces émotions revenaient à elle beaucoup trop fortes pour la blonde qui se sentit tomber. Elle se rattrapa au mur de la douche et ouvrit les yeux. Son cœur battait beaucoup trop rapidement pour une situation qui était à présent inoffensive. Hélène se dépêcha de se laver et sortit de la douche ; elle avait assez utilisé d’eau comme ça.
Une fois habillée et peignée, la française rejoignit sa camarade qui l’attendait pour partir à l’assaut de Coochie. Hélène lui sourit. Et la suivit dans l’extérieur qui ne demandait qu’à être découvert par la française. Quinn lui expliquait les différents endroits de l’île tout en montrant les emplacements consacrés ; Hélène regardait les alentours comme si elle était en tourisme ; ce qui était presque le cas car elle était nouvelle et toute nouvelle personne est un touriste avant tout. La visite fut plus rapide qu’elle ne le pensait et la blonde pensa qu’elle allait devoir peut-être se procurer un plan pour ne pas se perdre en premier lieu. Surtout que Quinn l’emmenait dans la forêt. Et en profita pour en savoir plus sur sa vie ; ce qui était logique.
- J’étais astrophysicienne.
Elle regarda sa camarade avec un petit sourire car la notion de son métier l’avait rendu nostalgique. Au point même qu’elle s’était arrêtée en plein milieu du chemin. Hélène regarda le sol puis le ciel qui était caché derrière les branches des arbres. Cependant, la blonde savait très bien ce qu’il se cachait derrière ; du moins la nuit. Cela la rendu vraiment nostalgique et elle sut qu’elle donnerait tout pour revoir ces merveilles mais surtout les étudier.
- Ça me manque. Je pouvais les voir la nuit là-bas mais, c’est tout. Enfin, c’était déjà bien.
Le sourire était revenu sur le visage d’Hélène. Enfin un peu. Elle se tourna vers la jeune femme. La française n’était pas bête, sinon elle n’aurait pas de doctorat, elle avait bien conscience de l’arrière-pensée derrière cette question.
- Ça n’est pas très utile en ce moment cela dit. Sauf si on veut envoyer les zombies dans l’espace.
Suite à sa blague, Hélène avait pointé du doigt le ciel. Mais le rire partit vite fait avant de reprendre un sérieux plus propre de son âge. Hélène ne pouvait s’empêcher d’être un peu euphorique, elle était vivante, mais surtout en sécurité.
- Et toi ?
Après tout la question était légitime ; comme cela, les deux blondes se connaitrait un peu plus. Et peut-être qu’Hélène ne se ferait pas suivre dans la nuit par un des camarades de Quinn qui pense que la française veut la trahir à chaque tournant de l’île.
Parmi toutes les étapes nécessaires à l'accueil d'un nouvel arrivant sur Coochie, celle de la visite guidée est sans aucun doute ma favorite. Je ne me lasse pas de fouler les lieux en indiquant l'utilisation de chaque bâtisse, et parfois, en précisant le rôle des personnes que l'on croise en chemin. Voilà notre médecin en chef, Jack. La rousse, là-bas, s'appelle Margaret, elle est notre responsable du potager. Je sais que les informations ne sont pas forcément retenues car trop nombreuses, mais c'est plus fort que moi. Je suis fière de ce que nous avons construit, tous ensemble, au fil du temps. La fin du monde ne l'est que si on laisse les rôdeurs nous anéantir, jusqu'au dernier. Tant que certains d'entre nous respireront encore, tant qu'ils accepteront de s'entraider, de prospérer main dans la main, ce ne sera pas la fin. Jamais. Bien sûr, il m'est arrivé d'en douter, comme les autres. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Je suis convaincue qu'on peut surmonter ce terrible obstacle. Et je mets un point d'honneur à rallumer l'espoir dans les yeux de celles et ceux qui l'ont perdu.
À l'instar d'Hélène.
Quand on s'est rencontrées, au centre-ville de Brisbane, sa détresse était palpable et prenait le dessus sur tout le reste. Maintenant, elle s'est envolée, cédant sa place à l'impatience. Celle d'un avenir ici, parmi nous. En sécurité, nourrie, logée, entourée d'inconnus qui deviendront vite sa seconde famille. Sa famille d'après.
Je la mène sous le couvert des arbres en direction du jardin. Puisque, au cours des prochaines minutes, je n'aurais rien de spécifique à lui montrer ou à lui expliquer, j'en profite pour en savoir davantage à son sujet. Je commence par lui demander ce qu'elle exerçait comme travail, et sa réponse ne se fait pas attendre : astrophysicienne. J'acquiesce doucement. Je n'aurais pas pu deviner. C'est plutôt rare. Hélène lève le nez vers le ciel, bien qu'il soit pratiquement inaccessible, dissimulé par d'épais feuillages d'un vert profond. Si elle ne m'avait pas dit que ça lui manquait, je l'aurais deviné, ça, par contre. Je l'ai senti dans sa voix. Une voix empreinte de nostalgie. Elle plaisante sur l'inutilité de ses compétences face à notre situation actuelle, sauf à vouloir envoyer des rôdeurs dans l'espace. « Au moins, une fois en orbite, ils ne pourraient plus mordre personne. On devrait y songer, » je rétorque sur le même ton, mes lèvres formant un demi-sourire amusé.
Si elle s'inquiète de ne pas trouver sa place sur cette île parce qu'elle n'est ni experte en BTP, infirmière, cuisinière ou que sais-je, elle ne va pas tarder à se rassurer toute seule : mon ancienne occupation n'était pas non plus des plus indispensables post-apocalypse. Justement, Hélène me retourne ma question. « Je gérais un centre équestre. Riverside, en plein coeur de la réserve naturelle de Daisy Hill. » Elle n'était pas cliente, je le saurais, mais peut-être en a-t-elle entendu parler ? « Ça me manque aussi. Beaucoup. » D'autant qu'il n'y a pas de chevaux, ici. L'endroit n'est pas assez vaste pour qu'ils soient nécessaires à nos déplacements. J'ai donc été obligée de tirer un trait définitif sur ma passion. Hélène n'aura pas besoin d'en arriver à de tels extrêmes : les étoiles seront toujours là, quoi qu'il se passe sur Terre.
Je songe à mon voisin, qui occupe deux maisons après la mienne, sur la droite. « Il faut que je te présente Jerry. C'est un ancien ingénieur en aérospatial. Il a déniché un télescope dans l'un des logements, ici, et l'a ramené chez lui. À l'entendre c'est du beau matériel. Je suis certaine qu'il appréciera observer le ciel nocturne en compagnie de quelqu'un qui partage son amour pour l'immensité de l'univers. » Et sa femme sera ravie de ne plus être la cible de son éternel enthousiasme pour la voie lactée, les planètes et les constellations !
Notre discussion nous garde un instant sur le domaine de nos anciens métiers, et nos pas nous mènent rapidement à l'orée de la forêt. Une clairière s'étend devant nous, parsemée de quatre constructions en bois et d'un immense potager où s'affairent plusieurs membres de notre communauté. « Voilà, on y est. » Je continue d'avancer, Hélène à mes côtés. « C'est là que l'on produit notre nourriture. Plus loin, il y a des prés avec nos animaux. » Il n'y a rien à chasser sur Coochie, ou presque. Ils nous fournissent du lait, des œufs, et leur reproduction nous permet d'obtenir un peu de viande. Ce n'est pas parfait. Raison pour laquelle des équipes continuent d'arpenter les rues de Brisbane à la recherche de ce qui nous manque. « Il y a un verger aussi, là-bas. » J'indique un terrain, légèrement en hauteur, d'où émergent de nombreux pruniers, pommiers, cerisiers et autres arbres porteurs de fruits.
Je me tourne vers Hélène. Elle a vu le principal, maintenant. « Alors, t'en penses quoi ? » Je l'interroge, le regard pétillant.
Le tour de l’île pour Hélène avait vraiment été sympathique. Elle avait découvert beaucoup d’endroits utiles et plutôt sympa. De plus, les explications de Quinn étaient les bienvenus. Cela permettait à Hélène de savoir où elle se trouvait. La blonde a un bon sens de l’orientation alors elle pourrait facilement se repérer plus tard. Surtout grâce aux indications de sa camarade. Les deux femmes marchaient tranquillement et Hélène pouvait le dire, cela faisait du bien d’avoir un peu de bruit autour de soi. C’est assez bizarre, les gens ont tendance à préférer le silence mais après avoir vécu dans un silence où chaque bruit pouvait signifier la mort, ici, le bruit était synonyme de vie. Cela changeait vraiment mais l’astrophysicienne après cela.
La visite avait fini par atterrir dans les bois aux alentours. Un peu de verdure avait été aussi appréciable dans un monde postapocalyptique. La discussion battait de son aile, chacune parlait de son ancienne vie. A l’annonce de son ancien métier, Hélène avait rigolé, montrant que ce dernier n’allait pas vraiment les aider mais Quinn en trouva une bonne utilité.
- Je commence la construction de la fusée dès ce soir.
Hélène continuait de rire mais honnêtement même si la situation était réelle, elle ne pourrait pas construire la dite fusée ; elle est astrophysicienne, pas mécano de l’espace. En tout cas, Quinn répondit à sa question et lorsqu’elle annonça son ancien travail, la blonde chercha dans ses souvenirs. Elle n’était jamais allée dans un centre équestre. Enfin, sauf en France. Pourtant le nom lui disait quelque chose, elle avait dû l’entendre ou le voir au détour d’une conversation. Lorsque que sa camarade éprouve le même regret pour son métier, Hélène passa la main sur l’épaule. Cela avait été instinctif.
- Je suis désolée.
Hélène l’était réellement. Elle savait comment on pouvait se sentir loin de tous et sans un métier qu’on aimait réellement. Cela l’attristait.
Quand sa camarade évoqua le nom d’un ancien ingénieur de l’espace, Hélène fronça un sourcil : ce n’était pas le moment de faire des rencontres amoureuses. Puis elle comprit que c’était pour les étoiles et cela lui fit ramener son sourire. Bien sûr qu’elle apprécierait cela. Observer le ciel étoilé, qui dirait non ? Les deux femmes arrivèrent enfin à une espèce de ferme. Potager, clairière, petite maison, tout était là dans le but de faire de la nourriture saine et variée. Hélène regarda cela comme la plus belle chose qu’il soit. Elle qui voyait cela qu’en rêve, cela était devenu une réalité. Et Quinn lui demanda ce qu’elle en pensait.
- C’est vraiment bien, vous avez su créer d’une petite île, un véritable paradis. Vous arrivez à presque faire oublier à tous les habitants ce qui se passe à l’extérieur. C’est magnifique. Merci de m’avoir proposé de venir.
Hélène avait un chat dans la gorge et pas à cause de l’humidité ou d’un coup de froid. Hélène était émerveillée. Elle avait enfin, après des années, trouvé un endroit sécuritaire et une vraie communauté. Enfin, au premier abord mais Hélène était persuadée de la vérité de ce qu’elle voyait. Sans consulter Quinn, elle s’avança vers le potager et alla observer les légumes. Elle les regarda avec ls yeux pétillants. Quelle ironie, elle qui avait toujours eu la tête dans les étoiles, regardait avec amour quelque chose sortir de terre. La blonde se tourna vers sa camarade.
- Tu penses qu’ils ont besoin de monde ici ? L’espace ne sera pas utile ici mais mettre les mains dans la terre ne me dérange pas.
Hélène avait totalement oublié qu’elle n’était pas seule avec Quinn alors, elle sursauta un peu quand quelqu’un l’approcha. Elle eut le réflexe de rechercher une arme qui n’était plus à sa taille avant de comprendre que l’être humain était bien vivant et qui n’allait pas la manger. Heureusement.
Toutes deux protégées du soleil étincelant par l'épais couvert des arbres au-dessus de nos têtes, Hélène et moi progressons sur le chemin de terre en direction du dernier arrêt de cette visite : le potager commun, également lieu d'élevage de nos quelques animaux. D'abord légère, notre conversation se tourne invariablement vers notre ancienne vie. Nos anciens métiers. Personne n'y échappe, et bien que certains souhaitent garder cette information pour eux, et que d'autres sont évidemment en mesure de mentir en répondant, aucun d'entre nous ne passe au travers de la question la plus posée depuis la fin du monde : qu'est-ce que tu faisais, avant ? De nature curieuse, aujourd'hui, c'est moi qui en suis l'instigatrice. Hélène n'hésite pas à s'ouvrir sur le sujet, et par respect pour elle autant que par volonté d'instaurer un lien positif entre nous, je n'hésite pas à lui rendre la pareille. Observer et étudier les étoiles lui manque, aussi fort que mes chevaux me manquent. Chacune peut compatir à ce vide dans le cœur de l'autre, parce qu'on a le même, justement. Alors, quand elle me dit qu'elle est désolée, je n'ai aucun doute sur sa sincérité, et j'acquiesce, un léger sourire empli de reconnaissance étirant mes lèvres.
Il ne nous faut qu'un moment avant d'atteindre notre destination. On traverse l'orée de la forêt s'ouvrant sur une vaste clairière. Le paysage est beau. Plat, juste en face de nous où se trouvent toutes les cultures, et un peu plus vallonné au-delà : des prés où se dressent un grand nombre d'arbres, la plupart étant des fruitiers. Je demande à la jeune blonde ce qu'elle en pense de prime abord. Elle compare cette île à un véritable Paradis, capable de faire oublier à ses habitants les horreur de l'extérieur. Il est vrai que beaucoup d'entre eux n'ont pas mis un pied en-dehors de Coochie depuis longtemps. C'est pour ça que nous sommes là, les éclaireurs, les missionnés au ravitaillement. On se mêle aux rôdeurs, au sang et à la mort afin de permettre aux autres de s'en affranchir, de retrouver la paix. « Merci de m’avoir proposé de venir. » Sa voix est chargée d'une émotion certaine. « Merci de nous avoir fait assez confiance pour nous suivre. » Dans le cas contraire, comme c'est déjà arrivé, j'en aurais été malade plusieurs jours. À penser à elle, complètement seule, alors qu'une communauté lui ouvrait les bras. Je n'en veux pas aux gens refusant notre main tendue, soit parce qu'ils s'imaginent tomber dans un piège, soit parce qu'il préfèrent continuer de leur côté. Après tout, ils ont leurs raisons. Mais j'en garde tout de même un pincement au cœur lorsque je n'arrive pas à les faire monter sur notre bateau. Lorsque j'échoue à leur offrir un foyer et la sécurité.
Hélène n'hésite pas à prendre les devants, visitant les rangées de tomates, salades et autres légumes, les yeux brillants d'excitation. Je lui emboîte le pas, suivant son tracé. « Tu penses qu’ils ont besoin de monde ici ? L’espace ne sera pas utile ici mais mettre les mains dans la terre ne me dérange pas. » Je hoche la tête par la positive. « Bien sûr. Si c'est là que tu veux apporter ta contribution, Margaret n'en sera que ravie ! » En parlant de la responsable des lieux, son arrivée à notre hauteur surprend Hélène qui, d'un geste rapide, fait mine de chercher une arme pour se défendre. « Tu dois être Hélène, notre nouvelle venue ! » Margaret ne se formalise pas de cette réaction. Elle la comprend, comme moi. Quand on a passé de très longs mois à se méfier constamment, il n'est pas facile d'abandonner ce qui est devenu une habitude de survie. « Ça passera avec le temps, » je rassure Hélène. « On est tous passés par là. » Je me tourne vers Margaret. « Tu peux l'accueillir demain ? Elle voudrait voir pour rejoindre ton équipe. » Autant effectuer un petit essai sur quelques heures. Au moins, comme ça, si elle réalise que ça ne lui convient pas, elle pourra toujours trouver une autre tâche à accomplir. Rien n'est immuable, c'est même tout l'inverse. « Avec plaisir. Rendez-vous demain à huit heures tapantes ! » Margaret est enthousiaste, ça ne fait pas un pli. « Allez, je vous laisse, j'y retourne. Et bienvenue parmi nous, » ajoute-t-elle à l'attention de notre dernière recrue.
Je suis contente : les choses se profilent bien, et Hélène semble ravie du déroulement de cette matinée. J'aime quand ça se passe de façon aussi tranquille, naturelle. « On va reprendre par là, histoire de faire le tour et retrouver les habitations. On passe voir Nora ? » Je lui ai déjà mentionné notre responsable des produits hors nourriture. C'est elle qui gère notre stock et qui fournira à Hélène ce dont elle aura besoin afin de s'installer pour de bon, et d'avoir ses propres affaires. « Ne t'inquiète pas, je te libérerai une étagère dans la salle de bains. » Mon ton est léger, mais mes mots n'en restent pas moins sérieux : elle peut rester autant qu'elle le souhaite à la maison. Jusqu'à se sentir assez à l'aise pour s'installer seule ou avec d'autres de manière définitive, en fonction de sa préférence. Aucune pression, elle peut voir venir. Et plus je la côtoie, plus j'ai le sentiment qu'on s'entendra bien. Égoïstement, j'en serais presque déçue qu'elle souhaite se consacrer au potager plutôt que d'intégrer mon groupe, surtout qu'elle y aurait sa place, mais je la comprends : après tant de solitude, de terreur et de violence, je l'aurais, quoi qu'il arrive, encouragée à ne pas ressortir tout de suite. Et puis, qui sait ? Peut-être qu'un jour, elle sera prête.
Être dans un petit bois avait un avantage : il ne faisait pas trop chaud. Les deux blonds parlèrent un peu de l’île, mais surtout de leur ancien métier. Parler du sien avait fait resurgir de la nostalgie chez Hélène. Elle aurait donné n’importe quoi pour retrouver son bureau et son matériel afin d’étudier l’espace. Même sa capacité de marcher. Elle s’en moquer d’être en fauteuil tant qu’elle pouvait examiner le ciel étoilé à la recherche de réponses sur les trous noirs et tout ce qui les entourent. Néanmoins, ce n’était pas le moment de repenser à cela, le monde avait de plus gros problèmes en ce moment, et c’était pourquoi la française avait dû partir de chez elle dans un nouvel lieu inconnu.
La fraicheur de la foret avait laissé place à une chaleur plutôt modéré lorsque les deux femmes arrivèrent au abords du champ qui servait à tout le groupe de survivants de pouvoir manger. Hélène était vraiment impressionnée. Jamais elle n’aurait pensé revoir un jour un jardin avec des légumes et des fruits frais, pas pourris, et, peut-être intoxiqué par les zombies. De plus, avec des personnes bien vivantes qui l’entretenait. C’était comme un rêve et la blonde avait l’impression d’en faire un. Sans demander son reste, elle était partie en direction des récoltes et avait proposé son aide à Quinn qui lui avait déclaré que cela ne devrait pas poser de problèmes à une certaine « Margaret ». Cette dernière avait surgi derrière Hélène qui avait été surprise et avec d’anciens réflexes. Quand la blonde prit conscience que ce n’était rien d’autre qu’une personne lambda, elle se releva.
- Veuillez m’excuser. Vieux réflexe.
Cependant, ladite femme ne semblait pas s’en étonner et demanda même à Hélène si elle était bien elle.
- Oui, enchantée.
La blonde tendit la main pour saluer Margaret et écouta Quinn en même temps qu’il demanda à la dame si la blonde pouvait venir aider. Chose qui fut acceptée. La française hocha la tête en souriant pour montrer qu’elle était contente de la décision prise. Lorsque la dame repartit, Hélène suivit de nouveau Quinn. Cette dernière mentionna Nora.
- Oui, bien évidement.
Le problème était qu’Hélène ne se souvenait plus de qui était Nora. Surement quelqu’un d’important. Pendant un petit moment de silence, Hélène réfléchissait intensément qui pouvait être la jeune femme. Puis, un flash, la blonde se souvenu : c’était la personne qui gérait les stocks sur l’île. Pour cacher son amnésie limitée, Hélène sourit à la blonde qui parla d’une étagère sur sa salle de bain.
- Je te remercie vraiment pour ce que tu fais pour moi. Ça me touche beaucoup. Et ne t’inquiètes pas pour la salle de bain, je vais essayer de ne pas trop te déranger.
Et c’était vrai. Hélène n’allait pas partir tout de suite car elle devait se faire à l’île, à ses habitants et à tant de choses. Pourtant, elle ne voulait pas importuner plus qu’il ne le fallait sa nouvelle amie. Puis, il fallait dire qu’un peu de communauté ne lui ferait pas de mal, elle qui a longtemps été seule au monde. Ou du moins, quasiment. Hélène sourit à Quinn et les deux continuèrent leur chemin pour revenir sur leurs pas.