Il fallait généralement faire un choix entre avoir une voiture propre, et avoir un chien. Hassan, lui, avait fait le choix d’en avoir deux ; Pas des voitures propres, des chiens. Et si les deux animaux ne valaient pas un bouledogue ou un saint-Bernard, après plusieurs heures à déambuler sur les chemins de randonnés au nord de Laidley, les traces de bave sur la banquette arrière de la Mazda rouge grenat d’Hassan étaient tout bonnement inévitables. Il aurait pu choisir n’importe quel autre type de véhicule plus adapté à sa vie d'aficionados des balades en pleine nature, qu’elles se fassent avec une paire de bonnes chaussures aux pieds ou juché sur son fidèle VTT, mais à l’aube de sa crise de la quarantaine le brun avait opté trois ans plus tôt pour un modèle sport au rouge un peu criard, un bolide que son frère Qasim n’avait pas manqué de qualifier de “voiture de divorcé” – et comment lui donner tort, quand Hassan digérait à l’époque tout juste le caractère ferme et définitif de sa séparation avec Joanne. Lunettes de soleil posées sur le nez, vitre ouverte côté conducteur et playlist des Beach Boys en fond sonore comme tout bon cliché de l’australien pure souche, le brun fendait les petites routes de campagne avec bonne humeur, profitant au mieux de ces rares journées d’été où la pluie et l’humidité qui crevaient habituellement le plafond décidaient de leur donner un peu de répit. Se partageant la banquette arrière, Spike et Bandit tachaient langue pendant de retrouver leurs esprits après la longue balade dont tous les trois revenaient, et si leurs pattes avaient tartiné les sièges de restes de terre et de caillasse, le short et les chaussures d’Hassan en étaient également tellement couverts qu’il aurait été bien malvenu pour lui de s’en plaindre. Voiture, animaux et propriétaire auraient tous les quatre droit à un bon nettoyage en rentrant, et en un rien de temps il n’y paraîtrait plus – et le nettoyage du véhicule, dans tout cela, serait bien moins une corvée que de devoir contraindre Bandit, et surtout Spike, de passer à la douche. La voiture, elle, ne cherchait pas à négocier et ne le gratifierait pas de cet air malheureux d’animal que l’on accompagnait à l’abattoir, et avec la bande son adéquate et un peu d’huile de coude cela pourrait (presque) se transformer en moment agréable … Du point de vue d’Hassan, tout du moins. Mais à la manière dont il tenait sa maison et s’occupait de ses plantes vertes, il n’y avait rien d’étonnant à ce que même le fait de shampouiner ses tapis de sol pour les faire sécher au soleil dans son jardin, d’aspirer toute la saleté incrustée sur sa banquette arrière, et d’astiquer tout ce que le tableau de bord avait de normalement rutilant (tape à l’oeil) prenne des allures de moment de détente et lui procure un sentiment d’immense satisfaction une fois terminé. Il travaillait probablement trop.

Atteignant une portion de route moins bien entretenue que les autres, il avait ralenti la cadence et baissé le volume de sa musique, pressé de rentrer se doucher mais pas au point de risquer d’embourber sa voiture ou d’endommager ses suspensions. « I kicked out of the surf and stuck my board in the sand, and then up in my Woody to a hamburger stand and when I got back my nine five board was goooone ! She said, yeah, she said finders keepers, losers weepeeeers … » Battant la mesure sur son volant, il agitait sa tête en rythme et s’égosillait joyeusement jusqu’à ce que, une fois passé le virage suivant, un second véhicule immobilisé au milieu de la route ne l’oblige à retrouver un peu de sérieux, et par s’arrêter à son tour faute de place suffisante pour tenir à deux sans basculer dans le petit fossé qui longeait les deux côtés de la route. « Restez tranquilles et soyez sages, vous deux. » avait-il indiqué à ses deux animaux en les voyant trépigner sur leurs pattes à peine le véhicule immobilisé, et refermant sa fenêtre il était descendu de voiture après avoir activé la climatisation pour ses deux compagnons, pour aller à la rencontre du conducteur en difficulté – s’avérant être une conductrice. « Tout va bien, ici ? » Malgré ses lunettes de soleil, le brun avait mis sa main en visière pour tenter d’identifier un peu mieux son interlocutrice, laquelle malgré sa portière ouverte était toujours assise dans son véhicule, une main occupée à vider le contenu d’un sac sur le siège passager et l’autre tentant de bercer le siège auto installé à l’arrière. D’instinct, un sourire attendri avait étiré les lèvres d’Hassan en posant les yeux sur le bébé, mais rapidement son attention était revenue à la mère (du moins il supposait qu’elle l’était). « Un problème avec votre voiture ? » Maintenant qu’il prenait le temps de la détailler un peu mieux du regard, le brun se sentait envahi du sentiment d’avoir déjà vue cette femme quelque part, bien qu’il n’aurait pas su dire où. A moins qu’elle ne lui fasse simplement penser à quelqu’un d’autre, les grandes blondes ce n’était pas ce qui manquait en Australie.

@MABEL GRIFFITHS

Les occasions pour Hassan de s’octroyer une après-midi entière de temps libre étaient de plus en plus rare, une situation dont il ne lui viendrait même pas à l’idée de se plaindre puisqu’il se l’infligeait seul : il aurait pu lever le pied, compter un peu plus ses heures, apprendre à dire non, mais la vérité c’est qu’il était bien trop heureux d’avoir du travail par-dessus la tête et bien trop de choses à faire pour se retrouver seul à seul avec ses pensées. Malgré cela, force était de constater que ces quelques heures passées à crapahuter sur les sentiers de randonnée de Laidley lui avaient fait du bien, en plus d’avoir permis à ses deux quadrupèdes de dépenser leur quotas d’énergie : peut-être était-ce ce qui le pousser à rouler vitre ouverte, la tête se balançant au rythme des Beach Boys avec une légèreté pourtant devenue trop rare. S’il n’était que rarement de mauvaise humeur, le brun avait développé au fil de ces dernières années une tendance à la morosité dont il peinait à se débarrasser, et ces courtes éclaircies lui étaient précieuses. Pour cette raison, et peut-être aussi parce que le soleil brillait de nouveau après des journées de pluie diluvienne, il avait le sourire aux lèvres au moment de se présenter à la conductrice de la voiture qui lui barrait la route, et ne s’était pas formalisé des ton et regard méfiants récoltés en retour : « C'est pas la voiture qui a un problème, c'est mon téléphone. » Sur le siège arrière, le bébé jusque-là silencieux avait donné de la voix comme pour faire remarquer sa présence, et se retournant un instant vers lui la blonde avait assuré « Oui, Rosie, on va repartir. » avec un brin d’impuissance. Le “lui” était donc un “elle”, et adressant à l’humain miniature un sourire attendri auquel il n’avait pas semblé très réceptif, l’australien avait cependant rapidement reporté son attention sur la mère.

S’apprêtant à lui proposer son aide, pas plus pressé que du genre à laisser un.e inconnu.e en difficulté sur le bord de la route, Hassan avait néanmoins été coupé dans son élan par la jeune femme qui, de façon un peu désorganisée, s’était lancée dans une tirade tout juste bonne à illustrer un proverbe de biscuit chinois. L’air malgré lui un peu circonspect, son « Hmhm. » trahissait sa dubitation et la blonde s’en était excusée d’un « Désolée, j'ai tendance à trop parler quand je suis nerveuse. » qui semblait confirmer le dernier de ses mots. Levant les mains tout en indiquant « J’ai pas l’air d’un policier, pourtant. » sur le ton de la plaisanterie, il lui avait fallu quelques longues secondes supplémentaires pour réaliser que oui, peut-être, mais qu’il n’en avait pas moins l’air d’un inconnu qui abordait une femme seule avec son bébé dans un endroit désert. « Désolé, je ne voulais pas vous faire peur. » Un pas en arrière, il avait remonté ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne et mis sa main en visière pour continuer d’y voir quelque chose. « Vous ne savez pas par où rejoindre ... » La dénommée Rosie, visiblement lassée de cette conversation d’adultes, avait aussitôt repris la main en poussant les décibels, obligeant finalement la maman à sortir de son véhicule pour la sortir de son siège auto – maligne. « Oui, je sais que ça fait trop longtemps qu'on est à l'arrêt, baby girl. Mais on va finir par repartir, il faut juste que tu me laisses le temps de retrouver mon chargeur. » Il ne s’agissait donc que de cela ? « Vous voulez le mien ? » Sa propre batterie n’était pas beaucoup plus vaillante, il ne l’avait pas rechargée depuis le matin, mais il pourrait survivre à la fin d’un trajet sans sa playlist des Beach Boys.

N’attendant qu’à moitié après la réponse de la jeune femme, l’enseignant avait rebroussé chemin jusqu’à son véhicule et attrapé son sac à dos sur le siège passager, y sachant un cordon de chargement de secours enfoui Dieu savait où. Il en avait aussi profité pour réfléchir à l’endroit où il aurait pu avoir déjà vu la conductrice : sa tête ne lui était pas inconnue, il en était pratiquement sûr. L’université ? Elle semblait un peu trop vieille pour avoir été l’une de ses élèves. ABC ? Il y croisait toujours les mêmes gens et aux mêmes heures, elle lui serait plus familière que cela. Dans son quartier ? Avant d’avoir pu pousser le sujet plus loin il avait finalement mis la main sur son chargeur : il n’était ni neuf ni de première jeunesse, mais cela ferait bien l’affaire. « Tenez. Il est usé, mais normalement il fonctionne encore. » Et au pire des cas, elle n’aurait qu’à le jeter une fois rentrée chez elle. Ayant à l’évidence obtenu ce qu’elle souhaitait en retrouvant les bras de sa mère, la petite Rosie avait retrouvé un silence relatif et reniflait en suivant des yeux le trousseau de clefs que la blonde avait probablement sorti de son sac en cherchant après son chargeur. « Mais si vous êtes perdue vous n’avez qu’à me suivre en voiture … Je dois m’arrêter à la station service pour remettre de l’essence. Vous serez mieux là-bas pour recharger votre téléphone qu’ici, au milieu de nul part. Y’en a pour un petit quart d’heure de route, c’est pas très loin. » Dont dix rien que pour sortir des sentiers et rejoindre la voie rapide, en réalité. Il en aurait bien profité pour demander clairement à son interlocutrice s’il n’y avait pas une chance qu’ils se soient déjà croisés quelque part, mais tout ou presque lui indiquait qu’il s’agissait d’une mauvaise idée : elle se méfiait de lui, ce qui sous-entendait que le sentiment n’était probablement pas partagé, le lieu n’était pas non plus idéal, et enfin au meilleur des cas il passerait simplement pour un blaireau aux tentatives de drague plus qu’éculées.

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Bien que la question de savoir d’où elle venait et où elle espérait aller pour se retrouver perdue sur cette route sinueuse se posait forcément, Hassan avait eu la présence d’esprit de la garder pour lui – la réponse ne le regardait de toute manière même pas. Reste que si l’on n’était jamais passé par ici, sans un coup de pouce de la technologie il était plus facile qu’on le pensait de se perdre, et de ne plus savoir dans quelle direction aller pour récupérer la voie rapide, et de devoir s’en remettre aux occupants de la première bâtisse qui passerait. La station-service la plus proche n’était pourtant pas aussi éloignée qu’on le penserait, et faisait largement son beurre sur les amateurs de randonnées qui allaient et venaient dès que la météo le permettait – de là, la blonde n’aurait plus besoin ni de lui ni même de son téléphone pour retrouver son chemin. « J'imagine qu'il doit y avoir des cartes, ou la possibilité de rejoindre une voie plus importante ? » Et même celle de racheter un chargeur neuf, si emprunter celui d’un inconnu la chiffonnait vraiment au point d’ajouter « Je me sentirai coupable de vous voler un bien qui vous semble encore bien utile. Et tant pis si je n'échappe pas aux embouteillages. » avec une moue dubitative. « Je dois en avoir dix autres qui traînent dans des tiroirs, vous embêtez pas. » avait-il alors assuré, faisant mine de chasser le problème d’un geste de la main. « Pour les bouchons en revanche, j’peux rien vous promettre. » Quelle heure était-il, d’ailleurs ? Un coup d’oeil machinal à sa montre lui avait permis de répondre à sa propre question sans avoir besoin de la formuler, et après quelques instants de réflexion durant lesquels son bébé s’était remis à chouiner pour témoigner de son impatience, la jeune femme avait fini par capituler : « Un quart d'heure, vous dites ? On ne sera pas plus en retard qu'on ne l'est déjà après tout. Vous prenez souvent cette route ? » Tout dépendait de ce qu’elle entendait au juste par “souvent” et il l’empruntait assurément moins qu’à l’époque où il ne cumulait pas trois boulots différents, et haussant les épaules il s’était fendu d’un « Chaque fois que je cherche à fuir Brisbane pour un peu de verdure. » qui voulait à la fois tout et rien dire. Un peu comme le « Un quart d’heure, parole de scout. » ajouté pour terminer de la convaincre, quand bien même Hassan n’avait jamais été scout.

Les deux jeunes gens semblant en tout cas être parvenus à un arrangement, Hassan avait regagné sa voiture sous le regard impatient de ses deux canidés, visiblement un brin déçus de comprendre que leur maître remontait en voiture et qu’il leur faudrait attendre encore un peu pour se dégourdir à nouveau les pattes (comme s’ils ne l’avaient pas suffisamment fait au cours de l’après-midi). Faisant un signe à la mère de famille à travers le pare-brise, l’iranien avait manœuvré pour passer devant sa voiture, et une fois certain que la blonde suivait bel et bien derrière lui il avait ouvert la voie jusqu’à leur destination.

***

Seize minutes très exactement, c’était le temps qu’il leur avait fallu pour quitter le sentier et parcourir les deux kilomètres de goudron supplémentaire jusqu’à la station-service. Bifurquant jusqu’à la pompe à essence pour s’assurer suffisamment de carburant pour arriver jusqu’à chez lui, Hassan avait finalement rejoint le parking à son tour et garé sa Mazda à trois emplacements de là où l’inconnue s’était immobilisée. « On a soif, là derrière ? » Probablement que oui, s’il en croyait la langue pendante de Spike et Bandit, et après un détour par le coffre pour y récupérer la gamelle en métal qui ne quittait jamais la voiture, il y avait vidé le reste de sa bouteille d’eau et fait descendre ses deux animaux – non sans soupirer en constatant la quantité de terre étalée sur sa banquette arrière.

Trois voitures plus loin, le bébé semblait finalement avoir obtenu ce qu’il (elle) souhaitait de sa mère et avait quitté son siège auto pour les bras de cette dernière, les pleurs cessant pour mieux observer ce qui se passait autour d’eux. « En sortant à droite c’est tout droit jusqu’à Brisbane à partir d’ici, vous ne pouvez pas vous tromper. » avait de son côté indiqué Hassan, un oeil sur son interlocutrice mais l’autre surveillant toujours qu’aucun de ses deux compagnons n’en profite pour se faire la belle. « Enfin sauf si … » Sauf si elle n’allait pas à Brisbane, car en réalité à aucun moment elle ne lui avait indiqué une telle chose, et lui s’était contenté de faire des suppositions du fait de sa propre destination. Avant qu’il n’ait pu terminer sa phrase cependant, deux jeunes filles qui ne devaient pas avoir plus de vingt ans étaient ressorties de la station-service pour rejoindre leur véhicule, et l’une d’elle s’était arrêtée net en dévisageant son interlocutrice. « Vous êtes Mabel Griffiths ? » She was, indeed. « Olala, vous êtes aussi belle en vrai ! Je peux avoir une photo ? » Et tandis que l’adolescente dégainait son smartphone sans même attendre d’avoir obtenu réponse, Hassan quant à lui prenait les quelques secondes nécessaires pour relier les points entre eux et arriver enfin à l’illumination : il avait déjà vu la blonde, bien sûr. Mais il avait surtout déjà entendu parler d’elle, en termes tantôt flatteurs, tantôt amers, de la bouche de son ami le plus proche : car la Mabel qui se dépatouillait présentement avec une admiratrice n’était autre que la Mabel de Rhett.

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pardon du retard

Spoiler:

Soucieux de ne pas paraître inutilement intrusif, Hassan avait détourné le regard dès lors que l’attention de Mabel avait été prise ailleurs, et reporté la sienne sur ses deux fidèles compagnons à quatre pattes. La gamelle d’eau vidée en deux en trois mouvements, les deux chiens n’en avaient laissé qu’un fond d’eau à laquelle se mêlaient restes de terre et de bave, que le brun s’était contenté de renverser sur le sol goudronné avant de faire claquer sa langue pour persuader les deux animaux de remonter en voiture. Laissant tourner le moteur pour ne pas couper la climatisation, l’enseignant avait récupéré son portefeuille dans le vide-poches et activé la fermeture centralisée, désireux de profiter de la station-service pour racheter une bouteille d’eau fraîche, voir pourquoi pas le supplément sportif qui paraissait chaque dimanche et qu’il se surprenait désormais à parcourir avec la même assiduité que son propre père trente ans en arrière, la seule différence étant qu’Hassan lisait le segment consacré au rugby avant n’importe quel autre, quand Kaveh Jaafari s’intéressait avant tout au football si populaire dans son pays d’origine. A quelques mètres de là, la blonde et son bébé avaient retrouvé leur tranquillité, et désormais bien installé dans les bras de sa mère le bambin observait autour de lui avec curiosité – à cet âge-là ils étaient bien tous les mêmes. « Merci de vous être arrêté et de nous avoir aidées. » Chassant la chose d’un geste de la main, le brun avait secoué la tête et répondu d’un ton tranquille « Y’a pas de quoi, c’est facile de se perdre dans la cambrousse par ici. » Une fois quittées les routes principales et entretenues, on s’aventurait rapidement sur de la rocaille et de la terre, sur laquelle il était non seulement facile de perdre ses repères, mais aussi d’embourber ses roues si la météo n’était pas clémente.

Derrière le verre teinté de ses lunettes, il avait pris le temps de d’observer la jeune femme un peu plus en détails. Il l’avait déjà vue en photo bien sûr, fut un temps, à l’époque où il était plus aisé d’obtenir des nouvelles de Rhett par le biais de la presse people tant l’Europe semblait être à des années lumières. « Je comprends mieux ce que voulait dire Rhett. » Face à son regard interdit, il avait aussitôt enchaîné « Que vous attiriez l’objectif. » Ce n’était pas entièrement vrai, son ami n’avait peut-être pas précisément dit cela … Mais en d’autres termes, probablement, et avec tout ce que cela impliquait en termes de double-sens et de reproches teintés d’amertume, pour lui qui cherchait sans cesse la lumière. « C’est un vieil ami. » Un vieil ami qui n’avait pas que des choses positives à dire sur elle, elle s’en douterait probablement, mais parce que Rhett restait Rhett il en avait probablement omis une grande partie et édulcoré un peu celle qu’il avait choisi de déballer. Mais enfin, tout cela remontait à tellement longtemps … et le rugbyman n’avait plus jamais mentionné Mabel depuis cette fois où il avait admis à Hassan avoir accepté de dîner avec elle pour “mettre les choses à plat”. Hassan n’avait jamais questionné, lui, et en avait simplement conclu que son ami était enfin parvenu à clore un chapitre de sa vie amoureuse – dommage qu’il n’ait pas été capable de faire aussi vite et aussi bien avec Jenna. « Enfin bref. Comme j’ai dit, en ressortant d’ici c’est tout droit jusqu’à Brisbane en direct de l’Ouest, y’a des panneaux tout le long vous ne pourrez pas vous tromper. Et cette petite personne a l’air d’avoir hâte de retrouver sa maison. » Adressant un sourire attendri au bébé, il avait fait un signe de tête poli à la maman pour prendre congé, désireux de ne pas lui faire perdre plus de temps que sa mésaventure ne semblait déjà l’avoir fait.

@MABEL GRIFFITHS