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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Le trajet en avion n'a beau être que d'une heure et demie, la distance entre Sydney et Brisbane se fait vraiment ressentir et tu bailles beaucoup plus que tu ne le devrais, assis à l'arrière du bus, une épaule contre la vitre et ta main droite accrochée à celle d'Althea. La petite ne prête même pas attention à son père fatigué, non, elle est trop occupée à compter tous les passagers du bus et à bien vérifier les arrêts, histoire que vous ne loupiez pas votre propre stop. Tu peux lui faire confiance à ce sujet, vu tout le temps que vous passez à l'arrière des bus, on pourrait même les considérer comme une seconde maison. Un jour, tu passeras ton permis, un jour, pas besoin que t'a déjà dit ton agent, il y aura toujours des gens pour te conduire où il faut et même dans Sydney, tu t'es senti gêné en ayant ton propre chauffeur et ton propre assistant. Seulement pour quatre jours, seulement le temps de passer cette audition et impressionner un producteur ou deux. Le projet est intéressant, une série animée sur Disney+, avec le budget qu'il faut et quelques saisons de prévue ? Qui es-tu pour dire non ? Tu n'es pas fou à ce point-là et techniquement, il ne te reste que quatre films à faire chez Netflix et cela peut être bouclé dans l'année. Dans les six prochains mois même, la plateforme est populaire, il faut toujours plus de contenus, et tu aimes ton métier.
Donc ton emploi du temps est rempli, elles sont bien loin les années où tu galérais pour impressionner qui que ce soit, toi, ton diplôme et tes quelques apparitions dans des séries télévisées et des documentaires pas dignes de ce nom. Tu bailles encore, tu vas avoir besoin d'une bonne nuit de sommeil, dans ton lit qui plus est, maintenant que tu es de retour à Brisbane cela va être possible. Tu peux t'y voir même, bien enroulé sous les couvertures, avec une bonne tisane et rien de prévu le lendemain, rien en dehors déposer Althea à l'école bien entendu. Cette dernière te tire la main quand c'est à votre tour de descendre du bus et tu la suis sans hésiter, attrapant tous les sacs en plastique que tu as apporté avec toi. Tu ne comptais pas arriver au St Vincent les mains libres et être bénévole pour toi ne veut pas seulement dire donner ton temps, les ressources de l'hôpital sont limitées, pas les tiennes. Et quand tu songes qu'il y a des enfants encore plus jeunes qu'Althea entre ces murs et pendant un petit bout de temps... cela te motive encore plus à revenir, pour un atelier coloriage ou même faire la lecture, histoire de. Les couloirs de l'hôpital sont familiers et tu connais le chemin vers le service pédiatrie par cœur, si bien que tu n'as plus besoin du plan de l'hôpital ou des signes qui indiquent l'endroit où tu dois te rendre. Althea sort de l'ascenseur bien avant toi, avec beaucoup d'enthousiasme il faut l'avouer, s'engouffrant déjà dans le service bondé.
"Par ici Papa, c'est par ici !" "Oui, oui, j'arrive dès que j'aurais trouvé le moyen de passer la porte avec tout ça..." Tu le sais, elle le sait, pas besoin de précision, elle pousse une porte et tu la vois déjà repérer un de ses camarades de jeu, en fauteuil roulant et elle se lance déjà dans un récit de sa journée face à celui-ci, le tout accompagné de très grands gestes de la main. Comme si venir ici c'était la chose la plus naturelle du monde. Cela t'arrache un sourire et toute ton attention est portée sur ce moment plus qu'important et que tu ne veux louper pour rien au monde. Oui, dans des instances telles que celles-ci, ton esprit dérive automatiquement vers Ana, qui devrait être là aussi, et voir à quel point Althea lui ressemble en grandissant. La petite a beau avoir pris tes mèches couleur ébène et ton visage anguleux, son franc-parler et sa curiosité toujours grandissante, elle les tient de sa mère. Tu en es là dans tes réflexions, ne prêtant plus vraiment attention à ton environnement et tu manques la porte battante qui justement se rabat sur toi. Te faisant lâcher ce que tu as, ou plutôt avais dans les mains. "... Génial." Que tu laisses échapper et tu te retrouves accroupi sur le sol la seconde suivante pour récupérer le papier crépon et les feutres qui se retrouvent sur le sol.
Rapidement, quelqu'un vient t'aider et tu relèves la tête vers le nouveau venu, ou plutôt la nouvelle venue. "Yasmine, hey ! Comment tu vas ?" Tu poses aussitôt la question, reconnaissant l'infirmière et lui offrant un sourire alors qu'elle t'aide. "Et oui, je me suis un peu lâché au rayon papeterie, un peu beaucoup, il faut bien marquer le coup non ? La Saint Valentin, l'amour, tout ça..."

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

"Quand est-ce que tu reviens? On cherche du personnel ici, c’est pas obligé que tu retournes aux urgences. Tu sais comment le service fonctionne, et les petits sont amoureux de toi." Le souci d’être aussi transparente que Yasmine, c’était qu’à peine on la rencontrait que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que n’être que bénévole dans un hôpital, ce n’était pas ce qu’elle appelait être utile. Elle l’était, c’était une certitude, à lire des histoires et à enchaîner les parties de jeux de société sans jamais se lasser. Mais elle avait aussi travaillé dix ans aux urgences, elle avait goûté à la routine inhérente à ce rythme de vie-ci, et à l’adrénaline que ça procurait d’être dans le feu de l’action. Elle l’avait quitté parce qu’elle n’était plus en mesure de le suivre à l’époque, et parce qu’elle avait mal géré deux ou trois petites choses sur lesquelles elle travaillait désormais seulement elle restait une infirmière qui avait du potentiel, assez pour se faire encourager à aller au-delà de son champ de compétence, et à l’élargir pour atteindre le  Graal.
Son boulot à l’Hibiscus, ce n’était pas ce qu’elle appelait un vrai boulot. Elle enchaînait les heures sans jamais faire grand-chose, passant plus de temps à repousser les avances et à rassurer les grands costauds qu’à soigner véritablement. Toutefois, ça lui permettait de retrouver des automatismes et de ne pas rentrer le soir avec des images difficiles à supporter, alors elle se concentrait sur ça, plutôt que sur cette impression qu’elle avait de stagner dans ce domaine-ci de la vie qu’elle menait désormais, se contenant des progrès qu’elle avait fait ailleurs et du quotidien qu’elle vivait avec Edge. Sa thérapeute lui avait conseillé de faire quelque chose au sujet de son travail, elle lui avait aussi rappeler que penser à ses propres désirs, ce n’était pas mal, que c’était même essentiel à long terme. Mais Yasmine restait Yasmine.
Devant elle, l’infirmière en chef du service de pédiatrie arborait la mine des mamans qui connaissent trop bien leurs petits pour avaler leurs couleuvres sans grimacer. Elle savait qu’elle n’avait pas besoin de lui mentir, elle savait aussi qu’elle récolterait le genre de regards qui faisaient pâlir les plus impressionnables, mais elle se risqua quand même à lui répondre, les avants-bras posés sur le comptoir de l’accueil du service, les chevilles croisées tandis qu’elle se tenait debout, penchée au-dessus d’un ordinateur à l’écran retourné, ses longs ongles tapotant la surface lisse du comptoir "C’est plus fait pour moi tout ça. J’aime bien être bénévole." Le rire que lui retourna la femme d’un certain âge sonnait comme un menteuse qu’elle ne prononça pas pourtant, et peut-être que ça indisposa assez la jeune femme pour qu’elle espère qu’on la tire de ce bourbier pour ne pas être obligée d’avouer qu’elle s’ennuyait de l’hôpital, que ça lui manquait.

Les petits cris d’enthousiasme d’une petite-fille sortant de l’ascenseur fût l’alarme qu’elle attendait. Elle n’hésita pas un instant, saluant sa collègue d’un clin d’œil raté, ayant reconnu la voix de la petite aussitôt qu’elle l’avait entendue. D’une petite impulsion, elle se décolla de son coin pour rejoindre la silhouette du père de la gamine qui s’avança difficilement, les bras trop chargés pour ne pas être ennuyé en passant les portes. D’ailleurs, celle qu’Althea avait poussé était trop étroite, et le petit drame arriva sans pouvoir être évité. Souriant légèrement tout en courant doucement jusqu’à lui, Yasmine ne laissa pas Abel batailler longtemps avec ce qu’il fit tomber au sol et se pencha en même temps qu’il le fit pour ramasser, repoussant ses cheveux et son sac pour ne pas être gênée dans sa manœuvre.
"Je vois qu’elle a toujours beaucoup trop d’énergie." fit-elle dans un nouveau sourire à Abel, rassemblant les feutres éparpillés sur le sol et répondant à sa question après lui avoir accordé un regard "Je vais mieux que toi, t’as l’air épuisé." lui fit-elle remarquer sans méchanceté, juste avec le ton de l’infirmière qu’elle était, en se moquant un chouïa de la façon qu’il avait d’être un peu dépassé — et de celle qu’il avait de se justifier du matériel qu’il avait apporté. Elle empoigna un petit flacon de paillettes pour le secouer, se relevant en gardant son regard rivé sur les reflets qu’elles faisaient tarder au travers du plastique, son autre main remplie des feutres qu’elle avait ramassé "Tu viens pour un atelier ? Si j’avais su, je serais venue un peu plus tard pour y participer." Elle était venue en début de matinée pour partager un peu de temps avec les petits, rien d’exceptionnel au demeurant, juste des discussions pour leur changer les idées, et des tas de questions sur son amoureux. Elle comprenait mieux l’effervescence de certains d’entre eux maintenant, elle avait peut-être omis l’imminence de la Saint-Valentin. Elle laissa un léger rire filer en y songeant d’ailleurs "Ça doit être bondé." lui fit-elle remarquer, lui tendant ses feutres et son flacon de paillettes de façon à ce qu’il ne les refasse pas tomber. D’après ce qu’elle savait, le service était rempli de petits amoureux transis, il y avait des chances pour qu’il ne sache plus où donner de la tête à un moment donné.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

On devrait sûrement prévenir les gens et leur dire qu'être parents, cela veut dire bien se familiariser avec les hôpitaux et les membres du corps médical. Car les enfants se moquent bien de la sécurité ou même de faire des bonnes nuits ou juste de vivre. Se blesser n'entre jamais en ligne de compte et il faut toujours s'amuser, s'amuser et encore plus s'amuser. Peu importe à dire vrai, les bobos c'est pour inquiéter les parents, avoir des bonbons quand on est braves en plus de câlins et oui, tu connais le service pédiatrie du St Vincent aussi bien que ta poche. Et être ici ne t'a jamais dérangé, que ce soit il y a des années de cela en arrière pour tenir la main d'Ana et tenter de la distraire dès l'arrivée des contractions trop douloureuses (on dira merci à ta magnifique imitation de Cookie Monster qui a réussi à la faire sourire dans un moment pareil), ou pour que le médecin vous explique que ce n'est que de la fièvre et que votre petite fille va bien, ou même désormais seul avec Althea tu la regardes se grandir dès que quelqu'un prend sa taille... non vraiment, tu es trop habitué à tout cela pour grimacer et le sourire que tu offres à Yasmine est sincère, n'ayant plus vue la brune depuis quelques temps déjà. C'était plus facile quand elle bossait ici et qu'elle n'était pas juste bénévole mais tu n'es pas de ceux qui juge les choix de carrière, tu serais bien mal placé pour le faire, à la place, tu lui offres une expression reconnaissante quand elle t'aide à ramasser tous tes biens du sol.
"Oh ça... pas besoin de caféine ou jus d'orange ou même de réveil quand on a un enfant. C'est assez efficace." Tu es fatigué depuis 2013 en réalité, personne ne t'entendra te plaindre cependant, si être parent a d'abord été le résultat d'un très mauvais timing et un peu accidentel, désormais, il s'agit d'un choix plus que conscient et assumé. Et comment le regretter en voyant Althea si pleine de vie et insouciante, la petite ne connaissant pas vraiment l'inquiétude ou quoi que ce soit du genre... C'est le genre d'innocence que tu voudrais qu'elle garde tout au long de sa vie, sûrement le désir de tous les pères, les choses ne fonctionnent pas ainsi, malheureusement. "Je reviens juste de Sydney et je suis dans la catégorie des gens qui ont besoin d'un jour en plus pour se remettre d'un trajet." Peut-être que c'est de cela dont Yasmine parle, que tu réalises en te redressant enfin, ayant enfin récupéré tout ce qui t'avait échappé. Le pire ? C'est que tu n'exagères même pas et que même si tu as eu des heures de sommeil avant et pendant ton voyage, être loin de ta fille provoque le genre d'anxiété sourde qui empêche vraiment de se reposer. Oui, elle était en toute sécurité chez tes parents à toi et non, vraiment, tu n'as aucune inquiétude à avoir et vous avez continué de vous parler pendant la petite période pendant laquelle vous avez été séparés cependant... le sentiment ne s'efface pas, il est toujours là et tu as envisagé pendant un temps d'emmener la petite avec toi à chacun de tes déplacements.
Cependant, cela serait beaucoup trop égoïste, oui, pour une occasion, louper quelques jours de classes et voir une autre ville pourrait être intéressant, mais sur la durée ? Cela ne serait pas vivable et tu veux qu'Althea ait une vie stable, de vraies attaches à Brisbane et aucune raison de s'inquiéter. C'est ce que tu as toujours voulu, un désir qui n'a fait que grandir depuis que vous avez perdu Ana. Tu sors de tes pensées pour répondre à Yasmine, hochant la tête, car tu ne t'amuses pas à dévaliser les papeteries juste parce que ton compte en banque te permet de le faire. "Oui, je suis là pour un atelier, et puis j'ai loupé celui de lecture la semaine d'avant donc... je me rattrape comme je peux." Tu sais bien que personne ne note tes absences en tant que bénévole, toi si, c'est important pour toi de donner ton temps libre et d'aider du mieux que tu peux, et ce même si c'est en faisant quelque chose d'aussi trivial que la lecture. Tu as réussi à transmettre cela à ta fille et tu en es fier. "C'est bondé, mais quelqu'un a insisté pour être là et à l'heure en plus..." Ton regard dérive de Yasmine à Althea et la petite reporte enfin ton attention sur toi lâchant même un : "Papa, ça va commencer sans nous !" avant de réaliser que son infirmière préférée est dans les parages.
"Yaaasmine !" Et tu ne peux même pas accuser Althea d'être bruyante car elle tient cela de toi et la petite court déjà vers vous, ses deux bras se refermant autour des jambes de Yasmine pour un câlin improvisé, les yeux rivés sur elle désormais. "Toi aussi, tu es venue faire une carte pour ton amoureux ?" Et oui, même toi tu éclates de rire, toujours aussi surpris de voir qu'Althea est directe.

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

Elle avait beaucoup de respect pour les parents, Yasmine. Elle n’avait pas la chance d’avoir d’enfant, ça ne l’empêchait pas d’avoir une idée précise du rythme que ça demandait de suivre, et du sacrifice que ça devenait, surtout quand on était seul à la barre. C’était le cas d’Abel, mais de ce qu’elle en savait, il se débrouillait plutôt bien. Il n’avait pas souvent l’air dépassé, il avait une complicité de rêve avec sa fille, et méritait qu’on ne tarisse pas d’éloges sur la manière dont il avait géré le drame qui leur était arrivé, il y avait déjà quelques années. C’était probablement pour cette raison qu’elle s’était attachée au duo qu’ils formaient tous les deux et qu’elle n’avait pas résisté à l’élan de solidarité qui lui avait pris quand, plusieurs fois, elle avait dû s’occuper d’Althea. Elle avait rapidement proposé à Abel de le faire aussi en dehors de l’hôpital. Encore une fois, c’était certainement pas très déontologique de sa part, seulement Yasmine ne serait pas elle-même si elle estimait que le malheur de ses patients s’arrêtaient aux murs de l’hôpital; quand elle pouvait aider au-delà de ce dernier, elle le faisait sans aucune espèce d’hésitation, c’était comme ça. Pas besoin de devenir proches, pas besoin non plus d’être remerciée, c’était dans sa façon de voir les choses d’assumer un peu d’aide pour soulager ceux qu’elle voyait peiner, et tant pis si on la fustigeait à propos de son caractère de Miss Univers à la manque — nul doute que dans son discours, la paix dans le monde aurait une place privilégiée, et ce n’était pas si mal que ça d’y aspirer, même si c’était un peu naïf de le déclamer avec sincérité. Elle faisait ce qu’elle pouvait, elle n’était pas cynique au point de croire que c’était un cliché de vouloir que la vie de chacun soit bonne et prospère, et elle avait arrêté de croire que c’était une bonne idée d’être heurtée par le manque de sensibilité de ceux qui moquaient ses ambitions en la matière. Elle avait sa conscience pour elle au moins, ce qui n’était pas le cas de tout le monde, c’était une certitude. Et puis quelque part, si elle n’avait pas été aussi encline à apporter son aide aux autres, elle n’aurait pas fait certaines des rencontres déterminantes de son existence, alors est-ce que ça faisait vraiment d’elle quelqu’un d’insignifiant que de s’obstiner à tendre la main? Elle ne le croyait pas,, très sincèrement, elle faisait simplement en sorte de provoquer son Destin, et qu’importe ce qu’on en disait, elle se sentait bien mieux dans ses baskets depuis qu’elle apprenait à reléguer le sarcasme des autres à la dernière place de sa liste de priorités.

Sa priorité à ce moment-là, c’était de filer un coup de main à Abel à rassembler ce qu’il avait laissé tomber. Si elle pouvait prendre un peu de ses nouvelles de lui et de sa fille entre temps, elle ne se ferait pas prier. Elle lui sourit quand il parla de la raison pour laquelle il semblait si dépassé aujourd’hui et elle lui demanda "Des grands projets en vue, ou c’était juste un voyage pour le plaisir?" Elle connaissait son train de vie, elle connaissait son talent, elle ne pouvait qu’être impressionnée par la manière dont il en usait, elle qui avait aussi un petit côté créatif qu’elle avait étouffé pour devenir infirmière; peu de gens savaient qu’elle chantait parfois, peu de gens savait qu’elle le faisait bien en plus de ça, elle-même avait tendance à considérer ça comme une anecdote qu’il ne valait mieux pas raconter. Ceux qui la connaissaient savaient, c’était suffisant "Tu sais que personne ne tient rigueur des absences des bénévoles, c’est pour ça que c’est bénévole… chacun fait comme il peut, et tu fais déjà beaucoup plus que certains d’entre nous." Ce n’était pas une compétition cependant, et si elle se permettait de souligner ça, c’était uniquement pour qu’il ne culpabilise pas d’avoir manqué son tour de lecture. Du reste, il se rattraperait, elle savait sans en douter.
Interpelé par sa fille, Abel tourna la tête. Yasmine l’imita, son sourire s’élargissant quand Althea nota sa présence "Thééééa !" lui répondit-elle quand elle s’approcha d’elle, et qu’assez naturellement, elle s’agenouilla à sa taille et se laissa câliner sans rechigner, ses bras se contractant autour du petit corps de la petite qu’elle tint contre elle un instant; elle finit par se reculer seulement pour lui accorder un regard de haut en bas "Je crois que t’as grandi, il va falloir arrêter sinon je vais finir par me sentir toute petite à côté de toi." Elle opina du chez pour appuyer ses paroles et cessa de sourire quand elle l’interrogea, jouant un peu le mystère alors que sa décision était déjà prise "Je ne sais pas, est-ce que si je te réponds que oui, tu vas m’aider à la fabriquer, cette carte? Il faudra garder le secret, si mon amoureux sait que j’ai eu un peu d’aide, il va penser que je l’aime pas assez pour faire ça toute seule." Elle tourna la tête vers Abel, ne mettant pas bien longtemps à se laisser convaincre par l’idée de sa fille "Tu crois qu’il y a assez de place pour une bénévole de plus? J’ai du temps devant moi, je peux vous accompagner." Sous l’enthousiasme d’Althea, Yasmine se mit à rire, et finit par se relever pour, une main dans la sienne, aider Abel avec ce qu’il avait dans les bras "Je vais t’aider avec ça." lui dit-elle quand elle cala deux rouleaux souples de papier crépon sous son bras, et qu’elle empoigna quelques feutres de sa main libre.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

"C'était pour le boulot, je ne passe pas suffisamment à la télé tu vois... mais je garde la surprise pour le moment, ça et mon agent ne serait pas très content s'il apprenait que je ne sais pas garder un secret." C'est tout ce que tu diras pour le moment et même si cela est dit avec ton habituel sourire sur le visage, tu fais totalement confiance à l'infirmière et tu sais qu'elle sait garder un secret. Si tu ne lui faisais pas confiance, jamais tu ne lui demanderais de jouer les baby-sitters de temps à autres et vous ne seriez certainement pas en train d'avoir cette conversation. Tu aimes juste compartimenter ta vie, il y a la vie de tous les jours, être ici, dans les couloirs du St Vincent, à converser avec la brune, à jouer les bénévoles... et il y a le boulot, dans les studios d'enregistrement, sur les tapis rouges quelques fois, et même en convention quand il faut signer des autographes. On t'a toujours conseillé de ne jamais mélanger le deux, un principe que tu suis au fil des années, qui est d'autant plus facile à suivre quand on est père célibataire et qui te permet de garder la tête claire et de te concentrer uniquement sur Althea et rien d'autre. Encore une fois, tu ne veux pas que le monde de la petite soit chamboulé à cause de la petite notoriété de son papa, ou parce que tu fais ce que tu aimes, l'un n'empêche pas l'autre, tu en es persuadé. Et des moments comme celui-ci sont importants, même si tu n'es pas ici autant que tu le voudrais et que tu sais que personne ne remarque tes ou plutôt vos absences.
Ce n'est pas une compétition, il s'agit juste d'aider un peu, tu l'as toujours fait et c'est de famille... Il n'y a qu'à voir ta grand-mère à Manilla, qui est du genre à ouvrir sa porte à n'importe qui, peu importe l'heure du jour ou de la nuit et de fournir un repas chaud et quelques billets à quiconque est dans le besoin. Peu importe ce qui se passe dans sa vie, cela lui vient comme une seconde nature et c'est surtout cela que tu veux enseigner à Althea. "Hmm, va dire cela à ma conscience Yasmine..." Que tu répliques tout simplement avec un léger sourire sur le visage. C'est avant que ta fille ne remarque la présence de Yasmine et envahisse l'espace de cette dernière et la bombarde de question. L'infirmière n'est pas une étrangère dans vos vies et cela se voit au sourire sur le visage d'Althea et le surnom dont la gratifie Yasmine. Tu te sens soudainement de trop en voyant leur échange, mais tu campes sur tes positions, curieux de savoir comme la petite va réussir à convaincre l'infirmière de rester. Quand sa taille est mentionnée, Althea se grandit, se tenant soudainement plus droite et cela t'arrache un léger rire, car il s'agit d'une posture qu'elle prend bien souvent. "Je vais être plus grande que toi, même plus grande que Papa, c'est ce que le docteur a dit la dernière fois qu'on est venus." Oh bien entendu qu'elle retient une information pareille, et pas les mises en garde du généraliste sur sa tendance à partir en chasse d'un animal dès qu'elle en voit un et de se faire mal ....
Si le chat de vos voisins est plus qu'habitué à ce qu'Althea fasse des diagnostics impromptus sur lui, ce n'est pas le cas de tous les animaux de Bayside et ça, la petite ne le réalise pas. Elle ne pense même pas à sa propre santé, juste celles de toutes les bêtes qu'elle croise et si elle ne change pas d'avis en grandissant, tu es persuadé que oui, elle va finir vétérinaire."Oh je vais t'aider, on fera une carte pour mon amoureux aussi et pour Papa." Althea t'adresse un clin d'œil et si elle est adorable, tu percutes avec un temps de retard toutes les implications de sa phrase."C'est gen... comment ça ton amoureux ?" Le ton est surpris, l'intonation de ta voix soudainement plus aigüe et non, tu ne t'attendais certainement pas à ce genre de discours de la part de ta fille. De neuf ans. Qui t'adresse un rire avant de répliquer : ""Je vais aller voir et garder des places devant !" et de se diriger vers l'atelier sans attendre les adultes responsables que vous êtes, Yasmine et toi.
"Question : tu crois qu'elle plaisantait quand elle parlait de son amoureux à elle ?" Tu as bien un sourire sur le visage en interrogeant Yasmine, cependant, intérieurement, c'est le bazar et tu espères vraiment que c'était une blague. Oui, tu as déjà expliqué à ta fille la signification derrière la Saint Valentin, mais tu as un peu romantisé les choses, parlant d'un amour pur et complètement innocent, comme celui qu'on a pour ses parents ou pour ses grands-parents. Assez pour leur acheter un cadeau ce jour-là ou même des chocolats. Tu ne t'es même pas aventuré sur l'autre terrain, celui qui fait que les gens se mettent en couple ou se marient... et est-ce vraiment une conversation que tu souhaites avoir avec Althea ? Non, à dire vrai, pas du tout, c'est cliché à souhait, mais il s'agit de ta fille, de ta petite princesse et elle va le rester tout au long de sa vie, oh que oui. "Et tu sais que tu es obligée de me suivre maintenant, sinon elle va être très déçue." Que tu lances à Yasmine par la suite, avec un léger sourire coupable sur le visage.

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

"Je me sens très privilégiée de connaître quelqu’un comme toi." lui dit-elle en plaisantant quand il lui répondit à propos de ses projets. Entre Abel et Clara, Yasmine gravitait dans l’orbite de deux étoiles, et si elle ne se sentait pas privilégiée pour autant, elle plaisantait, elle devait bien admettre que le monde dans lequel ils évoluaient chacun de leur côté n’avait finalement rien à voir. C’était ça, la beauté des rencontres, et si elle ne ressentait aucune espèce d’appétence pour les strass et les paillettes, ça ne l’empêchait pas de s’y intéresser quand elle devinait que ça comptait beaucoup pour quelqu’un. Elle y songea très brièvement, se disant qu’elle devrait peut-être présenter Camille à Abel; elle y trouverait son compte à côtoyer quelqu’un qui avait accès à quelques privilèges qui lui permettaient sans doute de porter de la haute-couture de temps à autres. Elle, elle n’y connaissait pas grand-chose, alors elle fit mine de fermer ses lèvres à double tour, même si Abel ne lui avait pas dit grand-chose à propos de ses grands projets, elle consentait à garder le secret parce qu’il n’y avait que ça à faire. Elle n’irait pas vendre la mèche à qui que ce soit d’autre qu’Edge, ce n’était pas son genre.
Et puis clairement, elle avait d’autres chats à fouetter dans l’immédiat. Son attention fût happée par Althea qui avait le soleil en elle, autant que son papa. Le sourire qu’elle fit naître sur le visage de Yasmine, il était aussi sincère que l’énergie que la petite lui donna quand elle la serra dans ses bras "Tu vois que je dis pas de bêtises. Tu vas tous nous surpasser, on doit se préparer." interjeta-t-elle quand elle lui parla de son docteur, et que les yeux de l’infirmière qu’elle était grossirent pour mettre l’emphase sur l’idée que si le docteur l’avait dit, c’est que ça devait sûrement être vrai. Elle se leva dans la foulée, prête à apporter de nouveau son aide à Abel quand ce que laissa échapper la petite lui fit prononcer un léger "Oh." qu’elle accompagna d’un regard en coin à Abel dont le cerveau mit quelques secondes à enregistrer l’information.

Yasmine s’agita pour pointer la petite de la main, et lui répondre avec entrain "Quand il y en a pour un, il y en a pour plusieurs. Et il faut utiliser toutes ces belles fournitures que papa à apportées; tiens prends ça, on te rejoint tout de suite. Ne cours pas." Quelqu’un de moins patient qu’elle lui ferait sans doute la réflexion au passage, autant que ça vienne de quelqu’un qui y apporta une douceur qui ne donnait pas à ses paroles des allures de mise en garde. Elle n’hésita pas à prendre les choses en mains, encourageant Althea à partir en avant en lui mettant papier crépon et paillettes dans les bras. Yasmine se retourna vers Abel, une inspiration retenue dans sa poitrine faisant se hausser ses épaules qui se baissèrent d’un coup quand elle la relâcha, ne pouvant ne pas sourire face à l’expression sur le visage du jeune homme "Je crois que t’as du souci à te faire." Et encore, elle ne disait ça que pour plaisanter, et plus encore quand ils prirent leur chemin, et qu’elle ajouta avec malice "Si t’as besoin d’un coup de main pour lui faire entendre que l’amour, c’est pas beau, et qu’on souffre plus qu’autre chose…" Elle pencha la tête sur le côté, plissant un œil en pensant à sa propre situation qui était à mille lieues de coller à l’image qu’elle dépeignait des grandes histoires "Je suis sans doute pas la mieux placée, je suis désolée. Tu vas devoir te trouver quelqu’un d’autre pour cette mission." Elle laissa un rire filer, avant de reprendre, donnant le sentiment d’être prête à s’élancer vers un autre terrain "Mais ! Je peux toujours lui dire que j’ai pas eu d’amoureux avant d’avoir terminé mes études et trouvé un travail." Elle mentait. Ce n’était pas faute d’avoir été bassiné par papa et maman Khadji que c’était la seule conjoncture acceptable à leurs yeux; avant qu’ils lui mettent Jahan entre les pattes. Mais de tout ça, elle ne voulait même pas parler — y songer non plus d’ailleurs, elle préférait se concentrer sur ce qu’elle vivait actuellement, et qui représentait un idéal qu’elle ne cracherait à la figure de personne.
Surtout pas à celle d’Abel d’ailleurs, pour des raisons tellement évidents qu’elle firent manquer un petit battement à son cœur. Elle tourna la tête vers lui, lui souriant en fronçant le nez "Ils grandissent trop vite, hmm?" Qu’en savait-elle? Ce n’était pas comme si elle avait un point de comparaison à apporter, même si elle avait des neveux et des nièces, c’était toujours différent quand ça concernait les enfants des autres. Mais là encore, qu’en savait-elle. La manière dont son propre cerveau la rabrouait sur le sujet, ça lui fit baisser brièvement la tête pour se recentrer, puis après avoir glissé une mèche de cheveux derrière son oreille, elle la releva pour réagir aux nouvelles paroles de son binôme du jour "Je comptais pas me défiler, je suis prête à réciter mes meilleurs poèmes pour qu’elle choisisse quoi dire à son amoureux." Elle le taquinait, et elle ne s’en cachait; pour autant elle leva sa main droite et jura "Promis, je l’inciterais pas à faire sa demande tout de suite. Il faut laisser le temps au temps." Le regard brillant qu’elle lui retourna, il apposait à ses dires un n’est-ce pas? qu’elle ne prononça pas de vive voix, mais que le rire qu’elle eut encore une fois laissa planer dans l’atmosphère.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Il y a des conversations que tu n'es pas prêt à avoir avec Althea, aucun doute là-dessus. Pourtant, cela ne veut pas dire que tu comptes te défiler, ou refiler le boulot à ta mère ou à une quelconque présence féminine dans ta vie et dans celle de la petite, au contraire. Être père célibataire, pour toi, cela signifie juste que tu dois faire plus d'efforts pour être là sur tous les fronts, pour soutenir la petite fille et lui apporter la réponse à toutes ces questions. Même les plus gênantes à dire vrai. Et si tu n'as pas les réponses, tu iras les chercher, tout aussi simplement, parce que tu ne veux pas qu'elle se sente intimidée par tout cela ou qu'elle grandisse en se disant qu'elle a loupé quelque chose. Ce serait le pire constat pour toi, et ce, même si tu sais que tu ne pourrais jamais remplacer Ana. C'est quelque chose qu'il t'a fallu accepter en faisant ton deuil, cela et tu as dû mettre toute la colère et la frustration que tu as ressenties à l'époque de côte, parce que oui, le monde est vraiment injuste et cela aurait dû être toi et pas elle... Tous ces sentiments reviennent de temps à autre, après tout, est-ce que la mort d'Ana sera quelque chose que tu accepteras facilement un jour ? Oh que non, cependant, tu as appris à mieux le gérer au fil des années, tu apprends toujours et tu sais qu'Althea est également sur cette route avec toi, et ce même si parfois il te semble difficile de concevoir un moment où elle n'est pas comme cela, à sourire avec toute l'insouciance du monde. Parce que tout va bien, justement.
Et ce malgré l'information qu'elle vient de te donner, elle disparait déjà, après avoir récupéré ce que Yasmine vient de lui mettre entre les mains, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. "Fais attention sinon tu vas te faire mal…" Althea ne t'écoute déjà plus, elle disparait à la suite des bénévoles et les mots de Yasmine te ramènent à la réalité et tu offres un léger sourire à l'infirmière. "J'ai toujours du souci à me faire, qu'on se le dise..." Elle est bien placée pour le savoir, après tout, c'est son métier à elle de soigner les blessures du quotidien et elle a déjà eu ta fille comme patience, elle sait très bien qu'Althea ne comprend pas non comme réponse et qu'elle se soucie peu de son propre état. De qui elle tient toute cette énergie ? Sûrement de sa mère, tu ne te souviens pas d'autant de visites à l'hôpital à ton âge, c'est certain. Ton rire se joint néanmoins à celui de Yasmine, quand elle propose de plaider ta cause, tu ne sais même pas si c'est une bonne idée, tu ne sais même pas quoi dire, quoi penser de cet amoureux. Au moins, Althea n'a pas ressenti le besoin de sa cacher, ce qui est une bonne chose, non ? "Très sincèrement ? Je pense qu'elle verrait à travers tout ça et m'accuserait tout de suite... Elle est trop intelligente pour son âge et oui, c'est quelque chose que je me dis au moins trois fois par jour." Que tu conclus dans un hochement de tête, tandis que vous suivez enfin les pas d'Althea.
Tu hoches la tête quand Yasmine te fait remarquer que le temps passe vite, trop vite à ton goût... tu peux encore te revoir ici, dans ces mêmes couloirs, à tenir à la main d'Ana et écouter un médecin vous dire qu'il est temps d'aller au bloc pour la naissance de votre fille. Et ensuite ? Tout s'est enchainé... il y encore quelques années, Althea tenait juste dans le creux de tes bras et elle ne pouvait rien faire toute seule car beaucoup trop jeune et maintenant... Maintenant tout ceci est derrière vous et elle continue de te surprendre de jour en jour, non vraiment, tu n'étais pas préparé pour tout cela et un simple test de grossesse positif en cache beaucoup et une vie faite de hauts et de bas. "Moi je dis, commençons par l'identité de ce mystérieux petit garçon ou petite fille, je ne sais même pas si elle a précisé." Cela te semble un bon compromis du moins et Yasmine semble vouloir se prêter au jeu et enfin, vous rejoignez la petite dans la salle, avec le reste des bénévoles et du personnel hospitalier. "Et après on pourra commencer à compter mes cheveux blancs, hmm ?" C'est tout ce que tu diras sur le sujet et tu as à peine le temps de saluer quelques bénévoles que tu reconnais facilement, que la voix de la petite s'élève encore. "Papa, Yasmine, par ici !" Elle vous a gardé une table rien que pour vous et tu vois que le St Vincent était déjà fourni en quelques matériaux, tu n'avais peut-être pas besoin d'en faire autant.
Tu tires une chaise pour Yasmine et tu as à peine le temps de t'asseoir que déjà, Althea est sur tes genoux, cela ne te surprend pas vraiment, au contraire et tu la regardes plier une feuille cartonnée avec attention. Puis une autre, et une autre… "Il faut faire des cartes pour tout le monde ! Si je commence par ta carte, tu promets de faire comme si tu ne l'avais jamais vu, hein ?" Elle t'adresse un regard en coin, tout en pliant toujours la base pour des cartes avec un soin précis et tu décides de l'aider, lâchant un : "Promis." ponctué d'un baiser sur les mèches brunes de cette dernière. "Tiens Yasmine..."  Un début de carte pour l'infirmière, à qui tu lances un regard appuyé avant de demander sur un ton léger : "Et l'autre carte ? Tu peux nous dire pour qui elle est ?" "Il s'appelle Sasha et il va dans la même école que moi..." Que commence doucement la petite, tout en pliant toujours, clairement concentrée.

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

"Et bien." commença Yasmine, posant un doigt sur ses lèvres pour se donner des grands airs d’enquêtrice du dimanche. Par deux fois, l’air concentré au point d’en avoir les sourcils qui se touchent, elle tapota le cœur de ses lèvres rassemblées en une moue surjouée "Elle a utilisé le masculin pour le désigner, alors je partirais sur un petit gars sans aucune hésitation." Bien joué, Sherlock. Elle retrouva une posture somme toute normale, traversant le couloir avec Abel à ses côtés. Pendant un temps, elle se fit la réflexion que ce n’était peut-être pas judicieux de s’amuser des coups de cœur d’une enfant de l’âge d’Althea et puis elle se dit que si Abel ne lui faisait pas la réprimande en lui disant de changer de sujet et de s’occuper de ses affaires, elle pouvait se permettre de tourner ça en dérision. C’était mignon au fond, aussi bien la volonté qu’avait eu la petite de faire cette confession à son père sans qu’il ne s’y attende, que celle de ce dernier à réagir comme il le faisait. Tant qu’il ne la grondait pas en lui disant que ce n’était pas de son âge tout en lui fourrant des poupées dans les bras, elle se disait qu’il tenait une bonne méthode d’éducation "Il nous faudrait plus d’une matinée pour ça." lui répondit-elle à propos de ses cheveux blancs, profitant de leur avancée vers la salle de jeux du service de pédiatrie pour qu’il ne se sente pas insulté par sa petite boutade.

Althea les appela sitôt qu’ils dépassèrent le seuil de la pièce, la sauvant de devoir s’excuser pour n’être qu’une vilaine petite comique. Yasmine s’approcha d’elle pour poser ce qu’elle avait dans les mains à côté de tout ce que la petite avait déjà préparé et remercia Abel pour avoir tiré une chaise sur laquelle elle s’installa après s’être débarrassée de sa veste, de son sac, et de cette tignasse épaisse qu’elle remonta en un chignon brouillon au-dessus de sa tête sans véritablement se soucier de l’apparence que ça lui donnait. Enfin, elle fit glisser les nombreux bracelets qu’elle avait au poignet vers son coude et les doigts pianotant dans les airs face au choix cornélien qu’elle devait faire pour savoir par quoi commencer, elle demanda à la petite fille "Hey dis-moi, c’est quoi ta couleur préférée?" C’est en fonction de sa réponse qu’elle choisit la couleur de la feuille de papier qu’elle malmena un instant pour lui donner des allures de cartes de vœux. A coups de ciseaux, elle peaufina les angles quand la conversation que tenait Abel avec Althea lui fit relever très brièvement les yeux; elle aurait pu coincer dans langue entre ses dents pour se donner l’air concentrée, mais elle n’en fit rien, prenant part à la conversation  "Sasha, comme mon chat." Elle opina du chef avec conviction en échangeant un regard avec le père de la petite et retourna à son œuvre en abandonnant ses ciseaux et en aplatissant sa carte sur la table pour mieux ajouter, l’air de ne pas y toucher "Le mien, de Sasha, c’est un petit farceur. Toujours à donner des coups de griffes et à feuler sur les gens qui empiètent sur son territoire… il a du caractère, mais il est aussi tellement doux, je suis sûre que tu l’aimerais beaucoup." A croire qu’elle parlait d’un enfant alors qu’il ne s’agissait que d’une boule de poils qui prenait plaisir à mâchouiller ses plantes et à planter ses crocs dans ses poignets quand il ne recevait pas assez d’attention.
Une vraie teigne en somme. Elle le dépeignait de façon positive, mais son entourage avait tendance à le prendre pour un petit démon — sa propre mère l’avait rebaptisé Sheitan, et ça plus que tout le reste, ça finissait d’entériner l’idée que la bestiole n’était pas aussi mignonne que le laissait présager son poil duveteux et sa bouille de chaton "Et le tien de Sasha, est-ce qu’il est gentil?" finit-elle par lui demander histoire de faciliter l’enquête d’Abel et de le faire avec un peu plus de subtilité. Il lui avait dit qu’elle était sans doute trop intelligente pur son âge, mais s’il s’obstinait à faire aussi peu preuve de tact, ce n’était pas bien difficile de le prendre à son propre jeu. Mais encore une fois, c’était adorable, et cette observation la fit sourire tandis qu’elle demandait à Abel "Mais et toi alors, tu prévois aucune carte pour personne?" Loin d’elle l’idée de se montrer intrusive, mais il fallait bien le faire participer. Après tout, il était là pour ça, pas pour chaperonner sa fille qui s’en sortait très bien toute seule au demeurant.
Après coup, Yasmine tint à désamorcer le potentiel malaise que sa question pourrait faire peser sur la table qu’ils partageaient tous les trois et tout en se redressant un peu, quittant ses travaux des yeux pour tendre le bras vers un flacon de paillettes multicolores, elle ajouta avec initiative "Tu pourrais en faire une pour ta fille. Elle fera comme si elle n’avait rien vu, hmm?" interrogea-t-elle la petite dans un signe de tête, tentant un clin d’œil qui lui donna l’air d’une sombre idiote quand elle le rata, comme toujours.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

"Oh Détective Yasmine Khadji est sur le coup, je n'avais pas réalisé. Je serais l'assistant qui prend des notes et qui manque de tomber dans les pommes quand tu fais une découverte." Que tu as répliqué à Yasmine, parce que tu as exactement le même humour que la brune, que l'opportunité de faire ce genre de blagues est là et parce qu'il y a bien un sourire sur ton visage. Si c'était une conversation ou même un sujet qui te mettait particulièrement mal à l'aise, tu aurais déjà changé le ton de la conversation, on t'a reproché des choses par le passé, d'en faire un peu trop, d'être un peu trop bruyant et enthousiaste, mais être timide et ne pas dire tes intentions clairement ? Cela n'a jamais fait partie du lot et plus tu regardes Althea grandir et plus tu dis qu'elle a hérité de ce trait si particulier, et qu'au moins, les gens savent à quoi s'attendre quand la petite se met à parler. La vérité, ce qui lui passe par la tête et ses sentiments sur le moment, voilà ce que la petite dit la plupart du temps et tu espères vraiment qu'elle ne perdra pas cela en grandissant et qu'elle ne se laissera pas influencer par l'opinion des autres, tu l'espères de tout cœur.
Pour le moment, tout ce que tu peux faire, c'est sortir de tes pensées et suivre Yasmine et ta fille qui sont beaucoup plus motivées que toi pour faire des cartes. Le dessin, ce n'est pas de ton fort, mais tu vas faire de ton mieux pour faire des cartes colorées et qui feront naitre un sourire sur le visage de tous ceux qui les recevront, aussi, tu suis les instruction d'Althea, tu plies une bonne pile pour commencer et tu es concentré pendant un temps, tandis que la petite répond à Yasmine et lui dit que sa couleur préférée est le bleu. Tu pourrais dire à l'infirmière qu'il suffit juste de voir la chambre d'Althea, elle a insisté pour que quasiment tout soit de sa couleur préférée, y compris son placard et la caisse dans laquelle elle range ses jouets à la fin de la journée et même sa tenue préférée, une robe offerte par sa grand-mère est bleue. Ce qui explique également vos virées régulières à la plage, la petite y est dans son élément et si elle aime courir et faire des châteaux de sable, elle aime tout autant plonger ses pieds dans l'eau et regarder les vagues et tout cet horizon de bleu devant elle.
"Han tu as un chat, tu vois papa, même Yasmine a un chat, quand est-ce qu'on pourra en avoir un à la maison ?" Que ta fille s'exclame suite aux mots de Yasmine et cela t'arrache un léger rire, il est vrai que pour la future vétérinaire ne pas avoir d'animaux de compagnie est bizarre, déjà, tu sais que tes parents ne viendraient plus aussi souvent si vous aviez un chat, selon eux, les animaux doivent être dans la nature et c'est tout. Ensuite, tu ne vois pas comment vous pourriez gérer cela en plus du reste. "Hmm, Thea on sait toi et moi que si on a un animal à la maison, tu vas oublier tes devoirs et tout le reste. Mais on peut toujours aller faire un tour au zoo le week-end prochain ?" Un très bon compromis que tu décides et la petite semble être d'accord, elle hoche la tête en s'emparent d'une boite de feutres, commençant à tracer des cœurs sur une des cartes avec une assurance certaine, continuant d'échanger avec Yasmine.
Yasmine qui mène très bien la conversation et qui essaye de faire en sorte que Thea se livre naturellement, elle ferait une très bonne mère que tu te dis l'instant suivant, sans aucune hésitation. "Oui. Tu devrais venir avec nous Yasmine, Papa connait tout le monde et la dernière fois on m'a laissé nourrir les baleines." Dans les yeux de la petite, tu connais tout le monde, la vérité c'est que tu as demandé avec un peu d'insistance qu'on laisse ta fille voire les coulisses, ajoutez à cela une très généreuse donation au zoo et voilà, et non, ce n'est pas quelque chose qu'elle a besoin de savoir. Autant qu'elle pense que ton pouvoir de persuasion et ton sourire ont été suffisants. "Et Sasha il est gentil, il me garde toujours une place à la cantine et mon dessert préféré.... et pour sûr il me fera une carte aussi." Qu'elle ajoute et le sourire qu'elle a sur les lèvres est réel, c'est une expression que tu connais bien et que tu voudrais qu'elle ait en permanence sur le visage.
Comment douter des intentions de la petite dans ce cas -là ? Il s'agit juste d'une histoire innocente et tu n'as sûrement pas de raison de t'inquiéter, peut-être que tu devrais contacté les parents de ce Sasha et arranger une vraie rencontre. "Eh bien, il me semble qu'il a pensé à tout ce Sasha, et s'il te garde ton dessert préféré à chaque fois, je crois que je n'ai pas de raison de m'inquiéter..." Tu jettes un coup d'œil dans la direction de Yasmine avant de finir ta phrase."... N'est-ce pas ?"

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

Il lui semblait entendre de l’agitation derrière elle. Yasmine regarda rapidement par-dessus son épaule pour s’apercevoir que de nouveaux arrivant venaient de dépasser le seuil de la pièce qu’ils occupaient avec les Reyes. Des petits malades, de ceux qui restent plus d’une nuit dans le service, venaient d’être amenés par les infirmières de service histoire de se joindre à l’atelier. Avec une intention silencieuse, elle demanda à ses anciennes collègues si elles avaient besoin d’aide, mais elles refusèrent d’un geste de la main qu’elle se dérange pour venir leur faciliter la tache et installer tout ce beau monde autour de la table. Elles n’avaient pas besoin d’elle. Elle l’accepta, leur adressant un petit sourire quand elles quittèrent la pièce et qu’elle entendait l’enthousiasme des nouveaux arrivants se répercuter en écho autour d’eux tandis qu’ils se lançaient dans la fabrication de mots doux, de petites attentions pour ceux qu’ils aimaient.
Il y aurait sans doute des cartes réservées aux infirmières du service, elle le savait tant les petits patients savaient être reconnaissants de l’aide qu’on leur apportait quotidiennement. Elle fit un signe ou deux de la main à ceux qui la connaissait bien, et puis se réinsérant dans la conversation qu’elle avant abandonnée un temps pour suivre le trajet des nouveaux participants, elle tourna de nouveau la tête vers le duo que formait Abel et Althéa.

Elle serra ses lèvres l’un contre l’autre, confuse d’avoir semé les graines de la discorde, encore que tout était relatif à la vue de la manière dont Abel gérait le conflit ; avec calme et douceur. Elle se permit d’intervenir avec autant de finesse que lui "Je peux te proposer un truc." commença Yasmine en comprenant que mentionner son chat pour tirer les vers du nez de la petite n’était pas une idée lumineuse. La manière dont Abel répondit à la petite fille lui donna même l’impression que c’était un sujet qui fâchait entre eux et elle se sentit un peu idiote sur le coup. Elle n’avait aucun moyen de le savoir, mais elle pouvait toujours se rattraper et c’est ce qu’elle fit, abandonnant ses ciseaux sur la table et calant ses doigts bardés de bagues sous son menton qu’elle posa dessus pour mieux fixer la gamine "En attendant d’avoir ton propre chat quand tu seras plus grande", un petit regard se perdit vers Abel à qui elle adressa un signe de tête pour lui montrer qu’elle avait bien saisi que ce n’était pas la peine d’insister ou d’essayer de le faire changer d’avis pour le moment "tu pourrais toujours venir de temps en temps à la maison pour jouer avec lui. Il faudra voir avec papa à quel moment bien sûr, mais si vous me prévenez à l’avance, je peux même m’organiser pour faire venir des petits copains qui t’aideront à mieux l’apprivoiser." Elle pensait aux neveux et à la nièce d’Edge évidemment, et elle le précisa tout haut à Abel qu’elle regarda de nouveau, un sourire étirant son visage tandis qu’elle se redressait, coinçant une mèche échappée de son chignon brouillon derrière son oreille "Edge à des neveux et une nièce de l’âge de Théa. Ils devraient pouvoir s’entendre et passer un bon moment." Elle en était persuadée, aussi continua-t-elle, reportant son attention sur la petite fille, ses yeux grossissant doucement quand elle lui demanda "Ça t’irait comme compromis ? Et si papa est d’accord pour que t’invites ton amoureux à se joindre à nous, ça me ferait plaisir de le rencontrer." Elle acquiesça à sa propre réthorique, finissant pas reprendre après un instant à regarder sa feuille cartonnée bleue, pliée et découpée proprement.
En attendant de savoir si son plan conviendrait aux Reyes, elle n’abandonna pas son idée d’en savoir davantage sur le petit garçon dont parlait Althéa. Elle nota que, plutôt subtilement, Abel évitait le sujet qu’elle mit sur le table quand elle l’invita à fabriquer une carte de vœux lui aussi et se mordit le bout de la langue pour ne plus aborder le sujet à l’avenir, plutôt encline à rester dans son champ de compétence et à ne pas aller là où son avis n’était pas demandé. Elle continua à bricoler, s’attardant plus que de raison sur l’ouverture d’un flacon de paillettes qu’elle finit par poster à côté de son ouvrage pendant que Théa répondait à ses questions et leva le voile sur la personnalité de celui qu’elle appelait son amoureux "S’il te garde un dessert, c’est que c’est un bon amoureux alors. Le mien m’apporte toujours des donuts." appuya-t-elle avec une légère inclinaison de la tête, le coin de sa bouche s’affaissant pour mieux traduire son assentiment en évitant de se perdre du côté de l’idée qu’en rentrant ce soir, elle trouverait sans doute une boîte de donuts sur le comptoir du petit-déjeuner  — une pensée qui suffisait à la rendre heureuse. Les petites choses, tout ça "T’en es où ? Montre-moi ta carte." finit-elle par demander à la petite fille. Un pouce levé plus tard, elle reporta son attention sur Abel, un sourire retenu donnant à son visage une expression lumineuse "Rassuré qu’il ne soit pas le genre de terreur qui la pousse à la récré pour lui montrer qu’il l’apprécie ?" lui demanda-elle, laissant enfin son sourire étirer sa bouche.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Une fois les futures cartes pliées, voilà que tu te retrouves avec des feutres à la main et beaucoup, beaucoup de place pour tenter de remonter le moral de quelqu'un, tu n'es malheureusement pas un grand dessinateur. Tu as beau, et constamment en plus, travailler avec des gens qui s'y connaissent bien dans le domaine, tu n'as pas encore demandé de cours de dessin et tu penses que tu serais très mauvais dans la discipline. Mais, qu'est-ce que l'on dit déjà ? C'est l'intention qui compte ? Oui, quelque chose comme cela, et vous êtes là pour cela avant tout alors tu entreprends de dessiner des nuages et un soleil qui porte sa propre paire de lunettes de soleil sur la première carte, traçant tout ceci avec des couleurs vives et sous l'œil attentif d'Althea. La petite semble tout excitée sur tes genoux et tu ne sais pas ce qui est le plus attendrissant, son échange avec Yasmine ou comment elle parle du petit garçon qui semble être son premier amoureux. C'est un peu des deux que tu décides la seconde suivante et tu offres un sourire à la brune, appréciant encore une fois son tact et sa délicatesse et ce qu'elle te propose. Cela t'étonne toujours de savoir que Yasmine n'est pas mère, elle sait y faire, elle a toujours su y faire, cela ne date pas d'aujourd'hui et même pendant ce que tu considères être la pire période de ta vie, la jeune femme a été d'une aide précieuse.
Tu sais que les gens manquent de temps dans sa ligne de métier, cependant, elle ne t'a jamais fait sentir comme un autre patient ou comme si elle devait se charger de vous le plus rapidement possible pour pouvoir finir sa journée et rentrer chez elle. Non, Yasmine ne fait pas semblant, tu es assez bon acteur pour le savoir et savoir que tout ce qu'elle dit est sincère. "Cela me parait être un bon compromis et on pourra ensuite décider si on prend un chat à la maison, qu'est-ce que tu en penses Thea ?" La petite est déjà en train d'hocher la tête, comme si c'était une affaire réglée et clairement enchantée par la perspective d'avoir un chat, ne serait-ce que quelques jours. "Oui! Oui! Oui! Je m'en occuperais et je nettoierais derrière lui sans problèmes, promis, et je serais très très sage, promis !" Tu ne peux empêcher le léger rire qui quitte tes lèvres et la petite bondit littéralement sur place, plus vraiment sur tes genoux à présent, orbitant plus autour de Yasmine. Tu connais assez ta fille pour savoir qu'elle est tiraillée entre l'envie de tout lâcher pour aller chercher l'animal en question et continuer d'aider, tu peux le voir sur son visage mais elle semble comprendre que que vous faites est important, aussi, elle montre son début de carte à Yasmine, en continuant de lui parler.
"Le meilleur des amoureux. Je demanderai des donuts la prochaine fois si si..." Tu n'as visiblement pas le droit d'observer ta carte pour le moment, ce sera un secret très bien gardé entre Yasmine et elle et tu prétends te concentrer plus que cela sur ton dessin qui prend peu à peu forme. Plus qu'un sourire à rajouter à ton soleil et un message plein de clichés pour remonter le moral de quelqu'un en ce 14 février. Tu n'as jamais vraiment cru à la Saint Valentin, Ana et toi vous avez joué les cyniques pendant des années, à juste manger des chocolats en lançant des grimaces face aux couples d'amoureux transis que vous voyez sur votre chemin, parce que c'est ridicule et qui a besoin d'un jour particulier pour se rappeler qu'il est en couple, vraiment ? Maintenant, c'est différent, tout ce genre de petit rituel te semble plus important maintenant que tu es père et plus que les roses rouges, les chocolat super chers et un bon restaurant, tu voudrais transmettre à Althea autre chose, oui. De toujours bien s'entourer, de gens qui ne veulent que le meilleure pour elle et qui seront là et qu'elle pourra soutenir en retour, de ton expérience, c'est tout ce qu'il faut pour avancer au jour le jour.
"Oh ils ont des stickers, je reviens okay ?" La voix de la petite te sort de tes pensées et après avoir donné son début de carte à Yasmine, interdiction de regarder, qu'elle te lance même, elle s'élance à une autre table. Disant déjà bonjour et tournant sur elle-même, comme si c'était maintenant elle la star et le centre de toutes les conversations. Est-ce que tu étais pareil à son âge ? D'après tes parents oui, plus tu vois Althea grandir et évoluer et plus tu te dis que ta propre mère n'exagérait pas. Tu te tournes de nouveau vers Yasmine, toujours une expression légère sur le visage. "Complètement rassuré, je ne lui aurais pas dit que les petits garçons font ça pour dire je t'aime mais au moins... pas besoin de répéter ce cliché. Qui est une très mauvaise leçon si je peux me permettre." Tu sais que si tu avais agi de la sorte à l'époque, tu aurais eu le droit à une très longue leçon de la part de ton père et des remontrances de la part de ta mère, pas de cela chez les Reyes, en grandissant la demeure de tes parents a été un terrain de jeu pour toi et tes camarades et ce sans aucune pression et sans des règles très strictes. "Et merci... tu as très bien géré cela... et je suis toujours partant pour qu'elle rencontre des enfants de son âge. Et je vais être sincère, je préfère la savoir entourée d'autres enfants qu'à rester chez mes grands-parents dès que je suis en déplacement. Ils gèrent très bien et Althea les adore mais une part de moi se dit que ce n'est pas sain et que plus elle va vers les autres maintenant, mieux c'est." En tant que parent, tu sais que tu n'as pas de soucis à te faire quand Althea est concernée, elle est curieuse par nature, polie quand il faut vraiment l'être et quand quelque chose lui déplait, plutôt que de hausser le ton ou de s'en prendre à quelque chose, elle soupire, elle te le fait savoir et les caprices sont vraiment rares. "Et toi alors ? On parle toujours du même amoureux ? C'est toujours aussi sérieux ?"

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

Elle était douée pour la médiation, Yasmine. Ce n’était un secret pour personne la côtoyant de près. Elle avait des années de pratique au compteur, à jouer les tampons, à ne pas rentrer dans le jeu de ceux qui tiraient à balle réelle sous le prétexte qu’ils en voulaient à autrui. Elle savait faire la part des choses, prendre un peu de hauteur et observer sans nécessairement prendre parti et ça l’aidait beaucoup à comprendre les choses, à se caler sur les sensibilités de ceux qui venaient la trouver pour un peu de réconfort. Elle n’adaptait pas son discours en fonction de qui elle avait en face d’elle cependant, elle était assez honnête pour ne pas déroger à son propre ressenti, mais faire se poser les bonnes questions et remettre les choses dans le bon ordre, c’était quelque chose qu’elle savait faire sans se forcer. La preuve en était, sans réellement réfléchir à quoi dire ou quoi faire, elle venait de désamorcer quelque chose et ça la rendit plus sereine de voir que la page était vite tournée et que Théa obtiendrait peut-être gain de cause à un moment donné.

Elle adressa un grand sourire à cette dernière, contaminée par l’enthousiasme qu’elle laissa éclater en entendant les paroles de son père et acquiesça d’un mouvement de tête quand elle désigna son amoureux comme le meilleur "Si tu aimes partager ton dessert et jouer avec lui, c’est tout ce qui compte." lui dit-elle avant qu’elle ne leur fausse compagnie pour aller chercher des stickers à la table voisine, laissant les adultes entre eux. Ne laissant pas le silence s’installer, le jeune homme enchaîna sur ses paroles, permettant à Yasmine de lui répondre dans la foulée, toujours occupée à son ouvrage "J’ai grandi avec des garçons. Aucun d’eux ne m’a jamais fait de crasse pour me montrer qu’il m'aimait, alors je dirais que cette théorie ne prend pas en compte tous les membres de ton équipe." Elle ne souvenait pas avoir souffert de coups en douce de la part de Sohan, de Qasim ou d’Hassan. Elle ne souvenait pas que, malgré la bulle sous laquelle on l’avait placée à un moment donné, ses parents se soient placés en bourreaux en amoindrissant ses capacités malgré le destin qu’ils voulaient qu’elle accomplisse en lui racontant des histoires sur le double standard ; elle n’avait connu qu’un seul homme qui correspondait à la description faite par le jeune homme et grand bien lui faisait qu’il ne faisait plus partie de sa vie depuis des années désormais. À cette pensée très rapide, elle pinça les lèvres, loin d’être emballée par l’idée de s’y arrêter "Mais je suis d’accord. Je sais que c’est facile de dire ce genre de choses quand on est pas parents, reste que c’est pas le genre d’idées que j’ai envie de mettre dans la tête de mes enfants… quand j’en aurai, je veux dire." admit-elle, gardant un œil sur Abel durant un instant. Enfin, elle se concentra à nouveau sur sa carte entamée qu’elle avait posé sur celle d’Althéa, en bonne gardienne du secret qu’elle était.



"Je suis sincère. Le terrain d’Edge est assez grand pour accueillir une ribambelle d’enfants. Si ça peut te rendre service un jour où l’autre, j’ai un badge de meilleure baby-sitter de la galaxie comme curriculum vitae." Offert par Ava lors du Noël précédent, et qu’elle serait prête à pavaner pour prouver à quel point elle savait y faire, même si ce n’était pas tellement son genre de faire le pan "J’ai l’impression que tu t’inquiètes un peu trop. Elle se débrouille bien, c’est une gamine équilibrée." De ce qu’elle connaissait d’elle, la petite gérait plutôt bien les choses comptes tenus du manque d’une figure maternelle à ses côtés. Abel s’en sortait aussi bien, elle ne se faisait aucun souci sur sa capacité à faire de sa fille quelqu’un de bien. Peut-être aurait-elle ses périodes, peut-être serait-elle plus déprimée à un moment donné, mais qui ne l’était pas après tout ? Personne ne pouvait se targuer de toujours bien aller "Je vais bien." L’écho entre ce qu’elle dit et ses pensées sur le moment était trop parfait pour que ça ne la fasse pas sourire, encore plus quand Abel poussa ses questions.
Yasmine n’aimait pas cet exercice, mais le sujet sur lequel il l’interrogea n’avait pas de piège caché, aussi elle se détendit en lui disant "Toujours. On vit ensemble depuis quelque temps maintenant. Je crois que ça veut dire que c’est même très sérieux." Elle passerait sur le reste des détail qui indiquaient qu’en effet, ça l’était, comme sa fausse-couche, leurs plans de faire construire leur maison et le reste, et laissa son sourire parler pour elle durant quelques instants avant de dire à Abel "Dis-moi, et toi, comment tu vas ?" Sans insister verbalement, ses yeux retrouvèrent les siens pendant quelques secondes "Tu passes ton temps à parler de ta fille, c’est comme si t’évitais de parler de toi. Mais t’en as le droit de temps en temps aussi, je te jugerais pas." Jamais semblait ajouter le petit mouvement de tête qu’elle lui fit pour l’encourager à se confier s’il en avait envie.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

Quand il s’agit d’éduquer des enfants, plus le temps passe et plus tu réalises qu’il n’y a pas de formule magique. Non, il n’y a pas de bonnes méthodes, pas une marche en particulier à suivre, pas de chemin tout tracé et c’est sûrement cela qui t’effraie et t’enchante le plus. Les deux à la fois, car Althea, en plus d’être ta fille, est une personne à part entière, qui est en train de grandir sous tes yeux, de former ses propres opinions et avis devant toi et tu ne peux rien faire d’autre que l’observer, tu ne peux pas ralentir le processus même si tu aimerais beaucoup le faire et plus elle grandit, plus toi, tu vieillis. Et ce n’est pas une tragédie en soit, et il y a des tas de personnes dans ton entourage, ta famille, des proches, d’autres parents, d’autres experts qui ont su te donner des tas de conseils au fil des années et si tu n’as jamais eu de honte à demander de l’aide ou même à admettre quand tu étais dépassé, on t’a souvent donné des méthodes et leurs contraire la seconde suivante. Ce qui te fait tout simplement sourire et réaliser que personne ne sait vraiment comment faire, tout le monde fait semblant et espère avoir un adulte équilibré à la fin. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soit, c’était certainement plus facile quand Althea n’était qu’un bébé et ta plus grande inquiétude était de réussir à faire un biberon le plus rapidement possible… maintenant, c’est différent, la petite pose des questions sur le monde, sur les choses qu’elle voit à la télévision, dans la rue et son quotidien ne se limite pas seulement à ses interactions avec toi. Même maintenant alors qu’elle s’est éloignée, clairement à l’aise ici et entourée des autres bénévoles et les membres du personnel hospitalier et tu ne peux que la regarder faire, poussant un léger soupir avant de te tourner de nouveau vers Yasmine.
"Et j’ai grandi en voyant mon père se plier en quatre pour répondre au moindre des caprices de ma mère, et oui, avant que tu ne poses la question, elle est vraiment dramatique, il parait que c’est de famille. Mais tout ça pour dire, que chez moi, on traite bien les femmes et ce n’est pas une option." Tu dis cela avec une conviction certaine, chez les Reyes, entre ta grand-mère et ta mère, aucun doute pour savoir qui est en charge, ce qui n’a jamais été une contrainte et tu dois avouer qu’il est adorable de voir que le couple formé par tes parents est toujours aussi fort, même après des années plus tard. Tu es fils unique et s’ils n’ont jamais exprimé le désir d’agrandir leur famille, ils s’aiment clairement et ton père ne sait décidément pas dire non à ta mère. Retourner sur son île natale pour donner naissance à Abel ? Aucun souci. Abandonner sa journée de boulot pour l’emmener à un casting ? Une audition ? Pas de problème, traverser toute la ville pour aller lui chercher les cookies du supermarché qu’elle aime et pas ceux de la boutique la plus proche, il a déjà ses clefs en main. Et tu n’as jamais vu cela comme une faiblesse, ton père fait tout cela avec le sourire aux lèvres, à chaque fois.
Et puis tu ne te permettrais pas de critiquer leur relation, toi, l’éternel célibataire. Chaque couple est différent, ça tu le sais, c’est une balance à trouver avec un partenaire, c’est tout ce que tu peux dire et quand Althea est née, Ana et toi vous saviez dès le début que vous n’étiez pas ce genre de couple. Vous ne vous êtes jamais mentis, vous n’avez jamais cédé à la pression de certains de vos proches et rien que cela, ça a rendu les choses plus faciles. Donc tu supposes que c’est la même chose pour toutes les relations, amicales ou même romantiques, il faut une bonne balance et une certaine dose d’honnêteté. "Je suis certain que tu te débrouilleras très bien, quand tu en auras." Que tu dis à Yasmine quand le sujet des enfants est concerné. Tu ne feras pas dans le cliché en lui disant que rien ne presse, là, au moins, tu sais qu’il est impossible de prévoir quoi que ce soit, la vie suit son cours, tout simplement, Althea est toujours la meilleure surprise qui te soit arrivée, aucun doute là-dessus. "Et tu dis ça mais… C’est mon boulot de m’inquiéter, avant tout le reste. Et je ne vais pas hésiter à venir voir ton badge de plus près, ou alors j’enverrais juste Thea." Tu es papa d’abord et ensuite le reste arrive, c’est comme cela que tu vois tes priorités et tu as mis beaucoup de chose de côté et entre parenthèses depuis la naissance de Thea, tu n’as absolument aucun regret. Contrairement à Yasmine, ta vie amoureuse est vide, complètement vide et tu sais que là encore, on s’inquiète pour toi. Même pas à cause de ton âge, que t’a soutenu ta mère, elle n’aime juste pas te savoir seul. "Très très sérieux même." Que tu ajoutes quand Yasmine te dit qu’elle vit avec Edge, si ce n’est pas du solide, tu n’y comprends décidément rien.
Vous avez parlé de Thea, vous avez parlé d’elle, mais visiblement pas de toi et tu as un léger rire quand elle te le fait remarquer, à juste titre et tu hausses les épaules en attrapant un autre feutre et une autre carte. "Je sais, et tu sais quoi ? Je ne fais même pas exprès, c’est juste que … ma vie tourne autour de Thea depuis tellement longtemps et en général, quand les gens me posent des questions, c’est pour savoir comment elle va, comment sont faites ses journées." Ce que tu comprends, elle est plus intéressante, c’est elle qui a besoin de soutient constant, et toi l’adulte, pas l’inverse. "Il y a beaucoup de stigma autour des parents célibataires et parfois j’ai l’impression que le monde veut que j’échoue… ah tu vois, je suis dramatique !" Tu rigoles vraiment cette fois-ci, tu sais de qui tu tiens cela et enfin, tu réponds à la question de Yasmine. "Je vais bien, mon agent me garde occupé, j’essaye d’avoir des interactions avec des gens de mon âge et…" Et c’est tout ? Est-ce qu’il faudrait plus ? Tu n’en sais rien, tu n’as pas l’impression de louper quoi que ce soit. "J’espère que ça te va comme réponse parce je commence à me demander ce que tu pourrais me prescrire."

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crédit/(josshelps) ✰ w/ @Abel Reyes

Le rire que Yasmine laissa filer quand Abel lui dépeignit l’environnement dans lequel il avait été élevé prit des allures de soulagement massif, qui disparut rapidement néanmoins quand il souligna qu’elle se débrouillerait bien elle aussi, quand elle aurait des enfants. Elle ne voulait pas casser l’ambiance, elle ne voulait pas non plus prendre les choses trop à cœur à ce moment-là, cependant ce genre de remarque la touchait en plein dans le ventre et élargissait un peu plus la blessure qu’elle avait taché de guérir au cours des derniers mois.
C’était comme si, chaque fois qu’elle réussissait à la garder solidement cicatrisée, retenant les tissus du bout de sa force d’âme, on s’évertuait à venir piqueter les bords flous de ce qu’elle avait eu du mal à colmater. Personne n’était sensé savoir, elle n’en tenait même pas rigueur au jeune homme qu’elle continua à regarder sans perdre de vue sa volonté à ne rien dire à ce sujet. Mais ce n’était pas toujours simple de garder le sourire quand on lui faisait ce genre de compliment déguisé. Parfois, elle songeait à l’éventualité de mettre les pieds dans le plat, de déclamer haut et fort j’ai perdu un bébé, et ce n’est pas vos flatteries qui vont y changer quoi que ce soit. Seulement, Yasmine restait Yasmine, même dans la douleur.

Elle ne tenait personne responsable. La seule sur qui elle faisait peser tout son désarroi, c’était sur elle-même. Elle prit une légère inspiration, relevant doucement la tête pour esquisser un semblant de bonne contenance et l’inclina sur la côté quand Abel reprit la parole pour se lancer dans un discours qu’elle connaissait que trop bien "Je croyais que ton boulot, c’était de faire parler les personnages de dessins-animés." Et elle se croyait maligne, Yasmine, à user de son humour pour détendre l’atmosphère et le pousser à admettre que, s’il était papa, il était aussi un homme avant tout. Un homme qui avait besoin de sortir de sa bulle pour conserver une santé mentale digne de ce nom. D’une certaine façon, elle ne pouvait pas comprendre, n’étant pas maman elle-même — et là encore, ça lui ficha un coup d’y penser. Mais de l’autre, elle savait très bien ce que ça engageait de s’inquiéter pour les autres et de toujours les faire passer en premier. N’était-elle, elle aussi, pas faite de ce matériau-là ? A toujours préférer se soucier du bien-être d’autrui au lieu de s’arrêter sur ses propres difficultés, les étouffant sans vergogne en omettant l’éventualité qu’elles puissent remonter à la surface au moment le moins opportun ? Peut-être était parce qu’elle savait ce que c’était d’être altruiste qu’elle s’inquiétait du sort d’Abel finalement.
Le sourire qu’elle s’était composé un instant plus tôt ne quitta pas son visage. Elle se redressa sur sa chaise, croisant les jambes sous la petite table en essayant de maintenir une position confortable, ainsi soumise aux petites modèles de mobilier disponible dans la salle d’activité du service. Ce n’était pas évident, mais elle garda une certaine élégance quand elle lui dit, le haut de son nez légèrement froncé "Et bien, je suis là pour changer la donne et pour te demander comment toi tu vas. Un peu de changement, ça fait pas de mal." Entendant sa réponse et la suite qui la fit rire, Yasmine ajouta dans un mouvement de tête "Je vois que tu tiens de ta mère." Ils plaisantaient, mais elle comprenait ce qu’il voulait dire. C’était les désavantages de la solitude, le cerveau avait cette capacité agaçante de combler les moments de latence en imposant sa vision faussée des choses.
Elle doutait que dans l’entourage d’Abel, qui que ce soit n’avait envie qu’il échoue cependant "Et j’imagine que si ça te convient, c’est ce qui compte." statua-t-elle, souhaitant le rassurer en poursuivant doucement, glissant un regard sur la carte qu’elle reprit entre ses longs doigts "Mon invitation, elle est valable pour Théa, mais elle est aussi valable pour toi. Si tu veux continuer à avoir des interactions avec des gens de ton âge, je pourrais te présenter mes amis." Plus on est de fous, plus on rit, ce n’était pas ça qu’on disait ? Et puis de loin, elle pouvait déjà voir Molly s’accaparer le nouvel arrivant, à creuser sans en donner l’air pour en faire son nouveau chouchou qu’elle manierait à sa guise. Elle n’avait aucun doute sur l’idée qu’il s’insérerait assez bien dans le cadre ; elle ne le jugerait pas de ne pas vouloir s’y plier cela dit, et elle tint à ce qu’il le sache "Ça n’a pas de date butoir, et la porte te sera toujours ouverte de toute façon." Dans ces paroles, elle reconnaissait sa propre mère, et ça la fit sourire sous cape quand cette réalisation la frappa tandis qu’elle reprenait ses ciseaux pour terminer de découper sa carte.

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crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Yasmine Khadji

En réalité, et ce que tu as envie de répondre à la brune, c'est que depuis que Althea est venue au monde, tu as un peu tous les rôles et tous les métiers. Cela ne date pas d'hier ou même de la disparition d'Ana non, être parent c'est devoir jongler avec plusieurs notions et plusieurs rôles en permanence sans jamais sourciller et sans hésitation. Tu es papa à temps plein, ce qui comprend d'être un enseignant qui doit être particulièrement patient, un clown un peu quand il faut distraire et amuser, un médecin parfois pour les petits bobos et les accidents du quotidien, un chef parce qu'il serait vraiment hors de question que ta petite princesse manque de quoi que ce soit... Tout une panoplie de tabliers, aussi métaphorique que réels, à enfiler, sans véritablement faire de pause parce qu'il s'agit d'une autre personne qui dépend de toi, et tu ne peux pas juste te plaindre quand ça devient un peu compliqué. Tu en as déjà vu des parents agir de la sorte, malheureusement, ce n'est pas une attitude que tu approuves et oui, il s'agit sûrement du métier le plus ingrat du monde... mais comment être fâché ou triste quand tu vois l'aisance avec laquelle Althea se déplace parmi les bénévoles. Tu l'entends même encourager de parfaits inconnus avant de demander, poliment, si elle peut emprunter tel ou tel feutre. Cela vaut bien tous les sacrifices à tes yeux.
"Un peu de changement, ça fait pas de mal... je connais beaucoup de gens qui ne serait pas d'accord avec toi, des tas." Que tu réponds alors à Yasmine, te tournant de nouveaux vers elle, parce que tu sais ce qu'elle essaye de faire et que c'est apprécié vraiment. Elle ne te demande pas comment tu vas pour se faire bien voir et gagner quelques points de plus. "Les pommettes creuses ça vient de mon père." Que tu précises en te tenant un peu plus droit sur ta chaise. "Et merci..." Tu considères ce qu'elle vient de dire, elle t'invite chez elle sans aucune hésitation et cela ne fait que confirmer le ressenti que tu avais déjà envers la brune, elle est faite pour ce métier, faire comprendre aux gens qu'ils sont la priorité semble lui venir très naturellement. Oui, ça ne sonne pas faux comme invitation et tu serais bien bête de refuser tu le sais.
"Des fois j'ai l'impression que je suis tout seul en train de grimper la plus haute montagne du monde, et qu'on va me juger dès que je demande de l'aide alors..." Alors cela pèse sur tes épaules, l'absence d'Ana aussi, l'éducation et le bien-être d'Althea aussi, parce que tu sais que tu n'as qu'une seule opportunité de tout faire, alors autant bien le faire, n'est-ce pas ? Oui, c'est une pression immense que tu te mets, tu en as parfaitement conscience. "Je ne dis pas non pour les conversations entre adultes, du moment qu'on ne parle pas de spectacles d'écoles et de vacances scolaires, ce sera encore mieux." Tu avances cela, cependant, sans l'existence d'Althea, tu te sentirais bien perdu dans un monde de grands, tu as du retard sur certaines personnes que tu côtoies. Tu n'es même pas propriétaire, tu loues le même appartement du côté de Bayside depuis des années, tu refuses catégoriquement de passer ton permis (pourquoi le faire quand tu vis dans une grande ville et avec autant de transport en commun d'abord), quand les gens parlent vraiment de retraite ou de finance, tu es complètement perdu, tu sais être en bon terme avec ton banquier et avoir assez pour subvenir à tous les besoins de ta fille... le reste ? Aucune idée. Cependant, converser avec autre chose que des parents te ferait un bien fou dans tous les cas.
"Donc fais attention, tu risques de recevoir un appel, voire même plusieurs. Pour jouer les baby sitters ou même me faire redécouvrir Brisbane, je connais le zoo de la ville comme ma poche mais si tu me demandes comment s'appelle le dernier bar branché du moment... aucune idée." Tu avoues cela avec un léger rire, parce que tu as dû revoir tes priorités, et parce que Yasmine en fait la proposition. Tu te fais vieux mine de rien, et tu es persuadé que les gens autour de toi t'ajoutent plus d'années au compteur dès qu'il te voit arriver avec ta petite fille. Althea qui revient d'ailleurs vers vous, les mains pleines et un sourire aux lèvres.
"J'ai fait une carte juste avec des stickers et des paillettes, c'est réussi, non ?" Elle a un sourire pour toi, puis se dirige vers Yasmine, clairement fière de sa création, ce qui ne fait qu'agrandir ton sourire.