Rhett n’a aucune raison d’aimer février. C’est la Saint-Valentin, ça lui rappelle Jenna ainsi que toutes les blondes qu’il a pu croiser et dont il est aussitôt tombé amoureux, parce qu’il ne lui en faut souvent pas bien plus qu’un simple contact visuel pour que cela arrive. Il a encore moins de raisons d’aimer ce mois depuis qu’il est aussi synonyme de la mort de son frère, survenue deux ans plus tôt déjà. Il aurait eu quarante deux ans, il aurait eu le temps d’accomplir de grandes choses. Mais cela n’arrivera jamais, parce qu’il a été fauché bien plus violemment encore que Rhett dans son ascension: Jackson restera un souvenir, un prénom que les Hartfield craignent de prononcer tant il suffit à les animer d’une vive émotion. Personne n’en parle, mais tout le monde le sait. Cela ne le fera jamais revenir, parce que personne n’a le pouvoir de changer le passé, ce qui vaut pour un nombre incalculable de situations.

C’est sûrement ironique de retrouver Channing alors qu’il a vu Lexie il y a peu de temps, leur discussion ayant été une fois de plus bien plus rythmée par les reproches plutôt que tout le reste. Cette fois, au moins, l’australien n’a pas eu à rivaliser d’imagination pour lui expliquer une à nouveau qu’il ne peut décemment pas envisager le moindre rapprochement physique avec elle, tant parce que c’est un jeu auquel il ne veut pas jouer que parce qu’il la connaît et l’a vue grandir ; tout comme le fait qu’il connaisse ses deux frères et leur instinct protecteur. En retour, ils n’ont pas intérêt à s’approcher de trop près d’Ethel. Ce sont des non-dits évidents, et il respecte bien trop la famille Walker pour franchir cette barrière invisible. Sa vie sentimentale est déjà bien assez complexe pour qu’il ne pense sincèrement à volontairement y ajouter son grain de sel. Il se veut d’ailleurs profondément troublé depuis l’annonce de la grossesse de la brune, incapable de réellement poser le moindre mot sur ses sentiments, évoluant entre joie et surprise, doutes et incompréhension. Elle sera sûrement une bonne mère le moment venu, l’instinct prenant le dessus sur ce genre de choses, mais il espère qu’elle saura être raisonnable d’ici là: ce n’est pas parce qu’elle n’a pas touché à de la drogue depuis un certain temps qu’elle ne pourrait pas rechuter soudainement. Il en sait quelque chose, Rhett, même si sa drogue à lui a tout de parfaitement légale, et c’est justement le pire dans toute cette histoire.

Aujourd’hui, la proposition venait de Channing. Leur rencontres sont assez rares mais toujours bienvenues: Rhett ne compte pas les points de savoir qui propose le plus à qui d’aller voir un verre, ça importe bien peu. Les choses sont un peu plus complexes depuis le retour d’Elijah, sans doute, et le sportif ne veut pas mettre moindrement son nez là-dedans. S’il est naturellement du genre à foncer tête baissée, cette fois-ci il peut sentir l’odeur des emmerdes d’assez loin pour s’en protéger. Cette histoire ne le regarde en rien, il est déjà bien assez au milieu des problèmes, à fréquenter chaque membre de la fratrie indépendamment.

Le rendez-vous est donné non loin de son appartement, le présentateur ayant pris soin de proposer de se rejoindre en dehors de chez lui pour s’assurer de ne pas croiser Lexie: sait-on jamais. Bayside est un quartier agréable, il lui reconnaît quelques qualités bien qu’il préférera toujours l’opulence de Spring Hill. “Monsieur Walker.” Il le reconnaît de loin, ayant vu Channing grandir pour devenir l’homme qu’il est aujourd’hui: l’inverse est tout aussi vrai. Il est de ce genre de personne dont il pourrait reconnaître la cadence des pas sans même le voir. Sa main enserre la sienne, son avant bras se plaque contre son torse et inversement. Les salutations sont brèves, vues et revues. “Je ne te pensais pas assez sentimental pour me trouver une place dans ton emploi du temps.” Le sourire est maigre, Rhett avançant sur des œufs, sans savoir s’il se souvenait de la date de la mort de son aîné ou si tout n’était qu’une vulgaire coïncidence qui se finirait en proposition pour simplement aller boire un verre - ce qui ne dérangerait pas l’australien le moins du monde. “C’est quand que tu te décideras à prendre une ride, d’ailleurs ?” Il enchaîne déjà, pourtant, anticipant une discussion un peu trop sentimentale pour qu’il veuille emprunter un tel chemin.

@channing walker

Les vagues s’agitent et s’échouent sur la plage, la brise est forte et ramène l’odeur marine jusqu’aux deux hommes. Derrière ses lunettes, teintées, l’australien fermer les yeux un instant pour profiter du moment, un fin sourire aux lèvres. Sans doute que l’Australie lui avait manqué, oui. « Monsieur Hartfield. » Channing aussi lui avait manqué, quand bien même il a toujours été l’ami d’Elijah avant d’être le sien. Tout ceci remonte à plus de vingt ans, sans doute que le temps a bien assez fait son œuvre et changé la situation pour considérer leur relation d’une façon différente aujourd’hui. A en juger par la rapide étreinte qu’il lui partage, leur amitié ne repose plus sur leur lien respectif avec Elijah depuis bien longtemps. Le sourire de Channing, éternel premier de la classe et charmeur invétéré, réchauffe un instant le cœur du sportif. « Tu me sous-estimes. » Au clin d’oeil de l’héritier, il répond par un sourire à peine plus appuyé. Nul doute que s’il était moindrement attiré par la gente masculine, il aurait fait partie de la longue liste de ceux tombés sous son charme, même alors que l’homme face à lui ne fait que lui rappeler que leur amitié est importante à ses yeux, assez pour dérober un temps aux obligations liées à son travail. Rhett est bien placé pour savoir à quel point un travail peut être prenant, quitte à bien trop souvent empiéter de trop sur la vie privée et personnelle des gens. Qu’importe. Channing n’est plus un enfant depuis longtemps, il sait bien mieux gérer son quotidien que Rhett ne pourrait le faire à sa place et, surtout, il n’a pas besoin de ses conseils. « Disons simplement que j'ai le sens des priorités. » - “J’aime bien ‘priorité’ comme périphrase pour me désigner, ça sonne plutôt bien.” Il répond par de l’ironie, comme à son habitude, ne voulant pas avoir avec lui une telle discussion au premier degré. Cela signifierait déterrer bien trop de problèmes qui n’ont même pas encore eu le temps de se décomposer, alors sans façon.

D’un ton amusé, l’australien lui reproche de ne pas vieillir, simple moyen pour lui de lui demander de façon plus que chambranlante comment il se porte, depuis tout ce temps. « Chaque chose en son temps Rhett, laisse moi encore quelques belles années. » Alors priorité roule des yeux, faussement agacé mais réellement amusé par le contexte de leur discussion. Walker est jeune et voué à un avenir resplendissant, et quand bien même il en viendra sans doute à avoir des rides un jour, cela ne l’empêchera en rien de devenir un homme connu, reconnu et surtout respecté. Rhett a toujours pensé cela, à l’époque il avait cependant bien plus d’amertume au fond de la gorge pour une telle situation. Aujourd’hui, il jure qu’il est sincèrement heureux pour son ami et pour tout ce que l’avenir peut lui réserver. Après tout, rares sont les personnes (dans son milieu, du moins) qui gagnent en responsabilités et pouvoirs en vieillissant. « Pour le moment, j'ai encore des réflexes. Des réflexes et des bières dans le coffre, si ça sonne bien pour toi. » Rhett le dévisage un temps, sa tête se tournant légèrement sous le poids des questions qui l’envahissent soudainement. Si son sourire ne meurt pas pour autant, son air interloqué se veut évident. Channing sait à quel point il abhorre les voitures autant qu’il en connaît les raisons ; des virées sur la côte ne font généralement pas partie de l’organisation de leurs retrouvailles. Son attention se focalise sur le bruit des clés s’entrechoquant entre elles bien plus que sur celui des vagues, désormais, et il déglutit difficilement. “Qu’est-ce que tu as derrière la tête ?” Il interroge alors, éternellement franc et peu doué pour mettre les formes. Ses mots ne l’accusent pas, loin de là. La forme la plus pure de questionnement s’entend dans l’intonation qu’il met à sa question, soudainement incapable de penser que Channing souhaite simplement rattraper le temps perdu et se la jouer vieux amis.

Pourtant, il lui fait confiance. Peu importe ce qu’il a à lui répondre, Rhett ne remettra pas ses idées en question. Simplement, il se dit que s’il doit rester dans une voiture pour un temps indéterminé, une bière ne serait pas de trop pour commencer, raison pour laquelle c’est vers la coffre plutôt que le siège passager qu’il se dirige en premier lieu. “Je t’en proposerai une après.” Oh, il serait toujours capable de conduire même avec une bière dans le sang, mais Rhett est du genre hypocondriaque de la conduite - terme qui n’existe pas, mais qui devrait être plus sérieusement réfléchi par la communauté lettrée de la sphère anglophone. Après avoir pendant une seconde pensée à décapsuler la canette contre la taule de la voiture, il se remet pourtant rapidement les idées en place en pensant à l’attachement de son ami pour cette dernière, autant que son prix. Un décapsuleur fera tout aussi bien l’affaire, même si c’est moins amusant. “Tu sais que je suis pas une adolescente et qu’il en faudra plus qu’un coucher de soleil et une jolie voiture pour m’impressionner, pas vrai ?” Il annonce donc dans un sourire sincère, levant sa bière en sa direction avant de la porte contre ses lèvres et prendre place sur le siège passager, ne tardant pas une seule seconde avant d’attacher sa ceinture et déjà de refermer ses doigts autour de la poignée de porte qu’il refusera de lâcher.

L'air iodé pénétrait ses narines donnant un effet relaxant presque immédiat sur Bailey. Adorant l'atmosphère particulière d'un bord de plage, elle essayait de s'y rendre régulièrement une petite heure peut-être deux pour savourer ce genre sensation. Le sable chaud épousait la forme de ses pieds, sa petite robe de plage lui chatouillait les mollets et le vent marin lui caressait les parcelles de peau dénudés. Un sourire radieux illumina son visage tout en guettant, derrière ses lunettes de soleil une place idéale pour y poser son parasol et sa serviette. Lorsque l'emplacement idéal arriva enfin à la comblée, elle posa son petit sac de plage où une partie de ses notes était un peu sortit et commença à s'occuper de son parasol. Il n'était pas très pratique au début mais une fois bien plantée dans le sable, il faisait très bien son job. Une fois bien installée, elle planqua son sac sous sa serviette déroulée, s'était crémée la peau d'une crème solaire et s'élança joyeusement vers la houle que produisait la mer. Elle s'y avança jusqu'au niveau des genoux, se mouilla les bras et la nuque puis regarda l'horizon. Bailey se sentait incroyablement chanceuse et c'était un sentiment qu'elle ressentait du moment où elle entendait le bruit de la mer, les cris des enfants et des mouettes, ainsi qu'une belle vue sur les nombreux surfers s'entraînant un peu plus loin au large. Elle s'était toujours demandé ce que ça pouvait bien faire de surfer sur la vague et éventuellement boire la tasse dans une belle chute spectaculaire. Un regard vers ses affaires, elle plongea se sentant comme un poisson dans l'eau et fit quelques longueurs pour se défouler puis retourna sur la plage. Elle s'attacha les cheveux avec une pince qu'elle avait tiré de son sac, se sécha les mains et profitant du soleil, sortit quelques notes pour les revoir.

Lorsque son cou la tira un peu trop et que sa peau commençait à lui chauffer un peu trop, elle consulta l'heure sur son téléphone et décida de quitter les lieux. Elle rangea tout dans son sac, détacha ses cheveux et remit sa robe de plage. Bailey était extrêmement pudique à ce niveau-là, même sur une plage. Aussi, sac et parasol sur les bras, elle reprit le cheminement inverse en regardant en arrière, sans réellement prêter attention à ce qui se passait autour d'elle quand tout d'un coup : BIM ! Au moment même où elle se retourna, son corps se cogna contre... Un homme. « Outch ! » Désarçonnée mais pas au point de tomber à la renverse, elle regarda autour d'elle et scruta l'homme contre qui elle s'était cognée. (@Channing Walker) puis l'autre, (@Rhett Hartfield) « Je m'excuse, sincèrement, je ne regardais pas où j'allais et... » Après s'être lamentablement confondue en excuse devant les deux bonshommes, elle prit la poudre d'escampette avant de marquer les esprits. « Je m'excuse, vraiment. » Un dernier regard vers Rhett puis sur l'inconnu et se dépêcha de rejoindre le parking de sa voiture et de s'y asseoir. Elle poussa un cri lorsque le siège lui brûla légèrement les cuisses et après avoir refait la scène dans sa tête, elle se tapa le front en se disant à haute voix : « Bailey, t'en rate pas une... » Elle mit le contact et quitta son emplacement pour retourner chez elle.

« Je sais que c'est difficile à croire comme ça, mais ça devrait te plaire. » Difficile à croire est le moindre terme qui puisse être utilisé, Channing étant bien placé pour savoir à quel point son ami de toujours abhorre les véhicules motorisés, et en particulier les voitures. Nul besoin de lui préciser l’historique qu’il a avec, Channing était là pour suivre toute son histoire, de près ou de loin. Les deux hommes se sont volontiers passés de l’épisode des confessions, mais cela ne les empêche pas d’être au fait des choses. « J'ai bien fais d'en boire deux trois avant de venir alors. » Rhett lui lance un faux regard noir, le connaissant assez pour savoir qu’il n’a pas réellement bu toutes ces bières avant de penser à conduire un véhicule si puissant. « Je plaisante. C'est une blague, j'ai que du café dans les veines. » - “Ça c’est une bonne chose à laquelle tourner.” Du café, il n’y en a jamaus trop. De l’alcool, il devrait sûrement dire qu’il y en a toujours trop mais la réalité est qu’il s’en moque très largement. S’il n’était pas sous médicaments, il serait bien moins tatillon sur le sujet, conscient que l’alcool peut altérer ses capacités autant qu’il veut: il ne rejouera plus jamais à un niveau aussi élevé de toute sa vie.

Assis le moins d'assurance possible à bord du la cage mortelle, plus communément appelée voiture, l’australien se rassure bien malgré lui avec ses blagues de bas étage le comparant à une jeune femme que l’héritier voudrait impressionner. Oh, avec un peu d’imagination, ce ne serait pas si éloigné de la réalité que ça en a l’air, n’est-ce pas ? « Fais pas ton difficile. » Mais puisque le brun sourit, Rhett tente d’en faire de même. Susciter l’empathie n’est pas son objectif, loin de là, et il aurait plutôt une liste longue comme le bras de choses pour lesquelles il voudrait être reconnu à la place: sa peur de la vitesse et des véhicules en tout genre n’en fait certainement pas partie. Alors, à défaut d’être capable de garder son regard posé sur le bitume semblant défiler à toute vitesse, c’est plutôt vers l’horizon éternellement stable qu’il le pose, ce dernier se voulant être au moins un élément sur lequel il peut éternellement compter, en toutes circonstances. La vue de Brisbane n’a absolument rien à envier à tout ce qu’il pouvait observer de Londres, qui plus est, même dans son appartement niché au sommet d’un des plus gros immeubles de la capitale du bout du monde. « Si avec ça t'es pas amoureuse. » - “Fais gaffe, je risque d’imposer une discussion autour des enfants très bientôt.” Bien sûr que le paysage le comble. Il est borné, mais pas de mauvaise foie (ou pas en cet instant, disons surtout). Son sourire s’étire doucement, un peu plus assuré maintenant. La conduite de Channing est fluide, la vitesse ne se ressent même pas. Il a l’habitude de ce genre de chose, c’est évident, et Rhett le savait bien avant d’en avoir une millième confirmation.

« Je te demande simplement de me faire confiance pour la suite. La seule promesse que je peux te faire, c'est qu'il ne t'arrivera rien au cas où tu venais à en douter. »

“Fais moi confiance, Garrett !” Et il fait confiance, Garrett, bien sûr qu’il fait confiance. Du haut de ses cinq ans, il n’existe pas meilleur Dieu vivant que son propre père, cet homme qui possède toutes les qualités du monde à la fois, sans la moindre exception. Alors il a cinq ans, Garrett, quand son paternel décide qu’il est grand temps pour lui d’apprendre à faire du vélo sans les roulettes: lui, il a su le faire dès quatre ans, et son fils n’est en rien diminué alors il devrait en être capable à son tour. Et puisque le gamin n’a peur de rien, c’est tête baissée qu’il fonce pour suivre cette grandiose idée. Il est heureux, lui, de passer un après-midi avec papa alors que Jackson est un grand, occupé à aller à l’école à raison de bien plus d’heures par semaine que lui. Pour le moment, ce n’est pas un problème pour Garrett, qui préfère largement manquer autant de cours que possible, de toute façon. L’école, c’est pas pour lui. Faire du vélo, surtout avec papa, c’est quand même beaucoup plus amusant. Alors, lorsque ce dernier le poste au sommet de la colline de leur résidence en lui demandant d’attendre que son père son positionne en bas pour le récupérer, il ne se dit pas une seule seconde que ce plan a quoi que ce soit de bancal. Bien au contraire, c’est l’ego gonflé et le sourire immense qu’il trépigne déjà d’impatience à l’idée de poser ses pieds sur les pédales et accélérer de toutes ses forces pour sentir le vent rafraîchir ses joues. Et c’est justement ce qu’il se passe, parce que le plan est parfait. C’est justement ce qu’il se passe, jusqu’à ce qu’une voiture se présent soudainement à l’intersection (et quelle idée, aussi, que de lancer l’expérience à une intersection) poussant le petit australien à tourner brusquement pour l’éviter, et à son père de s’écarter à son tour. Ce dernier s’en sort avec une simple frayeur alors que le premier, lui, doit la coupler à un bras forcé de rester dans son plâtre pendant deux mois. Il a évité la voiture, mais pas la chute qui s’en est suivie, violente et douloureuse. Mais c’est pas grave, après tout, parce qu’il a fait confiance à papa et qu’il a sûrement gagné de l’importance à ses yeux en agissant comme un grand garçon, en pleurant à peine alors qu’il se relève en tenant son bras avec sa main. Il sourit, même, Rhett, voulant lui demander s’il s’en est bien sorti pour une première fois, et si Jackson lui-même avait réussi à faire aussi bien. Avec un peu d’expérience, il aura sûrement autant d’intérêt à ses yeux que son grand-frère en a toujours eu. Pour l’heure encore, il doit ménager son bras, mais très bientôt il recommencera et il sera meilleur.

« On arrive bientôt. »
“Loin de moi l’idée d’être un sénile qui se répète, mais je sais toujours pas où on va.” Il lui fait confiance, oui, mais cela ne l’empêche pas d’être curieux et sans doute un minimum inquiet, aussi, de laisser son Destin entre les mains d’un homme qui n’est pas lui-même, surtout alors que Channing insiste sur l’aspect imprévisible de sa surprise. “Je suis à ça de débuter un jeu de devinettes, Channing.” Et Dieu sait qu’il aime ce genre d’enfantillages, Rhett, mais la curiosité prend éternellement le dessus sur tout le reste, surtout en cet instant alors que son besoin de contrôle sur les choses s’y mêle férocement.

Bon public, il répond par des sourires entraînés aux blagues de Channing, n’ayant pourtant aucun mal à se rendre compte qu’il ne fait qu’esquiver encore et encore les véritables questions qu’il lui pose. Heureusement que c’est lui, que c’est Channing, qu’il la connaît depuis toujours: jamais Rhett ne se serait laissé embarquer dans une voiture à la destination inconnue, sinon. Son besoin de sensations fortes ne se traduit pas de cette façon. « Nous sommes arrivés. » Et dans un film d’horreur, c’est le moment où le conducteur révèle ses véritables intentions et un couteau avec. Rhett l’observe du coin de l'œil, ne sachant pas sur quel pied danser (aucun sans doute, vue sa santé) alors que le ronron de moteurs se fait entendre autour d’eux sans qu’il ne puisse dessiner précisément la raison d’un tel rassemblement. Sans plus attendre, il en profite pourtant pour sortir de la voiture, autant pour goûter à l’air frais de la nuit que pour tenter de répondre par lui-même aux nombreuses interrogations courant son esprit.

Les mains qu’il cache dans ses poches sont une arme secrète qu’il ne souhaite pas dévoiler, ou tout du moins c’est l’impression qu’il en garde. Comme si cacher ses dix doigts allait pouvoir le préserver de quoi que ce soit, Rhett ne saurait dire si le rythme accéléré de ses battements cardiaques est dû à l’excitation ou l’appréhension. Ses pas sont à la même hauteur que ceux de son ami, lequel le guide pourtant jusqu’à la source du bruit et, sans doute aucun, leur permet de continuer à avancer alors qu’il se contente d’un signe de la main et un sourire de type Walker - vous savez quel genre de sourire c’est. L’australien reste impassible, ses grands yeux occupés à observer tous les environs et à retenir tous les détails, cherchant à comprendre quel genre de rassemblement il s’agit. Il l’a compris dès qu’il a vu les voitures alignées sous ses yeux, mais il ne veut toujours pas le croire. Il se dit qu’il a vu trop de films et, surtout, qu’il a existé bien trop de Fast and Furious pour qu’il ne se fasse pas d’idées incongrues: il se trompe, il se trompe sans aucun doute même. « Des rassemblements qui aboutissent à des courses un peu plus tard dans la nuit. » Et finalement, ce sont eux qui ont regardé ces foutus films avec trop d’attention, jusqu’à penser que ce serait une bonne idée que d’en faire une réalité. Rhett fronce les sourcils avec les maigres explications qui viennent enfin à lui, ne cherchant pas à cacher ce qu’il en pense. “T’es sérieux ?” - « Je suis connu sous le pseudonyme de Ace dans le milieu. » - “T’es sérieux ?” Il répète, plus fort, davantage déçu aussi - sûrement qu’il est choqué de la chose. Il a l’impression d’apprendre que son ami de toujours est aussi celui qui lui ment depuis la première heure, comme s’il avait finalement joué un rôle durant toutes ces années. Toutes ces décennies. Le petit frère à l’image parfaite semble loin du compte, finalement, et quand bien même Rhett aurait pu (dû) s’en douter, il ne peut que tomber des nues.

Les deux hommes se toisent lorsque le plus jeune lui dédie enfin son attention la plus entière et, avec, il l’espère, les explications nécessaires. « Je vais t'épargner les confidences à cœur ouvert et les larmes qui les accompagnent, mais tu n'es pas sans savoir que Richard est mort d'un cancer quand j'étais plus jeune. » S’il le sait, oui, bien sûr, il n’arrive pourtant pas à comprendre le rapport que pourrait se créer entre la mort de son père et son foutu pseudonyme dans un monde sûrement illégal. Si quelqu’un les reconnaît, ils sont fichus. L’un comme l’autre. « J'ai perdu pied, moi aussi. » L’ancien sportif serre les dents, trop habitué à entendre des confessions semblables alors qu’il n’avait rien vu, comme d’habitude. Pourquoi faut-il que tous ses proches touchent le fond sans qu’il ne s’en rende jamais compte, ni même ne s’en doute, éternellement obnubilé par ses propres problèmes ? Sa bouche goûte le fer, il relâche la pression instinctivement. « C'est ici que j'ai trouvé refuge pour aller mieux. Alors, même si je sais que tu ne portes pas les voitures dans ton cœur, j'ai pensé que tu pourrais peut-être ressentir un semblant de ce que je ressens à venir ici. » Channing est empathique, il sourit et fait de son mieux pour que son ami se sente à sa place, mais ce dernier ne sait qu’échapper un rire faux, fatigué, et sans nul doute terrorisé aussi. Il ne sait pas ce que ça fait que de se faire rouler dessus par une tonne de ferraille, et Rhett ne peut qu’espérer pour lui qu’il ne connaisse jamais une telle sensation, même s’il joue avec le feu. « Pas en prenant le volant, pas forcément. Mais c'est l'endroit idéal pour décompresser et relâcher la pression, loin de tout ce dans quoi on baigne dans notre quotidien. » Les gens normaux vont se faire faire un massage quand ils veulent relâcher la pression, pour ce que ça vaut. « On peut partir si ça te donne déjà envie de vomir, tu n'as qu'à le dire et on fera demi-tour. Il n'est pas trop tard, pas du tout. » Il fait dos au spectacle de testostérone, bien plus pour cacher son visage et pouvoir dire qu’il n’a jamais rien fait d’illégal plutôt que parce que la scène le rend nerveux. “Depuis quand tu joues à ça ?” Il est son ami, mais il est surtout le garçon de quatre ans son aîné qui a grandi avec lui, alors personne ne pourrait lui retirer une certaine fibre fraternelle. “Ace, sérieusement ?” Il répète une fois de plus, son visage défiguré par le souci et la consternation. “Est-ce qu’ils savent qui t’es ?” Des questions, il en a des milliers, et il compte bien toutes les poser à Channing, Ace, peu importe le prénom ou le pseudonyme qu’il veut adopter. “Tu crois que tu peux combattre le feu par le feu, Chan ?” Son prénom est prononcé plus bas, ne sachant encore s’il doit effectivement le cacher dans ces lieux et ne voulant pas commettre d’impair. “C’est pas que je porte pas les voitures dans mon coeur, c’est qu’on m’a répété pendant des années que j’avais eu de la chance de m’en sortir alors que j’aurais préféré y passer une bonne fois pour toutes.” Ils n’ont jamais abordé le sujet, s’étant éternellement contentés de sourires de surface et de “ça va” sans saveur, alors les révélations de Rhett se font avec une pointe d’amertume, ses yeux n’ayant aucun mal à soutenir ceux de Channing, étrangement semblables pour qu’on ne les confonde pas avec des frères certaines fois. “Qui sait ?” Sûrement pas Elijah, pour ce que ça vaut.

Surprise, consternation et un certain ego brisé se mêlent dans l’esprit de l’australien qui ne sait finalement pas comment réagir, trop habitué à suivre la stratégie du moment sur les terrains et à prendre des initiatives au dernier moment. Cela n’a rien à voir avec la situation qu’il vit avec Channing en cet instant, pas alors qu’il ne sait pas s’il devrait le réconforter et agir en grand frère, ou le gronder comme s’il n’était justement encore qu’un gamin encore incapable de faire la différence entre le bien et le mal. Il n’a jamais été son grand frère, et il a encore moins été une figure d’autorité pour lui, sans doute justement trop occupé à faire les quatre cent coups en sa compagnie plutôt que quoi que ce soit d’autre. Alors, à défaut de savoir comment réagir, il pose des questions pour définir et peaufiner sa stratégie - ainsi que gagner du temps. « Seize ans. » Et autant d’années qu’il lui ment par omission, qu’il joue avec sa vie dans des boitures au moteur trafiqué et à la carrosserie brillante. Il a tout à y perdre, rien à y gagner, et ce n’est pas en mettant sa propre vie en jeu qu’il ramènera son père d’entre les morts. Rhett le laisse s’approcher sans esquisser des pas en arrière à son tour ; ce n’est pas une question de l’avoir ou non près de lui, sa présence n’a jamais été et ne sera jamais un problème. « J'ai commencé quand son cancer l'a emporté. Des bruits de couloir, à la fac. » Et il était là le jour de l’enterrement, Rhett, bien incapable de trouver quoi dire au gamin éploré qu’il était, à juste titre. Il était là, il n’a eu de cesse de l’observer lui et le reste de la famille, mais il n’a rien vu. Comme pour Ethel, comme pour tous ceux qu’il aime. Il observe sans jamais rien voir, au point où sa gorge se serre à l’aube de ses quarante ans, maigre peine. Ce n’est finalement que lorsque Channing baisse les yeux qu’il trouve le courage de poser les siens sur sa silhouette massive: il n’est définitivement plus un gamin depuis longtemps. “Pourquoi t’as jamais arrêté, depuis ?” Il comprend malgré lui pourquoi il a un jour cru que tout ceci était une bonne idée, mais puisque presque deux décennies se sont depuis écoulées, il ne peut pas croire que Channing n’ait jamais cru un seul instant bon de se retirer, si ce n’est pour lui alors au moins pour ses proches et ceux qu’il aime. Parce qu’il ne peut pas à son tour quitter ce monde et créer un cercle vicieux des idées à la con. Même Rhett trouve ça égoïste.

Bien plus vite qu’il ne l’aurait cru, c’est pourtant le souci qui prend le dessus sur le reste, les questions du présentateur se concentrant sur la sécurité et, surtout, l’image de Channing. On ne se refait pas. Ainsi, sans détour, il l’interroge sur la question de son identité dans cette enceinte, de la nécessité de l’appeler Ace et, surtout, de savoir combien d’entre eux savent que demander une rançon d’un petit million de dollars ne serait pas cher payé pour la tête de l’héritier-nouveau-maître-de-famille Walker. « Non, bien sûr que non. » Le clair de ses yeux l’interroge quelques secondes de plus encore mais puisqu’il ne rencontre que le mutisme de son ami, il se contente de cette réponse: non, bien sûr que non. C’est au moins ça, sans doute. Personne ne saurait quel nom donner si une de ces courses l’envoie à l’hôpital (ou directement à la morgue) mais c’est au moins ça - il se rassure comme il peut, ayant sans doute projeté un peu trop vite et un peu trop fort ses propres insécurités sur Channing.

« Je préfère combattre le feu par le feu que d'avoir peur de me brûler, Rhett. »
“C’est ce que tu penses de moi ? Que j’ai peur ?”

Le lueur de défi n’est pas discutable au creux de ses yeux, lui qui se retient de comparer leurs deux vies et de jouer à qui est le plus à plaindre que l’autre, à qui la vie a toujours été destinée à un bureau, à qui est né avec une cuillère en l’argent dans la bouche, à qui a perdu un père (comme le veut le cycle de la vie) et non faillit perdre sa propre vie. Ce serait bas, ce serait lâche, ce serait se cacher une fois de plus derrière l’excuse de son accident, lequel remonte toujours un peu plus encore dans le temps. Pourtant, il en serait capable, et son regard l’annonce déjà. Après tout, Channing est le seul à avoir débuté cette guerre en l’amenant ici tout en connaissant parfaitement son histoire.

Finalement, l’ego. Le classement, la hiérarchie. A quelle place se trouve-t-il, lui, dans toute cette histoire ? Et surtout, à qui devra-t-il mentir les yeux dans les yeux dès qu’il aura la moindre discussion marquée de près ou de loin par le prénom du Walker ? « Lexie a appris il y a peu. Pour le reste, cela se compte sur les doigts d'une main. » Lexie, bien sûr. Il aurait dû se douter qu’il entendrait son nom à défaut que celui d’Elijah se fasse entendre, ce qui l’aurait pourtant bien arrangé. Face à lui, il ne sait pas s’il sera capable d’un quelconque mensonge, encore moins au sujet de son propre petit frère. Combiens de doigts sont comptés sur cette main ? Qui sont ces autres ? « Deux de mes anciennes relations si tu veux tout savoir, et notamment des personnes que j'ai connu en dehors du milieu et dont j'ai appris l'implication plus tard. » Rhett esquisse un rire faux au possible, comprenant qu’il se retrouve placé après ses coups d’un soir (ou de dix, de cent, peu importe ; aucune n’était la bonne). « et maintenant toi. » Son sourire ne trouve pas écho chez l’ancien sportif, se retenant difficilement de la moindre remarque ô combien ironique. « Je voulais que tu saches, même si je rectifie le tir tard. » - “Pourquoi est-ce que tu me le dis ? T’étais plus à ça près, après seize ans.” Il ne fait qu’avancer les faits, qu’il dira, si jamais on lui dit ‘ne te vexe pas’. Bien sûr qu’il est déjà vexé. « Je ne te demande pas de participer ou de comprendre vraiment... mais tu sais. » Encore heureux, sans doute, parce qu’il est bien sûr évident aux yeux de Rhett qu’il ne s’approchera même pas davantage de la piste, et qu’il rentrera encore moins dans une de ces voitures de malheur. “Je dirai rien, tu le sais, mais sache que je cautionne pas pour autant.” Il est son ami avant toutes choses, et les amis ne se trahissent pas. Mais ils peuvent encore avoir de la rancoeur les uns envers les autres. “Comment elle l'a pris ? Lexie ?" Parce qu'il n'y a pas que sur Channing qu'il cherche à veiller, Rhett. "On est de retour dans la phase où je suis un connard." qu'il précise après une seule seconde de silence pour expliquer qu'il n'obtiendra aucune explication de la part de sa soeur et qu'elle est encore trop occupée à le détester pour un temps indéterminé, ce qui revient de façon cyclique depuis trois décennies. Il s'y est fait. "T'es vraiment con, sans déconner." sont finalement les mots dont il accouche enfin, rompant sa stature immobile depuis trop longtemps alors qu'il passe ses mains contre son visage et expulse ces quelques mots dans un souffle, bien plus pour lui-même qu'à l'attention de Channing.

« Je n'en ai pas envie. »
“T’es qu’un con, Walker.”

Voilà tout ce qu’il peut en dire, Rhett, face au caractère de son ami de toujours. Têtu au point de vouloir continuer à risquer sa vie, faire d’un besoin (stupide) un hobby bien plus stupide encore. Il n’y avait décidément que Channing pour faire une telle bêtise. Rhett ne soutient son regard que par agacement, ayant depuis longtemps abandonné l’idée d’une quelconque compétition entre ces murs. Il ne rentrera pas dans son jeu, pas ici ; ou tout du moins pas sur ce sujet bien précis, puisque dès qu’il pense déceler un reproche de la part de Channing qui pourrait penser que son ami est guidé par une peur quelconque, ce dernier ne sait faire autre chose que répliquer. « À juste titre, et j'aimerais avoir peur moi aussi. Sincèrement. » Le brun encaisse bien malgré lui, n’ayant jamais anticipé une remarque pourtant aussi simple et dénuée de tout sous entendu. A ses yeux, il n’existe que très peu de choses aussi basses que de lui reprocher d’avoir peur. Quand bien même il serait évident et censé qu’il ait effectivement un regard bien différent sur les engins à moteur, il ne peut accepter qu’autrui le lui dise à voix haute, et sans détour. Il n’a pas peur. Officiellement, il n’a pas peur. Il ne peut pas. “La peur t’amènerait nulle part.” Et il ne parle pas en connaissances de cause, d’accord ? Tout ce qu’il dit, c’est que la peur appelle l’instinct, et qu’il n’est parfois pas accompagné de raison. Il en est bien souvent dénué, en réalité. « C'est courageux d'avoir peur. » Ils n’iront nulle part avec des avis aussi différents sur le sujet. L’un n’a pas la même histoire que l’autre, ils ne peuvent pas se comprendre.

Finalement, Rhett ne sait même pas pourquoi il s’entête à lui poser des questions tant il sait que la moindre réponse qu’il pourrait lui être apportée ne lui plaira pas. Il aurait aimé être présent pour lui bien plus tôt, tout comme il aime croire que si tel avait été le cas, alors il aurait pu sortir son ami de ce cercle vicieux. « J'étais plus à ça près non, tout comme j'ai pas plus de raison de vouloir arrêter maintenant que j'en avais il y a plusieurs années. Sérieux, j'ai pas toutes les réponses à tes questions Rhett. » - “Oh pardon, excuse moi, je croyais qu’entre copines on se disait tout.” Ce soir plus que jamais, et malgré toute l’ironie infusée dans ces mots, il comprend que ce n’est absolument pas le cas. Par mimétisme, il croise à son tour les bras tout en observant Channing en faire de même et se reposer contre le capot de la voiture. Foutues bagnoles, foutu Channing. Et foutu Rhett, surtout, de ne jamais avoir été capable de comprendre lorsque ses amis vont mal. Et s’il demande comment Lexie a pris la chose, c’est sans doute pour essayer de trouver un moyen de se rassurer en se disant qu’ils ont tous été pris au dépourvu, à leur manière. « Ni bien, ni mal. Elle s'inquiète davantage qu'elle ne m'en veut. En réalité, je ne pense pas qu'elle me reproche d'y participer. » Ils sont sur la même longueur d’onde jusqu’à un certain point seulement, alors, parce que de son côté l’australien en veut terriblement à son avis pour avoir choisi d’emprunter une telle voie. Il s’inquiète aussi, bien sûr, mais les reproches sont nombreux et grouillent au fond de son coeur. Si les rôles étaient différents, Ethel aurait sans doute réagit de la même façon. Un truc de petite soeur, sans doute.

« Tu veux faire un selfie souvenir ou je te ramène ? » Il ne répond toujours pas au sourire de Channing bien qu’il comprenne que ce dernier soit la preuve que son ami tente à son tour de faire un effort. “J’espère que le taxi me ramène jusque chez moi.” En somme, il ne se sentira mieux qu’au moment où ils auront quitté cet endroit de malheur et surtout, surtout, que Rhett aura fait tous les efforts du monde pour oublier cette soirée et tout ce qui s’y rapproche, raison pour laquelle il grimpe déjà de nouveau dans la voiture et claque la portière. Et s’il met un point d’honneur à ce que le trajet se déroule dans le silence le plus parfait qui soit, Rhett est aussi celui qui vient le briser après de très longues minutes, lorsque les rues rassurantes de Brisbane se dessinent à nouveau sous ses yeux. “J’ai juste besoin de temps pour encaisser.” qu’il avoue enfin, lui donnant par la même occasion le manuel d’instruction pour le comprendre et ainsi espérer ne pas envenimer une situation déjà bien compliquée. Depuis toutes ces années, sa relation avec Channing n’avait toujours été que simple, ponctuelle et chargée d’un humour commun ; une telle révélation n’avait jamais été anticipée, redoutée, ni même attendue.