| (alfly #9) oh baby, won't you remind me what i am? |
| | (#)Jeu 9 Déc 2021 - 13:19 | |
| Alfie se tient à carreaux depuis quelque temps. Toutes proportions gardées, bien sûr, mais tout de même. Il ne fait plus ressembler leur appartement à un bordel, ce que Lily ne peut qu’apprécier. Il sait à quel point cette idée peut le répugner et ce n’est pour lui qu’une raison supplémentaire de toujours plus inviter de conquêtes et de toujours plus les laisser rencontrer une Keegan passablement énervée dès le réveil. Au moins, il n’a pas à les mettre à la porte puisqu’elle s’en charge très bien toute seule. Parfois, elle se dit que lui aussi devrait prendre la porte et trouver un autre endroit où habiter. Le reste du temps, elle se souvient qu’elle a besoin de lui à ses côtés, autant parce que cela lui permet de garder un œil sur lui que parce qu’elle a besoin de lui, au sens premier du terme et sans aucune nuance. Il est ce qu’il est - ajoutez ici une longue liste d’adjectifs péjoratifs - mais elle n’imagine pas une vie sans lui, encore moins s’il se décide encore une fois de partir à l’autre bout du monde pour étudier Dieu sait quels individus encore. Ce n’est pas ce qui importe. Ils n’importent pas, eux, et ils méritent encore moins son attention alors que seule Lily était là, ce soir où il n’a même pas été capable de résister à l’envie de se piquer. C’est elle qui l’a gardé près de lui dès la seconde où la drogue s’est frayée un chemin dans son organisme et c’est elle encore qui ne l’a jamais lâché, trouvant péniblement le moyen de le faire s’allonger sur son propre lit pour qu’elle se couche à ses côtés et le garde entre ses bras ; pour palier à l’éternel problème d’Alfie qui fuit toujours tout et tout le monde, rien d’autre.
Cette semaine, il n’y a pas une seule nuit qu’elle ait passé autre part qu’à l’appartement. Ezra est à Sydney pour plusieurs semaines, il passe les fêtes avec son fils et sa mère et même Lily ne peut pas lui en vouloir de cela. Elle a besoin de lui, aussi, pour des raisons bien différentes, mais ce n’est pas pour autant qu’elle peut lui demander de mettre sa vie en pause ou de la faire tourner autour de la personne de Lily. Non pas qu’elle n’apprécierait pas un tel dévouement, bien au contraire, mais le bonheur du Beauregard est aussi important à ses yeux. Aujourd’hui, peu importe. Il n’est pas là, alors il n’est pas nécessaire de parler de lui. Le seul dont elle reconnaît éternellement les pas, c’est Alfie. Alfie, lui, n’a ni enfant (Dieu soit loué) ni petite-amie (et n’évoquons même pas la possibilité que ce terme soit au masculin) avec qui passer les fêtes. Comme Lily, en somme. Elle détesterait qu’on lui statue une telle vérité de vive voix, parce que cela signifierait que sa vie sentimentale et familiale en est au même point que celle du Maslow et c’est tout à fait inenvisageable à ses yeux. Alfie a beaucoup de défauts et son incapacité à envisager un futur digne de ce nom en fait partie ; la situation de Lily n’est que temporaire. “Quand est-ce que tu as fêté Noël pour la dernière fois ?” Sortie pour la journée, la jeune femme observe déjà le soleil descendre peu à peu dans le ciel et la luminosité avec. Nul besoin de dire bonsoir, comment s’est passée ta journée ?, ce n’est pas qu’ils ont un jour dépassé ce stade mais bien qu’il n’a jamais existé. Si Lily a à cœur d’agir parfaitement normalement (et de façon très ennuyante, selon Alfie), elle ne fait pas le moindre effort lorsqu’elle est en sa compagnie. Ils ont vécu bien trop de choses pour qu’elle puisse encore pleinement faire illusion. Sa voix est douce, pourtant, preuve que ce n’est pas une question piège qui viendrait lancer une dispute simplement parce qu’elle a envie de crier sur quelqu’un. Ça non plus, ce n’est pas le cas. Elle le cherche dans les pièces pour pouvoir l’interroger du regard, ayant déjà sa propre idée derrière la tête. Les parents Maslow fêtaient sans aucun doute Noël mais Alfie le rebelle, elle en est bien moins sûre. Le sapin est présent et décoré parce qu’elle s’en est occupée elle-même, si elle n’avait pas pris les devants il n’existerait sans doute même pas. “J’ai ramené une bûche. Et du champagne. Tu pourras toujours dire que tu veux juste te saouler si jamais tu trouves mon idée nulle.” Ses paroles ne sont pas agressives, Lily se contentant de préparer ses défenses contre une attaque qu’Alfie ne saura sûrement pas garder pour lui. Il doit trouver que la tradition de Noël est stupide, puérile, le fruit de décennies de manipulations mentales qu’on apprend désormais à ses enfants comme s’il n'y avait rien de plus normal. Pour une fois, la brune s’en moque. Noël est une journée en famille pendant laquelle tout est toujours beau, parfait, joyeux. La famille se retrouve autour d’une belle table, les parents sont heureux, les enfants jouent entre eux et ouvrent des cadeaux. Et à Noël, rien de mal ne se passe jamais, c’est la règle. |
| | | | (#)Dim 2 Jan 2022 - 1:28 | |
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@LILY KEEGAN & ALFIE MASLOW ⊹⊹⊹ How, how much to light up my star again And rewire all my thoughts? Oh baby, won't you remind me what I am? And break, break my little cold heart. Les journées sont longues, quand on a que ses regrets pour les occuper. Alfie a tout envoyé balader il y a quelques mois dans l’espoir de recourir à une thérapie extrême, mais efficace. Le constat, six mois plus tard, est sans appel : ça ne l'est pas. Il n’arrive pas plus à gérer ses émotions aujourd’hui qu’il n’y arrivait il y a un an, il n’arrive pas à faire taire ses pensées comme il l’espérait, il n’arrive pas à faire diminuer les symptômes d’un trouble du stress post-traumatique toujours plus étouffants au quotidien. Certains lui hurleraient avec rage que c’était évident ; qu’il n’est pas médecin, que jamais il n’aurait pu sérieusement croire parvenir à se soigner alors qu’il n’a aucune carte en main pour y parvenir. Mais Alfie est Alfie et tend à espérer qu’il sait toujours mieux que les autres et, surtout, qu’il n’y a pas une once de faiblesse dans ses veines. Il ne sait même pas si c’est réellement de la faiblesse et s’il s’en fiche bien de la manière dont les autres vivent leur vie, il a décidé que concernant la sienne, cette spirale dans laquelle il s’enfonce possède finalement autant d’avantages que de désavantages, de quoi le convaincre qu’il n’y a rien à changer. Il le sait que rien ne va, là-haut, Alfie, mais il n’a aucune envie d’en changer car il se sent bien dans cet extrême dans lequel il s’enfonce. C’est paradoxal, mais c’est son seul moyen de retrouver goût à une vie dans laquelle il ne se reconnaissait plus, dans laquelle il s’était perdu – et c’est en se perdant encore plus qu’il espère se trouver. Il n’a jamais réagi comme les autres, le Maslow et si d’autres s’inquiéteraient des premiers signes d’un mal être évident, lui décide de s’enfoncer encore un peu plus par envie de tester des limites qu’il n’a pas encore trouvées, même après toutes ces années. Jusqu’où est-ce qu’il peut aller ? Jusqu’où il peut se faire du mal ? Parfois, il se surprend à regretter le décès d’Amelia et à se demander quelle serait leur vie s’ils étaient aujourd’hui réunis. Quels défis elle lui lancerait, quelle souffrance elle saurait lui infliger, quelle douleur il redemanderait encore et encore. Mais la jeune femme n’est pas là, n’est plus là, et il ne peut que composer avec son fantôme encore trop présent pour tenter de trouver des réponses à tous ces questionnements. Jusqu’à quel point il doit aller pour se délivrer de la souffrance d’être humain ?
Parfois, il se surprend aussi à imaginer Lily dans le rôle du parfait bourreau. Elle est certes moins frontale qu’Amelia, elle a toujours agi dans la subtilité et finalement, c’est ce qui les différencie et a permis à la jeune femme d’être encore à ses côtés après toutes ces années. Lily, contrairement à ce qu’elle pense et ce qu’elle vend au reste du monde, a foncièrement un mauvais fond. Elle partage celui-ci avec lui, malgré cette réalité alternative qu’elle essaie de construire, dans un premier temps auprès d’un mari désormais mort et maintenant auprès du premier inconnu qui passera et saura la féconder comme elle le désire. L’idée est stupide, cliché et ne fait que cacher la manière dont elle s’éloigne en vérité de ceux-ci. Elle est aussi perturbée que lui, Lily, elle arrive seulement mieux à le cacher. Alors maintenant qu’il n’a plus personne autour de lui, que le ménage a été fait auprès de ses proches pour vivre sa vie de la façon la plus égoïste qui soit, Lily prend tous les rôles. L’ennemie, l’amie, l’amante, chaque jour qui passe apporte sa réponse qu’il ne découvre qu’au moment où elle franchit la porte d’entrée. “Quand est-ce que tu as fêté Noël pour la dernière fois ?” Aujourd’hui, elle s’apparente à la première catégorie alors que d’autres l’auraient mise dans la seconde en vue de ses bonnes intentions. Mais elles n’en sont que pour elle, que pour son envie d’avoir cette vie parfaite après laquelle elle court depuis des années sans qu’elle ne se réalise. Dans un monde parfait, dans le monde parfait de Lily Keegan, on fête Noël avec ses proches, avec tout un tas de bons sentiments et une ambiance mielleuse au possible – la définition de l’enfer aux yeux du Maslow. « J’en sais rien. » Il répond dans un premier temps, contrastant avec l’enjouement dont elle semble faire preuve tandis qu’il se refuse à réfléchir à sa question. La dernière fois, c’était probablement auprès de Jules – et la plaie n’est toujours pas refermée, malgré les silhouettes qui défilent hors de sa chambre. « Je vois pas l’intérêt de se forcer à fêter l’hypocrisie, l’opulence et les mensonges alors que le reste de l’année c’est interdit de les célébrer. » Oh, que c’est beau, le partage à Noël, alors qu’au quotidien jamais personne ne se retourne sur un sans-abri ou n’appelle à l’aide pour une femme tabassée par son compagnon (tiens, ça te dit quelque chose, Lily ?). C’est tout aussi mignon de prétendre qu’on supporte l’oncle raciste en bout de table quand on passe son année à l’éviter ou à lui casser du sucre sur le dos. Et tous ses faux sourires et cette bienveillance pour savoir les derniers détails de la vie des autres qu’on aura oublié dès le lendemain, tout ça, Alfie n’en veut pas. Noël, c’est des faux-semblants, de l’hypocrisie et le piétinement de plein de valeurs alors que ces mêmes actes sont condamnés le reste de l’année – qu’est-ce qu’il y a à fêter, alors ? “J’ai ramené une bûche. Et du champagne. Tu pourras toujours dire que tu veux juste te saouler si jamais tu trouves mon idée nulle.” Il s’approche pour fouiller dans les sacs de la jeune femme comme si c’était les siens. « Cool, je peux commencer maintenant, dans ce cas ? » Il n’attend même pas la réponse pour s’emparer de la bouteille. « T’as pas plutôt une famille avec qui passer la journée pour parfaire le cliché ? » Sa famille qui est pourtant à moitié décimée entre l’absence de Joseph et la mort de son père ; mais peu importe, elle doit bien avoir des oncles, des cousins, des amis qu’elle peut considérer comme de la famille pour passer sa merveilleuse journée à défaut de lui l’imposer à lui. |
| | | | (#)Mar 11 Jan 2022 - 20:17 | |
| Elle est mielleuse, Lily, et Alfie plus que personne s’en rendra rapidement compte, tout aussi rapidement qu’il commencera à se méfier qu’il y ait anguille sous roche. Il n’aurait pas tort, raison pour laquelle la jeune femme ne souhaite pas lui laisser trop de temps pour réfléchir par lui-même et assembler les pièces du puzzle. Elle a un plan et elle souhaite le mener à terme, mais pour cela il ne doit pas être dans une de ces phases pendant lesquelles il souhaite seulement aller contre elle. Pas ce soir. Il peut bien continuer à voir tous les hommes qu’il veut le reste du temps, Lily a abandonné l’idée de les garder en dehors de chez eux, mais il n’a pas le droit de mettre à mal l’idée qu’elle se fait de cette soirée de Noël. Alors elle avance pas à pas, ses yeux agrandis par le mascara papillonnant à tout va, ses lèvres s’animant simplement pour questionner Alfie avec intérêt. Quand est-ce que tu as fêté Noël pour la dernière fois ? Elle anticipe déjà la teneur de sa réponse autant qu’elle prépare la transition pour la suite. Connaître Alfie a parfois ses avantages, quand elle n’est pas simplement horrifiée et/ou effarée de son comportement. « J’en sais rien. » L’homme de science ne joue pas le jeu, bien sûr. Seul le contraire aurait été étonnant: elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui raconte ses premiers et meilleurs souvenirs de Noël et de cadeaux reçus au pied du sapin. Il ne mange pas de ce pain là, ce n’est pas une nouveauté, et c’est aussi la raison pour laquelle elle accuse quelques secondes de silence dans l’espoir qu’il concède un peu de terrain. Depuis qu’ils vivent ensemble, beaucoup de choses ont changé - et c’est en réalité le cas depuis avant même leur colocation, mais Lily ne veut pas encore se l’avouer. « Je vois pas l’intérêt de se forcer à fêter l’hypocrisie, l’opulence et les mensonges alors que le reste de l’année c’est interdit de les célébrer. » Pour les efforts de la part du Maslow, il faudra donc repasser. “T’as dû être horrible quand t’as appris que le Père Noël n’existait pas.” Même en le connaissant autant, la jeune femme ne veut pas croire qu’il a toujours été ainsi et qu’il ne cache pas un petit garçon autrefois surexcité à l’idée de retrouver ses cadeaux sous le sapin. Il tirait sans doute déjà les cheveux des autres enfants, il ne voulait sûrement pas manger quoi que ce soit d’autre que du chocolat et il détestait très probablement bon nombre de ses cadeaux mais ce devait être la façon dont un bébé-Alfie profitait des fêtes, non ? Jusqu’à ce qu’il apprenne la vérité au sujet du gros bonhomme rouge et blanc, ce qui a dû passablement l’énerver. Elle l’imagine déjà, haut comme trois pommes, tenir à ses parents un long discours sur le mensonge et l’impact sur la confiance qu’il leur porte. Cette idée lui arrache un sourire dénotant avec leur discussion: si Alfie ne lui donne pas de détails, elle peut très bien les inventer seule. Lily est douée pour ça.
S’il n’est pas réceptif sur ce sujet, ce n’est pas un problème. Elle a de nombreuses cordes à son arc, la brune, et dès qu’il s’agit de le titiller un minimum alors elle sait que le brun ne résistera pas à l’envie de répondre. A peine le contenu des sacs annoncés, Alfie en profite pour fouiller à l’intérieur et ainsi en sortir la bouteille de champagne. Voilà pourquoi elle n’a pas à faire beaucoup d’efforts pour imaginer l’enfant qu’il était: il n’a pas changé. Et elle l’a connu enfant, oui, aussi. « Cool, je peux commencer maintenant, dans ce cas ? » Peu importe la réponse qu’elle apportera, il ouvrira de toute façon la bouteille. « T’as pas plutôt une famille avec qui passer la journée pour parfaire le cliché ? » Une minute, voilà tout le temps qu’il aura réussi à tenir avant de chercher à la blesser. “Et ne plus être constamment sur ton dos à rendre ton quotidien ennuyeux ? Hors de question.” Ce qui, bien sûr, n’a rien à voir avec le fait qu’elle ne souhaite pas observer la détresse de sa mère ni même faire face une fois de plus à son frère pour qu’ils finissent par se disputer invariablement. Avec Alfie, au moins, elle sait à quoi s’attendre. Et ainsi, elle l’a à l'œil et s’assure qu’il n’aura pas de mauvaises idées. La jeune femme a encore en mémoire le moment où il s’est violemment planté l’aiguille dans la peau, ce moment à partir duquel elle a catégoriquement refusé de le laisser aller plus loin qu’entre ses bras. Laisser une personne dans son genre seul au moment des fêtes n’est jamais une bonne idée ; et finalement la vérité c’est qu’elle ne veut pas passer les fêtes avec personne d’autre non plus. “T’as rien de mieux à faire, de toute façon, même tes gigolos vont être occupés ce soir.” Peu importe ses raisons à elle, au final, elle n’a pas envie d’en parler et il est toujours plus simple de rejeter la faute sur lui plutôt que de prendre le temps de répondre. “T’as pas intérêt de boire ce champagne autrement que dans un verre adapté.” Sans transition et toujours égale à elle-même, la brune se met soudainement à gronder, pointant la bouteille volée par Alfie du bout du doigt. Il ne peut pas jouer à Alfie le soir de Noël, pas alors qu’ils dérogent déjà à bien trop de traditions pour que Lily se sente pleinement à l’aise.
Soudainement bien moins assurée, elle commence pourtant à avancer un tout autre sujet entre eux. “Et si je te disais que je voulais pas rejouer un cliché de Noël, ce soir ?” Ce serait un aveux, ce serait enfin dire de but en blanc qu’elle ne fait qu’utiliser le monde et ses traditions pour mieux les contraindre à ses désirs ; c’est pour cette raison que tout restera au conditionnel, même face à Alfie qui connaît déjà la vérité. Plutôt que de martyriser les coins de la table de ses paumes serrées, la jeune femme se redresse pour attraper des verres à champagne, jouant de la proximité avec Alfie puisque c’est ainsi que le font les gens normaux - plus ou moins. Alors, face à lui, elle met de longues secondes avant de relever ses yeux en direction des siens, les verres toujours entre ses mains. |
| | | | (#)Mer 26 Jan 2022 - 16:13 | |
| Évidemment que des fêtes de Noël entre Lily et Alfie ne pouvaient se dérouler sous le signe de la bienveillance et de l’amour ; ce serait beau, ce serait cliché, ça ne serait pas eux. Il peut lui reprocher beaucoup de choses, il l’a souvent fait au fil des années, mais il y a aussi des éléments qu’il ne peut nier ; la surprise qu’elle est parfois capable de lui provoquer en fait partie. Le fait est qu’elle est aussi prévisible qu’elle n’est surprenante et c’est bien le problème avec Lily, il croit la connaître par cœur, il la connait par cœur et malgré cela, elle arrive toujours à se renouveler, dans toute sa banalité et son conformisme. C’est insupportable, parfois, de ne pas réussir à la définir, d’être incapable de poser des mots sur elle ; c’est insupportable, cette façon qu’elle a de le rendre dingue, involontairement, mais surtout volontairement comme aujourd’hui. Aujourd’hui, elle fait honneur au côté prévisible du spectre Keegan, avec son ton mielleux et toutes ses bonnes intentions qu’il a déjà envie de lui faire ravaler avant même qu’elle ne les ait réellement formulées. Avec sa jolie tenue, sa belle décoration et son gentil intérêt pour des souvenirs d’enfance qu’il n’a aucune envie d’évoquer, ni auprès d’elle, ni auprès des principaux concernés. Il nierait s’il affirmait qu’il n’apprécie pas le trifle de sa mère ou la traditionnelle marche digestive imposée par son père ; mais de là à l’affirmer à Lily, il y a un important fossé. Ces bribes de souvenirs lui appartiennent, d’autant plus à cet instant alors qu’il a l’impression d’en être dépossédé ; les confier verbalement à Lily serait une manière de les expulser de son esprit encore plus vite et il le refuse. “T’as dû être horrible quand t’as appris que le Père Noël n’existait pas.” « Je l’ai pas appris, je l’ai découvert. » Certains diront que c’est du pareil au même, Alfie y voit une distinction important. Ça n’étonnera pas Lily, ça n’étonnera personne en réalité, qu’il ait lui-même voulu percer la vérité sur le mystère entourant le Père Noël. Gamin curieux, en quête de réponses, toujours à prendre un malin plaisir à mettre son nez là où il ne le devait pas, évidemment qu’Alfred Maslow n’a pas sagement attendu que la vérité lui tombe toute faite dessus. Une question, un malaise de ses parents ; il n’en fallait pas plus pour qu’il prenne un malin plaisir à découvrir la vérité par lui-même. Le plaisir a encore été plus intense quand il s’est empressé de partager sa découverte à qui voulait l’entendre (à comprendre : à tous ceux qui ne la désiraient pas) et peut-être, peut-être, que ses parents ont dû faire leur mea culpa auprès d’une école entière parce que leur sale fouineur de gosse n’a pas pu rester un gosse plus longtemps, justement. Mais déjà à cet âge-là Alfie ne comprenait pas le principe de prôner l’honnêteté et d’être incapable d’en faire preuve soi-même, sans parler du message discutable que cela renvoie sur l’éducation par le conditionnement des enfants ; en leur promettant des cadeaux pour qu’ils demeurent sages. Remplacez les enfants par des chiens, les cadeaux par du bœuf en boîte et vous avez tous les éléments d’un conditionnement classique, bel exemple, vraiment.
Il ne lui offrira pas le Noël dont elle rêve, le cliché par excellence et si c’est réellement ce qu’elle désirait, elle ne serait de toute évidence pas restée avec lui ce soir. “Et ne plus être constamment sur ton dos à rendre ton quotidien ennuyeux ? Hors de question.” Alfie s’empare de la bouteille sans la moindre hésitation, là où il aurait jugé l’apport d’alcool deux ans plus tôt. « Trouve-toi une vie, Lily. » Qu’il se contente de rétorquer, n’ayant pas même attendu qu’elle lance les hostilités pour le faire de lui-même. Il devrait avoir honte, sûrement. Parce qu’elle ne pensait pas à mal, parce qu’elle voulait seulement lui faire plaisir (non, elle sait comment s’y prendre et ce n’est certainement pas ainsi qu’il se rangera de son côté), parce qu’elle avait espoir de passer une bonne soirée (mais elle s’adresse à la mauvaise personne pour cela). Lui, ce qu’il perçoit, à cet instant, c’est le manque d’opportunités quant aux véritables raisons de passer une bonne soirée parce qu’elle ne cesse de jouer à l’infirmière de pacotille, alors qu’il ne s’agit même plus de son boulot officiel. S’il voulait être oppressé, il aurait demandé à ses parents de revenir squatter sa chambre d’ado. “T’as rien de mieux à faire, de toute façon, même tes gigolos vont être occupés ce soir.” « Non, justement, c’était l’occasion de fêter tous ensemble. » Un coup d’œil à la longueur de son répertoire suffit à savoir qu’il aurait trouvé de la compagnie pour ce soir, c’est une certitude et elle aurait probablement été plus agréable que celle de Lily. “T’as pas intérêt de boire ce champagne autrement que dans un verre adapté.” « Yes, mommy. » Oh, peut-être que ce n’est pas si mal qu’elle joue à la mère poule, finalement. Et bien sûr que ça fonctionne, alors qu’il n’a pas encore ouvert cette bouteille pour porter le goulot à ses lèvres.
“Et si je te disais que je voulais pas rejouer un cliché de Noël, ce soir ?” Là, elle commence à l’intéresser. Alfie se doutait bien qu’il n’y avait pas que ça, pas que cette volonté de fêter un moment qu’il n’a pas envie de célébrer. Si elle le veut à ses côtés ce soir, ce n’est pas pour vivre les clichés de Noël même si le naturel revient au galop et qu’elle n’a pas pu s’empêcher d’introduire les choses sous ce jour. Non, c’est pour autre chose et il aurait pu le parier ; ou alors, Lily est réellement masochiste et ce n’est plus seulement l’objet d’une blague récurrente. « Et si je te disais que je te crois pas ? » Ses yeux dans les siens, ses lèvres esquissent un sourire entendu. Bien sûr qu’il la croit, s’il accepte de mettre sa mauvaise foi et sa première impression de côté, il doit admettre que sa prévisibilité n’est qu’éphémère ; mais de là à lui faire le plaisir de le reconnaître, il ne le fera pas. Oh non, après tout, tout est un jeu entre eux, tout a toujours été un jeu et comme toujours, c’est à elle de craquer en premier et de lui dévoiler les raisons derrière son attitude sans qu’il n’ait explicitement à les demander.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Ven 28 Jan 2022 - 1:20 | |
| « Trouve-toi une vie, Lily. » Elle est toute trouvée, sa vie. Simplement, elle met plus de temps que prévu à en atteindre l’objectif et fonder une famille, ce qui a au moins pour mérite de lui laisser le temps de continuer à observer Alfie d’un air réprobateur et faire au mieux (pire) pour Joseph. Elle a aussi tout le loisir de continuer à apparaître parfaite aux yeux d’Ezra et du reste du monde, faisant mentir les deux hommes la connaissant depuis l’enfance si jamais ils en venaient à tenter de dilapider ses secrets. Ce qui ne sont que des paroles en l’air d’un Alfred tenant éternellement à avoir le dernier mot mais elles suffisent pourtant à faire réfléchir la jeune femme plus que de raison. Il a toujours eu ce pouvoir sur elle, un parmi tant d’autres qu’elle refusera toujours d’accepter. « Yes, mommy. » Le problème avec Alfie, c’est qu’il joue avec le feu sans avoir peur des brûlures, peu importe leur degré. Le problème avec Lily, c’est qu’il en est de même pour elle, quand bien même c’est une partie de sa personnalité qu’elle lui réserve, lui qui a largement su s’en prouver digne (ou quelque soit le terme approprié dans un tel contexte) depuis longtemps déjà. “Vas-y doucement sur les fantasmes.” Pour le moment encore, elle reste dans son personnage. Lily parfaite Keegan.
Pourtant, bien plus impatiente qu’elle ne l’est généralement, la jeune femme ne tarde pas avant de mettre à mal son personnage de la parfaite ménagère ayant préparé l’appartement pour le retour de l’homme de la maison - elle est conformiste, mais pas à ce point. Déjà ennuyée de tenir ce rôle qui lui colle pourtant à la peau, elle abandonne tout reproche en direction de l’anthropologue pour mieux combler le silence de quelques bruits de ses talons sur le carrelage. Quelques pas, c’est tout ce dont elle a besoin pour gommer la distance entre eux et se retrouver à sa hauteur, lui annonçant les yeux dans les yeux qu’elle compte déroger à la règle du parfait Noël, de la bûche, des cadeaux, et de la nourriture à ne plus savoir quoi en faire. Oh, elle aurait adoré préparer tout ça, ne vous y détrompez pas, mais elle estime avoir un bien meilleur plan en tête pour se contenter des simples traditions. Elle laisse ça à tous les autres ménages ; le leur n’a rien de normal, encore moins de traditionnel. « Et si je te disais que je te crois pas ? » S’il sourit, la jeune femme doit se retenir pour ne pas en faire autant, retrouvant dans cette scène un air de déjà vu. Autant dire que ce n’est pas qu’un simple air et si Alfie ne peut que l’espérer pour le moment, elle se vante de déjà le savoir. Il ne fait que jouer avec elle, tout comme elle en fait de même en retour. “Je te demanderais de me faire confiance.” Oh, le sujet difficile. Elle sait bien qu’elle joue à son tour avec l’inconnu, pouvant elle même assumer qu’elle lui fait confiance sur sa vie mais qu’elle ne mettrait pas celle de ses proches entre les mains d’Alfie. Ce n’est qu’un paradoxe de plus dans leur relation qui en compte déjà bien trop pour que qui que ce soit ait pensé à tenir les comptes, même Lily. Se contentant donc d’espérer qu’il ne joue pas à l’adolescent rebelle repoussant tout et tout le monde, la jeune femme dénoue le foulard autour de l’élastique de sa queue de cheval. “Ferme les yeux.” Sa voix est toujours aussi douce mais le conditionnel en est désormais absent, surtout alors qu’elle place finalement le foulard autour de ses yeux sans attendre plus de réponse de sa part. Ses gestes sont assez lents pour qu’il les repousse, si jamais tel est son désir. Sur la pointe des pieds, ses bras de part et d’autre de son visage et ses yeux occupés à retrouver le moindre pli de tissu, un refus de la part du brun semble être le dernier de ses soucis.
La bouteille de champagne ainsi que deux coupes dans une main, la seconde nouée autour du poignet de l’homme, c’est dans cet équilibre instable qu’elle traverse le lieu de vie pour le mener jusque dans sa chambre. Sanctuaire anti-Alfie par excellence, elle avait toujours refusé la présence de ce dernier jusqu’à aujourd’hui. Sans doute que depuis le premier jour, elle avait déjà commencé à imaginer une telle suite d'événements. Pour autant, si le plan jusque là était à peu près clair dans son esprit, il n’en existe plus aucun à partir de ce moment bien précis. Puisque c’est justement à partir de maintenant qu’elle soit se décider entre fiction et réalité, jeu ou sincérité, elle commence à peine à prendre conscience de l’enjeu de sa décision. “Je pense pas réellement fêter Noël, pour être honnête.” Depuis quand Lily est honnête, déjà ? Même face à lui, elle n’a jamais eu le moindre mal à lui mentir les yeux dans les yeux, quitte à ce qu’il voit clair dans son jeu dès la seconde suivante. Ce soir, pourtant, elle déroge à toutes ses règles, en venant à lui faire la discussion alors qu’elle le fait asseoir sur le bout de son lit comme s’il était une vulgaire poupée, comme s’il était assez stupide pour ne pas avoir déjà compris où sa voix fluette et bien moins assurée que d’usuelle souhaitait en venir. “Mais aujourd’hui est à peu près le seul jour de l’année où je pouvais être certaine qu’on soit seuls.” Sans aucun de ses gigolos, sans personne surprise venant amener des gâteaux à la veuve et lui présenter ses condoléances même cinq mois après les faits, sans la moindre surprise d’aucune sorte.
Sans le lâcher des yeux (elle lui fait confiance sur sa vie mais absolument rien d’autre, souvenez vous), elle passe d’une tenue à une autre, de parfaite directrice et girl boss à tout ce qu’elle aurait critiqué, si elle avait vu si peu de tissus sur une jeune femme non loin d’une route fréquentée - vous voyez le genre. Fort heureusement, Lily n’est pas de ce monde là et cette soirée a tout, absolument tout de singulière. “Tu peux rouvrir les yeux.” qu’elle finit donc par annoncer, mimant ne pas être elle-même déstabilisée de se montrer aussi peu vêtue face à lui en préférant leur servir un verre à chacun, se montrant d’abord à lui de profil. Ce n’est qu’au moment de le lui apporter qu’elle accepte enfin de se montrer de face, ne faisant que confirmer tout ce qu’il pouvait déjà penser: elle est bel et bien en sous-vêtements, et certainement pas le genre qu’il l’aurait généralement accusé de porter. “Je suis plus la gamine que t’as connu.” Elle n’est pas ici (ou plutôt, il n’est pas ici) pour rejouer la scène de l’adolescente folle amoureuse et prête à tout pour lui. Son regard est bien plus déterminé désormais, Lily ne rompant le contact avec ses yeux que pour boire dans sa coupe, après l’avoir fait tinter contre la sienne. La scène ne sera pas la même, elle s’en assure déjà dans le changement vestimentaire depuis l’époque où ses sous-vêtements étaient soigneusement choisis par sa mère, parfait contraste de la peau qu’elle le laisse largement apercevoir sous les touches de dentelles échancrées de cette soirée. “Et je veux que tu le saches.” Elle veut mener la danse, et pas seulement parce qu’il le lui concède avec empathie, jusqu’au moment où il décide de s’enfuir. Sa coupe est rapidement reposée contre la commode près d’elle. Cette fois-ci, elle n’a plus de talons pour claquer sur le carrelage au moment de se rapprocher de lui une fois de plus, éternelle scène qu’elle rejoue à quelques nuances près. Sa main guide la sienne pour qu’il la pose contre la hanche de la jeune femme et l’autre se dépose déjà contre la joue du brun, non loin des lèvres qu’elle appose avec délicatesse contre les siennes. “Ça sera notre secret.” Quelques mots qui suffisent à lui assurer que, justement, tout ceci n’aura rien d’un secret. Peu importe, à qui pourrait-il en parler ? Joseph ? Cela lui ferait les pieds. Juliet ? Oh non, il ne s’y risquerait jamais. Le reste de ses connaissances qui risquent de mourir de l’addiction, de la drogue, ou du sida avant leurs quarante ans ? Ils ne seront pas un problème bien longtemps. De son côté, si Ezra ne peut pas lui donner l’enfant qu’elle veut, elle se doit d’assurer ses arrières. Après tout, elle pourra très bien décider de désigner le paternel au moment venu - et ça ne sera jamais Alfie, en voilà au moins une chose de certaine. |
| | | | (#)Mer 9 Mar 2022 - 2:25 | |
| Comme un bon nombre de réflexions qui sont adressées à Lily, celle-ci a pour but de la blesser ou, du moins, de la faire réagir – parce qu’il s’y prendrait différemment pour l’atteindre et certainement pas avec une critique qui, en réalité, relève plus d’un fait. Qu’elle se trouve une vie ; et qu’elle lui fiche la paix. Qu’elle se trouve une vie ; il est grand temps que ce soit le cas. Qu’elle se trouve une vie ; car elle a le droit de vive par elle-même, aussi. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, Lily a toujours été une ombre, quand bien même elle savait tout aussi bien tirer les ficelles du spectacle dans lequel elle était tantôt figurante, tantôt créatrice. Un savant mélange, celui qui a toujours défini la jeune femme, y compris à ses yeux. Mais d’un regard extérieur, de ceux qui se perdent dans les grands yeux bleus de Lily, sur ses traits préoccupés et se font duper par une larme malencontreusement échappée, Lily est une ombre. Elle est celle qui tentait de réparer les liens défaits (inexistants, en réalité) au sein même de sa famille, celle qui protégeait un frère qui ne le méritait pas et son meilleur ami qui le méritait encore moins. Jeune adulte, elle est aussi celle qui tentait de maintenir l’unité au sein des Maslow, autant qu’elle subissait un Callum qui maîtrisait sa vie à défaut de ses excès de colère. Et même quand elle se pavanait à la télévision, vendant une image qui n’avait rien à voir avec la réalité – et lui, alors, dans tout ça, il était où ? Comment a-t-elle pu l’oublier ? - elle n’était qu’un pion d’une production ; devenue ensuite la veuve d’un homme sur lequel la lumière fut braquée suite à sa mort accidentelle. Son propre frère l’utilise comme un tampon entre son manque de volonté à rester clean et le manque de moyens à se faire soigner ; alors, vraiment, Lily, trouve-toi une vie. Il est grand temps que ce soit le cas, autant pour voler de ses propres ailes que pour fermer la bouche du Maslow – nulle doute que cette perspective serait une motivation bien plus forte que la première option, d’ailleurs.
“Vas-y doucement sur les fantasmes.” « C’est pas moi qui parle de fantasmes. » Il l’a sous-entendu. Tout le monde supposerait que c’est du pareil au même, mais quand on connaît les deux trentenaires et le jeu mis en place depuis tellement d’années qu’ils ont perdu le compte de leurs victoires respectives, c’est totalement différent. Le dire et le penser sont deux choses totalement différentes – peu importe si le reste du monde n’est pas d’accord avec les règles en vigueur. Il pense ce qu’elle dit, et vice-versa ; les points reviennent généralement à celui qui aura posé les mots sur ce qu’ils n’ont d’ordinaire pas besoin de verbaliser pour être d’accord (ou en désaccord, le plus souvent). Les regards y sont pour beaucoup et le sien, à cet instant, est particulièrement causant. Ce n’est même pas l’image d’une Lily qui se plierait à son kink (bien qu’elle soit agréable), c’est le seul fait de l’agacer, d’avoir le dernier mot, encore et encore.
Il en est presque à cout, pourtant, lorsqu’elle annonce que les festivités de ce soir n’auront rien de traditionnelles et ne seront pas celles auxquelles il se serait attendu. On l’a dit, un regard suffit pour qu’ils se comprennent et il en va de même à cet instant. Il aurait pu lui coller bien d’autres intentions, notamment celle de simplement se jouer de lui, de lui faire miroiter une soirée dont il se souviendra pour mieux se moquer de lui en sortant la dinde parfaitement cuite du four et se vanter de l’avoir assis à une table bien décorée où il n’a pas sa place. “Je te demanderais de me faire confiance.” Il ne lui fait pas confiance autant qu’il la suivra toujours les yeux fermés – et avant qu’elle ne se pense privilégiée, qu’elle n’oublie pas que la réciproque s’applique également. Dans d’autres circonstances, il ne se serait pas gêné pour retourner cette demande contre elle et si possible, avec suffisamment de hargne pour se montrer blessant. Mais à cet instant, pourtant, il n’en est rien, alors qu’un fin sourire s’affiche sur les lèvres d’un Alfie qui se montre plus docile qu’il ne l’est réellement. Mais c’est un tout ; c’est cette phrase murmurée avec bien moins de virulence que d’ordinaire, c’est ce contexte où l’un n’a rien à prouver à l’autre – vraiment ? “Ferme les yeux.” Il devrait les garder ouvert pour l’emmerder, il devrait refuser sa demande, il devrait souligner que personne et surtout pas elle n’est en position de lui donner des ordres. Mais il ferme les yeux, Alfie et le refus qui est habituellement automatique quand il est adressé à Lily ne franchit pas la barrière de ses lèvres. Pas alors qu’il ne sait pas à quoi s’attendre – oh, il a bien une idée, mais elle est trop évidente. Elle est trop évidente et il n’oublie pas qu’il ne saura jamais lire en Lily comme il le prétend à qui le veut, comme il s’en persuade le plus souvent. Il est ses à genoux – au sens figuré – il serait stupide de sa part de ne pas en profiter, alors qu’il a baissé les armes avec une facilité déconcertante. Dans le fond, il n’est même pas sûr de vouloir avoir raison quant à l’idée qui s’immisce dans son esprit. Il veut être surpris, il veut être déstabilisé, blessé, probablement, en cerise sur le gâteau. Elle a l’avantage ; il serait offensant qu’elle le déçoive.
Il se retrouve guidé par la jeune femme, lui offrant une confiance littéralement aveugle. Mentalement, il essaie de reproduire le chemin de ses pas, mais il n’a jamais été suffisamment concentré pour réussir ce genre d’exercice, le trentenaire. “Je pense pas réellement fêter Noël, pour être honnête.” Il s’en doutait, oui, mettant à mal ses propres certitudes et le plaçant dans une position où il perd l’avantage. Guidé jusqu’à ce qu’il identifie comme un matelas une fois assis, ses sourcils se froncent brièvement un instant ; est-ce que ce qu’il a imaginé devient réalité ? Oh, non, Lily. J’en ai envie, mais j’ai encore plus envie que tu me surprennes. “Mais aujourd’hui est à peu près le seul jour de l’année où je pouvais être certaine qu’on soit seuls.” Et ce n’est pas faute d’avoir cherché à ne pas l’être ; et il aurait pu ne pas l’être, s’il n’avait pas eu une once de bienveillance pour Lily en ce jour qu’il sait plus particulier à ses yeux qu’il ne l’est aux siens. Lily qui notera qu’il demeure silencieux, là où d’ordinaire il parle à un rythme effréné pour persuader le monde qu’il a toujours raison et qu’ils ont toujours tort. À cet instant, difficile de savoir qui joue quel rôle – il a autant raison qu’il aimerait avoir tort, en réalité. “Tu peux rouvrir les yeux.” Débarrassé du foulard, il lui faut pourtant un instant pour rouvrir les paupières, l’éternel doute qu’il adresse à Lily. Elle pourrait lui envoyer le contenu d’une bombe de poivre dans les yeux qu’il ne s’en surprendrait pas, au contraire – il trouverait probablement ça bien mérité. Et aussi surprenant que ça puisse paraître, quand ses yeux se posent sur la silhouette d’une Lily ainsi vêtue, c’est la déception qui prime. « Si prévisible. » Qu’il glisse entre ses lèvres, la voix moqueuse, mais le regard, lui, qui est loin de l’être alors qu’il détaille la peau d’une Lily qu’il peut déjà se vanter de connaître. Elle est prévisible, tout comme il l’est d’avoir à le souligner dans une tentative d’avoir le dernier mot, alors qu’elle le laisse sans voix. Parce que ce n’est pas ainsi qu’il pensait passer Noël, bien sûr et non pas parce qu’elle l’a surpris quand bien même le plan semblait se dessiner au fil des minutes, atténuant peu-à-peu cet effet. “Je suis plus la gamine que t’as connu.” « J’en ai jamais douté. » Son regard s’était souvent glissé en sa direction, même après avoir obtenu ce qu’il désirait d’elle. Il peut le confirmer ; elle n’a plus rien de la gamine qu’il a connu, il le constate plus que jamais alors que son regard ne se pose que brièvement sur le sien, quand leurs verres teintent l’un contre l’autre et qu’il se porte à ses lèvres. Le contenu n’a pas de saveur, non, ce qui en a, c’est bien cette femme qui se présente devant lui. “Et je veux que tu le saches.” Elle s’approche et Alfie vide le champagne d’une rapide gorgée, de façon à être libérée de tout obstacle entre ses mains et sa peau, quand la coupe vient heurter le tapis au sol et que déjà, ses doigts sont désormais occupés à se glisser contre sa hanche que, dans un geste presque automatique, il caresse doucement. “Ça sera notre secret.” Ça l’est depuis longtemps. Ça l’est depuis qu’ils sont des adolescents, en réalité – est-ce que Joseph l’a déjà su ? Leurs parents ? Ezra, son mari, Jules ? « Qu’est-ce que tu veux, Lily ? » Et il ne cède pas, Alfie, pas encore, alors que ses désirs sont contenus encore un peu, encore quelques instants, dissimulés par une plus grand envie encore : celle qui consiste à la mettre face à ses propres contradictions. Il couche avec tout le monde, il ramène trop d’inconnus à la maison, il est dégoûtant ; il oublie de nombreux points à la liste et, pourtant, aujourd’hui, Lily veut faire partie de celle-ci. « Aucune de tes actions n'est désintéressée. » Et certainement pas celle-ci.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Sam 12 Mar 2022 - 20:45 | |
| Le silence d’Alfie l’a déstabilisée bien plus qu’elle ne l’avouera jamais - sans doute parce qu’elle n’avouera jamais rien, justement. Il est de cette espèce d’humains qui donnent leur avis à tout va, surtout pour déplaire à autrui et faire connaître leur nom. Il est horripilant, Alfie, et bien d’autres adjectifs péjoratifs encore, et son silence seul permet de faire douter Lily du bien fondé de son idée, ou même de la nécessité d’aller au bout des choses. Après tout, elle ne lui a pas présenté son plan plus en détail, alors peut-être pourrait-elle se contenter de le changer rapidement. Personne n’en saurait rien. Personne ne l’aurait jamais su. La vérité, pourtant, c’est qu’elle est prête à mettre en jeu son ego. Peu importe s’il se retient de commentaires en cet instant pour possiblement l’en accabler dès la seconde suivante ; elle a bon espoir de pouvoir faire mouche, à défaut de complètement pouvoir compter sur un effet de surprise. Cette scène est une première entre eux, mais elle a tout d’un cliché à elle seule. L’homme aux yeux bandés qui monte quelques marches pour se retrouver dans le lit de la femme avec qui il a déjà partagé une nuit, il y a une vie de ça, cela n’a rien d’une première. Personne ne se serait attendu à ce qu’ils deviennent les acteurs principaux, voilà la seule différence notable. Lily non plus, il y a de ça encore quelques heures, ne l’aurait pas cru possible. Mais lorsque le foulard tombe au sol en même temps que la majorité des habits couvrant sa propre peau, il devient évident qu’elle ne fera pas demi-tour. Son plan est empli de zones d’ombres et d’incertitudes, il est bien loin d’être aussi parfaits que certaines autres, mais il est aussi et surtout guidé par ses émotions, chose rare pour la jeune femme. Lily ne parle généralement qu’avec son cerveau, jamais avec le reste. Alfie le sait, bien sûr ; qu’est-ce qu’il pourrait encore ignorer d’elle ?
Puisque l’inverse est tout aussi vrai, elle ne tombe donc pas aussi haut qu’on pourrait le croire lorsqu’Alfie prononce ses premières paroles. « Si prévisible. » La déception est bien sûr présente, sans doute parce qu’une partie d’elle espérait encore recevoir le moindre compliment ou, mieux encore, un silence continu de sa part. Pour autant, elle n’a pas de mal à s’en relever et surtout à le cacher, le clair de ses yeux observant avec attention les siens, bien que ces derniers soient ailleurs. “Dit-il.” Il ne cédera pas dans la seconde, mais il le fera à terme. Parce que leur petit jeu n’a que très peu impliqué le corps de Lily dénudé - parce que celui d’Alfie après une nuit de débauche avec un homme ou un autre, c’est une autre histoire - et elle sait (espère) qu’il n’y est pas indifférent. Il est déviant et problématique, mais pas au point de se montrer indifférent face à elle, pas alors qu’elle ose avec autant d’aisance se montrer aussi peu habillée face à lui alors qu’elle n’a accepté de le faire qu’avec très peu d’hommes au cours de sa vie, et tous ses compagnons du moment. Encore des aspects de sa vie dont elle ne lui parlera pas, mais dont il ne peut que se douter. Elle était peut-être prévisible, mais cela ne le dérange pas pour autant. Il sait comment la laisser derrière lui sans un regard, il aurait déjà pu le faire. Au lieu de ça, ce sont de très peu de mots dont il se contente alors que la brune, elle, lui esquisse une raison biaisée à toute cette mise en scène. « J’en ai jamais douté. » Et elle aurait aimé qu’il le lui dise. C’est aussi simple que ça. Elle aurait aimé qu’il lui dise qu’elle ne ressemble plus à une gamine, aussi bien mentalement que physiquement. Elle n’aurait pas demandé de plus amples explications, jamais, et se serait sans aucun doute contentée de lui partager un regard brillant, à défaut que leur éternel duel d’ego ne lui donne le droit d’afficher un sourire sincère.
Dit-il alors qu’elle sent déjà la chaleur de sa main contre sa hanche et que cela n’a rien d’une maladresse alors qu’il caresse doucement sa chair sans un mot. Lily ne rajoute rien non plus, assurée qu’ils se trouvent au sommet d’un château de cartes que le moindre mot de travers risquerait de faire s’écrouler. Elle ne veut pas tomber. Pas maintenant, pas alors qu’elle touche justement au but à son tour, ses lèvres ayant délicatement épousées les siennes le temps d’une seconde. « Qu’est-ce que tu veux, Lily ? » Beaucoup de choses, en réalité. Sans doute trop pour qu’elle puisse toutes les recueillir en une seule vie, d’ailleurs. Toi aurait été une réponse simple et véridique, mais il aurait encore trouvé le moyen de lui reprocher d’être prévisible. Pour le moment encore, c’est un sourire que fait naître sur ses lèvres cette simple question. Il ne la lui a sûrement jamais posée, sans doute parce qu’il n’en a jamais rien eu à faire puisqu’il n’était pas mêlé de près ou de loin à ses désirs. La donne change, désormais, et le voilà en lice pour devenir l’acteur principal. « Aucune de tes actions n'est désintéressée. » - “Non, en effet.” Peu importe le point de vue sous lequel la scène est observée, elle n’est pas désintéressée. Ce que personne ne peut savoir, pourtant, ce sont les véritables intentions qui l’animent, bien au-delà du simple fait de partager son intimité comme elle voudrait le lui faire croire. Sans doute qu’une part d’elle souhaite simplement gagner un cinquième as, celui qui la rendrait capable de dire à Jules les yeux dans les yeux qu’elle a fait l’amour avec son ex-petit-amie, le jour où elle perdra définitivement toute patience avec sa copie conforme. Jules aura pris plus d’importance qu’elle dans la vie de l’anthropologue, mais elle n’est qu’éphémère. Lily était là bien avant, elle restera présente bien après aussi. “Mais je te laisse le choix de jouer aux devinettes ou de passer à la suite.” Plus que jamais, elle espère qu’il sera animé par ses désirs et besoins humains bien plus que son horripilante curiosité et son besoin de tout savoir. Là n’est pas le propos. Pas ce soir.
Surtout alors qu’il rejetterait en bloc toute possibilité de lui faire un enfant, à commencer par le fait qu’il n’ait sans aucun doute aucune envie de devenir parent, et qu’elle ne pourrait pas être l’exception à cette règle. Même sa si précieuse Juliet ne l’a pas été, et Lily sait ne pas faire le poids en retour. Qu’importe. Ce n’est pas comme si elle lui demandait son avis, encore moins son consentement, surtout pas alors que la possibilité d’avoir un enfant de lui se résume vulgairement à ce qu’il prenne du plaisir. Il n’est pas à plaindre, et c’est un argument qu’elle défendrait bec et ongle si jamais on venait à aller contre son avis - mais qui le pourrait, alors qu’elle n’a parlé de son dessein à personne, surtout pas aux principaux concernés ? Ni Alfie ni Ezra ne sont au courant du futur qu’elle s’arrange seule, au fur et à mesure de ses déceptions en tous genres. “Et cette fois tu pourras pas me mentir.” Il le fait tout le temps, pour tout et pour rien, pour ce qui a de l’importance autant que ce qui n’en a pas. Il le fait parce que ça l’amuse, ça lui donne du pouvoir, ça l’occupe. Parce que, aussi et surtout, ça horripile Lily. Mais ce soir, il pourra essayer autant qu’il le veut ; elle ne le croira pas. Parce qu’il ne lui a pas ri au nez et s’en est allé, parce que ses regards ont déjà parlé pour lui, parce que sa cuisse est encore la seule partie de son corps qui n’est pas sujette à la fraîcheur de la pièce. Il ne pourra pas lui mentir, parce que chaque fibre de son corps est animée par la seule vérité qui lui importe: il le veut tout autant qu’elle, et ça le tuerait de l’admettre.
Finalement, la jeune femme prend à son tour place sur le matelas, ses jambes repliées près de lui alors qu’elle s’installe sur ses cuisses, ses genoux de part et d’autre de son bassin, ses bras par dessus ses épaules. Ils n’y restent pourtant pas longtemps alors que ses membres effectuent un balai soigneusement réfléchi, son visage venant se loger contre le sien pour que ses lèvres effleurent son oreille en même temps que ses doigts encerclent la boucle de son pantalon, effectuant une légère pression dessus. “Ca te semble assez intéressé, là ?” Elle déforme sa précédente question, voulant plutôt répondre à ‘es-tu intéressée ou non’ plutôt qu’à ‘qu’est-ce-qui t’intéresse’. Seule la première question est dans son intérêt, et c’est justement à cette dernière seulement qu’elle peut répondre sans mentir: si elle entretient le désir de tomber enceinte, elle ne se serait pas abaissée à faire l’amour avec un homme qu’elle ne convoite pas. Il est son fruit défendu autant qu’elle est le sien, et Dieu lui-même sait qu’ils ont passé bien assez de temps à l’église pour connaître par cœur une histoire dont tous les adultes ont tenté de les mettre en garde contre. Et c’est justement pour ça qu’il est d’autant plus intéressant d’aller contre. “Laisse-toi faire.” Et elle pourrait bien lui dire ‘ça ne fera pas mal’, mais Lily le connaît curieusement assez dans ce domaine aussi pour savoir que ce serait bien plus un argument contre que pour. Aucun commentaire. |
| | | | (#)Jeu 14 Avr 2022 - 18:29 | |
| Le silence dont il fait preuve pourrait être considéré comme une faiblesse, de celle qui est évidente sous prétexte de son sexe ; parce qu’il pense avec ce dernier, parce qu’il est un cliché qui s’assume parfaitement, Alfie, à en croire le nombre « d’invités » qui passent entre les murs de sa chambre. Lily ne s’en étonnera pas, autant qu’elle sait parfaitement qu’une peau dénudée est le moyen le plus efficace de le faire taire – à moins de lui décrocher une droite dans la mâchoire, chose dont elle doit pourtant avoir régulièrement l’envie. C’est cliché, c’est bien trop facile, mais c’est terriblement efficace. Pourtant, si le flirt initié par Lily est agréable – il ne peut pas prétendre l’inverse – ce n’est pas tant ses yeux qui se posent sur sa peau découverte qui l’obligent à se réduire au silence, ni le fait de ne plus avoir grand-chose d’autre à l’esprit que l’envie de goûter au fruit défendu qu’a toujours représenté la jeune femme. Il y a une part de vrai, pourtant ; le fait qu’il soit bien incapable de réfléchir, qu’il n’y a plus grand-chose d’opérationnel là-haut. Mais Lily n’est pas la personne à accuser (ou féliciter) pour ce mutisme, presqu’un certain calme en réalité, qui ne lui ressemble pas. D’ordinaire, Alfie n’aurait pas manqué de mots, que ce soit pour se moquer de sa maladresse quant à mettre en place ce petit jeu entre eux ou pour s’en satisfaire. Il aurait sûrement paradé, en réalité, se serait vanté de l’avoir fait craquer, de ne pas avoir été celui qui a cédé à ses pulsions le premier quand bien même il semble toujours le perdant tout désigné dans une telle situation. C’est pourtant bien Lily qui a perdu, aujourd’hui, c’est elle qui se dévoile un peu plus à chaque minute qui passe, c’est elle qui l’amène jusqu’entre les murs de cette chambre dans laquelle il n’aurait jamais eu sa place en temps normal. Ce n’est pas tant du contrôle qu’une certaine supplication, en réalité, parce qu’encore une fois elle est bien celle qui quémande son affection, qui reconnaît son désir. Si Alfie le partage, il aurait encore pu le réduire au silence un peu plus longtemps, aussi difficile que cela aurait pu être, simplement pour avoir la satisfaction de ne pas être celui qui cède le premier. Qu’elle se pense aux commandes ne changera en rien l’opinion d’un Alfie qui, il le regrettera sûrement plus tard, aurait dû appuyer encore une fois sur cet aveu de faiblesse de la part de la brune. Oh que non, ce n’est pas lui le faible, sous seul prétexte qu’il la suit, les yeux fermés et à court de mots. S’il les perd, ça n’a rien à voir avec la jeune femme, et tout à voir avec cet état de léthargie dans lequel il se complaît depuis des semaines. Peut-être même que s’il avait les idées en place, il n’hésiterait pas à s’en amuser, à faire de Lily une faible autant qu’un bourreau, profitant de l’état second d’un homme évidemment innocent. Mais elle sera tout aussi peu dupe que le principal concerné ; Alfie n’a rien d’innocent et si Lily s’en est souvent plainte (quotidiennement, depuis leur emménagement ensemble), aujourd’hui, cela semble être la plus belle qualité de l’anthropologue.
Elle est prévisible. Elle est prévisible parce qu’elle a été droit au but, là où d’ordinaire elle n’arrive jamais à une finalité sans être passée par de multiples chemins au préalable, seulement pour ne pas reconnaître ses propres envies, seulement pour se jouer de la patience d’un Alfie qui n’en possède pas beaucoup. Aujourd’hui, elle n’a pas essayé de prétendre plus de quelques minutes, elle n’a même pas attendu la fin de ce repas qu’elle a préparé sous seul prétexte de l’énerver un peu plus avant de lui offrir son cadeau, sa surprise, qui, à cet instant, est trop rapidement expédiée pour en être une. “Dit-il.” Un sourcil se hausse ; si le Alfie qu’elle côtoie depuis quelques mois, celui pour lequel elle s’inquiète en continu manque désormais de répondant, il y a quelques bribes du passé qui demeurent alors qu’il hausse un sourcil, étire doucement ses lèvres, signe qu’il y voit un défi comme un autre, qui a peut-être une autre saveur sur le moment, mais qui rejoint la longue liste de ceux qu’ils s’échangent depuis des années. Il ne tiendra pas, qu’elle doit songer sous prétexte de le connaître. Mais elle minimise ce dont il est capable, et surtout, la retenue de son propre plaisir pour décupler celui-ci ; alors il pourrait tenir, oui, parce que ses besoins physiques peuvent être réprimés (quoi qu’elle en pense) pour accentuer le plaisir qu’il obtiendrait à contrecarrer les plans de Lily. Parce qu’elle joue à être son opposé, mais elle est tout aussi peu innocente que lui. Ils l’expriment seulement différemment, là où Alfie est plus frontal dans ses intentions, Lily se veut plus subtile, ce qui implique qu’il y a bien plus à chercher qu’une simple envie de chaleur. Rien n’est aussi simple avec la jeune femme, il le sait très bien ; il sait aussi qu’elle ne répondra pas à sa question seulement parce qu’il exige une réponse. “Non, en effet.” Il y a donc une véritable raison derrière ses intentions et déjà, il en perd de vue la peau de Lily pour mieux réfléchir – sans qu’il ne soit bien capable d’y arriver. Ce n’est certainement pas pour se vanter ; Lily Keegan ne se vantera jamais d’avoir couché avec Alfred Maslow. Ce n’est pas plus pour le faire taire parce qu’ils n’ont même pas argumenté comme ils ont pu le faire par le passé – la colocation a presque des airs de colonie de vacances en comparaison à ce qu’ils pouvaient partager par le passé. Peut-être qu’elle cherche à avoir un élément à charge contre lui pour mieux lui coller un futur procès (il ne doute pas qu’elle trouvera quelque chose à lui reprocher, il s’agit de Lily), mais la brune n’est pas assez stupide pour supposer qu’il n’en profitera pas pour retourner la nuit à son avantage. Elle a bien plus à perdre que lui, qui papillonne tandis qu’elle ne rêve que d’une solide histoire d’amour – il serait à même de détruire celle-ci seulement parce qu’il s’ennuie. “Mais je te laisse le choix de jouer aux devinettes ou de passer à la suite.” Oh qu’il a envie de jouer aux devinettes, pourtant, Alfie, encore plus en sachant qu’il y a une partie du plan qui lui échappe, celle qui ne demande pas sa participation active, celle qui ne devrait pas avoir d’importance et qui, à cet instant, est bien celle qui l’intéresse le plus. « Ce sera pas sans conséquences, tu le sais. » Et il ne parle pas d’une gêne qui pourrait s’installer entre deux vieux amis, ennemis, amants, on ne sait plus trop à force, parce qu’ils auront franchi une ligne dont ils auraient dû rester éloignés. Il ne parle pas de potentiels sentiments qui pourraient venir ternir une relation qui en mélange pourtant de nombreux ; non. C’est Alfie, il parle des conséquences de ce jeu, de la vengeance qui sera la sienne quand il découvrira ses intentions – parce qu’il les découvrira. Soit parce qu’il fouillera, soit parce qu’elle s’en vantera, peu importe. Elle sait autant que lui que le drapeau blanc qui sera hissé sous peu quand il cédera à ses avances Et peut-être même qu’il attend ce moment bien plus que celui qui s’en vient. “Et cette fois tu pourras pas me mentir.” Oh, il n’en même pas l’intention. Il n’en a pas d’intérêt, pas alors que les cachotteries de Lily finissent par l’exalter bien plus qu’une quelconque peau dénudée, à laquelle il ne demeure néanmoins pas insensible, plus insensible. Il n’a plus de barrières à maintenir maintenant qu’il l’a avertie des conséquences qui s’en viendront, il n’a plus de fierté à maintenir parce qu’il ait très bien qu’il saura se rattraper par la suite, parce que l’un sait autant que l’autre que si Alfie abaisse ses barrières aussi facilement, ce n’est que pour mieux en détruire d’autres plus tard. Et la facilité avec laquelle il cède ne fait qu’annoncer le cataclysme qu’ils traverseront sous peu. Mais Lily a donné son accord au moment où elle lui a demandé d’ouvrir les yeux, consentement qu’elle atteste toujours un peu plus quand elle vient le rejoindre sur ce lit. Leurs corps n’ont plus été aussi proches depuis des années, mais les gestes se veulent naturels, autant qu’il retrouve avec satisfaction cette électricité qui lui a déjà traversé le corps lorsqu’ils étaient adolescents. Son visage près du sien, son souffle contre sa peau, ce n’est pas parce qu’il a baissé les armes qu’il s’autorise à céder le premier, ses lèvres demeurant loin de sa peau, tandis que ses mains, elles, s’empressent déjà de se positionner contre le creux de ses reins. “Ca te semble assez intéressé, là ?” « Non. » Peut mieux faire, qu’hurle son regard quand il croise celui de la jeune femme. Ses intentions sont claires, ses doigts jouent déjà habilement avec la boucle de sa ceinture qu’avec lui, mais tout ceci est un jeu. Même quand ils s’accordent sur une pause, ils ne font en réalité qu’établir de nouvelles règles. “Laisse-toi faire.” Il s’autorise à réduire légèrement la distance entre son visage et le sien, ses lèvres qui s’approchent des siennes sans jamais les toucher ; c’est interdit, après tout. C’est interdit parce que c’est Lily et c’est parce que c’est Lily qu’il désire céder. Mais pas le premier, oh, surtout pas. « C’est toi qui a initié le jeu, va jusqu’au bout. » Et montre-moi quel genre d’adversaire tu es aujourd’hui, Lily.
@Lily Keegan
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| | | | (#)Dim 17 Avr 2022 - 0:05 | |
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| | | | | | | | (alfly #9) oh baby, won't you remind me what i am? |
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