go big or go home
Megan Monroe & @Edge Price

J’ai un pote qui ouvre un studio à Spring Hill. Joséphine m’avait glissé l’information l’air de rien, au détour d’une conversation concernant sa propre reconversion professionnelle (en est-ce réellement une ?). Je n’ai pas avoué à voix haute vouloir changer d’air mais, une chose est sûre, cela fait des mois que je n’ai pas renoué avec la traque, avec l’adrénaline qui vient fatalement de pair avec le fait de pourrir la vie de quelqu’un. Je raconte à qui veut l’entendre qu’avec les préparatifs du mariage, je n’avais pas une minute pour moi mais je sais que c’est un mensonge : la vérité, c’est que j’ai du mal à savoir où j’en suis. Je n’ai pas besoin de passer un test ou je cocherais des croix dans un magazine à la con pour savoir ce que j’aime faire. La photographie a été une évidence dès qu’on m’a collé un appareil dans les mains. J’en ai fait mon métier, mais puis-je réellement considérer que je l’ai fait de la meilleure des façons ? Je ne rougis pas d’être paparazzi. Je me moque bien de violer l’intimité de certains pour décrocher parfois un petit pactole. Mais je ne peux pas prétendre que j’aime les photos que je prends pour autant. Elles sont mon gagne pain, mais loin de satisfaire mon appétit d’artiste. A force d’entendre mes proches - Damon s’est rajouté à Shiloh - me dire que je devrais me lancer, je commence à croire à ces conneries. Je commence à me dire que, en effet, j’ai assez de talent pour faire plus, pour faire mieux, et si travailler dans un studio n’est pas réellement la définition que je fais d’exprimer mon art, c’est un début. C’est un local dans lequel je pourrais développer mes photos personnelles sans payer une petite fortune. C’est un boulot à mi-temps qui plus est, qui me laissera le temps de me mettre un coup de pied aux fesses pour sortir dans la rue et capturer des clichés qui me tiendront plus à cœur. C’est un premier pas dans un monde que j’ai jusque-là à peine touché du doigt.

Alors, curieuse et armée de mon plus bel appareil - quasi neuf, la faute à cette journaliste de pacotille qui a brisé mon ancien - j’ai arpenté Queen Street jusqu’à repérer le fameux local. L’adresse est idéale, et je me demande quel est le genre de gars qui peut se permettre un loyer en plein centre ville. Jo ne m’a guère donné de détails. Elle ne m’a rien dit sur ce mystérieux ami ni sur ce qu’il fait pour gagner sa vie. Si je ne connaissais pas aussi bien Jo, j’aurais pensé qu’il s’agit d’un riche sugar daddy qui l’entretient. Mais madame a des principes et, moi, je ne suis pas plus avancée. Sauf que je n’ai jamais manqué de culot et, une fois le studio repéré - il a l’air repeint récemment, clair et accueillant - j’en pousse la porte en gardant le menton droit et un sourire sur les lèvres.

« Y’a quelqu’un ? » Je referme la porte derrière moi et, déjà, j’entends des bruits de pas à l’étage, quelqu’un qui descend l’escalier pour me retrouver au rez-de-chaussée et force est de constater qu’il ne s’agit pas d’un soixantenaire croulant. Joséphine cache décidément des amis intéressants et moi je me demande si ça cache quelque chose. « C’était ouvert, je me suis permis d’entrer. » Je me permets de toute façon généralement tout ce que j’ai envie de faire. « Je suis Megan, une amie de Jo. Elle m’a parlé de cet endroit et elle m’a dit que vous cherchiez peut-être quelqu’un. » Peut-être que le poste est pourvu, après tout.

Il est impressionnant, le fameux Edge. Il ne ressemble pas au photographe lambda mais je me laisse rarement influencer par les préjugés : j’ai moi même un minois qu’on ne soupçonne pas d’être celui d’une fouineuse. « Je sais pas si vous avez déjà trouvé quelqu’un ou non, mais je me suis dit que tenter ma chance coûtait rien. » Et de toute façon, soyons honnête, je n’avais rien d’autre à faire de ma journée : depuis le retour de notre lune de miel à Damon et moi, je suis comme un lion en cage.

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crédit/(ssweeneys/tumblr) ✰ w/ @Megan Williams

S'il a fallu que tu te pinces les joues plus d'une fois au moment où Yasmine t'a fait un cadeau pareil, tu dois avouer que tu te sens de plus en plus à l'aise dans l'ancienne boutique de Queen Street. La brune a mis un soin tout particulier à s'assurer que tout était en bonne état, de l'électricité à la peinture sur les murs, et elle t'a donné les clefs sans grande hésitation, sachant que tu en ferais quelque chose de bien. Et Yasmine te connait très bien, probablement un peu plus que ta propre personne, et si ton boulot au Brisbane Times te plaît, il est vrai que tu n'as plus vraiment de temps à accorder à tes propres clichés et à tes propres projets. Tu t'es tout simplement dit que ce n'était pas grave, tu es un adulte après tout, tu as des factures à payer à la fin du mois et suivre tel ou tel journaliste pour un projet est plus que passionnant et ce n'est pas comme si tu t'ennuyais au boulot. C'est loin d'être le cas, cependant, quand on sait à quel point tu aimes être en contrôle de ta propre vie, au point que tu détestes toute forme de surprise, n'être que le photographe a de sérieux désavantages. Tu ne fais que suivre les conseils que l'on te donne et réaliser la vision d'une autre personne. Tu ne te qualifierais pas d'artiste, grand dieu non, cependant, pouvoir faire ce qui te plait sans compromis de temps en temps, cela serait un pas dans la bonne direction.

D'où l'annonce mise sur la porte, pour trouver quelqu'un qui aura plus de temps que toi et qui pourra gérer et tenir la boutique, pour le moment, elle n'est pas vraiment ouverte, pas vraiment fermée et tu as déjà investi beaucoup dans du bon matériel. C'est pour cela que tu es là aujourd'hui, ayant décidé de changer l'agencement pour la énième fois depuis le début du mois, éternel insatisfait... et où est-ce que tu as mis cette bâche blanche déjà ? A l'étage, une petite pièce se trouve, plus pour stocker l'excès qu'autre chose, mais quand tu reviens dans la pièce principale, celle que l'on peut apercevoir en se baladant dans Spring Hill, tu distingues une voix féminine. "Je suis là, je suis là..." Que tu marmonnes les bras chargés, te dirigeant vers la voix, tu poses la boite en carton sur le petit comptoir qui se trouve près de l'entrée, faisant face à la nouvelle venue. Oui, tu as sciemment laissé la porte ouverte, pour attirer un ou deux curieux et habitués du quartier, quand elle mentionne Jo, tu fronces cependant les sourcils. "Oh, elle me fait de la pub gratuitement ? Cela va forcément finir par me retomber dessus." Et connaissant Josephine Carter, tu sais que tu n'exagères même pas. Tu lui en as parlé car tu as toujours pour projet de photographier sa grand-mère, Ava, et de l'immortaliser en train de raconter ses histoires et ses récits de jeunesse, la dame est un véritable phénomène et il est facile de voir d'où Jo tire sa personnalité et sa répartie habituelle et sans fin.
"On s'est déjà croisés, non ? " Que tu demandes enfin, fronçant les sourcils, non, pas grâce à Jo, tu ne sais rien de la vie de la serveuse en réalité et si vous n'habitiez pas dans le même quartier, tu ne la croiserais pas aussi souvent. Tu finis par replacer Megan avec un léger sourire sur le visage. "Mais si en Décembre, Edge, j'ai déjà vu ton travail... Et tu peux laisser tomber le vouvoiement, pour te répondre oui, je cherche toujours quelqu'un..." Tu te souviens de la blonde et de ses clichés et de votre discussion sur le meilleur appareil photo disponible après, elle ne t'a même pas trouvé ennuyeux à souhait et pourtant, tu sais que tu as déjà fatigué plus d'une personne de ton entourage avec ton enthousiasme certain pour le domaine et tout ce qui s'y rattache. "Quelqu'un qui sait de quel côté pointer un objectif et qui a un minimum de temps libre..." Tu fais exprès de laisser ta phrase trainer, ton regard marron toujours posé sur Megan. Elle serait la candidate parfaite maintenant que tu y réfléchis et tu n'aurais pas besoin de partir de zéro avec un ou une parfaite étrangère, ou t'inquiéter qu'elle ne considère cela que comme un simple moyen de gagner plus de sous à la fin du mois.

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« Je suis là, je suis là... » Il m’est familier le brun mais pourtant, même moi qui suis physionomiste - résultat de longues heures passées à capturer des visages et les observer développé sur du papier glacé - je ne parviens pas à remettre un nom ou un contexte sur son visage. Je me focalise trop sur Jo - elle est notre point commun - pour parvenir à résoudre cette énigme puisque le hasard a voulu que nous nous rencontrions sans que ça n’ait rien à voir avec notre amie commune. Elle n’a pas précisé à quel point elle le connaissait d’ailleurs, est-ce que cela cache quelque chose ? « Oh, elle me fait de la pub gratuitement ? Cela va forcément finir par me retomber dessus. » J’esquisse un sourire - je suis solaire, ils sont toujours francs et sincères - avant de hocher la tête vigoureusement. « On parle bien de la même personne, si y’avait encore un doute. » Joséphine donne parfois cette impression-là, celle de ne rien faire sans attendre quelque chose en retour, pourtant je sais qu’il y a bien plus sous la surface qu’elle ne veut bien l’admettre. Généreuse sans l’admettre, il y a fort à parier qu’elle était totalement désintéressée en me parlant de Edge.

« On s'est déjà croisés, non ? » Je ne suis pas folle au moins, puisqu’il partage mon étrange impression de déjà vue. « Mais si en Décembre, Edge, j'ai déjà vu ton travail... Et tu peux laisser tomber le vouvoiement, pour te répondre oui, je cherche toujours quelqu'un... Quelqu'un qui sait de quel côté pointer un objectif et qui a un minimum de temps libre... » J’écarquille les yeux, surprise parce que je ne cherchais pas le moins du monde dans cette direction-là. « Edge, oui bien sûr. J’avais gardé ton numéro dans un coin de mon sac à main. » Je suis presque certaine qu’il n’a pas mentionné cet endroit à l’époque, cependant. « Je me trompe ou on avait pas du tout parlé de ce studio ? C’est un nouveau projet ? » Je tente de remettre mes idées en ordre pour nous souvenir de nos sujets de discussion et je les fouille à la recherche d’un indice mais rien ne vient. Ce dont je me souviens, c’est que l’homme était passionné de photographie, pas qu’il en vivait d’une façon ou d’une autre.

Quelqu’un qui sache pointer l’objectif du bon côté. A-t-il rencontré beaucoup de simples incompétents pour bien simplement une ribambelle de millennials pour qui le seul moyen de photographier quelque soit c’est en prenant un selfie ? Force est d’admettre que j’ai succombé également, mais que je réserve ce face sombre de mon art, qui ne mérite même pas d’en faire partie, à mes réseaux sociaux ou mes clichés privés, ceux que j’envoie à Scott. Envoyait. « Je sais tenir un appareil photo en tout cas, je sais pas si j’avais besoin de le préciser… » Puisqu’il a déjà vu mes clichés lors de cette exposition amateur à laquelle Damon m’avait conseillé de m’inscrire, pour me changer les idées et arrêter de tourner en rond dans l’appartement. « Je sais depuis toujours en fait, j’ai toujours vécu de la photo. » Je ne préciserai comment que s’il le demande, cela va sans dire. J’ignore encore à quelle version il aura droit mais je me fais tout de même la réflexion que Joséphine risquerait de vendre la mèche, si je mentais. Elle est loyale, mais cette fille est une véritable pie bavarde. « Qu’est-ce que tu comptes faire de l’endroit exactement ? Des portraits devant une bâche blanche ? » Ennuyeux. « Ou tu veux aller un peu plus loin ? Proposer des séances photo dont les clients viendraient discuter des modalités ici, mais qui se feraient en extérieur ? » Ou au domicile des dits clients. « Joséphine m’a aussi dit que tu cherchais quelqu’un à mi-temps. Ça me va. Pas que j’ai un agenda chargé mais… Mais ça me va. » Parce que je n’ai besoin de travailler est une justification qui doit en agacer plus d’un, alors je m’abstiens. Ce n’est pas qui je suis, de toute façon. Elle est nouvelle, cette sensation que je peux prendre le temps de creuser qui je suis et ce que je veux faire pour la première fois de ma vie.

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Tu n'avais pas encore d'idées précises pour le studio photo jusqu'à quelques jours, cependant, tu ne comptes pas le dire devant Megan et paraitre assuré quand tu ne l'es pas vraiment ? C'est un peu devenu ta spécialité au fil des années. Et puis l'autre photographe pose les bonnes questions et te confirme ses disponibilités, ce qui te fait réaliser que oui, il s'agit bien d'un entretien d'embauche. Est-ce que vous devriez être assis autour d'une table, toi un carnet de notes à la main posant des questions toutes plus envahissantes les unes que les autres, et la blonde de l'autre côté avec un sourire professionnel en tentant de t'impressionner ? Non, très certainement pas, cela ne te correspond pas et rien que d'y penser, tu as envie de grimacer un peu. Le but de l'opération n'est pas qu'elle soit nerveuse et de te faire passer pour le photographe plus âgé et plus expérimenté qu'elle qui en sait beaucoup plus et qui compte le lui rappeler à chacune de vos interactions. Tu détestes les gens qui se sentent obligés de rabaisser les autres pour prouver qu'ils sont talentueux, tu en as regardé de travers et même plus dans une autre vie et dans cette vie-là, alors tu te contentes juste d'hocher la tête, jouant la carte de l'honnêteté jusqu'au bout. "Je te rassure, j'ai un emploi du temps chargé aussi, et si tu n'es disponible qu'à mi-temps, ça ira... Je vois mal qui que ce soit faire la queue devant le studio parce qu'il a urgemment besoin de photos. Ou pour une pièce d'identité et un passeport mais ... on pourra lui dire d'aller se faire voir." Et ta dernière remarque n'était même pas une blague, même pas.
Tu pourrais lui dire que dans le fond, tu n'as pas besoin d'une rentrée d'argent supplémentaire, ce qui est vrai, tu fais surtout cela parce que la photographie a une place toute particulière dans ta vie, cependant, sans être en mesure d'expliquer comment, tu te dis que cela serait de trop, que Megan l'a déjà compris. Sinon elle ne serait pas là, et sinon, elle ne se serait jamais lancée dans une exposition en Décembre. Oui, si tout ça n'était qu'un petit jeu pour elle ou le moyen de faire grossir son nombre d'abonnés sur la toile, elle ne serait certainement pas ici aujourd'hui."Et tu parles à quelqu'un qui vit de ses clichés depuis qu'il a quitté l'université donc on est sur la même longueur d'ondes..." Que tu confirmes avant que ton regard ne se promène sur le petit studio, elle t'a posé des questions plus qu'essentielles et importantes, tu supposes qu'elle veut savoir si c'est un endroit fait pour elle ou si elle doit rebrousser chemin. Une chose que tu comprends et que tu respectes, et tu ferais pareil si tu étais à sa place. "Et honnêtement ? Je ne sais pas encore." Tu réalises que ce n'est pas vraie réponse et ta main droite se perd un peu dans ta barbe avant que tu ne reprennes la parole. "Les portraits seraient bien, mais certainement pas sur une chaise avec des chemises blanches, c'est trop ennuyeux." Au moins, vous pouvez être d'accord sur ce point-là.
"Je suis un peu à l'aise partout donc je pourrais aller en extérieur en fonction de ce que les gens veulent, j'avais en tête le studio photo où les gens viennent pour faire des clichés qui sortent de l'ordinaire. Qu'ils peuvent afficher sur leurs murs et moi dans la vitrine de l'entrée." Tu as en tête la grand-mère de Jo en disant cela, tu avais pour idée de la photographier pendant qu'elle raconte une des histoires de son passé plus qu'animé, cela a eu l'air de la rendre heureuse la dernière fois dans sa cuisine et rien que pour cela, il faudrait se déplacer, aller la rencontrer dans son élément... personne n'est vraiment à l'aise dans un studio photo de ton expérience et tu te vois mal accueillir des mannequins aux expressions trop surjouées et peu naturelles. "Et même de proposer des séances à ceux qui n'y penseraient même pas..." Tu marmonnes les derniers mots, plus pour toi que Megan, avant de te tourner vers elle, c'est confus et un peu abstrait, autant lui montrer où tu en venir. "Je pense que c'est mieux si je te montre mon travail..." Tu dis cela avant de te pencher sur une autre série de boite en cartons, certains ouverts et d'autres non, dénichant des albums et ton portefolio, tu tends deux épais volumes à la jeune femme, pour qu'elle se fasse sa propre opinion.

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Megan Monroe & @Edge Price

Lorsqu’il transféré mon histoire concernant Evelyn Pearson à une feuille de chou de presse à scandale, j’ai été prise d’une culpabilité historique. Les secrets ne font jamais rien d’autre que du mal, cela a été ma devise pendant toutes ces années à exploiter ceux des célébrités pour me mettre un toit au-dessus de la tête, mais ce secret là avait une saveur différente : celle de la détresse. Je ne me suis jamais fixé la moindre règle dans l’exercice de mes fonctions, mais je suis presque certaine d’avoir franchie celle de ma propre morale en confiant les photos du visage tuméfié d’une femme qui a toujours été douce à mon égard à mon contact. A qui causait-il du tort, ce secret là ? Et moi, n’en ai-je pas causé bien plus ?

Alors bien sûr, travailler à mi-temps dans un studio photo ne changera rien et n’est pas une solution à long terme non plus : ce que je suis et ce que je veux être, c’est une artiste à part entière. Mais lorsque Jo m’en a parlé, j’ai estimé que c’était un bon début et que pousser la porte du local fraîchement rénové ne m’engageait à rien. « Je te rassure, j'ai un emploi du temps chargé aussi, et si tu n'es disponible qu'à mi-temps, ça ira... Je vois mal qui que ce soit faire la queue devant le studio parce qu'il a urgemment besoin de photos. Ou pour une pièce d'identité et un passeport mais ... on pourra lui dire d'aller se faire voir. » J’esquisse un sourire radieux, avant de tout de même demander, par curiosité. « Ce qui veut dire que tu ne bosseras pas ici toi-même ? » Ce que je comprends, c’est que le brun cherche quelqu’un pour tenir la boutique pour lui, pas avec lui. « T’as un boulot à plein temps à côté ? » Attend-il de voir si le studio rapporte assez pour payer deux personnes, avant de lâcher son job alimentaire ?

« Et tu parles à quelqu'un qui vit de ses clichés depuis qu'il a quitté l'université donc on est sur la même longueur d'ondes... » Il en va de même pour moi, mais je ne sais pas s’il est intelligent de le préciser. J’ignore ce que Jo lui a dit, mais je choisis de jouer franc jeu. « C’est la même chose pour moi. » Songeuse, je le dévisage. « Jo, est-ce qu’elle t’a parlé de moi ? Elle t’a dit dans quoi je bosse ? » Je ne le confie pas à grand monde, mais si je lui sors le même mensonge qu’aux autres - que je suis photographe de mode - il demandera certainement à voir mon travail et je n’ai rien de récent à proposer. « Et honnêtement ? Je ne sais pas encore. » Il me donne l’impression de ne pas savoir où il va et cela ne m’inquiète pas et ne me dérange pas non plus. Je suis simplement surprise : qui investit dans un local et se lance dans ce genre d’aventure sans avoir élaboré un plan ? Sans avoir réfléchi à un projet qui tient la route ? « Les portraits seraient bien, mais certainement pas sur une chaise avec des chemises blanches, c'est trop ennuyeux. » - « A part pour les photos d’identité, je crois pas que ce soit ce qui intéresse les gens non plus. » Lorsque je suis contactée sur les réseaux sociaux, les gens cherchent souvent des choses bien différentes et il a de la chance : photographier les gens, c’est ma spécialité autant que ce que j’aime faire. Je trouve bien plus d’intérêt à capter toute la personnalité d’une personne à travers un cliché plutôt qu’à photographier un paysage, aussi époustouflant soit-il. C’est la vie, ce sont les expériences de chacun que j’aime capturer. « Je suis un peu à l'aise partout donc je pourrais aller en extérieur en fonction de ce que les gens veulent, j'avais en tête le studio photo où les gens viennent pour faire des clichés qui sortent de l'ordinaire. Qu'ils peuvent afficher sur leurs murs et moi dans la vitrine de l'entrée. Et même de proposer des séances à ceux qui n'y penseraient même pas... » Ce que j’aime moi, c’est me balader dans la rue pour saisir les émotions dans toute leur sincérité. Alors je l’aime bien, sa façon de voir les choses. « Je pense que c'est mieux si je te montre mon travail… » - « Oui, bien sûr ! » Je le suis jusqu’à l’arrière pièce et, lorsqu’il me tend un épais volume, je l’attrape pour l’ouvrir et le feuilleter délicatement. Sans surprise, ce sont ses portraits qui retiennent bien plus mon attention. Que ses modèles soient seuls ou bien en groupe, il saisit avec finesse la personnalité de ces inconnus : en les observant sur papier glacé, on devine le caractère des uns et des autres. « Elles sont réussies. Surtout les portraits. » Je lui rend le premier volume et, tandis que je feuillette l’autre, je relève les yeux vers lui. « J’ai pas pris mon portfolio avec moi. Une chance que t’aies vu mon travail à l’exposition. Et j’ai pas non plus de site dédié pour présenter mon travail. » Puisque, jusque-là, vivre des photos que j’aime prendre n’était qu’une lointaine utopie. « Mais je tiens une page instagram où je poste les clichés dont je suis fière. Je peux te la montrer. » Si toutefois cela l’intéresse, je lui tendrai mon téléphone dans l’instant.

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crédit/(ssweeneys/tumblr) ✰ w/ @Megan Williams

Tu n'es pas idiot, tu sais qu'il y a des tas de studio photos et de photographes freelance et tous plus talentueux les uns que les autres dans les rues de Brisbane... et pourtant, tu prends très à cœur les paroles de Yasmine et cet espace dont elle t'a fait cadeau, en plus, pour laisser parler tes élans créatifs. Il ne s'agit pas de faire mieux que les autres, il ne s'agit même pas de se faire plein de sous ou même de devenir célèbre, c'est juste pour faire ce que tu fais de mieux. Prendre des clichés, te cacher derrière un objectif pour pouvoir faire briller et montrer le monde et les gens tels que tu les vois. Ni plus, ni moins, tu as passé l'âge de prétendre que tu étais vraiment un artiste ou que tout cela avait un sens, cela te rend heureux, ce n'est pas dangereux et ça te tient loin de ton addiction alors oui... c'est tout bénéfique pour toi. "Ouais, je  fais des photos pour le Brisbane Times, c'est ça qui paye mes factures en réalité. Mais je serais là pour superviser." Et tu essayes de répondre à la question de Megan de la façon la moins arrogante possible, tu ne sais pas si tu y arrives, tu n'en sais rien du tout, mais maintenant, elle a ton portefolio entre les mains et tu croises les bras sur la poitrine, hochant la tête.
Tu es fier de tous tes clichés, tu as progressé depuis tes débuts et il est clair que les nombreux voyages que tu as effectués ont façonné ta façon de voir les autres, le monde, ton environnement, tout en fait. Tu ne sais pas si cela est visible sur les clichés, si la luminosité est bonne, si le contraste est le bon, si le sujet est le bon, mais cela ne comptait pas au moment où tu as pris le cliché et que tu avais l'impression de tout réunir. "Je vais être franc avec toi, on a pas ce genre de relations Jo et moi, on passe plus de temps à s'envoyer des piques ou se moquer des gens qu'à avoir des conversations à cœurs ouverts…" Que tu précises tandis qu'elle tourne une page, histoire de mettre les choses au point et de lui indiquer qu'il n'y aura pas vraiment de traitement de faveurs. Et encore une fois, Josephine Carter n'est pas une femme que tu imagines entourée d'un paquet d'amis. Des gens qui la craignent, qui lui doivent quelque chose et qui l'admire sans doute... mais des amis ? Jo parait un peu trop cassante pour se laisser avoir, il y a une histoire derrière tout ça, tu le sais, personne ne se construit une armure aussi solide sans raison valable, mais si tu lui posais la question, elle ferait certainement plus que prendre une photo de son décolleté avec ton téléphone portable. Certainement plus.
"Si j'essayais, elle me dirait que ça ne me regarde pas, avec un immense sourire sur le visage. Ce que je comprendrais hein..." Ce n'est pas une critique que tu fais là, bien au contraire, tu n'as aucun droit de lui demander des informations supplémentaires, plus que celles que tu as déjà, vous n'avez pas ce genre de relations et à ce stade, tu considères plus Jo comme ta petite sœur teigneuse qu'autre chose. Megan est donc la bienvenue ici, tu vas la juger sur son talent et pas sur autre chose. "Merci..." Que tu commentes enfin quand elle te rend le premier album. "Ma page insta me sert surtout à poster des photos de ma petite amie... je suis certain que la tienne est mieux." Tu indiques d'un signe de tête que tu veux en voir plus et tu te retrouves avec son téléphone entre tes mains, à regarder des clichés via une application familière. "Je vois que je ne suis pas le seul qui a une affinité pour les portraits." Tu marmonnes les mots sans vraiment t'en rendre compte et la réalité c'est que Megan est douée, plus que douée et qu'il faudrait être un idiot pour lui dire non.
Lui rendant son téléphone, tu prends aussitôt ta décision, lui offrant un autre sourire. "Alors... si t'es occupée et que moi aussi, on peut sans doute avoir des horaires réduits, tu aurais une clef et tout ... genre du lundi au samedi de 10h à 16h. Et non je ne travaille pas le dimanche, je fais la grasse matinée, de préférence sur ma copine..." Tu laisses échapper un petit soupir, ayant également une pensée pour Yasmine, tu te reprends cependant bien vite, avant que ton esprit ne dérive véritablement vers la brune. "Tu peux commencer quand ?"

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Megan Monroe & @Edge Price

« Ouais, je  fais des photos pour le Brisbane Times, c'est ça qui paye mes factures en réalité. Mais je serais là pour superviser. » Je hoche la tête, loin d’être une petite idéaliste écervelée qui pense qu’il suffit de volonté pour réussir à vivre de ses rêves. « C’est quoi le but ? Quitter ton boulot si jamais t’arrives à faire marcher le studio photo assez pour que ce soit ça qui paye les factures ? » Ou bien considère-t-il le local comme un à côtédestiné à lui permettre d’explorer ses passions sans avoir la prétention d’un jour en vivre ? Pour moi, cela ne change pas grand chose. Mais pour bosser avec quelqu’un ou, plutôt, pour quelqu’un, je préfère avoir l’impression que j’ai réussi à le cerner un minimum. Si je suis du genre à me jeter dans l’inconnu à bras ouverts dans la quasi totalité des domaines de ma vie, la photographie est un domaine à part, à mes yeux. « Je vais être franc avec toi, on a pas ce genre de relations Jo et moi, on passe plus de temps à s'envoyer des piques ou se moquer des gens qu'à avoir des conversations à cœurs ouverts… » Je ne suis pas surprise : la brune n’est pas vraiment du genre à avoir de longues discussions avec ses proches : elle ne le fait pas même avec moi et j’ai assez de prétention pour croire que je fais au fond partie de ses seuls vrais amis. « Si j'essayais, elle me dirait que ça ne me regarde pas, avec un immense sourire sur le visage. Ce que je comprendrais hein... » Je hausse les épaules. « Tu serais bien le premier employeur à pas te soucier du contenu du CV d’un salarié. » La plupart m’aurait fait passer un entretien en bonne et due forme, et si je préfère être jugée sur mon travail, je n’en suis pas moins surprise. « Donc la réponse t’intéresse pas ? » Si je peux garder pour moi la façon dont je gagnais ma vie, cela me convient.

Je suppose que je n’ai pas de droit de regard sur son travail à lui, mais je m’intéresse tout de même à ses photographies. Si elles été été trop clichés, le genre modèle assis sur un tabouret en train de croquer dans une pomme, je n’aurais pas donné suite, qu’il m’ait été recommandé par Joséphine ou pas. « Merci… Ma page insta me sert surtout à poster des photos de ma petite amie... je suis certain que la tienne est mieux. » -  « Elle est magnifique. » Sa petite amie autant que les clichés qu’il en tire, d’ailleurs. Si j’étais le genre de jeune femme peu sûre d’elle, j’aurais détesté la brune instantanément : les belles femmes reçoivent souvent ce genre de réaction de leurs semblables. « Je vois que je ne suis pas le seul qui a une affinité pour les portraits. » - « C’est ce que je préfère. Enfin, ce que je préfère, ce sont les émotions spontanées, mais c’est plus dur avec un shooting planifié. » C’est la raison pour laquelle beaucoup de mes clichés représentent des inconnus pris sur le vif.

« Alors... si t'es occupée et que moi aussi, on peut sans doute avoir des horaires réduits, tu aurais une clef et tout ... genre du lundi au samedi de 10h à 16h. Et non je ne travaille pas le dimanche, je fais la grasse matinée, de préférence sur ma copine... » Je réfléchis et me mets dans la peau d’une femme d’affaire. La vérité, c’est que je n’ai pas besoin de travailler mais ce n’est pas un paramètre que je prends en compte : je ne peux pas dépendre de mon époux, surtout pas quand notre mariage n’a rien de réel. Ce n’est pas ce boulot qui représentera la majeure partie de mes économies. Il sera important à mes yeux, mais je n’ai pas envie de me précipiter dans quelque chose sans réellement savoir si ça pourra me convenir. « J’ai pas l’intention de bosser le dimanche non plus. Tu me le passer sur qui tu veux, je suis pas du genre à poser des questions invasives. » Et ça, c’est l’unique mensonge que je m’autorise pour décrocher le job. Il découvrira ma curiosité et mon manque de limites et de notion de jardin secret plus tard. « Tu peux commencer quand ? » - « Je peux commencer rapidement. Mais je bosse pas le vendredi et le samedi. » J’ai besoin de savoir si cela peut me plaire avant de me lancer là dedans corps et âme. « Je peux shooter, mais je tiendrai pas la boutique ces jours-là. A prendre où à laisser. Je suis prête à bosser plus les autres jours pour compenser… » Je n’ai jamais été une tire au flanc. « Mais j’ai besoin de temps pour me concentrer sur mes autres photos. Je veux pouvoir exposer plus régulièrement que je le faisais, faire plus d’événements comme en décembre. » Parce que je veux percer ou, en tout cas, pour la première fois de ma vie, je veux mettre toutes les chances de mon côté. « Si ça te convient pas, je comprendrais. »

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crédit/(ssweeneys/tumblr) ✰ w/ @Megan Williams

"Du moment que tu ne m'annonces pas que tu étais une criminelle dans une autre vie, ça ne regarde que toi, pas vrai ?" Tu lâches la blague dans un haussement d'épaules, sauf qu'il ne s'agit pas complètement d'une plaisanterie. La blonde est jeune, plus jeune que toi et tu ne feras certainement pas parti des ainés qui jugent, commentent et analysent tous les détails de sa vie pour lui dire qu'elle est dans le faux. Il ne s'agit que de votre deuxième rencontre, la première où vous n'êtes que tous les deux et pour le moment, Megan te parait comme une personne franche et clairement motivée à propos de ce projet. Tu peux comprendre pourquoi elle gravite dans l'orbite de Josephine, il faut bien être accroché et avoir des idées bien arrêtées pour fréquenter la brune et cela semble être le cas de Megan alors, non, tu n'es pas surpris. Tu as tes conditions, elle a les siennes, rien ne te semble si déraisonné que cela, il ne s'agit pas d'un boulot où il faut venir à neuf heures tapantes, pour repartir en début de soirée après trop de cafés et beaucoup de regrets. Tu as déjà eu ce genre de boulot et tu ne souhaites vraiment pas retourner en arrière, ou que Megan reparte avec une mauvaise expérience de tout cela.
Il s'agit d'un boulot qui n'en sera pas vraiment un, pour partager votre passion respective, prendre beaucoup de photos et probablement faire quelques heureux au passage. Car après tout, si tu peux réussir à convaincre Yasmine de se prêter au regard inquisiteur de ton objectif, tu peux convaincre n'importe qui de se prêter à ce jeu-là, et c'est bien pour cela qu'il y a bien un sourire sur ton visage quand Megan te fait remarquer qu'elle est magnifique. Chose que tu répètes à la concernée souvent. "Au moins on est d'accord là-dessus, on sera fermés le dimanche." Et tu es rassuré par les mots suivants de Megan, tu n'es pas vraiment curieux de nature, il faut dire que tu es passé maitre dans l'art de faire croire aux gens qu'ils sont très proches de toi, pour qu'en réalité ils se rendent compte que non, tu n'en as pas tant révélé que cela sur ta propre personne ou sur ton quotidien. Tu ne cherches pas à cultiver l'image d'un type mystérieux, bien au contraire, c'est juste que certaines choses ne sont partagées qu'avec quelques privilégiés et ce pour des raisons qui ne regardent que toi.
Mais les conditions de Megan sont plus que raisonnables, elle doit sûrement s'attendre à un refus de ta part et quelqu'un d'autre froncerait les sourcils en la voyant être aussi catégorique, décidemment pas toi, il est important de savoir ce que l'on veut et ce que l'on ne veut pas. "Cela me va et je comprends parfaitement. Tu aurais les clefs comme j'ai dit donc si tu veux venir bosser sur tes projets persos ici, ça me va... j'ai fini d'installer la chambre noire alors et oui, je suis de la vieille école." Tu sais très bien comment traiter tes clichés derrière l'écran d'un ordinateur, tu as appris comment et les logiciels graphiques n'ont plus de secret pour toi, mais tu aimes tout autant faire cela que de te perdre dans une chambre noire à mixer différents composés pour obtenir exactement le résultat voulu ; les deux méthodes se valent bien selon toi. "Tout ça pour dire que oui, ça me convient Megan." Tu réponds enfin aux inquiétudes de la blonde. "Donne-moi quelques jours pour te faire une copie des clefs et mettre nos horaires sur la porte et on sera prêts." Cela te semble raisonnable à dire vrai et tu ne pensais pas trouver quelqu'un d'intéressé et d'expérimenté aussi vite. "Je pensais donner quelques flyers aux commerçants et aux passants du coin pour leur dire qu'on est officiellement ouvert mais si t'as une meilleure idée, fais le moi savoir, j'écoute mes employés." Un instagram ou même un vrai site internet serait beaucoup plus approprié, si tu ne t'y connais pas du tout dans le deuxième domaine, tu tâtonnes et tu sais que Megan saura mieux se débrouiller que toi... beaucoup mieux que toi. "Il nous faudrait un nom aussi, je manque clairement d'inspiration aujourd'hui, on n’est pas obligés de tout décider là maintenant." Et de ton expérience, précipiter les choses n'est jamais bon. "Tu as déjà mon numéro de téléphone dans tous les cas donc il suffit juste de me dire quand tu peux commencer par texto et on s'arrange."

go big or go home
Megan Monroe & @Edge Price

« Du moment que tu ne m'annonces pas que tu étais une criminelle dans une autre vie, ça ne regarde que toi, pas vrai ? » J’esquisse un sourire, surprise mais pas moins amusée, avant de le rassurer. « Rien de ce style, tu peux dormir sur tes deux oreilles. » Le métier de paparazzi est peut-être immoral mais n’est pas encore illégal : c’est déjà ça. Quoi qu’il en soit, cela restera donc mon secret, et c’est tant mieux.

« Au moins on est d'accord là-dessus, on sera fermés le dimanche. » Je suis volontaire, motivée et pugnace, mais je suis aussi déjà en train de m’habituder à pouvoir m’offrir un certain train de vie sans lever le petit doigt. La photographie, c’est pour me prouver quelque chose à moi même. Quoi, cela reste encore à définir. C’est la raison pour laquelle je pose mes conditions sans avoir peur d’être mise à la porte : que c’est agréable, de ne pas avoir besoin de travailler. Cependantn, Edge ne tique pas et accepte mes conditions sans tenter de négocier, ce qui me fait dire qu’il est soit particulièrement désespéré, soit particulièrement pressé d’ouvrir et intéressé par mon travail. Pour flatter mon égo, je choisis de croire en la seconde théorie. « Cela me va et je comprends parfaitement. Tu aurais les clefs comme j'ai dit donc si tu veux venir bosser sur tes projets persos ici, ça me va... J’ai fini d'installer la chambre noire alors et oui, je suis de la vieille école. » - « J’utilise encore mon argentique. Alors je suppose que je suis aussi de la vieille école. » A vrai dire, il n’y a rien que j’aime plus que de m'enfermer seule dans une chambre noire pendant des heures. Mon premier appareil, celui que Billie m’a offert, était un de ceux là, même si, à l’époque, j’emmenais mes pellicules chez un professionnel pour les faire développer. « Tout ça pour dire que oui, ça me convient Megan. Donne-moi quelques jours pour te faire une copie des clefs et mettre nos horaires sur la porte et on sera prêts. » Je hoche la tête avec professionnalisme mais malgré tout sans trop savoir comment il convient de sceller notre accord. « J’ai un contrat à signer ? Ou tu compte te contenter d’une poignée de main ? » J’esquisse un sourire, avant de ramener sur le devant de la scène la question du salaire. « Quatre jours de travail donc. Combien je vais gagner pour ça ? » A nouveau, je ne fais pas ça pour l’argent. Pour autant, il est à la racine de beaucoup de mes pensées et hors de question que je néglige la question.

« Je pensais donner quelques flyers aux commerçants et aux passants du coin pour leur dire qu'on est officiellement ouvert mais si t'as une meilleure idée, fais le moi savoir, j'écoute mes employés. » - « Les réseaux sociaux, c’est ce qui marche le mieux pour notre cœur de métier. Oublie Facebook, c’est sur instagram qu’il faut se concentrer. » Dans un second temps, il faudra créer un site internet où trouver toutes les informations complémentaires. Mais pour attirer l’attention avec un nouvel établissement, il doit tabler sur mieux que mes flyers. « C’est pas pour autant qu’il faut oublier les flyers. Mais il faut trouver quelque chose qui retienne l’attention. » Une forme différente ou autre chose. « Et une qualité irréprochable. T’auras l’impression de jeter de l’argent par les fenêtres, mais il faut y mettre le prix. » Moi, je réfléchis déjà à comment faire marcher mes relations pour que l’ouverture soit un succès. En parlant d’ouverture… « Et on peut pas juste ouvrir. Il faut proposer une soirée, quelque chose pour marquer le coup. Je verrai si je peux utiliser le carnet d’adresse de la famille de mon mari. » Ou en tout cas la portée de la galerie d’Auden, artiste certainement bien plus célèbre que nous ne le serons jamais, Edge et moi.

« Il nous faudrait un nom aussi, je manque clairement d'inspiration aujourd'hui, on n’est pas obligés de tout décider là maintenant. » Je plisse le front, signe de réflexion, mais rien ne me vient. « Je vais y réfléchir. » Même si je pense que cela doit venir de lui : je ne suis qu’une employée, il l’a dit et je l’ai retenu : pour cause, ça m’a fait grincer des dents. « Tu as déjà mon numéro de téléphone dans tous les cas donc il suffit juste de me dire quand tu peux commencer par texto et on s'arrange. » Minutieusement - étrangement, il n’y a que dans le travail que je fais preuve d’un minimum d’organisation - j’ouvre mon agenda. « Je vais réfléchir et te proposer quelques dates, pour l’ouverture. Il faudra tirer quelques-uns de tes clichés en grand format. Et quelques-uns des miens aussi. » Pas simplement par vanité : mais parce que c’est ce qui intéressera de potentiels clients de connaître la qualité de notre travail. Je m’interromps avant de le dévisager : je vois peut-être trop grand, plus grand qu’il ne l’aurait voulu.

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{go big or go home}
crédit/(ssweeneys/tumblr) ✰ w/ @Megan Williams

Quelque chose commence à se dessiner, juste là, au fil de ta conversation avec Megan et tu ne pensais pas que cela se ferait aussi rapidement. Vraiment pas. Elle est aussi directe que toi, un très bon point si on te demande ton avis et tu constates que si la jeune fille n'est pas là pour perdre son temps, c'est mieux pour tout le monde au final et ça évite les sourires polis et les faux-semblants. Tu supposes aussi qu'elle aurait déjà tourné les talons dans le cas contraire et que tu aurais fini par poster cette annonce pour chercher quelqu'un de compétent, plus besoin maintenant tu le sais et quand elle te parle déjà de contrat, la blonde a bien un sourire sur le visage, si bien que tu te retrouves à sourire aussi, avant de hausser les épaules. "On peut se contenter d'une poignée de main pour le moment et je m'occupe de ton contrat... pour ton salaire ça dépend, combien est-ce que tu cherches à gagner ?" Il faut le dire, tu n'as jamais été le patron de qui que ce soit et même si tu as les épaules qu'il faut pour le job, du temps où tu fréquentais encore les allées de la station de police de Brisbane, tu aimais bien donner des ordres, mais seulement parce que tu estimais être entourés de purs incompétents.
Cependant, tu n'as jamais été aux commandes comme cela et on pourrait te reprocher de ne pas avoir bien réfléchi à tout cela, ce serait vrai dans un sens, tu ne dresses pas des listes pour tout contrôler et faire disparaitre ton anxiété, non, tu suis tes tripes et là tout de suite, tu es curieux de savoir ce que Megan va demander ou négocier. Ce serait intéressant, et elle fait peut-être une bonne remarque avec son idée de soirée. "Quelque chose qui retienne l’attention ?" Que tu dis tout de même dubitatif parce que personne n'attire aussi bien l'attention que toi, cependant, tu avais juste considéré le petit studio photo comme cela. Juste un studio photo. Cela ne te serait jamais venu à l'esprit d'inviter des gens ici et de considérer l'accomplissement comme quelque chose d'important. Cela l'est, il suffit que la blonde le soulève pour que tu le réalises et le  "Ah bon?" que tu lâches n'est pas très convaincant. Ton regard se promène sur le studio l'instant suivant, et tu hoches la tête, passant un accord silencieux avec toi-même. Tu peux bien ranger ton aversion pour ce genre d'événement de côté pendant quelques heures, ce serait une bonne occasion de voir des gens qui ont la même passion, alors pourquoi pas ?
"Va pour une soirée d'ouverture mais tu seras en charge de la plupart des choses niveau organisation, hein, j'espère que tu en as bien conscience." Tu ponctues ta phrase par un haussement de sourcils, afin de lui faire bien souligner que si elle accepte et que vous finissez par vous serrez la main ou signer quoi que ce soit, ce sera sûrement sa première tâche en tant qu'employée. Parce que si tu es en charge, il s'agira plus d'une réunion devant un slideshow et du jus de pomme dans des verres en plastique alors... ce ne sera pas très glorieux et cela ne correspondra très certainement pas à ce que Megan a en tête, c'est certain. "Il suffit juste de me dire où et quand, et combien ça va me coûter cette petite histoire, je m'occupe de faire tirer quelques clichés, les miens et les tiens..." Tu restes dans ton domaine encore une fois, la photographie, ne préférant ne pas sortir des sentiers battus et laissant Megan exécuter sa vision et tout ce qu'elle a en tête il te semble. Tu as déjà quelques clichés en tête qui mériteraient d'être exposés et une version en grand et tu demandes ce qu'il faudrait pour réussir à convaincre Yasmine que si, même certains clichés d'elle mérite d'être exposés.
C'est une bonne question, que tu ranges dans un coin de ta tête avant de reprendre la parole : "Faudra qu'on se mette d'accord sur une date donc, histoire de, mais si j'ai bien compris tu as un emploi du temps aussi chargé que le mien mais..." Mais vous devrez bien y trouver votre compte et rien ne presse à tes yeux, c'est quelque chose que tu voyais bien trainer sur la durée, entre ton boulot, ta recherche de logement avec Yasmine et tous les petits tracas du quotidien... oui, autant ne rien précipiter et, chose que Megan apprendra rapidement, tu es très pointilleux et perfectionniste quand tu t'y mets. "Cela devrait le faire, qu'est-ce que tu en penses ?"

go big or go home
Megan Monroe & @Edge Price

« On peut se contenter d'une poignée de main pour le moment et je m'occupe de ton contrat... pour ton salaire ça dépend, combien est-ce que tu cherches à gagner ? » Les questions sérieuses, les questions d’adultes comme aurait dit la gamine que j’étais encore il y a quelques années, sont abordées et je réfléchis quelques secondes à la réponse à apporter à cette question. « Je sais ce que c’est que de lancer une affaire. Alors pour salaire fixe, le minimum me suffit. Mais je veux une partie variable, une commission sur les contrats que je décroche et les shoots que je réalise. » L’arrangement me paraît honnête : ainsi, Edge n’a pas à craindre de crouler sous le poids de mon salaire d’employé lors des premiers mois de vie du studio, et c’est mon travail qui définira ce que je gagne. Je n’ai jamais eu peur de ça : jusque là, j’étais payée uniquement à la commission.

« Quelque chose qui retienne l’attention ? »
« Quelque chose fait par un professionnel. »

S’offrir les services d’une agence de communication n’a souvent rien d’un luxe contrairement à ce que l’on pourrait croire : pour réussir le lancement d’un nouveau business, c’est à mes yeux une nécessité. « Ah bon ? » - « Heureusement que je suis là. » Une pointe d’humour s’invite dans la conversation. Face à la surprise de Edge, je devine sans mal qu’il n’avait rien envisagé du genre. Moi, je ne sais pas faire autrement que voir les choses en grand, et ce genre de soirée permettra au studio d’obtenir une visibilité dans les cercles qui comptent. « Va pour une soirée d'ouverture mais tu seras en charge de la plupart des choses niveau organisation, hein, j'espère que tu en as bien conscience. » - « Et ça me convient. Je suis à l’aise avec ce genre de choses. » Je l’étais avant même d’évoluer dans l’univers de ma belle famille. « Je sors de l’organisation d’un mariage avec trois cents invités dont une bonne moitié d’italiens. Une soirée de lancement, c’est du gâteau à côté. » Je laisse échapper un rire, avant de serrer la main que le brun me tend : je suis confiante sur la réussite de notre association. « Il suffit juste de me dire où et quand, et combien ça va me coûter cette petite histoire, je m'occupe de faire tirer quelques clichés, les miens et les tiens... » Je hoche la tête. « Je vais t’envoyer ma sélection. » De clichés, évidemment. J’ai déjà en tête ce qui peut plaire au public que j’envisage pour l’ouverture. « Faudra qu'on se mette d'accord sur une date donc, histoire de, mais si j'ai bien compris tu as un emploi du temps aussi chargé que le mien mais... » « Je reviens vers toi dès que j’aurais eu l’occasion d’en parler à mes contacts. » J’espère que l’oncle slash père de Damon, Auden, sera disposé à me filer un coup de main ou, au moins, à m’autoriser à mettre le nez dans son carnet d’adresse certainement bien fourni. « Cela devrait le faire, qu'est-ce que tu en penses ? » - « Je suis sûre que ce sera parfait. » Edge a l’air d’être attaché à ce projet, il a l’air d’être prêt à se donner les moyens pour que tout fonctionne et, de mon côté, je ne suis pas connue pour tomber à court d’huile de coude. Toute ma pugnacité, je suis prête à la mettre à son service et je n’ai jamais peur de mettre les mains dans le camboui. « Je vais te laisser mon numéro de téléphone. » J’ai déjà le sien. « J’ai hâte de m’y mettre, en tout cas. » N’est-ce pas délicieux que de trouver une nouvelle occupation dans laquelle mettre toute l’énergie que j’ai à revendre ?