Le problème de la vie c'est qu'il y en a qu'une

@swann buchanan & maddy griffiths

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Les paroles de Sergio raisonnaient encore dans l’esprit de la future maman. Elle devait assumer cette grossesse, quelque soit le dénouement. Elle devait se montrer courageuse et arrêter de se cacher derrière ses petits secrets. Maddy ne pouvait plus camoufler son ventre qui s’arrondissait de jour en jour. A part deux-trois personnes au courant de sa grossesse, le secret restait le plus total. Maddy sortait peu de chez elle, elle était dévastée depuis l’accident de moto de Sergio. Leurs retrouvailles s’étaient très mal passées étant donné que leur dernière conversation avant était une dispute. Rien de tout cela ne serait arrivé si Maddy avait annoncé la nouvelle à Cesar en premier. Le ton était monté entre les deux hommes, ils en étaient arrivés aux mains et Maddy avait découvert cette scène de combat au pire moment dans son atelier.

La femme enceinte essayait de se concentrer sur le positif. Sergio était toujours vivant, le père de son enfant respirait encore à défaut de pouvoir marcher. Elle arrivait à avoir quelques nouvelles via Cesar mais elle n’osait toujours pas retourner le voir. La conversation semblait brisée entre l’actrice et son agent. Alors Maddy avait décidé de se concentrer sur autre chose, de faire ce qu’elle avait toujours le mieux fait, parler à ses amis qui étaient devenus une deuxième famille pour elle. Pour une fois, Maddy avait choisi de son plein gré d’annoncer l’heureuse nouvelle à Swann. Elle savait qu’il serait le plus compréhensif d’entre tous. Elle commencera par lui et après elle l’annoncera à ses parents. Elle se fit cette promesse silencieuse avec elle-même.

Maddy avait attendu le retour de vacances de Swann pour le convier au restaurant. La Griffiths n’avait pas fait les choses à moitié. C’était un moment important pour elle, pour eux. Elle avait choisi un restaurant gastronomique français, où ils pourraient être au calme, rien qu’entre eux. Maddy était un peu stressée en se préparant ce soir-là. Elle était restée de longues minutes sous la douche, avant de se sécher et enfiler une jolie robe de grossesse. Elle ne voulait plus cacher son ventre mais le mettre en valeur. Dans une petite enveloppe, elle avait même glissé sa première échographie qu’elle voulait montrer à son ami.

20h20. Maddy avait un peu d’avance alors qu’ils s’étaient rendez-vous pour la demie. Pourtant, elle voulait garder la surprise. Elle était déjà assise à la table qui leur était réservée. La nappe blanche cachait son petit ventre naissant. Un serveur était venu lui demander si elle avait soif, mais elle préféra attendre Swann. A 20h30, elle vit l’anglais apparaitre dans son champ de vision. Elle lui adressa un sourire et lui fit un signe de la main. Le jeune homme s’installa en face d’elle, Maddy avait le cœur qui battait un peu trop fort dans sa poitrine, mais elle garda son sourire. « Hey Swann, je suis contente de te revoir. » qu’elle lui dit d’une voix douce, espérant de tout cœur que cette annonce allait se passer au mieux.

Tout est beau, tout est grandiose, tout est millimétré. Ce monde n’est pas celui de Swann, il est aussi loin d’être celui dans lequel il se sent pleinement à l’aise, mais loin de lui l’idée de refuser un restaurant. Loin de lui l’idée de refuser un repas avec Maddy, qui plus est. Les dernières semaines écoulées ont été intenses pour lui, et un moment suspendu dans le temps n’a rien d’une mauvaise idée, bien au contraire. Il est heureux rien qu’à l’idée de la retrouver, cette vieille amie qui représente à elle seule une vague de fraîcheur. Son cœur se serre simplement à l’idée de laisser Rory seul, quand bien même il n’est pas un enfant, quand bien même ce n’est sans doute qu’une question de deux, trois heures maximum. Il sera de retour auprès de lui à la seconde même où la discussion entre les deux têtes blondes prendra fin, sans vouloir expédier cette dernière pour autant. Sa blessure n’aura pas bougée d’un iota, pour le plus grand désespoir du brun qu’il observe déjà ruminer en silence à l’idée de devoir rester chez lui, condamné à attendre que les minutes passent pour qu’un nouveau jour arrive, encore et encore. Le sentiment d’inutilité ronge à son tour Swann, mais il sait aussi qu’il est loin d’être celui à plaindre dans toute cette histoire: il se contente de rester présent pour soutenir l’homme qu’il aime, c’est ce qui importe réellement.

Il sourit avant même d’entrer dans le restaurant, Swann. Il n’a aucune raison de ne pas être heureux en cet instant, quand bien même il sait qu’il gardera un œil soucieux sur son téléphone, au cas où il recevrait un message de son petit-ami. Pour le moment du moins, il se réjouit simplement à l’idée de retrouver Maddy, laquelle ne fait que faire briller un peu plus ses yeux lorsqu’il les pose sur elle. L’anglais pose brièvement une main contre son épaule et un baiser contre sa tempe, salutations d’un ami éternellement soucieux à son égard. « Hey Swann, je suis contente de te revoir. » Sa voix est posée, sans doute bien trop posée pour sembler totalement naturelle. Elle éveille la curiosité de l’anglais mais il n’en dit pas plus en l’instant, se contentant d’abord de prendre place sur la chaise face à elle, pile à l’heure pour le rendez-vous. “Moi aussi.” Souhaitant faire les choses dans l’ordre, il confesse donc en premier lieu. Leur dernière discussion remonte à bien trop longtemps à ses yeux, mais loin de lui l’idée de la tenir coupable d’une telle chose, raison pour laquelle il préfère ne rien dire de ses pensées. Elle est face à lui en cet instant, c’est tout ce qui importe. “Tu vas bien ? Tu as une petite mine, sans vouloir te vexer.” Son point de vue est avancé avec délicatesse, simple signe qu’il a déjà compris que tout n’était pas forcément au beau fixe pour elle et que cette invitation n’est peut-être pas sans arrières pensées. Simple signe qu’il sera toujours là pour elle, peu importe la situation, et que ses propres tourments passeront toujours au second plan.

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Swann avait toujours été bienveillant envers Maddy, et cela depuis leur première rencontre. Elle se sentait en confiance de lui annoncer la grande nouvelle, même si les intonations de sa voix trahissaient légèrement ce qu’elle prépare. « Moi aussi. » Délicatement, il posa une main sur son épaule et vint embrasser sa tempe d’un geste affectueux. « Tu vas bien ? Tu as une petite mine, sans vouloir te vexer. » Lui demanda l’anglais prenant place en face d’elle. Cela faisait quelques semaines qu’ils n’avaient pas pris le temps de se voir, rien que tous les deux. Bon nombre de choses s’étaient déroulées dans la vie de l’actrice. Bonnes comme mauvaises. Discrètement, elle ne put s’empêcher de caresser son ventre arrondi sous la table. Son cœur palpitait à l’intérieur de sa poitrine. « Ça se voit tant que ça ? » dit-elle avec un petit rire. Swann et Maddy avaient échangé quelques messages durant les fêtes de fin d’année. Cette dernière lui avait appris qu’elle était un peu fatiguée ces derniers temps, sans pour autant lui donner des explications supplémentaires. Elle ne se sentait pas encore prête de parler de sa grossesse à quiconque. La Griffiths avait un peu perdu le contrôle de la situation avec les nausées du premier trimestre. Elle avait perdu quelques kilos et elle commençait à peine à reprendre des couleurs. Désormais elle se sentait plus sereine depuis qu’elle avait fait l’échographie et que le bébé se portait à merveille. Il n’y a que le papa qui était en mauvais point en ce moment. Cela inquiétait énormément l’actrice, mais elle savait qu’il en fallait plus pour mettre à terre le Gutiérrez. Si Sergio avait été capable de s’énerver contre Maddy lors de sa dernière visite, c’est qu’il se portait bien. « En tout cas, tu as meilleure mine que moi. » ajouta-t-elle. Les photos de Rory et Swann n’étaient pas passées inaperçues sur les réseaux sociaux. Maddy les trouvait absolument adorables ensembles. Ils formaient un très joli couple. « C’est donc ça d’être amoureux. » qu’elle le taquina gentiment, posant son menton dans le creux de sa main, sans le quitter du regard. Cela donnait espoir à l’éternelle romantique de trouver chaussure à son pied un jour. Mais chaque chose en son temps, toute l’attention de Maddy était dédiée à sa grossesse. « Je suis vraiment contente pour vous deux. » Le simple fait de voir le visage rayonnant de l’anglais témoignait de son bonheur énivrant. Elle en était presque envieuse. « Et honorée d’avoir été votre photographe personnelle fut un temps. » Une petite référence à leur rencontre, leur voyage en Suisse. Elle se demandait s’il avait toujours la photo. Elle ne savait pas depuis quand datait l’idylle entre Rory et Swann, Maddy ne voulait pas embêter son ami avec sa curiosité. Le savoir heureux et amoureux, lui suffisait amplement comme réponse.

Soudainement, le serveur revint à la table de Swann et Maddy. Il accueillit l’anglais en faisant un petit speech de présentation sur le restaurant avant de demander poliment. « Que désirez-vous prendre en apéritif ? » Etant dans un établissement gastronomique, la question se posait d’abord aux femmes. Maddy hésita un instant, tapotant du bout des doigts la carte des vins, même si elle savait pertinemment ce qu’elle allait prendre à boire. Les prochaines paroles allaient révéler quelques indices sur sa condition actuelle. Elle ne pourra pas cacher sa grossesse bien longtemps. Mais elle se sentait en confiance en compagnie de Swan, alors elle releva la tête vers le serveur. « Je vais vous prendre une limonade s’il vous plait. » répond-elle avant de poser son regard sur Swann, attendant qu’il passe sa commande.

« Ça se voit tant que ça ? » Le rire de la jeune femme permet au moins de rassurer le blond, qui craignait déjà d’avoir osé des paroles qu’il aurait dû garder pour lui. Tout ce qu’il souhaite, c’est prendre de ses nouvelles et s’assurer que tout va bien pour elle: qu’elle réponde par la positive sans le penser un seul instant n’est en rien son objectif. Il veut être un bon ami, pour Maddy autant que pour le reste de ses proches, et cela passe parfois par des moments moins réjouissants, comme celui de mettre en avant la petite mine de l’actrice, laquelle ne répond rien à son tour, si ce n’est une autre question. S’il esquisse un sourire poli en retour, il ne fait qu’au fond s’inquiéter davantage pour elle. L’absence de réponse claire sous-entend souvent beaucoup (trop) de choses. « En tout cas, tu as meilleure mine que moi. » Jamais il n’aurait formulé les choses ainsi, il ne l’aurait pas même pensé non plus, mais il sourit face à la légèreté avec laquelle elle en parle. Il est loin d’être parfaitement reposé et insouciant pour arborer une mine digne de ce nom, mais il n’est pas nécessaire de l’inquiéter en abordant le sujet: c’est Rory qui souffre, pas lui. « C’est donc ça d’être amoureux. » Par pudeur, il dégage son regard du sien l’espace d’un instant, désormais plus souriant que jamais. “Il paraît, oui.” Swann souffle doucement, encore peu habitué à l’exercice. Elle n’a sûrement pas envie de faire tourner leur discussion autour du couple nouvellement assumé du blond, et il n’a pas envie d’accaparer son attention non plus. Maddy est au courant, c’est le plus important à ses yeux: il n’a plus à lui cacher quoi que ce soit. « Je suis vraiment contente pour vous deux. » Ses yeux retrouvent un instant ceux de la jeune femme alors que son premier réflexe se résume à fermer les paupières pendant une seconde, en signe de remerciement. Rapidement, il ressent pourtant le besoin d’y ajouter la parole. “Merci.” Merci, de simplement accueillir la nouvelle avec autant de bienveillance, sans jugement, sans compliquer les choses en aucun instant, sans poser de question non plus. C’est tout ce dont il a besoin, et elle le lui offre sur un plateau d’argent, prouvant à son tour à quel point elle est une présence bénéfique pour l’anglais. « Et honorée d’avoir été votre photographe personnelle fut un temps. » Un temps où personne ne savait, un temps où Swann n’avait jamais pu lui préciser à quel point cette simple photo avait tant pu signifier pour eux et à quel point ils l’ont longtemps observée contre le mur de la chambre de l’acteur, quand ils s’y retrouvaient dès qu’il revenait à Brisbane. “On a toujours la photo, tu sais.” Il annonce donc dans un maigre sourire, ne voulant pas trop en faire, raison pour laquelle il se retient encore de préciser l’importance à bien des niveaux de cette simple image.

Le serveur interrompt un temps leur discussion sans que Swann ne s’en énerve, bien au contraire: il ne fait que son travail. « Je vais vous prendre une limonade s’il vous plait. » L’anglais hausse un sourcil étonné face à ce choix et ne tarde pas avant de faire remarquer verbalement sa surprise. “Vraiment ? Je comptais avoir l’excuse d’être deux pour qu’on se prenne une bouteille.” Parce que quitte à ne pas travailler, autant se faire plaisir avec un bon crue, surtout alors qu’il sait qu’il rentrera en taxi et se contentera de se frayer une place près de Rory quand il rentrera, bien ne rien faire de plus constructif de sa journée. Alors oui, une bouteille aurait sans doute été plus que bienvenue, mais il n’est pas de ce genre de personne qui force ses amis à boire. “Mais j’en prendrai une quand même, merci.” Il annonce, juste avant de discuter longuement de l’appélation du cru à amener à leur table: il s’en moque, Swann, il n’y connaît rien et souhaite simplement se trouver une raison pour avoir l’esprit plus léger. “Tu fais des folies de tes nuits pour avoir une petite mine et t’en tenir à l’eau ?” Il rigole alors, sans le moindre sous entendu dans ses propos, comme le Maddy le saura pertinemment. Ce n’est qu’à sa façon qu’il tente une nouvelle fois de prendre de ses nouvelles, espérant cette fois qu’elle ne se contentera pas d’une question supplémentaire. “Rory était content quand il a appris que c’est avec toi que je dînerai. Je crois qu’il t’aime bien, même si vous n’avez jamais parlé.” Pourtant, Swann reste Swann, alors si elle ne veut pas parler de sa personne, il lui offre déjà une sortie de secours, ne faisant que statuer les choses.

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« Il paraît, oui. » A défaut de connaître sa propre histoire d’amour, Maddy était réellement contente de voir l’un de ses amis les plus proches savourer ce bonheur intense et précieux. Elle l’affirma même de vive voix. « Merci. » Un large sourire se dessina sur le visage de l’actrice en guise de réponse. Eprise par la nostalgie, elle ne put s’empêcher de raviver un vieux souvenir et tout particulièrement une certaine photo. « On a toujours la photo, tu sais. » La Griffiths fut sincèrement touchée par cette confession, elle déposa délicatement sa main sur celle de son ami. Cette photo était un souvenir de leur rencontre. Une excuse pour sauver la vie de la jeune femme à l’époque. Depuis ce jour, Swann n’avait cessé de veiller sur la Griffiths.

Leur échange fut interrompu par l’arrivée du serveur. Honneur aux dames, Maddy passa en premier sa commande et elle suscita aussitôt la curiosité de l’anglais. « Vraiment ? Je comptais avoir l’excuse d’être deux pour qu’on se prenne une bouteille. » Les joues de la Griffiths rougirent légèrement aux mots masculins, mais elle ne préféra rien répondre laissant le serveur prendre la commande de Swann. Maddy ne pouvait plus garder son secret bien longtemps, elle devait arrêter de cacher sa grossesse à ses proches. Discrètement elle passa une main sur son ventre. Elle ne réalisait pas encore qu’elle portait la vue, cependant l’échographie du premier trimestre avait rendu ce miracle réel à ses yeux. « Mais j’en prendrai une quand même, merci. » D’un œil amusé, elle observait Swann et le serveur discuter vin. Bien rapidement, le serveur s’éclipsa laissant les deux amis en tête à tête. « Tu fais des folies de tes nuits pour avoir une petite mine et t’en tenir à l’eau ? » Son rire se mélangea à celui de l’anglais. En effet, ses nuits étaient agitées ces dernières semaines, non par des soirées mais plutôt par des nausées incessantes. Les joies de la grossesse, vous connaissez la chanson. Elle avait attendu que ces dernières se calment un temps soit peu pour proposer un restaurant à l’anglais. Elle ne voulait pas vomir devant un public, cela serait mauvais pour son image, donnant la parfaite occasion aux médias de lancer des rumeurs sur elle. Sergio faisait déjà son possible pour retirer Maddy de la scène médiatique pour les prochains mois, l’actrice devait se montrer discrète. « En quelque sorte. » Un rire s’échappa d’entre ses lèvres avant de continuer. « J’étais un peu en vrac ces derniers temps mais je vais mieux. » assura-t-elle d’une voix posée. C’était vrai, en quelque sorte. Maddy avait le chic de dire ce qu’il l’arrange, un vilain défaut. Mais Swan maitrisait l’art des mots pour dévier sur un sujet de conversation plus plaisant. « Rory était content quand il a appris que c’est avec toi que je dînerai. Je crois qu’il t’aime bien, même si vous n’avez jamais parlé. » Les mots masculins arrachèrent un sourire à la Griffiths. « Cela me ferait réellement plaisir de le revoir un jour. » répondit-elle avec entrain. « Vous pourrez passer un jour à la maison. J’ai un emploi du temps plutôt tranquille en ce moment. » expliqua-t-elle sans pour autant donné plus amples détails. Swann connaissait suffisamment l’univers du cinéma pour côtoyer des acteurs et actrices au quotidien.

Maddy voulut continuer à discuter mais le serveur fut plus rapide qu’elle. Il rapporta leurs boissons et ouvrit la bouteille de vin qu’il fit gouter à l’anglais. Pendant ce temps, Maddy réfléchissait intérieurement sur la façon d’annoncer la grossesse. Une fois que Swann eut fini de déguster son vin et que son verre fut de nouveau pleinement rempli, Maddy leva sa limonade en direction de son ami. « A nos retrouvailles ! » déclara-t-elle faisant tinter leurs verres. Maddy but une première gorgée avant de prendre son courage à deux mains. « Swann j’aimerais te parler de quelque chose. » commença-t-elle d’une voix plus sérieuse. « J’ai voulu attendre qu’on se voit en vrai pour te l’annoncer. » Elle avait retardé ce moment pour plusieurs raisons. La première restait sa peur constante de faire une fausse couche. La deuxième était la conception peu catholique de ce bébé. Mais devant Swann, elle était persuadée qu’il ne la jugera pas. Maddy finit par attraper son sac à main et sortit une enveloppe qui contenait une échographie. Elle la déposa devant Swann qui l’observait avec une drôle de tête. « C’est pour toi. » annonça-t-elle d’une voix légèrement tremblante trahissant son stress.

Curieux, Swann ne tarde pas davantage avant de questionner son amie sur la raison de sa petite mine, autant que le fait qu’elle s’en tienne à l’eau. Au fond, son éternel humour cache une pointe d’appréhension alors qu’elle pourrait à tout instant lui avouer avoir une maladie d’un genre ou d’un autre - tant il en existe en ce monde. « En quelque sorte. » Elle rigole, il se contente d’un simple sourire, toujours aussi perdu. « J’étais un peu en vrac ces derniers temps mais je vais mieux. » Alors il hoche la tête, comprenant qu’il devra se contenter de ces explications. Tant qu’il n’y a rien de grave, c’est tout ce qui lui importe ; il est loin d’avoir une curiosité mal placée et peut tout à fait comprendre qu’elle n’ait pas envie de lui déballer toute sa vie non plus. L’important est qu’elle se porte mieux, et de son côté il se charge donc de changer de sujet de conversation, avouant avec une certaine joie que son petit-ami était heureux à l’idée de les savoir ensemble pour la soirée. Un sourire de la part de Maddy, et le voilà qui a déjà l’impression d’avoir tout gagné. « Cela me ferait réellement plaisir de le revoir un jour. » Et c’est sûrement réciproque. « Vous pourrez passer un jour à la maison. J’ai un emploi du temps plutôt tranquille en ce moment. » L’anglais hoche la tête avec enthousiasme avant de se reprendre assez rapidement, se devant de préciser certaines choses. “Ce sera peut-être pas pour toute de suite, par contre. Il s’est blessé et il est en convalescence pour le moment. Mais on serait tous les deux très heureux de passer.” Il parle pour Rory sans trop s’avancer, le connaissant assez pour savoir qu’il est de toute façon toujours heureux de rencontrer des amis de l’anglais et qu’il le sera sûrement d’autant plus de le faire avec Maddy, alors qu’elle représente à leurs yeux une partie d’un voyage en Suisse qui a été ô combien significatif et important dans leur relation. Il n’ajoute pas d’autres détails sur l’état de santé de son petit-ami, soucieux de ne pas trop en dévoiler autant qu’il ne souhaite pas laisser la conversation tourner autour d’un tel sujet.

L’arrivée de serveur marque une pause dans leur discussion, laquelle se termine de la meilleure des façons: avec deux verres pleins qu’ils peuvent faire tinter entre eux. « A nos retrouvailles ! » Il sourit en retour, plus heureux que jamais à l’idée d’effectivement profiter de leur soirée d’une telle façon. Elle lui avait indéniablement manqué. « Swann j’aimerais te parler de quelque chose. » Après avoir manqué de s’étouffer avec son verre de vin face à la soudaine attitude infiniment plus sérieuse de la blonde, il relève rapidement les yeux en sa direction. « J’ai voulu attendre qu’on se voit en vrai pour te l’annoncer. » Plus intrigué que jamais, il l’observe prendre et sortir une enveloppe de son sac à main, n’ayant aucune idée de ce qu’elle pourrait contenir. Son incompréhension se lit parfaitement sur son visage alors qu’il ne cherche pas un seul instant à le cacher, se contentant de reposer son verre pour attraper le précieux papier. « C’est pour toi. » Il l’ouvre avec minutie autant qu’avec une lenteur infinie, tentant par la même occasion d’agencer les pièces d’un puzzle dont il n’a justement aucune pièce. “Oh.” Est finalement sa seule et première réaction dès lors qu’il sort l’échographie de l’enveloppe, n’ayant aucun mal à aussitôt reconnaître ce dont il est question. Il en a vu bien assez pour savoir qu’elle représente l’image d’un bébé et puisque Maddy le lui présente sous une forme aussi formelle, il devine aussitôt qu’il est le sien, ce qui fait naître un sourire ému sur son visage. “Oh Maddy, c’est merveilleux.” Puisqu’il rêve tant de fonder sa propre famille, Swann ne peut que partir du postulat qu’il en est de même pour tout le monde autour de lui. Qui ne voudrait pas voir la chair de sa chair gambader et grandir sous ses yeux, après tout ? “Tu vas être maman, c’est… non, c’est pas bien?” Il se reprend soudainement, perdu face à l’expression en demie-teinte de la blonde. Elle avait l’air stressé depuis le début de leur échange et désormais, il regroupe tous les indices de stress et de doutes allant en ce sens. “Tu veux cet enfant, Mad?” Il demande finalement tout bas, soucieux de préserver leur intimité alors qu’il laisse l’échographie se plaquer contre la table, à l’abri de tout regard indiscret. Sa main s’avance pour retrouver la sienne alors qu’il noue doucement ses doigts à ceux de son ami, soucieux de tenir le rôle de confident qu’il a toujours eu auprès d’elle, lui assurant sans un mot de plus qu’il restera toujours là pour elle.

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« Ce sera peut-être pas pour toute de suite, par contre. Il s’est blessé et il est en convalescence pour le moment. Mais on serait tous les deux très heureux de passer. » Maddy fronça les sourcils à cette nouvelle et elle s’empressa de demander à l’anglais. « Rien de grave j’espère ? » Soudainement elle se questionna, elle n’avait pas du tout suivi l’actualité ces dernières semaines, bien trop occupée par sa toute nouvelle grossesse. Elle ne savait pas ce qu’il avait pu se passer concernant Rory. Tout ce qu’elle espérait, c’est qu’il aille bien. Elle jugea que oui, si Swann avait accepté son invitation au restaurant ce soir.

Le suspens avait assez duré, Maddy glissa l’enveloppe de papier sur la table. Son regard bleuté suivit son geste jusqu’à se poser sur le visage de l’anglais. Son cœur battait la chamade, un mélange de stress et de joie s’entremêle dans tout son être. « Oh. » Elle battit plusieurs fois des cils, elle aurait dû lui dire quelques mots, mais rien n’avait pu sortir d’entre ses lèvres. Un à un ses proches apprenaient la nouvelle, plus ou moins bien, de façon délicate ou brusque. Son souvenir le plus périeux restait l’annonce à Cesar, l’un des fils de Sergio. La nouvelle avait été très mal prise et interprétée. Le jeune Gutiérrez avait toujours été très protecteur envers son amie et il avait tout bonnement pensé que son père avait abusé de l’actrice. La Griffiths avait très maladroitement essayé de rattraper la situation. A ce simple souvenir, la main de la blonde se crispa légèrement. Elle essaya de reprendre sa respiration. Tu vas bien se passer, tu as choisi de ton plein gré de l’annoncer à Swann ce soir. Il va te comprendre. Enfin tu l’espère. « Oh Maddy, c’est merveilleux. » Un soupire de soulagement glissa de sa bouche. Une main se posa sur son cœur encore agité aux mots masculins. « Tu vas être maman, c’est… non, c’est pas bien? » L’expression de Maddy passa du soulagement à l’inquiétude, voir l’incompréhension. Le décor autour d’elle prit soudainement des couleurs grisâtres, les voix s’évanouirent dans la pièce, comme si la réalité était en train de tourner au cauchemar. « Tu veux cet enfant, Mad? » « Quoi ? » lâcha-t-elle un peu trop précipitamment qu’elle manqua de renverser son verre sur l’échographie retournée. Parce je-ne-sais-quel-miracle, Maddy se rattrapa avant que Swann se saisisse de sa main. « Si… bien sûr que si ! » murmura-t-elle. « Je n’ai jamais autant désiré cet enfant. » C’est bien pour cela que je l’ai gardé, il était peut-être sa dernière chance de fonder sa famille. « C’est juste que… » Elle serra doucement les doigts de l’anglais dans les siennes. De sa main libre, elle se massa doucement les tempes. « Je ne suis pas fière de la conception de ce bébé. » avoua-t-elle en se mordillant les lèvres. C’était la première fois qu’elle le concevait de vive voix. Jusqu’à présent, elle n’en avait jamais parlé avec Sergio. A la découverte de ce bébé « miracle », l’agent s’était montré présent à la grande surprise de Maddy. La Griffiths s’en voulait de penser de telles choses, de ressentir un sentiment de honte, heureusement que son agent n’entendait pas ses mots. Pourtant la situation était à la fois miraculeuse et compliquée pour la future maman. « J’ai peur que ça fasse scandale auprès de mes proches.. et des médias si ça s’apprend un jour. » Cette simple idée la faisait déjà stressée, que son corps se raidit sur sa chaise. Forcément il y aurait des spéculations sur le père du bébé et Maddy n’était pas prête pour ce combat. Le seul combat qu’elle voulait mener à son terme était celui de son enfant.

Les mots qu’il esquisse sur l’état de santé de son petit-ami laissent aussitôt Maddy perplexe et inquiète, sentiments qu’il tente de chasser le plus rapidement possible. « Rien de grave j’espère ? » - “Il s’en remettra.” Et pour autant, oui, c’est grave, mais il n’y a rien qu’il veuille laisse paraître pour laisser son amie s’inquiéter davantage, autant que parce qu’il ne veut pas non plus laisser s’ébruiter les détails sur l’état de santé de Rory. Cela tourne autour du secret médical et celui de leur couple. En somme, rien qu’il ne souhaite vouloir trahir, même s’il sait pouvoir faire pleinement confiance à son amie qu’il gratifie d’un sourire en coin, chaleureux. Sans doute aussi veut-il croire plus que tout à ce qu’il dit: il s’en remettra, et c’est finalement le plus important à retenir de tout ceci.

Rapidement, il se laisse pourtant happer par les propres annonces de Maddy, la bouche encore à moitié ouverte alors qu’il encaisse la nouvelle de sa grossesse, infiniment heureux pour son amie. Pour un temps, du moins, avant qu’il ne finisse par se rendre compte que la joie ne semble pas partagée, les yeux de la blonde ne traduisant aucune excitation à l’idée de devenir mère. Du bout des lèvres, il en vient bien malgré lui à lui demander si cette grossesse est désirée et, surtout, si elle souhaite la mener à terme. Bien qu’il serait prêt à donner tout l’or du monde et plus encore pour être à sa place et devenir père, Swann n’est pas fermé d’esprit pour autant et il sait que chaque situation est différente: si elle ne veut pas devenir mère, il le comprendrait aisément et, surtout, sans jugement. « Quoi ? Si… bien sûr que si ! » Mais ? Il reste muet, suspendu à ses lèvres, son cœur battant toujours un peu plus fort. « Je n’ai jamais autant désiré cet enfant. » Il voudrait se convaincre de la véracité de ces propos mais ne peut que se focaliser sur leur tournure étrange, laquelle sonne quelque peu faux. Le blond reste silencieux, encore et toujours, attendant d’avoir plus d’informations en sa possession pour ajouter quoi que ce soit. « C’est juste que… » Elle serre ses doigts entre les siens et il se laisse faire, immobile, incapable d’ajouter la moindre pression en retour. Swann se contente de doucement caresser le dos de sa main avec son pouce, ses yeux ancrés à ceux de la blonde. « Je ne suis pas fière de la conception de ce bébé. » Il se pince, affiche une mine empathique. Sur ce sujet là non plus, il est loin d’être fermé d’esprit, à penser que les enfants doivent être conçus uniquement dans le cadre du mariage ou n’importe quel précepte allant dans ce sens. « J’ai peur que ça fasse scandale auprès de mes proches.. et des médias si ça s’apprend un jour. » - “Mais tu t’en moques, non ?” Il demande, parce qu’il veut une réponse positive. Il veut entendre qu’elle s’en moque, il veut qu’elle lui assure que l’amour qu’elle porte déjà à l’enfant qui grandit en son ventre prend le pas sur tout le reste, sur sa propre image, sur sa carrière aussi. Il veut entendre qu’elle pense à son enfant avant tout le reste, parce qu’à ses yeux il n’y a rien de plus logique et naturel. “Je veux dire, si tu veux vraiment cet enfant, tu vas l’aimer quoi qu’il arrive et l’avis que les autres auront sur le sujet n’y changera rien, pas vrai ?” Dis oui, s’il te plaît. Tout ce qu’il souhaite, c’est entendre une réponse positive, ne serait-ce un seul mot qui pourrait le rassurer sur la capacité de Maddy à être une mère et, surtout, une bonne mère. “C’est juste que… Je trouve pas ça normal que ta première pensée soit pour ton image.” Alors il le dit enfin, bien malgré lui, désolé de ne pas se réjouir pleinement pour son amie dans un tel contexte. Il aurait aimé la prendre dans ses bras et lui souhaiter tout le bonheur du monde en même temps que de déjà penser à tous les cadeaux qu’il pourrait offrir à la future mère et son enfant, mais ce n’est pas le cas. “Ne va pas au bout de cette grossesse si tu ne donneras pas tout l’amour possible à cet enfant. S’il te plaît.” L’anglais se mord les joues, son dos retrouvant celui de la chaise alors qu’il défait ses doigts de Maddy pour cacher ses mains sous ses cuisses, sans doute inquiet de la réponse qu’elle pourrait apporter à ses demandes et recommandations. Il sait ce que c’est que de grandir sans l’amour de ses parents, et il ne peut le souhaiter à personne.

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Depuis que Maddy avait appris qu’elle était enceinte, qui plus est de son agent, l’actrice était une boule de stress. Ses vices lui revinrent en plein dans la figure. Alors que cette nouvelle se voulait joyeuse et heureuse, la Griffiths s’inquiétait pour son image, sa réputation, son futur. Comment allait-elle pleinement assumer cette grossesse ? Comment son rêve le plus précieux pouvait être si complexe à la fois ?

“Mais tu t’en moques, non ?” Elle finit un non silencieux de la tête, son regard dardait dans celui de anglais. “Je veux dire, si tu veux vraiment cet enfant, tu vas l’aimer quoi qu’il arrive et l’avis que les autres auront sur le sujet n’y changera rien, pas vrai ?” Maddy aimerait y arriver, mais c’est plus fort qu’elle. Depuis qu’elle avait appris à marcher, l’ainée des Griffiths avait toujours donné le meilleur d’elle-même, dans l’espoir d’attirer l’attention de ses parents absents. Maddy avait toujours été extrêmement exigeante envers elle-même. Elle avait appris à tout vouloir contrôler autour d’elle, quitte à s’enfermer dans ses propres mensonges. Miraculeusement, elle avait toujours réussi à s’en sentir, car dans le fond, elle n’avait jamais eu de mauvaise attention. Elle avait juste tendance à s’oublier et penser aux autres. Encore une fois, elle répétait le même scénario devant Swann, le laissant perplexe. “C’est juste que… Je trouve pas ça normal que ta première pensée soit pour ton image.” « Swann… » soupira-t-elle doucement. « Quand tu deviens une personnalité publique, ton image ne t’appartient plus. » C’était l’un des défauts de la célébrité. Même si les années dorées de l’actrice étaient loin derrière elle, son nom de famille la suivait comme son ombre. Si ce n’était pas elle, on parlait de Mabel ou Marceline. La famille Griffiths était l’un des sujets favoris de la presse australienne. En ce moment, sa petite cousine faisait la une des journaux avec sa nouvelle série Netflix à succès, mais qui sera la prochaine cible demain ? C’était la plus grosse inquiétude de Maddy qui ne voulait pas connaître cela, et elle se sentait incroyablement seule depuis que son agent était en convalescence à cause de son accident de moto. “Ne va pas au bout de cette grossesse si tu ne donneras pas tout l’amour possible à cet enfant. S’il te plaît.” Swann retira sa main de celle de Maddy. Blondie resta sans voix durant de longues secondes. A son tour, elle finit par s’appuyer contre le dossier de sa chaise. La bouteille de vin lui faisait de l’œil mais elle ne pouvait pas boire. Maddy était persuadée que Swann allait la comprendre, la soutenir, mais c’étiat tout l’inverse. Elle se pinça les lèvres. « Je peux pas. Je peux pas abandonner cette grossesse. » C’était trop tard, Sergio et Maddy avaient tout fait pour que l’actrice évolue dans un environnement serein afin d’éviter tout stress inutile. « C’est peut-être ma dernière chance d’avoir un enfant. » C’était déjà un miracle. Les derniers mots de Maddy avaient été difficiles à prononcer, son cœur se serrait dans sa poitrine. « Sergio et moi.. » Elle prit son courage à deux mains, dévoilant l’identité du père dans l’espoir que Swann comprenne un peu mieux la situation délicate dans laquelle les futurs parents se trouvaient. Swann avait déjà entendu parler de l’agent de Maddy. Il était dans sa vie depuis plus de dix années. « On a décidé d’un accord commun de garder le bébé, notre bébé. » Elle passa sa main sur son front. « On avait pas prévu cette situation, mais pour une fois je ne l’ai jamais vu autant investi quand je lui ai dit que je souhaitais continuer cette grossesse. » L’histoire était invraisemblable à digérer pourtant c’était la vérité. Elle pourrait paraitre incompréhensible, mais un seul et unique dérapage a permis la conception de ce bébé. « Me regarde pas comme ça Swann… » qu’elle dit d’une petite voix face au visage décomposé de son ami. Arriveront-ils à continuer cette conversation ?

 

A l’instant même où elle esquisse un hochement négatif de la tête pour faire comprendre à Swann que non, elle ne s’en moque pas, l’anglais sait déjà que la suite de la conversation ne saurait être plaisante pour l’un ou l’autre des amis. Doucement, bien malgré lui et d’un ton désolé, il vient finalement lui partager une esquisse de son point de vue: elle ne devrait pas penser à son image avant le bien-être de son enfant à naître. « Swann… » Fais pas ça, Mad. Il ne faut pas qu’elle prononce son prénom d’un ton aussi désolé, il ne faut pas qu’elle lui fasse déjà comprendre que leurs points de vue divergent autant et qu’elle s’apprête à continuer avec des mots qui ne lui plairont pas. L’anglais se mord l’intérieur des joues, se préparant bien malgré lui à l’impact. « Quand tu deviens une personnalité publique, ton image ne t’appartient plus. » Il le sait, ça. Il n’est pas dans le milieu lui-même, mais il est auprès de Rory depuis bien trop d’années pour encore pouvoir en ignorer les rouages. Il l’a observé sombrer après l’affaire Byers alors qu’il l’a toujours su innocent de tout ce qui avait pu lui être accusé ; il sait très bien que plus personne ne voyait en ce temps Rory tel qu’il l’était véritablement, tel que Swann continuait encore et toujours de le voir.

Le seul conseil qu’il peut lui donner ressemble bien plus à une supplication qu’autre chose: si elle ne veut pas être mère, si elle ne peut pas l’être, alors elle devrait penser à ne pas aller au bout des choses, à ne pas mettre au monde un enfant qui ne recevra pas tout l’amour et l’attention qu’il mérite. Ce n’est pas un conseil qu’il donne de gaieté de coeur et bien loin de là, bien au contraire, mais c’est une idée qu’il juge encore préférable à ce qui pourrait attendre son amie dans les mois et années à venir. Il ne veut pas qu’un autre enfant souffre comme il en a été le cas pour lui pendant de bien trop nombreuses années. Il retire sa main de la sienne, seconde préparation avant impact. « Je peux pas. Je peux pas abandonner cette grossesse. » Et il se retient de rire jaune, Swann, pour qui les mots ont toujours eu une importance capitale. C’est sa grossesse qu’elle ne peut pas abandonner, et non son enfant. Ce n’est pas même une question de vouloir mais bien de pouvoir. A travers ces mots, il peine à reconnaître la jeune femme qu’il a toujours apprécié et soutenu. Face à ces derniers, il ne peut que froncer les sourcils en retour, se retenant tant bien que mal d’ajouter le moindre mot qui ne ferait qu’empirer la situation. Sa décision est prise. « C’est peut-être ma dernière chance d’avoir un enfant. » - “Tu pourras toujours adopter, tu pourras toujours faire les choses autrement. T’as encore le temps de faire les choses bien, Maddy.” Elle a trente cinq ans, elle a encore plusieurs années devant elle. Elle a le temps d’avoir une vie plus stable, elle a le temps de recommencer, elle a le temps d’avoir un enfant avec un homme qu’elle aime et justement de l’aimer en retour. Il se pince les lèvres, lui même concerné par le fait de ne pas pouvoir un enfant naturellement, ou tout du moins pas dans la configuration actuelle de sa vie - laquelle il espère ne changera jamais. Maddy n’a pas le droit d’accepter cette grossesse par dépit, par peur de ne pas trouver mieux ensuite.

« Sergio et moi.. »
“Sergio ? Ton manager ?”

Il demande, sans doute bien plus consterné que jugeur. Il se moque de leur différence d’âge, il se moque de leurs différents statuts, il se moque même de tout le reste, mais il ne peut qu’anticiper le fait qu’en retour il n’en soit pas de même pour Maddy - et le reste du monde, oui. “Mais toi et lui … ? Je veux dire, vous êtes ensemble ?” Et finalement, tout ce qu’il cherche à savoir, c’est si la relation était consentie, peu importe qu’ils se donnent l’étiquette de couple ou non. Il ne doute pas un seul instant que des enfants peuvent naître hors mariage et hors union et tout de même être aimés, mais dans ce cas particulier il ne peut qu’en douter fortement. « On a décidé d’un accord commun de garder le bébé, notre bébé. » D’un accord commun, comme si tout pouvait être sujet à négociations, comme s’ils s’étaient retrouvés autour d’une table pour discuter des termes du contrat, comme si un bébé pouvait être traité comme un contrat. “Vous avez décidé ou il a décidé ?” Il connait le poids de décision des manager, simplement parce qu’il sait aussi ô combien Rory a de la chance de pouvoir compter sur Donna et non pas une vipère endogène du milieu. « On avait pas prévu cette situation, mais pour une fois je ne l’ai jamais vu autant investi quand je lui ai dit que je souhaitais continuer cette grossesse. » Et toi alors, Maddy ? Ce n’est pas tant l’avis du père qui importe au blond, mais bien de connaître le point de vue et surtout le ressenti de la future mère sur cette décision qui impactera le restant de sa vie tout entière. Les pères, eux, peuvent toujours fuir et aller acheter des cigarettes. “Cette situation.” Il reprend bien malgré lui les propres mots de l’actrice, dans un rire plus amer que jamais. C’est comme si elle utilisait tous les pires mots possibles et inimaginables pour parler de l’enfant, de sa grossesse, de sa relation de tout sauf d’amour, ni même d’amitié ou de confiance avec le père.

« Me regarde pas comme ça Swann… »
“Tu peux pas me demander ça, Maddy.”

Son ton est bien plus froid, désormais. Il a le dos plaqué contre le siège, une seule main posée sur la table alors qu’il s’occupe en enfonçant frénétiquement les pics de sa fourchette contre la pulpe de son index. Les quelques secondes qu’il laisse couler entre ses réponses sont occupées par un hochement de tête de la négative. “Tu peux pas me demander à moi de te soutenir dans la décision d’avoir un enfant alors qu’on sait tous les deux que tu n’en veux pas.” Pas comme ça, sûrement pas avec Sergio, pas dans cette configuration là. Maddy veut être mère, c’est un fait, mais le contexte n’est certainement pas adéquat. “Grandir en ayant qu’un seul parent c’est une chose, mais quand même ce dernier passe les vingt premières années de ta vie à répéter que tu n’aurais jamais dû venir au monde, ne me fais pas croire que cela a quoi que ce soit de sain.” Elle trouvera sans doute du soutien ailleurs, il l’espère pour elle, mais pour la première depuis toujours Swann ne sera pas son homme. Si cette grossesse n’est pas pleinement désirée, ce qui semble être le cas, alors elle ne saura pas mentir à son enfant et elle-même pour les cinquante années à venir. “Je sais ce dont je parle, et t’en es consciente.” Il ne s’est jamais arrêté plus que nécessaire sur son enfance, mais Maddy sait qu’elle n’a pas été aussi joyeuse qu’on aurait pu l’espérer, tout comme elle sait à quel point il a pu souffrir de l’absence d’un père et d’un quelconque soutien de la part de sa mère. Elle sait tout ça, et justement, c’est ce dont Swann se rend le plus désolé: elle ne pouvait qu’anticiper le point de vue qui est aujourd’hui le sien.

Le problème de la vie c'est qu'il y en a qu'une

@swann buchanan & maddy griffiths

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“Tu pourras toujours adopter, tu pourras toujours faire les choses autrement. T’as encore le temps de faire les choses bien, Maddy.” Avoir le temps ? Maddy le regarda avec ses grands yeux ronds. Il était un homme pour dire cela, il ne connaissait pas la pression que les femmes pouvaient avoir sur le sujet des enfants et de la famille en générale. Maddy mit de côté son désaccord sur la question et continua ses propos, provoquant la stupéfaction du blond. “Sergio ? Ton manager ?” La surprise dans la voix de l’anglais ne laissait rien présager de bon. C’était la première fois qu’elle voyait Swann ainsi, elle le regardait avec ses grands yeux bleus, sachant pertinemment au fond d’elle que la suite de la conversation sera difficile, voire douloureuse à aborder. “Mais toi et lui … ? Je veux dire, vous êtes ensemble ?” « Non on n’est pas ensemble et non il n’a pas abusé de moi. » Elle préférait prendre les devants, il y avait déjà eu un malentendu entre Sergio et Cesar. Sans parler des sombres rumeurs d’abus sexuels qui tournaient dans le milieu du cinéma. « On a juste déconné une nuit. » Une nuit en trop… C’était compliqué pour l’actrice de prononcer ses mots à voix haute, elle qui mettait tant d’efforts à soigner son image de Si-Parfaite-Maddy. C’était devenue une obsession, pourtant elle devait dire la vérité à Swann. Il était le seul à connaître le plus gros secret de son existence. Il avait été la qui lui avait tendu la main lorsqu’elle en avait le plus besoin. Elle ne pouvait lui mentir en le regardant droit dans les yeux. C’était inconcevable pour elle, Maddy devait arrêter de mentir au monde entier, mais elle n’y arrivait pas, pas toujours.

Maladroitement, elle tenta d’expliquer la situation à l’anglais, de lui faire comprendre qu’ils s’étaient mis d’accord pour garder le bébé. Pourtant le stress empêcha l’actrice de choisir les justes mots. “Vous avez décidé ou il a décidé ?” Maddy se rendit compte de son erreur, combien de fois s’était-elle plaint concernant son agent à Swann ? La blonde secoua la tête, elle avait l’impression de perdre le contrôle de la situation. Son cœur battait de plus en plus fort dans sa poitrine, ses mains étaient devenues moites. « J’ai décidé de garder le bébé. Il a décidé d’être présent pour nous. On a décidé de faire équipe ensemble. » Du moins, ils essayeront du mieux qu’ils peuvent. Si personne ne voulait croire en eux, Sergio et Maddy feront en sorte de leur prouver le contraire. Le mexicain avait beaucoup de défauts, mais il avait la qualité d’être loyal.  Même si souvent, cela avait été pour les mauvaises raisons, ce bébé donnait l’opportunité au Gutiérrez de montrer ses bons côtés. Naïvement, Maddy voulait y croire même si la confiance envers son agent restait bancale et incertaine. Maddy était prête à n’importe quoi pour avoir ce bébé, son bébé. Elle avait sincèrement cru que Swann aurait été heureux à l’annonce de cette grande nouvelle. Pourtant l’actrice s’était enfermée dans ses illusions, son amour pour Swann l’avait aveuglé à tel point qu’elle avait oublié tout le reste. Elle savait que Swann avait eu un passé compliqué.

“Cette situation.” La main de Maddy se crispa contre la nappe. D’un regard suppliant, elle implora son ami d’une petite voix. Elle n’aimait pas la tournure de ses retrouvailles qui étaient censées se passer dans la joie et la bonne humeur. “Tu peux pas me demander ça, Maddy.” Le pied de Maddy se mit à trembler sous la table. Elle avait envie de pleurer et crier en même temps, mais de toutes ses forces elle se retenait. Ils étaient à découvert, devant une salle entière de spectateurs. Maddy ne devait pas détériorer son image. Elle était déjà tétanisée à l’idée qu’une oreille indiscrète intercepte un fragment de leur conversation et le déforme. “Tu peux pas me demander à moi de te soutenir dans la décision d’avoir un enfant alors qu’on sait tous les deux que tu n’en veux pas.” « Mais… » arriva-t-elle à peine à murmurer du bout des lèvres sentant des larmes lui monter aux yeux. Comment pouvait-il affirmer ce qu’elle ressentait ? C’était faux, complètement faux. “Grandir en ayant qu’un seul parent c’est une chose, mais quand même ce dernier passe les vingt premières années de ta vie à répéter que tu n’aurais jamais dû venir au monde, ne me fais pas croire que cela a quoi que ce soit de sain.” Ses mots lui faisaient du mal, comme des larmes qu’il lui plantaient en plein cœur. « Ne dis pas ça… » Ce n’est pas vrai. « Tu.. tu peux pas affirmer des choses qui ne se sont pas encore produites concernant mon futur enfant. » Swann avait tristement vécu cette expérience, elle ne le souhaitait à personne, cependant elle n’était pas d’accord avec lui. “Je sais ce dont je parle, et t’en es consciente.” Maddy resta sans voix, alors que des larmes vinrent perler son visage. Elle ne savait plus quoi lui dire. Elle avait juste envie de se rouler en boule dans son lit et pleurer à chaudes larmes. « Excuse-moi, j’ai besoin de prendre l’air. » Elle renifla et se leva sans oser regarder son ami dans les yeux. D’un geste précipité, elle attrapa son sac à main. Elle ne savait pas si elle aura le courage de revenir en ces lieux. Pour l’instant, elle avait juste besoin de prendre l’air. Alors elle se précita vers l’extérieur, allant se réfugier sur le parking du restaurant. Elle s’appuya contre le capot de sa voiture et chercha un mouchoir pour sécher ses larmes.

Il essaye, Swann. Il essaye de lui trouver des circonstances atténuantes autant qu’il essaye de lui prouver qu’il existe d’autres solutions qui, à défaut d’être meilleurs, pourraient au moins s’avérer être moins pire. Il déteste chaque seconde de cette nouvelle discussion, tant parce que la simple idée de conflit le rend mal à l’aise autant que parce que le sujet est intime, profondément personnel, et qu’il sait qu’il n’aurait jamais dû avoir son mot à dire sur tout ceci. C’est la vie de Maddy, celle de son futur enfant ; et il n’est pas lié de près ou de loin. Pourtant, il se sent redevable envers elle, assez pour lui dire des mots qu’elle ne veut pas entendre et que, surtout, personne ne voudra lui dire: cette grossesse a tout d’une mauvaise et ce ne sont pas que les neuf mois à venir qui seront difficiles, mais bien toute la vie qui deviendra la sienne suite à ça. Si elle ne peut pas donner tout son temps et tout cet amour à cet enfant, alors elle devrait considérer l’idée d’en confier la garde à un autre, au moins, si ses principes lui demandent de venir à bout de cette grossesse. L’anglais n’est pas étroit d’esprit, il peut entendre beaucoup de choses, mais pas concevoir que quelqu’un ne puisse pas aimer un enfant - son enfant - de tout son cœur et le considérer comme la prunelle de ses yeux. « Non on n’est pas ensemble et non il n’a pas abusé de moi. On a juste déconné une nuit. » L’espace d’une seconde, il se demande ce qu’il aurait fait si la nuit où il a déconné avec Sofia avait mené à une même conclusion. Sans doute serait-il resté pour l’enfant, si Sofia avait voulu le garder: il n’aurait pas eu le coeur à reproduire le même schéma familial d’abandon qu’il a connu. Pourtant, et assez égoïstement, il est heureux et soulagé de pouvoir chasser cette idée de son esprit assez rapidement. Les informations données par Maddy semblent désormais être sans importance, quand bien même il est le premier à les avoir demandées. « J’ai décidé de garder le bébé. Il a décidé d’être présent pour nous. On a décidé de faire équipe ensemble. » Il voudrait croire tous ces mots mais il n’en est rien, alors son visage se referme et ses yeux la quittent difficilement du regard, bien malgré lui.

Jamais il n’a été question de sa propre personne au milieu de cette discussion impliquant son amie, son manager, et un bébé dont il n’aurait jamais cru apprendre l’existence à venir. Pourtant, Swann juge nécessaire de parler de ce qu’il ressent autant que de son expérience, espérant au moins marquer l’esprit de Maddy pour la faire réfléchir davantage sur cette décision. Tout ce qu’il semble arriver à faire, c’est la laisser pleurer sous ses yeux alors que, pour la première fois depuis qu’ils se connaissent, il ne lui vient pas davantage en aide. « Mais… Ne dis pas ça… » Il aurait aimé lui dire tant d’autres choses, lui souhaiter tout le bonheur du monde, lui sussurer quelques idées de prénom, lui assurer qu’il est un baby sitter d’enfer si jamais elle en cherche un, un jour. Dans une autre réalité, c’est la discussion qu’ils ont, à des années lumières du nuage gris formé autour d’eux aujourd’hui. « Tu.. tu peux pas affirmer des choses qui ne se sont pas encore produites concernant mon futur enfant. » Il n’a pas de donc de voyance mais l’anglais est trop bien placé pour connaître la propension du passé à se répéter. Il serre la mâchoire et se tait pour ne pas envenimer davantage encore la situation: lui faire du mal n’a jamais été son objectif, bien loin de là. « Excuse-moi, j’ai besoin de prendre l’air. » Swann ouvre la bouche pour objecter et tenter de la rassurer, habitude oblige, mais il la referme bien aussitôt en croisant les yeux emplis de larmes de Maddy. "Je suis désolé." Il n’est pas fier de ce qu’il a fait, encore moins de ce qu’il a dit, mais il en pensait pourtant chaque seconde. Il déglutit avec difficulté, la laisse s’éloigner sans chercher un seul instant à la rattraper. Le repas est sûrement considéré comme terminé, raison pour laquelle il se contente d’en payer la maigre addition avant de se retirer. Maddy trouvera biens meilleurs soutiens que lui dans cette épreuve, il est sans doute encore bien trop sensible sur les sujets touchant la paternité pour mimer le bonheur. Tout ce dont il a besoin, à son tour, c’est retrouver la chaleur de son foyer et oublier cette discussion autant que le visage éploré de Maddy.