Cela faisait plus de deux semaines que tu planifiais, secrètement, la Saint-Valentin. Avec toutes les péripéties, les imprévus, les surprises et les déconvenues que ton couple essuyait depuis quelques mois, tu désirais souligner cette fête des amoureux soigneusement. Tu avais conscience que plusieurs défis se tenaient devant toi, toutefois : il serait plutôt risqué par exemple d’inviter Penny au restaurant quand les effluves lui levaient aisément le cœur. Cependant, tu n’avais pas envie que vous restiez simplement à la maison non plus, alors s’en était découlé une chasse à l’emplacement idéal où vous pourriez passer un bon moment.

Au risque de faire rengaine, il te semblait avoir trouvé un bon lieu à force de surfer sur le web et demander conseils à quelques uns de tes amis sur des endroits qui correspondraient à la description de ce que tu recherchais. Finalement, tu avais acté l’activité à laquelle tu convierais ton amoureuse : un brunch – comme ça tu espérais que les nausées matinales seraient passées – près des plages artificielles de Brisbane, sur une terrasse – de sorte à ne pas avoir les odeurs de la cuisine - qui proposait à l’occasion de la Saint-Valentin un menu très chocolaté - nourriture principale de ta petite amie depuis qu'elle était enceinte. Tu avais aussi prévu deux cadeaux, dont l’un t’avait conduit à être très précautionneux au niveau des dates. A mesure que le temps défilait, il te paraissait de plus en plus risqué de prévoir quoi que ce soit. Entre les démarches enclenchées pour que tu sois reconnu comme étant le père de Jude, le temps que tu lui consacrais pour que vous appreniez à vous connaître et qu’il puisse, tu l’espérais, rejoindre en alternance ton foyer, les nuages récalcitrants qui planaient au-dessus de vos têtes suite à tous ces changements drastiques aux nuances effrayantes, la grossesse de Penny et l’arrivée de plus en plus imminente de votre enfant, les difficultés rencontrées sur ton travail dont ton conflit avec Joy et la convalescence de Phoebe suite à son accident de voiture, ton impression de courir contre la montre s’était métamorphosée en la sensation de jouer à un Tetris où les briques menaçaient de s’écrouler dans de la lave bouillonnant avec virulence. Quoi qu’il en soit, tu avais demandé à Penny à l’avance de te réserver ce créneau dans son emploi du temps, en t’amusant malicieusement à aguicher sa curiosité.

Aujourd’hui, tu l’espérais peut-être naïvement, pourrait être l’occasion de prendre un break sur vos doutes, vos peurs, vos contrariétés, vos peines, pour vous retrouver tous les deux, comme vous l’aviez fait à plusieurs reprises avant d’être happés par ce tourbillon de vie sensationnel qui était vôtre. Beaucoup de variables pourraient rendre le moment moins bon que tu l’aimerais, mais tu n’oubliais pas que l’audace était aussi un maître mot dans votre duo et grâce à celle-ci, vous viviez une histoire qui était à tes yeux formidable et la favorite de ton existence. « Tu es prête, tu te sens en forme ? » Tu t’étais assuré auprès de Penny avant de déposer un baiser sur sa joue et placer affectueusement ta main dans son dos. Un trac s’était sournoisement imposé en toi, craignant que la Stringer apprécie guère tes surprises, mais tu restais très curieux de découvrir ses prochaines réactions. Après une trentaine de minutes de route, vous vous retrouviez face au petit restaurant, à la fois rustique et élégant. « J’ai pris une place en terrasse, » j’informais à l’affût des émotions qui pourraient traverser le minois de ta petite amie. « Comme ça tu n’as pas l’odeur des cuisines et on a la vue sur la mer juste à côté. Puis le menu devrait te plaire, tu verras. » Je laissais place au suspens.

@Penny Stringer

Tu t’étais levée du mauvais pied. Dès le réveil, tu avais été prise de nausées, comme tu l’étais pratiquement à chaque matin, et tu avais mis une dizaine de minutes avant de pouvoir sortir de la salle de bain sans avoir l’impression que tu allais être malade de nouveau. Tu n’avais pas particulièrement bien dormi non plus, ton ventre se faisait de plus en plus imposant alors que tu approchais ta vingtième semaine de grossesse, semaine qui marquerait enfin la moitié de cette grossesse surprise. Grossesse qui se voulait plus compliquer que tu ne te l’étais imaginée puisqu’encore bien dans ton deuxième trimestre, tu étais accablée de nausées qui n’étaient pas seulement matinales. Ça pouvait te prendre à tout moment, pour toutes sortes de raisons et ça rendait la simple tâche de t’alimenter assez difficile. Tu faisais de ton mieux pour ne pas te laisser abattre, souhaitant réellement croire que tes nausées pouvaient cesser du jour au lendemain, même si tu devais admettre que l’espoir se faisait un peu plus mince après chaque journée qui filait, sans le moindre signe de changement. S’ajoutait à cela tout ce qui se passait actuellement, les démarches d’Isaac vis-à-vis de Jude, ses aller-retours entre Brisbane et Torquay, l’organisation de vos congés à plus long terme pour pouvoir vous rapprocher du garçon de manière plus pratique autant pour le père que le fils et le simple fait de devoir te faire à l’idée qu’Isaac était déjà papa, c’était encore beaucoup à gérer et ton moral n’était pas au beau fixe, même si tu faisais autant d’effort que possible pour apporter ton soutien à ton amoureux qui avait besoin plus que jamais présentement.

En ce matin de St-Valentin, tu commençais à connaître assez bien ton amoureux pour savoir qu’il n’était pas le genre à laisser filer cette journée toute spéciale sans tenter de la souligner d’une manière ou d’une autre. Il t’avait demandé de ne rien prévoir pour la matinée, sans jamais te donner davantage de détail, et c’est sans trop savoir à quoi t’attendre que tu avais enfilé une robe rouge qui faisait bien paraître ton ventre arrondi, couleur qui te semblait plus qu’approprié pour la journée à célébrer. Du côté passager du véhicule de ton amoureux, tu espérais silencieusement pouvoir obtenir une petite pause de quelques heures de ces incessantes nausées, voulant profiter de cette première St-Valentin avec Isaac. « Tu es prête, tu te sens en forme? » Tu réponds d’un hochement de la tête alors que les lèvres de ton amoureux se posent sur ta joue. « J’ai hâte de voir ce que tu prépares. Ça fait des jours que tu fais le mystérieux dès que j’aborde le sujet. » que tu lances d’une voix amusée, bien que ta curiosité ait été piqué il y a longtemps de ça déjà. Tu regardes les rues de la ville défilée et ton sourire s’élargit lorsque tu remarques qu’Isaac semble prendre la direction de la plage artificielle de Brisbane. Si cette plage ne vaut en rien celles de Torquay, ça demeure tout de même l’un de tes endroits préférés de la ville. Isaac gare la voiture devant ce que tu devines être un petit restaurant et si tu ressens déjà ton estomac se tordre légèrement à la simple idée de devoir avaler quoique ce soit, tu gardes un sourire sur ton visage, décidée à ne pas laisser les nausées gâcher un autre moment. « J’ai pris une place en terrasse. Comme ça, tu n’as pas l’odeur des cuisines et on a la vue sur la mer juste à côté. Puis le menu devrait te plaire, tu verras. » Tu viens glisser ta main dans la sienne avant de venir déposer un tendre baiser contre ses lèvres. « Tu penses vraiment à tout. T’es parfait. » La place en terrasse ne serait pas un luxe et tu étais reconnaissante pour toutes les petites attentions qu’Isaac mettait en place pour t’assurer un maximum de confort. « Mon petit doigt me dit que ce menu doit contenir une bonne base de chocolat. » Comme c’est la base de ton alimentation, faire sans serait un très grand risque à prendre et tu savais qu’Isaac ne s’y risquerait pas.

Vous ne mettez pas longtemps à être diriger vers votre table dès que vous entrez dans le petit bistro, et tu t’assois de façon à avoir la vue sur la plage qui semble bien occupé de couple en tout genre en cette journée de l’amour. « J’ai quelque chose pour toi. » que tu soulignes, plongeant une main dans ton sac pour en sortir un paquet cadeau que tu fais glisser sur la table en direction d’Isaac. Dans ce dernier, Isaac pourra trouver une montre en argent, sous laquelle tu as fait graver la date de naissance de Jude, et sous laquelle tu comptes bien rajouter la date de naissance de votre enfant une fois qu’il ou elle aura montré le bout de son nez. « Joyeuse St-Valentin mon amour. »

Penny t'est indéniablement époustouflante. Tu l'admires sans vergogne dans sa robe rouge, qui souligne son ventre de plus en plus arrondi, ce petit cocon dans lequel croît le fruit surprise de votre sincère amour. Dans ces instants précis, dénichés à la volée, marqués par la destinée, tu ne peux t'empêcher de te considérer incroyablement chanceux. Quelles étaient les statistiques que ta vie évolue ainsi ? Quelles étaient tes chances de rencontrer Penny, cette personne incroyable avec laquelle tu veux bâtir ton avenir ? Dans quelle mesure pourriez-vous vous attendre à ce que votre histoire prenne ce rythme étourdissant digne de montagnes russes ; et que malgré les épreuves, malgré les tempêtes, malgré les larmes et les nerfs à vif, vous étiez indubitablement présents l'un pour l'autre à construire votre futur des meilleurs éléments dont vous êtes composés.

« J’ai hâte de voir ce que tu prépares. Ça fait des jours que tu fais le mystérieux dès que j’aborde le sujet. » La Stringer m'avoue alors que je distance mes lèvres de sa joue sur laquelle je viens de déposer un tendre baiser. Un sourire à la fois fier et satisfait égaie mon portrait, la malice se lit éhontément dans mon regard. « Je prends beaucoup de goût à te surprendre, » je fais, ce qui pourrait presque causer une hilarité ironique considérant tous les imprévus que vous essuyez depuis des mois. Néanmoins, ces surprises-ci que tu orchestres, tu sais qu'elles seront douces. De plus, tu apprécies posséder l'opportunité de surprendre Penny et ton cœur bat toujours la chamade de voir son portrait s'illuminer d'un imprévu que tu lui as concocté.

Tu as essayé de prendre autant de choses en compte que possible, exploitant au maximum ta capacité à être pessimiste et t'imaginer des scenarii catastrophes. Tu as épluché le web, sollicité l'avis de certaines de tes collègues et tu t'es arrêté sur une place en terrasse d'un petit restaurant, vue sur la plage artificielle, menu chocolaté à outrance. Tu révèles ton plan à ta petite amie, sa main se glisse dans la tienne, elle t'offre un délicat baiser. « Tu penses vraiment à tout. T’es parfait. » Ton sourire est radieux, tes doigts caressent doucement une mèche de ses cheveux contre sa joue. Tu es heureux que ce programme lui plaise. « J'essaie. J'ai à cœur que tout soit au mieux pour toi, » tu souffles timidement. Tu ne pouvais rien faire contre ses nausées, son ventre de plus en plus lourd et imposant, l'annonce de ta paternité surprise et votre quotidien assez houleux à gérer tous ces changements ; mais tu avais les capacités de créer un contexte des plus agréables pour la femme que tu aimais pour ce rendez-vous amoureux et tu ne comptais pas t'en priver. Dans la mesure du possible, tu désirais lui faciliter l'existence. « Mon petit doigt me dit que ce menu doit contenir une bonne base de chocolat. » Un rire franchit la barrière de tes lèvres avant que tu ne les mordilles. « Je deviens prévisible. »

Vous êtes rapidement installés à votre table. Le temps de quelques instants, ton regard se pose sur la plage et les personnes s'y distrayant, dont une majorité est de couples fêtant la Saint Valentin. « J’ai quelque chose pour toi. » Tes émeraudes se posent sur Penny, qui extrait une petite boîte empaquetée de son sac à main. « Joyeuse St-Valentin mon amour. » Ton regard passe de la jeune femme au présent, aussi interrogatif que surpris. « C'est la première fois que j'ai un cadeau pour la Saint Valentin. » Tu révèles, sincèrement touché par le geste de Penny. Ta curiosité est férocement aguichée, tant que tu lui demandes : « Je peux l'ouvrir ? » avant de te rappeler que tu détiens aussi de quoi pour elle. « Attends, » tu pries dans un bref et discret rire avant de déposer la boîte empaquetée à son attention sur la table et la glisser délicatement vers elle. A l'intérieur repose une rose rouge, qualifiée d'éternelle, dans un contenant de verre, accompagnée de quelques coquillages provenant de Torquay. Vous aviez passé plusieurs moments sur ces plages, tu savais à quel point elles étaient chères et représentaient de multiples souvenirs de Penny : elles étaient les lieux de son enfance et adolescence, constituaient la ville côtière où restaient ses proches. Sur le couvercle de bois refermant la boîte, tu as fait graver le code Spotify qui la mènera vers une Playlist, suite moderne de la mixtape que tu lui avais offerte pour son anniversaire, six mois plus tôt (x). « On en a chacun un, comme ça, » tu remarques, le regard pétillant. « Joyeuse Saint-Valentin ma chérie, » tu lui souhaites avec sincérité. Tu avais glissé aussi dans l'emballage une enveloppe refermant deux billets, non datés, pour une croisière, au départ de Brisbane - tu avais cru comprendre que partir en croisière faisait partie de sa liste des choses qu'elle aimerait vivre avant ses trente ans. Tu lui offrais ainsi l'occasion de rayer cet item-ci et lui laissais tout le soin de sélectionner la période qui lui convenait le mieux.

Précautionneusement, tes doigts déchirent le papier cadeau pour découvrir une boîte carrée. Ton regard remonte vers Penny, l'intrigue flagrante dans ton regard, et tu l'ouvres prudemment. Tu y découvres une montre en argent, ton index effleure doucement le métal frais avant que tu ne commentes : « Elle est magnifique, merci Penny. » Ta gratitude est authentique, un tel cadeau ne te laisse assurément pas indifférent. Tu es certain que Penny l'a choisi avec cœur. « Je vais en prendre grand soin, » elle t'est déjà précieuse Alors que tu la retires de son écrin dans l'optique de la mettre à ton poignet, tu remarques toutefois que quelque chose est gravé sous la montre. Tu la retournes et y lis la date de naissance de Jude, ce qui te touche encore plus. Tu reportes ton regard sur ton interlocutrice, le bonheur mêlé à la surprise palpable. Tu en perds ton latin. « Elle est magnifique, merci, » tu répètes alors, comme si le disque était rayé. Tu te lèves pour embrasser amoureusement ta petite amie avant de reprendre place sur ton siège. « Tu as laissé de la place pour celle du bébé ? » Tu soupçonnes, caressant du bout des doigts la gravure, avant de mettre la montre à ton poignet.

Jamais tu n’aurais cru qu’au moment de fêter votre première St-Valentin ensemble, tu en serais presque à la moitié de ta grossesse. Et pourtant vous voilà, dans ce restaurant au bord de l’eau, ton ventre qui prend de l’expansion avec chaque nouvelle journée qui passe et cette nouvelle vie qui fleurit sous ton nombril. Malgré toutes les surprises et les rebondissements de votre relation a connu depuis ses débuts, tu ne regrettes absolument rien de ce qui vous a mené jusqu’ici, à ce moment précis où tu peux plonger ton regard dans celui de ton amoureux et te dire que ta vie a bien meilleur goût depuis qu’il en fait partie. Oui évidemment, ce n’est pas facile à tous les jours. Entre cette grossesse surprise et légèrement compliquée vu les nausées qui persistent bien au-delà des douze semaines traditionnelles et l’apparition soudaine de Jude dans vos vies, vous ne manquez pas de changements et d’adaptation à venir. Mais malgré l’anxiété, malgré ce sentiment parfois étouffant de ne pas savoir à quoi t’en tenir, tu étais excitée pour cette nouvelle étape de ta vie qui allait commencer sous peu. « Je prends beaucoup de plaisir à te surprendre. » « Tu ne manques jamais d’y parvenir. » que tu rétorques avec un léger rire. Les surprises, aussi tumultueuses pouvaient-elles être, étaient belles, tu le savais. Ton attention est portée sur le petit restaurant que tu découvres, mais surtout sur la vue de la plage qui s’étend à quelques mètres de vous seulement. Tu te dis que ça pourrait être une bonne idée de prolonger le moment avec une balade sur le bord de l’eau. « J’essaie. J’ai à cœur que tout soit au mieux pour toi. » Tu viens poser tes lèvres contre sa joue, un merci silencieux pour toutes les attentions qu’il ne cesse d’avoir à ton égard, depuis l’annonce de ta grossesse, mais avant aussi. « Je deviens prévisible. » qu’il se moque alors que tu devines un menu chocolaté pour le brunch du jour. Ce que tu ne dis pas toutefois, c’est à quel point tu chérissais cette prévisibilité, du peu que cette dernière semblait vouloir se faire une place dans votre quotidien. Tu aimais réaliser à quel point Isaac connaissait tous les petits détails de ta personne et combien la réciproque se voulait tout aussi vrai. Comme si au travers des montagnes russes que constituaient votre relation, vous pouviez éternellement compter sur l’autre pour être cette présence rassurante et prévisible, inégalable.

Tu ne perds pas de temps avant de pousser un emballage cadeau en direction d’Isaac, impatiente de découvrir sa réaction face à cette pensée que tu as préparé pour lui en cette journée universelle de l’amour. « C’est la première fois que j’ai un cadeau pour la St-Valentin. » Un flash de surprise apparaît sur ton visage. Tu ne peux t’empêcher de trouver cela étrange qu’après plusieurs années de vie commune avec son ex-fiancée, Lucy, il n’est jamais reçu le moindre cadeau en cette journée spéciale. Peu envieuse de mettre l’accent sur la Ersley toutefois, tu souris doucement alors que tes doigts viennent frôler les siens. « Et ce ne sera pas la dernière. » Non, tu avais bel et bien l’intention d’en faire quelque chose de récurrent. Tu étais de celles qui aimaient gâter son entourage autant que possible, et qu’importe que la St-Valentin soit la plus commerciale des fêtes qui soit. Tu n’attendais pas cette journée pour dire à ton amoureux que tu l’aimes et à quel point tu es reconnaissante qu’il fasse partie de ta vie, mais tu n’allais certainement pas te priver de le lui rappeler pour l’occasion. « Je peux l’ouvrir? » Tu n’as même pas le temps de hocher la tête à la positive qu’Isaac ajoute : « Attends. » Un léger sourire se pose sur tes lèvres alors que tu l’observes déposer à son tour un paquet cadeau sur la table et la poser dans ta direction. « On en a chacun un, comme ça. » Tes doigts viennent frôler le papier d’emballage, curieuse de découvrir ce qui peut bien se cacher derrière. « Joyeuse St-Valentin ma chérie. » « Merci. » que tu souffles doucement alors qu’il s’attarde à découvrir cette montre que tu as choisi pour lui. Tu attends de voir sa réaction avant de t’attarder à ton tour sur la boîte qu’il t’a offerte. « Elle est magnifique, merci Penny. Je vais en prendre grand soin. » « Je suis contente qu’elle te plaise. » Tu avais douté légèrement avant de t’arrêter sur une montre, te disant que cette dernière pourrait être à la fois utile dans la vie de tous les jours, surtout dans le cadre de son travail où chaque minute est précieuse et chaque action calculée à la seconde près, que pour son style à la fois passe-partout et élégant. Et puis il y avait cette petite touche personnalisée de laquelle tu étais plutôt fière, qui ne manqua pas d’émouvoir ton amoureux. « Elle est magnifique, merci. » Ton sourire s’élargit alors qu’il perd ses mots, et tu lèves la tête dans sa direction alors qu’il vient se placer derrière toi pour t’embrasser tendrement. « Tu as laissé de la place pour celle du bébé? » Tu hoches la tête à la positive. « Et plus, si jamais. » que tu ne peux t’empêcher d’ajouter avec malice. Vous n’en étiez qu’au tout début de votre histoire, qui sait ce que la vie avait encore de prévu pour vous deux.

Une fois Isaac assis à nouveau devant toi, c’est à ton tour de t’attarder sur son cadeau pour découvrir ce qu’il contient. Tu arraches le papier pour découvrir une rose rouge sous une cloche de verre, avec laquelle repose divers coquillages, un rappel de ton amour éternel pour la plage, ce qui ne manque pas de te faire sourire. « Elle est superbe Isy, merci. » Tu découvres ensuite le message qui est gravé sur le dessus de la cloche et tu ne manques pas d’échapper un léger rire lorsque tu aperçois le code de ce que tu devines être une playlist sur Spotify. « Tu es passé aux mixtapes des temps modernes? » que tu demandes avec malice dans la voix. La dernière chose qui attire ton attention est une enveloppe et si tu penses d’abord en sortir une carte traditionnelle à l’occasion de la fête de l’amour, c’est plutôt deux billets de croisières partant de Brisbane, sans date préétablie. Tu lui avais déjà mentionné ton envie de faire cette sorte de voyage, sans jamais croire que ce serait possible de le faire avant tes trente ans comme tu en avais pourtant toujours rêvé. « Oh Isy, mais c’est beaucoup trop. » que tu ne peux t’empêcher de lui faire remarquer, l’émotion dans la voix. « Merci mon amour. » Tu attrapes l’une de ses mains avant de venir la porter à tes lèvres, y déposant un léger baiser avant de serrer ses doigts un peu plus fort alors que tu les reposes contre la table. « Et elle se rend à quelle destination, cette fameuse croisière? » Toi qui n’avais que très peu voyager pour autre chose que pour le travail par le passé, tu avais su prendre goût dans la dernière année à tout genre d’aventures, surtout lorsque tu pouvais être accompagnée d’Isaac. « Tu penses que c’est réaliste de croire que l’on puisse partir avant l’arrivée du bébé? » La logique voudrait que non. Tu souffrais déjà de nausées en permanence en étant sur la terre ferme, qu’est-ce qu’il en serait si tu décidais de passer plusieurs jours de suite en mer? En plus de tout ce qui se passait avec Jude, de votre départ imminent pour Torquay et des démarches à n’en plus finir pour qu’Isaac puisse obtenir une garde légale, tu ne voyais pas vraiment comment cela serait possible et pourtant, tu avais envie plus que jamais de t’accrocher à ce rêve de pouvoir te défaire de tout quelques jours encore avec lui avant que votre relation et vos vies ne changent à tout jamais.

Ca pouvait sans doute sonner étrange du haut de tes trente-six ans, mais en ce jour célébrant l'amour, tu réalisais plus que jamais à quel point la relation que tu entretenais avec Penny était non seulement inestimable, mais aussi saine. Vous viviez certes des événements surprenant, vous étiez à bord de montagnes russes époustouflantes, mais tu t'épanouissais plus que jamais dans votre couple où la bienveillance, l'écoute, la patience et la compréhension régnaient. Tu avais le sentiment qu'à deux, vous pouviez tout affronter, quand bien même vous aviez encore tant à apprendre l'un de l'autre. Vous ne partagiez votre quotidien que depuis quelques mois, vous attendiez déjà votre premier enfant, votre histoire était des plus atypiques et sensationnelles, mais tu n'y changerais rien pour tout l'or du monde. Penny t'avait même amené à accepter et apprécier les différentes épreuves que tu avais franchies avant de la rencontrer, car tu te convainquais qu'elles t'avaient conduit jusqu'à elle.

Tu ne te complais pas à te voiler la face sur tous les challenges qui vous menacent ou vous étreignent toutefois, mais ceux-ci ne t'empêchent pas de savourer chaque instant partagé avec la Stringer, ni de rêver aux prochains. Tu es ravi que ton programme secret pour cette Saint Valentin convienne et plaise à ton amoureuse et ton cœur bondit légèrement lorsque tu constates qu'elle t'a aussi fait un présent pour cette fête romantique. Tu remarques son expression vive de surprise mais ne t'attardes pas sur le sujet de tes précédentes relations, découvrant avec émerveillement la montre que la jeune femme a sélectionnée - et fait graver - pour toi. Son attention te touche chèrement et tu déposes un baiser chargé d'amour comme de reconnaissance sur sa joue. Tu laisses échapper un léger rire lorsqu'elle prononce avec malice, devant ton constat qu'il reste de la place au dos de la montre pour y graver le nom et la date de naissance de votre future enfant : « Et plus, si jamais. » Tu seras toujours impressionné par sa résilience, par sa manière de savoir se projeter même quand sa grossesse n'est pas des plus évidentes à vivre. « Je t'aime tellement, » tu susurres, admiratif. Tu valorises tels des trésors ces promesses d'avenir qu'elle te formule également de différentes manières plus ou moins inopinées, ces mots emplis de lumière qui tarissent tes angoisses et chassent tes idées noires.

Tu repends place sur ton siège en face de celui de Penny et elle commence à déballer les cadeaux que tu t'es procurés pour elle. Tu es à la fois impatient et nerveux de ses prochaines réactions, ayant placé cœur et réflexion dans ces quelques attentions. Ta petite amie extrait de son emballage-cadeau la rose rouge dite éternelle, sous cloche de verre, entourée de rappels divers de la plage de Torquay sur laquelle vous aviez pris l'habitude de vous promener main dans la main. « Elle est superbe Isy, merci, » réagit-elle et tu souris de regarder ses yeux décrire le cadeau, avant de remarquer le code Spotify. « Tu es passé aux mixtapes des temps modernes? » Je hoche la tête avec un rictus espiègle. « Je me suis dit que je devais me moderniser avant que tu me mettes à la maison de retraite, oui, » tu taquines en faisant écho à l'une de vos précédentes conversations emplies de boutades sur vos âges respectifs. « C'est du sable et des coquillages de la plage de Torquay que tu aimes, » tu précises. « J'ai triché en recevant de l'aide, l'un des coquillages a été donné par David, » tu informes en souriant.

Ta mine se veut davantage concentrée quand Penny saisit le deuxième présent, enfermé dans une enveloppe. L'émotion et la surprise sont vives dans sa voix comme dans ses perles noisettes et tu te réjouis que la vingtenaire apprécie aussi cette surprise. « Oh Isy, mais c’est beaucoup trop. » Vous aviez déjà évoqué vos rêves et projets et tu avais bien retenu que ta petite amie aurait aimé partir en croisière avant ses trente ans. Ceux-ci approchaient néanmoins à grands pas et tu avais décidé de toute mettre en œuvre pour lui permettre de cocher cet item sur sa bucket list. « Merci mon amour. » Ses doigts s'entremêlent aux tiens avant qu'elle y dépose un doux baiser. « Et elle se rend à quelle destination, cette fameuse croisière? » Ton sourire s'élargit de la voir si heureuse, si enthousiaste. Tu craignais que ton cadeau puisse être une sorte de lame à double-tranchant, parce qu'elle aurait souligné le fait que ses trente ans seraient célébrés cette année, même si ta pure intention était justement de rendre ce passage encore plus beau et exceptionnel pour la Stringer. « Alors en fait, je vais avoir besoin de ton aide pour le terminer, ce cadeau. J'ai fait un peu les choses à moitié, » j'avoue avec humour. « J'ai choisi une agence où on peut choisir nos dates sur plusieurs propositions et aussi plusieurs types de traversées. Je me suis dit que comme ça, on pourrait sélectionner celle qui te semble le mieux, celle qui te plairait le plus, avec les meilleures dates. » J'expliquais, ayant bien pris soin de ne pas imposer une croisière à Penny non plus si elle sentait que son état le lui aurait pas permis d'y assister dans des conditions agréables. « Tu penses que c’est réaliste de croire que l’on puisse partir avant l’arrivée du bébé? » Un fin sourire apparaît sur mes lippes, heureux qu'elle me rejoigne sur cette idée. « Je pense oui. Je m'étais dit qu'en ayant le choix de beaucoup de paramètres de cette croisière, ça pouvait être jouable, et tu pourrais cocher un item de tes projets avant tes trente ans par la même occasion. » Tu marques une pause, laissant cette optique germer. « Mais après, c'est vraiment comme tu le sens aussi, comme c'est le mieux pour toi : je suis tes préférences et appliquerais tes vœux, » je présente avec légèreté, conquis de partager ce genre de voyage avec ton amoureuse peu importe les conditions et l'instant qui seraient choisis. De plus, tu étais persuadé que vous méritiez bien une autre escapade en amoureux, tous les deux - ou deux et demi.

Comme Isaac, c’est la première fois que tu célèbres à proprement parler la St-Valentin. Il y avait bel et bien eu les années où tu n’avais pas terminé la soirée seule, même celle où tu étais dans une fréquentation quelconque lorsque le monde autour se transformait en guimauve géante, mais tu n’avais jamais célébré avec cette intention particulière qu’est celle des couples. Il n’y avait jamais eu d’échange de cadeaux, jamais de restaurant spécifiquement choisi pour l’occasion et jamais l’envie de passer la journée en entier avec la même personne. Comme sur beaucoup de points, tu vivais cette première avec Isaac et tu ne pouvais qu’être touchée de savoir que c’était aussi une première pour lui, d’une certaine façon. Tu es soulagée lorsqu’il t’assure que la montre lui plaît, plus amoureuse que jamais quand il te murmure combien il t’aime et d’autant plus impatiente de découvrir ce qu’il peut bien cacher sous le paquet qui t’est adressé. Si la rose est la première chose qui te saute aux yeux, tu n’en demeures pas moins attentive et ébahie des petites attentions qui l’entourent, du sable et des coquillages dans le fond du vase jusqu’au code Spotify qui ramène à une playlist dont tu devines déjà certaines chansons y figurant. « Je me suis dit que je devais me moderniser avant que tu me mettes à la maison de retraite, oui. » Tu secoues doucement la tête en riant, touchée par le présent et tout ce qu’il représente. « C’est du sable et des coquillages de la plage de Torquay que tu aimes. J’ai triché en recevant de l’aide, l’un des coquillages a été donné par David. » « Ce coquin. » que tu souffles, d’autant plus émue d’apprendre qu’il a vraiment cherché à personnaliser le cadeau un maximum en allant y ajouter une touche qui te rappelle ta maison, d’où tu viens, cette plage qui t’a vu grandir, celle qui est devenue un endroit sacré pour Isaac et toi chaque fois que vous êtes dans ta ville natale. « C’est vraiment le plus beau cadeau que j’ai jamais reçu. Merci Isy. » Tu le penses vraiment. Tu ne saurais vraiment demander quoique ce soit de plus et pourtant, le Jensen possède une enveloppe qu’il glisse dans ta direction, signe d’un deuxième cadeau prévu à ton attention.

Tu mets quelques secondes avant de réaliser l’ampleur de ce deuxième présent, de ce qu’il représente vraiment. Une croisière, comme tu lui as mentionné vouloir en faire une avant l’arrivée pourtant imminente de tes trente ans. C’était avant que vos vies soient complètement chamboulées toutefois, par l’arrivée de votre bébé, par l’existence des plus surprenantes de Jude aussi. Mais tout ça, tu l’oublies, pour encore quelques secondes du moins, alors que tu ne sembles pas trouver la réponse à la plus grande question : la destination de ladite croisière. « Alors en fait, je vais avoir besoin de ton aide pour le terminer, ce cadeau. J’ai fait un peu les choses à moitié. J’ai choisi une agence où on peut choisir nos dates sur plusieurs propositions et aussi plusieurs types de traversées. Je me suis dit que comme ça, on pourrait sélectionner celle qui te semble le mieux, celle qui te plairait le plus, avec les meilleures dates. » « Je vois que tu ne laisses vraiment rien au hasard Monsieur Jensen. » S’il voyait ça comme faire les choses à moitié, tu voyais plutôt ça comme une manière d’assurée que la destination serait à ton goût, en plus de prendre en considération vos agendas bien trop souvent remplis. Vos agendas qui dépendent présentement entièrement de Jude et du temps qu’Isaac peut passer auprès du garçon pour apprendre à le connaître et tenter de rattraper au mieux ces années perdues, volées par un égoïsme que tu peines toujours à comprendre et à accepter aujourd’hui. Alors évidemment, quand tu lui demandes s’il pense que c’est réaliste de partir avant l’arrivée du bébé, tu penses à celui qui pousse sous ton nombril oui, mais tu penses à Jude aussi, avec qui chaque minute est précieuse. « Je pense oui. Je m’étais dit qu’en ayant le choix de beaucoup de paramètres de cette croisière, ça pouvait être jouable, et tu pourrais cocher un item de tes projets avant tes trente ans par la même occasion. » Tu lui offres un sourire, moins assuré toutefois qu’il ne l’était il y a quelques minutes à peine alors que les pensées et les questions fusent sans cesse dans ton esprit. « Mais après, c’est vraiment comme tu le sens, comme c’est le mieux pour toi : je suis tes préférences et appliquerais tes vœux. » Tu tends les mains en direction d’Isaac pour mieux venir enlacer tes doigts des siens. « Tu n’as pas idée à quel point ça me touche que tu veuilles pouvoir tiquer cette aventure de ma liste, mais je me sentirais mieux si on attendait un peu. » Parce que la grossesse te fatigue, que tu crains que tes nausées soient d’autant plus persistantes une fois en mer et que pour quelques mois encore, l’attention se doit d’être complètement sur une autre tête blonde que la tienne. « Je pense que l’important en ce moment, c’est que tu puisses passer autant de temps que possible avec Jude. On a tout le temps du monde pour partir tous les deux, mais c’est maintenant que tu peux vraiment maximiser tout ton temps auprès de Jude, créer vos premiers souvenirs ensemble et bien lui faire comprendre que tu es là pour rester, et qu’il ne sera pas remplacer par son futur petit frère ou petite sœur. » La vie de Jude venait d’être complètement chamboulé par l’arrivée de son père, et bientôt elle le serait encore davantage quand un autre enfant viendrait voler l’attention d’un homme qu’il commence à peine à appeler papa et tu ne peux t’empêcher de penser que la priorité présentement se doit vraiment d’être auprès du garçonnet autant que possible, que les voyages en tout genre peuvent bien entendre. « Peut-être même que ce sera l’occasion pour nous de faire un premier voyage en famille, tous les quatre. » Quatre, juste de le dire, ça te paraît complètement insensé et pourtant, c’est bien ce que les cartes du Destin avaient en place pour vous.

Tu décris avec une certaine avidité et attention le portrait de Penny tandis qu'elle découvre le premier présent que tu lui offres. Le regard de la jeune femme se voue à la rose éternelle protégée par son cocon de verre, entourée de sable provenant de l'une des plages que vous fréquentiez durant vos séjours à Torquay et qu'elle t'avait confié être l'une de ses favorites pour être porteuse de nombreux de ses souvenirs, agrémenté d'un coquillage tout particulier que David t'avait tendu un beau matin. Il s'agissait réellement d'un travail d'équipe, d'un amas de bons et tendres souvenirs que tu avais voulu solidifier, préserver sous ce verre ; souvenirs qui prenaient une importance de plus en plus précieuse à tes yeux, désormais que tu réalisais à quel point le temps était en mesure de passer vite, de filer entre vos doigts. Il pouvait s'agir un peu de triche : tu avais recueilli simplement des éléments que tu pensais rappellerait à ton amoureuse des personnes et des instants qui lui étaient chers, tout en y ajoutant le lien menant à une playlist Spotify qui contenait des chansons ayant rythmé votre romance et que vous pourrez compléter à mesure de votre histoire. Tu avais voulu en faire une forme d'attrape-bonheur, une vision et écoute réconfortantes, un rappel que le passé, le présent et le futur pouvaient se mêler sous la même lumière chaleureuse, à l'image que l'amour pouvait être sans condition de temps. « C’est vraiment le plus beau cadeau que j’ai jamais reçu. Merci Isy, » Penny te fait, émue, et tu lui souris amoureusement, sincèrement heureux que ces attentions lui plaisent. « Je suis content que tu l'aimes, » tu avoues, son bonheur ayant écho indéniablement sur le tien.

Le second cadeau tient dans une simple enveloppe. D'un geste habile, ton amoureuse découvre les tickets de croisière et tu lui expliques que ceux-ci sont ouverts : vous pourrez choisir autant la destination que les dates, comme il vous siéra le mieux. Certes, ton intention première avait été de permettre à Penny de cocher un item de sa "bucket list", lui permettre de réaliser un des objectifs qu'elle s'était fixé compléter avant ses trente ans. Une partie de toi était un peu désolée pour la jeune femme et redoutait que toutes vos surprises la mette sur une sorte de carreau, quand bien même tu savais que ses décisions étaient prises avec son cœur, sa raison et ses trippes. Néanmoins, tu désirais valoriser la Stringer, lui permettre de réaliser quelques uns de ses souhaits, lui rendre un peu la pareille de l'immensité qu'elle t'offrait au quotidien par son inestimable présence. Elle donnait tant d'elle-même, tu voulais qu'elle reçoive aussi en retour. Ta petite amie tend ses mains en ta direction, enlace ses doigts aux tiens. « Tu n’as pas idée à quel point ça me touche que tu veuilles pouvoir tiquer cette aventure de ma liste, mais je me sentirais mieux si on attendait un peu. Je pense que l’important en ce moment, c’est que tu puisses passer autant de temps que possible avec Jude. On a tout le temps du monde pour partir tous les deux, mais c’est maintenant que tu peux vraiment maximiser tout ton temps auprès de Jude, créer vos premiers souvenirs ensemble et bien lui faire comprendre que tu es là pour rester, et qu’il ne sera pas remplacer par son futur petit frère ou petite sœur. » Tu inspires profondément, le cœur serré par les paroles de ta petite amie. Tu l'aimes d'un amour inconsidérable, incommensurable. Tu l'admires tant pour ce dévouement, cet altruisme qu'elle déploie alors que d'autres à sa place n'auraient pas mené une réflexion similaire à la sienne qui se solde finalement par une union de votre famille et le bien-être de ses membres. Elle a raison, bien évidemment, tu es en accord avec tous ses propos et es touché de son positionnement. « Tu as vraiment un cœur de maman formidable, » tu remarques, attendri, baisant doucement ses doigts. « Peut-être même que ce sera l’occasion pour nous de faire un premier voyage en famille, tous les quatre. » Tu souris et acquiesces, caressant tendrement ses doigts. « Oui, c'est une excellente idée. Ca peut faire un très beau voyage en famille. » Ca te semble si surréel de se projeter ainsi, ça t'emplit de féliciter de songer que dans votre futur, vous pourrez réaliser des escapades en famille à quatre de la sorte, voire même plus comme ton amoureuse l'avait indiqué plus tôt. Tu te mordilles distraitement la lèvre inférieure, songeur, subjugué, et le serveur vient prendre votre commande.

Peut-être que c'est une déformation professionnelle que tu as, ou alors quelques traces de tes relations qui se sont mal terminées que tu traînes comme des breloques tintant dans ta boîte crânienne. Néanmoins, tu ne peux pas t'empêcher de te soucier silencieusement pour Penny. C'est un peu contradictoire car tu lui fais entièrement confiance, tu sais qu'elle est très intelligente, qu'elle connaît ses limites, qu'elle sait assurément prendre soin d'elle, mais tu as peur que tous les éléments qui secouent votre quotidien soient si imposants qu'elle s'oublie dans le processus. Tu crains qu'à force de se relayer au second rang, elle se mette sous silence, taise ses besoins, et qu'elle soit intrinsèquement malheureuse. Tu ne la contredis pas sur les arguments qu'elle a avancés, tu les soutiens et es infiniment admiratif et reconnaissant de sa position. Elle a tout à fait raison, ces semaines sont déterminantes pour que Jude sente avoir sa place dans ta vie, qu'il se familiarise autant que possible à votre monde avant qu'il n'ouvre ses portes à l'arrivée de votre bébé. Chaque arrivée d'un nouveau membre dans une famille était loin d'être négligeable et demandait de l'adaptation - et la capacité d'adaptation du petit avait déjà été mise à rude épreuve ces dernières semaines. Il était certain que consolider ce que vous formez était judicieux. Penny avait la meilleure des idées à décaler ce voyage à plus tard, quand le rythme vous sera plus doux, ou du moins, vous serez moins dans les chamboulements et dans les mouvements à gauche et à droite : quand vous aurez un cadre plus posé à l'accalmie de la tourmente providentielle qui vous était réservée. Il fallait probablement que tu fasses un travail sur toi-même aussi, que tu te rappelles que vous vous disiez tout, et que Penny n'était pas n'importe qui. Elle avait montré sa vaillance et sa force de caractère. Elle ne serait pas nécessairement ses proches aidants que tu croises à l'hôpital et qui arrivent à exténuation sans même s'en rendre compte parce que leur attention est exclusivement rivée sur leurs proches. Penny fait attention, et tu fais attention à son bien-être aussi, parce que tu l'aimes à la folie, qu'elle t'est précieuse, que tu ne t'imagines pas ta vie sans elle.

« Est-ce que ça te manque d'être sur les plateaux ? » Tu lui demandes néanmoins, intéressé. Si sa carrière n'avait pas toujours été rose, tu savais aussi que Penny s'était énormément investie en son sein, qu'elle appréciait le feu des projecteurs. Elle t'avait aussi confiée ne pas être totalement certaine de ce qu'elle souhaitait pour la suite, et elle avait bien mérité une pause ou même une retraite si elle le désirait considérant son succès et ses compétences pour éventuellement se réorienter. Quoi qu'elle décidait, tu lui avais assuré que tu l'épaulerais dans sa décision ou même sa recherche de la prochaine étape de sa vie, et rien ne pressait non plus. Néanmoins, tu ne pouvais t'empêcher de te demander si ça la frénésie des projets cinématographiques lui manquaient. « Dans notre merveilleuse tornade colorée d'émotions et nos événements heureux à venir, » tu présentes avec un sourire bienheureux - vous viviez à cent à l'heure mais tu ne changerais rien à votre histoire bien à vous - « est-ce qu'il y a d'autres projets auxquels tu penses que tu aimerais t'investir, quand tout sera plus calme ? »

Cette première St-Valentin, bien que rythmée par de légères nausées que tu sais encore gérer, se place sans grande difficulté parmi tes moments les plus doux passés avec ton amoureux. Si tu n’as jamais pris le temps de célébrer la fête de l’amour par le passé, n’ayant jamais été dans une relation assez sérieuse pour le faire par le passé, tu apprécies l’échange de cadeau avec Isaac, autant que tu apprécies la simplicité du moment, toutes les attentions faites par ton petit ami pour rendre le moment aussi personnalisé que possible. Il sait exactement quoi t’offrir, où t’emmener pour te faire plaisir, le mélange de plage et de chocolat étant évidemment un combo auquel tu ne saurais jamais résister. Le deuxième cadeau que constitue cette croisière au billet ouvert est une attention si particulière, si généreuse de sa part que tu ne peux qu’être éternellement plus charmée par l’homme qui prend place devant toi. Toutefois consciente de vos circonstances particulières, celles qui ne cessent de se modifier de jour en jour depuis le début de l’année, tu cherches avec précaution les bons mots pour lui faire part de tes craintes face à l’idée de partir maintenant. Ce n’est pas l’envie qui manque, tu aurais sincèrement adoré pouvoir profiter d’une dizaine de jours en mer loin de tout et de tout le monde, à n’apprécier que la présence d’Isaac alors que ce n’était encore que lui et toi, mais la réalité était tout autre désormais. Ce n’est plus que lui et toi, qu’importe si votre bébé grandit toujours bien au chaud au creux de ton ventre, il y a Jude a considéré désormais. Jude avec qui Isaac a énormément de temps à rattraper, Jude qui doit encore se faire à l’idée qu’il a un père qui semble tout droit sorti de nulle part, un père qui l’aime si fort et qui ne veut que son bien et que son bonheur. Un père qui se doit de lui rappeler sa présence autant que possible dans les mois à venir, pour faciliter une quelconque garde partagée quand viendra le temps. Les semaines sont comptées, tu le sais et tu ne veux pas être celle qui tient Isaac loin de son fils pendant cette période qui te paraît si cruciale. « Tu as vraiment un cœur de maman formidable. » Le compliment te va droit au cœur, surtout puisque tu n’es pas encore techniquement une maman, même si tu aspirais à jouer un rôle aussi important que possible dans la vie de Jude, selon la place qu’Isaac t’accorderait tout en respectant le fait que non, tu ne serais jamais sa maman. « Oui, c’est une excellente idée. Ça peut faire un très beau voyage en famille. » Famille. Le mot t’accroche particulièrement, jamais tu n’aurais cru il y a six mois à peine de ça que tu serais en train de faire des projets de voyage en famille avec non pas un, mais bien deux enfants, en plus de cet amoureux avec lequel tu pouvais bien trop facilement t’imaginer un futur des plus rocambolesques, à l’image de vos premiers mois de couple qui ne cessaient de vous en rajouter constamment en termes de surprises. « Ça me rassure que tu le prennes comme ça. » que tu lui avoues, même si tu n’étais pas surprise qu’il comprenne où tu voulais en venir. Tu ne souhaitais pas faire preuve de dépréciation face à ce cadeau que tu étais impatiente d’utiliser, bien que le timing ne soit pas le bon présentement. « J’ai hâte d’avoir l’occasion de voyager et de découvrir le monde à tes côtés à nouveau, mais je pense qu’en ce moment, notre place est à Torquay. » Près de Jude, et près de ta famille aussi, que tu étais contente d’impliquer autant que possible pendant le processus de cette grossesse surprise.

Breuvages et repas sont éventuellement servis alors que la conversation suit naturellement son cours entre vous. Tu parviens même à profiter de quelques bouchers de ton brunch avant que les nausées ne s’intensifient et te force à arrêter d’avaler quoique ce soit au risque d’être malade, un processus auquel Isaac est habitué depuis plusieurs semaines déjà. Tu te sens toujours mal de ne plus être en mesure de profiter de toutes ces choses que tu aimes, surtout lorsqu’elles te sont ainsi offertes par ton amoureux, mais tu sais aussi qu’il préfère largement que tu écoutes les signaux de ton corps plutôt que de te risquer à être malade une fois de trop, toi qui continues de l’être sur une base un peu trop régulière à tous les jours depuis plusieurs mois déjà. « Est-ce que ça te manque d’être sur les plateaux? » La question te prend quelque peu par surprise, loin des différents sujets abordés dans les dernières minutes, quoique possédant son lot d’importance. Tout allait si vite dernièrement que tu ne prenais pas réellement le temps de t’attarder sur la question de ta carrière qui avait quelque sorte été laissé en suspend depuis que tu avais appris que tu portais la vie. Tu n’avais pas cherché de nouveaux projets, tu n’avais tourné dans rien si ce n’est le vidéoclip de Jordan en décembre dernier, et si tu savais que ce n’était pas la priorité actuellement, ce serait mentir de dire que tu ne t’ennuyais jamais de ta vie d’avant. De celle qui était composée de longs tournages et d’un rythme complètement déjanté, similaire mais ô combien différent de la vie que tu mènes désormais. « Ça me manque un peu, oui. » que tu commences doucement, ton regard se tournant vers la plage alors que tu cherches tes mots pour décrire comment tu te sens aujourd’hui face à tout ça. « Pendant des années, le travail était ma seule et unique priorité, et j’avoue qu’avant mon agression, je ne pensais jamais voir le jour où je ne chercherais pas à constamment remplir mon agenda de projets en tout genre. » Ton agression qui avait été la première chose à tout remettre en question, et puis la vie qui s’était naturellement chargée de faire persister les doutes, de te montrer d’autres chemins de vie possibles que tu n’aurais jamais osé considérer par le passé. « Autant j’adore ce que je fais et je me vois mal faire autre chose comme métier, autant je ne m’ennuie pas particulièrement de mon mode de vie de workaholic. » que tu avoues avec un rire. « Mes priorités ont changé. » que tu conclues, une main qui vient trouver celle d’Isaac, l’autre qui se pose naturellement contre ton ventre. Oui, les choses avaient grandement changé en quelques années, mais jamais tu ne regrettais ce chemin battu sur lequel tu semblais t’être retrouvée par le plus grand des hasards. « Dans notre merveilleuse tornade colorée d’émotions et nos évènements heureux à venir. » Tu échappes un rire face à la manière de Isy de décrire les renversements qui ne cessaient de bouleverser votre quotidien. « Est-ce qu’il y a d’autres projets auxquels tu penses que tu aimerais t’investir, quand tout sera plus calme? » Tu hausses légèrement les épaules, la question te prenant quelque peu au dépourvu. « Je t’avoue qu’en ce moment j’ai du mal à me projeter aussi loin que la semaine prochaine, alors penser à ce que ça pourrait être dans six mois, ou même un an me semble complètement impossible. » Il y avait encore trop d’inconnus, que ce soit vis-à-vis de la situation avec Jude, ou même avec votre propre bébé dont vous ignoriez encore absolument tout pour que tu sois en mesure de penser plus loin que tout ça. « Je sais aussi que tu adores ton travail, même si ce dernier te prend énormément de ton temps et je ne suis pas certaine de nous imaginer jongler les enfants en plus de nos deux métiers complètement différents, aux horaires atypiques. » Les tournages pouvaient t’emmener à voyager des semaines durant dans tous les coins du pays, si ce n'est plus loin encore, alors que les heures de travail d’Isaac s’accumulaient souvent bien en dehors du traditionnel 8 heures par jour, en plus de suivre des horaires qui ne se ressemblaient jamais de semaine en semaine. « Alors pour l’instant, mon projet principal, c’est nous. » Veiller sur le bien-être de ce bébé qui pousse sous ton nombril, sur l’état d’esprit de ton amoureux que tu sentais plus fragile que jamais depuis l’apparition de Jude dans vos vies, et puis essayer de faire en sorte que toutes ces adaptations se fassent aussi doucement que possible.

Penny et toi célébrez aujourd'hui votre première Saint-Valentin et pourtant, avec le recul, la sensation que vous êtes ensemble depuis bien plus d'un an te saisit. Votre romance emprunte un rythme effréné, semé de surprises qui transforment le qui-vive en seconde nature. Parfois, songer au lendemain t'angoisse parce que tu ignores prodigieusement ce qu'il vous concocte et que tu redoutes ne pas être en mesure de gérer aussi correctement que possible tous les éléments avec lesquels l'univers t'a sommé de jongler, éléments auxquels tu tiens et tu es terrifié de laisser malencontreusement tomber au sol. Tu t'efforces de relativiser en te rappelant que l'essentiel est d'avancer pas à pas, de prendre les choses une journée à la fois, surtout quand il t'a été prouvé à maintes reprises que les plans ont une capacité remarquable à être altéré. Néanmoins, en bout de ligne, malgré la houle qui vous agite constamment, tu sais au fond de ton cœur, au creux de tes tripes, que tu ne souhaiterais pas que les choses soit autrement. Tu n'aimerais partager ton quotidien avec personne d'autre que Penny, tu ne voudrais pas avoir été surpris, deux fois plutôt qu'une, de ta paternité officielle et à venir, dans un cadre autre que celle de ta relation avec la Stringer. Bien entendu, tu n'aurais pas refusé un tempo plus calme, tu aurais apprécié que l'existence de Jude ne t'ait pas été cachée pendant plus de trois ans et il aurait été bénéfique que vous ayez été un peu plus maîtres de ces déconvenues qui vous ont coupé l'herbe sous le pied plus d'une fois ; mais ultimement, toutes ces bifurcations faisaient de vous ce que vous étiez et sur ce point-là, tu ne voudrais absolument rien modifier.

« Ça me rassure que tu le prennes comme ça, » avoue Penny lorsqu'elle t'expose son point de vue sur le dernier présent que tu lui as offert : des billets ouverts pour une croisière. Tu comprends aisément le positionnement de la jeune femme et même si vos mois à venir promettent d'être tout aussi riches en surprises que les précédents, il n'en demeurait que vous aviez, d'une certaine manière, tout le temps de prévoir ce voyage dans le futur. « J’ai hâte d’avoir l’occasion de voyager et de découvrir le monde à tes côtés à nouveau, mais je pense qu’en ce moment, notre place est à Torquay. » Tu souris doucement, hoches la tête à l'affirmative, approbateur. L'assurance dans les propos de Penny te rassure, toi qui craignait que les surprises de vos quotidiens puissent devenir très lourdes et la conduise à solliciter une pause ou même un arrêt dans votre histoire mouvementée, ce qui aurait été tout à fait légitime et compréhensible. Tu sais que Penny est dotée d'un gigantesque cœur, d'un courage sans nom et que son amour est des plus purs, mais les défis qui se présentent à vous sont de taille conséquente, que ce soit ce bébé à venir ou même la survenue de Jude, garçon à la fois petit et grand, auprès duquel tu veux incommensurablement prendre ta place de père. Souvent, tu as l'impression de faire face à un véritable casse-tête sur lequel il t'arrives de te brûler autant les doigts que le cœur. Tu peines à jauger la taille et la place à accorder à tout ce qui s'impose dans ta vie. Tu es horrifié à l'idée de créer des impairs, de causer des torts, en prenant les mauvaises décisions ou n'accordant pas assez de temps à l'une des personnes à qui tu tiens. Plus d'une fois, tu en voulais même aux journées de n'être composées que de vingt-quatre heures, soumis à la frustration d'avoir réalisé qu'une infime partie de tes projets auxquels tu prodiguais des tons d'impératif. Tu avais peur de ne pas savoir concilier justement l'histoire que tu bâtissais avec Penny et ton besoin d'y faire une place pour Jude. Tu redoutais ne pas allier correctement votre famille et ton passé, assumer tes responsabilités personnelles et gérer tes conflits plus ou moins en dormance avec Lucy. Tu étais conscient à quel point tu étais chanceux de pouvoir compter sur ta petite amie ainsi que sa famille, notamment quand vous vous trouviez à Torquay, mais tu reconnaissais tout autant que ton passé pouvait paraître un important bagage, qui venait une nouvelle fois mettre en branle votre équilibre.

Alors, bien entendu, même si tu admires la force et l'altruisme de Penny, une partie de toi a terriblement peur de la rendre malheureuse. Tu crains que par la force des choses, par l'arrivée inopinée et soudaine de deux petits êtres, l'australienne se sacrifie à s'en rendre misérable, à peut-être même s'en créer des regrets. Tu as conscience bien évidemment que ta petite amie est assez grande pour faire ses propres choix et est tout autant raisonnée pour ne pas se heurter dans ce processus, mais tu ne peux t'empêcher de te jouer garant de son bonheur et de vouloir la protéger contre tout maux, par amour pour elle. Tu as personnellement eu le vice plus d'une fois de t'oublier jusqu'à te perdre face à des situations où l'on avait besoin de toi et même si Penny est bien différente de toi, tu t'en voudrais qu'il lui arrive le même sort. C'est pour cette raison que tu ne peux pas t'empêcher de la questionner sur ces plateaux sur lesquels elle a mis le feu pendant une majeure partie de sa vie. Sa carrière, pour laquelle elle a aussi donné sans compter de toutes les histoires qu'elle a pu te conter et cette filmographie importante qu'elle détient. Quand tu as rencontré ton amoureuse, elle t'avait confié mettre le volet professionnel de sa vie sur pause pour l'instant, suite à son agression. Tu soutenais totalement son positionnement, mais tu ne souhaiterais pas qu'elle fasse une croix sur ses rêves parce que la vie allait vitesse grand V pour vous. « Ça me manque un peu, oui. » Tu suis son regard qui se porte sur la plage. « Pendant des années, le travail était ma seule et unique priorité, et j’avoue qu’avant mon agression, je ne pensais jamais voir le jour où je ne chercherais pas à constamment remplir mon agenda de projets en tout genre. » Tu l'écoutes attentivement, venant couvrir sa main de la tienne. Penny était quelqu'un de travailleur, pétillant, énergique, dynamique, une véritable force de la nature qui t'impressionnait au quotidien. « Autant j’adore ce que je fais et je me vois mal faire autre chose comme métier, autant je ne m’ennuie pas particulièrement de mon mode de vie de workaholic. » Son rire te parvient, t'arrache un léger sourire en coin. « Mes priorités ont changé. » Elle porte l'une de ses mains sur son ventre légèrement arrondi. Penny ne serait pas la première actrice à succès qui prend une pause pour des raisons personnelles, ou même qui cesse sa carrière après avoir enchaîné les blockbusters. D'un côté, peut-être égoïstement, ça te rassure de l'entendre dire que son mode de vie workaholic ne lui manque pas et que ses priorités ont changé. Mais tu sais aussi que si le goût des tournages lui revenait, tu ferais tout ce qui était en ton pouvoir pour qu'elle puisse l'assouvir, et c'est dans cette optique que tu la questionnes sur d'éventuels projets qu'elle pourrait avoir pour l'avenir. « Je t’avoue qu’en ce moment j’ai du mal à me projeter aussi loin que la semaine prochaine, alors penser à ce que ça pourrait être dans six mois, ou même un an me semble complètement impossible. » Tu hoches doucement la tête. Il est vrai qu'au cœur des montagnes russes que vous vivez, vous projeter n'est peut-être pas le plus judicieux, quand le sol même sur lequel vous vous construisez change régulièrement. « Je sais aussi que tu adores ton travail, même si ce dernier te prend énormément de ton temps et je ne suis pas certaine de nous imaginer jongler les enfants en plus de nos deux métiers complètement différents, aux horaires atypiques. » Tu croises le regard de Penny, qui a compris spontanément le caractère important de ton métier. Tu t'es battu pour être infirmier, puis pour exercer au service des urgences. Dans tes moments les plus durs, c'est ironiquement cette profession ardue qui t'a permis de garder le cap. Tu es fier de ce que tu as accompli professionnellement, mais tu sais aussi que tu peux faire des concessions, que tu es en mesure de t'épanouir en exerçant ton métier dans un cadre moins contraignant que celui des urgences hospitalières. Tu aimes Penny pour son gigantesque cœur et tu refuses qu'elle soit la seule à faire des concessions dans votre couple, si tel est le cas. « Alors pour l’instant, mon projet principal, c’est nous. » Ses propos t'émeuvent et tendrement, tu viens l'embrasser amoureusement. « J'ai le même projet principal, » tu confies naturellement. Face à ta carrière, à tes relations, à tes biens matériels, ce que tu fondais ave Penny était en priorité numéro 1 bien loin devant tous ces autres volets de ta vie. Même si vous naviguiez sur des mers parfois houleuses, il n'en demeurait que chaque matin où tu te réveillais auprès de Penny, tu te sentais au paradis. Tes doigts s'entremêlent aux siens, tu caresses de ton pouce le dos de sa main. « Je t'aime, tu sais. Je t'aime tellement pour des milliers de raisons, » tu commences, le cœur gros. « Mais je veux juste que tu saches que lorsqu'un - ou plusieurs - projets se présenteront à toi, peu importe ce qu'ils sont, et qu'ils te feront envie, on s'adaptera pour que tu les réalises, d'accord ? » Tu marques une pause, ne quittant pas la main de ta petite amie. Cette discussion était peut-être prématurée, mais tu tenais à l'affirmer. « On pourra trouver des solutions avec les enfants et je pourrais trouver des solutions avec mon travail aussi. L'an prochain, Jude commencera l'école et l'hôpital offre un mode de garde si on a besoin et si ça nous convient. Puis, il y a d'autres postes où je peux faire infirmier avec des horaires beaucoup moins aléatoires, voire plus flexibles, » tu présentais. Pour permettre à Penny de s'adonner à ce qu'elle aime, tu étais intarissable d'idées et de bonnes volontés. « Je sais qu'il n'y a rien qui presse, que c'est pour le futur tout ça, que c'est seulement et purement selon ce que tu souhaites, et que ça nous paraît loin vu nos quotidiens bien remplis, mais je tenais juste à te le dire. Je serais toujours derrière toi pour te soutenir dans toutes tes ambitions et tous tes projets, et on saura s'organiser, j'en suis convaincu. Après tout, pour l'instant, mine de rien, on a quand même un taux de réussite de 100% dans nos challenges. Une des grandes différences sera que tu auras trois groupies de plus dans ton équipe. »

Il y a deux ans, presque jour pour jour, tu vivais l’un des pires moments de ton existence. Le souvenir est encore bien plus vif que tu ne le voudrais, malgré le temps qui a passé, mais tu réalises aussi que tu ne te laisses plus complètement ensevelir par sa présence, par son existence. Les actions portées par le réalisateur Matthew Byers ce soir-là ont eu des conséquences catastrophiques sur ta vie pendant bien trop longtemps pour que tu ne le laisses avoir encore autant de pouvoir sur toi. Il a été la première personne a déraillé ta carrière, mais tu réalises avec le recul, qu’il n’est pas l’entière raison de ton besoin de t’éloigner un peu du monde médiatique. Cette pause qui semble s’éterniser, seulement entrecouper de cette série de Noël qui a été incroyablement populaire, était exactement ce dont tu avais de besoin pour te retrouver, pour remettre tes priorités à la bonne place. Sans ça, tu sais que tu ne serais pas ici aujourd’hui, à célébrer le jour de l’amour avec celui que tu savais être l’homme de ta vie. Il y a deux ans de cela, tu n’aurais jamais été capable d’être aussi sûre de toi au sujet d’une relation. Tu aurais tenu une distance, tu aurais feint l’indifférence, tu n’aurais pas su donner une véritable chance à cette histoire qui pourtant était la plus belle chose qui te soit jamais arrivée. Oui, tu aimerais pouvoir gommer les souvenirs de cette agression dont tu ressens encore parfois les blessures sur ton être, sur ton âme, mais tu préfères penser que tout ce chemin que tu as fait, que tu as dû faire suite à ça, t’a mené ici, précisément. Exactement là où tu devais être.

La mention de ton métier d’actrice te ramène inévitablement à tous ses questionnements qui n’ont pas encore de réponses définitives, mais tu réalises aussi que tu n’appréhendes plus autant que ça pouvait être le cas il y a à peine six mois de cela. Tes priorités ont changé, oui. Il y a Isaac, et ce petit être qui pousse son ton nombril. Il y a Jude aussi, dernier facteur surprenant à votre histoire, qui mérite d’être considéré dans tout cela. Tu ne peux pas t’imaginer reprendre le chemin des plateaux en ce moment, alors que votre famille est en croissance et en mode d’adaptation, et ce pour quelques mois encore, au minimum. Ça te laisse du temps pour réfléchir. Pour savoir quelle est la véritable suite logique pour toi, ce qui est le mieux pour toi en tant qu’individu, mais aussi pour ta famille, et t’assurer que les besoins de tout le monde soient respectés dans la meilleure des atmosphères. Tu sais pertinemment que la manière que tu avais d’approcher ton travail par le passé n’est pas compatible avec une vie de famille et que peu importe le moment ou la manière que tu décideras de remettre un pied dans le monde du show business, il te faudra y aller différemment. Mais ça ne te fait pas peur, ça ne te fait plus peur du moins, quand il te suffit de regarder dans les yeux d’Isaac pour savoir que tu seras épaulée pour chacune des étapes qui viendront parsemer ton chemin. Tu te sens confiante et rassurée dans tes choix, dans tes envies, quand tu confirmes sans l’ombre d’un doute que ton projet principal en ce moment, c’est vous deux, vous trois, vous quatre même. Cette famille atypique qui s’agrandit à toute vitesse. « J’ai le même projet principal. » glisse-t-il en t’embrassant tendrement, ce qui ne manque pas de te créer une panoplie de papillons dans le fond de ton ventre. Ou serait-ce des petits coups que tu commences à sentir? Difficile à dire.

« Je t’aime, tu sais. Je t’aime tellement pour des milliers de raisons. » Ton sourire s’élargit alors que tes doigts continuent de danser contre les siens, ton regard plongé dans le clair de ses yeux. « Mais je veux que tu saches que lorsqu’un – ou plusieurs – projets se présenteront à toi, peu importe ce qu’ils sont, et qu’ils te feront envie, on s’adaptera pour que tu les réalises, d’accord? » Tu hoches doucement la tête en approbation, ne doutant pas une seconde de sa volonté même si tu peinais toujours à t’imaginer comment cela pourrait être possible vu les circonstances qui s’annonçaient. « On pourra trouver des solutions avec les enfants et je pourrais trouver des solutions avec mon travail aussi. L’an prochain, Jude commencera l’école et l’hôpital offre un mode de garde si on a besoin et si ça nous convient. Puis, il y a d’autres postes où je peux faire infirmier avec des horaires beaucoup moins aléatoires, voire plus flexibles. » Cette fois-ci, tu secoues légèrement la tête. « Ta place est aux urgences, on le sait tous les deux. » Le sujet de conversation est venu sur la table plusieurs fois depuis que vous vous connaissez, tu sais combien son travail comme infirmier, particulièrement dans cet environnement, lui apporte beaucoup et tu refuses d’être la raison qui le pousse vers une branche plus confortable et convenable. « Tu as travaillé fort pour te retrouver là où tu es et je sais que tu es bien, avec ton équipe. C’est important pour moi de préserver ça. » Même si les horaires étaient changeants, même si c’était imprévisible et que tout pouvait changer en un claquement de doigt. Tu saurais t’y faire, même avec l’addition du bébé et de Jude. Tu le voulais vraiment.  « Je sais qu’il n’y a rien qui presse, que c’est pour le futur tout ça, que c’est seulement et purement selon ce que tu souhaites, et que ça nous paraît loin vu nos quotidiens bien remplis, mais je tenais juste à te le dire. Je serais toujours derrière toi pour te soutenir dans toutes tes ambitions et tous tes projets, et on saura s’organiser, j’en suis convaincu. Après tout, pour l’instant, mine de rien, on a quand même un taux de réussite de 100% dans nos challenges. Une des grandes différences sera que tu auras trois groupies de plus dans ton équipe. » Tu échappes un léger rire, réalisant une fois de plus que vous aviez eu certainement beaucoup plus de hauts et de bas dans les derniers six mois que la majorité des couples étant ensemble depuis le même nombre de mois. « C’est vrai qu’on est plutôt doués, pour surmonter l’adversité. » que tu admets sur un ton léger. Certains auraient pris peur, mais pas vous. « J’apprécie vraiment tout ce que tu me dis mon amour, et je te promets que la journée où j’aurais envie de reprendre le chemin des plateaux, que je m’en sentirais prête et capable, tu seras le premier à le savoir. » Il n’y avait aucune décision duquel tu voulais l’exclure. Vous étiez une équipe, vous l’aviez démontré à plus d’une occasion déjà. « Qu’est-ce que tu dirais d’aller poursuivre cette parfaite St-Valentin avec une promenade sur la plage? » L’eau t’appelle, comme toujours, et les nausées étant sur le point de refaire surface, tu sens le besoin de bouger et de profiter du reste de cette journée auprès de l’homme que tu aimes.