Une petite journée à Byron Bay pour voir un pote, autant qu’un collaborateur. Franchement y’a pire comme journée de travail. Même si ça te fait te lever tôt car c’est 2h de bus pour aller jusque là bas, tu as ton cul posé sur un siège, c’est direct, tu es bien. Tu aurais préféré le train mais y’en a pas des direct jusque là bas alors tu pars sur le plus simple, le bus. Tu arrives généralement à oublier ton angoisse de la route en fermant les rideaux qui sont à proximité. Aujourd’hui tu as dû faire des choix et tant pis pour les rideaux car tu t’es installé tout au fond, là où il y a les cinq sièges côte à côte. Tu t’es mis au milieu car de cette façon là, tu peux étendre tes jambes et ne pas être complètement recroqueviller pendant deux heures. Tu es trop grand·e pour ton propre bien. Tu préfères fermer les yeux pendant deux heures s’il faut mais il est plus important d’avoir la place pour tes jambes que de ne pas voir la route qui défile à côté.
Y’a du monde dans le bus. C’est un horaire qui fait arriver à Byron Bay autour de 9h, ce qui équivaut à un début de journée de travail. Tu te demandes si tous ces gens font le trajet tous les jours. Si c’est le cas tu trouverais ça fou. Tu pourrais pas toi. Vous avez de la chance au fond du bus parce que les cinq sièges ne sont occupés que par trois personnes. Vous avez l’air tous plutôt chargé et c’est pas du luxe d’avoir deux sièges en plus pour poser certaines de vos affaires. T’as juste un sac à dos et un tote bag en ce qui te concerne. Mais ça reste deux sacs et pas juste une pochette ou sac à main. Le sac à dos à tes pieds et le tote bag à tes côtés, t’as mis la ceinture toi. Tu sais que la plupart des gens dans les bus ne la mette pas mais toi vu que tu as une vue sur l’allée centrale devant toi, tu sais que tu seras le premier à mourir en cas de coup de frein fulgurant. Nope. T’es assez angoissé comme ça.
Vêtu d’un short Trophy Eyes, d’un t-shirt One Love Apparel, d’une casquette et de vans, tu grimaces alors qu’un coup de frein avec un coup de klaxonne se fait retentir. « Fuck this. » Que tu marmonnes tout bas en serrant un peu les dents, et les poings. Car oui tu stresses. Ton regard qui croise celui de la personne installée un siège plus loin, son chat posé entre vous dans son sac de transport. « C’est quoi son nom ? » Une bonne distraction ça. Parler du chat que tu ne vois pas trop bien mais que tu as deviné.
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« Meow. » Le miaulement grinçant fit lever les yeux au ciel à Albane. Einstein n’avait pas apprécié d’être sorti de son appartement et le faisait bien savoir. Elle avait pourtant pris les devants à lui faire avaler un cacheton recommandé par le véto pour l’assommer un peu -chose qui n’avait pas été aisée-, mais la bestiole ne voulait rien savoir. Elle aurait pu avoir n’importe quel animal de compagnie plus facile à transporter ; un rat, un lapin, un hamster, une tortue… Même un serpent ou un chien auraient pu être plus dociles que le félin gris qui lançait ses cris déchirants, comme s’il était en danger de mort. Il avait juste à tenir deux petites heures, pourtant. Mais il fallait croire qu’il savait d’avance que ce qu’elle faisait était une mauvaise idée. Le résultat d’un coup de tête nocturne durant une insomnie, une envie de s’éloigner de tout le merdier dans lequel elle avait le nez ces derniers mois, pour ne pas dire ces dernières années. Elle étouffait, ne savait plus trop comment tenir le coup. Et l’idée de postuler pour un nouveau boulot lui avait semblé être une excellente idée sur le moment. Un petit hôpital à Byron Bay, à deux heures de Brisbane. Une ville côtière typique de l’Australie surtout célèbre pour ses paysages, sa côte. Ce n’était pas bien grand, avec juste ce qu’il fallait pour se distraire au quotidien. L’ambiance y était apparemment paisible. Et elle pourrait toujours revenir à Brisbane pour voir ses amis. En tout cas dans ce nouveau décor, il ne serait plus question de voler des médicaments, de passer des soirées dans le sous-sol du BB-8 à soigner des blessures en tout genre, ou de suivre des mauvaises fréquentations dans des soirées à travers la ville. Ce serait un nouveau départ, quelque chose de sensé et de raisonnable. Surtout vu les derniers incidents au travail. Une partie de son être savait qu’elle psychotait, que personne ne l’avait réellement dans la ligne de mire. Pourtant, elle savait qu’elle avait fait assez de fautes professionnelles pour non seulement être virée, mais aussi pour se voir retirer son droit d’exercer. Maintenant qu’elle était dans le bus cependant, elle n’était plus tout à fait certaine de son idée. Le plan était simple, passer trois jours sur place, prendre la température, voir si elle s’y verrait au quotidien. Einstein était de la partie parce qu’il était concerné, lui aussi. Mais quand le bus pilla, elle reporta immédiatement son attention sur son chat, s’attendant à l’entendre à nouveau miauler à la mort. A la place, ce fut son voisin de siège qui s’exprima. Il n’avait pas l’air de passer une excellente journée, jusqu’ici. « Einstein. Je pense que ma sœur a surestimé l’intelligence de la bête. » Elle eut un sourire en coin. Elle aimait ce chat, oui. Mais c’était une plaie au quotidien. « Il a l’air d’autant apprécier le trajet que vous, si ça peut vous réconforter. On a un conducteur particulièrement mauvais. » Si elle ne craignait pas particulièrement les secousses, elle en avait des crispations au bras à faire en sortir que le sac de transport du félin ne se retrouve pas à terre. « Qu’est-ce qui vous attend à Byron Bay ? » Ils avaient encore du temps à tuer. Autant l’occuper en sociabilisant.
Ta voisine s’attarde sur son chat quand le bus freine trop brusquement. T’aurais bien envie toi aussi d’avoir quelqu’un qui vérifie si tu vas bien après ce moment un peut trop brutal à ton goût. Tu te changes les idées en demandant le nom de l’animal. « Einstein. Je pense que ma sœur a surestimé l’intelligence de la bête. » Tu apprécies de voir qu’elle te répond sans aucun problème. Son ton est doux à tes oreilles. Pas une personne qui est pète sec ou aigrie ou autre. Tu te relaxes déjà rien que pour ça. L’humour dont elle fait preuve est également apprécié. Y’a un sourire sur tes lèvres. « Il a l’air d’autant apprécier le trajet que vous, si ça peut vous réconforter. On a un conducteur particulièrement mauvais. » Tu te marres à l’entendre dire, tu ris jaune surtout ouais. Elle t’a exposé en deux secondes. C’est beau et tu aimes ce chat encore plus maintenant. « Je me disais aussi qu’il avait de la chance d’avoir une assistance pour vérifier qu’il va bien après ce traumatisme. » Oh le drama. Tu exagères. A peine. Tu le ressens bien le stress de l’autoroute, la vitesse, le gros véhicule dans lequel vous êtes et très nombreux par dessus le marché. Ca ferait beaucoup de morts tout ça. Bien sûr faut que tu penses à ça en premier.
« Qu’est-ce qui vous attend à Byron Bay ? » Heureusement qu’elle relance parce que tu étais en train de partir loin dans ta petite tête. T’es pas Einstein non plus toi. « Le boulot. » Tu soupires comme si tu parlais d’un calvaire. « On va bruncher sur la plage avec un collaborateur. Ma vie est dure. » Tu ris parce que tu es fier de ta connerie. « C’est un pote en plus au passage. Ca aide. » Te lever tôt pour venir dans le bus ainsi que passer deux heures à prier ne pas mourir, c’est ça la partie la plus dure pour toi dans cette escapade à Byron Bay. « Vous ? » Tu demandes naturellement.
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Avec encore presque deux heures de route à tuer, Albane savait pertinemment qu’elle finirait par s’impatienter, vouloir s’arracher les cheveux si le chat se mettait à miauler trop fort, taper du pied et des doigts à réfléchir au sens de la vie, le regard rivé sur le plafond. Le fait que son voisin de siège intervienne pour la sortir de cet engrenage d’impatience était loin d’être une mauvaise idée. Bien que son premier réflexe fût de rire à sa réflexion, de quoi lui arracher immédiatement un petit sourire contrit. Albane n’était pas du genre moqueuse, juste un peu spontanée parfois. « N’hésitez pas à demander. En temps normal, je fais un très bon soutien émotionnel, quoique je n’ai pas l’habitude de bosser avec mon chat excessivement dramatique à côté. » Durant ses shifts à l’hôpital ou dans sa vie privée, donc. Une offre qui était sérieuse, en réalité. Même si elle n’en connaissait pas les raisons, l’inconnu avait l’air particulièrement stressé dans ce bus. A sa grande habitude, la française voulait juste aider. S’égarer sur d’autres sujets était une bonne distraction. Affronter un trajet en bus malgré les nerfs tout cela pour aller à un brunch en bord était le truc à la fois le plus absurde et le plus compréhensible qu’elle avait pu entendre de la journée, si bien que la française hocha la tête en guise de réponse, ne trouvant rien à redire à ça. « La torture du mauvais conducteur pour un brunch... Byron Bay et sa plage doivent vraiment valoir le coup. » Albane n’en avait aucune idée. Ne connaissant pas tellement l’endroit, elle était juste remplie d’espoirs et d’idées préconçues concernant ce potentiel futur lieu de vie. Einstein lâcha un miaulement au moment où elle ouvrit la bouche pour répondre en retour, ce qui la fit encore lever les yeux au ciel dans un sourire crispé. Dramaqueen, ce chat. « Un entretien pour un job à l’hôpital. Mais je comptais y passer quelques jours pour m’imprégner un peu des lieux et voir si ça me plaît… » Assez de temps aussi pour être certaine de son coup, avec un peu de chances. Si elle n’avait pas opté pour un changement de vie non plus drastique, elle avait bien conscience de tout ce que cela engendrerait. Au fond, c’était exactement ce qu’elle cherchait, un nouveau départ. « L’herbe est toujours plus verte ailleurs, tout ça. Brisbane est une chouette ville mais… j’ai l’impression d’avoir envie d’autre chose. » Arriver à se réveiller le matin sans se demander ce qu’elle était en train de foutre, par exemple. Néanmoins, elle ne comptait pas embêter un pur inconnu avec ses crises existentielles. Elle avait déjà son chat pour cela. « Du coup, dans quoi vous bossez pour avoir à subir des trajets interminables pour mettre les pieds dans le sable ? »
Elle se marre, elle confirme qu’elle a bel et bien de l’humour. Une chose que tu apprécies vu que vous commencez à taper la conversation. Il reste deux heures de temps, il faut bien les combler. Tu pourrais sortir ton ordi et faire quelques trucs en utilisant le partage de connexion de ton téléphone mais t’es bien trop concentré à ne pas partir en crise d’angoisse à cause de la conduite du chauffeur. « N’hésitez pas à demander. En temps normal, je fais un très bon soutien émotionnel, quoique je n’ai pas l’habitude de bosser avec mon chat excessivement dramatique à côté. » Ton tour de rire. Tu comprends bien trop ce chat. « La torture du mauvais conducteur pour un brunch... Byron Bay et sa plage doivent vraiment valoir le coup. » Elle a pas l’air très sûre dans ses mots. Ca te fait sourire et tu ajoutes un petit détail. « On va quand même travailler au milieu. » Un point important. Vous joignez l’utile à l’agréable, c’est ça qui est beau.
Le chat est vocal et sa propriétaire n’a que faire. Sûrement habitué à son cinéma. Tout ça à tes côtés aide pas mal à te changer les idées ouais. Tu te concentres sur eux. « Un entretien pour un job à l’hôpital. Mais je comptais y passer quelques jours pour m’imprégner un peu des lieux et voir si ça me plaît… » C’est pas bête ça. Tu ne sais pas si tu y aurais pensé. La réalité c’est que ça ne se réfléchit même pas vu que tu ne comptes jamais quitter Brisbane. « L’herbe est toujours plus verte ailleurs, tout ça. Brisbane est une chouette ville mais… j’ai l’impression d’avoir envie d’autre chose. » Tu comprends même si ce n’est pas ton cas. Tu as des amis dans cette situation là. « J’espère que vous allez trouver ce que vous cherchez. » Tu réfléchis pas trop en disant ça, mais c’est ce que tu en as retiré de ce qu’elle t’a partagé. Leave me alone, I’m not awkward. Pas cette fois ci, il est vrai.
« Du coup, dans quoi vous bossez pour avoir à subir des trajets interminables pour mettre les pieds dans le sable ? » C’est sûr qu’à côté de l’hôpital, ça doit faire envie. « Je suis producteur de musique. » Tu replaces ta casquette sur ta tête après t’être passé une main dans les cheveux. « J’ai quelques faveurs à demander au passage donc je fais beaucoup d’efforts sur ce coup là. » Tu es honnête. Pas la peine de cacher ça et ça explique un peu mieux. « Vous faites quoi à l’hôpital ? Vous êtes à St Vincent actuellement ? » T’y as souvent été entre ces murs. Jamais de bons souvenirs.
Dernière édition par Jordan Fisher le Lun 28 Fév 2022 - 2:57, édité 1 fois
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Même si ta voisine de route ne répondit rien, son sourire en coin parla pour elle. Il y avait pire que de travailler les pieds dans le sable, sur une ville côtière. Vous aviez toutes les raisons de râler sur le trajet, mais Byron Bay était une destination que beaucoup vous envieraient. La journée ne pourrait pas être si terrible que ça, conducteur désastreux ou non. La concernant, et à en juger par son regard qui continuait de glisser sur le sac de transport, son principal problème semblait actuellement être le chat qui ne cessait de miauler, marquant strictement son désaccord à l’idée d’être séquestré pendant deux heures. Elle tenta bien de poser la main sur le sac pour faire savoir à son animal qu’elle était présente, mais le coup de patte qu’il tenta de mettre la dissuada, la fit plutôt continuer la discussion comme si de rien n’était. C’était curieux cette impression qu’elle donnait, celle de te voir comme l’inconnu qu’elle ne reverrait jamais, et à qui elle pouvait parler sans qu’il y ait la moindre conséquence. « C’est gentil. » qu’elle te glissa avec douceur, comme touchée par ta bienveillance humaine. Puis, la discussion revint sur toi, sur ce que tu faisais de ta vie. Une question directe, comme par paresse d’y réfléchir ou de supposer. C’était moins drôle de la sorte, surtout quand vous aviez autant de temps à tuer. Et tu vis immédiatement son regard se mettre à pétiller à la mention de ta vocation, comme si c’était de loin la première chose passionnante qu’elle entendait de la journée. « Avec un peu de chance, le sacrifice dans les heures de transport paiera. Vous produisez quel genre de musique ? Je pourrais bien essayer de deviner, mais ça virerait vite awkward si je me plantais au point que ça en soit un affront. » Inconnu ou pas, elle avait l’air d’être le genre à se préoccuper d’autrui, ce qui allait plutôt avec son offre de soutien émotionnel un peu plus tôt. « Je suis à St Vincent, oui. Infirmière urgentiste et anesthésiste. La personne à qui demander si vous voulez des histoires d’imbéciles qui ont manqué de près la qualification pour les Darwin Awards. » Elle se mordit l’intérieur des joues, comme à mi-chemin entre l’amusement ou la honte de tenir ce genre de discours. Un malaise qu’elle s’était probablement créé toute seule car après un soupir, tu la vis finalement se tourner vers le sac du chat. « Aller au travail stressé, c’est un risque de contre-performance alors tenez. » Elle déposa le chat gris rayé aux poils longs sur tes genoux. L’animal cessa immédiatement de se plaindre, se contentant de tourner sur place sur tes genoux. « Je me sens comme ces mères qui refilent leurs rejetons aux grands-parents pour avoir la paix. J’assume parfaitement. » Ce qui ne l’empêchait pas de te guetter, de peur qu’elle ait dépassé une limite. Et plus tu la regardais, plus la question commençait à se poser ; était-elle vraiment une inconnue ?
« C’est gentil. » Et tu le penses vraiment. Tu ajoutes un sourire sincère après ses mots. Elle dégage quelque chose qui est positif pour toi. Elle a une bonne aura. Peut être que grâce à elle le bus ne va pas se crasher aujourd’hui. Ses guides vont la protéger. Comme si les tiens ne le faisaient pas depuis le jour où tu es né Jordan. « … Vous produisez quel genre de musique ? Je pourrais bien essayer de deviner, mais ça virerait vite awkward si je me plantais au point que ça en soit un affront. » Un léger rire file entre tes lèvres. « Ça ne sera jamais un affront. J’aime la musique dans sa globalité. Mais ouais je fais plutôt du rock et du métal. » Tu ne vas pas dans les détails. Tu n’aimes pas être le centre des conversations.
Il est bien mieux de retourner la question vers elle. « Je suis à St Vincent, oui. Infirmière urgentiste et anesthésiste. La personne à qui demander si vous voulez des histoires d’imbéciles qui ont manqué de près la qualification pour les Darwin Awards. » Tu hausses les sourcils en l’entendant dire. « Urgentiste, depuis longtemps ? On s’est peut être déjà croisé. » Elle a l’air jeune cela dit. Tu te dis que les chances que ce soit le cas sont quand même bien faibles. T’es juste gênant à parler avant de réfléchir. Ca reste un signe que tu te sens plutôt à l’aise avec elle de l’ouvrir autant. Certains savent que tu sais être silencieux pendant des heures et sans aucun problèmes.
« Aller au travail stressé, c’est un risque de contre-performance alors tenez. » Le chat se retrouve sur tes genoux. Tu ne l’avais pas vu venir celle la et tu l’accueilles plutôt bien. Lui aussi vu qu’il est en train de tâter le terrain. Tu le regardes faire sa vie. Faut dire que y’a de la place vu comme tes jambes sont grandes, tes cuisses aussi. « Je me sens comme ces mères qui refilent leurs rejetons aux grands-parents pour avoir la paix. J’assume parfaitement. » Elle te fait marrer et tu vas doucement caresser le pelage du chat qui a l’air docile. Tant mieux. « Il griffe souvent ? » Tu demandes pour voir quels sont les risques. « Vous avez pas peur qu’il s’enfuit dans le bus ? » Bien sûr tu commences à penser au pire, comme toujours. « Je sais pas si je saurais le maintenir s’il tente une percée. » Que tu expliques pour déjà te dédouaner alors que rien n’est arrivé. Arrête de vivre dans le futur Jordan.
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Cela faisait du bien à la française de tuer le temps dans une discussion aussi légère, à parler des sujets qui leur passaient l’esprit comme si c’était la plus banale des choses. Elle aurait pu tomber sur bien moins sympathique. Et à l’entendre, Albane retint un sourire coupable. Elle n’aurait sûrement pas eu la bonne réponse, aurait parié sur quelque chose de plus électronique. C’était ce qui arrivait quand on se basait sur le style, qui pour le coup rendait cette personne franchement unique en son genre. Que son boulot tourne autour de la musique lui allait bien, finalement. « Je suis curieuse, maintenant. Des artistes en particulier qui vous servent d’inspiration ? » Elle n’était pas la plus grande connaisseuse en rock et métal, sa playlist reflétant un peu de tout. Ce qui arrivait quand on ne supportait pas le silence. Mais la plupart de sa vie se déroulant entre les murs de l’hôpital, cela réduisait le temps d’écoute disponible. L’hôpital d’ailleurs, sur lequel le sujet dériva. Elle était habituée, ayant toujours droit à quelques réactions typiques. Il y avait ceux qui détestaient ce genre d’endroits et le faisaient savoir, ceux qui étaient admiratifs, les compatissants, et ceux qui s’en moquaient franchement. « Ça va faire bientôt cinq ans, donc j’en ai vu des patients. Un passage glorieux à recenser ? » Il était peut-être un de ces patients dont l’on parlait encore même des mois, des années après. Les histoires qui se racontaient aux nouveaux et occupaient la pause café.
Mais ils ne pourraient pas continuer de discuter en paix si Einstein ne se décidait pas à se taire. Albane renonça à peser le pour et le contre pour faire taire les miaulements, déposant l’animal sur son voisin de voyage comme si c’était la chose la plus naturelle à faire avec un inconnu. Et pour une fois, l’animal décida d’être conciliant, réalisant certainement qu’il y trouverait son compte ici. Des genoux et des caresses valaient mieux que le sac de voyage. « Seulement quand on essaye de le déloger de son arbre à chat. » répondit-elle avec un naturel déconcertant, se demandant une seconde si la bête aimait son arbre en particulier ou les choses qu’il pensait être son territoire propre. La perspective qu’il puisse s’enfuir dans le bus fit néanmoins relever les yeux à Bane, la faire considérer le couloir avec une incertitude naissante. Est-ce que son chat ferait ça ? Il était fainéant mais en serait clairement capable. « S’il essayait, il n’irait pas très loin. Je crois que ça nous occuperait même pour une bonne dizaine de minutes supplémentaire. » Mais c’était tout de même plus rassurant de voir la boule de poils se faire une raison et s’installer plus confortablement. « Normalement, on va échapper à la catastrophe. Ça me soulage, il n’aime pas beaucoup d’humains la plupart du temps. » Ce qui rendait le fait de lui confier le chat un acte totalement inconscient. « Vous avez des animaux, vous ? Enfants y compris ? »
« Je suis curieuse, maintenant. Des artistes en particulier qui vous servent d’inspiration ? » Un sourire se forme aussitôt sur ton visage car oui tu as des artistes en particuliers qui t’inspirent. « Ça peut passer du simple au double niveau inspiration, Lil Peep à Avril Lavigne en passant par Parkway Drive et Justin Bieber. » La totale Jordan. « Après c’est surtout que j’arrive à plutôt bien cerner la vibe des artistes avec qui je travaille. » Et cela parce que la plupart d’entre eux sont plus que juste des collaborateurs. Ils sont des connaissances, des potes voir des amis pour certains. C’est bien plus facile de réussir à entrer dans leur bulle et faire ressortir la vision qu’ils avaient pour leurs sons. « La vie, l’amour, la mort… Ça aussi ça m’inspire beaucoup. » Même si c’est pas exactement ce qu’elle devait avoir en tête quand elle t’a posé la question. Tu as eu envie de préciser ça car c’est bien vrai également. C’est important. « Ça va faire bientôt cinq ans, donc j’en ai vu des patients. Un passage glorieux à recenser ? » « Nah… C’est jamais glorieux. Mais ça fait longtemps que j’y ai pas mis les pieds via les Urgences. » Tu le réalises en même temps que tu le dis et t’as envie de te mettre une petite tape dans le dos car c’est bien joué. Ca se voit dans ton air que t’es fier de cette performance.
Son chat sur tes genoux, tu l’observes en écoutant Albane te raconter plus à son propos. « Seulement quand on essaye de le déloger de son arbre à chat. » Arbre à chat, t’as entendu ça ailleurs mais tu ne pensais pas que c’était chose si commune. « S’il essayait, il n’irait pas très loin. Je crois que ça nous occuperait même pour une bonne dizaine de minutes supplémentaire. » Voilà que tu grimaces fortement car tu n’es déjà pas rassuré en étant assis et attaché à ton siège, si en plus tu dois courir après un chat… Tu vas faire une syncope. Et si le chat va cacher les yeux du conducteur? Jordan, tu vois trop loin. « Normalement, on va échapper à la catastrophe. Ça me soulage, il n’aime pas beaucoup d’humains la plupart du temps. » Tu hausses les sourcils autant à sa phrase qu’à la vue du chat qui s’installe comme s’il était chez lui… sur toi. Un sourire tout stupide se forme sur tes lèvres, content de voir qu’il se sent bien avec toi. « Vous avez des animaux, vous ? Enfants y compris ? » Tu relèves les yeux vers Albane alors qu’une de tes mains va naturellement caresser le pelage du félin. « J’ai une meuf. Elle est très bestiale. » Tu te sens drôle sur le moment et ça se voit sur ton visage amusé. « Non pas d’enfants. C’est nous les enfants. » Que tu dis naturellement car tu te sens à l’aise avec ce chat et avec elle. C’est un très bon feeling qui prend le dessus de ton anxiété vis à vis de la route. Tu l’oublies même complètement. T’as l’impression d’entendre le chat miauler et tu lui reportes ton attention. « Hey… Nice to meet you Einstein. I’m Jordan. » T’es chou. « Il a quel âge ? » Tu demandes à sa propriétaire sans t’arrêter de le gratouiller de tes doigts. C’est très agréable et ça fonctionne à merveille sur ton anxiété tu n’en reviens pas toi même.
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Il y avait cette lueur particulière dans ses yeux quand il se mit à parler de musique, des artistes qui l’inspiraient. Elle pouvait sentir la passion d’ici. Les goûts étaient pour le moins éclectiques, ce qui la rendait d’autant plus admirative. Elle n’avait jamais eu ce rapport avec la musique. Malgré des années de violon, créer les sons elle-même relevait plutôt de la discipline que de l’inspiration. Elle aurait aimé donner de l’âme à sa musique, mais cela n’avait jamais été le cas. Elle préférait de loin savourer le talent des autres. « Je pense qu’il y a un potentiel de collaboration entre Lil Peep et Avril Lavigne, selon mon manque d’expérience. C’est vrai qu’avec une variété pareille, ça ouvre le champ des possibles. » Et là encore, elle ne pouvait qu’admirer la facilité avec laquelle certaines personnes parvenaient à exprimer les émotions les plus intenses de la vie. « Les sujets qui méritent d’être immortalisés ne manquent pas. » commenta-t-elle simplement. Pour le meilleur et pour le pire, les moments marquants étaient ce qui définissait une personne. Tout comme ses erreurs, ce qui avait tendance à rapidement arriver aux urgences. Elle se demandait quel genre de frasques il avait pu accomplir pour devoir s’y retrouver, mais eut un petit rire amusé face à sa bonne conduite. « Tant mieux pour vous. Surtout qu’ils ont changé la machine à café il y a peu, c’est un vrai désastre depuis. » Elle se pinça les lèvres comme s’il s’agissait du plus gros drame qui puisse arriver lors d’une visite aux urgences, avant que son attention ne soit demandée ailleurs.
Confier le chat à une personne qu’il ne connaissait pas était une idée approximative de base. Mais les paroles du producteur lui firent lentement mais sûrement repenser sa décision. Il était vrai que libérer le fauve dans cet environnement n’était pas vraiment malin. Le moindre nouveau coup de frein, et la pauvre bête risquait de voler… ou de lacérer les cuisses de ses griffes en voulant se retenir. D’un autre côté, cette rencontre semblait faire du bien aux deux concernés, alors est-ce que cela ne valait pas le risque ? il suffisait juste de faire en sorte que son voisin de voyage oublie de stresser durant le voyage. Qu’il rentre sa copine dans la catégorie des bestioles sauvages la fit pouffer bien plus fort qu’il ne l’aurait fallu. Elle imaginait plus une panthère qu’une nana, avec un descriptif pareil. « J’comprends. C’est déjà assez compliqué de prendre soin de nous-même. » Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle ferait avec un gamin entre les mains. Un animal, c’était un bon compromis. Ça avait plein d’avantages, peu de défauts (tant qu’on les gardait dans leur environnement, du moins). C’était parfait pour les rencontres. Et entendre le prénom de l’inconnu la fit écarquiller subitement des yeux, des flashbacks lui revenant. Oh merde. Elle savait pourquoi ce visage était familier. La saucisse, les plats envoyés en l’air. Les discussions de cul à table. Sa copine était vraiment bestiale, en effet. Un mélange d’hilarité et de gêne suffirent à faire dangereusement rougir ses joues. Est-ce qu’elle devait lui dire ? « Je ne sais pas trop. Ma sœur l’a récupérée dans un refuge. Je suis rentrée un soir et il était là. Mais on n’a pas beaucoup d’informations… » Et elle s’en fichait assez, tant qu’il était en bonne santé. « Dites… le tee-shirt spiderman de votre ami s’en est sorti finalement ? » Il y avait prescription maintenant après tout.
« Je pense qu’il y a un potentiel de collaboration entre Lil Peep et Avril Lavigne, selon mon manque d’expérience. C’est vrai qu’avec une variété pareille, ça ouvre le champ des possibles. » Est-ce qu’elle est en train de plaisanter à propos de la collab Lil Peep Avril Lavigne? Tu n’es pas sûr alors tu te contente juste de sourire parce que c’est très amusant de s’imaginer ça alors que l’un des deux est décédé. Faut dire qu’il parait que Avril l’est aussi et a été remplacé par son sosie, Melissa. « Les sujets qui méritent d’être immortalisés ne manquent pas. » Tu hoches la tête, bien d’accord avec ce qu’elle vient de dire. Toi même ton premier et unique album est consacré à ta défunte femme. Un sujet très important et une oeuvre aussi. Juste pour ça, tu sais que tu as fait une bonne chose sur cette planète pour faire perdurer sa mémoire. Ça t’aide à avancer. Ça t’aide beaucoup. « Tant mieux pour vous. Surtout qu’ils ont changé la machine à café il y a peu, c’est un vrai désastre depuis. » C’est pas mal si c’est le seul problème à l’hôpital à ses yeux. She’s joking.
Vous êtes deux petits rigolos en fait avec vos réponses l’un à l’autre. « J’comprends. C’est déjà assez compliqué de prendre soin de nous-même. » Oh ça, elle ne sait pas si bien dire. « Tu prends soin de Einstein c’est déjà pas mal. » Tu trouves ça important de le souligner. Tu fais des papouilles au chat, appréciant cette petite bulle de distraction qui est en train de se former. « Je ne sais pas trop. Ma sœur l’a récupérée dans un refuge. Je suis rentrée un soir et il était là. Mais on n’a pas beaucoup d’informations… » Oh. Tu ne t’attendais pas à une telle réponse. Tu es stupide de penser que tout le monde achète et décide d’avoir un chat. Elle a eu un chat par accident. « Dites… le tee-shirt spiderman de votre ami s’en est sorti finalement ? » Cette phrase te fait relever la tête vers elle. « Will ? » Car il n’y a que lui que tu vois dans cette description. « Tu connais Will ? » Car tu remets pas du tout en place ce dont elle fait mention. Tu n’avais pas vu le visage de la personne, mais que son dos. Trop occupé à vérifier que ta propre chemise n’avait pas de tâches. « Tinder ? » Que tu lances à la suite pour essayer de deviner d’où elle le connait avant qu’elle n’ait pu donner une réponse.
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Ils ne se prenaient définitivement pas au sérieux, et cela faisait du bien. Les small talks pour combler le silence n’étaient pas toujours des plus passionnants, mais puisqu’ils avaient du temps à tuer, c’était chouette de voir que ce ping pong de bêtises menait à des sourires et rires légers. Cela suffisait à la couper un peu de la réalité, lui faire oublier qu’elle devrait probablement se concentrer sur son entretien à venir. « Hum. Je sais pas si c’est le terme adéquat. Je vais prendre soin de mes patients par exemple, mais avec ce chat ? J’ai l’impression d’être une sorte de majordome dans mon propre appartement. Impossible de nettoyer sa litière sans qu’il ne vienne me surveiller, c’est presque humiliant. » Cette bestiole était comme un grand-père grincheux à qui tout est dû et à qui on ne peut rien dire. Elle aurait certainement pu trouver mieux en animal de compagnie et pourtant, elle n’en changerait pour rien au monde. Peu importe combien elle pouvait râler contre ce chat, elle y tenait comme si c’était son enfant. Evidemment, cela pouvait paraître dur à croire quand la boule de poils se mettait à agir comme le chat parfait, les ronronnements désormais audibles tandis qu’il s’étirait sous les caresses. Espèce de manipulateur. Ou alors, c’était tout simplement le temps qu’elle réalise que leur route s’était déjà croisée par le passé. Un moment difficile à oublier pour la française tant elle s’était sentie gênée. C’était le genre de souvenir dont elle se rappelait à trois heures du matin quand elle essayait de dormir. Elle aurait pu tenir sa langue, mais c’était trop tentant de confesser son méfait. Et elle ne savait pas ce qui était le pire entre le fait que ce pauvre homme soit identifié juste à la mention de son tee-shirt spiderman, ou le fait que ce vêtement spécifique n’évoque pas immédiatement l’incident du restaurant. Ou bien même qu’elle soit directement liée à un rencard Tinder. « Ah non. Ce serait assez bizarre si je me retrouvais de parler d’un date Tinder à un inconnu dans le bus, surtout après lui avoir confié mon chat. » Elle pouffe de rire. Au moins, cela avait le don de dédramatiser un peu son aveu. « Je ne le connais pas, j’ai juste… Enfin, c’était peut-être de ma faute si un certain serveur s’est à moitié écroulé sur votre table. Après coup, je me suis dis que j’aurais dû proposer de payer le pressing ou quoi… » Quelle mauvaise personne elle était. « Mais du coup… oui. Votre copine a en effet l’air bestiale, de ce que j’ai entendu. Vraiment désolée, je sais que c’est pas bien d’espionner, j’étais juste en train de mourir d’ennui de mon côté. » Et elle parlait trop.
« … une sorte de majordome dans mon propre appartement. Impossible de nettoyer sa litière sans qu’il ne vienne me surveiller, c’est presque humiliant. » T’avais aucune idée d’où allait se terminer cette phrase mais vraiment c’était de mieux en mieux et de plus en plus improbable à tes oreilles aussi. « Ah ouais à ce point là… » Tu sais pas, t’as jamais eu de chat. Ce que tu sais sur ces bêtes là c’est ce que tu vois sur les memes. En plus Einstein a l’air si adorable sur tes genoux t’as du mal à y croire. Il te fait une bonne première impression et c’est sûrement une partie de son plan machiavélique de gagner ton coeur pour ensuite faire de toi un de ses disciples.
« Ah non. Ce serait assez bizarre si je me retrouvais de parler d’un date Tinder à un inconnu dans le bus, surtout après lui avoir confié mon chat. » La dernière partie te fait beaucoup sourire, puis rire en même temps qu’elle. Comme si tu pouvais être capable de prendre le chat en otage. Nope. Mais bien pensé. « …un certain serveur s’est à moitié écroulé sur votre table. Après coup, je me suis dis que j’aurais dû proposer de payer le pressing ou quoi… » Oooh… Tu remets bien sûr ce moment maintenant qu’elle donne tout ça comme détails. « Je peux vous donner son contact pour voir niveau pressing. » Car tu es sûr que Will sera plus que partant même s’il va peut être demander d’avoir un t-shirt tout neuf à la place car celui ci retrouvera peut être pas de sa superbe. Ils se débrouilleront.
« Mais du coup… oui. Votre copine a en effet l’air bestiale, de ce que j’ai entendu. Vraiment désolée, je sais que c’est pas bien d’espionner, j’étais juste en train de mourir d’ennui de mon côté. » Décidément plus cette conversation avec Albane avançait plus elle te surprenait. « T’as une bonne mémoire… » Car toi même tu avais oublié ce qui s’était évoqué autour de cette table le mois dernier. Tu t’es permis de passer au tutoiement sans réellement y penser. « C’est moche de s’ennuyer au resto. » Tu grimaces. « Ravi d’avoir pu être une distraction d’une certaine manière. » Car contre ta volonté. « Quelles étaient les chances pour qu’on se retrouve à côté dans ce bus aujourd’hui ? » Très minces oui. Tu apprécies malgré tout parce que Albane a une bonne énergie. Ou peut être c'est son chat que tu caresses toujours et qui est parfaitement bien installé sur toi. T'es effectivement son serviteur là. Il va s'endormir sous ce bien être que tu lui procures. Tu voudrais bien qu'on te gratte le dos à toi aussi.
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Elle voyait bien qu’il ne la croyait qu’à moitié. Elle ne pouvait pas le blâmer ; c’était dur de croire qu’une bestiole aussi adorable puisse avoir un tel caractère, quand il se comportait comme une peluche animée, ne réclamant visiblement que des caresses et de l’attention. Quel traître. Pourtant, Albane se faisait avoir au quotidien elle aussi. Dès qu’il faisait une connerie dans l’appartement, qu’elle s’énervait contre lui, son agacement ne durait que jusqu’à ce qu’il se remette à dormir, à jouer, à faire quoique ce soit qu’elle qualifierait d’adorable. Elle pouvait râler autant qu’elle le voulait, elle avait environ un millier de photos de son chat pour prouver qu’il était l’être le plus adorable qui soit. « On se fait vite embobiner. » conclut-elle avec un demi sourire, résignée face à cette défaite. Elle ne pouvait pas lui en vouloir. Elle par contre, continuait de s’en vouloir quelque peu pour l’histoire du restaurant et son délit de fuir évident. Une situation cocasse qui semblait loin d’être passée inaperçue. Avait-elle vraiment envie de recontacter ce fameux Will pour s’excuser et s’inquiéter du cas de son tee-shirt ? Ce serait certainement le message le plus étrange du monde à envoyer. « Je suppose que je peux prendre son numéro. Un gage de bonne volonté, tout ça… » Même si le tee-shirt avait dû être lavé au moins trois fois depuis, et qu’elle n’aurait de toute façon pas le culot d’envoyer quoique ce soit. Assez comique, compte tenu du fait qu’elle admettait très volontiers avoir écouté une partie de leur discussion l’autre soir. Un comportement pas très correct, et Jordan aurait pu lui faire les gros yeux. « Il faut dire que c’était assez inédit. » Elle n’aurait jamais imaginé que cela soit possible de faire autant d’allusions sexuelles à la minute dans un restaurant, le tout en étant sobre qui plus est. Mais elle grimaça en réponse ; si elle se souvenait de la distraction, elle se souvenait tristement de sa détresse à l’idée d’être coincée à ce repas. « Les mamans poules sont les pires à avoir en tête à tête au restaurant. » Elle aurait échangé cette compagnie contre à peu près n’importe qui, ce soir-là. Il était tout de même vrai que le destin avait un drôle sens de l’humour. « Je sais pas du tout, mais je suis ravie d’avoir choisi ce bus beaucoup trop matinal. Deux heures de trajet, ça aurait pu être assez pour mourir d’ennui. J’ai hâte de voir la prochaine occasion qu’on aura de se recroiser. » A ce rythme, elle espérait quelque chose de palpitant.
« On se fait vite embobiner. » Marrant comme ça te fait penser à Birdie parce que même quand elle fait des conneries et que ça te met en rogne, elle reste adorable. Ok ça dépend le sujet aussi. Des fois c’est plus grave que d’autres. Tout ça pour dire que tu as peut être des prédispositions à accueillir un chat dans ta vie un jour éventuel.« Je suppose que je peux prendre son numéro. Un gage de bonne volonté, tout ça… » En réalité tu te rends compte que c’est pas trop correct de filer les infos téléphonique d’un proche. Oui, Will est un proche. « Donne moi plutôt le tiens et je lui passerai. » Au moins c’est lui qui décide.
« Il faut dire que c’était assez inédit. » Tu te souviens de ta frayeur à propos de ta propre chemise mais pas de son visage à elle. Faut dire que des grands blond couvert de tatouages ça doit être plus simple à garder en tête. « Les mamans poules sont les pires à avoir en tête à tête au restaurant. » Tu grimaces fortement comprenant aussitôt la situation dans laquelle elle s’est trouvé. « Stop la reproduction. » Que tu dis aussitôt. Ca vient du coeur. On peut le sentir très nettement. Albane n’a aucune idée de combien tu es entouré de personne avec des marmots ou en cours de construction de bébé. Ca suffit maintenant, ça t’en ficherait presque froid dans le dos.
« …J’ai hâte de voir la prochaine occasion qu’on aura de se recroiser. » Elle te caresse dans le sens du poil autant que tu t’occupes de son chat qui s’est peut être endormi maintenant. « Au pressing peut être. » Ça te fait beaucoup rire. Surtout que certaines de tes fringues sont importantes pour toi et qu’il n’est pas rare que tu ailles en faire laver au pressing. Ta boutade n’en est peut être pas tant une finalement. Tu sais pas si c’est testé et approuvé par la recherche d’avoir un chat avec soit dans des longs trajets en bus pour réduire l’anxiété mais vraiment, ces deux heures avec Einstein sur tes genoux ont aidé grandement pour la paix de ton esprit.
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