18 décembre 2015. Voilà trois mois que l’accident de Deklan était survenu. On ne pouvait pas dire que cet accident était arrivé par hasard. Deklan avait insisté pour faire cette compétition malgré la météo, il avait fait partie de ceux qui voulaient que la compétition soit maintenue, et il avait fini dans un lit d’hôpital. Traumatisme crânien, plaie ouverte à la jambe, et plusieurs jours de coma plus tard… Deklan s’était réveillé et on lui avait annoncé que sa carrière sportive était terminée, réduite à néant, complètement foutue… Alors qu’il était en plein essor, qu’on le surnommait le petit chouchou australien, l’aîné des Lewis avait vu toute sa vie s’écrouler devant ses yeux. Il n’arrivait pas à croire que ça pouvait lui arriver et pourtant devant les autres, devant ses parents, sa sœur, ses frères, ses amis, il gardait le sourire et faisait semblant. Il était du genre positif, à boire le verre à moitié plein et aujourd’hui la vie lui faisait un gros fuck. Le brun devait affronter une épreuve de la vie ; un obstacle qu’il n’aurait jamais cru devoir franchir un jour… Il avait passé les dernières semaines à l’hôpital, puis avait eu le droit de sortir tout en continuant la rééducation. Il avait encore une atèle à la jambe gauche, et avait pris sa décision. Il ne se voyait pas rester dans une ville où il ne pouvait plus vivre de sa passion et continuer sa routine qu’il avait peaufiné ses dix dernières années… Emily était partie, le surf c’était fini… à quoi bon rester ici ?
C’était après une longue réflexion que Deklan se retrouvait donc dans sa villa sur Venice Beach en train d’empaqueter les derniers cartons, et boucler les dernières valises. Aujourd’hui, Iris, sa meilleure amie devait venir sur Los Angeles pour le voir, profiter une dernière fois de l’air californien chez son meilleur ami et l’aider à faire ses valises. La jeune femme était bien consciente que même s’il ne laissait rien paraître, il avait besoin d’aide pour franchir ce pas, et laisser Los Angeles derrière lui… Il était à la fois soulagé et angoissé de retrouver Iris, il espérait qu’elle ne cherche pas trop à le cuisiner sur son état, il préférait se changer les idées et penser à autre chose plutôt que de remuer l’accident. Il devait en plus gérer les derniers détails du convoi de ses affaires, et d’ici deux jours le duo prendrait l’avion retour ensemble, juste avant les fêtes de fin d’années. Deklan retrouverait le foyer familial pour une durée indéterminée, ne sachant pas trop quoi faire de sa vie maintenant que son rêve était brisé. C’était un retour à la case départ qu’il avait dû mal à accepter, et il savait qu’un long chemin était maintenant devant lui… C’était donc avec un café à la main, sur sa terrasse, le bruit de la mer non loin de là qu’il attendait son amie. Elle ne devrait pas trop tarder, vu qu’elle lui avait indiqué être montée dans le taxi de l’aéroport.
18 décembre 2015. Plus de treize heures de vol au compteur, c’est une Iris quelque peu fatiguée qui sort de l’aéroport. Elle a profité de son long vol pour travailler sur quelques plans qu’elle devait envoyer d’ici demain à un des clients du Walker Group pour profiter pleinement une fois sur place. Car c’est la direction de Los Angeles qu’elle a prise et c’est presque un effort surhumain qu’elle a réalisé pour prendre l’avion seule alors qu’elle a toujours eu la phobie des décollages et des atterrissages. Il n’y avait pas Caelan pour lui tenir la main cette fois, comme lors de leur voyage au Mexique pour leur lune de miel. Elle se souvient s’être cramponnée à son bras, avoir tenu de son autre main libre la sienne qu’elle avait serré tellement fort qu’il n’avait pu s’empêcher d’émettre un léger cri. Bon cette fois, elle n’a pu le faire, et ce n’est pas avec le mastodonte qui se trouvait à ses côtés qu’elle se serait risqué de le faire. C’est à peine si elle osait lui demander de pouvoir se lever pour aller aux toilettes (ou se dégourdir les jambes). Elle hume alors avec plaisir l’air agréable de Los Angeles, même en cette saison. Il fait évidemment plus frais qu’à Brisbane, quand là-bas c’est l’été et qu’ici, c’est l’hiver, mais la température reste clémente.
Le message est envoyé, elle prend la direction de l’appartement de son meilleur ami, ayant hâte de le retrouver. Quelques mois plus tôt, il a eu cet accident de surf qui n’a pas manqué de causer du souci à une Iris qui a sauté dans le premier avion avec la sœur de son meilleur ami pour le rejoindre au plus vite à Los Angeles. Iris se souvient très bien de l’appel reçu lui disant que son meilleur ami se trouvait dans le coma après une compétition de surf qui avait mal tourné. Heureusement, Deklan a fini par s’en sortir et quand elle a appris qu’il revenait vivre sur Brisbane, du fait de l’impossibilité pour lui de reprendre sa carrière, c’est un certain sentiment égoïste de soulagement qu’elle a ressenti. Alors, c’est sûrement aussi ce qui explique pourquoi aujourd’hui elle a fait le trajet jusqu’ici pour lui venir en aide avec son déménagement et son retour à Brisbane.
Iris Je suis là !!!!!
Les points d’exclamation traduisent les petits sautillements qu’elle a derrière la porte en attendant qu’il vienne lui ouvrir « Holà cariño ! » C’est muni d’un grand sourire qu’elle abandonne sa valise qu’elle tenait d’une main pour venir passer ses bras autour de la nuque de son meilleur ami pour l’étreindre « Comment tu vas ? ». Elle est heureuse de le voir, surtout de le voir debout et non dans ce lit d’hôpital. Ils entrent dans l’appartement au même moment qu’elle l’interroge et observe les lieux déjà bien vidés « Tu as bien avancé… » Le ton est redevenu sérieux, un peu moins enjoué parce qu’elle sait que cette page qui s’apprête à se tourner pour Dek’ n’est pas la plus évidente à vivre pour lui. Elle sait aussi qu’il laisse derrière lui de nombreux souvenirs et cette vie qu’il affectionnait tout particulièrement.
18 décembre 2015. On aurait pu croire qu’à l’approche de Noël, le moral de Deklan serait au beau fixe. En réalité, avec son accident survenu quelques mois plus tôt, il était encore touché par cet événement. Il avait passé plusieurs jours dans le coma, et quand il s’était réveillé, il avait vu de ses yeux que sa vie avait changé. Voir sa jambe dans cet état, il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose de grave était arrivé et qu’il allait en payer les conséquences. Les jours étaient passés et le surfeur professionnel se voilait la face, gardant le sourire, prétextant que tout allait bien. Plusieurs personnes de son entourage étaient passés le voir, même ceux de Brisbane – Iris était déjà venue, Noah également, mais surtout sa sœur qui n’avait pas hésité à prendre le premier avion pour s’assurer de l’état de son frère. Comme toujours Deklan ne transparaissait aucune émotion négative, préférant dire que tout allait bien. Mais faire ses cartons, prendre la décision de partir, rentrer à Brisbane, il réalisait que tout était réel et il avait un peu le moral dans les chaussettes…
La mexicaine s’était proposée de venir pour les derniers jours, se doutant très certainement que l’aîné des Lewis aurait besoin de soutien même s’il ne le disait pas clairement. Le regard perdu au loin sur l’horizon qu’offrait l’océan calme matinal, Deklan attendait Iris qui devait arriver d’une minute à l’autre. Son téléphone vibra et le nom de sa meilleure amie apparut.
Iris Je suis là !!!!!
Le brun posa sa tasse sur la table en bois de sa terrasse, il se sentait si bien dans cette villa – de la nostalgie l’envahit une courte seconde en réalisant que c’étaient l’un des derniers matins qu’il se levait là. Il effaça cette pensée de sa tête, venant s’appuyer sur sa béquille pour rejoindre la porte d’entrée, et l’ouvrit pour y découvrir une brunette bien trop excitée pour quelqu’un qui avait passé douze heures dans un avion : « Holà cariño ! » Elle s’avança aussitôt pour venir le serrer dans ses bras, il passa son bras autour de sa taille, appréciant cette étreinte qui le déséquilibra quelque peu. « Comment tu vas ? » « Super » glissa-t-il à son oreille avant de se retirer, et de tirer sa valise d’un coup de main. Deklan n'allait pas se livrer aussi facilement, préférant toujours boire son verre à moitié plein. Deklan ferma la porte derrière elle, et s’avança en claudiquant sur sa béquille. « Tu as bien avancé. » Il jeta un œil à la grande pièce centrale vidée. « Les plus gros meubles, je les laisse ici. L’agent immobilier s’en occupera avec les acheteurs. » dit-il en continuant d’avancer jusqu’à la cuisine. « J’ai pas grand-chose à te proposer, café, thé, ou jus de fruits ? » qu’il dit en la regardant, il ne remplissait plus trop le frigo et puis de toute façon, vu l’heure, il se doutait que la brune n’aurait pas envie d’alcool. « Le vol s’est bien passé ? » demanda-t-il dans la foulée, appréciant que sa meilleure amie ait fait le chemin pour lui.
18 décembre 2015. « Super » Iris ne le croit pas lorsqu’il a cette réponse face à son comment tu vas enjouée. Elle connait suffisamment son meilleur ami cependant pour savoir qu’il n’aura jamais une réponse autre même lorsqu’il a le moral dans les chaussettes. Et Iris interprète donc ce super par l’opposé, lui qui se voit désormais dans l’obligation de tourner une page de son histoire. Celle de sa carrière de surfeur à Los Angeles, cette vie qu’il s’est créé au fil des années et dans laquelle il s’épanouissait pleinement. Elle sait à quel point ces derniers mois ont été difficile pour lui après cet accident qu’il a eu, et sait aussi que les semaines qui vont suivre ne seront pas évidente, bien qu’il sera entouré des personnes qui l’aiment en retournant à Brisbane. « Les plus gros meubles, je les laisse ici. L’agent immobilier s’en occupera avec les acheteurs. » Elle observe cette villa qui est encore sienne pour quelques heures, cette villa qu’elle connait très bien pour y être venue de nombreuses fois, et qui est désormais dénuée de toute chaleur. Elle se souvient l’avoir aidé à emménager son intérieur à son goût, elle dont l’organisation d’intérieur – entre autres – est son métier. « Il te reste encore des choses à mettre en cartons ? » Elle en doute quelque peu quand elle voit l’état des lieux et se dit que son meilleur ami n’a pas vraiment attendu qu’elle arrive pour faire les cartons, alors qu’il est censé être en convalescence suite à cette blessure à la jambe qui l’oblige encore aujourd’hui de se déplacer avec une béquille « J’imagine que tu ne t’es pas ménagé comme le docteur te l’a préconisé », voilà qu’elle commence à jouer les mamans poules avec lui ou du moins cette amie surprotectrice qu’elle peut être parfois. « J’ai pas grand-chose à te proposer, café, thé, ou jus de fruits ? » « Un café, s’il te plait. J’ai un coup de boost là, mais je sens que ça ne va pas durer » Sûrement l’excitation d’être arrivé et elle sait que, lorsqu’ils viendront à s’assoir, elle risque fortement de piquer du nez. « Le vol s’est bien passé ? » Elle vient à s’accouder sur le comptoir alors que Deklan s’affaire à lui préparer un café « Il n’y a pas eu de turbulences et je suis arrivée entière… On peut dire du coup que ça a été une réussite » Il connait cette peur qu’elle a des avions, ce qui explique sa remarque « Tu as de la chance que je t’aime parce que le décollage a été un enfer mais ne parlons pas de l’atterrissage » Même lorsque celui-ci se passe en douceur, elle a cette impression que l’avion va basculer d’un côté ou de l’autre et qu’il va finir sa course en dehors de la piste.
18 décembre 2015. Plusieurs semaines s’étaient écoulées depuis l’accident, il en avait encore des séquelles. Il se déplaçait à l’aide d’une béquille, qui parfois, rester derrière lui, préférant ne pas l’utiliser. Pourtant, son chirurgien lui avait bien dit de rester au repos le plus souvent possible. Ce n’était pas connaître Deklan qui avait horreur de ne rien faire. Enfin soit, il avait eu de quoi s’occuper en plus avec son déménagement en préparation. Sa meilleure amie avait tenu à venir l’aider pour les derniers détails même s’il lui avait assuré qu’il n’avait besoin de rien. L’aîné des Lewis ne se plaignait jamais, il avait tendance à garder tout pour lui et c’était quelque chose dont Iris était bien consciente. Elle avait donc débarqué chez lui, en espérant très probablement lui tirer les vers du nez.
Le jeune homme était tout de même heureux de la voir même s’il se doutait qu’elle allait insister pour en savoir plus. Il n’était pas sûr que ça soit la meilleure façon de le faire parler, d’ailleurs. Pour le moment, il faisait le bilan de ses cartons et seuls les plus gros meubles resteraient ici. Il avait accumulé tellement de choses en dix ans, ce qui n’était pas étonnant au fond. Il avait dû faire un gros tri, dont ses planches de surf d’ailleurs… Encore enfermées dans son box dans la cave de l’immeuble, il ne les avait pas retouchées depuis l’accident. « Il te reste encore des choses à mettre en cartons ? » Il secoua la tête négativement, il avait fait le plus important. « J’imagine que tu ne t’es pas ménagé comme le docteur te l’a préconisé. » Il haussa les épaules en avançant vers la cuisine, ou du moins ce qu’il en restait. « Tu me connais comme si tu m’avais fait. » qu’il dit sur le ton de la plaisanterie, essayant de ne pas trop rendre la conversation sérieuse. « Un café, s’il te plaît. J’ai un coup de boost là, mais je sens que ça ne va pas durer. » Il sourit, et s’exécuta, ignorant encore que faire du café allait être une activité qu’il saurait faire à la perfection à l’avenir… « Combien d’heures de décalage déjà ? Faut que je me prépare à mon retour. » dit-il, en tentant de ne pas paraître trop nostalgique en parlant de son retour officiel à Brisbane. « Il n’y a pas eu de turbulences et je suis arrivée entière… On peut dire du coup que ça a été une réussite » Alors qu’il s’affairait à lui faire couler le café, il ne put s’empêcher de ricaner à cette remarque. « Tu as de la chance que je t’aime parce que le décollage a été un enfer mais ne parlons pas de l’atterrissage » Il leva les yeux au ciel. « Tu as cette fâcheuse tendance à tout exagérer. » dit-il d’un ton léger en venant lui poser le café devant elle. Puis, il prit la route vers la terrasse, d’un pas long et hésitant, il n’était pas à l’aise avec cette béquille, mais il fallait bien qu’il s’y fasse. Il vint s’installer sur un bain de soleil, pour profiter des rayons matinaux. « Tu me racontes quoi ? » finit-il par demander, car la vie d’Iris était toujours un roman, il avait souvent dû mal à suivre tout ce qui se passait.
18 décembre 2015. Iris s’attarde un peu plus sur l’appartement désormais presque vide et presque maussade de son meilleur ami. Lorsqu’elle l’interroge pour savoir s’il a empaqueté tous ses biens ou s’il lui reste encore des cartons à faire, il répond par la négative d’un signe de tête. La réponse ne l’étonne même pas et c’est pour cette raison qu’elle se permet de jouer les mamans poules en ayant ce commentaire s sur le fait qu’il n’a certainement pas dû se ménager, comme le médecin a pu pourtant lui préconiser « Tu me connais comme si tu m’avais fait. » Et cet air détaché et un peu je-m'-en-foutiste ne manque pas de faire lever les yeux au ciel de la Leckie. Une chance qu’il s’éloigne, autrement il aurait certainement eu droit à une petite tape derrière la tête pour sa négligence. « Ou tu es trop prévisible » au choix, le sarcasme transparaît dans sa voix tout comme son mécontentement. Mais elle n’est pas venue ici pour se disputer avec son meilleur ami, au contraire, elle se doit d’être un soutien pour lui, bien qu’il fasse la tombe, comme toujours, et ne veut pas lui dire réellement comment il se sent face à tout ça. Contrairement à lui, Iris se confie plus facilement, même si le sujet abordé actuellement n’est pas non plus une vraie discussion à cœur ouvert, bien qu’elle parle de sa phobie pour l’avion « Combien d’heures de décalage déjà ? Faut que je me prépare à mon retour. » « Dix sept heures ». Et c’est beaucoup dix-sept heures même si ce retour vers le passé ne lui déplait pas, cela lui permet de revivre ce temps perdu dans l’avion à nouveau. C’est finalement rentable. « Tu as cette fâcheuse tendance à tout exagérer. » « Cállate, amorce-t-elle adoptant cette mine légèrement contrarié ne me fais pas regretter d’être venue » Elle fronce légèrement les sourcils « Tu n’as aucune compassion ». Elle boude presque et s’empare de la sorte du café en bougonnant un « Merci » en se saisissant de la tasse.
Elle le suit, son regard devenant inquiet en le voyant avancer d’un pas lent vers la terrasse. Iris reste volontairement en arrière, le laissant atteindre le premier la terrasse. Elle l’imite et prend à son tour sa place sur un transat, ce qui est loin d’être désagréable « Tu me racontes quoi ? » Elle prend une première gorgée de son café avant de reposer sa tasse délicatement sur une petite table à proximité « Pas grand-chose. Tout se passe bien à vrai dire, en ce moment. Je m’épanouie vraiment chez le Walker Group et avec Cae, tout se passe à merveille aussi… » elle hausse les épaules « Oh et j’ai mon meilleur ami qui revient vivre à Brisbane et je dois reconnaitre que je suis quand même… heureuse de le savoir de retour. Il m’avait manqué » La remarque est volontaire, voulant encourager Deklan dans son retour mais peut-être s’essaye-t-elle aussi à user d’un subterfuge pour le faire parler sur le sujet.
18 décembre 2015. Quelques personnes de son entourage s’étaient réellement souciés de l’état de Deklan suite à son accident. En effet, les plus proches d’entre eux savaient à quel point le surf représentait toute sa vie. Après tout il n’avait pas quitté son pays natal sur un coup de tête, non – il était parti dans l’idée de vivre de sa passion même si cela voulait dire qu’il fallait vivre à l’autre bout du monde. Et près de dix ans après alors qu’il ne s’y attendait pas vraiment, il devait retourner au bercail. Son accident le laissait avec une patte folle et le coeur lourd de ressentiments. Iris le savait et même si elle ne lui posait aucune question directe, son attitude envers lui trahissait son inquiétude. « Ou tu es trop prévisible. » Il haussa les épaules, faisant preuve d’une certaine négligence, en effet. L’ancien surfeur était plutôt vulnérable, et on ne l’avait jamais connu comme ça. Iris la première, qui le connaissait depuis toujours ou presque… Il savait faire semblant, mais cette fois-ci, cette épreuve allait lui demander beaucoup de temps pour s’en remettre totalement. Surtout que cet accident suivait de quelques mois une rupture à laquelle le brun ne s’attendait en aucun cas également. Apparemment la vie avait décidé de le mettre à l’épreuve…
Heureusement il pouvait compter sur des amis comme Iris, qui était prête à faire des heures de vol juste pour le soutenir dans ce déménagement. « Dix sept heures. » Il soupira, lui qui ne revenait qu’une fois ou deux par an, parfois pas du tout si les compétitions tombaient mal. Il se souvenait encore de la fois en 2012 où il n’avait pas pu rentrer pour les fêtes de fin d’années, on pouvait dire qu’il entendait encore les remontrances de sa mère. « Outch, ça fait mal. » s’exclama-t-il dans une grimace. Mais il prenait conscience de l’importance qu’Iris lui apportait, et au fond, même s’il ne le disait pas, il en était énormément reconnaissant. « Callate. Ne me fais pas regretter d’être venue. » Il ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire. « Tu n’as aucune compassion. » Il lui tendit sa tasse. « Merci. » Et dans la foulée, Deklan vint poser sa main disponible sur l’épaule de la brune pour la lui presser dans une intention affective. « Arrête de bouder. Te quiero mi libélula. » Le brun la contourna la jeune femme venant se réappuyer contre sa béquille et avança vers la terrasse pour s’asseoir sur un bain de soleil. « Pas grand-chose. Tout se passe bien à vrai dire, en ce moment. Je m’épanouie vraiment chez le Walker Group et avec Cae, tout se passe à merveille aussi... » Deklan sourit en l’écoutant, au moins l’un des deux était pleinement heureux. « Oh et j’ai mon meilleur ami qui revient vivre à Brisbane et je dois reconnaître que je suis quand même… heureuse de le savoir de retour. Il m’avait manqué. » Il pencha la tête en arrière avec un petit rire, voyant très bien ce qu’elle essayait de faire. « Sache que ton meilleur ami est effrayé à l’idée de retourner dans la maison familiale. C’est un sacré changement à trente ans. » confia-t-il finalement en la regardant dans les yeux. Il avait l’impression de faire quinze pas en arrière, c’était assez terrifiant pour lui.
18 décembre 2015. « Outch, ça fait mal. » Il n’a pas besoin de le souligner pour qu’elle le sache quand elle sait d’avance que dans une vingtaine de minutes surement son énergie retrouvée par l’excitation de voir son meilleur ami retombera aussi vite qu’elle est apparue. Dix sept heures de décalage, c’est sûr, ça fait beaucoup mais pour Deklan, ça ne compte pas. Enfin, à moins qu’il lui fasse regretter d’être venue alors qu’il ose lui dire qu’elle exagère. « Arrête de bouder. Te quiero mi libélula. » Son geste affectueux et ce te quiero ont raison d’un mince sourire qui se dessine sur les lèvres d’Iris, même si elle garde un peu cet air renfrogné « Mouais… bien rattrapé » et son sourire s’élargit un peu plus alors qu’ils prennent la direction de la terrasse.
Ils prennent place et Iris raconte à Deklan comment se passe sa vie actuellement. Il n’y a pas réellement de gros nuages à l’horizon, autant professionnellement parlant que personnellement parlant, tout va bien pour elle. Iris est consciente de la chance qu’elle a d’avoir trouvé la personne parfaite pour elle en la personne de Caelan et d’avoir un ami comme Channing qui lui a permis de trouver sa place dans l’entreprise familiale, lui offrant la possibilité de s’épanouir pleinement dans son métier d’architecte d’intérieur. Surtout, elle souligne le fait qu’elle est heureuse de savoir son meilleur ami de retour à Brisbane, un moyen pour elle de tendre la perche à Decklan afin qu’il s’exprime à ce sujet. Perche dont il se saisit, malgré le petit éclat de rire qu’il laisse échapper juste avant « Sache que ton meilleur ami est effrayé à l’idée de retourner dans la maison familiale. C’est un sacré changement à trente ans. » Et même si le sourire est toujours sur ses lèvres, Iris comprend que c’est une façon pour lui de camoufler son inquiétude. Elle le connait ce regard silencieux, par cœur même, et c’est pour cette raison que ces traits retrouvent leur sérieux « Tes parents sont merveilleux et ils vont bien s’occuper de toi » ça elle n’en doute pas, les Lewis ont toujours été adorable à son égard « Tu vas pouvoir savourer les bons petits plats de ton père et ta mère va passer son temps à être à tes petits soins » un sourire étire ses lèvres « Mais ce n’est que provisoire, le temps de te trouver ton propre pied à terre. Et, pour ça, tu pourras compter sur moi et puis ce n’est pas comme si elle ne travaillait pas pour une grosse entreprise du monde immobilier mais je comprendre que repartir à zéro puisse t’effrayer. Mais ça ira sa main vient alors à se poser sur la sienne et son regard appuie ses paroles On va tous être là pour t’épauler Ses amis, mais aussi sa famille, et sur ça elle en est convaincue.
18 décembre 2015. Il avait dit à Iris qu’elle n’était pas obligée de venir pour ses derniers jours à Los Angeles, mais elle avait tenu à se déplacer. Il se rendait compte à quel point ce n’était pas rien, et depuis tout ce temps, ils avaient tissé des liens sincères mais Iris avait tendance à le surprotéger, d’autant plus depuis qu’il avait eu son accident. « Mouais… bien rattrapé » râla-t-elle, faussement, il le savait car elle ne pouvait pas résister à ses gestes d’affection. Jamais une seconde ils ne s’étaient lâchés, toujours là l’un pour l’autre dans n’importe quelle circonstance. Maintenant il serait d’autant plus là pour la brune étant donné qu’il revenait s’installer à Brisbane. « Tes parents sont merveilleux et ils vont bien s’occuper de toi » Il leva les yeux au ciel. Même s’il savait que ses parents avaient toujours été d’un grand soutien, Deklan appréhendait de s’installer à nouveau chez eux, son ancien chez lui quand il n’était encore qu’un minot. « Tu vas pouvoir savourer les bons petits plats de ton père et ta mère va passer son temps à être à tes petits soins » Il soupira, Iris les connaissait bien. « Mais ce n’est que provisoire, le temps de te trouver ton propre pied à terre. Et, pour ça, tu pourras compter sur moi, mais je comprendre que repartir à zéro puisse t’effrayer. Mais ça ira… » Le regard de Deklan vint se poser sur cette main qui arriva à lui. « On va tous être là pour t’épauler. » Il ne savait pas pourquoi mais en réalité il appréhendait de retrouver Brisbane, d’avoir l’occasion de retrouver tout le monde au quotidien comme Iris, Matt, Zoya, Cam et les autres. Il avait dû mal à mettre des mots sur ce qu’il ressentait, d’autant plus quand on savait qu’il n’était pas du genre à se plaindre ou à montrer quand ça n’allait pas. « J’espère que tu vas me trouver une belle villa, Miss Leckie ! » lâcha-t-il avec un grand sourire, relevant la tête vers elle, incapable de lui montrer tout le stress qu’il ressentait à l’idée de revenir à Brisbane. « D’ailleurs comment ça va toi ? Tout se passe pour le mieux dans tous les domaines ? » qu’il ajouta finalement, toujours avec un regard bienveillant, ne voulant pas trop s’épancher sur le sujet de son accident ou de tout ce qui tournait autour de cela. Le jeune trentenaire n’était pas du genre à se confier facilement, voulant toujours montrer le meilleur de lui-même et ça, Iris le savait parfaitement. Sa seule présence ici prouvait qu’elle s’inquiétait pour lui, et cette acte lui faisait chaud au cœur. « Tu as prévu quelque chose de particulier pour les fêtes ? » finit-il par demander, toujours dans l'idée de s'intéresser à elle plutôt qu'à lui.
18 décembre 2015. « J’espère que tu vas me trouver une belle villa, Miss Leckie ! » Elle y compte bien. Et elle connait parfaitement les goûts de son meilleur ami pour être la mieux placée à lui trouver le bien qu’il lui faut. Elle imagine d’ailleurs déjà l’intérieur de sa future maison, avec ces petits détails bien particuliers, celui de cet état d’esprit qui est le sien. « Tu en doutes sincèrement ? » demande-t-elle en portant sa main libre sur sa poitrine, adoptant un air outrée. Et puis cette même main vient à tracer un demi-cercle dans l’air « Tu imagines bien que j’ai déjà quelques idées en tête… et il se pourrait… elle fait volontairement une pause pour faire un peu languir son meilleur ami avant de reprendre, l’air amusé que j’ai repéré quelques biens déjà pour toi… » Elle porte alors ses deux mains sous son menton, comme pour signifier son innocence mais aussi sa perfection en tant que meilleure amie « Tu sais que tu peux me faire confiance et surtout que, de ce côté-là, tu peux t’enlever toute la pression qu’il peut y avoir sur tes épaules » reprend-t-elle sur un ton un peu plus sérieux, un sourire bienveillant se dessinant sur ses lèvres. Sa main vient d’ailleurs trouver une de ses épaules qu’elle pince doucement comme pour l’aider à se détendre, avant de lui frictionner. « D’ailleurs comment ça va toi ? Tout se passe pour le mieux dans tous les domaines ? Tu as prévu quelque chose de particulier pour les fêtes ? » Iris arque alors un sourcil et ne peut retenir un sourire quelque peu moqueur « Toujours, rien n’a changé depuis deux minutes… » elle pouffe légèrement et a à nouveau ce geste tendre pour lui, en portant sa main sur sa cuisse Ca ne marche pas avec-moi ton petit tour de passe-passe pour éviter de parler de toi… elle le connait suffisamment pour savoir que c’est ce qu’il fait, en cherchant absolument à s’intéresser à elle. Elle se repositionne sur sa chaise, croisant les jambes alors que sa main qui était jusque là posée sur la cuisse de Deklan vient à se saisir du café dont elle en boit une gorgée « Un Noël chez les Leckie le soir du réveillon et le lendemain, ma mère organise une grande festivité avec les voisins. D’ailleurs, si les Lewis veulent se joindre à nous, c’est avec plaisir » et bien sûr que, dans les Lewis, il est inclus.
18 décembre 2015. Il savait qu’il pouvait toujours compter sur sa meilleure amie – elle lui prouvait une fois de plus qu’elle serait toujours là pour lui malgré la distance, malgré les années. Elle avait dépassé sa hantise de prendre l’avion pour venir l’accompagner dans ses derniers instants à Los Angeles. La brune se doutait éperdument à quel point il était difficile pour lui de partir d’ici, c’était un gros chapitre de sa vie qu’il n’avait pas prévu de fermer aussi vite. « Tu en doutes sincèrement ? » Il secoua la tête pour désapprouver cette question, non il n’en doutait pas, mais il aimait la taquiner, comme à son habitude. « Tu imagines bien que j’ai déjà quelques idées en tête… et il se pourrait… » Il haussa les sourcils, la fixant pour l’inciter à continuer sa phrase. « Fais pas de manière, allez – quoi ? » dit-il alors pour qu’elle continue ses propos. « que j’ai repéré quelques biens déjà pour toi… » Il se redressa sur son siège, intrigué à cette nouvelle information. « Tu sais que tu peux me faire confiance et surtout que, de ce côté-là, tu peux t’enlever toute la pression qu’il peut y avoir sur tes épaules » Il sourit, apaisé par ce qu’elle disait – bien sûr qu’il pouvait lui faire confiance. « Tu attises ma curiosité là ! Je veux en savoir plus !! » dit-il d’un ton beaucoup plus animé et ravivé qu’auparavant. « Tu sais ce que j’aime, donc bien sûr que je te fais confiance. » dit-il tout de même pour la rassurer dans son égo.
Et même si ces dernières semaines, il était au centre des attentions, il n’en oubliait pas pour autant sa meilleure amie. « Toujours, rien n’a changé depuis deux minutes… Ca ne marche pas avec-moi ton petit tour de passe-passe pour éviter de parler de toi… » Naturellement, ses yeux se posèrent sur sa main contre sa cuisse maintenant, il haussa les épaules en relevant le regard vers elle. « Un Noël chez les Leckie le soir du réveillon et le lendemain, ma mère organise une grande festivité avec les voisins. D’ailleurs, si les Lewis veulent se joindre à nous, c’est avec plaisir » Il l’écoutait parler, un instant ailleurs, l’idée de revenir chez lui ressurgissant maintenant, il sentit son cœur se serrer – c’était réel, c’était fini et il rentrait à Brisbane. « Je ne sais pas ce qu’ils ont prévu, comme d’habitude – j’imagine. Zeke va arriver en retard, Cameron fera du mieux qu’il peut pour garder la face et Zoya va m’infantiliser au point que je n’aurais probablement pas le droit de bouger un orteil. » Il va dit tout cela d’un seul souffle, sans la regarder, d’un air presque dépité, mais il finit par relever la tête, poser son regard dans le sien et lui offrir un sourire – un faux sourire, certes, mais comme à son habitude, il gardait la face.