Ca fait dix jours que c’est la gestion de crise ici. On était rentrés avec Elise des Seychelles pour le mariage de Camille et Norman. On avait prévu le jetlag, du temps de repos pour être en forme, plus que jamais pour le Jour J. Elise m’avait aidé à trouver la fameuse association à laquelle Camille voulait faire le don de son urne de mariage et j’étais fière de les avoir mis en relation. Puis, le drame. Norman ne voulait plus se marier et Camille avait passé plusieurs jours à l’appart sans s’arrêter de pleurer. Quel con. Et en même temps, je peux pas lui jeter la pierre, quelle connerie les mariages. Quelle idée. Je sais comme Camille peut être insistante et très persuasive mais bordel, soit il avait pas eu les couilles de lui tenir tête depuis le début, soit il avait pas eu les couilles de sauter le pas, mais dans les deux cas, il avait pas de couilles ce mec. Que j’le croise pas, j’pourrais lui sauter dessus. En attendant, j’avais eu la permission de Camille de profiter d’Elise ce soir. Elle m’avait d’ailleurs elle-même conseiller une adresse – où elle n’avait jamais mis les pieds avec Norman, qu’elle avait précisé, mais qu’elle savait être un excellent restaurant.
Toujours ce besoin à la con de vouloir l’impressionner. Je l’avais prévenu d’être prête pour ce soir, que je viendrai la chercher. Notre première Saint Valentin, enfin, une première tout court pour moi. 19h58, j’arrive devant chez elle et je la vois qui guette déjà à travers la fenêtre. Je retire mon casque de moto un instant, le temps qu’elle me rejoigne, toujours trop ravissante pour moi. Je lui laisse pas le temps d'en placer une que j'agrippe déjà sa main pour l'attirer contre ma bécane et dévorer ses lèvres.
« J’ai couché mon bébé. » que je lui glisse alors qu’elle s’approche, sourire aux lèvres. Faut dire qu’on s’était pas énormément vu ces derniers jours. Elise était venue pour faire la connaissance de Camille une bonne fois pour toute, malheureusement pas dans les meilleures conditions. « J’ai permission de minuit quand même. » bien sûre que non. J’étais à elle, toute la soirée, toute la nuit. « bon, tu grimpes ? » je lui tends son casque en me disant qu’il serait peut être temps d’aller lui en prendre un à sa taille pour de bon…

@Elise Irish

C'est mystérieux ce message qui ne te laisse pas une chance de deviner ce que Dinis peut bien avoir en tête pour ce soir. T'es sensé mettre quoi sans savoir où tu vas, ni ce que tu vas faire ? Bon ça va. T'as une bonne partie de l'après-midi et de la soirée pour changer vingt fois d'idée pour finalement choisir ta première idée. Il est 19h30 et t'es déjà prête. Ce qui est un miracle en soie. La dernière demi-heure semble interminable. Tu dois regarder à l'extérieur aux deux minutes pour voir si Dinis n'arrive pas. T'espères qu'il n'aura pas de crise de dernière minute à gérer avec sa coloc improvisé. Bon, c'est pas drôle ce qui lui arrive, mais quand ça te prive de ton mari pendant presque dix jours ça devient un problème. T'en à rien à faire de ses histoires de coeur. Faudra bien qu'elle reprenne sa vie un jour ou l'autre. Genre, aujourd'hui ce serait bien. C'est que vous avez des projets à faire avancer vous aussi. Il a dit que vous alliez éplucher les annonces en rentrant, t'as pas oublié. Ça doit faire son affaire que cette partie là soit repoussée. Ce ne le sera pas éternellement. Sorry not sorry. Quand tu regardes pour une énième fois par la fenêtre, tu le vois qui arrive enfin. En moto ? Où est-ce qu'il peut bien t'amener ? C'est un hasard que ce soit spécialement le jour de la Saint-Valentin où il se libère ou pas ? Ouais, c'est sûrement un hasard. Il ne doit même pas avoir remarqué quelle date c'est aujourd'hui.  

Tu sors à l'extérieur, t'approche rapidement de lui jusqu'à ce que sa main attrape la tienne pour t'attirer vers lui. Ton coeur manque un battement lorsque ses lèvres se plaquent sur les tiennes. « J’ai couché mon bébé. » Ça le fait rire. Tu as juste envie de lever les yeux au ciel, mais bon, ce serait pas très gentil. « Elle va mieux ? » Elle dégage bientôt ? C'est ça qui t'intéresse plutôt. Il doit en avoir marre Dinis de dormir sur son sofa alors que le grand lit chez toi manque clairement de chaleur. Il a qu'à lui laisser son appartement si elle n'a nul part d'autre où aller. Pas besoin de lui tenir la main chaque jours, chaque secondes. « J’ai permission de minuit quand même. » Minuit ? Il ne pourrait pas venir avant 20h s'il doit repartir pour minuit ? C'est sûrement des conneries qu'il raconte, mais ça te dérange quand même de l'entendre. Il va se lever au petit matin pour aller à la rescousse de sa jolie blonde ? N'importe quoi. « bon, tu grimpes ? » Il tend le casque vers toi. Tu l'attrapes pour venir le passer sur ta tête. « Où est-ce que tu m'amènes ? » que tu lui redemandes encore en te doutant bien que tu n'aurais pas plus de réponses que la première fois par sms. Tu montes sur la moto derrière lui et viens passer tes bras autour de lui. « Tu m'as manqué. » que tu lui dis en resserrant l'étreinte autour de lui. Ça mérite au moins deux jours ensemble. C'est que tu t'y es habitué à l'avoir toujours avec toi après quelques jours ensemble 24/7. La séparation brutale n'est pas si évidente. Pas pour toi du moins.

« Elle va mieux ? » sans doute, sans doute pas. Je suppose que oui quand même, je fais une moue, témoignant de mon manque d’information réel à ce propos. En fait, ca fait dix jours, je suppose, que ça va mieux, je suppose qu’elle va bientôt finir par rentrer chez elle – chez Norman ? – quand j’aurai finis par lui en coller une bonne et que ça lui aura remis les idées en place. Parce que, j’avais beau avoir qu’une envie, c’est de lui mettre mon poing dans la face, je sais aussi qu’il a juste paniqué à l’idée d’avoir un papier à signer et une bague au doigt pour de bon. Quel con. « Ça devrait. » est-ce que j’pouvais m’autoriser à pas penser à Camille ce soir ? Juste parce que ca faisait assez longtemps que j’étais baby Sitter et que j’avais enfin pris congés. Ma vanne sur Cendrillon semble pas la faire trop rire, bon, quand elle verra que j’suis encore là à minuit et une minute, elle pourra se détendre.

Elle s’équipe du casque et je la laisse s’installer derrière moi avant de relancer le moteur. « Où est-ce que tu m'amènes ? » encore trop curieuse, qu’elle se laisse porter par la surprise, j’lui ai juste dis de me faire confiance. Ses bras m’enlacent et j’attends juste qu’elle vienne se coller à mon dos avant de retirer la béquille et laisser le bolide en roue libre. « Tu m'as manqué. » c’est un sourire qui s’affiche entre mes joues écrasées par le casque, ma main droite se glissant sur les siennes en réponse. Ca voulait dire qu’elle aussi, m’avait manqué.

J’ai la pression. Je suis pas du tout certain de la bonne idée de cette virée… On jouait aussi contre la montre avec le soleil qui allait bientôt nous quitter. J’avais vingt minutes pour arriver à destination, dans un premier temps. Merci la moto, on passait à travers les embouteillages et heureusement, on pouvait arriver à temps dans ce parc sans absolument rien autour. Un champ. « C’est là. » elle va rien comprendre et ça me fait redouter d’autant plus sa réaction, autant que je suis excité et amusé de la savoir paumée. « vient, faut pas qu’on traine ! » je l’aide à descendre de la moto et la guide vers un bruit sourd un peu plus loin. Petit à petit, c’est une Montgolfier qui apparait devant nous, prête à décoller. « Première partie du plan, survoler la ville avec le meilleur champagne du coin. » rien de tropicale ! « j’espère que t’as pas le vertige ? » ca aurait été trop facile de lui poser la question avant, manquerait plus qu’elle se fige et qu’elle accepte pas…

« Ça devrait. » C'est assez vague ça comme réponse. Ça te dit pas vraiment si elle compte débarrasser l'appartement de Dinis bientôt ou pas. Enfin, il ne semble pas avoir envie d'élaborer sur le sujet et tu n'as pas non plus réellement envie d'entendre parler des histoires de coeur de Camille toute la soirée. Tu montes alors sur la moto qui file vers une destination inconnue. Tu essaies de deviner où il t'amène par les chemins qu'il emprunte, mais bien honnêtement, tu ne vois pas du tout ce qu'il a en tête. Même si ça a un petit quelque chose d'excitant, c'est surtout agaçant d'avancer dans le néant. Il s'arrête au bout de quinze-vingt minutes en plein milieu d'un champ. Tu ne comprends pas ? « C’est là. » Il pointe… rien du tout. Il n'y a rien ici. Qu'est-ce qu'il a en tête ? Petite ambiance romantique pour regarder le ciel étoilé ? Regarder le coucher du soleil ? En dehors de la ville, le ciel est plus dégagé, donc plus propice à laisser voir les étoiles. « vient, faut pas qu’on traine ! » Pourquoi faut se dépêcher ? Tu comprends absolument rien et ça doit facilement se lire sur ton visage complètement paumé. Tu suis tout de même le mouvement lorsqu'il t'aide à descendre et qu'il t'entraine à marcher plus rapidement en te tirant sur le bras. Et au bout de quelques pas, il y a une montgolfière qui apparaît soudainement. Ton regard se tourne soudainement vers Dinis, toujours aussi incertaine de ce qu'il peut bien avoir en tête. Vous allez monter faire un tour ? Pourquoi ? « Première partie du plan, survoler la ville avec le meilleur champagne du coin. » Le meilleur. Rien que ça. Comment ça lui a coûté tout ça ? Est-ce qu'il est en train de se ruiner pour vouloir être à la hauteur ou il est juste moins pauvre que tu penses ? « j’espère que t’as pas le vertige ? » Non. Absolument pas. Peur de rien. Il ne se souvient pas ? Au nombre de fois que tu prends l'avion dans une année, ce serait bien ridicule d'avoir le vertige. « Non, j'ai pas le vertige. » que tu lui confirmes. Ça aurait gâché le truc hen que tu l'aies ? La soirée est sauf. « C'est en quel honneur tout ça ? » Pourquoi est-ce qu'il en fait autant ? Ce n'est ni Noël, ni ton anniversaire. C'est pour célébrer la fête de l'amour ? Non, sûrement pas. C'est beaucoup pour une fête aussi commerciale. Ce n'est sûrement pas son genre de le souligner. Et c'est certainement pas pour déclarer sa flamme - ou peut-être que c'est une manière de le faire sans utiliser de mots ? Il est du genre romantique Dinis ? Franchement, tu ne l'aurais jamais deviné. « Et la deuxième partie, c'est quoi ? » que tu lui demandes en réalisant soudainement qu'il avait bel et bien une première partie. Ça veut dire combien d'autres ? Quelque chose te dit que tu ne pourra pas savoir la suite avant qu'elle n'arrive.

Elle capte assez rapidement la montgolfière par contre, elle capte pas du tout ce qu’on fait ici. La surprise se lit largement sur son visage. Je sais pas si c’est la réaction que j’avais vraiment en tête, oui, elle est surprise mais pour autant, on dirait juste qu’elle a aucune foutu idée de ce qu’elle fait là. Qu’elle voudrait limite être ailleurs. Non, c’est surtout qu’elle avait pas idée de ce que je pouvais bien préparer. Peut être qu’en fait, elle est en train de flipper, c’est tout. « Non, j'ai pas le vertige. » Bon, donc, elle flippe pas de monter la dedans. « C'est en quel honneur tout ça ? » elle me prend vraiment pour le dernier des idiots. « La coïncidence serait pas crédible, si ? » elle sait très bien en quel honneur on est là… J’avance ne direction de la nacelle qui va nous porter dans les airs. La nacelle qui est énorme d’ailleurs. Tant mieux, le pilote pourra rester à distance sans qu’on soit les uns sur les autres. « Et la deuxième partie, c'est quoi ? » « Arrête d’etre trop curieuse. » ou de vouloir tout contrôler ? J’en sais rien. « Monte ! » y a un mini escabeau sur lequel elle peut prendre appuy pour passer sa jambe au-dessus de la nef. Je l’aide en prenant sa main et la rejoint ensuite. « Tenez-vous, le décollage peut être surprenant ! » le bruit du gaz qui gonfle le gros ballon est assourdissant mais y parait que c’est juste le temps de plus toucher le sol et qu’ensuite, c’est de temps en temps pour donner quelques élan à la montgolfière. J’attrape Elise par la taille, ma rapprochant d’elle pour m’assurer qu’elle tienne en place – quand la première secousse nous bouscule un peu, un léger haut le cœur, le temps de prendre un peu d’altitude. Le sol est de plus en plus loin sous nos pieds. « Dans une quinzaine de minute, on devrait survoler Brisbane. » qu’il prévient en fouillant dans une glacière avant d’en sortir une bouteille de champagne. « A vous l’honneur. » il me la tend et je la prends pour l’ouvrir quand il donne ensuite deux coupes à Elise pour qu’elle les tienne. « Faites comme si j’étais pas là. » c’est pas comme si on était les deux personnes les plus pudiques de Brisbane, hein ? Qui l’aurait cru, Dinis , Oz Irish, discret et pudique au bras de sa femme.
J’ouvre la bouteille et le bouchon en liège vol à quelques mètres en dehors de la nacelle, quand les bulles font mousser bien trop vite la boissons, je me penche vers Elise pour en perdre le moins possible, grand sourire à mes lèvres. « On a évite le pire ! » je repose la bouteille au sol et me redresse en m’approchant à nouveau d’elle. « J’espère que c’est pas trop, pour une première saint valentin ? »

« La coïncidence serait pas crédible, si ? » Tu hausses les épaules. C'est pas sérieux tout ça ? Franchement, oui, tu y aurais crû à la coïncidence, parce que jamais tu aurais crû que c'était son genre de souligner ce genre d'événement. Lui-même ne devait pas le savoir avant aujourd'hui. C'est quand la dernière fois que tu as fêté la Saint-Valentin ? Honnêtement, ça remonte à beaucoup trop longtemps pour que tu t'en souviennes. Et lui, alors ? C'est sa première fois ? « Arrête d’etre trop curieuse. » Tu lèves les yeux au ciel. C'est agaçant tout ce mystère, de ne pas savoir ce qui se passe ensuite. « Monte ! » qu'il ajoute ne te laissant pas le temps de répliquer quoique ce soit pour en savoir davantage sur la suite. Tu montes dans l'escabeau, prends la main que Dinis te tend pour t'aider à monter à bord. «  Tenez-vous, le décollage peut être surprenant ! » Sous les ordres du pilote, Dinis t'attrape par la taille pour t'aider a garder ton équilibre. La secousse provoqué par la montgolfière qui s'envole t'oblige tout de même à t'accrocher à la rambarde pour ne pas tomber. « Dans une quinzaine de minute, on devrait survoler Brisbane. A vous l’honneur. » Il tend une bouteille de champagne à Dinis avant de venir te tendre deux coupes que tu prends entre tes mains. « Faites comme si j’étais pas là. » Facile à dire. Ton regard dévie quelques secondes vers l'inconnu avant que le bruit sourd du bouchon qui explose attire de nouveau ton attention vers ton mari. Le champagne mousse en dehors de la bouteille et Dinis se dépêche de verser le liquide dans les coupes pour minimiser les dégâts. «  On a évite le pire ! » Il sourit de toutes ses dents. Il est heureux à ce moment précis. Ça crève les yeux. Et ça le rend terriblement séduisant. « J’espère que c’est pas trop, pour une première saint valentin ? » Tu lui souris doucement, lui tend l'une des coupes après qu'il ait déposé la bouteille au sol. « Disons que tu mets la barre haute pour les prochaines à venir. » Les prochaines Saint-Valentin, allez-vous vraiment vous rendre jusque là ? Aucune idée. Tu as envie d'espérer que oui. « Santé. » que tu ajoutes en venant trinquer ta coupe contre la sienne avant de la porter à tes lèvres. Tu te retournes dos à Dinis, mais surtout au pilote pour tenter de donner vraiment l'impression qu'il n'est pas là, ton regard se porte au-delà de la nacelle et du coucher de soleil qui se présente devant vous. Bientôt, le soleil laissera sa place à la lune et Brisbane pourra briller de toutes ses lumières dans la noirceur. Ton bras s'enroule autour de celui de Dinis alors que ta tête se pose contre son épaule. « Damon est rentré de son voyage de noce cette semaine. » que tu débutes en levant légèrement la tête vers lui. « Tu voudras le rencontrer ? » Ça risque d'être moins chaotique comme rencontre que la tienne avec Rita. Aucune chance que Damon soit aussi indiscret qu'elle.

« Disons que tu mets la barre haute pour les prochaines à venir. » c’est là, qu’elle est obligée de me mettre la pression. Les prochaines à venir, ca me laisse déjà un an pour voir ça. C’est étrange de me dire qu’il y a moins d’un an, si on me demandait de me projeter sur deux semaines, ça m’semblait bien compliqué, me donnait des palpitations, prêt à faire une crise d’angoisse et maintenant… j’suis en train d’me dire que j’pourrais presque penser aux trois ou quatre autres prochaines fois. Mais c’est pas l’genre de prochaine fois où justement, on a tendance à être un peu moins exigeants ? Là, c’est comme une mise à l’épreuve, après, c’est acquis, non ? Nan, y a jamais rien d’acquis avec Elise et j’ai l’impression que j’vais en chier autant de fois que possible. « On peut faire en alternance ? Ça m’laisse deux ans pour gérer ça, toi, tu t’occupes de la prochaine. » ça semble équilibré non ? Pourquoi ce serait toujours à moi de m’occuper de ce jour-là? C’est écrit nulle part qu’une seule personne doit gérer. « Santé. » nos verres trinquent et avant de glisser ma coupe sur mes lèvres, j’observe Elise. C’est toujours aussi difficile de savoir c’qu’elle pense. Toujours aussi difficile de savoir si tout ça lui plait vraiment. J’imagine que si c’était pas le cas, elle aurait déjà demandé au pilote de nous remettre sur la terre ferme.
Elle se retourne, sans doute pour contempler la vue, c’est bien pour ça qu’on est là. Profiter d’être dans les nuages pour voir Brisbane comme on l’a surement jamais vu. Enfin… j’parle pour moi. Si ca se trouve, elle est pas à son premier baptême de l’air en ballon. Et Brisbane, elle l’a déjà vu des centaines de fois à travers un hublot. Va falloir que j’m’y fasse, à mes premières fois qui seront pas les siennes. Comment elle peut être s’émerveiller de quoi que ce soit quand on a l’impression qu’elle a déjà tout vu ?
Sa tête sur mon épaule, j’ai l’impression qu’il suffit juste de profiter sans forcément avoir quelques chose à dire. Enfin, c’est surtout mon impression… « Damon est rentré de son voyage de noce cette semaine. » hm ? « Tu voudras le rencontrer ? » mon regard se pose sur elle pour croiser son air interrogateur. C’est vraiment une question ? Je déglutie, j’ai rencontré ses amis tarés, est-ce que c’est forcément la prochaine étape ? « Il sait qui je suis ? » est-ce que lui, il a envie de me rencontrer ? Ça va dans les deux sens. « Si c’est pas l’genre à vouloir casser la gueule au nouveau mec de sa mère… » j’hausse les épaules, on va dire que je sais encaisser les coups mais si ça vient du gamin d’Elise, ca risque d’être compliqué pour ramasser l’fric après. Y a conflit d’intérêt là. « qu’est-ce que t’attends d’moi ? » là aussi, c’est la question. J’dois avoir une figure d’autorité que j’suis pas capable de m’imposer à moi-même ? c’est quoi le rôle d’un beau père ?

« On peut faire en alternance ? Ça m’laisse deux ans pour gérer ça, toi, tu t’occupes de la prochaine. » L'idée te fait tout de même sourire. « Bien essayé. » Oui, c'est sans doute bien essayé. Ce n'est pas une victoire pour autant. La Saint-Valentin est bien une fête commercial ou c'est l'homme qui met tous les efforts pour faire plaisir à sa femme. Une seule petite journée dans toute l'année. C'est très peu, non ? Pour l'instant, tu peux pas dire que t'es à plaindre niveau romance. Mais ça fait son temps la romance, ça ne dure pas éternellement. Ça finit toujours par se faner. A ce moment-là, il ne lui restera que la Saint-Valentin pour faire un semblant d'effort qui ne sera qu'un bouquet de fleurs au fil des années - ce qui est déjà bien plus que tout ce que tu as reçu dans les dix dernières années. « Il sait qui je suis ? » Son regard s'abaisse en même temps que le tien se lève vers lui, la tête lovée contre son épaule. « Vaguement, oui. » Disons que tes histoires de coeur étaient loin d'être le centre de tes conversations avec Damon ces temps-ci. Mais, oui son prénom a été glissé entre deux conversations. Il sait dorénavant la place qu'à Dinis dans ta vie sans en connaître plus de détails. « Si c’est pas l’genre à vouloir casser la gueule au nouveau mec de sa mère… » Drôle de manière d'accepter une invitation. Oh, il est vrai que Damon a toujours eu ce petit côté plus protecteur avec toi - probablement un effet miroir - mais on est bien loin d'un cassage de gueule. Ce n'est pas son genre. Il est plutôt sentimental que brutal. Rien à voir avec ses deux parents. « Il est trop bien élevé pour ça. » Grâce à qui ? À une mère qui l'a bien trop couvert ou à un père bien trop sévère qu'il a toujours eu peur de contrarié ? La deuxième option évidemment. C'est la peur qui mène le monde. « qu’est-ce que t’attends d’moi ? » À propos de Damon ? Rien du tout. Il n'a pas besoin d'un troisième père dans l'équation. Il a vingt-et-un ans. C'est un grand garçon. Il n'a pas besoin d'être élevé. Le boulot est déjà fait. « Si vous pouviez juste vous entendre, ce serait très bien. » Et si c'est pas le cas, ils peuvent toujours au moins faire semblant. C'est le minimum. En espérant qu'ils soient bons acteurs. « C'est la personne la plus importante de ma vie. » Et ce ne sera jamais personne d'autre. Ça a au moins le mérite d'être clair. Mais comme Dinis prend aussi une place importante dans ta vie, oui, ce serait bien que les deux hommes arrivent à bien s'entendre. Dinis n'a clairement pas intérêt à merder la dessus. Tu oses espérer qu'il l'a compris. « Avec Megan, ça te fera un visage connu. » À moins qu'elle ait la gentillesse d'avoir une gastro, une migraine, peu importe, tant qu'elle se trouve une défaite pour ne pas venir et que tu trouves ça trop dommage qu'elle ne puisse pas venir.

« Bien essayé. » ca veut dire non ? ca veut surement dire non. Ca veut dire que j’suis bon pour mettre la barre plus haute d’une année à l’autre et du coup, ca signe aussi mon arrêt d’mort. J’suis un putain d’homme mort. J’suis trop con surtout. Aller, garde le sourire mon vieux. T’as signé pour ça, non ? Surement pas, à la base ! J’ai signé pour me faire du fric, pas pour en dépenser plus que c’que j’peux réellement me permettre. Y a rien qui s’est vraiment passé comme prévu, absolument rien. Encore moins si on m’avait dit que j’allais devoir rencontrer le fils de ma petite-amie. A peine débarrassé d’un môme qui finalement, est pas le mien, que j’dois déjà endossé le rôle du beau-père ? C’est quoi après ?
« Vaguement, oui. » est-ce que ça m’fait plaisir ou est-ce que ça m’fait flipper qu’Elise ait parlé de son nouveau mec à son fils ? Damon a 20 ans, il est bien plus vigoureux que moi. Ce serait peut être l’occasion d’écouter Angus et d’aller refaire un peu de sport pour me maintenir en forme et arrêter de m’encrouter, comme il dit. Et Elise ne serait pas contre une nouvelle silhouette qui se dessine pour contempler mes abdos disparus depuis quelques années déjà. Ah le temps où tout était plus simple, où c’était même pas la peine d’en faire des tonnes pour rester in shape. « Il est trop bien élevé pour ça. » ouf, aucune crainte de voir ma belle gueule défoncée. « C’était déjà humiliant de ressembler à elephantman y a quelques jours, au moins, j’vais pas être à nouveau déformé. » elle en rira sans doute jusqu’à son dernier souffle, de ma tronche après avoir bu son alcool local. J’m’en souviendrai longtemps aussi. « Si vous pouviez juste vous entendre, ce serait très bien. » je hoche la tête, ca semble pas si difficile à tenir. « C'est la personne la plus importante de ma vie, tu comprends ? » je comprends qu’elle me met aussi la pression avec lui. Je me contente de regarder devant nous, ce serait con qu’on se prive de Brisbane by night pour cette histoire de gamin. « Avec Megan, ça te fera un visage connu. » je fronce les sourcils. « C’est le packaging quand tu décides d’être en couple pour de bon ? » ouais, tout comme le nouveau mec de ma mère m’avait dans son packaging aussi maintenant. « J’vais faire en sorte que ça s’passe bien. » faire en sorte, aucune promesse, mais en même temps, si elle me demande pas d’aller le voir tous les dimanches le supporter à son match de je ne sais quel sport, ça devrait suffire. « Faudra juste me briefer, que j’me pointe pas avec des Kinder surprise quand j’devrais l’voir, je suppose qu’il est passé d’âge pour ça. » j’suis plutôt habitué à rapporter des chocolats aux gamins d’Amalia. Moins à l’aise avec les grands gaillards. « Ma seule référence, c’est l’gamin d’la voisine et il est plutôt intéressé par ma chambre noire et ma collection d’appareil. » ca nous fait un gros point commun au moins. J’me demande quel point commun j’pourrais avoir avec le fils de Saul.