Zoya est au Canada depuis quelques semaines et notamment à Vancouver. On peut dire qu’elle est tombée en amour face aux paysages époustouflants que peut offrir ce beau pays et comme elle tient à en profiter avant de rejoindre l’Europe, elle décide de contacter un de ses amis de longue date pour qu'il vienne la rejoindre. You’re free like in two days to join me in Vancouver ? Après avoir échangé longuement, elle l’a mis au défi de venir faire ce trail à travers les Rocky Mountains canadienne à cheval avec elle. La photographe est consciente que ce n’est pas la tasse de thé de Martin. Et c’est pour cette raison qu’elle lui a lancé ce défi, parce qu’elle veut voir ce qu’il a dans le ventre, et peut-être aussi parce qu’elle sait qu’il ne refusera jamais d’être en sa compagnie. Why not, avait-t-il finalement répondu, et c’est une Zoya ravie qui le retrouva quelques jours plus tard pour le début du trail.

Ils arrivent alors sur place, accueilli par un guide qui se charge de leur expliquer la marche à suivre. Surprenant ou pas, mais dans le groupe, il y en a une qui n’est pas très attentive et préfère discuter à la place…  Zoya évidemment. « Oh, Martin… » amorce-t-elle d’un air légèrement moqueur dans un murmure, alors que sa main vient à se placer sous son bras. « You know that everything’s gonna be alright ? ». Alors qu’elle pouffe légèrement de rire, l’instructeur vient à la fusiller du regard pour lui faire comprendre de se taire. La Lewis laisse échapper un sorry à peine audible alors qu’elle se détache de Martin « Est-ce que vous avez des questions ? ». Well, il semblerait que ses instructions étaient limpides comme de l’eau de roche puisque personne ne semble en avoir. « Il est plutôt efficace… et un peu flippant » Si la malice prend place à nouveau sur ses traits c’est parce qu’elle cherche possiblement à se moquer une fois de plus de Martin qui n’ai pas très friand de balade à cheval. Zoya vient à monter la première sur le cheval, avec une certaine dextérité, alors que Martin attend pour le sien « On a un problème. You, vous allez prendre mon cheval ». « Alors là, mon pauvre Martin, t'a intérêt vraiment à assurer... ». La Lewis a ce fin sourire amusé sur ses lippes alors qu'elle observe Martin prendre place sur son cheval.

Franchement, qu'est-ce que je fais ici ? Dans ce ranch ? Au canada ? Ne m'étais-je pas promis de ne plus jamais prendre l'avion de ma vie aussi ? Il faut croire que Zoya a cette faculté de faire en sorte que je mette mes principes de côté l'espace de 24h de transit pour un Allez Brisbane/Vancouver. Après avoir survécu au jet lag et m'en être remis au bout de 24h, je suis allé la rejoindre dans ce ranch à l'entrée des Rocky Mountains où elle m'a accueillit avec son large sourire et m'a entraîné vers la réception. C'est donc, debout à côté d'elle, casque en main que j'écoute avec attention les instructions essayant à plusieurs reprises de faire taire Zoya. Mais celle-ci s'évertue à vouloir me parler pour me dire je ne sais quoi, essayant par la même occasion de me rassurer, ce qui ne fonctionne que très partiellement.

Lorsque le mec demande si nous avons des questions j'aurais pu monopoliser la parole pendant bien une heure ou deux pour qu'il reprenne à nouveau depuis le début en détail, mais au final je ne dis rien et hoche simplement la tête lorsque Zoya me dit qu'il est un peu flippant  «Comme Thundercloud » répondais-je dans un souffle en désignant le cheval du guide. Je ne suis pas petit et pourtant l'animal me semble immense ! Mon cœur semble donc s'arrêter lorsque le cow-boy m'indique qu'ils ont un problème avec la cavalerie et que je vais devoir prendre son cheval. Je pense que si Zoya n'était pas déjà sur son cheval, je me serais rétracté et j'aurais fait demi tour.

Mais elle m'a lancé le défis de la suivre dans ce trail de deux jours, donc je le ferais. Dans un petit soupire, je m'avance vers Thundercloud et me place devant lui  « Tu vas être gentil, hein, ok ?» lui ordonnais-je avec douceur en caressant son museau  « tu vas rester calme et tranquille parce que tu sais très bien que je ne suis encore jamais monter sur un cheval» ma main passe sur la joue de l'animal puis sur l'encolure alors que je m'approche de la selle. Du coin de l'oeil, j'observe les gens qui montent déjà sur leur animal et, par mimétisme, j'en fait de même. L'animal reste placide lorsque je met mon pied dans l'étrier et que je me hisse pour me laisser tomber le plus doucement possible dans la selle. Après avoir chausser l'autre étrier, je me penche en avant pour passer ma main sur le cou de l'équidé avant de me tourner lorsque j’aperçois Zoya qui vient arrêter son cheval à mes côtés  « Le prochain défis il sera pour moi» grognais-je alors qu'un sourire amusé vient étirer mes lèvres  « Enfin bon ...» lorsque le guide nous fait signe de le suivre, je tire un peu sur ma rêne gauche et presse légèrement mes talons contre le flanc du hongre pour qu'il se mette en route. Son pas est tranquille et mes mouvements sont plus agréables que ce que j'imaginais  « Allez, c'est parti pour 5h comme ça» lançais-je alors que nous sortons de la cours pour nous diriger vers les montagnes rocheuses.

Elle sait qu’elle a un pouvoir de persuasion particulier sur certains de ses proches Zoya. Et elle sait surtout se montrer convaincante et sans mal elle est parvenue à ses fins avec Martin. Il a accepté de venir la rejoindre dans un des ranchs se situant au Rocky Mountains pour ce trail de deux jours à cheval. Les voilà donc désormais à écouter les instructions du guide, plus ou moins assidûment, surtout pour Zoya. L’australienne se joue de l’appréhension de son ami pour souligner à quel point ce type qui va leur servir de guide sur ces deux jours est quelque peu flippant « Comme Thundercloud » Elle trouve pas, Zoya, elle le trouve mignon à souhait – comme tous les animaux qu’elle peut croiser sur cette terre. Autant, on peut comprendre son admiration pour le tigre, bien que sauvage qu’il puisse être et dangereux, vous donnant envie de prendre vos jambes à votre cou. Après tout, il fait partie de la famille des félins, dans lequel on retrouve le chat, un animal de compagnie plutôt gentil et auquel on peut le comparer. C’est ce qui explique sûrement cette insouciance qui a poussé Zoya à vouloir passer la barrière d’un zoo pour aller câliner l’animal mais surtout le libérer car utilisé comme animal de foire dans un pays qu’elle a pu visiter. Mais rassurez-vous – pour elle du moins – on l’a retenu. Autant, son admiration pour un coq lors d’un de ses nombreux périples en France devient un peu plus difficile à cerner. Bon, c’est beau un coq, avec sa crète rouge sur la tête, sa démarche fière et assumée. Après tout, il est le roi de la basse-cour et c’est sûrement un rôle dans lequel Zoya se verrait bien. Mais elle avait tout particulièrement apprécié Albert, ce coq qui se laissait porter aisément dans ses bras et qui la suivait partout – à moins que ce ne soit elle qui le suivait ? La séparation avec Albert a été dure pour l’australienne qui l’aurait bien emmené avec elle dans sa valise En revanche, il est un peu plus difficile de comprendre comment Zoya puisse ne pas craindre une quelconque proximité avec les serpents et puisse autant admirer ces bestioles. Elle ne craint pas la dangerosité de cet animal rampant qui peut, à tout instant, vous attaquez et vous mordre, répandant son venin dangereux dans votre organisme et pouvant vous ôter la vie en deux temps trois mouvements.

« Tu vas être gentil, hein, ok ? Tu vas rester calme et tranquille parce que tu sais très bien que je ne suis encore jamais monter sur un cheval» Zoya a déjà pris place sur sa monture et observe Martin, sur ses gardes et craintif, face à l’animal imposant. Forcément, c’est un air moqueur qui prend place sur ses traits alors qu’elle le voit monter à son tour sur l’animal. « Tu ne te débrouille pas trop mal pour quelqu’un qui n’est jamais monté sur un cheval. Ce n’était pas déplaisant à regarder de loin » dit-t-elle alors qu’elle adresse un clin d’œil discret à Martin après s’être approché de lui. « Le prochain défis il sera pour moi» « Tu sais que je n’ai peur de rien, Martin » ce qui pourrait être une qualité si cette même qualité ne faisait pas défaut à Zoya, au point où elle a pu se retrouver parfois dans des situations inquiétantes. « Enfin bon ...» Le trail débute, Zoya gardant son cheval à coté de celui de Martin afin qu’ils puissent profiter de cette balade au trot tout en discutant « Allez, c'est parti pour 5h comme ça» « Ca va bien se passer, ne t’inquiètes pas. On va voir de beaux paysages, vraiment, tu ne vas pas le regretter » Et cette fois, elle est sincère et sérieuse « Bon, sinon, comment ça se passe en Europe ? » Elle peine un peu à suivre ses aventures européennes, à savoir où il en est réellement dans sa vie actuellement, dans quel pays il crèche et peut-être un peu plus avec qui.

Quelle idée. Non mais quelle idée ais-je donc eu que d'accompagner Zoya dans un trail à cheval dans les rocky mountain ? Moi qui refuse toute activité dans laquelle l'humain utilise les animaux ... Il faut croire que la jeune a un super pouvoir sur moi pour me permettre de mettre les idéaux de côté pendant quelques jours. En plus, avouons-le, Thundercloud, le cheval qui m'a été assigné est vraiment impressionnant et flippant. Zoya n'est pas de mon avis, cela dit, mais ça, ça ne m'étonne guère tant que je la sais amoureuse de tous les animaux. Enfin, peu importe. Je finis par prendre sur moi et m'installe dans la selle du cheval avant de le guider, suivant les instructions du cow-boy, vers le cheval de mon amie à côté de laquelle je décide de voyager aujourd'hui. Lorsqu'elle me fait un compliment, je lui lance un regard, me demandant si elle est sérieuse ou si c'est dit avec ironie, avant de finalement hausser les épaules « ça t'excite les cow-boys aux jambes arqués, c'est ça ? » Rétorquais-je du tac au tac avec un humour bien lourd « J'suis sûr que le Monsieur là-devant a encore une place dans sa tente» je laisse échapper un rire amusé alors que je rallonge les rênes du cheval et que je parviens enfin à me détendre correctement.

Encore une fois, mon amie me rassure en me disant que ça va bien se passer et que nous verrons de super paysage «Ouais, en même temps on est au Canada et tout est beau au Canada donc bon » je laisse échapper un rire puis hausse les épaules lorsqu'elle me demande comment se passe ma vie Européenne «Eh bien figure toi que j'étais entrain de revenir à Brisbane lorsque tu m'as envoyé ton message » je laisse échapper un rire amusé « J'ai quitté ma copine en Irlande et je suis repartie sur les routes dans le but de faire Galway-Brisbane sans avions. J'étais à peine arrivé à Berlin quand j'ai eu ton message. Du coup, j'ai repoussé le départ du transsibérien à Moscou d'un mois pour venir ici» je hausse les épaules « ça fait juste un petit détour, mais ce n'est pas grave» je secoue la tête, m'étonnant parfois moi-même de mon indépendance et de mon envie changeante. « Enfin bon, dans tous les cas, j'ai prévu d'atteindre l'Australie en octobre/Novembre cette année. Je ne sais pas encore tout à fait comment je vais faire mon compte, mais je crois que j'arriverais à Pékin en même temps que l'équipage des Sea Shepherd et je compte bien me réengager auprès d'eux, donc ...» j'hausse les épaules « Enfin bref, on verra bien » avec un sourire, je me tourne vers la jeune femme « Et toi alors ? Toujours aussi palpitante ta vie en Australie ?» lui retournais-je la question.

C'est un long frisson, que je me garde bien de montrer, qui descend le long de mon échine lorsque Zoya me dit qu'elle ne comptait pas se faire de la place dans la tente du guide. Le sous-entendu est clair et net : elle compte bien passer la nuit dans ma tente à moi. « Parce que t'en auras pas mal à de chevaucher un être vivant après toute journée ?» j'arque un sourcil et lui offre un sourire malicieux avant de laisser échapper un rire, amusé par toute cette situation des plus incongrues. Si on m'avait dit, il y a trois jours, que je me retrouverais aujourd'hui à cheval dans le Rocky mountains Canadiennes, je ne l'aurais pas cru. Et pourtant, je suis là aujourd'hui, heureux que ma spontanéité m'ait conduite auprès de Zoya.

Laissant nos chevaux avancer tranquillement et suivre d'eux même le groupe, nous continuons notre discussion et c'est ainsi que j'apprends à Zoya que j'étais en chemin pour retourner à Brisbane lorsqu'elle m'a envoyé le message pour me demander de la rejoindre ici. La surprise se lit autant sur son visage qu'elle ne s'entend dans son ton lorsqu'elle me demande si je suis sérieux et je roule des yeux alors qu'elle assume qu'elle me manquait de trop pour faire de telles concessions pour elle. « Ouais, c'est vrai. Je ne pouvais plus imaginer ma vie sans toi» roulais-je des yeux en secouant doucement la tête. Bien que mon ton soit ironique, il y a toutefois une grosse part de vérité dans ces paroles. Car clairement, rien ni personne ne pourra jamais remplacer ce que j'ai avec Zoya.

«Poppy » l'aidais-je à se remémorer le nom de ma copine irlandaise lorsqu'elle me demande ce qu'il s'est passé avec elle pour que je décide de la quitter «Il ne s'est rien passé. Ça s'est juste fait comme ça » haussais-je les épaules « Je voulais retourner sur les routes, elle voulait réellement se poser. Je souhaitais retourner en Australie parce que je me suis rendu compte que c'est ma maison, elle se sentait trop bien à Galway pour s'imaginer un instant pouvoir partir. Du coup, nous avons beaucoup discuté et comme chacun de nous souhaite le bonheur de l'autre, nous avons décidé que le mieux serait qu'on se sépare et qu'on voit où ça nous mène. Peut-être qu'elle viendra quand même me rejoindre en Australie ? Ou peut-être que je retournerais quand même en Irlande avant d'atteindre Brisbane ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais, c'est qu'elle m'a redonné ma liberté et que je peux faire ce que je veux maintenant» concluais-je mes paroles dans un haussement d'épaules.

Il est tout à fait naturel que je retourne, plus ou moins, la même question à mon amie qui, elle, a continué - et continue toujours d'ailleurs - à voyager. «Ah ouais ! La baroudeuse de l'extrême » dis-je avec amusement «Je ne te comprends que trop bien » reprenais-je en soupirant doucement lorsqu'elle dit qu'elle aime cette vie «ça me manque bien plus que je ne l'avouerais, cette insouciance qu'on a sur les routes, à vivre du jour au lendemain et partir là ou le vent nous mène » je secoue doucement la tête et laisser glisser mon regard sur les paysages fabuleux que nous offre la montagne canadienne «Tu verras Milan, c'est fabuleux ! Est-ce tu as déjà eu l'occasion d'y aller ? Je pourrais te donner quelques conseils et des must see »

C'est une lueur de malice qui brille subitement dans mon regard quand Zoya fait une allusion directe à la future nuit que nous passeront ensemble. C'est fou que même après autant d'année elle me fasse encore cet effet-là ! Mais une chose est sûre : j'ai hâte de descendre de cheval pour lui donner ce qu'elle veut. Toutefois, ça ne fait même pas une heure que nous sommes partie de l'écurie, autant dire que nous sommes loin de notre but. En attendant, du coup, nous continuons joyeusement à échanger par rapport à nos vies et ce qui s'est passé dernièrement dans celles-ci.

Ainsi, je lui parle du pourquoi du comment je me retrouve à nouveau sur les routes, expliquant qu'entre Poppy et moi ça c'est fini de façon douce et unanime, roulant les yeux lorsque Zoya avoue ne pas avoir été au courant que j'étais tenu en laisse. «T'as, encore une fois, rien écouter, non ? » Soufflais-je en reportant mon attention sur la jeune femme «Nous avons fini notre relation de cette façon justement parce que je n'étais pas tenu en laisse et que nous avons décidé d'un commun accord et pour le bonheur de tous que partir serait la meilleure des solutions. » Reprenais-je mes explications avant que Zoya ne me parle de relations longues distances et du fait que celles-ci ne mènent jamais à rien. « Nous ne sommes pas dans une relation longue distance tu sais ? Nous sommes tous les deux tout ce qu'il y a de plus célibataire» haussais-je les épaules, l'air innocent.

Finalement, la discussion dévie sur Zoya et la prochaine étape de son voyage qui n'est d'autre que Milan. Mon amour pour cette ville me pousse à rebondir sur cette information, apprenant par la même occasion qu'elle y est déjà allée plus d'une fois avant de me proposer de l'y rejoindre. J'arque un sourcil puis soupire doucement « J'adorerais, vraiment. Les voyages, ensemble, sont toujours super fun et tout, mais ...» je me tais un instant, humecte mes lèvres et me prends le temps de trouver les bons mots « Ma conscience écologique ne me permet pas de reprendre ENCORE un avion» expliquais-je rapidement « Déjà venir te rejoindre ici vient de réduire à néant tous mes effort de l'année, je ne peux pas me permettre de le refaire à nouveau » je pince les lèvres et pose mon regard sur la jeune femme « Même pour tes beaux yeux, je ne pourrais pas le faire… Mais quand on sera à Brisbane, on s'organisera un road trip en stop en Australie, ok ?» c'est la moindre des choses et une belle compensation, non ?

« Pour le bonheur de tous». C'est cela, exactement. Rejoindre celle que je considère comme étant la femme de ma vie -de façon absolument personnelle et platonique- me confirme qu'être célibataire n'est pas seulement bon pour mon propre bonheur. Au regard emplie de malice que me lance Zoya, je comprends qu'elle n'en pense pas moins et son ton réveil en moi des sentiments endormi depuis plus de deux ans. Cette jeune femme qui est là, sur son cheval, à mes côtés, est sans doute celle avec qui ma vie serait la plus douce, la plus horrible, la plus palpitante, la plus stressante, la plus merveilleuse et la plus frustrante. Tout cela en même temps, car Zoya, elle a un pouvoir sur moi qu'aucune autre femme n'a. La photographe a l'esprit vif et chacun de nous sait que nous tenons tellement à notre liberté qu'une relation ne pourrait pas être viable. Alors nous nous contentons de se voir, de passer du (très) bon temps ensemble lorsque notre statut nous le permet et de jouer parfois les parfaits petits couple à l'extérieur tout en sachant que ce n'est qu'un jeu et que nous sommes gardiens de nos sentiments. C'est une relation toute particulière que peu de gens pourraient comprendre et qui pourtant nous convient totalement.

Toutefois, cette relation à ses limites. Et celles-ci sont le fait que ma conscience écologique ne cesse de grandir. C'est donc, sans réellement hésiter et surtout en totale bonne conscience que je décline son invitation de la rejoindre à Milan. En bonne drama queen qu'elle est, Zoya surjoue son outrage, me dis que je lui brise le cœur -ce à quoi je réponds par une moue désolée absolument surjouée elle aussi et un « Oh, bichette ...» Remplie d'ironie avant que je ne lève les yeux au ciel lorsqu'elle s'offusque en disant qu'elle n'a, de toute manière, besoin de personne pour la surveillé et qu'elle trouvera sans tous les cas de la bonne compagnie «Pas aussi bonne que celle d'un gars qui traverse, littéralement, le monde pour te rejoindre » rétorquais-je, battant, moi aussi, des cils en plantant mon regard dans le sien.

***

Quelques heures, plus tard, c'est, courbaturé au possible, que je descends de cheval. Si je n'ai qu'une seule envie -celle d'aller me coucher et ne plus bouger- je suis bien obligé de m'activer afin de monter ma tente. Enfin 'notre' tente comme me le fait comprendre Zoya qui revient après s'être rafraîchie au point d'eau. Encore une fois, je roule des yeux et secoue la tête lorsqu'elle me sort un argument à la con concernant le bien être de la planête «C'est vrai que quand tu fais un effort ta chaleur corporelle augmente, donc l'air autour de toi augmente donc ça contribue au réchauffement climatique » un bel argument de merde, mais j'ai décidé de la prendre à son propre jeu « Du coup faudrait qu'on évite les galipettes cette nuit» haussais-je les épaules «Tu sais, pour le bien être de la planète » je lui adresse un large sourire «Ah moins qu'on le fasse dans le lac là-bas » dis-je en désignant l'étendue d'eau «Qu'est-ce que t'en pense ? » demandais-je en m'approchant tellement d'elle que j'effleure sa hanche gauche du doigt.

C'est un rire qui vient du fond du cœur qui s'échappe de ma bouche et qui s'envole dans les airs lorsque Zoya s'offusque du fait que je pense bien trop au bien être de la planête.  «On t'as déjà dit que t'étais mais adorable quand tu t'énerve ?  » je sais que je ne cesse de ne le lui faire remarquer tant que je sais que ça ne lui plaît pas et que ça la fait, en général, sortir de ses gonds. Je lui propose toutefois une alternative qui ne lui convient pas et elle me le fait bien comprendre en me chauffant et me faisant languir juste assez avant de tirer la situation à son avantage et s'en aller juste avant que je ne craque.  «garce... » grognais-je sans pour autant perdre mon sourire en coin. C'est qu'elle sait y faire !

Toutefois, je décide de ne pas suivre tout de suite, ne voulant pas non plus lui faire ce plaisir d'être le petit chien qui la suit comme son ombre. Évidemment que je vais la rejoindre tôt ou tard, mais pour l'instant je fini l'installation de notre tente. Je gonfle les matelas et déroule les sac de couchages que je pose à leur endroit attitré avant de fermer la porte de la tente, protégeant ainsi au maximum l'intérieur de l'humidité. Avant de partir j'attrape encore un pull car je sais qu'à cette période de l'année les nuits canadiennes sont encore très fraîches. Après hésitation, j'en prends un deuxième pour Zoya car, la connaissant, je me doute qu'elle ait oublié le sien.

Ainsi chargé, je me dirige vers le feu de camps déjà allumé et avise la chevelure de la brune déjà assise à sa place. M'avançant, je prends place à ses côtés et, sans un mot, je dépose son pull sur ses genoux  « A défaut de vouloir te réchauffer avec moi, je pense que ce pull pourra te servir» lui glissais-je à l'oreille alors que mes doigts glissent sur son genou et sa cuisse. Me redressant, je lui adresse un clin d'oeil puis me lève et, enfilant mon propre pull, je m'en vais, me dirigeant vers l'homme qui sert à manger et à boire. Sans hésitation, j'attrape une bière en attendant que les grillades soient prête et commence à discuter avec une jeune femme. Zoya n'est pas la seule qui sait jouer avec les sentiments de l'autre !

Je le remarque bien, le côté reconnaissant de ce sourire que Zoya m'adresse lorsque je dépose le pull sur ses genoux. Ce qui prouve que malgré nous boutades et le fait que nous aimons nous charrier sur un nombre incalculable de points, nous savons, tous les deux, toutefois, faire preuve de sympathie l'un envers l'autre. Au final, c'est ce qui importe non ? Même si tout le reste fait la singularité tant aimé de notre relation, le fait que nous puissions faire preuve de vraie gentillesse et d'attention envers l'autre est quelque chose d'inestimable.

Toutefois, je ne reste pas longtemps sur ces acquis et décide, très rapidement, de reprendre les bonnes des 'fuis moi je te suis'. Me relevant, je laisse Zoya seule là, assise sur ce tronc d'arbre qui fait office de banc et m'en vais vers l'endroit où ils sont entrain de grillé la viande. Si, quelques années auparavant, je me serais insurgé du fait qu'ils osent faire ça ici, en pleine nature, aujourd'hui, je me contente de simplement accepter le fait qu'il y a encore un long chemin à parcourir avant que quelqu'un ne prenne conscience de l'horreur de la viande. En attendant, je me sers en salade de Tomate et de concombre -après m'être assurée qu'il n'y avait pas de produits animaux dedans- et discute joyeusement avec une jeune femme.

Mes actions ne passent pas inaperçu auprès de Zoya qui débarque quelques minutes plus tard. Se plaçant à côté de moi, elle me lance une pique concernant mes difficultés à digérer ce que je suis en train de manger. Pour toute réponse, je roule des yeux et secoue la tête alors qu'un long frisson parcourt mon échine lorsque je sens la main de la jeune femme glisser le long de ma colonne vertébrale. Lorsqu'elle annonce un 'bonne soirée' à l'inconnue qui s'en va, je me penche vers Zoya qui me dit qu'elle ne partage pas aujourd'hui «C'est bien, on est sur la même longueur d'onde du coup » soufflais-je en lui adressant un clin d'oeil avant de reprendre une bouché de ma salade. Sans que je ne m'en rende réellement compte, j'accélère le rythme afin de manger plus rapidement et, une fois mon assiette vide, je la pose sur la table et me tourne vers Zoya qui en fait de même. «Je vais me coucher, cette journée était éreintante » dis-je à l'attention du guide sans pour autant quitter la jolie brune des yeux, car je sais qu'elle comprendra exactement où je veux en venir. Et au vu de ses réactions et ses paroles, je me doute fortement qu'elle pense pareil.

Ainsi, donc, après un dernier signe de la main aux inconnus et après leur avoir souhaiter une bonne nuit, je passe à côté de Zoya en effleurant son épaule, lui faisant, ainsi, signe, de me suivre afin que nous puissions finir notre soirée seuls dans la tente comme nous le souhaitons. Et fort heureusement, la jeune femme ne met pas longtemps avant de réagir, me suivant jusqu'à notre emplacement. Me faufilant en premier à l'intérieur, je me place le plus confortablement possible et me tourne vers Zoya qui referme l'entrée derrière elle «Je dois avouer une chose quand même » dis-je sur un ton sérieux «Tu m'as vraiment, mais alors VRAIMENT, manqué » reprenais-je dans un souffle en m'approchant d'elle, déposant délicatement mes lèvres sur les siennes.