I'm a winner, i'm a sinner
I'm a loser, what a joker

mai 2018. Lucy se tenait sur le perron de la maison dans laquelle j'avais investie pour notre couple, notre amour, notre histoire, notre avenir. Tout était fade toutefois désormais, ces aspirations s'étaient meurtries en fables, de vulgaires rêves de pacotille qui avaient été purgés de toutes volontés depuis que la jeune femme me trompait et me mentait éhontément. Que faisait-elle, sur le seuil de nos espoirs brisés et projets bafoués, alors que nous n'étions plus que bris saillants ?
Comment avais-je pu trouver la force de la laisser entrer dans ma demeure, alors qu'elle m'avait précipité jusqu'à la mort, qu'elle m'avait tant détruit ? J'avais orchestré un plan précis pour mettre fin à mes jours. Pourquoi lui avais-je de nouveau offert l'hospitalisation lorsque j'y rêvais encore, à ma fatalité ? Me haïssais-je tant qu'il m'était indispensable de plonger dans l'assassine gueule du loup dès la première occasion ?
Elle est détraquée, la mécanique de mon cœur. Les aiguilles de mon horloge sont des plus loufoques : elles virevoltent sans jamais faire de sens parce qu'elles s'entêtent à vouloir trouver midi à quatorze heures.

J'avais pardonné à Lucy car ce palpitant rompu de mille pièces me l'avait dicté et ma raison ne sonnait qu'un sinistre glas. Mes épaules s'étaient affaissées et je lui avais donné une nouvelle chance, une énième opportunité, parce que notre histoire était confortable, parce que le récit qu'on pourrait rejeter était séduisant, parce que je n'espérais plus rien et parce qu'elle, y croyait encore étrangement.

février 2022. Les années ont filé, la maison est colorée de la joie d'un garçon de trois ans. Parfois, je me demande si on ne va pas l'intoxiquer avec tous nos faux-semblants, s'il ne va pas finir lui aussi confus de la vie. Ma vie n'est qu'une mascarade de mensonges, une fourberie prodigieuse, mais Jude est heureux et il prospère : il est amitieux, malin, dynamique, généreux. Je l'aime de tout mon cœur, il est l'une des raisons pour laquelle je suis encore en vie et que je me lève chaque matin. La seconde n'est pas Lucy : l'assistante de service sociale est la reine du double-jeu et je porte tant de cornes que j'en courroucerais le diable de jalousie. Non, l'origine de mon autre félicité repose sur un mètre soixante-deux de beauté coréenne. Je n'ai jamais compris pourquoi Dani s'était trouvée sur ma route, en quel honneur le destin avait accepté de m'en faire grâce. Marié à Lucy, elle était devenue mon amante, et sincèrement, celle qui avait su remonter le coucou de mon cœur pour le faire siffler bien plus justement. « Bonjour Miss Hwang, » je glisse alors que j'arrive à la hauteur de Dani, qui me tourne le dos, concentrée sur les multiples bouteilles peuplant sa cave. Je pose délicatement ma main sur son épaule pâle, avant de baiser brièvement la chaire de son cou.

février 2022. Dani n’a jamais été si heureuse, si amoureuse. La raison de ce bonheur si intense ? Isaac. Il y a quelques mois de cela, le bel infirmier ait apparu dans le monde de l’onologue. Une simple visite du vignoble qui s’est transformée en une jolie histoire. Une histoire des plus atypiques puisque les deux amants entretenaient une romance secrète. Tous les deux bafouillés par les tumultes de l’amour, ils se sont retrouvés au bon moment au bon endroit.

Dani n’a jamais oublié la première fois où leurs regards se sont croisés. Elle a ressenti une très forte émotion. Des papillons se sont mis à bourdonner dans son ventre et son palpitant s’est accéléré dans sa poitrine. Ce jour-là, Dani a compris à quoi un coup de foudre pouvait ressembler. Isaac est apparu comme une évidence. Même si leur liaison n’a pas des plus morales, Isaac et Dani ont eux-aussi le droit d’aimer et d’être aimé en retour.

Alors que la demoiselle fait l’inventaire de sa cave, elle entend un bruit de pas derrière elle. Son sourire s’agrandit sur ses lippes. Sans la moindre hésitation, elle devine la présence de son amant. Elle reconnait le son de sa démarche. Pourtant, l’œnologue ne bouge pas d’un millimètre. C’est leur petit jeu à eux. S’aimer en taquineries. Quelques secondes plus tard, elle sent les lèvres masculines se poser sur son cou. « Bonjour Miss Hwang, » Durant un instant, Dani quitte ses précieuses bouteilles et pose sa main sur celle du brun. « Bonjour Monsieur Jensen. » qu’elle glisse dans un murmure. « C’est pour une visite ? » qu’elle s’amuse à dire. C’est devenu une habitude entre eux. Se retrouver au vignoble de la demoiselle, loin des regards indiscrets. « Je suis à toi dans deux minutes. Je dois finir de ranger les bouteilles. » Consciencieuse dans son travail, l’œnologue a toujours veillé que sa cave à vin soit parfaitement bien rangée. Elle doit cette perfection à son professeur d’œnologie. Elle n’a jamais oublié cette personne qui l’a aidé à faire ses premiers pas dans sa vie professionnelle. « Tu sais que j’ai toujours profondément admiré et respecté mon tout premier professeur d’œnologie ? » qu’elle commence à raconter à l’infirmier tout en continuant de ranger les bouteilles. « C’est un grand homme avec un immense savoir. Il était très attentionné et pédagogue. Il a été un mentor pour moi durant mes premières années d’études. J’espère qu’un jour, il viendra me rendre visite en Australie voir ce que j’ai accompli car c’est en partie grâce à lui. » Dani soupire, éprise par la nostalgie de ses années en Europe. « Je l’apprécie beaucoup, j’aimerais bien te le présenter un jour si nous en avons l’occasion. » La coréenne range la dernière bouteille avant de joyeusement s’exclamer. « Et voilà ! J’ai fini. » A ses derniers mots, elle se retourne, offrant son plus beau sourire à son amant. « Mais ne t’inquiète pas, entre lui et toi, c’est toi que je préfère. » qu’elle ajoute avec un clin d’œil complice.

@Isaac Jensen

« Bonjour Monsieur Jensen. » Sa voix m'ensorcèle, elle expie ce délicieux parfum qui m'enveloppe et me permets de m'évader vers des songes au sein desquels je flirte avec la béatitude. Notre histoire repose sur des secrets précieusement gardés, elle est rythmée par une mascarade orchestrée prudemment auprès de nos proches. L'envie de m'afficher auprès de Dani m'est indéniablement exponentielle, le désir devient de plus en plus ardent de démontrer au monde que je suis heureux à ses côtés bien que je sois lié à ce qui me semble être tout jamais à Lucy. L'impression de vivre une injustice me trésaille, il m'est refusé de présenter ma bien-aimée à mes sœurs, @Oakley Jensen et @Phoebe Jensen ou de lui payer toutes les boissons qu'elle souhaiterait au bar où travaille ma proche amie @Itziar Cortés de Aguilar qui s'entendrait sûrement très bien avec mon amante. Mes voisins, @Maddy Griffiths et @Tommy Warren ne verront jamais à quel point mon regard s'illumine quand il se pose sur Dani, alors qu'il est indubitablement terne face à mon épouse. Le destin me prive de m'associer aux conversations de faits cocasses de sa moitié avec mon collègue des urgences, @Ian Goldschmidt, ou encore mes amies de pédiatrie, @Juliana Jones et @Joy Petterson, sans oublier @Caitriona Regan avec qui j'ai longtemps batifolé avant de rencontrer la Hwang. Je me demande si c'est quelque chose que sa colocataire et meilleure amie, @Jina Crawley a lu dans les cartes de son oracle qu'elle tire avec élégance, vu la froideur qu'elle m'a réservée la dernière fois que je l'ai croisée.

Vivons heureux, vivons cachés, je me répète. Je m'évertue à chasser d'un revers de la main l'amertume de cette situation, me focalisant sur le bonheur à l'état pur que me procure ma compagnie. « C’est pour une visite ? » Un sourire franc se dessine sur mon visage, mon regard s'anime peu à peu. Dani me rattache à la vie au fil des secondes, elle possède ce pouvoir inestimable. « Oui, je vous prie d'accepter mes sincères excuses, je reconnais être hors délai. Vous pensez que vous pourrez quand même faire quelque chose pour moi ? » Je joue, avant de déposer un baiser sur sa joue pâle, ne pouvant résister plus longtemps à la marquer de mon affection. « Je suis à toi dans deux minutes. Je dois finir de ranger les bouteilles. » J'acquiesce, docile, amusé par le sérieux de la brune. La cave à vin a des allures de musée à mon sens et je suis impressionnée de toute la passion, la rigueur et le cœur que dédie Dani à l'œnologie. Elle a réellement trouvé sa vocation. Je m'adosse précautionneusement au mur, observant silencieusement la vingtenaire.

Il n'y avait pas besoin de palabres, sa simple présence m'apaisait déjà et rendait ma journée bien meilleure. Je me plais à m'ériger des scenarii bien différents, au sein desquels j'aurais quitté Lucy plutôt que m'être entêté à poursuivre cette relation fatalement vouée à l'échec. A l'époque, j'étais convaincu que je ne trouverais jamais le bonheur ailleurs, que je n'aurais jamais mieux que cette situation-ci. En aucun cas n'aurais-je envisagé que Dani traverse ma route. Je lève les yeux lorsque la coréenne prend la parole, me faisant l'éloge d'un de ses anciens professeurs. Je lui souris tendrement, immensément fier de son parcours. « Je l’apprécie beaucoup, j’aimerais bien te le présenter un jour si nous en avons l’occasion. » « Je suis sûr qu'il serait très fier de toi, de tout ce que tu as bâti ici, » j'expose avec franchise, m'imaginant Dani lorsqu'elle était jeune étudiante en œnologie. Mon rictus s'élargit lorsqu'elle m'annonce avoir terminé son ouvrage, je me redresse, des traces de malice s'invitant même sur mon portrait. « La fée des vins, » je désigne Dani ; un rôle bien plus classe que celle de fée du logis selon moi. « Mais ne t’inquiète pas, entre lui et toi, c’est toi que je préfère. » « Ouf ! Me voilà rassuré. Et ô combien honoré, » je commente, tendant une main vers la vingtenaire pour qu'elle se rapproche de ma personne. « T'es ma préférée dans tous les domaines. » Je déclare. « Tu peux me raconter un nouveau souvenir d'Europe ? » Je sollicite, rêveur. J'aimais tant écouter les souvenirs que me relatait la jeune femme, je les collectionnais tels de précieuses reliques qui m'autorisaient de douces évasions lorsque l'atmosphère était trop lourde à la maison, loin d'elle, mon foyer.

« Oui, je vous prie d'accepter mes sincères excuses, je reconnais être hors délai. Vous pensez que vous pourrez quand même faire quelque chose pour moi ? » Furtivement, il dépose un baiser sur sa joue. Dani sourit comme une idiote, elle a l’impression de redevenir une adolescente lorsqu’elle est en compagnie du charmant Jensen. Malgré la très grande distraction à ses côtés, le regard de l’œnologue reste obnubilé sur les bouteilles qu’elle vérifie pout la énième fois. Elle veut que tout soit parfait pour la prochaine dégustation en ces lieux. A tel point, qu’elle se met à parler de son professeur d’œnologie. Une figure importante de son ancienne vie en France où elle avait appris les secrets des vignes et du vin. Attentif aux moindres mots de la coréenne, Isaac lui répond tendrement. « Je suis sûr qu'il serait très fier de toi, de tout ce que tu as bâti ici, » Durant un instant, l’œnologue se fige dans ses mouvements. Il y a bien une personne au monde à qui elle aurait rêvé montrer ses accomplissements. Son défunt grand-père. C’est lui qui lui a transmis cette passion dès son plus jeune âge. Cependant cette seconde figure paternelle est partie bien trop tôt vers les étoiles. C’est le plus grand regret de la coréenne qui agite ses nuits. « Merci pour tes mots Isy. » qu’elle expire d’une voix plus basse, plus vulnérable. La princesse du vin à ses faiblesses derrière sa peau porcelaine. « Sincèrement. » Ses mots restent en suspens avant de continuer. « J’aurais énormément aimé que mon grand-père soit encore là pour voir tous mes accomplissements. J’aurais adoré qu’il vienne découvrir le O’Reilly Vineyards, qu’on déguste tous ses vins ensemble. J’aurais aimé lui envoyer des cartes portales des vignobles que j’ai arpenté en Europe durant des années. J’aurais été si heureuse qu’il soit présent à ma remise de diplôme. J’étais si enjouée à l’idée de lui annoncer la bonne nouvelle, qu’après tant d’années de travail j’avais enfin réussi. J’allais devenir comme lui. Mais il est parti trop tôt. Je crois… enfin je ne sais pas.. après toutes ses années une partie de moi ne s’en est toujours pas remise. Je crois que c’est le plus grand regret de mon existence. A tel point que je le vois souvent dans mes rêves et que je lui raconte mes aventures. Oui je sais ça semble bête ou étrange raconté comme ça, mais c’est la seule façon que j’ai pour encore communiquer avec lui et ne pas l’oublier. » A ses mots, les épaules de la coréenne deviennent plus frêles. Elle ne sait pas pourquoi elle s’était mise d’un coup à raconter cette partie si intime de son histoire. Mais lorsqu’elle était avec Isaac, elle s’autorise à baisser la garde car elle savait qu’il sera à l’écoute. C’est sa plus grande qualité, qu’elle appréciait tant.

Dani reprend ses esprits, exprime quelque chose de plus joyeux, en particulier son affection pour le Jensen. « La fée des vins, » Un petit rire s’échappe d’entre ses lèvres. « J’aime bien ce nouveau surnom. » qu’elle s’amuse. « Ouf ! Me voilà rassuré. Et ô combien honoré, » Elle se retourne, il lui tend la main, elle se rapproche de lui un énorme sourire sur le visage. « T'es ma préférée dans tous les domaines. » « C’est vrai ? » qu’elle s’amuse à dire. « Tu peux me raconter un nouveau souvenir d'Europe ? » Elle sourit encore plus. « D’accord, la fée du vin va vous raconter une autre histoire. » qu’elle continue touchant du bout du doigt le nez masculin comme si elle avait une baguette magique entre les mains. « J’ai une petite tradition à chaque fois que j’allais travailler dans un nouveau domaine, ou que j’allais découvrir une nouvelle région viticole. » Elle marque une pause regardant les yeux intrigués amants. « Je choisissais une bouteille de vin en souvenir, que je garde précieusement dans ma cave secrète. Et de temps en temps, il m’arrive de sortir l’une d’entre elles pour des occasions spéciales. » Elle prend la main d’Isac pour le guider dans son jardin secret. « Si l’envie te dit, je peux te la montrer. Ça sera notre petit secret. » Encore un de plus entre les deux amants.

@Isaac Jensen

La nostalgie épouse les traits fins de mon amante avant de se lier sournoisement à ce que j'interprèterais tel du récalcitrant chagrin, de l'amer remord. Sa voix me remercie sincèrement, mais je soupçonne que son cœur se serre pour des raisons que j'imagine ne doivent pas afférer exclusivement à ses révolues études. Je décris tendrement la jeune femme, la couve du regard sans la presser à quelconque discours, respectant le temps qui pourrait lui être nécessaire à appréhender des souvenirs, des aléas de sa vie. Je guette ses traits comme s'ils pouvaient me révéler les moyens les plus judicieux pour chasser les nuages obscurcissant le regard de la vingtnaire.

Dani prend la parole et d'une voix rythmée d'émotions, d'authenticité et de regrets, elle me relate la proximité qu'elle entretenait avec son grand-père, malheureusement décédé, et ce qu'elle aurait tant aimé partager avec lui. Elle estime si chèrement cette figure familiale qu'elle l'honore encore aujourd'hui dans ses rêves, ces espaces libres où tout est heureuse possible. Je l'écoute attentivement, ma mine affichant une compatie incommensurable que je développe face à sa douleur qu'elle me décrit, au fil de la description de ce vide béant que je ne peux qu'envisager reposer dans les entrailles de la jeune femme. Alors que Dani m'énumère ce que le destin lui a cruellement ôté, je rêve de lui offrir du bonheur au centuple, le myocarde gros que la femme que j'aime ait été ainsi bafouée par sa destinée. « Ce n'est pas bête du tout, » j'assure à mon interlocutrice, me sentant privilégié que Dani m'ait partagé cet inestimable volet de sa personne avec moi, éprouvant une certaine fierté à ce qu'elle m'accorde tant de confiance en dépit du caractère secret de notre relation romantique. Cette aisance est réciproque, je me confie aussi aisément à elle, la coréenne m'offrant toujours une écoute précieuse et des paroles réconfortantes. J'espérais ici pouvoir apaiser sa peine de mes mots, lovés de la profonde affection que je lui vouais. « Je suis persuadé qu'il est très fier de toi. Je ne conçois pas comment il en serait différent, » je prononçais. Dani avait tant accompli, elle était ambitieuse, vaillante, courageuse, déterminée. Elle avait bâtit bien plus que beaucoup n'en ferait en toute une vie, et elle avait vécu des expériences qui la rendait exceptionnelle. « Même s'il n'est plus là physiquement aujourd'hui, il est toujours avec toi. Il fait partie de toi, il est en toi, au fond de ton cœur, dans les nuances de ton âme. Il a contribué à façonner la femme extraordinaire que tu es aujourd'hui avec notamment ses enseignements que tu valorises et mets en application. Tu portes sublimement son héritage et ses couleurs. » Mes lèvres brûlaient de questions sur ce grand-mère regretté : était-il décédé il y avait peu ? Avait-il fait une longue carrière dans l'œnologie ? Avait-il eu ses propres vignobles ? Avait-il vécu exclusivement en Corée ? Cependant, je me retiens d'expier mes interrogations, craintif de remuer le couteau dans la plaie du deuil de Dani. Néanmoins, je soutiens son regard, prêt à l'écouter et la soutenir sans compter.

Cette confidence me ramène également à mon propre grand-père paternel, duquel mon père a hérité les terres agricoles sur lesquelles j'ai grandi, à Laidley. Je n'ai malheureusement pas énormément de souvenirs de mon aïeul, mais l'événement au sein de laquelle il a laissé une indélébile trace dans ma mémoire repose sur le mardi gras de mes cinq ans. Mes parents m'avaient confié à la garde de mon grand-père et après un début d'après-midi à colorier installé sagement sur la petite table de sa cuisine, juste derrière la fenêtre de sorte à voir le peu de passants qui pouvaient arpenter cette rue du village, entourés de gâteaux à foison alors que ce n'était même pas l'heure de manger, il m'avait fait la surprise d'avoir acheté quelques pots de pâte à modeler. Nous nous étions amusés à créer des personnages de toutes sortes, avant de nous précipiter à l'extérieur, quittant sa maisonnée presque comme des voleurs, fourrant les pâtes à la va-vite dans leur pot pour ne pas qu'elles s'assèchent trop, à l'écoute du tintamarre de la petite parade du carnaval qui débutait pout laquelle il avait zappé de vérifier l'heure du commencement. J'avais été à la fois surpris et enthousiaste de tout cet entrain, il m'avait fait rire de bon cœur, et j'avais tant aimé ce mode de vie furtif, insouciant, quand la vie chez mes parents était bordée de règles et s'avérait intransigeant envers les étourderies, même pour un garçonnet dont les années se comptaient encore sur une seule main. Encore aujourd'hui, je me demandais comment mon père était si différent du sien, alors qu'ils avaient tous les deux vécus de leurs terres, qu'ils avaient connu exactement les mêmes milieux et contraintes. Peut-être qu'avec l'âge, mon aîné avait opté pour ne moins se soucier de l'avenir et davantage goûter au présent. Ou alors, peut-être était-ce simplement le rôle de grand-père qui l'avait fait agir ainsi avec moi ?

Je reviens à la réalité, qualifiant mon interlocutrice de fée des vins. Ca lui va bien, de part son savoir, son dévouement, sa personnalité, son apparence. Elle est magique, Dani, pour mon bonheur et pour ces bouteilles. « J’aime bien ce nouveau surnom, » elle s'amuse et je souris, satisfait. Je la taquine sur le fait qu'elle me glisse me préférer à son ancien professeur d'oenologie et lui avoue qu'elle est en tête de lisse dans tous mes domaines de prédilection. « C’est vrai ? » « C’est beaucoup de responsabilités, » je fais sur un ton faussement menaçant, un rictus trahissant mon amusement. Je tends une main pour qu'elle se rapproche enfin de moi, sollicite un nouveau souvenir de sa part, un aller simple d'évasion vers l'Europe. « D’accord, la fée du vin va vous raconter une autre histoire. » « Qu'elle est généreuse, en plus de tous ses pouvoirs magiques. » Son doigt vient effleurer mon nez, mon sourire s'élargit. « J’ai une petite tradition à chaque fois que j’allais travailler dans un nouveau domaine, ou que j’allais découvrir une nouvelle région viticole. » Mes sourcils se froncent, ma curiosité est aguichée. « Je choisissais une bouteille de vin en souvenir, que je garde précieusement dans ma cave secrète. Et de temps en temps, il m’arrive de sortir l’une d’entre elles pour des occasions spéciales. Si l’envie te dit, je peux te la montrer. Ça sera notre petit secret. » « Est-ce qu'on a une première fois à célébrer ? Une occasion spéciale ? » Mes doigts s'entremêlent à ceux de Dani et je la suis là où elle me mène. « Attends, » je l'arrête, malicieux. « J'ai quelque chose à te dire. » Le sérieux habite soudainement mes traits. J'approche doucement mes lèvres de son oreille, gonflant les rangs de nos secrets partagés seulement entre nous deux : « Je t'aime. » Nous vivions notre amour dans le secret, mais Dieu que j'étais fier d'elle et j'aimerais le crier sur tous les toits. Je valorise chèrement cette relation que j'entretiens avec l'œnologue, j'en suis profondément reconnaissant, et je me considère excessivement chanceux de tout ce qu'elle m'apporte, tout ce que nous partagions et écrivions ensemble. Je me sentais plus proche d'elle que jamais je ne m'étais senti de Lucy, même à l'apothéose de notre romance.
J'ignorais ce que Dani avait en tête avec son jardin de vins secrets, mais ce premier je t'aime, cela faisait un certain temps que je désirais lui déclarer.  

« Ce n'est pas bête du tout. Je suis persuadé qu'il est très fier de toi. Je ne conçois pas comment il en serait différent. » Isaac est mignon et attentionné. Il trouve toujours les bons mots pour rassurer l’œnologue. « Même s'il n'est plus là physiquement aujourd'hui, il est toujours avec toi. Il fait partie de toi, il est en toi, au fond de ton cœur, dans les nuances de ton âme. Il a contribué à façonner la femme extraordinaire que tu es aujourd'hui avec notamment ses enseignements que tu valorises et mets en application. Tu portes sublimement son héritage et ses couleurs. » « Tes paroles me vont droit au cœur Isaac. » qu’elle répond avec sincérité. Elle est encore très émue suite à cette confession intime.

« C’est beaucoup de responsabilités, » Un rire s’échappe des lèvres de la coréenne face à l’amusement de son amant. « Qu'elle est généreuse, en plus de tous ses pouvoirs magiques. » Et encore, elle ne lui a pas montré l’étendue de ses pouvoirs, Dani Hwang peut être ensorcelante lorsqu’elle décide de mettre un soupçon de magie dans ses paroles. Joyeusement Dani se met à lui raconter une nouvelle histoire autour de ses bouteilles de vins. « Est-ce qu'on a une première fois à célébrer ? Une occasion spéciale ? » « Hm.. je ne sais pas à toi de me le dire ? » Avec douceur, il prend les mains de l’œnologue. Elle rougit légèrement à ce contact. « Attends, » Son cœur bat un peu plus fort. Que va-t-il se passer ? « J'ai quelque chose à te dire. » « Ah bon ? » Soudainement, la voix masculine se fait plus sérieuse. De ses grands yeux, elle le regarde s’approcher avant de murmurer à ses oreilles. « Je t'aime. » A ses mots, le cœur de la jolie coréenne loupe un battement avant de repartir au galop. Elle n’a jamais ressenti une émotion aussi forte de toute sa vie. Elle ne bouge pas d’un millimètre et vient entourer la taille de son amant de ses mains, lui offrant une douce étreinte. Lovée contre lui, il peut sentir les palpitations de son cœur. Depuis qu’elle a rencontré Isaac, elle n’imagine pas sa vie sans lui. C’est impossible. Doucement, elle redresse son menton et vient à son tour murmurer quelques mots à son oreille. « J’ai aussi quelque chose à te dire. » Elle marque une pause, essayant de reprendre ses esprits et sa respirations. Isaac l’a chamboulé mais elle est incroyablement heureuse. « L'esprit a beau faire plus de chemin que le cœur, il ne va jamais si loin. » Dani n’a jamais été douée pour les déclarations, mais Isaac lui donne envie de se jeter à l’eau. « C’est un proverbe chinois que j’ai lu une fois dans un livre, il y a quelques années de cela. Cette phrase m’a profondément marqué. Je ne l’ai jamais oublié. Je l’ai trouvé incroyablement poétique et sa signification est encore plus belle. Ça veut dire que l’esprit et la raison sont capables d’aborder plein de sujets. Cependant le cœur arrive à voir des parcelles lointaines et précises, inabordables pour l’esprit. En résumé, ce proverbe nous rappelle qu’il est préférable d’écouter son cœur car l’esprit ne peut pas rivaliser avec lui. Tu vois ce que je veux dire ? En d’autres termes… je n’ai jamais autant écouté mon cœur et mes intuitions depuis notre rencontre. Tu illumines mon quotidien. Chaque jour je pense à toi. Lorsque tu n’es pas à mes côtés, tu me manques terriblement. Je me languis de nos prochaines retrouvailles si tu savais. Dès le premier instant, dès que j’ai croisé ton regard, je suis tombée amoureuse de toi. Je t’aime Isaac Jensen. » Wow. Dani n’a jamais autant parlé à cœur ouvert, et cela, c’est grâce à Isaac.

@Isaac Jensen

Les confidences de Dani me touchent sincèrement, je me sens honoré qu'elle partage avec moi de tels souvenirs, de précieux morceaux de sa mémoire, son affection profonde et singulière qu'elle voue à son grand-père dont, j'en suis persuadé, elle a beaucoup hérité. Aimant, je lui rappelle que même si son aïeul n'est malheureusement plus des nôtres, je suis intimement convaincu qu'il continue d'exister via sa petite-fille et qu'il a indéniablement laissé sa trace en sa personne. Je souris tendrement à mon amante lorsqu'elle m'indique que mes paroles lui vont droit au cœur. J'aspire tant à lui faire du bien.

Complice, je l'amuse à la taquiner sur ce nouveau rôle de fée des vins que je lui dédie et que je juge lui va comme un gant. Je parviens à la faire doucement rire et j'en suis très fier, amoureux de cette mélodie cristalline. Dani m'intrigue en me relatant l'une de ses traditions reposant sur l'existence d'une cave mystérieuse et je m'enquière sur ce secret qu'elle souhaite partager avec moi, tout en lui confiant avoir également quelque chose à lui révéler.

Mes doigts s'entremêlent doucement aux siens, je l'attire contre moi pour glisser un honnête "Je t'aime" à son oreille. Son parfum m'envoûte, l'instant demeure en suspens, jusqu'à ce que la coréenne s'anime et vienne chaleureusement se lover contre moi. Je l'enlace affectueusement, caresse doucement ses cheveux d'ébène. J'aimerais rester ainsi une éternité. « J’ai aussi quelque chose à te dire, » elle rompt le silence et je baisse les yeux, attentif. « L'esprit a beau faire plus de chemin que le cœur, il ne va jamais si loin. » Je réfléchis à ses paroles, sonnant tel un adage. La Hwang m'indique qu'il s'agit en effet d'un proverbe chinois et m'en explique la poétique et bien sage sémantique. Je considère sa moralité, que je pense qu'il me serait judicieux de mettre en application plus souvent ; probablement reposait-là une clef au bonheur. La puissance des sentiments surpassait les limites de la raison et si je n'avais pas non plus écouté mes intuitions, je serais présentement plus misérable que jamais, car Dani ne ferait dramatiquement pas partie de ma vie. Je souris timidement lorsque la vingtenaire me confiait que j'illuminais son quotidien, ne soupçonnant pas détenir un tel pouvoir. Mon cœur manque un battement lorsqu'elle m'avoue être tombée amoureuse de moi dès notre premier regard échangé. Cette rencontre nous a indubitablement tous deux transformés. « Je t’aime Isaac Jensen, » conclut-elle et ma gorge est serrée d'émotions, mon palpitant bat la plus belle de ses chamades contre ma cage thoracique. Dani me fait ressentir des sensations que jamais je n'aies goûtés auparavant, je regrette que le contexte soit celui que l'on connaît, j'aimerais tant pouvoir officiellement faire ma vie avec elle. « J'aimerais passer toutes mes journées avec toi, » je fais, caressant doucement sa joue. « Je pense tous les jours à toi aussi, » j'avouais, la jeune femme omniprésente en mon esprit. « Tu m'as fait réaliser que le coup de foudre existe. Peut-être même les âmes sœurs, » je poursuivais. Je n'avais pas d'autre explication pour justifier ces sentiments exponentiels que j'éprouvais pour la jeune femme. Les mots me manquaient cruellement, ils me paraissaient injustement fades face à l'immensité des émotions que je nourrissais à l'attention de l'œnologue. Alors, armé de tout mon amour, je posais mes lèvres contre les siennes, espérant traduire ces incommensurables sentiments par cet honnête baiser. « Tu me fais montrer ta cave secrète ? » Je murmurais, en distançant à regret nos deux souffles.

Isaac fait ressortir une facette inavouée de la coréenne. Il est le premier être sur terre à réussir à ouvrir les portes de son cœur, et cela d’une facilité déconcertante, presque enivrante. C’est une première pour Dani de déclarer sa flamme de la sorte. Elle qui est très peu portée sur les sentiments, ayant du mal à les exprimer, sans parler de son allergie pour le romantisme, la jeune œnologue devient une femme comblée et heureuse aux côtés de son amant. Peu importe les conditions de leur amour secret, c’est une romance intense et sincère. Dès le premier instant, dès le premier regard, ce fut le coup de foudre. Dani n’y a jamais cru avant de le vivre. Elle avait été éblouie par la beauté de cet ange tombé du ciel. Elle avait été captivée par leurs conversations. Et depuis, Dani n’arrivait pas à sortir Isaac de ses pensées. C’était donc ça l’amour ? Elle aimait ce sentiment. « J'aimerais passer toutes mes journées avec toi, » Avec tendresse, il caresse sa joue. Dani aimait la douceur de l’infirmier. Elle ferme quelques instants ses yeux, profitant de ce geste d’affection avant de les rouvrir. « Je pense tous les jours à toi aussi, » « On est deux. » qu’elle dit avec un petit sourire. Lorsqu’elle est en compagnie du bel Isaac, son sourire niais n’arrive pas à quitter les traits de son visage porcelaine. Elle en oublie presque de lui montrer sa cave à vin secrète, tellement elle est obnubilée par le regard masculin. « Tu m'as fait réaliser que le coup de foudre existe. Peut-être même les âmes sœurs, » Son cœur bat encore plus fort à ses douces paroles. Ils sont sur la même longueur d’onde, ce qui rend leur amour encore plus magique. « J’aurais aimé te rencontrer plus tôt… mais je suis plus qu’heureuse d’avoir croisé ta route. » répond-elle avec sincérité. « Je ne compte pas te lâcher maintenant que je t’ai trouvé. » Elle a trouvé sa perle rare, son millésime préféré. A ses mots, Dani a doucement resserré leur étreinte tandis qu’Isaac vient déposer ses lèvres sur les siennes. Les deux amoureux échangent un doux baiser. A contre cœur, les lèvres se séparent doucement, mais pas pour bien longtemps. « Tu me fais montrer ta cave secrète ? » « Avec plaisir. » dit-elle avant de déposer un furtif baiser sur les lèvres masculines. Dani ne lâche pas la main de son amant et l’entraine dans les profondeurs de sa cave à vin. L’endroit est frais, l’endroit est légèrement sombre, permettant la conservation des bouteilles à la bonne température. Ils arrivent devant une petite porte en bois, tout juste de la taille de l’œnologue. Dani sort son trousseau de clés et déverrouille la porte. « Bienvenue dans mon jardin secret. » Isaac est privilégié, tous les visiteurs n’ont pas cette chance de découvrir ce lieu. « Après vous Monsieur Jensen. » qu’elle lui dit le laissant entrer dans ce lieu et découvrir la collection personnelle des bouteilles de l’œnologue.

@Isaac Jensen

Dani fait battre mon cœur comme aucune femme n'en a été capable auparavant. Elle a réveillé en moi l'amour lorsque je l'avais banni de mon existence, bien trop brisé par ce premier. Elle m'a inculqué des notions d'espoir de bonheur, m'a réconcilié avec l'avenir. Elle donne de la vivacité à un quotidien que j'avais juré suivre de manière robotique, pour le bien-être de mon fils. Dani est mon secret mais également ma plus belle histoire, celle que je désirerais troquer pour voir fleurir au grand jour plutôt que devoir l'abreuver à l'abri des regards de tous.

Mes doigts caressent doucement, tendrement, son visage de porcelaine. Elle m'est si belle, intérieurement comme extérieurement. J'en suis si amoureux que je dédie une fascination vis-à-vis de l'entièreté dont elle est composée. Mes lèvres se posent précieusement sur les siennes, les pressent dans un baiser pulsé de l'affection incommensurable que je lui voue. Elle est mon coup de foudre, probablement mon âme sœur. Elle constitue la révolution de mon histoire. « J’aurais aimé te rencontrer plus tôt… mais je suis plus qu’heureuse d’avoir croisé ta route. » Un fin sourire étire mes lippes. J'aurais aimé que notre passé soit différent également, mais la destinée nous avait fait croiser notre route à cet instant précis, pour un but qu'il nous fallait découvrir. Je me confortais dans cette idéologie. « Je ne compte pas te lâcher maintenant que je t’ai trouvé. » « On a plein de bonheur à savourer » je promets, intimement convaincu. « Tu es le totem de ma félicité. » Dani m'était sacrée, mon porte-bonheur, la symbolique même de mon allégresse.  Mes doigts s'entremêlent aux siens. Je refuse de la perdre. « J'aimerais une infinité à tes côtés, et encore, elle me semblerait bien courte. »

Mes pupilles se dérobent, ma curiosité me rappelle à l'énigmatique cave secrète que m'a décrite plus tôt Dani. Un dernier baiser échangé, nos mains scellées l'une à l'autre, l'œnologue me guide dans les dédales de son royaume. « Bienvenue dans mon jardin secret. » Un sourire sincère apparaît sur mon portait. Quelques minutes passée avec la Hwang et je reprends les couleurs de la vie. « Après vous Monsieur Jensen. » Je me faufile à travers la petite porte, mon amante sur mes talons. Avide, je balaie l'espace impeccablement rangé du regard. « Wow, » je souffle, impressionné. « C'est laquelle, la bouteille de ton plus beau souvenir ? » Je questionne, intéressé. Néanmoins, je n'autorise pas à Dani le loisir de me répondre, prenant de nouveau possession de ses fines lippes, initiant une embrassade trahissant l'amour sincère que je lui voue, souverain libre dans son domaine. Il ne serait pas risible de conjecturer que je suis alors armé du désir de créer un nouveau chérissable souvenir, qui pourrait éventuellement se valoir une bouteille particulière, dans ce havre serein de mémoires précieuses.