wrapped in your arms i felt like everything could be okay.

@SWANN BUCHANAN & RORY

C'est vrai, quelques semaines en arrière ce n'était pas dans ces circonstances qu'il aurait imaginé fêter la Saint-Valentin. Les récents événements n’altéraient en aucun cas le symbolisme de cette soirée ou le bonheur qu'il éprouverait à la passer auprès de Swann, mais Rory savait que sa jambe, elle, ne leur faciliterait pas les choses. Depuis leur voyage et cette blessure venue altérer la motricité de sa jambe droite, l'acteur était en convalescence forcée dans ce loft qui chaque fois lui apparaissait un peu trop grand durant les heures qu'il ne pouvait pas passer avec Swann. Ce n'était que temporaire, bientôt ses exercices de rééducation lui assureraient de reprendre le chemin des plateaux, pourtant Rory ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable. Coupable d'avoir accepté que Swann quitte sa place au cabinet et d'être lui-même forcé de mettre leurs projets professionnels entre parenthèse faute de pouvoir rester debout plus de quelques minutes sans devoir trop forcer sur sa jambe valide. Les médecins l'avaient suffisamment mis en garde sur les risques qu'il encourrait à vouloir brûler les étapes et présumer de ses forces avant que son corps n'y soit véritablement prêt, c'est pourquoi même un acharné comme lui s'était résolu à écouter leurs conseils. Parce qu'il ne voudrait pour rien au monde revivre les mois qui avaient suivi son accident, à la fin du lycée, lorsque tous ses rêves avaient été pour la première fois balayés par une mauvaise chute. Rory ne pouvait revivre ça, pas alors qu'il s'était tant battu pour se rebâtir un but et s'y accrocher de toutes ses forces. Pas alors qu'il avait fait tant de chemin, seul mais aussi aux cotés de Swann, pour qui il n'avait pas le droit de redevenir celui qu'il avait été durant les mois les plus sombres de sa vie. Sa jambe lui faisait peut être horriblement mal, à tel point que les antidouleurs seuls lui semblaient parfois à peine faire effet, mais ce n'était pas ce qui l'empêcherait d'être heureux. Encore moins ce soir. Et surtout pas alors qu'il avait tout pour l'être. A commencer par un petit-ami merveilleux pour qui il n'aurait pas à forcer le moindre sourire : avec lui, ils lui venaient toujours le plus naturellement du monde.

Bien qu'il ne le dirait pas à Swann de peur qu'il culpabilise d'une manière ou d'une autre, ses échanges de sms avec son petit-ami avaient de loin été la partie la plus enthousiasmante et la moins déprimante de sa journée. L'idée de retrouver Swann à la fin de celle-ci lui avait à elle seule donné un million de raisons de supporter les prochaines heures, y compris lorsqu'elles consistaient à lire des scripts pour des rôles dont il ignorait encore si et quand il pourrait les incarner. Donna veillait à ce qu'il ait toujours un pied dans le travail et n'ait aucune raison de craindre que sa blessure puisse de nouveau compromettre sa carrière, mais Rory peinait à y mettre autant de cœur que d'habitude – et pas seulement parce qu'il avait tout le mal du monde à trouver une position qui ne le fasse pas souffrir. Finalement, c'est devant un film qu'il avait passé une partie de son après-midi, puis sans grande surprise qu'il s'était assoupi lorsque ses cachets l'avaient comme bien souvent assommé. Les nuits étaient courtes et agitées depuis l'accident, et Rory s'en voulait chaque soir un peu plus de faire traverser tout ça à Swann. Il donnerait tout pour pouvoir l'étreindre de longues heures sans craindre de réveiller une douleur toujours lancinante, tout comme il donnerait tout pour pouvoir faire l'amour sans que sa blessure ne vienne se rappeler à leur bon souvenir. Bientôt tout ça serait de nouveau possible et tout le monde s'entendait déjà pour dire qu'il faisait des progrès, même minimes. Ça restait pourtant trop peu aux yeux d'un Rory impatient de retrouver leur intimité de couple.

C'était d'autant plus vrai qu'en ce soir de Saint-Valentin, rien ne comptait plus que de serrer l'homme qu'il aimait contre lui. Ainsi lorsque la porte d'entrée s'ouvrit, Rory se redressa brusquement sur le canapé et tourna la tête en direction du couloir. « Swann ? Je suis là. » Il adressa à l'anglais, regrettant au fond de lui de ne pas pouvoir faire autrement que d'être diablement prévisible, dans ces conditions. Il était là, comme ce matin quand il l'avait laissé, quand bien même Rory avait réussi à entreprendre quelques déplacements à travers le loft pour rester parfaitement autonome. Swann avait bien entendu tout prévu pour lui faciliter les choses et l'australien ne pourrait pas lui en être plus reconnaissant : il était un parfait petit-ami, une fois encore. « J'ai voulu me déplacer jusqu'à la porte d'entrée pour t'accueillir, mais je me suis dit que je ferais mieux d'économiser mes forces pour le reste de la soirée. » C'est ainsi qu'il accueillit Swann avec un doux sourire, attendant que celui-ci s'approche pour se redresser suffisamment et lui offrir un long baiser. C'était sans doute ce qu'il avait le plus attendu aujourd'hui comme tous les autres jours : le moment où il pourrait de nouveau respirer son odeur, caresser sa peau du bout de ses doigts et goûter à ses lèvres. « Comme ça t'auras pas complètement l'impression de dîner avec un éclopé. » Il tenta un petit trait d'humour, forcé de reconnaître qu'ils en avaient tous les deux bien besoin depuis que leur quotidien s'était légèrement compliqué. Le cœur lourd de ne rien pouvoir faire pour arranger les choses à part être patient, Rory tentait comme il le pouvait de dédramatiser la situation. « Ces fleurs sont pour moi ? » Ses deux yeux n'avaient bien évidemment mis qu'une seconde à noter l'imposant bouquet dans les mains de son petit-ami, ainsi que ce qu'il devinait être des provisions pour le repas de ce soir. Swann lui avait dit qu'il s'occuperait de tout, une autre raison pour laquelle la soirée ne pourrait qu'être belle. « T'étais pas obligé, tu sais. Elles sont vraiment magnifiques, merci. » C'était l'intention plus que les fleurs en elles-mêmes qui ici le touchaient le plus, alors que la seule présence de Swann à ses cotés suffisait déjà à embellir cette journée et toutes les autres. L'émotion dans son regard se faisait l'écho de son sourire ému et de la manière dont ses doigts vinrent serrer les siens. « Joyeuse Saint-Valentin, mon cœur. » Et il se l'était promis, elle n'en serait pas moins belle que toutes les autres, passées et futures.

Il a toujours trouvé ça stupide, tous ces personnages à la télé qui ont le réflexe de dire ‘je suis rentré’ dès qu’ils poussent la porte de leur appartement. Pourtant, “Je suis rentré.” est justement ce qu’il prononce avec un certain enthousiasme lorsqu’il déverrouille la porte d’entrée avec le double des clés qui a toujours été le sien ou presque. Il est heureux de retrouver la fraîcheur de l’appartement au milieu d’un été austral qui ne semble pas en finir, tout comme il se sent encore une fois infiniment chanceux de pouvoir entendre la voix de son petit-ami dès la seconde qui suit. « Swann ? Je suis là. » Il est là, comme tous les jours depuis quelques semaines déjà, et même si les circonstances auraient pu être bien meilleures, Swann est au moins heureux de pouvoir quotidiennement le compter à ses côtés. Simplement, il aurait préféré que ce ne se fasse pas dans la douleur d’une jambe sérieusement blessée et d’un retour sur le devant de la scène repoussé une fois de plus à plus tard. Swann ne s’en fait pas pour l’argent, pour sa carrière, pour l’image que cela donne de lui ; il s’en fait pour lui, tout simplement, parce qu’il sait à quel point son petit-ami se reproche les récents événements ainsi que toutes les conséquences induites. Pourtant, c’est derrière un sourire presque totalement heureux qu’il cache toutes ses craintes, ne voulant pas le moins du monde les transmettre au brun. Il devrait savoir, depuis le temps, qu’un seul d’eux deux se veut doué pour jouer la comédie. Il devrait savoir, surtout, qu’aucun secret ne peut demeurer éternellement caché dès qu’il s’agit de leur couple, ou simplement de leur duo.

Esquissant quelques pas dans l’appartement, il libère son épaule du sac contenant les quelques provisions qu’il vient d’acheter alors qu’entre ses mains persiste le bouquet dont les tiges se veulent brûlantes, Swann n’ayant jamais desserré la pression de ses doigts autour d’elles. Il y tient, à ce simple bouquet qui aura pourtant le don d’éveiller un sourire sur le visage de son petit-ami. Un sourire ; c’est tout ce qu’il demande pour être heureux et comblé à son tour. « J'ai voulu me déplacer jusqu'à la porte d'entrée pour t'accueillir, mais je me suis dit que je ferais mieux d'économiser mes forces pour le reste de la soirée. » Et justement, il le lui offre déjà, ce sourire auquel l’anglais répond par l’instinct le plus évident. Loin de lui l’idée de lui tenir le moindre reproche, surtout pas alors qu’il sait très bien que ce qui le cloue au sol est la blessure nouvelle et importante à sa jambe. “Rien ne m’empêche encore de venir à toi.” Et il ne perd pas davantage de temps avant de gommer la distance entre eux, justement, désireux de retrouver son odeur et sa présence proche en plus de son sourire. Parce qu’il ne vit plus que pour ça, désormais, la proximité persistante de Rory qui permet de réchauffer son cœur à l’instant même où ils partagent un doux baiser, prolongé par la main que l’anglais dépose naturellement contre la nuque de l’homme qu’il aime. Plus souriant que jamais et soudainement silencieux, incapable même de partager la moindre ironie par ses mots, il finit par déposer un baiser d’une toute autre teneur contre sa joue, ses yeux clos. Il lui a manqué, une fois de plus, et quand bien même l’anglais ne s’est absenté que pour la journée et s’est débrouillé pour rentrer le plus tôt possible, en tout début de soirée. « Comme ça t'auras pas complètement l'impression de dîner avec un éclopé. » Il s’en moque bien, le blond, d’avoir à avancer lui-même jusqu’à Rory autant que d’avoir à se pencher légèrement en sa direction pour l’embrasser alors qu’il est encore dans le canapé sur lequel il a passé l’immense partie de sa journée. Il s’en moque d’autant plus alors qu’il sait que rien de tout ceci n’est désiré, et que c’est une vie temporaire et nécessaire à sa guérison la plus complète possible. “Je dîne pas avec un éclopé, je dîne avec l’homme que j’aime.” Ses mots sont doux, il ne voudrait en aucun instant le reprendre avec sérieux. Débuter une dispute serait bien le dernier de ses désirs alors qu’il refuse encore de pleinement s’éloigner de ses lèvres, sachant qu’il pourrait succomber à tout instant au désir de l’embrasser à nouveau.

« Ces fleurs sont pour moi ? » Et il les avait sans doute déjà oubliées, les fleurs, oui. Son regard se déporte rapidement dessus, sans doute presque aussi surpris que Rory. L’instant d’après, il les lui tend pourtant avec un nouveau sourire, plus retenu alors qu’il a tout d’un enfant gêné d’offrir un cadeau à une personne chère à ses yeux. « T'étais pas obligé, tu sais. Elles sont vraiment magnifiques, merci. » Les fleurs passent de main en main, ayant l’effet escompté sur le visage du brun qui s’illumine temporairement d’une douce lumière. “Je sais, mais j’en avais envie.” Parce qu’il voulait marquer un minimum le coup, pour leur première Saint Valentin en tant que couple officiel. Il avait pensé qu’elle se passerait tout autrement, c’est un fait, mais pouvoir passer la soirée avec Rory est finalement tout ce qui lui importe. Ses doigts retrouvent les siens dans une douce étreinte alors que l’anglais se fraie finalement une place sur le canapé, à son tour, forçant son petit-ami à se redresser, sous son air soucieux. « Joyeuse Saint-Valentin, mon cœur. » - “Joyeuse Saint-Valentin, mon amour.” Et cette fois-ci, c’est son cou qu’il embrasse avant de laisser sa tempe reposer contre son épaule, n’ayant finalement pas la moindre envie autre que de passer la soirée ainsi. À ses côtés, il peut oublier le moindre de ses tourments. A ses côtés, il veut oublier le moindre de ses tourments et justement ne rien faire d’autre que de profiter de sa présence plutôt que de laisser le pouvoir à ses pensées de le torturer. Se permettant enfin de souffler doucement, il laisse glisser la paume de sa main contre la sienne et noue à nouveau leurs doigts ensemble. “C’est allé, aujourd’hui ?” C’est allé, tournure bancale cherchant à éviter de demander si tout s’est bien passé, justement parce qu’il craint un peu trop la réponse à cette question. Il sait que tout ne va pas bien, que tout n’est pas au beau fixe, qu’il ne passe pas la moindre journée sans se tordre de douleur à certains instants. “Je t’ai entendu te retourner, cette nuit.” Swann confesse d’un ton plus bas, ne cherchant finalement qu’à lui dire qu’il est toujours là pour lui même dans les instants difficiles, même lorsque la douleur semble prendre le pas sur tout le reste. Ainsi, il prie les Dieux de pouvoir allier son envie de bien faire à sa formation, lui qui est au moins capable d’apaiser ses muscles, à défaut d’être un véritable médecin capable de faire plus. Se retournant vers lui, il dépose un baiser contre son épaule dans la même lancée, replongeant ses yeux dans les siens avec un doux sourire en prime. Sa main libre, elle, trouve déjà place contre son torse alors qu’il est légèrement tourné en sa direction. “Tu me laisses y jeter un œil ?” Soucieux, l’anglais attend sincèrement l’aval de Rory avant de masser ses jambes, ne voulant pas prendre le risque de toucher à ses muscles abîmés si jamais il était, une fois de plus, en train de lui cacher une douleur à peine supportable.

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Il n'y a rien que Rory aurait souhaité davantage que de pouvoir accueillir Swann sur le pas de la porte, puis de lui voler un baiser et de l'escorter lui-même, main dans la main, jusqu'à l'intérieur de leur loft. C'est comme ça qu'il aurait voulu débuter cette soirée, comme ça qu'il voudrait écrire chacune de celles qu'ils passeraient en ces lieux. “Rien ne m’empêche encore de venir à toi.” Oh, heureusement Swann restait parfaitement libre de ses mouvements et avait quant à lui pleinement récupéré de ses blessures d'il y a plusieurs semaines, pour le plus grand soulagement de son petit-ami. Rory était le seul à leur compliquer la tâche, ce soir, et croyez bien qu'il en avait gros sur le cœur à la seule idée que cette Saint Valentin ne soit peut être pas exactement comme ils l'avaient espéré. “Je dîne pas avec un éclopé, je dîne avec l’homme que j’aime.” Et comme toujours, les mots de Swann lui faisaient l'effet du plus doux des remèdes. Subitement, c'était comme si tout allait pour le mieux. Comme si sa jambe allait bien, comme si lui allait bien, comme s'il n'avait pas passé la journée avachi à attendre après son retour. Swann illuminait toujours chacune de ses journées mais ce soir, il était véritablement comme un soleil qui chassait les nuages au-dessus de son cœur. Et il y en avait plus qu'il ne voudrait l'admettre, depuis quelques semaines. Plus qu'il ne voudrait l'admettre devant Swann, surtout, qui plus est ce soir et alors qu'il avait toutes les raisons de profiter avec lui de la douceur de cette soirée. « Tu m'as manqué aujourd'hui. » Il ne lui avait pas seulement manqué aujourd'hui, mais aussi tous les autres jours depuis qu'il était forcé de passer ses journées au loft à attendre que son petit-ami rentre et ainsi aussitôt retrouver le goût de sourire et d'apprécier chaque instant. Les journées paraissaient toujours bien trop longues en son absence, pourtant pas un instant Rory ne penserait à lui reprocher de s'absenter plusieurs heures quand il serait le premier à refuser qu'il reste chez eux simplement pour lui tenir compagnie. C'était d'autant plus vrai que Swann lui-même n'avait eu d'autre choix que de rester en convalescence plusieurs jours au loft après cet incident survenu avec Murphy. Il était donc plus que normal qu'il retrouve son autonomie : Rory ne voudrait pas que les choses soient différentes, pas même par pur égoïsme.

Déjà heureux de retrouver la compagnie de l'homme qu'il aime, Rory le fut plus encore à l'instant où son regard s'étonna de la présence d'un ravissant bouquet de fleurs dans les mains de son petit-ami. Une attention qui ressemblait bien à Swann et qui toucha l'australien en plein cœur. “Je sais, mais j’en avais envie.” Et Swann savait, pour le connaître par cœur, que Rory serait particulièrement réceptif à cette adorable attention. Pas uniquement parce qu'il n'avait jamais caché son amour des fleurs, des plantes en général, mais parce qu'il avait aussi toujours assumé un certain romantisme – et c'était là un euphémisme, ça aussi Swann le savait mieux que quiconque. Un romantisme plus encore de circonstances en ce soir de Saint Valentin. « J'aime quand il te prend ce genre d'envies. » Rory souffla doucement, convaincu que Swann parviendrait à faire preuve de la plus attendrissante des initiatives sans même avoir à faire le moindre effort, ce qui rendait chaque fois ces attentions plus touchantes encore. « Je sais déjà où on pourrait les mettre. Dans l'entrée, je crois que ce sera très joli. » Le loft avait besoin de couleurs, quand bien même certains diraient qu'il ne manquait pas de plantes et moins encore de décoration. Les lieux n'en étaient pas pour autant surchargés, juste ce qu'il fallait pour qu'ils soient chaleureux et agréables à vivre, et Rory avait tout particulièrement à cœur d'en faire leur cocon depuis que Swann y avait officieusement réaménagé. Il n'avait aussi rien de mieux à faire de ses journées, ces dernières temps, pourtant contraint de rester assis ou allongé presque en permanence pour soulager sa jambe. “Joyeuse Saint-Valentin, mon amour.” Son regard amoureux replongea dans celui de Swann tandis qu'un doux frisson le parcourut au contact de ses lèvres contre son cou. Oh, ça aussi ça lui avait cruellement manqué aujourd'hui. S'il ne se passait pourtant jamais plus de quelques heures sans qu'ils ne s'embrassent ni ne s'échangent des mots doux au creux de l'oreille, beaucoup de choses se voulaient un peu différentes depuis l'accident. Se retrouver seul avec Swann n'avait jamais paru aussi nécessaire, ses bras étant l'unique refuge susceptible de calmer le moindre de ses maux. Et quand bien même Rory s'efforçait de masquer les siens derrière des sourires, la plupart du temps, il en avait plus que cruellement besoin. “C’est allé, aujourd’hui ?” L'acteur secoua doucement la tête, le cœur plus serré qu'il ne le voudrait. La situation n'était pas idéale, mais tout aurait pu être bien pire et lui, surtout, ne s'en sortait finalement pas si mal. Une jambe blessée, ça n'était jamais rien de plus que ce qu'il avait déjà vécu des années en arrière. Mais c'était justement cette répétition qui se voulait la plus dure à supporter, psychologiquement comme physiquement. « J'ai trouvé le temps un peu long, mais c'était pas si terrible. Donna m'avait laissé de la lecture, et j'ai passé un peu de temps devant Netflix. » Ce n'était pas forcément habituel lorsqu'on connaissait Rory, qui ne tenait jamais en place et ne saurait pas rester des heures d'affilée devant une série – ironique, compte tenu de son propre métier – mais dans sa situation même lui apprenait à apprécier ces plaisirs simples. Il avait aussi et surtout à cœur de rassurer Swann, caressant sa joue du bout des doigts. « Ça a été. » Il lui assura ainsi, ne désirant pas qu'il puisse un jour franchir le pas de la porte en éprouvant la moindre inquiétude.

“Je t’ai entendu te retourner, cette nuit.” C'est un air cette fois désolé que Rory arbora, ses doigts occupés à caresser la peau de son petit-ami tandis que chaque geste, chaque baiser de ce dernier savait déjà apaiser un peu du poids pesant sur son cœur. « J'avais du mal à dormir. » En vérité, il avait toujours eu le sommeil léger et sa blessure était simplement venue empirer les choses. A présent, il était fréquent que Rory passe de longues heures éveillé dans leur lit à se laisser bercer par la respiration de Swann, qui même encore dans ces moments-là savait toujours faire naître le plus naturel des sourires sur ses lèvres. C'était bien la preuve qu'il le rendait heureux sans avoir à faire d'efforts pour ça. « C'est l'inconvénient des médicaments contre la douleur, quand je les prends en plein après-midi ils m'assomment et je passe ensuite toute la nuit à fixer le plafond parce que j'ai plus assez sommeil... » Il souffla avec dépit, conscient pourtant que ce n'était que de mauvais moments à passer. « Mais parfois, c'est la douleur qui me réveille. Comme cette nuit. » Et dieu sait qu'elle était parfois puissante au point que Rory se trouve contraint de réduire légèrement l'écart entre deux prises, chose qu'il se savait pourtant incapable de confier à Swann de peur de l'inquiéter bien inutilement. Ça n'arrivait heureusement pas assez souvent pour mériter que l'on s'y attarde, de toute manière, simplement il arrivait qu'il lui soit même impossible de rester allongé sans sentir sa jambe le lancer atrocement. Les baisers de Swann autant que ses furtives caresses suffisaient pourtant à cet instant à ce que Rory ne pense plus à la douleur. Il était juste bien, avec lui. “Tu me laisses y jeter un œil ?” « Bien sûr. » Une pointe d'appréhension courut dans ses veines l'espace d'une seconde, comme chaque fois qu'il s'apprêtait à manipuler cette jambe qui à certains moments lui apparaissait comme une ennemie. Le mieux qu'il puisse faire était encore de la ménager pour ne pas prendre le risque de réveiller une douleur qu'il mettait parfois des heures à calmer. Ce soir, pourtant, il détestait l'idée de devoir être aussi précautionneux. « J'ai été raisonnable, je me suis pas appuyé sur cette jambe et j'ai tout le temps utilisé mes béquilles. Ruben dit qu'en suivant ces recommandations mon état s'améliorera d'ici quelques semaines. » Il souffla en remontant le tissu de son jogging le long de sa jambe – pas vraiment ce qu'il rêvait de porter un soir de Saint-Valentin, mais c'était encore ce qui s’avérait le plus pratique à enfiler dans son état. Bientôt, tout irait beaucoup mieux. « C'est frustrant, de pas être complètement autonome... » Il détestait ça, Rory, parce que ça lui rappelait l'époque où il ne pouvait déjà pas faire un pas sans ses béquilles. Époque où il était passé si proche de faire du football son métier. Beaucoup de choses avaient changé depuis, et il était à bien des niveaux beaucoup plus heureux qu'à l'époque. Pour autant, ça ne lui donnait pas moins l'impression d'être un assisté. « Tu tiens vraiment à préparer le dîner ? On peut simplement commander quelque chose, si tu veux. Tu viens de rentrer et je veux pas que tu te surmènes sous prétexte que je suis pas d'une grande utilité. » Il confia dans un petit sourire attristé, ses lèvres se déposant contre la mâchoire de son petit-ami pour parsemer celle-ci de baisers. Ce qu'il voulait dire, avant toute autre chose, c'est que cette soirée serait parfaite quel que soit ce qu'ils avaleraient.

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Si dépendre de l'efficacité de ses anti-douleurs pour espérer se mouvoir d'un bout à l'autre du loft sans trop de peine était une frustration, ce n'était en rien comparable avec le fait d'attendre de longues heures le retour de son petit-ami. Swann lui manquait non pas seulement parce que ce loft lui était toujours apparu bien trop grand pour lui seul, mais aussi parce que son petit-ami était le seul à pouvoir illuminer ses journées, surtout en ce moment. Le seul à pouvoir chasser ses pensées les plus moroses et l'impression que Rory nourrissait d'être à nouveau complètement inutile, pour la deuxième fois de sa vie. Swann n'avait toujours qu'à apparaître pour qu'un sourire retrouve le chemin de ses lèvres et ce soir n'avait pas fait exception à la règle : la seule idée de passer les prochaines heures auprès de lui suffisait à le rendre profondément heureux. Une preuve de plus qu'il n'avait besoin de rien d'autre que sa présence à ses cotés pour l'être. “Et moi c’est toi que j’aime, mais c’est un autre sujet.” Les yeux du brun laissaient à leur tour transparaître tout l'amour que Rory lui portait. « Je t'aime moi aussi. » Et ils savaient tous les tous combien il risquait de le lui répéter de très nombreuses fois au cours de la soirée. « Et je me lasserai jamais de l'entendre, peu importe de quoi on serait entrain de parler. » De la pluie et du beau temps, de sa fichue blessure ou d'on ne sait trop quelle plante que l'acteur aurait encore trouvé le moyen d'acheter, invoquant probablement l'excuse que leur loft était de toute façon trop spacieux pour qu'ils se retrouvent un jour à posséder trop de plantes. Pour l'heure, c'est un ravissant bouquet de fleurs que son petit-ami lui offrit, laissant Rory comblé au point qu'il en oublia pour un instant qu'il ne pourrait pas se précipiter jusque dans la cuisine pour récupérer un vase et s'empresser de les exposer. Il l'aurait fait dans d'autres circonstances, si sa jambe ne l'obligeait pas à la plus grande prudence, et dieu sait que ça n'enlevait rien à la valeur de ce bouquet à ses yeux. Bien loin de là, il ne faisait que lui prouver une fois de plus combien Swann était le petit-ami parfait, jamais à court d'initiatives pour faire fondre son cœur ou comme ici le réchauffer.

Confier à Swann que ses nuits se trouvaient bien souvent perturbées par sa douleur à la jambe n'avait alors rien d'évident, simplement parce que Rory aurait voulu pouvoir mettre ces soucis-là de coté le temps de cette soirée. Sa blessure régissait déjà leur quotidien depuis plusieurs semaines et l'acteur ne pouvait faire autrement que de se le reprocher : cette chute n'était de la faute de personne, c'est vrai, mais c'est bien lui qui aujourd'hui se trouvait être un boulet à la cheville de son petit-ami parce qu'il ne pouvait plus être aussi autonome qu'auparavant. Il savait bien que Swann n'irait jamais nourrir de telles pensées ni même le voir comme un poids sur ses épaules, mais Rory voyait bien que même cette soirée de Saint-Valentin avait une saveur différente. Il tentait pourtant de toutes ses forces de réprimer ces pensées pour ne pas les laisser gâcher un seul instant de cette soirée avec son petit-ami. Pourtant c'est à nouveau avec le cœur serré qu'il accueillit sa question. “T’arrives pas à attendre le soir pour les prendre ?” Oh, bien sûr qu'il appréhendait de l'entendre prononcer ces mots, parce qu'il appréhendait plus encore que ceux qu'il viendrait à énoncer en retour puissent le décevoir d'une façon ou d'une autre. Parce qu'il avait toujours essayé d'être un socle pour les personnes qu'il aimait, quelqu'un sur qui chacun de ses proches pourrait toujours se reposer. Parce que quelques mois en arrière, c'est pour Swann qu'il s'efforçait de rester fort lorsque l'anglais venait de perdre son frère et une partie de son univers avec lui. Aujourd'hui, Rory se retrouvait forcé de dépendre d'une boite de cachets en espérant chaque fois qu'ils sauraient lui rendre les choses plus douces ou à défaut, un peu plus supportables. Et ça n'avait rien d'une chose dont il puisse être fier : il voudrait pouvoir s'en passer, tout comme il voudrait que la présence de Swann suffise comme à chaque fois à guérir tous ses maux. Et plus encore, il voudrait être une source de joie et de légèreté dans sa vie comme il avait toujours tâché de l'être. « Pas ces derniers jours. » Il confia tout bas, ses doigts jouant nerveusement avec ceux de son petit-ami. « J'essaie, mais la douleur est souvent trop forte. » Trop forte pour qu'il puisse se passer d'une prise, même avec toute la meilleure volonté du monde. Trop forte, aussi, pour qu'il veuille la plupart du temps s'en plaindre à Swann. Il ne pourrait pas l'aider même s'il essayait, et la dernière chose qu'il souhaitait était que l'homme qu'il aimait se sente impuissant. « Et même si je prenais sur moi pour essayer d'espacer les prises, je sais que la douleur peut vraiment jouer sur mon humeur et j'ai pas envie que tu doives supporter un petit-ami grincheux et sinistre en rentrant le soir. » Swann méritait tout sauf d'être un punching-ball et quand bien même Rory se savait profondément incapable de lui causer la moindre peine ou la moindre contrariété de façon intentionnelle, il n'était pas prêt à prendre le moindre risque. Sous l'effet de la douleur, qui sait ce qui pourrait lui échapper. « Je veux pas te rendre les choses encore plus pénibles. Quand on est tous les deux, j'ai pas envie de perdre une seule seconde simplement parce que j'ai mal. » Et c'est en approchant son visage du sien qu'il lui souffla ces mots, son front se collant au sien avec le besoin de le sentir au plus près de lui. Cette situation était loin d'être évidente mais ils la surmonteraient comme ils avaient déjà surmonté tant de choses. Tout ce qu'il pouvait faire, en attendant, c'était leur rendre les choses un peu moins difficiles quand il le pouvait. “Réveille moi si c’est trop violent. Je suis sûr qu’en te racontant toute l’histoire de Doctor Who, ça finira par t’endormir.” C'est cette fois un doux rire qui filtra d'entre les lèvres de l'acteur, qui avait plus que jamais besoin que l'humour de son petit-ami vienne alléger l'atmosphère. « Je suis sûr que tu aurais de quoi me la raconter tous les soirs pendant au moins un mois. » Et que même après ça, Swann ne serait jamais à bout d'intrigues à lui raconter avec cette passion toujours intacte, semblable à celle d'un petit garçon qui s'émerveillerait de ses contes préférés. Rory croyait toujours voir briller un millier d'étoiles dans les yeux de Swann lorsqu'il lui racontait les folles aventures du Docteur, et cette vision ne pourrait le rendre plus heureux. « Et puis tu sais, ça m'apaise de te regarder dormir dans ces moments-là. Souvent je me demande si tu es entrain de rêver, puis j'essaie de te dire quelques mots tout en sachant que même s'il t'arrive de me répondre, tu te souviendras de rien le lendemain matin. » Mais ça n'avait jamais d'importance puisque Rory s'assurait toujours de lui répéter les mêmes mots à son réveil, lesquels visaient bien souvent à lui rappeler une nouvelle fois combien il l'aimait. « D'accord, je passe pas toutes mes nuits à te regarder dormir, alors va pas t'imaginer que c'est mon plaisir coupable. » Il précisa dans un nouveau rire. Non pas que cette confession puisse réellement effrayer Swann, surtout alors qu'il savait depuis le temps que son petit-ami avait simplement à cœur de veiller sur lui lorsque son sommeil se voulait capricieux.

“On se connaît depuis six ans maintenant.” Et ce constat le laissa pour un instant pantois d'émotion, alors que c'était pourtant loin d'être la première fois que Rory y songeait. Swann et lui avaient déjà longuement évoqué les années passées, celles qu'ils avaient passé ensemble comme celles qu'ils avaient malheureusement passé séparés, mais cette nouvelle année voyait s'étirer plus encore le film de leur histoire. Et ce n'était qu'un début, le meilleur était encore devant eux. « C'est vrai. » Il souffla doucement, son regard brillant d'amour occupé à contempler les traits de son petit-ami. « Je sais que ça va paraître étrange, mais c'est comme si une partie de moi avait su avant même que notre histoire commence qu'on serait ici, six ans plus tard, à vivre cette vie-là. » Son sourire se voulait cette fois plus troublé ; oui, c'était certainement étrange, mais Rory avait toujours écouté ses pressentiments. Et son cœur, qui dès l'instant où Swann était entré dans sa vie n'avait plus battu que pour lui. Son cœur qui lui avait dicté avant même qu'il ne soit prêt à l'entendre que l'anglais prendrait une place importante dans sa vie ; qu'il serait en réalité son grand amour. « C'est insensé parce que j'étais même pas certain de trouver un jour le courage de t'avouer ce que je ressentais, pourtant ça je l'ai toujours su. » Comme il avait au fond de lui toujours su que Swann serait le bon, peu importe l'énergie qu'il avait d'abord pu dépenser à se convaincre qu'il ne le voyait que comme un ami. Cette illusion n'avait pas résisté bien longtemps face à la force de ses sentiments pour l'anglais, et il n'avait sans doute pas besoin de lui rappeler la suite. La suite, c'était plusieurs années d'un amour qui ne faisait toujours que grandir, et qui n'avait désormais plus la moindre raison de demeurer caché. La suite, c'était une histoire faite de quelques épreuves mais aussi et surtout de nombreux bonheurs. Passés, présents et futurs. “Tu t’en sors mieux que n’importe qui.” Et son regard retrouva un éclat plus ému, cette fois, les doigts de sa main à présent occupés à caresser la joue de son petit-ami. Rory se promettait de ne pas baisser les bras, peu importe à quel point certains jours se voudraient compliqués. Il se le devait à lui-même pour le chemin qu'il avait déjà parcouru, mais il le devait aussi à Swann, qui continuait de croire en lui à chaque instant.

Si Rory était aussi peu à l'aise à l'idée qu'on manipule sa jambe blessée, c'est parce qu'il savait combien le moindre geste un peu trop imprudent pouvait réveiller une douleur parfois paralysante. Pourtant l'idée que Swann puisse masser cette zone de son corps n'avait rien d'un tant soit peu effrayant à ses yeux, bien au contraire. L'acteur savait que si quelqu'un ferait preuve d'une extrême douceur et minutie, c'était bien son petit-ami. “Je vais y aller doucement.” « Je sais. J'ai confiance en toi. » Il se fiait à lui les yeux fermés, pour ça comme pour un millier d'autres choses. Parce que Swann était Swann, et qu'il n'avait besoin d'aucun autre argument pour décider depuis le premier jour d'abaisser toutes ses barrières en sa présence. Personne mieux que lui n'avait jamais su voir au-delà de ce que sa famille ou ceux qui le connaissaient au travers d'un écran de Cinéma avaient toujours vu. Il était le seul à connaître véritablement le vrai Rory, avec toutes ses failles, ses doutes et ses défauts. Le seul aussi devant qui Rory n'avait pas peur de se montrer vulnérable ou à fleur de peau, quand bien même il ferait toujours tout son possible pour le protéger lui aussi. C'était simplement Swann, la personne entre les mains de qui il irait jusqu'à mettre sa propre vie, et celle de chaque personne à qui il tenait. Swann, son tout. “Je suis fier de toi. Et je suis sûr que Ruben a raison.” Lui aussi était convaincu que son ami lui avait donné les meilleurs conseils, et pas uniquement parce que son affection pour Ruben impliquait qu'il le perçoive comme le meilleur médecin à des kilomètres à la ronde – il était objectivement brillant, de toute façon, ça n'importe qui le dirait de la même façon. “Je sais. Mais ce n’est que temporaire. Et ça sera rapidement plus qu’un mauvais souvenir.” « Je vais tout faire pour. » Il lui promit dans un sourire rempli d'espoir, celui de voir son état s'améliorer dans les prochaines semaines et de pouvoir à terme mettre ces souvenirs-là derrière eux. Ils en avaient tant d'autres à écrire, et de bien plus beaux. Rory avait hâte de pouvoir s'y consacrer pleinement. « Par contre, parmi les choses que j'ai hâte de pouvoir faire une fois ma jambe guérie, j'ai le regret de t'annoncer que réessayer la via ferrata n'en fait pas partie. » Il confia finalement dans un petit rire entendu, convaincu que Swann ne serait pas tenté de lui donner tort sur ce point. Ce voyage avait eu de très bons cotés, mais pour ce qui était de la randonnée il valait probablement mieux qu'ils s'en tiennent à quelque chose de plus traditionnel la prochaine fois.

“Qu’est-ce que tu dirais qu’on reporte ce problème à plus tard ?” Rory secoua doucement la tête, cherchant par là à faire comprendre à son petit-ami qu'il n'y voyait aucun inconvénient, loin de là. Dîner était bien la dernière de ses préoccupations lorsqu'il pouvait comme ici profiter de sa proximité avec l'anglais pour couvrir sa peau de baisers et initier des contacts qui n'avaient jamais paru aussi nécessaires que depuis qu'il passait une bonne partie de ses journées immobile. « J'en dirais que c'est une très bonne idée. » Et bien qu'il soit toujours un peu plus tendu qu'il ne le voudrait à l'idée qu'on manipule sa jambe blessée, Swann ne mettrait assurément qu'une seconde à le convaincre de se détendre. Pour l'heure, c'est à sa jambe indemne que Swann dédia des gestes d'une infinie tendresse, étirant un sourire attendri sur les lèvres de l'acteur à mesure que la pression de ses doigts lui procurait un profond bien-être. Il en avait besoin, après les dernières semaines et tout ce que sa chute avait impliqué comme bouleversements dans leur quotidien. Et une fois encore, Swann avait à peine besoin de sonder son regard pour savoir exactement comment apaiser le trop plein d'émotion avec lequel Rory composait péniblement au quotidien. A commencer par beaucoup de frustration, qui ce soir pourtant se dissipait pour laisser place à la joie d'oublier pour quelques instants la douleur qui accompagnait la majeure partie de ses journées. “C’est le traitement spécial Rory, ça, c’est promis.” Un doux rire filtra d'entre ses lèvres au contact de celles de son petit-ami sur sa peau. Oh, Rory ne viendrait pas même à douter un seul instant que Swann n'ait jamais eu aucun geste déplacé à l'égard de ses autres patients, et pas uniquement parce qu'il le savait bien trop respectueux et professionnel pour ça. Il avait envers lui une confiance totale et ce à tout instant. « Tu fais pas la même chose à tes patients septuagénaires ? Ça alors. » Il s'amusa, non sans profiter de leur proximité pour glisser ses doigts dans les cheveux de Swann. Être à nouveau aussi proche de lui réchauffait son cœur d'un millier de façons tant les dernières semaines avaient été éprouvantes aussi à ce niveau-là. Si la tendresse n'avait jamais manqué et que Swann se montrait tout particulièrement attentionné avec lui depuis l'accident, leur intimité s'était trouvée chamboulée par sa blessure. “Je l’avais pas vu depuis des années.” Et doucement, son regard suivit celui de Swann lorsqu'il le déposa sur la plante de son pied, sa peau dévoilant le tatouage qu'il y avait fait faire des années auparavant, tout comme Swann. Le cœur rempli d'émotion en y repensant, Rory songeait que le dessin n'avait pas perdu de son symbolisme même maintenant qu'ils pouvaient assumer leur amour ouvertement. Il restera toujours leur petit secret, celui qui leur rappellerait également tout le chemin qu'ils avaient parcouru. « Tu es toujours le seul à pouvoir le voir, ça ça n'a pas changé. » Et il ne pouvait pas s'empêcher de trouver ça romantique, encore aujourd'hui, et même alors qu'il ne viendrait plus à le cacher de la même façon qu'à l'époque. Ça restait quelque chose qui n'existait officiellement qu'aux yeux de Swann, et il aimait toujours autant cette idée.

“Je vais te masser l’autre jambe.” Et de la même façon qu'un peu plus tôt, Rory n'opposa pas la moindre résistance et s'en remit entièrement aux gestes de son petit-ami. Il avait confiance en le kinésithérapeute qu'il était, bien sûr, mais aussi en l'homme tendre et attentif qu'il était avant tout à ses yeux. Quand bien même la douleur n'était jamais bien loin, la seule présence de Swann suffisait déjà à ce qu'il pense à tout autre chose. Parce qu'il était bien trop occupé à le dévorer du regard et à lui rendre chacun de ses sourires pour prêter attention aux signaux de détresse envoyés par son corps. Les seuls signaux auxquels Rory acceptait à cet instant de prêter attention étaient d'un tout autre genre, à vrai dire, quand bien même il n'était peut être pas censé nourrir ce genre de pensées lorsque Swann s'appliquait à le masser avec autant de minutie. C'était tout un ensemble de choses qui rendait la moindre proximité troublante entre son petit-ami et lui : il l'aimait plus que tout et le désirait jusque dans chaque pan de son être, à tel point que ces longues soirées passées à limiter leurs contacts physiques pour ne pas risquer d'empirer son état étaient à chaque fois une torture. Tout ce que Rory voulait, c'était retrouver ces moments suspendus avec l'homme qu'il aimait, ces mêmes moments souvent ponctués de longues et nombreuses sérénades – mais aussi de beaucoup, beaucoup d'autres moments toujours très agréables, eux aussi. Ainsi lorsque Swann vint finalement se poser face à lui et qu'il perçut dans son regard un reflet bien différent, c'est une pointe de malice qui perça dans son sourire. “C’est purement pour ta rémission, ne va pas te faire d’idées.” Oh, il le connaissait trop bien pour savoir que Swann avait une idée derrière la tête et que selon toute vraisemblance, elle ne devrait pas lui déplaire un seul instant. Non pas que Rory ait de toute façon l'intention de l'interrompre, surtout alors que les mains de son petit-ami s'employaient déjà à lui retirer sans jogging sans qu'encore une fois Rory n'ait l'idée de s'en plaindre. Au lieu de ça, il cacha son visage rougissant derrière l'une de ses paumes, réagissant comme un adolescent qui comprendrait que la soirée était sur le point de prendre une tournure cette fois bien différente – pour son plus grand plaisir. Oh non, que personne ne compte sur lui pour l'interrompre. « Personne ne pourrait mettre en doute ton éthique professionnelle. » Bien sûr, et surtout pas Rory maintenant qu'il avait tout le loisir de profiter du moindre contact des doigts de son petit-ami tout près d'une zone qui n'avait cette fois plus rien à voir avec sa jambe blessée. Son sexe accueillit ainsi ses caresses avec le plus grand plaisir, Rory dès lors bien incapable de contrôler les tressaillements de son corps ou la manière dont sa tête retomba lourdement contre le dossier du canapé. La respiration haletante, le torse cambré, il savourait la moindre caresse comme si son intimité n'en avait plus accueilli depuis bien trop longtemps. Le balais dispensé à son tour par les lèvres de son petit-ami lui tira même un gémissement rauque, de ceux qu'il n'eut pas le temps d'étouffer. Ils n'avaient plus rien à cacher, de toute manière, et certainement pas le plaisir qu'ils pouvaient s'offrir comme n'importe quel autre couple heureux et épanoui. « Swann... » Continue, s'il te plaît. Chacune de ses terminaisons nerveuses ne pouvait faire autrement que de répondre au désir que Swann attisait en lui, ses lèvres délivrant autant de soupires que son corps accueillait de vagues de chaleur. Tout était si délectable, si précieux, si bouleversant. Parce qu'il n'était pas seulement question de désir, ni du besoin de plus en plus impétueux qu'il éprouvait de faire l'amour avec son petit-ami, mais que chacun des longs regards qu'ils échangeaient à cet instant témoignaient surtout de l'amour qu'ils se portaient. "Et j'avais aucune idée derrière la tête en te proposant un massage." Ses soupires se mêlaient à des rires eux aussi gorgés de plaisir, ses doigts ne tardant pas à retrouver le chemin de la chevelure du blond pour jouer plusieurs secondes avec ses boucles. « Tu n'es plus très crédible depuis au moins... » Rory se mordit la lèvre inférieure, les traits de son visage figés par le plaisir. « Oh, deux bonnes minutes. » Tout autant de minutes passées à se délecter de la moindre de ses initiatives, subjugué par la capacité de Swann à lui faire oublier tout le reste même lorsque la seule idée de partager ces moments-là avec lui paraissait encore surréaliste une poignée de minutes plus tôt. Pourtant, il n'avait plus la tête à discuter de quoi que ce soit. « C'est pas du tout raisonnable, pas vrai ? » Mais peut être qu'ils l'avaient trop été, jusqu'ici, agissant comme si l'acteur était en sucre et risquait de se briser à la moindre étreinte un peu trop langoureuse. Rory ne voulait plus de ça, il ne voulait plus faire attention. C'était lui qu'il voulait, et lui faire tout autant de bien que Swann à cet instant. Et ça valait bien de prendre quelques risques. « On s'en moque. » Et c'est sans attendre davantage qu'il saisit doucement le col de son petit-ami pour le ramener contre lui et fondre sur ses lèvres avec envie. Sans attendre davantage, là encore, qu'il le fit basculer sur le canapé sans éloigner leurs visages l'un de l'autre, penché au-dessus de lui en veillant à ne pas trop prendre appui sur sa jambe droite, de toute façon trop occupé à prolonger leur baiser avec passion. Ses lèvres glissèrent finalement dans le cou de Swann, déposant leur empreinte partout sur son épiderme tandis qu'une de ses mains descendit malicieusement jusqu'à s'emparer de la boucle de sa ceinture. Ses doigts défirent celle-ci dans des gestes empressés et chargés de désir, faisant disparaître le pantalon de l'anglais sans le moindre regret. Un sourire entendu fendit le coin de ses lèvres. « J'éviterai juste de mentionner cette partie au médecin la prochaine fois que je le verrai... » Il rit tout contre la peau de Swann, désormais affairé à déboutonner sa chemise et en écarter les pans pour déposer de brûlants baisers contre sa peau. Des baisers qui suivirent la trajectoire de ses lèvres lorsque celles-ci glissèrent sur son torse, courant le long de sa peau avant de trouver place à leur tour autour du sexe de son petit-ami. Et ses doigts de prendre le relais lorsqu'il ne résistait pas à l'envie de lui offrir un nouveau baiser. « C'est la Saint-Valentin, les voisins nous tiendront sûrement pas rigueur du tapage nocturne. » Oh, c'est qu'il n'avait plus la moindre intention d'être raisonnable, occultant désormais sa blessure autant que les diverses recommandations des médecins. Pour preuve, c'est dans une étreinte brûlante qu'il continua d'attiser son désir et fit dans le même temps disparaître le reste de ses vêtements.

Les questions de l’anglais comprennent des dizaines de sous-entendus inquiets sur l’état de santé de son petit-ami et surtout la capacité de son corps à se remettre d’une telle blessure. Ce n’est pas de la force de Rory qu’il doute, pas même de son courage, mais il ne sait que trop bien que toute la bonne volonté du monde n’est parfois pas suffisante pour aller de l’avant. Pour autant, il fait de son mieux pour garder son inquiétude au fond de son cœur et ne pas faire de ses yeux le miroir de son âme, quand bien même la main qu’il laisse glisser tendrement contre les mèches brunes de l’acteur ne pourraient berner personne. Surtout pas ce dernier. « Pas ces derniers jours. » Il l’écoute donc se confier bien malgré lui sur des médicaments dont il n’arrive pas à espacer les doses autant que les médecins le lui avaient demandé. Bien plus que d’avoir le réflexe de se soucier des conséquences de prises rapprochées, Swann pense avant tout en tant que petit-ami et ne peut qu’en venir à la triste conclusion que la seule chose qui l’empêche de suivre les recommandations est une douleur trop forte pour être supportable. Et s’il se doutait évidemment que Rory avait connu de meilleurs jours, il espérait encore naïvement que les progrès de la médecine étaient suffisants pour qu’il ne souffre pas à un tel point. Désormais, ses yeux ne le quittent plus alors que ses doigts, eux, se laissent faire entre ceux de son petit-ami dont il devine aisément le mal-être. « J'essaie, mais la douleur est souvent trop forte. » Swann dépose un baiser contre son épaule avec un espoir enfantin: celui qu’il fasse office de bisou magique et l’allège de ses douleurs, ou les fasse même peut-être disparaître. A son tour, la façon qu’il a de froncer légèrement les sourcils ne peut que démontrer à quel point le blond s’en fait pour l’homme qu’il aime, surtout alors qu’il sait à quel point il ne supporte pas l’idée de rester dans l’appartement sans rien faire. “C’est pas de ta faute.” Rory n’a rien dit de tel, mais il ne peut en retour qu’imaginer ses pensées les plus tristes et sombres. Il le connaît assez pour savoir qu’il voudra prendre le blâme seul, de façon totalement injustifiée. Rien ni personne n’aurait pu anticiper sa chute, ni même le fait qu’elle soit aussi lourde de conséquences, quand bien même Swann s’estimera toujours chanceux qu’elle ne lui ait pas été fatale. Durant tout son transport jusqu’à l’hôpital ainsi que les premières heures dans ce dernier, jusqu’à ce que le verdict tombe, il n’avait eu de cesse de craindre le pire.

« Et même si je prenais sur moi pour essayer d'espacer les prises, je sais que la douleur peut vraiment jouer sur mon humeur et j'ai pas envie que tu doives supporter un petit-ami grincheux et sinistre en rentrant le soir. » Oh, Rory. Le blond esquisse un sourire fugace mais ému alors qu’il relève son dos du canapé pour faire plus aisément face au brun. Désormais, ses doigts caressent la base de sa nuque, énième tentative enfantine pour le rassurer. “J’ai déjà supporté Matt après qu’il ait perdu un beer pong, tu sais. Deux fois.” Bien loin des chaudes larmes qui accompagnaient l’évocation de son frère il y a peu encore, c’est avec nostalgie que Swann tente d’aller de l’avant. Aujourd’hui, le prénom de Matt est prononcé avec douceur, voué à tenter de calmer le cœur agité de son petit-ami éternellement occupé à s’en faire pour le reste du monde avant lui-même. L’anglais utilise des tactiques détournées pour ne pas faire davantage encore peser l’ambiance, mais bien vite il ne peut que se reprendre et devenir un peu plus sérieux. “C’est pas à moi que tu dois penser dans ces moments là. Je resterai, peu importe ton humeur. Tu te souviens? On a traversé beaucoup trop de choses pour que je te laisse me filer entre les doigts.” D’un ton doux, apaisé, Swann statue la seule vérité qui soit digne de passer avant toutes les autres: il l’aime, pour le meilleur et pour le pire. Si Rory prend ses anti-douleurs, cela ne doit être que parce qu’il en a besoin, et non parce qu’il pourrait craindre les possibles conséquences sur le blond en retour. S’il n’est bien sûr pas enjoué à l’idée de partager le quotidien d’un Rory à cran, il voudrait encore moins le laisser seul durant une telle période. “J’aurai plus à m’absenter aussi longtemps, maintenant. Je resterai avec toi à attendre qu’on nous donne des nouvelles du chiot.” Le chiot à qui ils n’ont toujours pas donné de prénom encore, par superstition sans doute. Qu’importe. Swann ne doute pas un seul instant qu’il pourra bientôt courir dans le loft et tout mettre sans dessus dessous, ce n’est qu’une question de temps. Il s’est arrangé pour condenser tous ses rendez-vous le plus rapidement possible et désormais, il sait pouvoir passer autant de temps que possible au loft sans que rien d’autre ne l’en empêche, pas même la vie d’adulte. Le bien-être de Rory est ce qui prime, il n’aura désormais plus le coeur serré à l’idée de le laisser seul à broyer du noir. Ils passeront sans doute tout autant leurs journées dans le canapé, mais l’anglais sait que sa présence donnera au moins une saveur différente à la chose. Il sera là pour l’enlacer, l’embrasser, le rassurer. Quoi qu’il advienne, et quelle que soit son humeur. « Je veux pas te rendre les choses encore plus pénibles. Quand on est tous les deux, j'ai pas envie de perdre une seule seconde simplement parce que j'ai mal. » Swann le laisse reposer son front contre le sien, profitant de la chaleur de sa peau contre la sienne, se rassurant de la sensation de son souffle contre son cou par la même occasion. “J’ai prévu de passer le reste de ma vie avec toi, Rory. Tu ne vas pas pouvoir prendre sur toi pendant encore cinquante ans.” Il souffle doucement, loin de lui tenir une leçon. Ce ne sont pas les rêves d’un enfant qu’il lui esquisse là, mais bien la façon dont il envisage sérieusement son futur: il sait ce à quoi ressemble une vie sans Rory auprès de lui, et pour rien au monde il ne voudrait y retourner. Le brun a toujours été une présence positive à ses côtés, mais il n’en est pas moins humain pour autant et il serait normal qu’il ne soit pas éternellement au meilleur de ses capacités. Swann peut aisément l’entendre et, surtout, il ne veut pas être la raison pour laquelle l’acteur prendrait autant sur lui. Il veut croire qu’il peut l’aider, à son échelle au moins, en trouvant mille et une astuces pour lui épargner quelques degrés de douleur, et tant pis si cela se fait avec un caractère exécrable en face de lui. Swann saurait que ce n’est que la douleur qui parle, et non l’homme qu’il aime. “On a tout le temps du monde, maintenant. Tu continues d’agir comme si j’allais sortir de ta vie au moindre problème.” Et pour lui assurer que cela ne risque pas d’arriver, la tête du blond bascule pour partager un baiser empli de sous-entendus avec lui. Leur relation est connue de leur entourage et ce n’est qu’une question de temps avant que la presse le sache à son tour, ce qui n’est plus une peur paralysante aux yeux du blond. A vrai dire, plus rien ni personne ne pourrait le faire s’éloigner de Rory à présent, pas même ce dernier lui-même, et il estime qu’il ne le répétera jamais assez, surtout après avoir passé ces dernières années à craindre tout et son contraire. Les choses changent, et lui aussi.

La blague qu’il partage au sujet de Doctor Who fait mouche, entendre le rire de son petit-ami est à son tour tout ce dont il a besoin pour se sentir rassuré et se dire que tout n’est pas si pire. « Et puis tu sais, ça m'apaise de te regarder dormir dans ces moments-là. Souvent je me demande si tu es entrain de rêver, puis j'essaie de te dire quelques mots tout en sachant que même s'il t'arrive de me répondre, tu te souviendras de rien le lendemain matin. » Swann esquisse un sourire gêné, touché aussi sans doute. Ce n’est pas le genre de paroles auxquelles il s'attendait au milieu d’une telle discussion. Jamais il n’aurait pu se douter que de telles scènes avaient lieu certains soirs. S’il a toujours eu le sommeil léger, les choses sont bien différentes lorsqu’il partage le même lit que l’australien et se sent donc parfaitement en sécurité et à l’aise. « D'accord, je passe pas toutes mes nuits à te regarder dormir, alors va pas t'imaginer que c'est mon plaisir coupable. » Et finalement, le rire de Rory trouve écho dans celui de son petit-ami. Bien sûr que c’est ce qu’il était déjà en train de s’imaginer, et bien sûr que non son avis ne changera pas. Peu importe, finalement. “La première fois où on a dormi ensemble, j’arrêtais pas de me réveiller. Je crois que c’est parce que j’avais trop peur que ce soit un rêve.” Mais dès qu’il ouvrait les yeux, il retrouvait le corps du brun dans la pénombre et pouvait sentir la chaleur de son corps, ce qui suffisait à rassurer le cœur déjà battant d’un Swann attristé. Tout était réel, et tout l’a toujours été depuis. “J’ai rien dit de compromettant au moins, rassure moi ?” Il reprend pourtant dans un nouveau rire, ne soulevant pas le fait que Rory occupe ses nuits à garder les yeux ouverts. Il sait déjà qu’il s’en fait bien assez pour lui, Swann ne veut pas lui donner de raisons supplémentaires de s’en vouloir, surtout alors qu’il participe apparemment à l’apaiser sans même le savoir. « Je sais que ça va paraître étrange, mais c'est comme si une partie de moi avait su avant même que notre histoire commence qu'on serait ici, six ans plus tard, à vivre cette vie-là. » Le sourire de Rory est troublé, alors celui de Swann se veut rayonnant pour eux deux. Il croit bien moins en certains signes que lui mais ne voudrait jamais remettre en question la parole du brun à ce sujet. Il aura simplement eu besoin de plus de temps que lui pour se rendre compte de l’évidence de leur relation, autant que du fait que leur amitié n’en a toujours eu que le nom. Bien sûr que Rory a été pour lui un coup de foudre absolu, il n’a simplement jamais voulu se l’avouer avant que ce soit ce dernier qui fasse le premier pas et rendre le moindre battement de cœur évident. « C'est insensé parce que j'étais même pas certain de trouver un jour le courage de t'avouer ce que je ressentais, pourtant ça je l'ai toujours su. » Et s’il n’avait pas déjà passé les dernières minutes à l’embrasser, nul doute que l’anglais aurait recommencé une fois de plus. “J’étais pas capable de voir les choses comme toi, mais je suis heureux que tu aies cette place là dans ma vie aujourd’hui.” Et heureux n’est qu’un vulgaire euphémisme pour parler de tout ce qu’il ressent dès qu’il est question de Rory. Il continue d’espérer qu’ils n’en sont qu’aux prémices de leur histoire et que bien au delà de pouvoir le qualifier de petit-ami, il deviendra un jour son mari et le père d’un enfant qu’ils élèveront dans l’amour le plus total. Et ça, tout ça, ce sont les raisons exactes pour lesquelles Swann ne peut décemment pas craindre que ce soit un mauvais caractère dû à la douleur qui puisse les éloigner d’aucune façon. Leur avenir est déjà tracé, et il est bien différent.

Et si c’est effectivement dans un énième rire qu’ils passent le pacte de ne plus recommencer de via ferrata avant un certain moment, l’ambiance devient rapidement bien plus nostalgique lorsque Swann évoque avec douceur le tatouage du brun, partagé sur la voûte de son pied. « Tu es toujours le seul à pouvoir le voir, ça ça n'a pas changé. » Il relève ses yeux en sa direction, partageant bien malgré lui un sourire rempli d’émotions. Plus que jamais, il se demande comment il a pu être stupide au point de se convaincre qu’ils pourraient passer une meilleure vie sans être l’un auprès de l’autre. Finalement, ce n’est que sa conscience professionnelle et son envie de soulager au mieux les muscles de l’acteur qu’il se concentre sur son massage et évite ainsi de lui répéter à chaque seconde ô combien il l’aime. A défaut, ce sont autant de sourires qu’il partage en sa direction, s’assurant par la même occasion qu’il n’est pas en train de manipuler une zone douloureuse pour lui. Il a beau connaître son dossier médical par cœur, Swann sait à quel point le corps humain peut parfois se trouver capricieux. Et justement, il est lâche au point d’utiliser l’argument de sa rémission pour se montrer plus malicieux, continuant son massage sur une zone bien plus intime de son corps, laquelle il espère aussi être le seul à pouvoir voir. Rien qui ne se fasse dans un sourire un peu plus immense encore, pourtant, alors qu’il ne laisse pas un seul instant planer le doute sur ses intentions. « Personne ne pourrait mettre en doute ton éthique professionnelle. » Non, bien sûr, cela va de soi que si l’anglais est déjà en train de lui faire une fellation, cela n’a rien d’autre à voir qu’avec sa rémission, et surtout rien de personnel. C’est un mensonge qui a de quoi l’amuser, c’est certain, mais ce sont surtout les premières réponses instinctives de son petit-ami qui animent en retour son propre désir alors qu’il retrouve l’écho de ses gestes dans la cambrure de son corps et les gémissements sourds qui prennent peu à peu possession des lieux. « Swann... » C’est sans doute ainsi qu’il préfère entendre son prénom prononcé par Rory, sans doute parce que cela lui a manqué durant bien trop longtemps ; sans doute aussi parce que cela le persuade à son tour de s’appliquer un peu plus encore tout en augmentant la vitesse de ses caresses. Il n’a pas besoin de mots pour comprendre, devinant déjà les battements de cœur accélérés de son petit-ami allant de pair avec son souffle devenu sonore. Les siens n’en sont pas en reste, il faut bien le dire, et lorsque les doigts du brun se retrouvent contre ses cheveux, cela n’est en rien pour calmer son désir. « Tu n'es plus très crédible depuis au moins... » Amusé par la pause rendue nécessaire à cause du contexte et de la façon dont Rory répond à la moindre de ses caresses, le blond relève la tête un instant dans un sourire. Ce sont ses doigts qui prennent le relais le temps d’une seconde. « Oh, deux bonnes minutes. » Ses lèvres animées de l’éternel même sourire, il en profite pour embrasser son torse et le moindre grain de peau se trouvant à sa portée, gardant ses réponses pour plus tard, jugeant avoir bien mieux à faire en cet instant, envieux de procurer à l’homme qu’il aime autant de plaisir que possible. Peut-être que ce devrait être la solution pour lui faire oublier sa blessure et ses douleurs de façon générale - et auquel cas, Swann serait bien volontiers présent dès qu’il en ressentirait l’envie et le besoin.

« C'est pas du tout raisonnable, pas vrai ? » Non, sûrement pas, mais l’homme qui continue de jouer de son intimité ne semble pas enclin à calmer le jeu entre eux. Le médecin, lui, ne répond pas à l’appel, ses propres pensées étant bien loin de quoi que ce soit de raisonnable alors qu’il imagine déjà évidemment la suite de leur échange. « On s'en moque. » Et même s’il n’osera sûrement jamais l’avouer, c’est sans nul doute la réponse qu’il espérait le plus entendre, raison pour laquelle il n’oppose aucune résistance lorsque Rory l’attire à lui pour l’embrasser. Ses lèvres ne font qu’un avec les siennes, dans une danse bien différente que tous les baisers qu’il avait déjà pu partager avec lui depuis son retour. Désormais, leur désir est un peu plus évident encore à chaque nouvelle seconde, en témoigne le sourire que l’anglais n’arrive pas totalement à faire disparaître derrière ses baisers et son corps retrouvant le canapé sous l’impulsion de Rory. “Doucement, doucement.” Il trouve pourtant le temps d’annoncer, bien plus pour son petit-ami que pour lui-même. Il n’oublie pas sa blessure, cela n’a absolument rien à voir avec une envie de sa part de ralentir les choses entre eux. C’est sans doute tout le contraire, alors que ses mains se faufilent contre son t-shirt pour remonter le long de son torse brûlant et qu’en retour, Rory est lui aussi occupé à décupler l’excitation du blond. Lorsque l’empreinte de ses lèvres devient absente des siennes, l’anglais les rend prisonnières de ses propres incisives, sujet au plaisir coupable des baisers que le brun éparpille contre son cou. A son tour, il se retrouve bien incapable de rester purement immobile, l’agitation de son torse parlant pour le reste de son corps, surtout alors que l’acteur entreprend à son tour de lui procurer un désir bien plus intime, laissant Swann oublier bien volontiers le moindre de ses vêtements. « J'éviterai juste de mentionner cette partie au médecin la prochaine fois que je le verrai... » Le rire de l’anglais se fait brièvement entendre alors qu’il profite encore de la proximité de son petit-ami pour déposer un baiser contre son épaule, seule partie de son corps rendue accessible à ses lèvres. “Oh, vraiment ?” Qu’il demande faussement à son tour, jouant d’une fausse innocence qui ne duperait personne en cet instant. Rapidement, sa contribution se résume à un souffle agité lorsque les lèvres de Rory trouvent à leur tour son propre sexe et qu’il n’a aucune raison de garder pour lui le plaisir qu’une telle initiative lui procure. « C'est la Saint-Valentin, les voisins nous tiendront sûrement pas rigueur du tapage nocturne. » Ses doigts noués autour des mèches du brun, il le garde encore une seconde près de lui, prolongeant encore un peu plus leur baiser ardent, n’y mettant fin simplement parce qu’il sait qu’il aimera tout autant la suite de leur échange alors qu’il observe le visage de son petit-ami redescendre le long de son corps. A son tour, c’est dans un écho bien différent de leur quotidien qu’il répète le prénom de l’homme qu’il aime, encore et encore, se gardant pourtant bien d’augmenter le niveau sonore. Ce sont des instants qui n’appartiennent qu’à eux, et cela n’est pas voué à changer.

Ce qui n’est pas voué à changer non plus, c’est bien la passion de leurs échanges intimes, surtout alors que Swann ne pouvait que se trouver être un peu plus désireux encore de retrouver son petit-ami dans une version aussi intime dans leur couple, après avoir évité pendant de longues semaines d’aller plus loin que de simples étreintes et autres baisers. Ce qu’il oublie bien rapidement aussi, c’est justement que les choses sont différentes aujourd’hui et que Rory n’est pas au meilleur de sa forme, bien au contraire, et ce peu importe à quel point il l’occulte lui-même. Il doit se ménager, c’est une évidence chassée par le désir de l’anglais de prolonger leur échange, animée par le besoin d’aller un peu plus loin encore alors que son corps est animé d’un plaisir évident. C’est à son tour qu’il retrouve les lèvres du brun pour changer leurs positions, le faisant de nouveau s’asseoir dans le seul but de se placer au dessus de lui avec la seule envie d’aller au bout des choses, au point où il peine finalement même à continuer leur baiser, ses lèvres trouvant refuge contre le cou du brun. Ses gémissements se font entendre au rythme des va-et-vient, ses doigts s’enfonçant quelque peu dans la chair du torse du brun. Et pour autant, c’est un misérable geste de sa part qui vient aussitôt changer l’ambiance de leur échange. Ayant sans doute trop oublié tout ce qui les entourait, l’anglais se penche malgré lui en arrière et si se retenir à une de ses jambes d’une main ne pose aucun problème, il a le réflexe de poser la seconde à l’exacte même endroit où se trouve la blessure du brun. Ce sont des grognements qui effacent tous les prénoms, tous les gémissements sourds aussi. Swann se redresse aussitôt en comprenant l’erreur de son geste mais, déjà, il anticipe aussi que la douleur désormais ravivée ne saurait être repoussée par un baiser. “Merde. Merde, je suis désolé. J’ai pas fait exprès, je…” Ses yeux tentent de trouver les siens, arrondis par une certaine panique, alors qu’il se retire déjà de dessus lui pour plutôt se pencher sur sa plaie et tenter de trouver un moyen d’arranger les choses. “Ça va ?” Swann demande alors bien malgré lui, les sourcils froncés et le visage inquiet à l’idée que la réponse ne puisse qu’être négative. "Parle moi, s'il te plaît." Déjà, il sait qu’il vient de gâcher les choses et que tout va bien au delà d’un simple moment charnel avorté.

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“C’est pas de ta faute.” Ces mots, sans doute qu'une part de lui avait besoin de les entendre, ainsi c'est un doux apaisement qui réchauffa son cœur au contact des lèvres de Swann contre sa peau. Il n'était peut être pas responsable de l'accident – quoi qu'il trouverait sûrement une raison de s'en blâmer, s'il cherchait bien – mais Rory ne pouvait s'empêcher de se reprocher la manière dont cette douleur invalidante régissait leur vie depuis plusieurs semaines. La manière dont il la laissait presque tout contrôler, au point que des choses aussi naturelles que serrer son petit-ami contre lui ou partager un moment d'intimité soient devenues beaucoup plus difficiles à mettre en place. Avant, ils n'avaient jamais à trop réfléchir et ne savaient jamais non plus rester bien longtemps loin l'un de l'autre. Avant, un soir de Saint-Valentin aurait été le prétexte pour initier des rapprochements avec son petit-ami et remettre à plus tard ces histoires de repas. Peut être alors que c'était son instinct d'ancien sportif qui continuait de le tourmenter, l'acteur se voyant inévitablement rattrapé par le souvenir de son ancienne blessure, celle par la faute de qui il avait fait une croix sur le football. Peut être que Rory redoutait de montrer cette même faiblesse aujourd'hui. Quand bien même il savait que ce n'était pas de cette façon que le percevait Swann, pas plus que le reste de son entourage. Ces choses-là restaient bien plus ancrées en lui qu'il n'aimait le prétendre et si les regrets d'hier n'en étaient plus vraiment aujourd'hui, une part de lui ressentait le besoin de se battre deux fois plus pour prouver que c'était différent, cette fois. Que c'était temporaire, et que s'il gardait le pleine contrôle de la douleur alors tout n'en serait fini que plus vite.

Ce qu'il craignait bien plus que d'avoir mal, pourtant, c'était que la douleur affecte la personne qu'il était au contact de Swann, à tel point que son petit-ami puisse en pâtir. Lorsqu'une crise de douleur le prenait au dépourvu alors qu'il était seul, Rory trouvait toujours le moyen de gagner du temps avant que les médicaments s'avèrent finalement sa meilleure option pour espérer profiter d'une accalmie durable. Mais lorsqu'il se savait sur le point de retrouver Swann, et comme ce soir de passer la soirée auprès de lui, tout était très différent. L'idée que sa blessure se réveille au moment où ils seraient enfin réunis, après des heures passées à attendre après son retour, était toujours une raison valable pour que Rory se rabatte sur la boite de calmants plus tôt qu'il ne le devrait. Il n'était pas vraiment déraisonnable, parce qu'il était entouré de médecins et ne savait que trop bien les risques qu'il encourrait à braver leurs recommandations pour n'en faire qu'à sa tête. C'était simplement deux prises un peu trop rapprochées, de temps en temps, ou une prise de trop à la fin de la journée. Ça ne pouvait sans doute pas vraiment faire de mal, puisque ces médicaments lui avaient été prescrits pour son bien et que Swann le premier les avaient approuvé. Si ? “J’ai déjà supporté Matt après qu’il ait perdu un beer pong, tu sais. Deux fois.” Un rire doux et ému franchit ses lèvres tandis que ses doigts répondirent aux caresses de Swann, espérant à leur tour apaiser le léger pincement au cœur que ces souvenirs provoquaient toujours chez son petit-ami, quand bien même Rory savait qu'il ne repensait plus au décès de son frère avec autant de tristesse et de douleur qu'avant. Swann avait fait du chemin et Rory continuait d'être à ses cotés à mesure que la plaie se refermait et que l'anglais pouvait se raccrocher à ses souvenirs heureux avec Matt. « Et j'aime toujours autant quand tu racontes cette histoire, même si j'ai du arrêter de compter après la quinzième fois où tu l'as fait. » Mais ça avait bien peu d'importance, et surtout ça suffisait ici à lui changer les idées et lui mettre du baume au cœur. A l'instar de chaque attention de Swann, toujours suffisante pour qu'il retrouve le sourire au moins quelques instants. “C’est pas à moi que tu dois penser dans ces moments là. Je resterai, peu importe ton humeur. Tu te souviens? On a traversé beaucoup trop de choses pour que je te laisse me filer entre les doigts.” Son sourire se fana pourtant lorsqu'il réalisa qu'à vouloir à tout prix préserver l'homme qu'il aimait, il prenait le risque de lui laisser penser que chaque occasion lui faisait craindre de le perdre. Craindre que Swann puisse de nouveau partir, alors même qu'il savait ça impossible depuis qu'ils s'étaient longuement confiés sur ce qu'ils souhaitaient l'un et l'autre, et cet avenir qu'ils avaient à cœur de construire ensemble. « Je sais, Swann. Je sais. » Il souffla tout bas, profitant que son visage soit tout près du sien pour déposer un baiser au coin de ses lèvres. « Et j'ai l'intention d'aller nulle part, moi non plus. Et pas seulement parce que je ferais pas trois mètres avant de me vautrer lamentablement. » A nouveau, c'est un rire que l'acteur émit et qui aida à alléger l'atmosphère. Il va de soi qu'il n'en aurait pas été autrement même si son intégrité physique ne se trouvait pas réduite depuis plusieurs semaines. Et même ça, ce ne serait bientôt plus qu'un mauvais souvenir qu'ils pourraient mettre derrière eux. « Je rêvais juste que les choses soient enfin plus simples. Tu sais que j'adore te voir jouer les infirmiers et je préfère largement l'idée d'être coincé avec des béquilles que celle de vivre un seul instant sans toi, mais... c'est pas la vie que j'espérais t'offrir après qu'on ait officialisé les choses, tous les deux. » En aucun cas il ne voudrait être ailleurs qu'ici, auprès de lui, peu importe les circonstances. Ça lui apparaîtrait toujours comme la perspective la plus heureuse qui soit, la seule qu'il veuille même considérer. Sa place était auprès de Swann, et si certains couples ne résistaient pas à l'épreuve du temps Rory était convaincu qu'il en irait différemment du leur. Parce qu'ils ne seraient sûrement pas ensemble aujourd'hui, après tout ce qui s'était passé, si leur bonheur n'était pas l'un auprès de l'autre. “J’aurai plus à m’absenter aussi longtemps, maintenant. Je resterai avec toi à attendre qu’on nous donne des nouvelles du chiot.” A nouveau, c'est son regard qui s'illumina d'une émotion sans pareil, alors qu'un sourire doux étira ses lèvres à la seule évocation du chiot. « J'ai tellement hâte de le retrouver. Tu crois qu'il s'est ennuyé de nous autant qu'on s'est ennuyés de lui ? » Eux n'avaient fait que penser à l'animal depuis leur retour, quand bien même ils avaient aussi eu d'autres soucis à gérer. Ce chiot était entré dans leur vie dans des circonstances qu'ils n'auraient pas pu prédire avant leur voyage, pourtant c'était comme si l'avoir près d'eux était aujourd'hui une évidence. Leurs projets incluaient la présence de l'animal à leurs cotés depuis déjà plusieurs semaines, comme s'ils savaient qu'ils saisiraient la première occasion de le prendre avec eux. « Je suis sûr que j'irai déjà mieux quand on pourra officiellement l'accueillir. On pourra faire de longues balades sur la plage tous les trois. » Rory les y voyait déjà, cette vie-là lui semblait plus que jamais à portée de main tout comme celle qu'il avait à cœur de construire avec Swann. Celle où il ne serait pas seulement question d'un chiot, aussi adorable soit-il, mais de bambins pressés eux aussi de découvrir les environs et de s'émerveiller d'un rien. Et tout serait véritablement comme il l'avait toujours rêvé.

En attendant, tout ce qu'il pouvait faire était s'assurer de ne pas leur compliquer les choses s'il pouvait l'éviter. De ne pas surmener Swann, surtout, qui en faisait déjà beaucoup pour lui depuis l'accident et ne ménageait pas ses efforts pour que l'acteur goûte à un confort intact malgré cette blessure quelques peu handicapante. Si Swann pensait toujours aux autres de bon cœur, c'était le rôle de Rory de s'assurer que l'on pense aussi à lui. “J’ai prévu de passer le reste de ma vie avec toi, Rory. Tu ne vas pas pouvoir prendre sur toi pendant encore cinquante ans.” Oh, Swann. Passer le reste de sa vie à ses cotés était tout ce qu'il voulait, lui aussi, et s'imaginer cinquante ans dans le futur en compagnie de l'homme de sa vie suffisait à faire fondre son cœur d'émotion. Il ne voulait pas brûler les étapes et plutôt profiter de chaque instant, mais il lui tardait de vivre de nombreux bonheurs avec lui. “On a tout le temps du monde, maintenant. Tu continues d’agir comme si j’allais sortir de ta vie au moindre problème.” La voilà, la crainte qu'il éprouvait depuis le début de cette conversation. La pensée qu'il redoutait tant de faire germer dans l'esprit de son petit-ami. « Non, c'est pas... » C'était la dernière chose qu'il voulait lui laisser penser et par chance le baiser empli de tendresse que Swann déposa sur ses lèvres apaisa une part de sa culpabilité. Mais pas au point que Rory résiste au besoin de le rassurer autant qu'il méritait de l'être. « C'est pas ce que je pense, Swann. Je crois en nous, et je sais qu'on en serait pas là tous les deux après autant d'épreuves si on était pas faits l'un pour l'autre. Et je te jure que pas un jour ne passe sans que je me considère infiniment chanceux pour ça. » Infiniment chanceux d'être sa bonne personne, tandis que Swann était la sienne en retour. Son cœur lui avait toujours appartenu pour une bonne raison, et ce n'était pas une blessure vouée à durer quelques semaines qui y changerait quoi que ce soit. Bien loin de là. « J'ai peur d'être un poids sur tes épaules, mais pas de te voir partir. Je sais qu'on en est plus là et si à une époque j'ai pu redouter que tu veuilles peut être faire marche arrière, je te promets qu'elle est révolue. » Cette pensée avait pu lui traverser l'esprit lorsqu'ils en étaient encore à reprendre leurs marques et qu'ils n'avaient pas encore officialisé les choses auprès de leur entourage. Rory s'était préparé à chaque éventualité, simplement pour laisser à Swann l'occasion de changer d'avis s'il en éprouvait le besoin. Et qu'il n'ait finalement jamais considéré revenir en arrière était depuis un bonheur de chaque instant. Aujourd'hui, il ne doutait aucunement de leur amour ni de leur avenir ensemble. « Je jure de te le dire, la prochaine fois que la douleur sera insupportable. Et de pas simplement prendre un cachet pour t'éviter d'avoir à gérer ça. » C'était une vraie promesse, pas juste une chose qu'il lui disait en espérant que ça le rassurerait ou leur permettrait de passer une bonne soirée. Il savait qu'il pouvait absolument tout dire à Swann et c'est précisément parce que son petit-ami voudrait se rendre utile qu'il pensait au départ lui épargner une partie de ses tourments. Mais Rory était bien placé pour savoir que c'était chose vaine avec Swann, alors pour ça aussi ils partageraient tout.

Confier sa tendance à le regarder dormir n'était finalement qu'à peine honteux puisque Swann savait déjà combien son sommeil pouvait être léger, déjà avant sa blessure. Ça avait toujours été le cas, aussi loin que Rory s'en souvienne, pourtant la seule présence de l'anglais à ses cotés tendait depuis des années à apaiser ces moments-là. A vrai dire, chaque soir où ils faisaient l'amour – et rares étaient ceux où ne s'endormaient pas dans les bras l'un de l'autre – le sommeil le trouvait bien plus facilement que d'ordinaire. Ces derniers jours, simplement, leurs nuits se voulaient un peu différentes et les siennes, forcément, un peu plus longues. “La première fois où on a dormi ensemble, j’arrêtais pas de me réveiller. Je crois que c’est parce que j’avais trop peur que ce soit un rêve.” Un sourire infiniment attendri sur les lèvres, Rory laissa sa main glisser contre la joue de son petit-ami dans une longue et douce caresse. Y repenser le rendait heureux, de s'être battu pour l'avoir dans sa vie autant que de tout le chemin qu'ils avaient parcouru ensemble. “J’ai rien dit de compromettant au moins, rassure moi ?” « T'as juste prononcé le prénom du facteur plusieurs fois, mais je suis sûr que c'était rien. » Et bien sûr, au rire qui résonna bientôt autour d'eux, Swann comprendrait qu'il se contentait de le taquiner et de renouer avec une légèreté bienvenue. Ils en avaient bien besoin, et c'était aussi sa manière de décharger l'homme qu'il aimait d'une partie de la pression qui allait malheureusement de paire avec cette situation. Ce n'était pas des moments faciles, mais Rory s'était promis de tout faire pour que les choses rentrent dans l'ordre le plus rapidement possible. En attendant, il pouvait au moins lui assurer qu'il représentait tout pour lui et qu'il avait tenu cette place si importante dans sa vie dès le premier instant, avant même qu'il ne se sente même prêt à mettre des mots sur ses sentiments. Rory avait toujours été un grand sentimental, pour lui la théorie du coup de foudre n'avait rien de fantasque mais il savait que pour Swann, en revanche, les choses avaient mis un peu plus longtemps à lui apparaître de la même façon. Et il l'avait toujours parfaitement compris. “J’étais pas capable de voir les choses comme toi, mais je suis heureux que tu aies cette place là dans ma vie aujourd’hui.” Que leur vision des choses ait pu légèrement différer à l'époque ne changeait rien à l'amour qui les unissait aujourd'hui et au bonheur qu'ils écrivaient jour après jour. Et c'était tout ce qui comptait le plus à ses yeux ; que Swann soit aujourd'hui un homme heureux qui sache combien il l'aimait. « Moi aussi. Tu me rends profondément heureux. » Et cette vie avec lui, qui lui donnait chaque matin et chaque soir une raison de s'éveiller et de s'endormir avec le sourire, et le sentiment d'être exactement là où il était censé être, auprès de la personne faite pour lui.

Les rires et les promesses entremêlées de mots doux laissèrent bientôt la place à une atmosphère bien différence, mais ô combien agréable elle aussi. La pièce fut en effet cette fois remplie des soupires provoqués par les caresses de Swann contre une zone particulièrement intime du corps de l'acteur, et Rory eut bien plus de mal encore à contenir son plaisir lorsque les lèvres de l'anglais prirent leur relais. S'il y avait une infinité de choses qu'il se languissait de pouvoir à nouveau partager avec lui une fois sa jambe guérie, rien n'était comparable au fait de partager son intimité comme avant. Les dernières semaines les avaient forcé à limiter ce genre de contacts mais ce soir, aucun d'entre eux n'avait plus à cœur d'attendre. Rory, lui, ne pensait déjà plus qu'à le serrer contre lui et profiter de sa chaleur durant les prochaines minutes, et peu importe qu'ils ne dînent qu'en fin de soirée ou passent toute leur soirée de Saint-Valentin à faire l'amour, ça n'était pas un programme qui puisse lui déplaire le moins du monde. Et il suffisait de voir son corps réagir à la moindre des initiatives de son petit-ami pour comprendre qu'il avait envie de lui, comme en attestaient à leur tour ses sourires béats et ses joues rougissantes. Que ce soit raisonnable ou non, Rory s'en moquait et ne s'imaginait pas mettre un terme à cet échange alors qu'il lui tardait au contraire de lui offrir un maximum de plaisir en retour. Raison pour laquelle il scella leurs lèvres avec autant de passion que s'ils ne s'étaient pas vus depuis des semaines et avaient du attendre tout autant de temps pour être proches l'un de l'autre. Ses gestes se voulaient plus empressés, plus entreprenants, guidés par un désir assumé. “Doucement, doucement.” « Je sais ce que je fais. » Et il souriait contre ses lèvres, preuve qu'il était bien à mille lieux de s'inquiéter de prendre peut être des risques à faire comme si sa jambe n'était pas mal en point. La douleur s'était estompée voilà plusieurs heures grâce à son traitement et pas un instant Rory ne pensait pouvoir la raviver en faisant simplement ce qui le rendait heureux. Ce sont donc ses lèvres qui à leur tour s'employèrent à attiser le désir de son petit-ami et qui pour ça ne délaissèrent aucune partie de sa peau. Lorsque celles-ci atteignirent son intimité et qu'il sentit Swann réagir à la moindre de ses caresses, Rory s'appliqua deux fois plus à lui faire du bien, ivre du désir qui grondait au fond de son ventre autant que de l'image d'un Swann heureux et libéré de la pression de ces dernières semaines. S'ils plaisantaient il y a encore quelques secondes entre deux baisers passionnés, à présent l'heure n'était plus à faire la conversation mais à profiter l'un de l'autre, dans cette bulle de chaleur que Rory chérissait plus que tout. « Je t'aime tellement. » Ces mots-là, pourtant, Rory ne voudrait les reprendre pour rien au monde, alors qu'entre eux plaisir et amour s'étaient toujours conjugués ensemble et dans une combinaison des plus heureuses. C'est avec l'homme qu'il aimait qu'il échangeait à présent ces instants d'une profonde passion, enfin délivrés du reste de leurs vêtements. Avec l'homme qu'il aimait qu'il renouait avec un plaisir électrisant, entre mouvements lascifs et gémissements étouffés contre la peau chaude de son petit-ami. Ses lèvres saisissaient chaque occasion de retrouver les siennes tandis que ses mains, avides de le sentir toujours plus proche, remontaient le long de son dos et le ramenaient à lui. La délicieuse houle de leurs deux corps unis lui tira de longs soupires tandis qu'une intense vague de chaleur remontait du plus profond de son être. Bientôt, c'est le prénom de Swann que Rory prononça entre deux murmures et dans son regard qu'il replongea le sien, plus amoureux que jamais, alors que chaque coup de rein accroissait son plaisir. Ses doigts s'entremêlèrent aux siens et les serrèrent un peu plus fort à chaque nouvelle vague de plaisir, bien loin de penser à quoi que ce soit d'autre qu'à son envie de rester près de lui pendant les prochaines heures. Rory en oubliait sa blessure et les multiples recommandations des médecins. Il les oubliait d'autant plus que ce moment était en tous points parfait, et que c'était tout ce qui comptait pour lui, de pouvoir oublier le reste dans ses bras. Ainsi la chute n'en fut-elle qu'un peu plus brutale lorsqu'il sentit la main de Swann presser sa jambe à l'endroit même où il s'était blessé. Un contact dont il se serait délecté d'ordinaire mais qui cette fois lui tira un grognement sourd sous le coup d'une douleur paralysante. Subitement, le plaisir laissa place à une souffrance physique tout aussi implacable, les ramenant brusquement à la réalité et les faisant chuter de leur petit nuage. Une minute plus tôt, c'était comme si le reste du monde avait cessé d'exister. A présent, c'est son propre corps qui se chargeait de lui rappeler ses limites, et qu'il venait de les atteindre.

“Merde. Merde, je suis désolé. J’ai pas fait exprès, je…” La douleur s'infiltra si violemment sous sa chair que les échos de la voix de Swann ne lui parvinrent qu'à peine, l'acteur incapable de faire que son esprit se concentre sur autre chose que cette sensation de brûlure qui le saisit dans toute la jambe. Sensation que le moindre geste risquait à présent de raviver alors même que la douleur restait lancinante, permanente autant qu'insupportable. “Ça va ?” Tout ce qu'il parvint à faire, à défaut de parvenir à exprimer immédiatement combien il avait mal, c'est bouger la tête de droite à gauche. Non, ça n'allait pas, et que sa jambe lui semble à cet instant en feu n'était bien que le cadet de ses soucis. "Parle moi, s'il te plaît." Swann faisait de son mieux, parce que Swann s'en voulait probablement pour un geste simplement malencontreux et que Rory n'irait pas le moins du monde lui reprocher. C'est du moins ce qui se serait passé d'ordinaire, alors qu'il n'aurait pas perdu une seule seconde pour le rassurer et tout entreprendre pour faire disparaître l'air coupable qu'il voyait sur son doux visage. Seulement Rory n'était pas capable du même self-control lorsque la douleur se voulait comme ici aussi extrême. « Laisse-moi... laisse-moi une minute. » Je t'aime. Et je sais que tu voulais pas mal faire. Voilà les mots qu'il aurait plus que tout voulu prononcer. Voilà les mots qu'il pensait au plus profond de son cœur, où ne sommeillait pas la moindre rancœur à l'égard de son petit-ami. Des mots qui pourtant restèrent piégés au fond de sa gorge, à son plus grand désespoir. « Surtout ne touche à rien. » Rory prononça, les dents serrées entre elles et les muscles raidis. Tel qu'il connaissait Swann, il ne prendrait pas le risque de faire pire que mieux en aventurant à nouveau une main vers sa jambe endolorie, mais Rory était malgré lui sur la défensive. Il le lui avait dit, que la douleur ne faisait jamais ressortir ses meilleurs cotés et c'est précisément la raison pour laquelle il désirait tant que cette soirée se déroule sans accroc. Et pouvoir simplement profiter de l'homme qu'il aimait en remettant à plus tard ce genre d'ennuis. « Tu pourrais... m'apporter mes cachets ? La boite est sur le comptoir de la cuisine. » Il en avait besoin, plus qu'à n'importe quel autre moment, et ce peu importe à quel point c'était probablement déraisonnable compte tenu du fait qu'il n'était pas censé en reprendre avant plusieurs heures. Il n'était pas censé souffrir le martyr non plus, mais c'était un incident avec lequel il leur fallait composer. Et parce qu'il ne voulait pas imposer cette vision à Swann plus longtemps au risque qu'il s'en veuille plus que ça n'était déjà le cas, il ne voyait pas d'autre solution. « Swann, j'en ai vraiment besoin. Tu me diras combien tu penses que c'est une mauvaise idée plus tard. » Des mots que Rory se contentait peut être d'imaginer, parce qu'il redoutait justement que Swann puisse penser qu'il se cachait à nouveau derrière ces médicaments, soit comme une solution de facilité, soit pour sauver le peu qu'il restait de cette soirée. La vérité, c'est qu'il avait mal. Assez mal pour espérer que Swann ne se mettrait pas entre ses calmants et lui. La dernière chose qu'il voulait était de l'affronter lui, alors qu'il voudrait déjà retrouver le chemin de ses bras. « C'était une mauvaise idée. Je sais pas comment j'ai pu croire que tout serait parfait. » Son cœur se serra et ce fut une douleur plus sourde encore que celle qui avait pétrifié sa jambe. Parce qu'il espérait tant de cette soirée, qu'il était si heureux de pouvoir retrouver cette intimité qui lui manquait tant. A présent, tout était gâché. Il ne pouvait même pas le combler sans prendre le risque de raviver cette fichue douleur. Il ne pouvait même pas faire l'amour sans devoir calculer le moindre de ses mouvement. Et pire encore, il ne pouvait même pas leur offrir la Saint-Valentin dont ils rêvaient.

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@SWANN BUCHANAN & RORY

Ses tentatives pour alléger l'atmosphère n'avaient peut être pour effet que de tirer un faible sourire à son petit-ami, mais Rory était prêt à tous les efforts pour faire de cette soirée la douce parenthèse dont ils avaient besoin. Swann, tout particulièrement, subissait depuis plusieurs semaines les répercussions que la blessure de l'acteur engendrait pour eux au quotidien, et si sa tendresse et sa dévotion étaient deux choses pour lesquelles Rory lui était infiniment reconnaissant, il voulait malgré tout le préserver autant que possible. Lui qui rêvait tant d'une autre issue pour ce voyage en Nouvelle-Zélande, parfait en tous points jusqu'au moment où cette mauvaise chute avait précipité leur rapatriement. Lui qui ce soir ferait tout pour faire oublier à l'homme qu'il aimait qu'ils n'avaient pas encore vu le bout du tunnel, quand bien même celui-ci se rapprochait chaque jour un peu plus et incitait Rory à appliquer scrupuleusement les conseils des médecins. S'il le faisait bien évidemment pour lui et pour s'assurer de pouvoir se remettre au travail si tôt complètement rétabli, il le faisait aussi et surtout pour Swann. “Je serai toujours heureux d’être avec toi, tu n’as pas à t’en faire pour ça. C’est sur ta guérison que tu dois te concentrer, ne t’occupe pas du reste. Ses mots, tout autant que le baiser qu'ils échangèrent durant plusieurs secondes, enveloppèrent son cœur dans un écrin de chaleur. Swann n'avait jamais eu son pareil pour chasser ses craintes et quand bien même Rory ne s'en débarrasserait pas aussi facilement, pas tant en tout cas que son état resterait source de complications pour eux, l'australien pouvait au moins aborder cette soirée avec une sérénité nouvelle. Tout irait forcément pour le mieux puisqu'il l'aurait pour lui seul durant les prochaines heures. « Tout ça, ce serait beaucoup plus difficile si je t'avais pas près de moi. » Il confia doucement, désormais bien incapable de déloger son regard amoureux du sien ou d'interrompre les caresses que ses doigts avaient entamé contre la peau de son petit-ami. « Merci de supporter tout ce que ça implique, et de jamais m'avoir reproché d'avoir gâché notre voyage. » Oh, il savait bien qu'une telle idée n'avait jamais du lui effleurer l'esprit, Swann ayant été là pour lui dès l'instant où ils avaient réalisé l'un et l'autre que le pire avait heureusement été évité. Lorsqu'il s'était retrouvé projeté tout contre la roche et que son monde tanguait dangereusement, la première chose à laquelle avait pensé Rory c'est qu'ils surmonteraient cette épreuve comme ils en avaient surmonté d'autres. Parce qu'il n'y avait aucune force contre laquelle leur amour ne pouvait pas faire le poids, l'avoir perdu une première fois le lui avait prouvé. « On en a quand même bien profité, pas vrai ? » Il en gardait de si beaux souvenirs, aussi bien de leurs longues balades à admirer les paysages que des longues soirées restés, cette fois, à profiter de leur chambre. Mais c'est évidemment la rencontre avec ce chiot si adorable qui hantait ses pensées depuis leur retour : il lui tardait tant de le revoir. “Et moi je te promets que je ne te verrai jamais comme un poids sur mes épaules.” Resserrant leur étreinte, c'est contre la peau de Swann que Rory déposa cette fois un baiser, infiniment heureux de pouvoir quotidiennement se faire la réflexion qu'il était l'homme le plus chanceux qui soit de partager sa vie. La joie éprouvée par l'australien quelques instants plus tôt lorsqu'ils s'étaient retrouvés se mêlait à présent à celle de pouvoir oublier avec lui tous leurs soucis. “Merci.” C'était lui, en vérité, qui voudrait le remercier pour tout ce qu'il faisait et tout ce qu'il lui donnait continuellement. Il en aurait l'occasion, ce soir, tout comme de lui rappeler combien il l'aimait et n'avait jamais été aussi sûr de vouloir fêter de nombreuses autres Saints Valentin à ses cotés. La soirée était encore jeune, et ils sauraient en profiter pleinement.

**

D'abord ivres de désirs l'un pour l'autre et submergés par d'intenses vagues de chaleur auxquelles ils s'abandonnèrent complètement, ils goûtèrent pourtant bientôt à une désillusion des plus brutales lorsque le plaisir laissa place à la douleur et leurs soupires étouffés à un silence des plus oppressants. Tout se passait véritablement pour le mieux et cette soirée n'aurait pas pu connaître des débuts plus délectables, Rory en avait même encore le souffle court et la peau rougie le long du chemin emprunté par les lèvres de son petit-ami. Mais il avait suffi d'un geste un peu plus maladroit que les autres pour que la valse de leurs deux corps se termine de la plus abrupte des manières. A présent recroquevillé dans son coin du canapé, le visage déformé par la douleur qui pulsait à travers sa jambe, Rory n'avait plus le cœur à rire. Lui qui pourtant ne savait jamais retenir un sourire en présence de Swann et moins encore s'empêcher de lui voler un baiser, se sentait cette fois bien incapable de donner le change même face à lui. Parce qu'il le savait, ce n'était en rien le geste initié par Swann qui les avait précipité dans cette situation, mais son propre besoin de repousser ses limites toujours plus loin même quand il savait devoir être prudent. A vouloir à tout prix lui montrer qu'il allait bien, à vouloir faire comme si rien n'avait changé et fêter cette soirée comme ils l'auraient fait avant son accident, Rory avait joué avec le feu et s'y était brûlé les ailes. Un constat qui lui pesait à cet instant sur le cœur, alors qu'il se reprochait inévitablement d'avoir gâché ce moment si parfait. Mutique et immobile, la jambe assaillie par ce qui lui semblait être des décharges électriques particulièrement douloureuses, Rory se surprenait à se renfermer sur lui-même, chose pourtant plus qu'habituelle dès qu'il était question de Swann. En temps normal, ils en auraient parlé sans perdre une seule seconde et tout serait rapidement rentré dans l'ordre. Mais en temps normal, il n'aurait pas eu à s'avouer qu'il gérait beaucoup moins bien toute cette situation qu'il s'en était convaincu. Et il n'aurait pas eu à craindre que son petit-ami s'en aperçoive à son tour, quand la seule idée de voir briller la déception dans ses yeux lui brisait le cœur.

Demander à Swann de lui apporter ses cachets n'avait rien d'une requête que Rory aurait voulu énoncer ce soir, alors que quelques instants plus tôt rien n’importait d'autre que de le serrer contre lui. De sentir sa peau contre la sienne et de profiter de sa chaleur sans penser à demain ni à la prochaine fois que la douleur s'immiscerait dans leur bulle. La douleur, pourtant, avait fini par gâcher la douceur de ces moments auxquels rien d'autre n'aurait pu le faire renoncer. A cet instant Rory ne savait pas penser à autre chose, au point sans doute de perdre toute notion de ce qui était raisonnable ou non. Bien sûr qu'il n'était pas censé reprendre des antidouleurs si tôt après sa dernière dose, mais puisque cette soirée ne se passait définitivement pas comme il l'avait espéré et qu'il n'avait aucun moyen de réécrire les dernières minutes, il n'était certainement plus à ça près. Sa seule crainte, c'était que Swann émette une objection que Rory se savait incapable d'écouter. Que son petit-ami fasse barrage dans un moment où l'acteur ne pourrait supporter de devoir l'affronter, lui, pour quelques malheureux cachets. Ce n'était que trois fois rien, après tout, et ils n'étaient pas obligés d'en faire toute une histoire. A défaut de pouvoir retrouver ses étreintes, ils pouvaient au moins faire en sorte de sauver le peu qu'il restait de cette soirée. C'est ce qu'il souhaitait du plus profond de son cœur. “C’est une mauvaise idée.” Ces mots, Rory espérait ne pas les entendre de la bouche de son petit-ami mais ce serait mal connaître Swann que de penser qu'il accepterait simplement de lui tendre sa boite de comprimés. Qu'il pourrait occulter les risques, et la preuve évidente que l'acteur contrôlait bien moins sa consommation qu'il n'aimait le dire. « Swann. Ne commence pas. » La dernière chose qu'il voulait, c'était avoir cette conversation dans un moment où il n'était pas certain de ce que la douleur lui ferait dire. Ses pensées étaient trop embrouillées et sa blessure bien trop à vif pour qu'il veuille prendre le risque de perdre l'homme qu'il aimait. “Tu as plus mal que tu veux bien me le dire.” Non, non, ils devaient à tout pris éviter d'aller par là. La douleur l'empêchait de se concentrer, ainsi rien de bon ne pourrait ressortir de cet échange tant qu'il serait dans cet état. “Sinon tu n’aurais pas demandé tes médicaments par réflexe.” Ne fais pas ça, Swann. Voilà ce que son regard maintenant plongé dans le sien suppliait. Voilà ce qu'il aurait aimé lui dire, pourtant conscient que son petit-ami le connaissait bien trop pour ignorer que la situation n'était pas normale. Qu'il dépendait bien trop de ses médicaments pour que ça ait quoi que ce soit de rassurant, pour lui le médecin qui savait reconnaître les signes mais savait surtout lire entre les lignes dès qu'il était question de Rory. Et pour la première fois depuis leur rencontre, l'acteur en viendrait presque à regretter qu'il le connaisse aussi bien autant que de ne rien pouvoir lui cacher. Lui qui pourtant n'avait jamais eu d'autre regret que d'avoir été séparé de lui il y a un an et demi, unique fois où la vie lui avait semblé perdre tout son sens.

“Y’a d’autres choses que tu me dis pas ?” Sa mâchoire se contracta et Rory serra le poing en espérant transposer une partie de sa douleur dans sa main. Supporter cette force paralysante le long de son muscle aurait déjà été difficile d'ordinaire, mais infiniment plus tolérable malgré tout s'il avait pu se blottir contre Swann en silence. Ici, ça n'était malheureusement pas une option. « Alors c'est ça que tu cherches à me faire dire ? Que je me montre pas honnête avec toi ? » Qu'il lui cachait des choses, qu'il se cachait lui-même honteusement chaque fois qu'il devait reprendre des cachets pour tenter de maîtriser sa douleur ? Est-ce qu'il espérait lui faire avouer que ça durait depuis plus longtemps qu'il n'était capable de le lui dire, à lui l'homme qu'il aimait et qu'il ne supporterait pas de décevoir ? « Si je t'avais dit combien ces cachets me sont devenus indispensables, tu aurais quand même laissé les choses aller aussi loin tout à l'heure ? » S'il le lui avait dit dès que Swann avait passé la porte d'entrée, s'il avait pris le risque de gâcher leur Saint-Valentin en verbalisant un problème qu'il avait à tout pris voulu éloigner de cette soirée. « Tu aurais quand même voulu faire l'amour ? » Son regard, cette fois empreint de tristesse, se raccrocha au sien dans un moment où rien n'aurait pu le soulager davantage que de serrer l'anglais contre lui. Pas même tous les médicaments du monde. Car c'est au fond de son cœur que la peine était véritablement la plus forte, là où le poids de ces non-dits pesait bien plus lourd que n'importe quoi d'autre. « Je voulais pas que tu me vois comme une chose fragile à protéger absolument. Or c'est comme ça que je me sens quand tu me regardes de cette façon. » Pourtant il savait bien que ce n'était pas ce que Swann voulait, qu'en aucun cas il ne le traitait consciemment comme un infirme qui sans lui était incapable de s'occuper de lui-même. Mais c'était ce que Rory ne pouvait s'empêcher de ressentir, lorsqu'il le voyait accorder autant d'importance à un flacon de gélules dont il était bien plus facile de minimiser la place qu'elles avaient prises dans son quotidien ces dernières semaines. « Tu es mon petit-ami, pas mon médecin. Je veux pas être infantilisé par l'homme avec qui je vis. » Quand bien même il plaisantait quelques minutes plus tôt sur ce qu'il y avait d'agréable à l'avoir pour infirmier personnel, il redoutait que ces moments-là deviennent leur quotidien et que Swann se sente obligé de s'inquiéter pour lui à chaque instant. Il n'allait peut être pas aussi bien qu'il le laissait jusqu'ici paraître, mais ça ne risquait pas d'aller mieux si sa blessure se mettait à prendre encore plus de place que ça n'était déjà le cas. C'est précisément parce qu'il ne voulait pas que Swann s'inquiète qu'il avait gardé un certain nombre de choses pour lui – quand bien même ça n'avait visiblement rien d'une si bonne idée, ça non plus.

Les mots sont annoncés sans la moindre envie d’aller plus loin et surtout pas de déclencher une guerre, mais Swann a toujours été transparent envers Rory et il ne peut que formuler à voix haute à quel point il désapprouve l’idée de reprendre des médicaments si rapidement. C’est autant l’ancien étudiant en médecine que le petit-ami qui parle en cet instant, ayant toutes les raisons du monde de se soucier de la santé de l’homme qu’il aime. Nul doute qu’il accordera une immense importance au moindre signe de défaillance de son corps dès l’instant où il aura pris un seul de ces cachets, lesquels il les lui tend simplement parce qu’il lui fait confiance malgré tout. Peu importe ce qu’il peut en penser en retour, l’anglais sait que si Rory les lui demande c’est qu’il en a besoin, et il ne veut pas en arriver au point où un refus de sa part pousserait l’acteur à se relever et ainsi aller contre les dernières indications des médecins qu’il arrivait encore à ne pas (trop) mettre à mal. Son regard est fuyant alors qu’il lui donne la petite boîte, ses doigts renfermés prenant grand soin de ne pas effleurer les siens. Comme toujours, il se demande encore comment la vie peut prendre un tel tournant aussi rapidement. « Swann. Ne commence pas. » Voilà aussi pourquoi Swann n’a justement aucune envie de pousser davantage son raisonnement: aussi doux et avenant puisse-t-il être, il ne peut qu’anticiper le fait qu’une dispute le laisse avoir des mots qu’il ne pense pas réellement, autant qu’elle laisserait apparaître un ego qui ne le caractérise pourtant pas. Pour l’heure encore, il se retient de décocher un regard noir à son petit-ami, ayant un peu trop conscience qu’il souffre et, surtout, que c’est de sa faute. Alors non, il ne commence pas, il n’en a aucune envie. Pourtant, il a trop de remarques sur le bout de la langue pour toutes les contenir.

Quand bien même toutes ces dernières soient uniquement animées par le souci qu’il se fait, cela ne semble en rien apaiser Rory et ses réactions face à de telles paroles. Son regard est uniquement désolé lorsqu’il rencontre le sien, ses pas ayant esquissé un maigre recul entre eux, ses mains préférant désormais se cacher dans les poches arrière de son pantalon avant qu’il ne choisisse de les croiser contre son torse sur lequel il jurerait pouvoir sentir un courant d’air. Rory va mal, voilà tout ce qu’il essaye de lui dire, en parallèle de l’assurance qu’il sera toujours là pour lui et qu’un jour il veut le lui promettre devant un autel. Cette blessure n’est de la faute de personne, il ne peut pas s’en tenir responsable, et encore moins prendre sur lui, pas alors que Swann vit à ses côtés de façon parfaitement officieuse. « Alors c'est ça que tu cherches à me faire dire ? Que je me montre pas honnête avec toi ? » L’anglais secoue doucement la tête de droite à gauche, sachant pertinemment que de simples réponses corporelles seront éternellement moins dévastatrices que des mots emplis de tristesse et retenus trop longtemps. Rory est blessé, il a la voix d’un homme trahi et cela ne peut que briser un peu plus encore le cœur de son petit-ami qui aurait préféré ne jamais le laisser expérimenter un tel sentiment. “Je veux juste que tu répondes à la question.” Il tente de se contenir, de répondre doucement et calmement, quand bien même cela veut aussi dire ne pas répondre aux questions que Rory lui assène en retour. Et que cela signifie aussi ne pas lui avouer qu’il a pleinement confiance en lui et que jamais il ne lui reprocherait de lui cacher des choses volontairement. Mais aussi enfantin cela puisse-t-il être, il estime avoir le droit à une réponse en premier, simplement parce que sa question est celle qui fait découler toute cette difficile conversation. Est-ce que tu me caches d’autres choses, Rory?

« Si je t'avais dit combien ces cachets me sont devenus indispensables, tu aurais quand même laissé les choses aller aussi loin tout à l'heure ? » Le visage de Swann se crispe uniquement parce qu’il aurait préféré avoir tort, non parce que la seule ligne de défense de Rory se mue peu à peu en des reproches. Ils sont sans doute nécessaires, de toute façon. Simplement, l’anglais aurait préféré avoir cette discussion avant qu’ils ne se retrouvent au pied du mur. « Tu aurais quand même voulu faire l'amour ? » Il soutient son regard, tristesse contre tristesse, la sensation de bien-être procurée par leur dernier instant charnel revenant par vagues douloureuses dans son esprit. Il a l’affreuse sensation que plus rien ne sera jamais pareil mais ne peut que se raisonner et se rassurer: ils ne sont même pas en train de se disputer, ils doivent simplement mettre les choses au clair et parler franchement. “Bien sûr que oui.” Il confesse alors, presque gêné de cet aveu alors qu’il n’est pourtant que le reflet du désir qu’il a pour lui, un des nombreux versants de l’amour qu’il lui porte. “J’aurais fait attention, et t’aurais jamais eu à en souffrir. C’est la seule chose que ça aurait changé.” C’est une certitude. La guérison de Rory est sa priorité mais il est bien placé pour savoir que rien n’empêche qu’ils fassent l’amour. Sans doute auraient-ils pu (dû) s’y prendre autrement et se montrer moins empressés, voilà la seule nuance qu’il veut apporter, si jamais cela peut au moins rassurer un minimum Rory. Ses ongles s’enfoncent dans les pans de peau auxquels ils arrivent à accéder, éternel moyen pour lui de contenir ses émotions par la douleur.

Pourtant, ce n’est pas le cœur du problème. L’amour qu’ils se portent l’un l’autre n’est pas remis en doute un seul instant, ni même le fait qu’ils désiraient se retrouver dans un moment intime et passionné après de longues semaines à se contenter d’étreintes au creux du lit. « Je voulais pas que tu me vois comme une chose fragile à protéger absolument. Or c'est comme ça que je me sens quand tu me regardes de cette façon. » - “Je sais pas comment te regarder, Rory.” En cet instant pourtant, une chose est sûre, c’est que la peine a pris le dessus sur n’importe quel autre sentiment. « Tu es mon petit-ami, pas mon médecin. Je veux pas être infantilisé par l'homme avec qui je vis. » Et Swann ne peut que trouver ces paroles justes et sensées, mais elles sont posées sans tout le contexte allant avec, rendant finalement ces mots injustes et difficiles. “Et moi je veux pas vivre avec un homme qui ne me dit rien.” Tout est plus facile, quand il parle de lui à la troisième personne et qu’il prend autant de recul que possible pour ne pas trop souffrir d’une telle conversation et du poids que pourraient prendre ses mots. “Tu peux pas me laisser deviner ton état de santé et après me demander de ne pas m’en faire alors que tu ne dors pas, manges à peine, et es obligé de rester ici alors que c’était pas dans tes plans.” Ils n’ont jamais parlé de tout ceci, mais il n’y a rien de plus évident aux yeux de l’anglais que le visage amaigri de son petit-ami ainsi que des côtes qu’il jurerait être davantage saillantes, le tout placé sous des yeux chaque jour un peu plus rongés par les cernes. En plus de la simple idée de devoir rester entre quatre murs, lui qui a fait de son métier un éternel voyage autour du monde. “Je sais pas quoi faire Rory.” Il avoue dans un souffle et confesse donc difficilement, n’ayant pas pour habitude de partager de telles paroles. “J’ai pas envie de jouer au flic mais je te connais trop pour savoir que si je le fais pas, tu te raisonneras pas seul.” Parce que c’est déjà arrivé, et quand bien même il n’était pas encore dans sa vie lors de son premier accident, ils en ont bien trop parlé pour qu’il l’ignore. “Si t’as une solution miracle je suis preneur, mais en attendant c’est ma façon à moi de te prouver que je t’aime.” Et tant pis s’il le déteste pour ça, Swann acceptera les conséquences de cette décision, quand bien même nourrir une certaine tension entre lui et Rory est bien la dernière chose qu’il cherche à faire.

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Aucun mot doux ni aucune caresse ne semblait pouvoir leur éviter cette discussion, celle que Rory voulait à tout prix épargner à l'homme qu'il aimait maintenant que la douleur risquait à tout instant de parler à sa place. C'est pour ça qu'il n'avait rien dit. Ni sur son besoin de plus en plus irrépressible d'avoir recours à des cachets pour calmer une douleur lancinante, ni sur le fait que tout ça durait depuis plus longtemps qu'il n'était prêt à se l'avouer. Il refusait d'impacter leur quotidien plus que ça n'était déjà le cas, par sa faute, tout comme il refusait que Swann éprouve la moindre culpabilité à l'idée de n'avoir rien vu. Il le connaissait par cœur, il savait qu'il ne mettrait qu'une seconde à se demander ce qu'il avait bien pu louper pour que son petit-ami se retrouve à dépendre d'une boite de comprimés, et ça lui était insupportable. Swann n'avait strictement rien à se reprocher, peu importe à quel point les mots qui sortaient à présent de la bouche de l'australien pouvaient s'apparenter à des reproches. Il ne les pensait pas, pas plus qu'il ne voulait que le ton monte entre son petit-ami et lui après les moments si tendres qu'ils venaient de partager. Encore moins durant cette soirée qui aurait du être la leur. L'atmosphère avait pourtant changé du tout au tout et Rory jurerait reconnaître les premiers signes d'une dispute, sans être un seul instant capable de faire marche arrière. C'était trop tard, et certaines vérités se devaient peut être d'être dites pour qu'ils puissent avancer ensemble et faire table rase. Peut être en avaient-il précisément besoin. “Je veux juste que tu répondes à la question.” Mais était-ce parce qu'il n'avait pas assez confiance en lui, parce qu'il doutait maintenant de pouvoir se fier à ce qu'il voulait bien lui dire ? Le cœur de l'australien se serra à cette seule pensée. « Non. Non, bien sûr que je te cache rien d'autre. » Et en d'autres circonstances, jamais il n'aurait pu avoir le moindre secret pour lui. Quand bien même le protéger avait toujours été sa priorité, Rory avait vu assez de secrets gangrener sa famille et le couple formé par ses parents pour s'être juré qu'il ne reproduirait jamais les mêmes erreurs avec Swann. Ici, pourtant, tout était différent et c'est seul qu'il s'était entêté à faire face à ce que cette douleur impliquait. « C'est juste... oui, j'ai voulu me convaincre que j'avais pas tant besoin de mes médicaments que seulement de toi à mes cotés pour aller mieux. Parce que c'était le cas, tous les jours, tu m'aidais à traverser tout ça. » Lui, seulement lui, sans qui il n'aurait pas trouvé la force de repasser par tout ça. Si seulement la communication était aussi facile que quelques minutes plus tôt, il lui suffirait de plonger son regard dans le sien et de serrer ses doigts pour le lui faire comprendre. « Les médicaments... ça, c'était censé être temporaire. » Mais ça ne l'avait pas été, au bout du compte, lorsqu'il lui avait fallu rapprocher ses doses de plus en plus pour tenir et s'accrocher au peu d'autonomie qu'il avait encore. C'était une erreur, à tant de niveaux, mais il aurait du pouvoir garder le contrôle. Pourtant ça n'avait pas été le cas et c'est face à celui qu'il ne supporterait pas de perdre qu'il en payait aujourd'hui le prix.

Au fond, tout ce qu'il voulait pour eux et pour cette soirée, c'était que les choses se passent le plus normalement possible, comme elles se seraient passées s'il n'avait pas fait cette mauvaise chute et réveillé cette lointaine douleur au genou qui n'appartenait pas autant au passé qu'il l'aurait voulu. Tout ce qu'il voulait c'était profiter de cette Saint-Valentin avec l'homme qu'il aimait, sans que le reste n'importe plus tant qu'ils pouvaient simplement être heureux et insouciants le temps de quelques heures. C'est en ça que les dernières minutes avaient été si précieuses, si essentielles pour le couple et leur intimité. Pour ça qu'à cet instant la chaleur de ses étreintes et la douceur de ses baisers lui manquaient si cruellement. Il n'avait quitté ses bras que depuis une poignée de minutes, mais c'était comme si un gouffre s'était subitement dressé entre son petit-ami et lui. Et il détestait ça. “Bien sûr que oui.” Ces mots devraient le rassurer, pourtant son cœur se serrait bien trop pour éprouver autre chose qu'une peine immense. “J’aurais fait attention, et t’aurais jamais eu à en souffrir. C’est la seule chose que ça aurait changé.” Tu peux pas en être si sûr sont les mots qu'il ne se risquerait pas à souffler de peur qu'ils soient ceux qui les éloignent plus encore l'un de l'autre. Rory voulait croire que cette tension nouvelle avait tout à voir avec la douleur qui lui brûlait la chair et rien à voir avec eux : ils s'aimaient bien trop et avaient déjà bien trop souffert de s'être séparés une première fois pour pouvoir se déchirer aussi facilement. Ça ne leur ressemblait tout simplement pas. « Je voulais pas que tu te sentes obligé de faire attention. C'est déjà ce qu'on fait au quotidien depuis des semaines, et je voulais pas que ce soit encore le cas ce soir. J'ai pas envie que notre vie de couple se résume à faire attention. » Même si ça n'était que le temps de quelques semaines, même si tout était voué à s'arranger dès que sa jambe serait parfaitement rétablie – et il faisait tout pour – Swann méritait mieux que de devoir constamment veiller à ne pas le brusquer. Il méritait mieux que d'être sur ses gardes, ou de s'en vouloir chaque fois qu'il aurait un geste un peu trop brusque, comme ce soir. « Ça va te sembler bête, mais même prendre le risque de me faire mal me semblait moins pire que ça. » Parce que rien ne le rendait à ce moment-là plus heureux que de retrouver ces moments emplis de passion qui leur avaient tant manqué ces dernières semaines. Parce qu'il n'avait plus aucune raison de penser au reste lorsqu'il pouvait simplement être avec lui, dans cette bulle où la douleur n'avait pas sa place.

“Je sais pas comment te regarder, Rory.” Cette fois Rory crut sentir son cœur dévaler à l'intérieur de sa poitrine, réalisant qu'il les avait directement précipité dans cette situation en cachant à son petit-ami l'ampleur de son mal-être. Pourtant ses propres mots étaient certainement bien plus injustes encore et Rory voudrait d'ors et déjà les reprendre, détestant l'idée que Swann puisse penser même une seule minute qu'il lui reprochait d'être toujours prêt à prendre soin de lui, même quand il n'osait pas demander de l'aide directement. Sa dévotion était bien l'une des dernières choses qu'il voudrait changer chez l'anglais, et l'une de celles qui le rendaient aussi si fier de pouvoir le considérer comme l'homme de sa vie. D'ici quelques heures, il veillerait à effacer chaque mot qu'il avait pu prononcer ce soir. Peut être même qu'il serait bien incapable d'attendre aussi longtemps. “Et moi je veux pas vivre avec un homme qui ne me dit rien.” Ces mots-là aussi étaient injustes, pensa-t-il, quand bien même il les avait très certainement mérité. Injustes, parce qu'il n'y avait pas une once de sa personne qui soit fière d'avoir gardé ces choses-là pour lui, moins encore alors qu'il n'avait jamais rien caché à Swann jusque là. « J'avais honte, Swann. » Et sa gorge se serra tandis que s'il avait eu une once de courage, c'est sa main qu'il aurait aventuré jusqu'à la sienne et sa peau qu'il aurait caressé du bout de ses doigts. Mais la seule idée que Swann puisse peut être fuir ce contact lui retournait le ventre ; alors il resta parfaitement stoïque sur son coté du canapé. « Honte de laisser cette douleur prendre autant de place et de pas savoir reprendre le dessus. Je suis déjà passé par là et je devrais pas en être réduit à attendre fébrilement de pouvoir reprendre des comprimés. Ça devrait pas être mon quotidien. » Ce n'était pas digne du sportif qu'il avait été, ni de l'adolescent déterminé qui n'avait jamais laissé ses désillusions l'empêcher de poursuivre d'autres rêves, de conquérir d'autres victoires. Et ce n'était surtout pas digne de l'homme avec qui Swann avait choisi de partager sa vie, et c'est en ça qu'il avait aussi honte. « C'est pas l'image que je voulais que t'aies de moi. » Oh, comme il aimerait être aussi fort et résistant que le Rory qu'il avait rencontré six ans plus tôt. Comme il aimerait pouvoir balayer cet accident de parcours d'un simple revers de la main et lui offrit une soirée aussi mémorable que Swann le méritait. Au lieu de ça, tout ce qu'il pouvait faire était espérer que ces médicaments feraient effet le plus rapidement possible, pour au moins que la douleur se diffuse et que les choses s'apaisent.

“Tu peux pas me laisser deviner ton état de santé et après me demander de ne pas m’en faire alors que tu ne dors pas, manges à peine, et es obligé de rester ici alors que c’était pas dans tes plans.” « Non, c'est pas... » C'est pas à ce point, vraiment ? Rory savait bien qu'il était dans le vrai, que la situation était véritablement aussi critique et que la seule chose qui lui permettait encore de tenir le coup et de ne pas baisser les bras malgré les progrès qu'il faisait jour après jour, c'était précisément Swann. Sa motivation, celui pour qui il finirait par se relever. “Je sais pas quoi faire Rory. J’ai pas envie de jouer au flic mais je te connais trop pour savoir que si je le fais pas, tu te raisonneras pas seul.” Son regard clair et infiniment triste se reposa dans celui de son petit-ami. Bien sûr que Swann avait raison et qu'il ne prétendrait pas le contraire juste pour avoir le dernier mot ; ça n'était pas son genre et c'était encore moins le genre d'échanges qu'il voulait partager avec lui. Suffisamment de dégâts avaient déjà été faits au cours des dernières minutes, plus ne feraient que leur faire davantage de mal. “Si t’as une solution miracle je suis preneur, mais en attendant c’est ma façon à moi de te prouver que je t’aime.” Cette fois Rory ne put empêcher une larme de rouler sur sa joue, le cœur si lourd d'avoir laissé la situation leur échapper comme si les dernières semaines n'avaient pas été assez pesantes. Il s'en voulait et voudrait tout effacer au travers d'un baiser qu'il se résignait pourtant encore à repousser à plus tard. « Je sais que tu veux juste m'aider, et peu importe la façon dont j'ai pu réagir... je te promets que tu y arrives très bien. » Et que ça faisait une immense différence pour lui de l'avoir à ses cotés, depuis son accident mais aussi au quotidien depuis maintenant de nombreuses années. « C'est aussi pour ça que je t'ai rien dit. Pour pas que tu penses devoir t'inquiéter chaque fois que tu passeras le seuil de la porte en me laissant derrière toi. » Parce qu'il le ferait, peut être pas consciemment, mais il savait que Swann ne pourrait pas s'empêcher de craindre que cette dépendance qu'il laissait malgré lui s'installer entre ses médicaments et lui n'empire au point qu'il se mette en danger. « C'est pas une question de confiance, tu le sais pas vrai ? » Cette fois, enfin, Rory s'avança doucement sur le canapé pour glisser sa main jusqu'à la sienne et caresser sa peau de bout de son pouce. C'était hésitant, peut être maladroit, mais il ne supporterait pas de rester une seconde de plus loin de lui. « Et c'est pas une question d'amour non plus, parce que je t'aime plus que tout. Peu importe ce que j'ai pu dire ou la façon dont j'ai pu le dire. Je t'aime, Swann. » Il y a encore quelques minutes il ne pensait pas avoir à le lui assurer tant ça avait tout d'une évidence depuis bien longtemps, mais après les mots échangés son cœur lui dictait que Swann avait besoin de l'entendre. Pas parce qu'il pourrait en douter, ce n'était pas une chose qu'une brève dispute pourrait décemment remettre en cause, mais parce qu'à choisir il préférait que son petit-ami se souvienne de ces mots-là. « Je sais pas quoi faire, moi non plus. J'avais tellement l'impression de tout contrôler. J'étais persuadé que si j'arrivais à dompter la douleur, alors tout le reste serait plus simple aussi. » Leur quotidien, leurs projets restés en suspend et toutes ces choses dont ils se privaient depuis que Rory était condamné à rester au loft en attendant de pouvoir utiliser ses béquilles ailleurs qu'entre les différentes pièces de l'appartement. « Tu méritais que tout soit simple. » Parce que les choses ne l'avaient pas toujours été pour lui, qu'il le savait mieux que personne et que c'était à lui aujourd'hui de faire en sorte de lui rendre les choses plus faciles. Rory n'avait pas de solutions miracles, mais il savait qu'il lui devait de se reprendre en main.

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@SWANN BUCHANAN & RORY

S'il y avait quelqu'un à qui Rory serait bien incapable de faire le moindre reproche, peu importe à quel point toute cette situation avait pu échapper à leur contrôle, c'était bien son petit-ami. Swann qui même dans les pires moments conservaient une bienveillance et une tendresse intactes, à ceci près que les deux hommes n'osaient pour le moment pas réduire la distance qui s'était naturellement instaurée entre eux et de chaque coté du canapé. Alors bien sûr, les mots prononcés par l'acteur n'eurent pas un seul instant vocation à reprocher quoi que ce soit à l'homme qu'il aimait, et sûrement pas à faire le plus petit parallèle qui soit avec les quatre années durant lesquelles l'anglais et lui s'étaient aimés en secret. Ce n'était déjà pas une chose sur laquelle il aurait envie de l'attaquer d'ordinaire, mais ici l'atmosphère se voulait suffisamment tendue pour qu'il veuille moins encore risquer de lui causer une peine supplémentaire. Aussi maladroites soient certainement ses paroles, elles étaient simplement celles d'un homme fatigué de leur compliquer la vie bien malgré lui. Fatigué, surtout, de ne pas pouvoir offrir la soirée de ses rêves à son petit-ami. Il savait trop bien combien le passé pouvait parfois rester douloureux pour ne pas risquer de le remuer aussi imprudemment. Et surtout, il l'aimait bien trop pour penser un seul instant à s'en servir contre lui. Alors cette lueur éteinte dans le regard de son petit-ami n'avait rien pour le rassurer, encore moins pour empêcher son cœur de se serrer davantage. Il voudrait d'ors et déjà reprendre chacun de ses mots, convaincu qu'il s'était mal exprimé mais pour autant incapable de s'en assurer directement. Prendre sa main et la serrer de longues secondes au creux de la sienne, voilà ce qu'il aurait désespérément voulu faire, à défaut d'oser dire quoi que ce soit d'autre. Il avait déjà provoqué suffisamment de dégâts, n'est-ce pas ? “Tu sais bien que ça aurait été le cadet de mes soucis. J’ai toujours envie de toi même si tu me dis qu’on doit faire attention, ça n’a aucun rapport.” C'est l'esquisse d'un sourire timide et attristé qui étira les lèvres de l'acteur, alors qu'il donnerait n'importe quoi pour revenir dix minutes en arrière et éterniser ces moments avec lui. Tout était si parfait, si loin surtout de pouvoir tourner à la catastrophe. “Et c’est juste temporaire. Même si ça se compte en semaines ou en mois, c’est juste temporaire.” Ces mots, sans doute que Rory n'aurait de cesse de se les répéter lui-même durant les prochaines semaines. Si composer avec sa blessure était déjà pesant au quotidien, il n'y a que ce soir qu'il s'était réellement rendu compte d'à quel point elle pouvait lui rendre la vie impossible, en l'éloignant de celui qu'il aimait. « C'est temporaire, oui. Et je crois que ce sera très tentant de se rattraper lorsque ce sera plus aussi risqué de faire l'amour comme avant. » Rory tenta cette fois un sourire un peu plus assuré, bien que le cœur n'y soit pas encore totalement. Oh, ils se rattraperaient sans que ça ne fasse le moindre doute, et la malice brillant quelques minutes plus tôt dans leurs regards serait de retour, elle aussi. Tout comme la passion de leurs étreintes et ces sensations que Rory croyait presque encore sentir au creux de son être. « Et si en attendant ça veut dire nous adapter et y aller doucement, je préfère encore ça au fait de pas pouvoir être proche de toi. » Il se sentait à cet instant bien assez éloigné de lui pour pouvoir le supporter au quotidien, preuve en était qu'ils étaient jusqu'ici parvenus à retrouver un semblant d'intimité sans que ça ne pose le moindre problème. Ils seraient prudents et précautionneux, ayant appris de leurs erreurs. “Le jeu n’en vaut pas la chandelle.” Rory en était à son tour bien conscient, son regard ne pouvant faire autrement que de retrouver le sol le temps de quelques secondes. Voilà une chose qu'il n'avait simplement pas réalisé à temps, pensant devoir compenser les dernières semaines à l'échelle d'une seule soirée : c'était inconscient, bien sûr, mais il voulait tant pouvoir lui offrir au moins ça. “Je comprends… Je comprends juste pas pourquoi il a fallu que tout tourne mal pour que tu m’en parles.” « Parce que je voulais pas gâcher notre soirée. Te faire oublier les dernières semaines, c'était tout ce qui comptait à mes yeux. » En dépit de tout bon sens, certainement, comme en témoignait actuellement sa jambe endolorie et le changement brutal d'atmosphère survenu en l'espace de quelques secondes. Des regrets, Rory en avait des tas. “Parce que pour moi, te voir souffrir est pas comparable à quoi que ce soit d’autre.” Si seulement il pouvait réfléchir davantage avant de se lancer tête baissée dans quelque chose, probablement qu'il serait parvenu à sauver leur soirée. « Je le sais, Swann. C'est moi qui ai été idiot, je te demande pardon. » Il aurait du lui parler de tout ça bien plus tôt, ne pas partir du principe que le garder pour lui était la bonne chose à faire quand il n'avait jamais eu de secrets pour lui. “Même si j’ai aimé ça, le temps que ça a duré. Ne va pas penser le contraire.” Si Rory n'en avait heureusement pas douté un instant, cet aveu vit malgré tout rougir légèrement ses joues. « J'ai aimé ça, moi aussi. » Vraiment beaucoup. « Et tu n'y es pour rien du tout. Le seul qui nous ait conduit jusqu'à cette situation, c'est moi. Toi, tu as été parfait. » Et ça n'était pas un malheureux geste, entièrement involontaire et qui n'avait de toute façon duré qu'un tiers de seconde, qui irait y changer quoi que ce soit. Swann s'était montré tendre et attentif du début à la fin de leur échange, et en aucun cas Rory ne voudrait lui laisser penser un seul instant qu'il pourrait en retenir autre chose que ça.

“Ça devrait pas, non. Mais t’es trop dur avec toi même, Rory. Tu peux pas comparer ta gestion de la douleur à une simple épreuve dont tu pourrais apprendre par expérience.” Bien sûr que Swann avait raison et que tout ça n'aurait pas pris de telles proportions si ça ne le ramenait pas chaque fois quinze ans en arrière, à l'époque où une douleur semblable à celle qu'il éprouvait aujourd'hui se voulait synonyme de rêve brisé. Bien sûr qu'il voudrait se convaincre qu'il était capable de gérer bien différemment les choses aujourd'hui, quand bien même ça n'était toujours que lui contre une blessure qu'il ne pouvait pas simplement faire disparaître avec un peu de bonne volonté et quelques comprimés. Cette blessure l'accompagnerait durant les prochains mois et reprocher à son corps de ployer sous la douleur qu'elle répandait sous sa peau n'arrangerait pas les choses ; ça ne ferait même que les empirer. « Si tu savais combien j'aurais voulu t'avoir connu plus tôt. » C'est par ces simples mots que Rory préféra exprimer sa pensée, ses lèvres étirées en un sourire doux et ô combien sincère, malgré cette gêne nouvelle qui se glissait depuis plusieurs minutes entre son petit-ami et lui. Rien n'était simple, pas même le fait de retrouver son regard ou d'avoir un geste tendre à son égard ; geste qu'il réprimait pour l'instant à défaut d'oser aventurer une main contre sa joue, peu importe à quel point il en rêvait précisément. “Et c’est pas l’image que j’aie de toi, je t’assure.” Ces simples mots, eux, symbolisaient déjà énormément à ses yeux ; à tel point qu'il en oublia presque que Swann et lui demeuraient encore chacun de leur coté du canapé. “Je te dis pas ça parce que j’ai honte de toi, c’est pas le cas. Je veux que tu guérisses, c’est tout.” Il secoua la tête, les lèvres pincées. « Je vais guérir. Pour toi, pour moi, et pour qu'on puisse enfin mettre tout ça derrière nous. C'est une promesse, Swann. » La promesse qu'il ne laisserait rien le décourager ou se mettre en travers de sa route : il ferait tous les efforts qui seraient nécessaires et consacrerait toute son énergie à sa guérison. Pour que leurs moments à deux ne soient plus ponctués de crises de douleur et de non-dits. Et pour que tout rentre pleinement dans l'ordre et que Swann retrouve le petit-ami joyeux qu'il connaissait, celui qui ne tenait pas en place et qui se languissait de pouvoir à nouveau arpenter les plateaux de tournage et toutes les jardineries de Brisbane à ses cotés. De tout ça et de tant d'autres choses, oui, Rory avait infiniment hâte. Et à défaut d'avoir pris la bonne décision en choisissant de cacher l'ampleur de son état à son petit-ami, le tout en étant persuadé que ça lui éviterait ainsi de se faire plus de souci pour lui, Rory pouvait au moins tenter de réparer les choses maintenant que le mal était fait. Des tentatives maladroites, alors que son cœur demeurait habité par une culpabilité qu'il était bien incapable de faire taire lorsqu'il nourrissait comme maintenant l'impression d'avoir dressé un mur entre l'anglais et lui. Et il ne saurait y avoir de sensation plus douloureuse au monde, quand tout ce qu'il désirait du plus profond de son cœur était le serrer contre lui, tout comme ses doigts osèrent à cet instant glisser contre les siens. Un contact, voilà ce dont il avait cruellement besoin à cet instant. “Je m’inquiète surtout quand je sais que tu ne me dis pas tout.” « Je suis vraiment désolé. » Il l'était à tel point que son regard était à cet instant incapable de soutenir le sien, alors même que rien ne comptait plus à ses yeux que de rassurer Swann sur l'essentiel : il avait toute confiance en lui, c'était une chose qui ne saurait en aucun cas être mise en doute. “Je sais, oui.” Il avait besoin d'entendre ces mots bien plus qu'il ne saurait lui-même se l'avouer, subitement terrifié à l'idée que Swann puisse penser que leur relation avait changé d'une quelconque manière et que la confiance s'en était allée. Ce n'était pas le cas, il était la personne entre les mains de qui il choisirait à tout instant de confier sa propre vie. Des secrets, ils n'en auraient plus l'un pour l'autre. “Moi aussi je t’aime.” Cette fois, son cœur se réchauffa jusqu'à faire naître un nouveau sourire sur les lèvres de l'acteur, qui aurait donné n'importe quoi pour pouvoir l'embrasser et lui proposer mieux que par n'importe quels mots que l'amour, décidément, ne serait jamais un problème entre eux. A défaut de le pouvoir pour l'instant, ce sont leurs doigts qui continuèrent de s'apprivoiser et des caresses que son pouce égara contre la peau de son petit-ami. “Je suis un grand garçon, je sais ce que je mérite.” Et c'est finalement de le voir s'approcher un peu plus qui suffit à gommer entièrement les dernières minutes et à faire de lui un homme heureux et apaisé.

Leur proximité retrouvée, son cœur fut comme enveloppé dans un écrin de chaleur envoûtante lorsque Swann retrouva sa place sur ses genoux, chaque geste de son petit-ami se voulant plus prudent encore depuis l'incident qui les avait amené à avoir cette conversation. Le regard de Rory, lui, ne brillait plus de tristesse comme quelques minutes plus tôt mais bien de tout l'amour qu'il éprouvait pour lui, dans un moment où ils n'avaient peut être jamais autant eu besoin de s'assurer de la force intacte de leurs sentiments. Les dernières minutes n'y avaient rien changé, pas plus que ne le pourrait n'importe quelle dispute. “En t’aimant toi, c’est pas le chemin de la simplicité que j’ai choisi.” Un constat qu'ils avaient déjà été amenés à faire par le passé, sans pourtant que les mots n'aient jamais été énoncés aussi clairement, moins encore de la bouche de son petit-ami. Bien sûr qu'ils restaient difficiles à entendre pour une part de Rory qui n'avait jamais voulu être source de complications et de tourments intérieurs chez l'homme qu'il aimait depuis maintenant de nombreuses années. Mais s'il pouvait au départ douter d'être en mesure de compenser tout ça en rendant Swann heureux autant qu'il méritait de l'être, ce n'était plus le cas aujourd'hui. Aujourd'hui, Rory avait acquis cette certitude : ils se rendaient heureux l'un-l'autre et n'étaient décidément pas faits pour vivre séparés, tels que le leur avaient prouvé les quelques mois passés à tenter de reconstruire leur vie chacun de leur coté. Ils s'aimaient bien trop pour qu'une telle option soit un jour possible. “Mais je ne regrette absolument rien, et je te jure que je peux supporter tes problèmes en plus des miens.” Les lèvres de l'acteur s'étirèrent dans le plus doux des sourires, cette fois infiniment plus serein tandis que cet échange prenait enfin une tournure qui valait à son cœur de se remplir de joie autant que d'espoir. Cette soirée n'avait pas débuté comme ils l'auraient voulu, mais les prochaines heures restaient encore à écrire, elles. « Je le sais, Swann. Tu es l'une des personnes les plus fortes et les plus courageuses que je connaisse. » Et il en pensait chaque mot, avec tout ce que ça impliquait lorsqu'on connaissait les drames qui avaient jalonné le passé de l'anglais et toutes les fois où Rory s'était inquiété pour lui plus que pour n'importe qui d'autre. Rien de tout ça ne l'avait jamais défini, et il n'avait jamais cessé de le voir comme quelqu'un de bien trop positif et de bien trop lumineux pour laisser la vie lui retirer tout espoir. « Mais tu peux pas m'en vouloir de préférer lorsque tu n'as pas autant de problèmes à gérer. Être celui qui t'en rajoute est la dernière chose dont j'ai toujours eu envie, même si je sais que tu le ressens pas comme ça. » Parce que même en ayant toujours voulu qu'ils affrontent leurs problèmes ensemble et s'épaulent lorsqu'un traverserait une mauvaise passe, il aurait voulu pouvoir toujours lui rendre les choses plus faciles. “Je suis désolé, j’aurais voulu t’en parler autrement.” Les dernières minutes avaient été des plus douloureuses et leurs visages en perte de couleurs en portaient encore la trace, tout comme leurs sourires encore un brin timides ou leurs gestes teintés d'une hésitation nouvelle. Mais s'il y avait bien une chose dont Rory était intimement persuadé, maintenant que son regard replongeait dans le sien et se substituait à tous les mots du monde, c'est que le plus dur était maintenant derrière eux. « Moi je crois qu'au contraire c'était le moment parfait. » Il souffla ainsi dans un sourire tendre. « Pour se dire les choses, pour se parler vraiment. » Ça faisait mal, sur le coup, mais c'était aussi probablement nécessaire à plus d'un titre lorsque les choses en arrivaient au stade où se cacher des choses demeurait plus simple que de s'ouvrir leur cœur. A présent, et aussi vive soit encore la culpabilité de Rory à ce sujet, ils pouvaient avancer ensemble et s'assurer que cette situation ne se reproduise pas. “C’est pas parce que tu es mon petit-ami que je ne peux pas accepter que tu gardes des choses pour toi, moi aussi j’ai totalement confiance en toi. Mais là… Là c’est pas pareil.” Je sais, Swann. Et son regard, subitement attristé, se faisait le parfait miroir des mots qui filtrèrent finalement d'entre ses lèvres. « Je te demande pardon. J'aurais du t'en parler dès que ça a commencé à devenir ingérable, j'aurais du... savoir que je pouvais tout te dire sans avoir à craindre ton jugement. » Sans avoir à craindre de le décevoir, surtout, quand c'était une chose à laquelle Rory avait été plus qu'habitué auprès de ses parents et, quoi qu'il puisse en dire, de son frère aîné. Avec Swann pourtant, tout était différent : voilà la seule chose qu'il aurait du garder en mémoire lorsque la douleur et le besoin de se prouver qu'il gardait le contrôle avaient obscurci son jugement. Ce ne serait plus jamais le cas, il se le promettait. « Si tu veux que j'aille voir le médecin dès demain pour lui en parler, je le ferai. Je sais qu'on peut gérer ça ensemble, mais pour l'instant te rassurer est la seule chose qui soit vraiment importante à mes yeux. » Alors s'il pouvait éviter de lui causer plus de souci et lui prouver qu'il était décidé à s'en sortir sans dépendre de ces médicaments au point de risquer de se mettre en danger, il est certain qu'il n'hésiterait pas. Pour lui, il était réellement prêt à tout.

Ce sont ses yeux qui finalement quittèrent ceux de son petit-ami pour se poser sur la chaîne que celui-ci portait toujours autour de son cou ; celle où siégeait cette alliance qui n'avait plus quitté Swann depuis le jour où Rory lui avait demandé sa main. Peu importe l'issue qu'avait finalement pu connaître cette demande en mariage, l'important restait aujourd'hui que ce bijou soit toujours auprès de lui, tel que l'acteur l'avait toujours voulu. Après tout cet anneau était le symbole même de son amour pour Swann, un amour aujourd'hui toujours aussi fort et synonyme d'évidence. "J'ai rien promis devant personne, mais à mes yeux ça veut tout de même dire dans la santé comme dans la maladie." Un instant perplexe, le regard du brun ne tarda cependant pas à se remplir d'une émotion irrépressible, de celle qui faisait scintiller ses yeux et s'étirer immensément son sourire. Swann ôta la chaîne d'autour de son cou pour la faire délicatement passer autour du sien, dans un geste qui valut à Rory de l'observer avec plus de tendresse encore. « Swann... » Les mots lui manquaient presque pour exprimer combien ce geste valait justement mille mots à ses yeux, alors qu'il n'était pas sans savoir tout ce que ce bijou représentait pour lui et qu'il n'avait jamais consenti à le prêter à personne ; pas même à lui jusque là. L'idée n'aurait de toute façon pas traversé l'esprit d'un Rory trop heureux de savoir cette alliance auprès de son propriétaire, pourtant ici le simple fait de sentir le métal froid tout contre sa peau le touchait à un point que Swann ne pouvait certainement pas même imaginer. "Je reviendrai toujours." Il n'avait pas besoin de faire ça pour que l'australien n'ait pas même la moindre envie d'en douter, pourtant ce geste représentait tant de choses à ses yeux qu'il ne chercha pas un seul instant à polémiquer. Au contraire, c'est un Rory tout sourire qui accueillit bientôt le baiser passionné qui suivit. Un baiser comme ceux qu'ils partageaient il y a encore une poignée de minutes, et qu'ils auraient du partager tout au long de cette soirée. Un baiser que Rory prolongea ainsi de longues secondes, ses doigts se perdant entre la nuque de Swann et la naissance de ses boucles. « Ça, ça valait tous les vœux de mariage du monde. » Il souffla tout contre ses lèvres, à présent incapable de réprimer un immense sourire, quoique toujours teinté d'autant d'émotion. Ça valait tous les vœux de mariage du monde, mais ça n'enlevait rien à son désir profond de l'épouser un jour, son cœur baigné d'impatience à cette seule pensée tandis que de sentir l'anneau autour de son cou lui donnait comme un avant-goût de cette vie qu'il désirait tant écrire avec lui. Ce n'était pas une demande en mariage, mais c'était tout aussi précieux sur l'instant : la promesse qu'en dépit des nuages qui viendraient parfois obscurcir leur ciel, c'est ensemble qu'ils affronteraient les épreuves. "Il s'appelle revient, ok ? J'y tiens beaucoup, même si c'est quelqu'un de vraiment têtu qui me l'a offert." Un rire léger s'échappa d'entre ses lèvres tandis que Rory déposa délicatement son front contre le sien. « Quelqu'un de vraiment têtu mais qui t'aime plus que tout. Ça doit bien compter comme circonstance atténuante, non ? » Parce qu'il l'aimait plus que tout et que ça n'était pas une chose dont il pourrait un jour le laisser douter, peu importe les obstacles qui se dresseraient parfois sur leur chemin. "Et je suis certain que ça pourrait se revendre cher." Amusé, c'est par un nouveau baiser qu'il se contenta d'abord de répondre, non sans que ses lèvres ne s'égarent un peu plus loin que simplement sur les lèvres de son petit-ami ; sa mâchoire, son menton et ses joues eurent droit à leur tour à leur lot de baisers. « Considère qu'elle te sera restituée dès demain matin. » Si Swann réussissait à s'en passer jusque là, dans le cas contraire Rory ne s'appropriait bien évidemment pas cette chaîne une seule seconde de plus. Ce n'était peut être qu'un bijou, mais il savait combien il était maintenant habitué à le porter sur lui. « Je t'aime. » Et aujourd'hui comme tant d'autres soirs, Rory avait profondément hâte du jour où il pourrait cette fois glisser une alliance à son doigt et devenir officiellement l'homme le plus heureux que cette Terre n'ait jamais porté. « Et j'ai l'intention de passer les prochaines heures à te serrer contre moi sans plus te lâcher alors si tu veux profiter de tes derniers instants de liberté, c'est le moment ou jamais. » La ligne de ses lèvres se fendit en retour d'un sourire amusé, le genre à leur mettre du baume au cœur après une soirée décidément riche en émotions mais qui leur avait aussi permis de s'ouvrir leur cœur et de crever certains abcès. Un mal nécessaire et qui avait au moins eu l'avantage de lui faire oublier sa propre douleur physique : c'est au fond de son cœur qu'il avait eu le plus mal, mais également là que la tristesse laissait désormais place à l'apaisement. Celui de partager la vie d'un homme qui valait décidément tous les efforts du monde. Et ce soir, à présent que leurs cœurs se voulaient plus légers, c'est au creux de son oreille qu'il veillerait à lui rappeler combien il l'aimait et combien cette Saint-Valentin pouvait être belle, malgré tout.

Les traits de l’anglais se détendent avec l’avancée de leur discussion et si son cœur se retrouve serré à de nombreuses reprises, pour de simples mots qui n’ont jamais eu vocation à le blesser, il sait pourtant que leur discussion est aussi difficile que nécessaire. Rappeler à Rory qu’il continue de le désirer lui semble être nécessaire à en juger par leur relation, autant que parce que c’est un point avancé par son petit-ami lui-même sans que Swann n’en pense un traître mot en retour. Ce n’est pas parce qu’ils peuvent parfois hausser le ton ou trouver des points de différence qu’il l’aime un peu moins ; pas du tout. Il est dans sa vie depuis six ans sans que cela ne semble être un délai assez long pour accepter qu’ils aient fait le tour de leur relation. Bien avant d’être l’homme auprès duquel il veut finir ses jours, l’acteur est surtout celui auprès de qui il veut vivre chaque instant, les meilleurs comme les autres. Il accepte ses excuses avec difficulté, simplement parce qu’il ne les juge pas nécessaires, pas alors qu’il est un être humain infiniment doux et avisé ne souhaitant que le meilleur pour son petit-ami. Simplement, la vie ne semble pas vouloir lui rendre les choses aussi faciles.  « Si tu savais combien j'aurais voulu t'avoir connu plus tôt. » Certains mots le marquent pourtant plus que d’autres, surtout alors qu’il aurait pu lui-même les lui partager tant il en pense autant. Si seulement il avait pu le connaître plus tôt, il est certain que beaucoup de mauvaises choses ne seraient jamais arrivées. Pour le moment encore, c’est par un doux sourire, encore un peu trop faible à son goût, qu’il lui répond et le remercie d’être sa bonne personne en retour. « Je vais guérir. Pour toi, pour moi, et pour qu'on puisse enfin mettre tout ça derrière nous. C'est une promesse, Swann. » - “Je sais. Je sais que t’en es capable et que tu le feras, j’ai confiance en toi.” Il est fort, déterminé. Il guérira, c’est un fait, et c’est autant le médecin que le petit-ami qui le lui dit. Ses doigts retrouvent les siens avec fébrilité, comme s’ils apprenaient pour la première fois. Ils ont simplement besoin d’un peu de temps, toujours bien moins que les lèvres de l’anglais lui assurant à nouveau son amour pour lui.


Avec toute la délicatesse du monde, il retrouve finalement sa place d’antan sur les genoux de Rory, occupé à l’observer avec une tendresse infinie en même temps que ses doigts glissent contre sa nuque et ses épaules, tant pour le rassurer que pour remplacer un t-shirt inexistant. « Je le sais, Swann. Tu es l'une des personnes les plus fortes et les plus courageuses que je connaisse. » Son avis sur la question est biaisé et force est d’avouer que Swann ne partage pas cette pensée mais le moment serait mal choisi pour argumenter, raison pour laquelle il se contente d’un sourire non moins ému. « Mais tu peux pas m'en vouloir de préférer lorsque tu n'as pas autant de problèmes à gérer. Être celui qui t'en rajoute est la dernière chose dont j'ai toujours eu envie, même si je sais que tu le ressens pas comme ça. » Sa tête se balance doucement de droite à gauche. “Non, je ne t’en veux pas pour ça. Bien sûr que non.” Il aurait réagi de la même manière, à n’en pas douter, à vouloir alléger les épaules de l’homme qu’il aime autant que possible. Ils le font constamment, chacun de leur côté, chacun à leur façon, mais chaque règle se doit d’avoir son exception et dès lors qu’il en va de la santé de quelqu’un, la limite est atteinte. Il ne le répétera pas une fois de plus, certain que Rory a depuis le temps compris son point. Son rôle est bien plus de le rassurer, désormais. « Je te demande pardon. J'aurais du t'en parler dès que ça a commencé à devenir ingérable, j'aurais du... savoir que je pouvais tout te dire sans avoir à craindre ton jugement. » Swann n’a rien à redire là-dessus. Pire encore, sans doute, il ne veut rien redire là-dessus, simplement parce que son avis se calque sur les paroles de Rory et qu’il ne cherche pas à le culpabiliser davantage encore. A ses yeux, pourtant, il lui semblait évident que jamais son avis personnel n’aurait pu prendre le dessus sur leur couple, leur amour, et cette volonté intrinsèque de vouloir faire sa vie avec lui. Tout ce qu’il espère, finalement, c’est que cette soirée leur apprendra au moins une chose: ils pourront toujours se reposer l’un sur l’autre, peu importe à quel point demander de l’aide peut s’avérer être difficile. “C’est ok, Rory. Pardon accepté.” Tout va bien, maintenant. Il annonce tout bas, avec une certaine émotion. « Si tu veux que j'aille voir le médecin dès demain pour lui en parler, je le ferai. Je sais qu'on peut gérer ça ensemble, mais pour l'instant te rassurer est la seule chose qui soit vraiment importante à mes yeux. » Ses pouces caressent doucement ses épaules alors qu’il se donne le temps de la réflexion pour tenter de répondre avec autant de justesse que possible. “Tu voudrais que je vienne avec toi ? Tu peux dire non, c’est pas une fausse proposition. Je veux juste que tu saches que je suis là, si t’en as besoin.” Et qu’il lui laissera tout l’air dont il a besoin si jamais Rory le préfère ainsi: il lui a dit, il a une totale confiance en lui et ce n’est pas cette soirée qui saurait la remettre en question.

C’est bien pour le lui prouver à sa façon et lui assurer la force de leur relation que l’anglais fait passer sa chaîne de son propre cou à celui du brun, quand bien même ce simple anneau a une importance sans pareille à ses yeux. Rory est le mieux placé pour le comprendre et, par extension, pour en être le propriétaire temporaire, aussi longtemps qu’il en aura besoin à son tour. Le sourire que ce geste fait naître sur les lèvres de l’acteur est tout ce dont Swann a besoin pour être assuré du bien fondé de l’idée. « Swann... » Il n’a pas besoin d’en dire davantage ; il n’a même pas besoin de dire quoi que ce soit. Le baiser que l’anglais engage est plus vif et Rory y répond avec autant d’entrain, comme si les dernières minutes n’avaient jamais existées. Les secondes s’égrènent avec bien plus de passion, désormais, et Swann se sent plus à sa place que jamais lorsqu’il sent les doigts de l’acteur s’enrouler autour de ses cheveux. « Ça, ça valait tous les vœux de mariage du monde. » Sans doute se tiendront-ils un peu mieux le jour où ils partageront de véritables vœux et le jour où Swann promettra non seulement de l’aimer dans la santé comme dans la maladie, mais bien dans toutes les autres occasions aussi. Parce qu’il sait que cela arrivera, tout comme il sait que tout n’est qu’une question de temps et d’un bon timing dont ils ont toujours manqué. Le sourire de Swann répond avec autant d’immensité à celui que Rory lui renvoie alors qu’il garde pour lui des mots pourtant évidents: leur véritable mariage sera incomparable à cet instant.

Le collier désormais autour du cou de l’acteur, c’est finalement leurs fronts qu’ils posent l’un contre l’autre, sans empressement. Les mains de Swann se nouent derrière la nuque de Rory, son sourire ne sait pas se déloger de son visage désormais bien plus soulagé. « Quelqu'un de vraiment têtu mais qui t'aime plus que tout. Ça doit bien compter comme circonstance atténuante, non ? » - “Je pense qu’on peut effectivement en discuter.” Se savoir aimé par Rory Craine est quelque chose de bien trop important et nécessaire à son existence pour que cela ne puisse pas excuser tout le reste - et ils le savent tous les deux. Il répond à nouveau à son baiser après un simple rire, amusé par sa propre blague, soucieux de laisser l’atmosphère se détendre. Il sourit un peu plus encore lorsque les lèvres de Rory ne semblent plus trouver le chemin jusqu’aux siennes, ni même le chercher, et qu’au lieu de ça elles parsèment à nouveau sa peau. « Considère qu'elle te sera restituée dès demain matin. » - “Je suis pas pressé, elle est entre de bonnes mains.” L’observer autour du cou de Rory le rend aussi heureux que s’il la portait lui-même, parce que la signification reste la même, celle de la promesse d’une union à venir, pacte réalisé il y a de ça plusieurs années déjà. Peu importe les obstacles, leur nombre autant que leur intensité, ils se retrouveront toujours. « Je t'aime. » Il caresse sa joue de sa main ouverte, sa plaie totalement guérie désormais. “Je t’aime aussi Rory.” Si seulement il avait trouvé le courage de prononcer ces mots plus tôt, sans honte ni retenue.

« Et j'ai l'intention de passer les prochaines heures à te serrer contre moi sans plus te lâcher alors si tu veux profiter de tes derniers instants de liberté, c'est le moment ou jamais. » Ce programme lui plaît finalement bien plus que n’importe quel autre, raison pour laquelle il libère les cuisses de Rory simplement pour prendre place à ses côtés, passant son bras autour de ses épaules pour sentir la chaleur de sa peau contre la sienne. “Qu’est-ce que tu dis de “jamais” ?” Ses lèvres embrassent sa tempe, sa main libre attrape une couverture, anticipant déjà qu’ils ne quitteront pas leur place avant un bon moment, tant par besoin que par envie.