| | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 9:21 | |
| Le cortège marchait depuis des jours. Pieds nus, Murphy marche, tête basse. Vêtue de haillons, elle suite le cortège en traînant des pieds. Plusieurs fois, elle est déjà tombée, mais les cavaliers l'ont attendue. Ils sont impitoyables, avec leurs prisonnières. Parce qu'elles ne sont que des femmes, pieds et poings liés, boulets aux chevilles. Et elles se traînent, comme des âmes en peine. Elles ne sont plus les tigresses qu'elles étaient autrefois, battantes et courageuses, pleines de hargne. Elles n'ont plus les cheveux chatoyants comme aurait pu l'être le pelage du tigre, animal qu'aucune d'entre elles ne connaissent vraiment. Elles ont entendu des contes, bien sûr, au sujet de leurs griffes. Mais les femmes de ce sanglant cortège ne sont plus aujourd'hui qu'une longue traînée de coquilles vides.
En chemin, elles croisent un coq et l'une d'entre elles hurle. Elle y voit certainement un présage, celui que quelqu'un viendra certainement les sauver un jour ou l'autre. Peut-être un preux chevalier vêtu de plumes d'un poulet bleu, comme dans les rêves les plus fous de ces femmes que le soleil affaiblies. Peut-être que cet animal légendaire tombera du ciel, ses plumes comme une ombrelle, pour venir les sauver de toute la misère qu'elles vient en ce moment. En attendant, elles se traînent dans le nid de vipère dans lequel elles sont tombées. C'est un bel animal, le serpent. On compare souvent ces femmes à des vipères, partout où elles passent. Elles tuent les nourrissons, empoisonnent les hommes et volent les maris des honnêtes femmes. Elles dévorent, enserrent, emprisonnent contre leur poitrine tous les animaux qui passent et surtout, elle couchent avec d'autres animaux. De véritables serpents. C'est comme cela que Murphy a été prise. Parce qu'elle connaissait les propriétés des venins de serpent. Parce qu'elle aimait cet animal auquel elle ne causait aucune peine. Parce qu'elle aidait les femmes à accoucher, aussi. Mais personne n'en parlera jamais.
Soudain, Murphy retombe. Le cortège s'arrête. « Soif... » « Relève toi. » Murphy mourra de soif avant que le cortège n'arrive à destination, mais les meneurs ne ralentiront pas le pas pour autant. Il faudrait un miracle, pour qu'elles s'en sortent avant d'arriver au bûcher... ou que le soleil ne termine son travail et ne les achève sur le sentier de la mort.
@jina crawley |
| | | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 12:10 | |
| Jina se traine, ses pieds saignent dans ses sandales, le sable chaud s’immisce sous la voute plantaire et continue de creuser un peu plus dans sa peau, à chaque seconde. Irritation, chaleur, douleur, tourments et désolation, le sort s’acharne sur les femmes qui sont baladées comme du bétail à travers les terres arides d’Australie. N’étant pas de nature à se rebeller, la brune avait suivi, sans broncher, courbant l’échine, ses yeux ne quittaient plus le sol depuis des jours. Alors qu’elle était attachée à chaque femme, devant et derrière, elle sentie un poids l’entrainer en arrière, elle avait bien idée de ce qu’il pouvait se passer, bien qu’elle n’ose que très rarement jeter des coups d’œil derrière son épaule. C’est cette femme, avec qui elle échange quelques regards depuis le début de leur périple qui se retrouve au sol. Raisonnablement, Jina s’arrête, provoquant petit à petit un effet domino et l’arrêt du cortège tout entier. Altruiste, elle se disait qu’elle devait lui laisser sa chance, lui donner le courage de se relever alors que depuis le début, les femmes qui trébuches sont laissées pour mortes sur le bord après avoir été trainée par la forces de chacune sur plusieurs centaines de mètres. « Soif... » « Relève toi. » « Wow… » Le chavalier n’avait aucune pitié pour la brune qui n’en pouvait plus, à l’agonies. Elles étaient pourtant toutes dans le même état, à l’agonie. Yeux rivés sur la brune, remarqua l’ombre de l’homme à cheval qui descendait de sa monture pour se ruer sur sa camarade. Jina se précipita alors sur cette dernière, dans un élan de courage qu’elle ne se soupçonnait pas. Il aura fallu qu’elle ressente un danger imminent pour réagir. Naturellement très réservée, cette fois, elle agissait à l’opposé de ses habitudes. Agitant sa main en l’air, pour arrêter cette frappe qui allait se tourner vers la femme faible, à terre. « Ça suffit !! » Rugie la brune, au bord des larmes, épuisée elle-même de ces derniers jours impitoyables. « Assassin, n’avez-vous donc aucune pitié, n’avez-vous donc aucune âme ?! » |
| | | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 12:22 | |
| Alors qu'elle croit que le monde lui fond dessus et que le soleil s'apprête à lui griller les neurones, Murphy sent un poids s'appuyer sur elle. C'est une autre des femmes que l'on traîne dans le sable depuis des jours qui vient voir comment elle se porte - la réponse : mal. Elle n'en a plus pour longtemps, la petite brune. Et si les soldats ont pour ordre de n'en laisser aucune derrière, Murphy sait très bien que beaucoup de ses sœurs ont été laissées aux bêtes sauvages dans ce même désert, faute de vivres et d'eau. « Ça suffit !! » Murphy se redresse légèrement. Ses cheveux bruns lui barrent la vue. Doucement, elle ouvre les yeux et soupire. « Assassin, n’avez-vous donc aucune pitié, n’avez-vous donc aucune âme ?! »
Soudain, l'homme abat sa main gantée sur la joue de l'autre femme. Le choc est tel que même Murphy peut le ressentir. C'est alors que la soif n'a plus aucune importance. Soudain, Murphy se lève et se rue sur le cavalier, le poussant à terre. « Espèce de brute ! Espèce de serpent ! » Elle cogne, la brune. Elle cogne, griffe, éructe, crache, déploie toute la force dont elle est encore pleine malgré la soif qui lui brûle le gosier. Ses doigts sont devenus des griffes. Sous les quolibets et les rires, elle s'acharne sur le soldat. Ses camarades rient à s'en tordre le ventre. Ce n'est pas souvent qu'ils assistent à un combat perdu d'avance.
Mais les femmes n'ont pas dit leur dernier mot. L'une d'entre elle attrape un fusil et dans la débandade, personne ne sait vraiment pourquoi ni comment les choses ont si vite dégénérées. « Les mains en l'air ! » Murphy tient toujours le soldat par les cheveux. Les autres cavaliers mettent un pied à terre et s'approche de la petite sorcière, qui tire et décapite littéralement un des soldats.
C'est là que les chaînes deviennent des armes et que les filles se synchronisent pour essayer de se défaire de leurs geôliers. Pendant que certaines se battent et meurent sous les coups de fusil, Murphy lâche le soldat duquel elle a volé un fusil. Avec rapidité, elle tire sur les chaînes qui la reliait à la femme qui a tenté de la protéger. « On se tire ! Viens ! » Et dans le chaos, deux femmes courent pour leur liberté. |
| | | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 12:52 | |
| L’impact est brutal, l’impact est cruel et injuste. Pourtant, il est bien réel, sous le gant de l’homme, les traces sur le visage de Jina sont visibles à plusieurs mètres et c’est un silence assourdissant qui avait retenti suite à la gifle. La douleur était semblable à la morsure d’un serpent, cet animal vil et vaniteux. Rien de bon en cet homme qui n’avait plus que l’envie de servitude, d’être supérieur. La douleur se propageait doucement, chauffait d’autant plus sous ce soleil brûlant. Elle se redressait, prenant sur elle, pour à nouveau faire face. Prête à prendre un second coup s’il le fallait. Après tous ces jours de torture, c’était aujourd’hui ou jamais. « Espèce de brute ! Espèce de serpent ! » Les voilà raccords sur un point. Elle ne s’attendait pas à ce qu’elle réussisse à se remettre sur pied. Peut-être que la solidarité et toute cette injustice avait fini par être si étouffante qu’il était temps d’y mettre fin. Telle le tigre, la brune fit preuve de bravoure, d’une force mentale à toute épreuve, là, le corps n’était plus maitre, c’est bien l’esprit qui prenait le relai. Etait-ce pour autant raisonnable ? Elle n’y comprenait plus rien, Jina, tout s’agitait soudainement sous ses yeux, elle aurait aimé se creuser une tombe et s’enterrer pour ne pas à subir et à voir toute cette violence mais elle éprouvait à la fois un sentiment qui la comblait. Elle prenait plaisir à voir ces hommes armés de faire massacrer, se faire tirer dessus, de faire ouvrir le crâne. Les femmes ici présentes étaient devenues à leur tour, courageuses comme des dragons, têtes brûlées dont les actions ne sont plus dictées que par leur instinct de survie. Les femmes prouvaient leur domination, maîtresses du monde, les voilà forte et vaillantes. Combien tomberaient vraiment de fatigue après cette bataille ? La guerre était loin d’être terminée pour autant. Elle sursauta, quand elle entendit un autre coup de fusil, quand elle vit ce crane sanglant sous ses yeux. Elle sursauta, ses chaines se brisèrent, ses chaines lui rendaient sa liberté. Des chevaux sauvages, libres et indépendants, voilà qu’elles retrouvaient le goût de courir comme elles le désiraient. « On se tire ! Viens ! » Bien sûr qu’elle se tire aussi Jina. Elle la suit, fonçant tête baissée à travers ce désert, ses pieds lui faisaient toujours un mal de chien mais elle continuait. Elles ne pouvaient plus faire demi tour, elles ne pouvaient plus s’arrêter, pas tout de suite. Elles savaient que tôt ou tard, les autres femmes seraient toutes descendues, toutes celles qui n’auraient pas la chance de courir aussi vite. Chaque point d’appui était une douleur indescriptible, mais l’esprit prenait le relais au corps, son âme la guidait à travers les paysages qui se répétaient avec lassitude. « C’est bon… » fit-elle en reprenant son souffle, crachant ses poumons, quand elle constatait que personne ne les avait vraiment suivi et qu’elles pouvaient en profiter pour reprendre leur souffle. « Est-ce que t’as une idée d’où on peut être ? » Jina n’était jamais sortie de sa petite bourgade jusqu’à ce que les gens perdent la tête. Jusqu’à ce qu’on accuse ces femmes de sorcellerie, d’être la raison de ces âmes errantes qui avaient envahi villes et campagnes, mis à feu et à sang les foyers. Les guider vers le bûcher semblait être la seule solution pour éradiquer cette malédiction.
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| | | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 13:19 | |
| Et elles courent, vers la liberté. Elles ne savent pas où et elles ne savent pas pour combien de temps, mais elles courent plus vite que des chevaux sauvages. Quand elles sont assez loin, la clameur de la bataille ne s'entend presque plus. Quel camp aura gagné ? Les filles ne peuvent pas le savoir. Il est désormais trop tard. « C’est bon… » Oui, tout était terminé. Au loin, on n'entend même plus les coups de fusil. Murphy a vu beaucoup de ses sœurs assassinées et elle n'est pas certaine que c'est leur camp qui l'aura emporté. « Est-ce que t’as une idée d’où on peut être ? » La petite brune secoue la tête. Elle lève doucement ses yeux vers le soleil, qui est malheureusement à son zénith. Voilà qui leur laisse le temps de pourrir au soleil, d'attendre la mort, que la lune blanchisse leurs os et que le soleil ronge la chair sur leur corps. « J'aimerais bien pouvoir te dire où nous sommes mais voilà, j'ai perdu le compte il y a longtemps. Tout me donne une impression de déjà-vu. » Elle ne vient pas du premier village dans lequel le cortège s'est arrêté. Il y a longtemps qu'elles marchent, les filles. Elles ont traversé bien des villages avant d'atteindre le désert. Murphy a été arrachée au sien il y a de ça quelques jours, avant qu'ils n'arrivent dans un nouveau bled pour arrêter plus de filles. La destination finale, elle ne la connaît pas.
Cachée derrière un rocher, les filles se reposent. La tête de Murphy pèse lourdement sur ses épaules, elle qui n'a pas bu depuis des lustres. « La priorité c'est de trouver de l'eau... et un abri pour la nuit. » qu'elle marmonne, frottant un de ses pieds endolori. Si elle avait eu ses plantes... Parce que c'est aussi cela qu'on leur a reproché, aux filles. De pactiser avec des démons, de faire s'abattre sur les villages tout un tas de maux, d'empoisonner les puits. « On a pas rendez-vous avec la mort, aujourd'hui. On va s'en sortir. » qu'elle tente, comme pour rassurer sa camarade. « Bon, d'accord, je rêve de bons entremets... Ou d'une bonne ratatouille. » Sa mère la faisait à la perfection. Mais il y a longtemps qu'elle est morte, elle aussi. |
| | | | (#)Mer 23 Fév 2022 - 18:55 | |
| La jeune brune avait du mal à reprendre son souffle et cette sensation de bouche pateuse, entre le manque d’eau, le manque de nourriture, le moindre effort était compliqué et pourtant, elles avaient trouvé de quoi puiser dans leur dernières ressources pour s’enfuir le plus loin possible. Elles avaient ce sentiment d’être safe à présent. Loin du bruit, loin de la poussière qui s’agite dans l’air, loin du sang qui gicle. L’odeur du fer dans l’air ne leur chatouillait plus les narines à présent. Quoi que, Murphy avait quelques giclures sur ses bras et même sur le visage. Ce n’était pas important pour Jina, elle s’en moquait, à présent, elles étaient libre. « J'aimerais bien pouvoir te dire où nous sommes mais voilà, j'ai perdu le compte il y a longtemps. Tout me donne une impression de déjà-vu. » elle regardait autour d’eux, l’indigène. Tout était familier car tout était similaire. « Un rocher est une rocher… » autrement dit, rien d’autre à l’horizon depuis plusieurs heures, quelques jours. « On a tellement marché dans le désert qu’on devrait plus être si loin d’un village, non ? » elle hausse les épaules, c’est seulement ce dont elle rêve, rien d’autre. « La priorité c'est de trouver de l'eau... et un abri pour la nuit. » elle hoche la tête, bien en accord avec ses priorités. Le problème c’était de savoir dans quelle direction se rendre. Pour le moment le soleil était en pointe au dessus d’elle, ce qui indiquait qu’elle avait encore du temps pour que la nuit ne tombe, mais , perdues au milieu de nulle part, ce même temps pouvait filer bien trop vite. « On a pas rendez-vous avec la mort, aujourd'hui. On va s'en sortir. » alors que son crane appuie sur ce rocher derrière lequel elles s’étaient réfugier, Jina se tourne doucement vers la brune au teint pâle. Rien à voir avec sa couleur de peau naturelle, la demoiselle avait réellement un teint blafard… « Bon, d'accord, je rêve de bons entremets... Ou d'une bonne ratatouille. » elle souffla, Jina, oh qu’elle en rêvait aussi. « bon, viens ! » elle se redresse, prenant appuie sur la terre battue pour se redresser, tendant ensuite sa main à sa nouvelle partenaire de route. « On va avoir de la route, il vaut mieux s’y mettre maintenant. » trouver de l’eau et un abri, c’était ça la priorité. Alors que la jeune femme avaient les yeux à nouveaux rivés vers le sol, elle remarqua, à quelques mètres d’elles des traces de pas dans la terre rouge. « Regarde ! » elle se rapproche, les pas étaient plus grand que les siens, en comparaison lorsqu’elle apposa son propre pied à côté. Sans doute ceux d’un homme. « Et là ! » oh, là, sans doute ceux d’enfants… ou d’une femme, petite femme ? « On doit les suivre… » elle était peut être un peu trop enthousiaste, mais à cet instant, c’était leur seule piste. « peut être que tu l'auras ce soir, ta ratatouille! »
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| | | | (#)Jeu 24 Fév 2022 - 4:24 | |
| Nous sommes toutes les deux mortes, mais Murphy plus que moi. De mon point de vue, la petite brune en a bavé différemment. Les autres ont été arrachées à leurs familles, oui, et sur ce point là nous sommes sur un pied d'égalité. Dans le regard de Murphy, il y a pourtant autre chose et je crains qu'elle n'ait subi d'autres abus de la part de ces dits soldats. Ils ne sont en fait qu'une milice autodidacte, des types sans organisation à peine soutenu par les chefs des villages que nous traversons. Certaines autres femmes s'offusquent de nous voir ainsi traînées à travers le désert ou devant leurs maisons, mais la plupart cachent leurs enfants et préviennent leurs maris. Nous ne sommes jamais les bienvenues, où que nous allions. « On a tellement marché dans le désert qu’on devrait plus être si loin d’un village, non ? » « J'en sais rien. » qu'elle lâche, haussant les épaules. Murphy regarde autour d'elle, visiblement insatisfaite par la vision que lui offre le désert.
Les priorités, Murphy en a une idée bien droite et je la suis sur ce point : nous devons trouver de l'eau et un abri. Rien n'est plus important en cet instant. Au loin, les coups de feu ont cessé. Nos sœurs sont peut-être toutes mortes, mais en cet instant que j'en ai cure. Murphy aussi, a l'air de n'en avoir rien à faire. Notre survie est probablement sa seule priorité. « bon, viens ! » Je me redresse et lui tend la main, qu'elle attrape sans broncher. Elle a l'air un tout petit peu plus jeune que moi, mais pas de beaucoup. Avec tout ce que nous avons traversé, nous sommes toutes les deux aussi vieilles l'une que l'autre. Pas de corps, mais d'esprit. « On va avoir de la route, il vaut mieux s’y mettre maintenant. » Murphy opine du chef et me suit sans se départir de son regard convaincu. Elle n'a pas perdu la foi.
Nous marchons quelques instants avant de trouver une chose extraordinaire. « Regarde ! » Des traces de pas ! Murphy se penche sur les indices et son regard s'illumine. « Et là ! » La jeune femme sourit, maintenant. « On doit les suivre… » « Et s'ils allaient plus loin dans le désert ? » Son inquiétude est légitime, mais nous n'avons pas d'autre choix. « peut être que tu l'auras ce soir, ta ratatouille! » A cette idée, le ventre de Murphy gargouille.
Nous suivons les traces de pas jusqu'à arriver à un minuscule hameau. Personne ne nous a encore vu. « Bon. Le convoi n'a pas l'air d'être passé par ici. » qu'elle remarque. « Nous sommes sœurs. Des soldats nous ont enlevées, nous demandons l'asile cette nuit et nous pouvons travailler. Surtout, pas un mot sur tes connaissances. » qu'elle dit, avant de s'avancer vers le village. Déjà, un type se tient dans l'allée principale. Murphy a le regard inquiet, mais résolu. Elle doit être en train de prier pour que personne ne se méfie de nous. |
| | | | (#)Lun 28 Fév 2022 - 18:15 | |
| Alors que Jina a repéré les traces de pas dans le sable, la chance c’est que le vent ne les ait pas encore effacé. Sans doute parce qu’ils étaient récents ? Aucune idée. La brune se montrait enthousiaste quand sa sœur d’âme ne pas y trouver le même intérêt qu’elle. « Et s'ils allaient plus loin dans le désert ? » elle haussait les épaules Jina, bien sûre qu’elle ignorait où ça les mènerait, mais elles étaient de toutes façons perdues au milieu de cette grande étendue et n’étaient pas capable de désigner l’est de l’ouest. C’était leur seule piste, pour le moment. Le seul argument trouvé par Jina à ce moment-là, c’était la fameuse ratatouille dont pouvait rêver sa nouvelle camarade. Les deux jeunes femmes sont alors particulièrement silencieuse, tout en suivant ces traces dans le sable. Le chemin semble interminable alors qu’au finale, elles marchent depuis peu de temps, mais l’épuisement se fait de plus en plus ressentir. Au moins, elles n’ont pas la pression de chevalier armés qui les poussent à faire des pas, sans pouvoir s’arrêter une seule seconde. Et alors que Jina n’y croyait plus, quelques silhouettes de maisonnettes se dessinent. Des vieilles cabanes faites de bois, peu nombreuses mais bien présentes. « Bon. Le convoi n'a pas l'air d'être passé par ici. » il aurait sans doute retourné les maisons, brûler l’auberge pour dissuader de toutes représailles. « Nous sommes sœurs. Des soldats nous ont enlevées, nous demandons l'asile cette nuit et nous pouvons travailler. Surtout, pas un mot sur tes connaissances. » Jina avait bien compris le message, pas un mot sur ses connaissances, les connaissances qui lui avaient liés les mains et les pieds. Ces connaissances qui allaient la mener tout droit au bucher, bien sûre qu’elle n’en dirait mot. « Où est-ce que vous allez comme ça ? » fit l’homme qui avait l’air de monter la garde, à l’entrée du village. Jina le regarda un instant, confuse. « Par les temps qui courent, c’est pas commun de voir deux gamines se promener par ici. » les temps qui courent, le feu qui détruit tout, l’eau qui emporte tout. « d’où venez vous ? » la brune se mis à genoux, s’écroulant aux pieds du paysan. « Nous sommes épuisées, nous avons été enlevées à notre famille par des soldats. Nous avons été trainé dans le désert. Nous avons réussi à nous enfuir et nous cherchons un endroit pour la nuit. » L’homme fit un pas en arrière pour ne pas être trop proche de Jina qui pleurait presque sur sa botte. « Comment avez-vous réussi à vous échapper ? » enquête l’homme, suspicieux.
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| | | | (#)Sam 5 Mar 2022 - 10:39 | |
| Et malheureusement, il ne faut pas bien longtemps avant que quelqu'un ne repère les deux acolytes. « Où est-ce que vous allez comme ça ? » Les deux pauvres malheureuses d'immobilisent, et c'est Jina qui reprendra bientôt la parole la première avant que Murphy n'ait le temps de se mettre à bégayer. « Par les temps qui courent, c’est pas commun de voir deux gamines se promener par ici. » Non, ce n'est pas commun. Mais la chasse aux sorcières, elle, est devenue monnaie courante. Plus personne ne s'interroge sur les étranges porteurs de masques qui traquent les femmes savantes partout dans la région. Et plus personne ne s'inquiète non plus des apparitions qui hantent les cimetières et les maisons, parfois jusqu'aux berceaux des nouveaux nés. C'est de la faute des sorcières, tout est de la faute des sorcières. Certaines - beaucoup - de ces femmes n'ont même jamais posé leurs yeux savants sur un livre de remèdes. Elles ne sont pour la plupart emprisonnées que sur allégations d'un mari voulant se débarrasser de sa maîtresse devenue gênante, ou pour des questions politiques.
« d’où venez vous ? » Et imitant Jina, Murphy se met elle aussi à genoux. Elles s'effondrent l'une contre l'autre, donnant ainsi du poids à leurs mots. « Nous sommes épuisées, nous avons été enlevées à notre famille par des soldats. Nous avons été trainé dans le désert. Nous avons réussi à nous enfuir et nous cherchons un endroit pour la nuit. » Le mensonge se tient. Murphy baisse la tête pour ne pas affronter le regard du paysan, qu'elle sent partout sur elle. « Comment avez-vous réussi à vous échapper ? » « Par la grâce de Dieu, ils n'ont pas été assez vigilants et nous sommes parvenues à vous trouver. » Elle agrippe les chaussures du pauvre hommes qui ne bouge pas d'un cheveu. « Nous ne demandons que l'asile temporaire. Nous dormirons dans une étable, ou sur les bancs de la maison de Dieu. » Finalement, l'homme soupire et aide les deux jeunes femmes à se redresser. « Suivez-moi. » Il faut croire que ce soir, le Seigneur est avec les deux jeunes femmes, qui s'en sortent pour l'instant sans encombres. |
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