it's time to get wild

ELEONORA PARKER & @WINSTON ACKERMAN

L’invitation était tombée à point. Rien ne se passait comme tu voulais en ce moment et tu avais grandement besoin de te changer les idées avec tout et n’importe quoi. La recherche d’appartement ne se passait pas comme tu le voulais, tu galérais à trouver quoique ce soit dans ton budget, sans doute parce que tu n’arrêtais pas de dépenser ton budget au fur et à mesure, dans des bars, dans des soirées, pour un peu plus d’herbe à fumer pour calmer tes nerfs éternellement tendus parce que tu n’arrivais pas à te sortir de ta merde, un cercle vicieux dans lequel tu ne faisais que t’enfoncer un peu plus. Tant pis, les conneries c’est ta spécialité après tout. Et c’est sans doute la plus grosse connerie qui soit que de penser que l’invitation de Winston tombe à point après ce qui s’est passé il y a quelques semaines à peine avec Albane. Oh mais ça, ce n’était pas ta faute, non. Tu n’avais rien à te reprocher dans tout ça, tu ne savais pas. Ouais, ouais, continue de te répéter les mêmes conneries Leo, peut-être que tu vas réellement finir par y croire et même oublier que ce petit point dans le fond de ton estomac n’est pas de la culpabilité alors que tu passes les portes du bar où Win t’a donné rendez-vous. Un coup d’œil dans l’endroit, encore assez calme vu l’heure, te permet de constater que tu es la première arrivée. Tant mieux, ça te donne une chance de commander un shooter, ou trois, pour t’aider à prétendre un peu plus et un peu mieux que tu ne te sens mal, que ta conscience, elle ne te fait pas chier à essayer de te faire comprendre quelque chose que tu n’as tout simplement pas envie d’entendre. Tu t’installes au bar, commandes les shooters qui apparaissent et disparaissent aussi vite et c’est un peu plus légère – vraiment, Leo? – que tu viens t’installer à l’une des tables, en attendant que le Ackerman arrive.

« Ça fait longtemps que t’attends? » Tu lèves les yeux vers lui alors qu’il prend place devant toi. « Une éternité et demie. » que tu réponds, sarcastiquement évidemment, pour toute forme de salutations. Ça, ce n’est pas nouveau et ce n’est certainement pas étrange. Loin de vous l’idée de vous offrir quoique ce soit qui pourrait prouver que vous avez la moindre affection l’un pour l’autre, même si c’est le cas. Il a beau te faire chier depuis que tu le connais, Winston demeure tout de même l’un de tes plus vieux amis, au même titre que Reese. Dommage que tu ne sois pas capable de t’empêcher de te mettre dans des situations qui pourraient compromettre tout ça. Mais tu t’en fous, pas vrai, Leo? « C’est le mois où tout le monde se pète un truc. Y’a un monde de dingue en ce moment à l’hôpital. » « J’te jure je suis coupable d’aucun accident. » que tu réponds avec un sourire arrogant. On ne peut pas dire que l’envie n’était pas présente quand tu avais fait la connaissance de ta fameuse demi-sœur toutefois. « Tu connais Caitriona Regan? Elle bosse à l’hôpital. » La continuité ne fait pas de sens, du moins pas encore, mais tu jures qu’il y a une raison à ta question. C’est juste que penser à des membres pétés, ça t’a fait pensé au fait que tu lui aurais bien casser les doigts la dernière fois, justement. « T’as déjà commandé un truc? » Tu secoues la tête, évitant de mentionner et même de penser aux shooters déjà consommés. « J’t’attendais. C’est toi qui invites ce soir. » Un autre sourire arrogant sur tes lèvres, tu ne lui laisses même pas le choix. Techniquement, tu pourrais sûrement payer ta part, mais ce ne serait pas aussi drôle et puis, ça viendrait encore débalancé ton fameux budget. « Je vais vous prendre une bière brune. » « Une rousse pour moi. » Les s’il-vous-plaît et les mercis, ce n’est pas ta spécialité, pas celle de Win non plus faut croire. « T’as une sale gueule ce soir ou t’es juste fatiguée? » Mais pourquoi est-ce que tout le monde se permet de commenter ta tronche en ce moment? « J’peux revenir sur ce que j’ai dit et te péter un doigt ou deux si tu veux, te donner une raison de retourner à l’hôpital. » Non, mais. Tu roules des yeux, et puis quand vos bières se posent devant vous, tu en prends une longue gorgée pour calmer tes nerfs. Ouais, tu as une sale gueule et une sale humeur aussi. Aussi bien l’admettre. « J’ai quelques emmerdes en ce moment. J’ai plus d’appart et je serais pas surprise de plus avoir de boulot bien vite. » Commençons par ça, et on verra pour la suite, en faisant bien attention de ne jamais se rapprocher de trop près de tout ce qui pourrait te poser des problèmes de conscience, bien évidemment.

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Tu aurais certainement pu lui donner le temps d’arriver avant de te mettre à te plaindre, ou au moins l’accueillir avec quelque chose de mieux que ton air bête et des remarques sarcastiques, mais en toute honnête, c’est ce à quoi Winston était habitué avec toi. Si révolue l’époque où vous vous faisiez chier mutuellement pour l’attention de Reese, la base de votre relation est restée la même, même s’il était désormais sous-entendu que tu portais pour l’Ackerman une affection sincère. Affection qui n’avait pourtant pas insuffler une dose considérée adéquate quant au fait que tu avais couché avec sa copine. Tu ne savais pas qu’elle l’était au moment des faits certes, mais quand même. Mais ce n'est pas d’Albane que tu comptes parler ce soir, tu as au moins la décence de ne pas vouloir afficher ta connerie au grand jour parce que tu connais assez le brun assis à tes côtés pour savoir que ça ne risquerait pas de bien passer. C’est Caitriona que tu mentionnes plutôt, cette demi-sœur nouvellement découverte dont l’existence te rend encore plus amère qu’à l’ordinaire. Ce n’est pas tant le fait que ce soit elle, mais plutôt tout le contexte familial autour. Le fait que ton géniteur (parce qu’il n’a rien d’un père pour toi) ait cette toute autre famille qui t’enrage. Et puis il y avait ce que Cait avait osé insinuer, comme quoi il voulait laisser sa mère pour la tienne sans jamais le faire avant de mourir tragiquement, une réalité à laquelle tu ne voulais même pas penser tant elle aurait tout changé dans ta vie. Pourtant, c’est bien tout ce à quoi tu penses, quand la rage au fond de ton ventre ne cesse d’augmenter et que tu es incapable d’ignorer le sujet bien longtemps. « Oui elle est dans mon service en ce moment. Je la supporte pas, c’est une petite conne. » Oh, de la musique à tes oreilles de l’entendre. Tu avais peur qu’il te dise qu’il l’apprécie et qu’elle est super ou des conneries du genre. « Pourquoi? » « J’ai appris récemment qu’on a un certain lien de parenté. » Et encore, c’est un peu flou comme réponse et loin d’exprimer réellement l’ampleur de cette découverte récemment faite. « Elle est ma demi-sœur, apparemment. » Tu ne veux toujours pas y croire, même si tu n’as aucune raison de mettre en doute la véracité des lettres que tu as trouvé chez ta tante. Puis Caitriona n’a pas pu nier non plus, elle qui savait pour ton existence sans jamais chercher à te retrouver. « Elle est aussi chiante qu’elle en a l’air? » que tu lui demandes, espérant que quelques insultes à l’encontre de ta demi-sœur t’aiderait enfin à mettre ce chapitre derrière toi, sans constamment vouloir le revisiter.

« T’es si fauché que ça? » Tu hausses les épaules. « Non, j’veux que tu me fasses la charité pour le plaisir. » tu répliques, sarcastique à souhait. Il te pose vraiment la question? Tu es celle qui travaille dans un fast-food à la con, il est l’interne à l’hôpital. Dans un monde qui tourne normalement, tout semble indiqué qu’il a beaucoup plus de moyens que toi, même si dans les faits, tu ne sais pas si c’est vraiment le cas. Tu ne comptes pas payer pour quoique ce soit ce soir toutefois, parce que t’as pas un sou à ton nom présentement et c’est un problème qui se fait de plus en plus urgent, surtout que les merdes ne cessent de te tomber sur la tête dernièrement. Alors évidemment, quand vous recevez enfin vos bières, c’est une distraction des plus appréciés, même si tu sembles définitivement d’humeur à te plaindre de tout et de rien et Winston est celui qui se retrouve contraint de gérer avec ton caractère de merde. Qu’importe, ce n’est pas comme s’il n’était pas habitué depuis le temps. « Tu crèches chez qui? Reese? » « En partie. » Tu crèches là où tu peux, comme tu peux. Quelques nuits chez Reese et Albane, les suivantes chez Freya et si normalement tu irais aussi chez ton cousin, tu évites désormais son appartement depuis que la guindée semble y avoir élue domicile de manière permanente. « Tu m’avais pas dit que tu te tapais sa coloc. » On n’avait pas dit que tu restais loin des sujets sensibles pour ta conscience? Apparemment que ta tête et ta grande gueule ne savent pas s’entendre, une fois encore. Tu lui jettes un coup d’œil qui se veut joueur, loin de laisser paraître quoique ce soit qui pourrait trahir ce que tu penses réellement. « Dommage, toi qui avais enfin un boulot si stable… » Tu roules des yeux, lui fais un joli doigt d’honneur avant de te perdre à ton tour dans une énième gorgée de ta bière. À ce rythme-là, tu vas avoir besoin d’une nouvelle consommation bien vite. « Qu’est-ce qu’il se passe? » La question devrait plutôt être qu’est-ce qui ne se passe pas, bien honnêtement, mais tu tentes quand même de prendre sur toi. Tu es en train de plomber l’ambiance et vous n’êtes pas là pour ça. « Same old. Les gens me font chier, je fais chier les gens, les emmerdes me suivent. Comme d’hab. » Tu ricanes parce mieux vaut en rire que de lever les poings, même si les chances que ça finissent comme ça avec quelqu’un dans ce bar pourri ne sont pas inexistantes te connaissant. Peut-être que tu étais mieux de te trouver quelqu’un pour finir la nuit différemment. « Ce soir, t’es mon wingman. » Tu ne demandes pas, tu imposes. Ce n’est pas nouveau, ça non plus. « On aurait pu aller vers les deux petites blondes là-bas, mais apparemment t’es un homme casé maintenant. » Tu pouffes de rire. Tu es un peu crase quand tu t’y mets, quand tu penses que toutes les filles (et les hommes aussi) n’ont qu’à mettre les yeux sur toi pour vouloir passer la nuit avec toi. C’était le cas d’Albane. Pourquoi tu ramènes encore ça sur la table? Parce que tu as un talent particulier pour les emmerdes, bien évidemment.

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Le mieux que tu pouvais faire lorsqu’il était question de Caitriona Regan, c’est sortir cette horrible vérité apprise bien trop tard avec autant de hargne dans la voix et espérer faire face à quelqu’un qui pourrait te donner une raison supplémentaire pour détester la rouquine.  Tu espérais seulement que Winston était le candidat idéal pour le job, même si en toute honnêteté, l’idée d’être en train d’insulter l’une de ses amies ne te dérangeait pas plus que ça. Tu avais l’habitude de dire ce que tu voulais, quand tu le voulais, à qui tu le voulais et rien de tout cela ne serait choquant pour le Ackerman. « Elle est prétentieuse et elle a un balais dans le cul. » Tu pouffes de rire. De toute évidence, l’opinion que tu te faisais déjà sur ta chère demi-sœur était grandement partagée par Winston, et tu étais curieuse d’en entendre davantage à ce sujet. « C’est l’impression que j’ai eue aussi. Elle a pas apprécié ma petite visite à l’hôpital, l’autre jour. » Faut dire que tu n’y as pas particulièrement été en douceur dans ton annonce, ni dans les insultes pestées à son égard après seulement deux secondes à la regarder. « Qu’est-ce que tu peux me dire sur elle? » Est-ce qu’il en savait assez pour te donner des détails sur sa vie, ou juste assez pour t’offrir quelques insultes supplémentaires à utiliser sur sa personne la prochaine fois que tu serais emmenée à la croiser, si prochaine fois il y avait? « Un seul verre alors. Je ne voudrais pas que tu abuses de ma bonté. » Tu ricanes à nouveau. Winston et bonté n’étaient certainement pas des mots que tu avais appris à associer l’un à l’autre. C’était sûrement parce que vous vous ressembliez tellement que vous arriviez autant à vous accorder ensemble qu’à vous taper sur les nerfs. C’était une balance complètement déséquilibrée, mais qui savait fonctionner depuis de nombreuses années, en partie parce que Reese était là pour empêcher les pires catastrophes.

« Tu me préviendras avant de dormir sur le trottoir. » Tu savais que tu pouvais oui, mais tu ne le ferais pas. Tu ne te voyais pas t’imposer chez lui, surtout pas après ce qui s’était passé avec Albane. C’était une chose qu’il te paye un verre, une autre de dormir sur canapé avec le risque de tomber sur la française à n’importe quel moment. Non, ça, tu avais encore le gros bon sens d’éviter. Mais certainement pas le gros bon sens d’éviter le sujet complètement, chose qui aurait bien plus sage et recommandée, mais comme toujours, tu faisais le contraire de ce que tu devrais faire. « Tu m’avais pas dit que t’étais pote avec Albane. C’est elle qui te l’a dit? » Techniquement, elle a dit qu’elle avait un copain, mais tu ne l’as pas cru. C’est Reese qui a remplit les trous d’informations manquantes, quand il était déjà trop tard pour t’empêcher de faire une grosse connerie. « C’est pas vraiment une pote. Elle l’a juste mentionné, comme ça. » Ça paraît plausible ou pas? Tu ne sais pas. Tu t’en fous. Tu n’as rien à te reprocher après tout. Ouais ouais, cause toujours Parker. Parler de tes problèmes devrait une distraction appréciée, mais la vérité c’est que tu n’as rien de nouveau à dire sur le sujet et que Winston n’a jamais été particulièrement doué pour offrir le moindre mot compatissant, pas que ce soit quelque chose que tu voudrais d’ailleurs. Soudainement, tu te demandes si Albane agit avec lui comme elle a fait avec toi, à lui offrir une oreille attentive et des conseils qu’il n’a pas demandé? Tu ne devrais pas penser à ça. Tu ne devrais pas penser à elle. « Meh. Tu devrais monter ta propre boîte. Au moins t’aurais de comptes à rendre à personne. » « Évidemment, avec l’un de mes multiples talents, les opportunités sont illimités. » que tu répliques sarcastiquement. Une boîte. Une boîte de quoi? Ce n’est pas comme si tu possédais un talent exceptionnel ou un intérêt spécifique qui pourrait te donner une opportunité de quelque chose. Et tu as encore moins les moyens de te partir quelque chose. « Et tout le fric dans mon compte en banque qui ne demande qu’à être utiliser. » Tu ambitionnes. Il sait que tu es complètement fauchée. Demain, tu partiras à la recherche d’un nouveau boulot, peut-être. Si l’envie te prend. Mais ce soir, tu comptais bien oublier tout ça dans une bière, ou plusieurs, si Winston oubliait sa règle idiote de t’offrir qu’une seule consommation. À moins que tu ne parviennes à charmer assez cette fille au bar, au point de la convaincre de t’offrir à boire. Mais pour ça, faudrait déjà que tu convainques Win de jouer le jeu, et tu as peut-être dit quelque chose qui ralentit le processus alors qu’il passe proche de s’étouffer avec une gorgée de sa bière. « Pardon? » Tu fronces les sourcils. Tu n’es pas certaine de voir ce qu’il n’a pas compris dans ta dernière phrase, alors tu attends quelques secondes, voir s’il ne dirait pas autre chose. « Elle a dit ça? » « C’est pas le cas? » Est-ce que ce serait pas un bout de soulagement là, qui s’offre à toi soudainement? « Elle a dit que t’étais son copain. » Donc que forcément, il ne peut pas flirter avec la première blonde qui passe par-là, de la même façon qu’Albane n’aurait pas dû le faire avec toi l’autre soir, non? « Mais hey, si c’est pas le cas, go for it. Elle arrête pas de te mater, celle à gauche. » Toi, une mauvaise influence? Oh, si peu.

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« À part qu’elle est chiante et que c’est la chouchou du chef d’ortho pas grand-chose à part radoter. Toi, raconte moi. » Tu aurais voulu qu’il ait plus de détails à t’offrir sur la rouquine, plus de mots méchants et mesquins avant que tu ne lui expliques ce qui a pu se passer dans les dernières semaines, mais il semblerait que tu allais devoir te contenter de pas grand-chose. C’est un peu le thème qui suit la Regan, quand tu y penses bien : pas grand-chose. Tu soupires un bon coup, avant de rouler des yeux et de lui dire le peu que tu sais, et la situation que tu as peut-être un peu provoqué la dernière fois à l’hôpital. « J’ai découvert des lettres dans les trucs de ma tante l’autre soir, par hasard. C’est là que j’ai appris l’identité de mon père, et que c’était aussi son père. » L’homme sur lequel tu as pu mettre un nom et un visage depuis, mais pas grand-chose de plus. « Il est mort. » Évidemment. Une pièce complètement inutile au puzzle que tu tentes de faire depuis ta plus tendre enfance. Un morceau si gros que tu cherchais comme une conne et qui finalement, ne vaut absolument rien. La chute de cette réalisation-là fait encore mal, d’où l’énorme gorgée de bière que tu enfiles par la suite. « Je l’ai trouvé elle et je suis allée lui rendre visite à l’hôpital. » Là, il y a un petit sourire qui se place sur tes lèvres, parce que la simple idée de l’avoir mis dans l’embarras t’amuse malgré la situation de merde. « J’suis surprise que t’en aies pas entendu parler. On a pas été très discrètes. » Tu ricanes alors que ça n’a absolument rien de drôle. Mieux vaut en rire, tu n’allais certainement pas te mettre à chialer, surtout pas devant Winston.

« Comme ça? » Tu hausses les épaules. Ouais, comme ça. Tu évites évidemment de lui dire que c’était entre deux verres de fort et une partie de jambes en l’air dans son lit à elle. Il ne voudrait pas entendre ça, et toi, tu préfères prétendre que ce n’est pas arrivé. Même si ça t’obsède. Même si tu restes persuadée que Reese finira un jour par lâcher la bombe, si ce n’est pas Albane qui le fait d’abord. Te plaindre de ton sort et de ton manque de rentrée d’argent offre une déviante, mais tu n’es pas certaine de plus apprécier la conversation. Depuis quand est-ce que vous vous faites chier à ce point-là sur les trucs responsables, Win et toi? « Tu sais y’en a qui se font du fric en vendant des cailloux de de compagnie. Alors je suis sur que tu peux être à la hauteur. Ou influenceuse. Montrer son cul ça rapporte sur insta. » Tu gratifies le tout d’un simple doigt honneur comme seule et unique réponse. La journée où tu seras assez désespérée pour vendre ton cul sur les réseaux sociaux n’est pas près d’arriver. Tu finis toujours par t’en sortir. T’es comme un chat maudit : t’as neuf vies et tu retombes toujours sur tes pattes, peu importe de quelle hauteur tu tombes. « T’inquiète pas pour ça. Tu l’utiliseras ce soir. » On va dire, ouais. Ce n’est pas que ton compte est déjà dans le rouge, mais c’est un peu ça en fin de compte. « L’hôpital te paye en peanut ou quoi? » que tu charries en retour. Il devrait pouvoir se permettre une soirée au bar, lui. Alors pourquoi il semble être aussi désespéré que toi que quelqu’un d’autre se charge de l’addition?

L’homme casé est plutôt l’homme étouffé quand de toute évidence, la version d’Albane et la version de Winston au sujet de leur statut semble différé. Tu es en train de te mettre les deux pieds dans la merde, tu le sais et pourtant, tu es incapable de résister à la tentation d’insister, de comprendre un peu mieux ce qui se passe dans le crâne de ton ami de longue date. « J’étais pas au courant non. » Tu pouffes de rire, sans doute que c’est un réflexe nerveux que tu réussis maladroitement à camoufler avec ta bière qui se vide beaucoup trop vite à ton goût. « Peut-être qu’elle est plus attachée que toi. » Et peut-être que t’es vraiment conne, Eleonora Parker. Surtout quand tu proposes de jouer du charme avec les deux nanas qui n’arrêtent pas de vous regarder, une pour lui, une pour toi. Tu t’attends à ce qu’il te remballe, qu’il te dise qu’il ne peut pas faire ça à Albane, mais la situation prend un nouveau tournant auquel tu ne t’attendais pas. « Ce sera pour le bien de notre porte feuille. » Tu le regardes se lever, ébahie, et puis tu finis par te lever à ton tour pour le suivre alors qu’il s’installe devant elles et que tu prends place à côté de lui. « Salut. On vous dérange pas? » Tout de suite, la blonde qui ne cessait de faire de l’œil à Win se redresse sur sa chaise, fait ressortir le peu de poitrine qu’elle possède et vient jouer avec une mèche de ses cheveux et tu dois te retenir pour ne pas rouler des yeux alors que ça te démange. Tu te concentres plutôt sur celle qui est en face de toi, qui te regarde intensément et avec qui l’échange de sourire se fait assez efficace pour que la prochaine chose que tu saches, c’est qu’elle est partie chercher la prochaine tournée pour vous quatre.

« Mais qu’est-ce qu’elles sont coooooooonnes. » Ça, c’est toi qui gueules après de nombreux drinks sur le bras des dites connes, qui sont parties sans vous quand tu t’es mise à faire des commentaires légèrement déplacés. Oh well. Tu trouveras bien un autre corps chaud pour finir la nuit et tu préfères encore ne pas penser avec qui Winston, lui, risque de passer le reste de la soirée.