Les vacances étaient déjà terminées. Ces six jours sur une île paradisiaque, en Thaïlande, avec son frère, avaient été une parenthèse, une véritable bouffée d’oxygène dans leur vie à tous les deux. Elle savait Chan fatigué, épuisé par son travail, alors qu’il y passait toujours beaucoup trop de temps. C’est pour cette raison qu’elle lui avait offert un tel séjour à Noël. Pour la brunette, il devait apprendre à déléguer et à prioriser, sinon il finirait comme leur père, aimant, mais absent. A l’atterrissage, elle n’était en réalité pas certaine qu’il ne ferait pas un crochet au bureau avant de rentrer chez lui.
Lexie, elle, retournerait chez Noah, dans la maison où elle cohabitait avec le Riley depuis le 30 janvier. Et plus l’avion se rapprochait de Brisbane, plus le stress commençait à la gagner. Pendant les vacances, elle avait essayé de ne pas penser à Noah, de ne pas penser au bébé. Elle avait voulu tout oublier, redevenir la jeune femme insouciante qu’elle était quelques mois auparavant. Mais plus sa ville natale semblait proche, plus elle angoissait. Elle pensait à tous les choix qu’ils allaient devoir faire d’ici quelques semaines. Elle appréhendait la cohabitation, alors que Noah et elle n’étaient pas toujours sur la même longueur d’onde. D’ailleurs, elle ne savait pas dans quelle humeur elle allait le retrouver. Son stress se manifesta sur ses ongles, qu’elle commença à ronger, jusqu’à ce que Channing lui prenne la main, la gardant entre les siennes jusqu’à l’atterrissage.

Après avoir récupéré leurs valises, Chan et Lexie empruntèrent plusieurs couloirs avant de se retrouver dans un des halls de débarquement de l’aéroport. La brunette savait que son frère proposerait de la ramener au domaine Lehmann. Elle s’apprêtait à se diriger vers la sortie lorsqu’elle le vit : Noah, seul au milieu du hall, encore plus sexy que dans ses souvenirs. Avant que son cerveau n’ait le temps d’analyser la situation, un sourire illumina le visage de la brunette. Elle lâcha sa valise et courut vers Noah, se jetant dans ses bras en enroulant ses jambes autour de sa taille, posant ses lèvres sur ceux du Riley. Elle décolla sa bouche de la sienne, un sourire toujours collé sur son joli minois.

« Tu m’as m… cherché ?! »

Manqué, était le terme qui avait failli franchir ses lèvres, mais elle n’était pas prête à le dire, et elle avait peur que Noah ne soit pas prêt à l’entendre. Alors elle se ravisa à la dernière seconde, tentant de dissimuler la confusion qui s’afficha sur ses traits pendant une seconde. Un sourire coquin illumina son visage alors qu’elle approchait ses lèvres de l’oreille du boxeur pour y murmurer quelques mots.

« Tu voudras voir mes marques de bronzage ? »

Elle rit, se laissa glisser jusqu’au sol, et sembla soudain se souvenir qu’ils n’étaient pas seuls. Les autres voyageurs l’indifféraient, en espérant qu’il n’y ait pas de paparazzis parmi eux. Par contre, elle se remémora son frère, ami de Noah, à quelques mètres de derrière elle. Elle esquissa un sourire gêné, alla récupérer sa valise aux pieds de Chan et déposa un baiser sur sa joue.

« J’ai adoré passer ces quelques jours avec toi. Merci de m’avoir proposé de venir ! Je t’appelle demain ? »

Et elle retourna auprès de Noah, les doutes qu’elle avait ressenti dans l’avion s’étant envolés, pour le moment, au profit de retrouvailles.

Ce matin-là, Noah s'ennuyait. Enfin, pas vraiment, en fait, il ne voulait pas l'avouer, mais il était surtout impatient de voir Lexie revenir. Depuis qu'elle était partie, la maison semblait vide. Encore plus les jours comme aujourd'hui où il avait prévu à l'avance de ne pas travailler puisqu'il avait calé son emploi du temps sur celui, prévisionnel, de la brune et durant lesquels il se retrouvait donc seul. Il avait bien fait un peu de ménage, des courses et tenté d'avancer dans ses papiers personnels, mais le temps semblait passer au ralenti et il avait donc cherché une activité agréable qui le ferait passer plus vite… Et il s'était retrouvé dans un zoo. Il ne savait même pas vraiment ce qu'il faisait là, puisqu'il n'avait jamais eu de grande passion pour les animaux, en dehors des chiens. Le coq est de taille plus importante que la poule. Il se distingue aussi par une crête rouge vif posée sur la tête et ses barbillons plus développés, par ses ergots (sorte d'ongle pointu situé en arrière de sa patte), par les coloris plus éclatants de son plumage et par sa queue en panache de plumes. lisait-il en soupirant devant l'enclos de la basse-cour, se rendant compte qu'il s'ennuyait peut-être moins chez lui qu'en regardant les volatiles, mais il avait payé pour y entrer alors autant faire le tour. Avant d'entrer dans la pièce sombre qui servait de vivarium aux serpents, il s'attarda également sur l'écriteau qui les décrivait pour éviter d'entrer en même temps qu'un enfant en train de hurler. Les serpents sont des animaux à sang froid sans pattes de la classe des reptiles, et de l'ordre des squamates. L'ensemble des serpents forme le sous-ordre des Serpentes. La famille qui inclut les lézards et des serpents s'appelle les sauriens. Ce sont des vertébrés ovipares : ils pondent des œufs pour se reproduire. Leur corps est recouvert d'écailles. Il en existe environ 2 700 espèces, dont un peu moins de 400 venimeuses. Tous les serpents sont carnivores. Ils avalent leur proie sans la mâcher et passent ensuite le reste du temps à digérer. Certains peuvent avaler des proies très grosses car leur mâchoire inférieure peut se détacher de leur mâchoire supérieure. Identifiables à leur corps écailleux, filiforme et privé de pattes. Les serpents sont tous carnivores. Il fronça les sourcils à cette lecture, lui qui n'aimait déjà pas cet animal habituellement n'était pas vraiment rassuré de ce qu'il venait d'apprendre. Aussi, puisqu'il était seul et que personne ne pouvait se moquer de cette décision, il décida d'éviter cette partie de la visite. Manque de chance, il arriva au niveau des lions au même moment que la famille avec l'enfant qui hurlait à pleins poumons et pour ne pas se retrouver avec eux tout le reste de la visite, il marqua un arrêt à l'enclos d'à côté pour y lire également les informations. Le tigre est le plus grand félin sauvage et l'un des plus grands carnivores du monde. C'est également le seul à posséder un pelage rayé. L'espèce est divisée en neuf sous-espèces présentant des différences mineures de taille ou de comportement. Le tigre est également un excellent nageur. Il traverse facilement les cours d'eau, larges de 6 à 8 km ! Le record est même détenu par un tigre de Sumatra ayant traversé un bras de mer de 29km de large. LE SAVIEZ-VOUS ? Le tigre aime la montagne ! En 2008, au Bhoutan, alors qu'on pensait que le tigre ne se rencontrait que jusqu'à 3000 mètres, des empreintes et des photographies de tigre ont montré qu'on pouvait trouver ce prédateur entre 3700 et 4300 mètres : il se pourrait que le tigre ait toujours vécu à de telles hauteurs bien qu'il n'ait jamais été observé auparavant…

“Voilà qui me fait une belle jambe” grommela-t-il en regardant sa montre pour ce qui semblait être la centième fois de la journée, mais l'heure n'avait pas tellement avancé et il eut encore le temps de faire le tour du zoo deux fois et de boire trois cafés horribles à l'aéroport avant d'enfin entendre l'annonce qu'il avait attendu toute la journée : celle de l'arrivée de l'avion de Lexie. Il alla l'attendre dans le hall, les mains enfoncées dans les poches avec une pointe d'appréhension, il espérait qu'elle ne serait pas fâchée qu'il soit venu la chercher, puisqu'ils n'en avaient pas parlé avant. Pourtant, il oublia cette inquiétude quand il l'aperçut tout sourire et un sourire illumina son visage également. Son regard se posa un instant sur Channing qu'il salua rapidement et il sortit les mains de ses poches, comme s'il avait peur que l'héritier lui fasse de nouveau la remarque. Cependant, il oublia vite son ami pour se reconcentrer sur la brunette, elle l'avait remarqué elle aussi et arrivait vers lui en courant. Machinalement, il ouvrit les bras pour la réceptionner, bien qu'il soit peu habitué aux effusions en public et donc un peu gêné. "Woh ! Euh... D'accord."Fit-il, en la serrant pourtant contre lui, lorsqu'elle lui sauta littérallement au cou. Il trouva l'odeur de son parfum plus enivrante que d'habitude et lorsqu'elle posa ses lèvres sur les siennes il lui sembla qu'il avait attendu ça toute la semaine.

« Tu m'as m… cherché ?! »

Il eut un nouveau sourire en constatant, sans trop de difficulté, qu'elle avait failli dire qu'il lui avait manqué. Bien sûr, il était bien trop tôt pour qu'il arrive à l'exprimer de son côté, mais c'était rassurant de voir qu'il n'avait pas été le seul à penser à l'autre.

“Comme tu vois." Répondit-il simplement sans lui demander si ça l'ennuyait qu'il soit venu, puisque sa réaction parlait pour elle.

« Tu voudras voir mes marques de bronzage ? »

A ces paroles, il sentit sa peau se couvrir de chair de poule, mais ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil gêné au frère de la brune dont il n'avait pas oublié la présence.

"J'adorerais voir ça.” Murmura-t-il tout de même en la lâchant, puisqu'elle venait de se laisser glisser au sol.

Enfin, elle sembla se souvenir de la présence de son frère et alla chercher ses valises et lui dire quelques mots que Noah n'entendit pas avant de revenir vers lui. Quand elle fut à sa hauteur, il lui prit son bagage et passa son bras libre autour des épaules de la brunette, la pressant légèrement contre lui. L'idée que la tenir ainsi pourrait faire naître des rumeurs lui effleura l'esprit, mais après tout, Channing était au courant et c'était le plus important, alors tant pis si d'autres personnes devaient l'être également.

“Alors, comment tu vas ? C'était comment, ces vacances ?”

Il avait posé la question en ouvrant le coffre de sa voiture pour y déposer la valise de la jeune femme et il attendit d'avoir démarré avant de se remettre à parler.

“De mon côté, j'ai profité de ton absence pour faire du rangement. J'ai enlevé ce qui encombrait le dressing de no… La chambre pour que tu puisses y mettre tes affaires.”

Dans son langage à lui, ça voulait dire qu'il avait pensé à elle, d'ailleurs il avait failli dire “notre chambre”, mais ça faisait encore trop bizarre. Dans cette pièce, il y avait un grand dressing qui était partiellement encombré d'affaires accumulées par Noah au fil des années, si bien que Lexie avait été obligée de laisser les siennes dans la première chambre qu'il lui avait attribuée jusque-là et comme il voulait qu'elle se sente comme chez elle et non plus comme une invitée, il s'était dit que faire ça serait un pas vers elle.

"Tu veux aller manger quelque part ou tu préfères rentrer ?"


@Lexie Walker

Le voyage avait été une parenthèse agréable, qui avait permis à la brunette de respirer. Pourtant, elle savait qu’à Brisbane, Noah et la cohabitation l’attendaient, Noah et leurs décisions à prendre seraient là. Et ce n’est que grâce à l’intervention de Chan qu’elle put sauver une partie de ses ongles, et la peau qui allait autour.
Mais lorsque la brunette croise le regard du boxeur dans le hall de l’aéroport, ses doutes et ses craintes semblent s’envoler, et elle ne peut réprimer le sourire qui illumine rapidement son visage. Elle saute au cou de Noah sans aucune retenue, et l’embrasse avec passion. Elle est à deux doigts de gaffer, de lui avouer qu’il lui a manqué, emportée par la frénésie du moment. Lorsque le gérant lui sourit, elle sait qu’il a compris ce qu’elle voulait dire, mais pourtant, il ne relève pas.

« Comme tu vois. »

Il a compris, et pourtant, il ne semble pas prendre la fuite. La brunette rougit légèrement avant de glisser sur le sol et de s’éloigner pour dire au revoir à son frère et récupérer sa valise. Et lorsqu’elle rejoint à nouveau Noah, il prend son bagage et passe son bras autour des épaules de Lexie. La brunette frissonne à ce contact qui lui avait manqué, mais également à cette proximité qu’ils n’avaient jamais eue. Car Lexie a beau connaître toutes les parcelles du corps de Noah, ils ont beau avoir testé toutes les positions et toutes les pièces de la villa, jamais ils n’ont eu l’un pour l’autre de geste si intime ou si tendre. Et, pour être honnête, c’est beaucoup plus agréable que tout ce que Lexie aurait pu imaginer.
Alors que Noah dépose la valise de la brunette dans le coffre, il l’interroge.

« Alors, comment tu vas ? C’était comment, ces vacances ? »

Immédiatement, elle s’illumine, et commence à inonder le boxeur de paroles, tout en s’installant côté passager.

« Absolument gé-nial ! J’ai tellement de choses à te raconter, et plein de photos à te montrer. On a fait de la randonnée sur l’île, visité un temple, fait du snorkeling, des siestes au bord de la piscine … Et la nourriture, excellente ! Et toi ? »

Noah démarre la voiture.

« De mon côté, j’ai profité de ton absence pour faire du rangement. J’ai enlevé ce qui encombrait le dressing de no… La chambre pour que tu puisses y mettre tes affaires. »

La brunette se mordille la lèvre inférieure, alors que c’est au tour du brun d’être proche de gaffer et de dire « notre » chambre. Ca fait moins d’un mois que Lexie a emménagé chez Noah, et tout va déjà très vite. Techniquement, c’est en effet devenu « leur » chambre, même si la jeune femme a encore l’impression d’être une invitée dans la maison. A part ses habits et ses affaires de toilettes, rien n’est à elle, tout à Noah. Elle découvre encore où sont rangées certaines choses, et vit dans un lieu qu’elle n’a pas pu décorer, alors que l’art est particulièrement important pour elle. Pourtant, elle n’en a pas encore parlé à Noah, parce que c’est trop tôt. Si jamais ils décidaient de garder le bébé, et de s’installer réellement dans la villa, Lexie demanderait à apporter sa touche personnelle au logement.

« Merci. »

Elle est sincèrement touchée, mais ne veut pas en faire trop, ni trop le montrer.

« Tu veux aller manger quelque part ou tu préfères rentrer ? »

La brunette semble hésiter un bref instant, mais elle lie ses doigts à ceux de Noah, lui prenant la main qu’il a laissé libre entre eux. Elle profite qu’ils soient arrêtés à un feu rouge pour plonger son regard dans celui du boxeur, rougissant légèrement.

« J’ai faim … de toi. On pourrait peut-être rentrer et commander un peu plus tard. »

Elle remercie silencieusement le feu qui repasse au vert et qui lui permet de continuer sa phrase sans être trop gênée.

« Et je n’ai pas très envie de te partager ce soir. »

Lexie ayant salué son frère, c'est ensemble qu'ils repartirent en direction de la voiture de Noah. En rangeant la valise dans la voiture, il l'interrogea sur ses vacances, puisqu'ils ne s'étaient pas donné de nouvelle pendant le séjour de la jeune femme. Et il fut agréablement surpris de la réaction de la brunette : son visage s'était illuminé et c'est naturellement qu'elle avait commencé à parler, avec un enthousiasme qu'il ne lui connaissait pas.

« Absolument gé-nial ! J'ai tellement de choses à te raconter, et plein de photos à te montrer. On a fait de la randonnée sur l'île, visité un temple, fait du snorkeling, des siestes au bord de la piscine … Et la nourriture, excellente ! Et toi ? »

Un sourire s'installa sur le visage de Noah qui était vraiment ravi de la voir de si bonne humeur. Autant, depuis qu'il avait fait le choix de caler son emploi du temps sur celui de la jeune femme, ils s'entendaient mieux tous les deux, autant il ne se souvenait pas de l'avoir déjà vue aussi enjouée et spontanée.

“Ça a l'air génial tout ça, j'ai hâte de voir les photos !" Annonça-t-il en lui lançant un regard, regard qui était un peu lubrique, avouons-le, parce qu'il était plus intéressé par les photos prises au bord de la piscine ou à la plage que par les autres. "C'est vraiment bien que vous puissiez partager ce genre de moment, avec ton frère."

Un voile de tristesse était rapidement passé sur son visage alors qu'il pensait à quel point partager des moments avec Danika, qu'il avait toujours considéré comme sa sœur, lui manquait. Cependant, il reprit rapidement contenance et pour changer de sujet, il décida de répondre à la question qu'elle lui avait retournée, lui annonçant qu'il avait rangé le dressing de sa chambre pour qu'elle puisse y mettre ses affaires, non sans manquer de faire une gaffe. Il avait failli dire "notre chambre" et en jetant un bref coup d'œil vers elle, il remarqua qu'elle se mordillait distraitement la lèvre inférieure, ce qui lui fit penser qu'elle avait compris.

« Merci. »

Discrètement, il souffla, soulagé qu'elle n'en fasse pas tout un plat. Et puis, il se souvint tout de même qu'il n'avait pas fait que ça durant son absence et qu'il devait même lui parler de quelque chose…

“Oh, j'ai vu quelques amis aussi.” Il se stoppa un instant, pas certain de ce qu'il allait ajouter. Il ne connaissait pas encore bien Lexie et par moment, il jaugeait mal les réactions qu'elle pourrait avoir, or là, il ne voulait pas qu'elle se vexe. “Deklan notamment, il m'a dit qu'il te connaissait un peu, apparemment tu lui as fait une grande impression.”

En prononçant cette phrase, il avait fait bien attention à avoir un ton avenant pour ne pas avoir l'air de lui faire des reproches. En réalité, quand son ami lui avait dit avoir croisé Lexie et qu'elle avait proposé qu'il ait son numéro, il s'était demandé si elle avait finalement plus d'humour que ce qu'il pensait ou si elle continuait de draguer alors qu'ils vivaient ensemble. Après tout, s'ils avaient décidé d'emménager tous les deux pour vivre comme un couple, ils n'avaient jamais parlé d'exclusivité, peut-être que ce n'était pas évident pour la brunette ?

Alors qu'ils étaient arrêtés à un feu rouge, il lui demanda si elle voulait aller manger quelque part en tournant la tête vers elle, cette fois, puisqu'il n'avait plus besoin de se concentrer sur la route. Il fut étonné de voir la jeune femme prendre sa main et entrelacer leurs doigts dans un geste qu'elle n'avait jamais fait auparavant. Pourtant, s'il était surpris, il ne fit pas de remarque et se contenta de lui sourire alors qu'elle plongeait son regard dans le sien.

« J'ai faim … de toi. On pourrait peut-être rentrer et commander un peu plus tard. »

Son regard tomba sur la main de Lexie dans la sienne et inconsciemment, il la caressa avec son pouce.

"Oh…euh…"

Mais il n'eut pas le temps de répondre, le feu venait de passer au vert et il fut obligé de lâcher la main de Lexie pour passer une vitesse et redémarrer.

« Et je n'ai pas très envie de te partager ce soir. » Continua-t-elle, ce qui lui tira un sourire.

Cependant, il roula un peu en silence avant de répondre, préférant réfléchir plutôt que de risquer de dire quelque chose qui gâcherait le moment.

"J'espérais un peu que tu dirais ça.” fit-il finalement, parce que dans le fond, c'était la vérité.

Il commençait à comprendre que Lexie avait souvent besoin d'être rassurée sur l'effet qu'elle pouvait lui faire. Et même s'il n'aimait pas l'avouer, plus il passait de temps en sa compagnie, plus il était clair qu'il n'était pas du tout indifférent à ss charmes.

La voiture arriva rapidement à la maison familiale et Noah en descendit pour aller chercher les affaires de la brunette dans le coffre avant de se diriger vers la bâtisse. Aussitôt la porte fermée, il abandonna la valise dans l'entrée pour s'approcher de Lexie. Dans un geste tendre sa main passa dans les cheveux de la jeune femme pour prendre place dans son cou. Rapidement, il réduisit la distance qui les séparait pour sceller leurs lèvres dans un baiser. Machinalement, son autre main passa sous le haut de sa compagne, cherchant un contact avec sa peau. Il avait l'impression d'avoir attendu de la retrouver toute la semaine et pourtant, ce baiser n'eut pas le temps de devenir fougueux, puisqu'il se recula.

Quelque chose clochait. Ou plutôt, quelque chose le préoccupait, l'empêchant de se concentrer sur le moment présent. Il essayait de ne pas y penser, mais depuis qu'il avait discuté de Lexie avec son ami Deklan, il n'arrivait pas à s'empêcher de se demander si, contrairement à lui, elle voyait encore d'autres personnes. Et quoi qu'il essaye de faire croire, ça le dérangeait. Vraiment. Au point qu'il n'arrivait pas à évincer cette idée alors que le moment était censé devenir plus intime entre eux.

“Ecoute, je n'ai pas envie de te vexer ou qu'on se dispute, mais il faut que je te pose une question.” Parce que ne pas savoir le rendait dingue quand bien même avant cela, il n'avait jamais vraiment été jaloux. Avec Lexie c'était différent et pas uniquement parce qu'elle était enceinte, c'était surtout qu'ils ne se connaissaient pas encore très bien et il ne savait pas vraiment comment elle voyait les choses ou s' il pouvait vraiment lui faire confiance. Il ferma les yeux en soupirant avant de les rouvrir pour se lancer. “Pour toi, notre… Euh… Relation, elle est exclusive ?”

Rien n'allait dans cette conversation. C'était loin d'être le meilleur moment pour ça, il avait eu un mal de chien à prononcer le mot “relation” et surtout, il ne savait même pas comment réagir si la réponse de la brune n'était pas celle qu'il attendait. Avant d'être de nouveau si proche d'elle, il n'avait même pas pris conscience que ça pouvait lui poser problème, pour c'était maintenant une évidence : il avait vraiment besoin de savoir.

@Lexie Walker

Dans la voiture, lorsque Noah interroge la brunette sur son voyage, celle-ci s’illumine immédiatement et se met à lister avec enthousiasme leurs activités. Elle a énormément de choses à lui raconter, sans doute autour d’un bon dîner, et pas mal de photos à lui montrer.

« Ca a l’air génial tout ça, j’ai hâte de voir les photos ! »

Et elle le voit, son regard lubrique, alors elle rit en lui donnant un coup de poing dans le bras.

« J’étais en vacances avec mon frère ! Pervers, va ! »

Elle rit toujours quand elle arbore à son tour à un sourire coquin, haussant un sourcil.

« Et puis, tu sais que tu peux me demander n’importe quoi de ce côté-là, je le ferai sans hésiter. »

Et c’était vrai. Lexie était à l’aise avec son corps et avec la sexualité en règle générale. Elle n’avait aucun souci pour montrer à Noah, ou à n’importe qui d’autre, d’ailleurs, toutes les parcelles de son corps. Ce n’était que de la peau, au final. Ca n’avait rien à voir avec l’idée de se mettre psychologiquement à nu et de dévoiler des choses personnelles, intimes, sur elle, son passé, son caractère. Ses fêlures étaient nombreuses et demeuraient cacher pour beaucoup.

« C’est vraiment bien que vous puissiez partager ce genre de moment, avec ton frère. »

Elle se contente de hocher la tête et de sourire. Oui, c’est merveilleux, et elle est ravie de cette proximité avec Chan. Il est sans aucun doute la personne la plus importante au monde pour elle. Elle a besoin de lui pour survivre, il est sa bouffée d’oxygène, celui qui la connaît par cœur, qui partage la même histoire, les mêmes parents défaillants. Il comprend et, à sa façon, souffre aussi de la vie qu’ils ont eu. Mais parler de son lien avec Channing lui renvoie de plein fouet le fait que sa relation avec Elijah est bancale, fragile, alors qu’il l’a abandonné lorsqu’il est parti à l’étranger, il y a de nombreuses années, délaissant une adolescente perdue qui rêvait elle aussi de liberté.

La conversation évolue sur le programme de Noah pendant l’absence de Lexie, alors qu’il l’informe avoir fait de la place dans le dressing. Puis il ajoute :

« Oh, j’ai vu quelques amis aussi. »

La brunette l’observe, fronçant les sourcils, s’interrogeant sur la suite à venir alors que cette phrase semble nécessiter des précisions qui tardent à venir.

« Deklan notamment, il m’a dit qu’il te connaissait un peu, apparemment tu lui as fait une grande impression. »

La confusion se lit clairement sur le visage de la brunette.

« Deklan ? »

Le nom sonne légèrement familier, sans qu’elle ne parvienne à y mettre un visage, ou à identifier le jeune homme. D’ailleurs, elle ne savait pas qu’elle connaissait des amis de Noah, à part Channing … Et c’est là que la connexion se fait, en repensant à son frère. La compréhension se lit enfin sur les traits de la brunette, qui se met à rire.

« Ouiiii, Deklan ! C’était le date de Chan quand j’ai tenté de lui arranger un rendez-vous, c’est ça ? »

Elle secoue la tête en soupirant, alors que son sourire ne l’a pas quitté, se remémorant sa stupéfaction lorsqu’elle avait découvert que son plan était tombé à l’eau. Elle s’était présentée à la table des deux hommes, avait pris Deklan de haut, et houspillé son frère, incapable visiblement de trouver une fille, même avec de l’aide.

« Je me souviens vaguement, en effet, mais je ne suis pas sûre qu’on puisse dire qu’on se « connait un peu ». Ils avaient l’air de se connaître par contre, avec Chan. C’est un ami à vous deux ? »

Pas que ça l’intéresse franchement, mais elle ne comprend toujours pas réellement le but de cette conversation. Elle n’a pas oublié ce qu’elle a dit à Deklan ce soir-là, sait qu’elle lui a proposé son numéro, pour la forme, parce que c’est Lexie, parce qu’elle est charmeuse et qu’elle n’en loupe pas une. Mais cela n’avait aucune importance, parce qu’elle n’était pas sérieuse, et qu’elle ne considère pas cette information comme fondamentale. L’ancienne Lexie aurait peut-être tenté de le draguer davantage, ou pas, puisqu’il s’agit d’un ami de Chan -pas que ça l’ait arrêté pour Noah, mais elle a tout de même des limites. Mais la Lexie enceinte ne va clairement pas chercher à s’envoyer en l’air avec un parfait inconnu.

La conversation redevient plus agréable lorsqu’ils évoquent le programme de la soirée. A un feu rouge, Lexie plonge son regard dans celui du boxeur, lui avouant ne pas vouloir le partager ce soir, et préférer qu’ils commandent à dîner pour la maison, après s’être dignement retrouvés. Elle rougit à sa confession, alors que Noah répond.

« J’espérais un peu que tu dirais ça. »

Ses joues rosissent davantage, alors qu’elle se mordille la lèvre inférieure, pressée de rentrer. La porte est à peine refermée derrière eux que leurs lèvres se retrouvent, leurs mains explorant le corps de l’autre comme si elles avaient attendu toute la semaine de pouvoir retrouver la chaleur de l’autre. Pourtant, Noah rompt leur étreinte et se recule, sous le regard perdu et blessé de la brunette. Que se passe-t-il ? Elle ne lui plaît plus ? Est-ce parce qu’elle est enceinte qu’il ne veut plus la toucher, ou bien a-t-il changé d’avis sur la grossesse ?

« Ecoute, je n’ai pas envie de te vexer ou qu’on se dispute, mais il faut que je te pose une question. »

Aïe, ça commence mal. Quand on ne veut pas vexer quelqu’un, on ne démarre pas ainsi la conversation. Lexie pince les lèvres et croise les bras, son regard se faisant plus ferme alors qu’elle plante ses yeux bleus dans ceux que Noah.

« Pour toi, notre… Euh… Relation, elle est exclusive ? »

Quoi ? L’incompréhension peut se lire sur le visage de la brunette qui décroise les bras mais fait un pas en arrière, comme si le boxeur venait de lui envoyer un coup de poing dans le ventre. Elle le dévisage, interloquée. Finalement, la colère prend peu à peu place sur les traits de son visage : la colère qu’il puisse douter d’elle, ne pas la croire, l’imaginer capable d’aller voir ailleurs alors qu’elle est enceinte et passe tout son temps soit ici, soit au boulot. Et de la colère parce qu’il lui fait peur, en employant des mots tels que « relation » ou « exclusive ». Parce que Lexie a peur s’engager. Parce que s’attacher, c’est prendre le risque de souffrir, et d’être abandonnée. En une phrase, il a réussi à faire ressortir ses plus grandes insécurités et, pour cela, elle est très en colère. Elle recule encore d’un pas, serrant la mâchoire, alors qu’elle secoue la tête.

« Pourquoi tu me fais ça ? »

Pourtant, sa voix tremble, et même si son visage a pu refléter sa colère, c’est bien la peur et la tristesse qu’on entend dans ses tremolos. Pourquoi casse-t-il ce moment, leurs retrouvailles, alors qu’ils étaient simplement censés profiter des caresses de l’autre, s’abandonner dans les bras de l’autre le temps de quelques instants ?

« Toi et moi, on n’est pas … »

En couple. Tous ce sur quoi ils se sont mis d’accord, c’est de tenter de former une équipe. Le but de l’emménagement de la brunette chez Noah, c’était de voir s’ils pouvaient vivre ensemble sans s’entretuer, apprendre à se connaître, partager leur point de vue, et convaincre l’autre que l’on avait raison. Il n’y a pas de relation, pas d’histoire de cœur, juste un partenariat. Et pourtant …

« Tu crois vraiment que je fréquente d’autres personnes ? »

Et voilà la colère qui pointe à nouveau le bout de son nez, comme un bouclier, une manière de se protéger et d’essayer d’éviter de souffrir. Un moyen de défense, qui passe par l’attaque de Noah.

« C’est moi qui t’aie demandé de passer moins de temps au boulot ou au dojo pour en passer plus avec moi ! Alors quand j’ai fini de bosser, je rentre ici, moi aussi ! Quand est-ce que j’aurais le temps de caser une partie de jambes en l’air ? Et tu crois vraiment qu’en étant enceinte, j’irai écarter les cuisses pour tous les mecs du quartier ? »

Elle secoue la tête, toujours très en colère, alors qu’une moue de dégoût se dessine sur ses traits.

« Dire que j’ai accepté de garder cet enfant, pour l’instant, pour toi ! »

Elle était venue lui annoncer la grossesse pour être correcte, dans l’optique qu’il voudrait lui aussi y mettre un terme, mais serait reconnaissant qu’elle l’ait prévenu sans choisir seule. Pourtant, il avait voulu qu’elle patiente afin de tenter de la convaincre. Et c’était pour lui qu’elle avait accepté d’attendre. Elle prenait très mal aujourd’hui les accusations qu’il portait.

Tout se passa étonnamment bien dans la voiture, il arriva même à faire rire Lexie. La conversation entre eux était assez fluide, ce qui étonnait toujours Noah, vu comme ils étaient différents et comme ils n'avaient jamais discuté avant ça. Lorsqu'il parla de Deklan, il put sans problème lire l'incompréhension se peindre sur son visage, malheureusement, il ne sut pas si c'était plutôt une bonne ou une mauvaise nouvelle. Parce que si elle ne se souvenait pas du type à qui il avait la certitude qu'elle ait donné son numéro alors qu'est-ce qu'il en était de ceux, hypothétiques, dont il ne savait rien ? Et s'il ne le montra pas, le rire de Lexie ne fit que le tendre davantage, parce que dans cette conversation, il lui rappela celui qu'elle avait eu lorsqu'il l'avait prise sur le fait avec ses rails de cocaïne.

« Ouiiii, Deklan ! C'était le date de Chan quand j'ai tenté de lui arranger un rendez-vous, c'est ça ? »

Alors que la mémoire revenait à Lexie, Noah écoutait ses explications tout en regardant la route. Il continuait de sourire, essayant de ne pas montrer son inquiétude.

« Je me souviens vaguement, en effet, mais je ne suis pas sûre qu'on puisse dire qu'on se « connait un peu ». Ils avaient l'air de se connaître par contre, avec Chan. C'est un ami à vous deux ? »

Elle n'avait pas l'air de trouver cette histoire gênante et il se demanda si c'était parce qu'elle n'avait rien à cacher ou si c'était parce que de son côté, leur “équipe” ne voulait pas dire cesser de draguer à droite à gauche. Pas qu'il soit jaloux, quoi que ça ne lui plaisait quand même pas beaucoup, mais ça l'embêtait, s'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde à ce sujet tout en vivant ensemble. Il secoua la tête, essayant d'oublier ses craintes pour répondre à la question de façon naturelle.

“Dek' est un ami d'enfance, donc j'imagine qu'on peut dire ça.”

Il était cependant extrêmement plus proche du premier, Chan étant plutôt un ami du dojo et par rapport à Danika jusque-là. Bref, là n'était pas la question et cette histoire fut bientôt chassée par une conversation bien plus intéressante. Un moment, Noah crut qu'il allait réussir à passer outre cette affaire de numéro de téléphone alors qu'ils flirtaient ensemble en imaginant le programme de leur soirée à deux. Il se surprit même à penser qu'il la trouvait mignonne de rougir à cette discussion. Mais l'alchimie ne dura pas, puisqu'à peine avaient-ils commencé à parcourir le corps de l'autre que l'histoire du numéro revint en pleine tête au boxeur qui fut alors incapable de ne pas poser la question qui lui brulait les lèvres et embrouillait son esprit. Évidemment, il ne fallut pas longtemps pour que Lexie se ferme comme une huître, croisant les bras sur sa poitrine, les lèvres pincées et le regard durcit. Il savait qu'elle allait mal le prendre, mais il demanda quand même si elle pensait qu'ils étaient exclusifs ou pas.

Il put lire sans problème l'incompréhension sur le visage de la jolie brune, il croyait même pouvoir lire son envie de fuite dans ses yeux alors qu'elle reculait d'un pas. Il crut aussi voir apparaître de la colère sur ses traits, pourtant, lorsqu'elle parla, sa voix tremblante ne reflétait pas celle-ci.

« Pourquoi tu me fais ça ? »

Il leva les yeux au ciel, ne sachant pas quoi répondre. Il n'avait pas l'impression que la question soit un piège insurmontable et n'ayant pas eu le contexte familial de Lexie, il ne comprenait pas qu'on puisse être à ce point effrayé par un simple mot.

« Toi et moi, on n'est pas … »

En couple. Elle n'avait pas fini sa phrase, mais il l'avait clairement comprise quand même. Il croisa les bras à son tour. Certes, il savait qu'ils n'étaient pas vraiment en couple, mais il commençait à se demander ce qu'ils étaient alors. Une “équipe”, ça pouvait vouloir tout et rien dire et cette impression d'avoir, pardonnez-moi l'expression, le cul entre deux chaises, c'était extrêmement dérangeant pour le brun.

« Tu crois vraiment que je fréquente d'autres personnes ? »

“J'en sais rien, Lexie, tu viens toi-même de dire qu'on est pas un couple et on a jamais discuté de ça alors je ne vois pas ce qui pourrait t'empêcher de le faire.”

De son côté, aucune colère, il était sincère, il se doutait que la question ne passerait pas comme une lettre à la poste, mais il avait besoin de savoir. Pourquoi ? Il n'en savait rien ou ne voulait pas se l'avouer. Dans le fond, elle avait raison, ils n'étaient pas vraiment en couple, mais cette crainte le bloquait sans qu'il n'arrive à passer au-dessus, malgré ses nombreux essais pour ne plus y penser.

« C'est moi qui t'aie demandé de passer moins de temps au boulot ou au dojo pour en passer plus avec moi ! Alors, quand j'ai fini de bosser, je rentre ici, moi aussi ! Quand est-ce que j'aurais le temps de caser une partie de jambes en l'air ? Et tu crois vraiment qu'en étant enceinte, j'irai écarter les cuisses pour tous les mecs du quartier ? »

Pour Noah, vivre avec Lexie, ça avait toujours un côté très incertain, un peu comme une partie de pile ou face, mais qui ne se terminerait jamais : il avait du mal à prévoir ses réactions et autant le mystère pouvait être excitant par moment, autant quand on vit tout son avenir sur un jeu de hasard, c'est plus stressant qu'autre chose. Il secoua la tête négativement, l'incompréhension peinte sur le visage. Pourquoi s'énervait-elle de la sorte en ayant un discours de dispute de couple alors qu'elle venait de dire qu'il n'y avait rien entre eux ?

« Dire que j'ai accepté de garder cet enfant, pour l'instant, pour toi ! »

Il haussa les sourcils, surpris, autant par la violence de la phrase que par la moue dégoutée qu'elle affichait.

“Ok, ok…” Avait-il commencé, en levant les mains en signe d'apaisement. “Je n'ai jamais voulu insinuer quoi que ce soit, je me pose des questions, c'est tout. Je… J'imagine que j'aurais pas dû venir te rechercher non plus, je suis désolé.”

Toujours aucune colère dans sa voix, mais une réelle incompréhension. Il avait l'impression que plus les choses se passaient bien entre eux, plus Lexie cherchait la moindre occasion de le pousser hors de sa vie par tous les moyens. Bien sûr, s'il vécu une enface à la Walker, il l'aurait peut-être comprise, mais là, il n'en était malheureusement pas capable et c'était extrêmement déroutant. Cette réaction de Lexie ne lui donnait qu'une envie : partir dans une autre pièce pour cacher ce qu'il pouvait ressentir, parce que c'était son mécanisme de défense à lui, il ne supportait pas de parler de ses sentiments. Or, même s'il ne voulait pas le montrer, les paroles de la jeune femme l'avaient blessé, il ne se considérait pas vraiment comme un couple avec tous les sentiments qui allaient avec, certes, mais en passant autant de temps avec elle, il commençait à vraiment l'apprécier. Alors, il n'aurait jamais pensé pas que le simple mot “relation” la mettrait dans un état pareil, il avait même l'impression que la simple idée la dégoûtait et non, ce n'était pas agréable à entendre. Il lui tourna le dos, prêt à trouver une excuse pour changer de pièce, mais finalement, il se retourna, en restant tout de même à distance de la brunette.

“En fait, tu sais quoi ? Non je ne suis pas désolé.” Fit-il avant de soupirer et de faire un geste exaspéré de la main. “Je ne sais pas quoi te dire et je ne sais même pas comment je dois me comporter avec toi non plus… Si je travaille trop, tu me demandes de passer plus de temps avec toi. Si je te retrouve en train de baver devant de la drogue et que j'essaye de t'aider, tu m'envoies balader. Si je te propose de t'installer dans une chambre de ma maison, tu finis par venir me rejoindre dans la mienne. Si j'ose prononcer le mot “relation”, tu nous fais un début de crise de panique. Mais à côté de ça tu me sautes dans les bras en me voyant à l'aéroport, tu veux qu'on soit une équipe, tu gardes un bébé pour moi et tu es en colère que j'ai pu imaginer que tu “ouvrais les cuisses pour tous les mecs du quartier” ? Et dans tout ça, je suis censé trouver évident que tu ne vois personne d'autre ? Tu crois que je suis médium ?”

Il souffla de nouveau et secoua la tête en passant une main sur son front avant de continuer, d'un ton où le trouble avait laissé place à l'agacement, bien que le volume sonore soit toujours maîtrisé.

“Bon sang, Lexie, tu vas me rendre dingue ! Tu as accepté d'essayer d'être une “équipe”, on est d'accord ?” Il avait évidemment imaginé les guillemets avec ses doigts. “Alors, dis moi comment tu vois les choses de ton côté ? Dis-moi ce que ça signifie dans ta tête exactement. Parce que tu peux en dire ce que tu veux, mais le fait de garder un bébé pour voir si on arriverait à s'entendre et éventuellement l'élever, de vivre ensemble, de faire des activités ensemble et de coucher ensemble, tu peux te mettre autant d'oeillères que tu veux en parlant “d'équipe” ma grande… mais la vérité c'est qu'on essaye de voir si on arrive à être un couple et que ça te fasse peur de te l'avouer ou non, ça n'y changera absolument rien !”

Elle ne s'en rendrait peut-être pas compte, mais avoir un tel discours pour lui, c'était un énorme effort, surtout vu le risque qu'il pouvait y avoir de se faire encore rembarrer. Évidemment, après toutes ces révélations, il se sentait mal à l'aise de rester là, face à elle. Pourtant, il avait promis qu'il ne fuirait pas devant ses responsabilités, aussi, peu importe la tempête qui risquait de s'abattre sur lui, il ne bougea pas d'un iota.

@Lexie Walker

Noah l’a cherché à l’aéroport et, même si elle ne l’avouera pas à haute voix, elle est ravie qu’il l’ait fait. D’ailleurs, sa réaction a parlé pour elle alors que, spontanément, ses jambes l’ont mené jusqu’au Riley afin qu’elle lui saute dans les bras. Alors leurs retrouvailles sont légères, agréables, jusqu’à ce que Noah mentionne Deklan, un nom qui ne dit pas grand-chose à la brunette, et qu’elle met un peu de temps à remettre. Lorsqu’elle fait le rapprochement, elle se souvient pourtant qu’elle lui a donné son numéro, lui a fait un peu de charme, autant qu’elle a pu se montrer méprisante à son égard. Et elle se demande si c’est à cause de ces quelques minutes de drague que Noah mentionne ce type dont elle avait oublié l’existence jusqu’à aujourd’hui.

« Dek’ est un ami d’enfance, donc j’imagine qu’on peut dire ça. »

Ok, alors ce Dek’ est proche de Noah, mais cela n’aide toujours pas Lexie à y voir plus clair. Alors elle préfère se concentrer sur le programme de la suite de la soirée, qui s’annonce particulièrement agréable. Pourtant, alors que les deux jeunes gens se retrouvent seuls dans la villa du Riley, après plusieurs jours de séparation, Noah met fin à leur étreinte. Pire encore, il vient poser une question qui terrifie la brunette : est-ce que leur relation est exclusive ? Elle panique instantanément, ne comprend pas pourquoi il vient gâcher ce moment en posant de telles questions. Alors elle fait ce qu’elle fait de mieux quand elle a peur, elle attaque, montre les crocs, et s’énerve.

« Ok, ok … Je n’ai jamais voulu insinuer quoi que ce soit, je me pose des questions, c’est tout. Je … J’imagine que j’aurais pas dû venir te rechercher non plus, je suis désolée. »
« Quoi ? »

Elle répond instantanément, ne comprenant pas le lien avec le reste de la conversation. Et puis, il a bien dû comprendre qu’elle était ravie qu’il l’attende à l’aéroport, non, alors qu’elle lui a spontanément sauté dans les bras ?
Elle le voit prêt à fuir la conversation, à la laisser plantée dans le hall d’entrée. Pourtant, il se tourne vers elle et se lance dans un long monologue qu’elle écoute avec attention.

« Bon sang, Lexie, tu vas me rendre dingue ! Tu as accepté d’essayer d’être une « équipe », on est d’accord ? Alors, dis-moi comment tu vois les choses de ton côté ? Dis-moi ce que ça signifie dans ta tête exactement. Parce que tu peux en dire ce que tu veux, mais le fait de garder un bébé pour voir si on arriverait à s’entendre et éventuellement l’élever, de vivre ensemble, de faire des activités ensemble et de coucher ensemble, tu peux te mettre autant d’œillères que tu veux en parlant « d’équipe » ma grande … mais la vérité c’est qu’on essaye de voir si on arrive à être un couple et que ça te fasse peur de te l’avouer ou non, ça n’y changera absolument rien ! »

La brunette déglutit difficilement, en secouant la tête. Elle a l’air affolée, prête à détaler. Il lui fait peur, clairement. Pas parce qu’elle n’a pas envie d’être avec lui. Mais parce qu’elle a peur de souffrir. Plus ils se rapprocheront, plus elle lui fera de la place dans sa vie, et plus la chute sera douloureuse quand il partira. Parce qu’il partira sans doute, parce qu’ils le font tous. Richard, son père, Elijah, son frère, et beaucoup d’amis qui l’avaient aussi abandonné : Wim, Maxence, ou même Joy. Et Noah s’est déjà installé plus que n’importe qui d’autre, petit à petit, sans qu’elle ne s’en rende compte. Il s’est insinué en elle, au fil des jours, et ce constat lui donne déjà du mal à respirer. Alors elle a l’impression qu’il pousse et tente de rentrer encore plus loin en demandant à ce qu’elle reconnaisse qu’ils sont un couple. Elle hausse finalement les épaules, se laissant glisser le long du mur pour rejoindre le carrelage frais du hall d’entrée.

« Je sais pas, Noah. »

Sa voix laisse percevoir qu’elle est perdue. On y ressent de la tristesse, de la peur, mais pas de la colère.

« Je sais pas, parce que j’ai jamais été en couple. »

Il doit penser le contraire, parce que Lexie est une fille entourée. Elle sort souvent, a toujours des gens autour d’elle, ou à ses pieds. Il y a toujours des hommes qui la draguent, des potes qui la font rire, et les tabloïds lui ont prêté pas mal de relations au fil des années. Pourtant, Lexie est une solitaire. Si elle a pas mal de potes de soirée, des connaissances avec qui elle sort faire la fête, rares sont ses amis. Et elle peut compter sans difficulté les personnes à qui elle fait confiance et à qui elle se confie.

« J’ai ramené pas mal d’hommes, et de femmes aussi d’ailleurs, dans mon lit. C’est vrai. Mais je n’ai jamais eu de relation. Je n’ai jamais rien construit avec quelqu’un. Et je pense que t’as dû remarquer aussi que j’avais très peu d’amis, ce n’est pas vraiment un défilé ici, et je m’absente rarement pour en voir … »

Elle triture ses doigts, visiblement gênée. Elle se maudit d’avoir rongé ses ongles dans l’avion, aurait pu vouloir en garder un peu pour ce moment-là, finalement bien plus stressant que d’envisager les retrouvailles avec Noah : vivre ces fameuses retrouvailles.

« Parce que les gens s’en vont toujours, Noah. Ils m’abandonnent. Elijah est parti quand j’avais 13 ans, alors qu’on était très proches. Richard est mort quand j’avais 16 ans. Puis mes rares amis m’ont abandonné petit à petit pour vivre leur vie loin de nos habitudes … »

Et loin de la drogue et des soirées à outrance. Ils s’étaient rangés, alors que Lexie n’avait jamais réussi à sauter le pas.

« Si je ne m’attache pas, ça ne fera pas mal quand ils partiront. »

Elle relève la tête vers Noah, plonge un regard bleuté tourmenté dans le sien.

« Si je ne te laisse pas trop t’installer, je souffrirai moins quand tu m’abandonneras. »

Parce qu’il le fera, comme tout le monde. Elle espérait seulement qu’il le fasse avant que le bébé arrive. Elle ne pourrait pas élever un enfant toute seule, c’était impossible. En élever un semblait déjà difficilement surmontable, mais en éduquer un sans Noah, c’était inconcevable.  
Elle laisse échapper un soupire résigné parce qu’au fond, il a sans doute raison : il s’est déjà trop installé dans sa vie, peut-être même qu’il commence à se faire une place dans son cœur.

« T’as ptet raison. Peut-être qu’on est déjà un couple et que je refuse de l’avouer. Alors colle-nous l’étiquette que tu auras envie, si cela peut te faire prendre conscience que non, je ne vois personne d’autre, et que je n’ai vu personne d’autre depuis fin décembre … »

Depuis qu’elle avait appris sa grossesse, Lexie avait mis fin à toutes ses activités nocturnes : soirées, alcool, drogue, et sexe. Elle ne fréquentait que Noah et, étonnamment, leur petite bulle lui suffisait. Elle se relève et adresse un sourire triste au boxeur.

« Je crois que je vais me coucher … Le décalage horaire et le voyage m’ont fatigué. Je … je mangerai demain. »

Ce n’est pas comme si elle avait faim, ni maintenant, ni ces dernières semaines. Quant à son envie de retrouver Noah physiquement, elle est toujours bien présente : c’est sa manière à elle de communiquer, de vérifier que leur alchimie est toujours là. Mais il l’a trop bouleversé pour qu’elle puisse faire le premier pas. Il a gagné, ils sont un couple. Il a gagné, Lexie est terrorisée. Alors elle attrape sa valise et disparait dans la chambre.