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 in harm's way ☽ birdie

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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyJeu 10 Mar 2022 - 17:22



in harm's way
(injuries and amends)

Vendredi 4 Mars 2022.

Installée dans mon Hilux sur le parking des studios ABC, mon regard ne quitte pas une seule seconde les doubles-portes du bâtiment. De nombreuses personnes entrent et sortent mais pour l'instant, aucun signe de celle que je suis venue voir ce jour. J'attends, pourtant. Je refuse de laisser tomber, quitte à perdre de longues heures, quitte à ce qu'elle soit finalement en repos et à devoir revenir demain. Car c'est le seul moyen qu'il me reste d'engager la conversation avec elle, Birdie ayant refusé les autres un à un.

De longues semaines se sont écoulées depuis ce fameux soir. J'ai mis du temps à m'en remettre moi-même. Du temps à comprendre qu'en dépit d'un réel danger, je suis allée trop loin. Alors, une fois prête à offrir à Birdie les excuses et les explications qu'elle mérite, j'ai d'abord tenté de l'appeler, sans réussir à lui parler. Mes quelques messages vocaux sont restés sans réponse, et mon unique tentative de lui rendre visite à son appartement s'est soldée par un échec, alors que je la savais chez elle.

Je la comprends. Je comprends son silence. Elle m'en veut, ou elle a peur de celle que je suis devenue, du moins à ses yeux, avec le peu d'éléments qu'elle a en sa possession. Sans doute est-ce un mélange des deux. Il faut dire que je lui ai donné de très bonnes raisons. J'ai donc décidé de changer de stratégie. C'est pourquoi je me trouve ici, en ce milieu d'après-midi : je compte la voir dans un lieu public, si elle le veut bien. Elle s'en sentira certainement plus à l'aise.

Quarante minutes plus tard, j'aperçois enfin sa silhouette. Elle est seule, le nez sur son téléphone portable. Je m'empresse de quitter ma voiture afin de la rejoindre. « Birdie. » Je l'appelle en ralentissant la cadence à deux mètres d'elle. Je ne tiens pas à la surprendre. Son regard étonné rencontre bientôt le mien. Je ne lui laisse pas l'occasion de desserrer les lèvres. « Je sais que tu n'as pas envie de me voir mais… s'il te plaît, est-ce qu'on peut quand même discuter ? Juste un instant. On pourrait s'installer là-bas, commander un café ? » Je désigne l'établissement en question, au coin de la rue, d'un signe de la main. Il fait beau, et plusieurs clients se prélassent déjà en terrasse.

Je n'en dis pas plus. Inutile de plaider ma cause en détails. Ce qui importe, à cet instant, est que Birdie accepte de m'octroyer ne serait-ce qu'une poignée de minutes. Loin de moi l'idée de la forcer : si elle décide là, maintenant, qu'elle ne veut plus entendre parler de moi, je respecterais son choix. Je m'en irais et ne chercherais plus à la contacter, même si ça me briserait le cœur.


@Birdie Cadburry in harm's way ☽ birdie	 873483867


Dernière édition par Quinn Callahan le Ven 22 Avr 2022 - 10:01, édité 1 fois
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMer 16 Mar 2022 - 22:21

Tu es sur ton petit nuage. Dans quelques jours, tu t’envoles pour les Etats-Unis afin d’y réjoindre Heather pour célébrer son anniversaire en grandes pompes. Depuis que les billets t’ont été envoyés et que tu as compris que c’était pour de vrai, tu tiens ton petit calendrier où tu coches les cases jusqu’au jour fatidique. Quelle chance tu as d’avoir un entourage aussi prestigieux. Par contre, tu n’as pas autant de chance côté travail ; en effet, ce rôle de poupée pour ABC commence de plus en plus à te taper sur les nerfs - et oui, ça fait plusieurs mois que tu le dis, que tu le penses mais tu n’agis pas en conséquence. C’est bizarre parce que tu n’as jamais réfléchi à deux fois en démissionnant de tes anciens postes. Pas même celui juste avant les Studios, où tu étais l’assistante d’une PDG aux jambes renversantes. Même ça, ça n’a pas réussi à te tenir dans la durée. Tu n’es véritablement pas faite pour les contraintes, les horaires, un bureau. Tu es une vive indépendante, un oiseau qui a besoin de s‘envoler quand elle le veut vers où elle le veut. Seulement, là, partir d’ABC, ça serait le début d’une nouvelle aventure. Une idée qui germe dans ta tête depuis des mois - depuis l’an dernier, depuis que Jordan l’a émise. Tu as été choquée de ne pas y avoir pensé toi-même, d’ailleurs. Mais pour que l’idée se concrétise, il faut que tu te poses, que tu réfléchisses, que tu ailles à la chasse aux locaux, et aux fonds aussi. Tu n’y connais absolument rien et ça, tous ces trucs d’adulte responsable au langage inconnu à tes yeux, ça fout la trouille à la Gryffondor que tu es.

Donc pour l’instant, aujourd’hui, comme tous les autres jours avant, tu as une tronche maussade quand tu sors des bâtiments. Beaucoup d’attente, beaucoup d’ennui, heureusement que tu as ton petit trio à toi pour t’aider à faire passer le temps. Tu n’as envie que d’une chose ; retrouver Jordan et te laisser mourir sur le canapé - celui de son studio, ça serait encore mieux pour avoir un background sonore - en mangeant une glace. Tu es d’ailleurs en train d’envoyer un message à ton partenaire quand tu entends ton prénom être appelé au loin. « Birdie. » tu te retournes et voilà Quinn qui apparaît dans ton champ de vision. Elle que tu as persisté à faire disparaître de ton écran de téléphone à chaque fois qu’elle tentait une approche, que ce soit par message ou par appel. Tu aurais juste envie de lui dire de te foutre la paix. Tu n’as pas la rancune tenace, en toute honnêteté, mais Quinn t’a vraiment fait peur. La revoir est revoir ce moment qui était censé être une visite de courtoisie mais qui s’est transformée en cauchemar. Heureusement que vous aviez prévu de partir pour Elimbah le lendemain de cette visite car t’as bien eu besoin d’au moins ta maison d’enfance et de la présence de Jordan pour te remettre de tes émotions. Mais Quinn ne t’en laisse pas le temps. « Je sais que tu n'as pas envie de me voir mais… s'il te plaît, est-ce qu'on peut quand même discuter ? Juste un instant. On pourrait s'installer là-bas, commander un café ? » tu regardes l’établissement désigné machinalement car elle le pointe et t’en profite pour déglutir. Tu as vraiment de mauvaises sensations qui reviennent mais peut-être que tu pourrais la laisser s’expliquer, tu ne crois pas ? “Qu’est-ce qu’il y a à expliquer, Quinn ? Ta perte totale d’esprit ? C’est vers un psychologue qu’il faut te tourner pour ça.” tu es un peu garce de prononcer ces mots, assez froidement et les bras croisés. Mais hey, déjà, tu n’as pas tourné les talons pour la fuir de nouveau. Tu lui offres le bénéfice du doute. Parce que c’est Quinn. Parce qu’elle n’est pas censée perdre pied à ce point. Parce qu’elle te doit bien ça.
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyDim 27 Mar 2022 - 13:34

Bien sûr, je ne m'attendais pas à ce que Birdie me facilite les choses. Je savais qu'elle ne m'accueillerait pas à bras ouverts et que mon approche risquerait d'être compliquée. Sinon, pourquoi aurait-elle mis un point d'honneur à ignorer mes tentatives de contact jusque-là ? Pourquoi refuser mes appels, laisser mes messages sans réponse et faire semblant de ne pas être chez elle à l'occasion de ma visite ? J'allais devoir faire face à son amertume, ça ne faisait absolument aucun doute. Et je me suis préparée à ça, tournant et retournant dans ma tête toutes les façons possibles et imaginables de l'aborder, espérant trouver la meilleure : celle qui me permettrait de décrocher ce café ensemble et, par conséquent, la possibilité de m'expliquer enfin sur cette fameuse soirée.

Pourtant, lorsque ses prunelles enflammées se plantent dans les miennes, que ses bras restent croisés sur sa poitrine en un signe de retenue, mon cœur sombre. Je me demande si j'ai bien fait, si je n'aurais pas dû abandonner. « Qu’est-ce qu’il y a à expliquer, Quinn ? Ta perte totale d’esprit ? C’est vers un psychologue qu’il faut te tourner pour ça. » Ses mots autant que son ton glacial me font terriblement mal, mais ne les ai-je pas mérités ? Encore une fois, j'avais conscience avant de venir qu'elle résisterait. Si je tourne les talons maintenant, mes efforts n'auront servi à rien. Je dois insister, je dois lui faire comprendre qu'il faut qu'elle me donne une chance. Juste une. « Je sais, » je souffle, baissant le regard au sol, puis le greffant de nouveau à celui de la jeune blonde.

Je refuse de lui mentir. Les psychologues, très peu pour moi. Ils ont beau m'avoir accompagnée par le passé, j'ai assez donné dans mon enfance, et encore après. Malgré ça, je ne suis pas restée dans mon coin obscur à attendre de perdre pied sans aucune possibilité de retour. « J'ai eu de l'aide. » Et pas de n'importe qui. « J'ai tout raconté à Elie. » Inutile de lui préciser que c'est lui qui a découvert la cachette du Glock - ce qui m'a forcée à parler, et non moi qui ai fait le choix de me confier. Dans le fond, le pourquoi du comment n'a pas importance. Seul le résultat compte. « Je n'ai plus l'arme. Il s'en est débarrassé. » Difficile moment que celui où il m'a démunie de mon unique moyen de m'en sortir face à une éventuelle agression de Bryant. Depuis, j'ai recommencé à vivre dans la peur, même si Elie fait son maximum afin de ne pas me laisser trop longtemps ni trop souvent sans sa compagnie à la maison.

« Birdie, je suis venue m'excuser mais je… » Je me coupe, hésitante sur la suite à donner à cette phrase. Un court instant de silence me permet d'observer Birdie, toujours sur la défensive. Je réalise que sans une révélation de ma part, un début de justification, elle n'acceptera pas de m'accorder ce que je suis venue chercher. « Tu mérites de savoir. Ce que j'ai vécu, qui était Mary, la raison pour laquelle j'ai ressenti le besoin d'avoir une arme pour me protéger… » Un long soupir franchit mes lèvres. J'essaie de garder contenance, ce qui n'est pas aisé sachant que je m'apprête à replonger dans de douloureux souvenirs. « J'ai dépassé les bornes, ce soir-là. Je le sais, et je le remets pas en question. Mais ce que je t'ai dit reste vrai. Le danger existe vraiment. » Un frisson me parcourt l'échine alors que le visage de Bryant - avec trente ans de moins qu'aujourd'hui - s'impose à mon esprit.

Je le chasse avec force, et désigne une seconde fois l'établissement situé au coin de la rue d'un léger mouvement de tête. « Tu veux bien qu'on aille s'asseoir ? » J'attends son verdict, le palpitant battant la chamade au creux de ma poitrine.


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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptySam 2 Avr 2022 - 18:48

« Je sais. » Le fait qu’elle sache ne te surprend pas. Parce que Quinn a la tête sur les épaules, normalement. Elle est beaucoup de choses que tu n’es pas, et pourtant. Tu as été la témoin malheureuse d’une perte de contrôle totale de ton amie. Un moment de folie qui a ramené beaucoup trop de mauvais souvenirs à ta mémoire, une panique interne que tu n’as pas vraiment su te débarrasser avant le lendemain. C’est contre Jordan que t’as été te réfugier. Ton partenaire travaillait mais iel t’a gardé sur ses jambes, à te bercer et te réconforter. Tu t’es naturellement endormie dans ses bras car c’est le meilleur endroit du monde à tes yeux pour cela. Tu y as trouvé l’apaisement nécessaire pour que tes membres arrêtent de trembloter et, surtout, que ton cerveau se mette en veille. Alors si Quinn sait, pourquoi est-ce que c’est arrivé ? Et qu’est-ce qui est arrivé, au juste ? Rien n’est compréhensible. Et pour être totalement honnête, tu n’y as pas pensé depuis. Tu as repoussé ce moment à chaque message, à chaque appel. Tu n’as pas souhaité t’y replonger. Et ce n’est toujours pas le bon moment car tu vas bien, en ce moment, même très bien avec la perspective de ce voyage à LA. Mais est-ce que ça sera un jour le bon moment ? « J'ai eu de l'aide. » Ce qui est une bonne chose. Serait-ce le moment de te rappeler que toi, tu n’as jamais pris le temps d’aller chercher de l’aide ? Shut up. « J'ai tout raconté à Elie. » Ce n’est pas une aide professionnelle, mais Elie est son compagnon et tu es bien placée pour savoir qu’il n’y a pas besoin d’un diplôme en psychologie pour que ce soit tout aussi éprouvant. Ça signifie quelque chose quoiqu’il arrive. « Je n'ai plus l'arme. Il s'en est débarrassé. » Ta mâchoire se crispe un peu et tu ne changes pas ta position défensive pour autant. Tes bras sont toujours croisés contre ton torse mais Quinn a ton entière attention. Un luxe qu’elle n’a pas eu depuis des semaines. “C’est cool.” Tu aurais préféré ne jamais l’avoir vu avec son arme en premier lieu mais ça, inutile de le préciser. Personne ne veut être en contact avec une arme. Tu l’as été, deux fois, et ce fut deux fois de trop.

« Birdie, je suis venue m'excuser mais je… » Toujours auss silencieuse, tu la laisses parler. C’est elle qui a des choses à te dire, des explications à te donner et il semblerait que tu sois encline à le faire. Dans le fond, Quinn n’est pas méchante, tu le sais. Elle est bien meilleure que toi. Sur tellement de domaines. Peut-être que tu n’as pas voulu lui parler parce que tu as été déçue. Déçue de voir qu’une telle figure de sagesse et de calme comme elle peut aussi dériver, dévier, avoir ses propres démons. C’est comme si l’image parfaite que tu t’étais faite de ton amie a été ébranlée de la plus mauvaise manière. Tu as tendance à idéaliser les gens, tu les penses souvent meilleurs que toi. Pour ceux que tu affectionnes, en tout cas. « Tu mérites de savoir. Ce que j'ai vécu, qui était Mary, la raison pour laquelle j'ai ressenti le besoin d'avoir une arme pour me protéger… » Ton coeur commence à battre fort parce que tu as l’impression qu’il y a tout un pan de la vie de Quinn que tu ignores. Tu ne peux pas la blâmer - il y a aussi des choses qu’elle ignore de toi. « J'ai dépassé les bornes, ce soir-là. Je le sais, et je le remets pas en question. Mais ce que je t'ai dit reste vrai. Le danger existe vraiment. » Tu fermes les yeux brièvement en soupirant légèrement. Cette dernière phrase te paraît absurde mais… C’est Quinn avec une tête reposée qui te parle. Elle n’a pas d’arme, elle n’a pas cette lueur terrifiée au fond des yeux. Elle a conscience d’être allée trop loin. Pourrais-tu lui donner le bénéfice du doute ?

« Tu veux bien qu'on aille s'asseoir ? » Tu restes quelques secondes à l’observer, anormalement taciturne quand on te connaît assez. Mais voilà que tu passes ta langue sur tes lèvres en hochant brièvement la tête. “Okay.” Ton regard dérive sur les environs. “En terrasse. Je vais avoir besoin d’une cigarette.” Tes pas t’entrainent vers le premier café avec terrasse qui s’offre à toi alors que tu sors une tige de nicotine de ton paquet ainsi que ton briquet. Tu t’installes après avoir piqué le cendrier de la table vide à côté avant de l’allumer. Ton attention se reporte de nouveau sur Quinn. “Tu n’as pas seulement dépassé les bornes, Quinn. Tu m’as faite flipper. Je sais pas si tu te rends compte de ça. Jamais je me serai attendue à te voir péter un plomb comme ça.” Un serveur vient à votre rencontre et tu commandes un Baileys. Tu le mérites bien, ça aussi, peu importe l’heure qu’il est.
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMar 12 Avr 2022 - 13:14

Je tente de ne pas me laisser abattre par son manque manifeste de réaction. J'espérais que l'annonce de l'arme désormais disparue d'entre mes mains serait un bon point en ma faveur, tout comme le fait d'avoir réclamé une aide nécessaire à l'homme qui partage ma vie. Mais Birdie demeure impassible. « C’est cool. » Son ton est détaché, indifférent. Je la devine impatiente de terminer cette conversation à sens unique dont elle n'a jamais voulu au départ. Mais puisqu'elle résiste encore à l'envie de m'envoyer définitivement sur les roses, je refuse de baisser les bras, d'abandonner. Par respect pour elle. Je mentirais si je disais que je n'espère pas son pardon, l'opportunité de retrouver le lien qui nous unissait. Pourtant, ce n'est pas ce qui m'amène ici en premier lieu : Birdie a le droit de savoir pourquoi. Pourquoi je lui ai infligé cette panique, cette noirceur, ce traumatisme dont elle n'aurait jamais dû être victime. Ces explications, aussi difficiles soient-elles à évoquer, je les lui dois. Ensuite, ce qu'elle décidera de faire une fois qu'elle saura restera son choix à elle, et quel qu'il soit, je m'y plierai. Si ça doit être la dernière fois que je lui adresse la parole, je veux que Birdie comprenne. Rien de plus.

Je lui partage mes pensées en toute transparence. Je ne lui demande qu'une petite poignée de minutes, et elle n'aura rien d'autre à faire qu'à m'écouter. Je me fais la promesse de ne pas en attendre davantage : je n'en ai pas le droit. L'air de réfléchir à ma proposition, Birdie me laisse un court instant dans le flou. Le temps est suspendu, et je sens mon cœur battre contre mes tempes. Finalement, elle hoche la tête. Le soulagement m'envahit aussitôt, le fantôme d'un sourire se dessinant sur mes lèvres. J'aimerais dire que le plus dur est fait. D'un certain point de vue, c'est effectivement le cas. « Okay. En terrasse. Je vais avoir besoin d’une cigarette. » À mon tour, j'acquiesce tout en suivant son regard, me retenant de lui rappeler que ses conditions sont les miennes, tant que je peux lui parler. Lui raconter. « Allons-y. » Sur place, la jeune blonde se récupère un cendrier sur une table voisine et s'installe à celle qu'elle nous a attribuée, allumant sa dose de nicotine. Je suis le mouvement et garde le silence jusqu'à ce qu'elle soit prête, profitant de cette latence pour observer les alentours.  

Lorsque son attention revient sur moi, je constate que la dureté de son regard n'a pas disparu, et elle ne tarde pas à s'exprimer sur la question. « Tu n’as pas seulement dépassé les bornes, Quinn. Tu m’as faite flipper. Je sais pas si tu te rends compte de ça. » Si, je m'en rends compte. Je ne le sais que trop bien, je lui réponds en mon for intérieur, car elle n'en a pas terminé. « Jamais je me serai attendue à te voir péter un plomb comme ça. » « Moi non plus. » Ça sort tout seul. Brut, sans enrobage, et criant de sincérité. « Moi non plus je ne pensais pas en arriver là un jour. Je suis vraiment désolée, Birdie. » Je vais essayer de ne pas le lui dire trop souvent. Je ne peux rien promettre : la culpabilité me ronge depuis cette soirée-là. D'autant qu'avec le recul, j'ai compris quelque chose. Je revois Birdie s'éloigner de moi en apercevant l'arme, aussi loin qu'elle en a été capable. Malgré l'obscurité, je revois la peur affichée sur ses traits à la vue du Glock. Je peux concevoir que certaines personnes détestent les armes à feu. J'en fais partie, en des temps ordinaires. Sauf que sa peur allait bien au-delà. Pour une raison que j'ignore, elle était terrifiée, terrorisée. Non pas à l'idée que je me serve de cette arme létale, mais simplement à l'idée de se trouver là, tout près. Et c'était avant que je me perde dans les méandres de mes pires souvenirs. Avant que je ne sois plus moi-même. Elle devait bien savoir que je ne lui ferais aucun mal. Alors qu'est-ce qui a pu déclencher cette panique ?

J'ai envie de lui demander, de savoir. Je n'en fais rien, consciente que c'est à moi de m'ouvrir, pas l'inverse. Je m'apprête à reprendre quand le serveur arrive vers nous. Birdie commande un Baileys et je m'en tiens à un café long. L'employé rebrousse chemin, nous laissant de nouveau seules. Je gigote un peu sur ma chaise, mal à l'aise, hésitante. Je ne sais pas par où commencer. Avec Casey, ça a été facile. Les confidences sont venues de manière naturelle, parce que je le voulais, pas parce que j'y étais obligée. Puis, avec Elie, ça a été encore plus facile. Parce qu'il connaissait déjà la majorité de cette histoire, compte tenu du rôle décisif qu'il avait joué. Celui du sauveur. Du héros. De l'ado qui avait refusé de fermer les yeux. Mais face à Birdie, je me sens désemparée.

« Je… » Je pousse un soupir à fendre l'âme. Je me dis qu'il me faut arracher le pansement. Maintenant, sans plus attendre. Ça ira mieux après. « J'ai… J'ai été enlevée quand j'avais neuf ans. » Je me force à soutenir le regard de Birdie. Ce qui m'est arrivé n'est en rien ma faute. Je n'ai pas à en avoir honte. « J'ai passé plusieurs jours… enfermée dans un sous-sol, avec une autre petite fille. » Elle l'aura certainement deviné, mais son prénom franchit néanmoins mes lèvres, en un souffle. « Mary. » Je fixe un point sur la table cette fois. La suite est beaucoup trop éprouvante, je ne peux plus offrir mon attention à la jeune blonde qui me fait face. « Un jour, il est venu la chercher et l'a emmenée avec lui. Je ne l'ai plus jamais revue. » Je déglutis. Ma gorge est sèche. « Quand tout a été terminé, j'ai appris qu'il l'avait… qu'il l'avait tuée. » Je refuse d'aller plus loin. J'ai promis à Birdie une explication qu'elle mérite, pas d'entrer dans le moindre détail. « Il a été condamné à perpétuité. » Je relève des yeux humides sur ma vis-à-vis. « Pourtant, il y a quelques semaines, il a été libéré. » Voilà, Birdie. Voilà pourquoi.

Le serveur revient dans un lourd silence, et c'est un merci juste un peu trop rauque qui l'accueille lorsqu'il dépose nos boissons devant nous. Je suis déjà en train de jouer avec la petite cuillère quand il nous abandonne encore. Mes iris trouvent celles de Birdie. L'émotion a laissé place à une forte détermination, et ma voix se fait plus assurée. « Il va vouloir finir ce qu'il a commencé. J'en suis convaincue, Birdie. Ce n'est pas… ce n'est pas de la folie. J'ai vu ce dont il était capable. C'est un monstre. » Et si elle savait toutes les horreurs que Mary a vécues, Birdie non plus n'en douterait pas une seule seconde.


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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptySam 16 Avr 2022 - 17:57

« Moi non plus. » Un sourcil qui s’arque et c’est la seule réaction que l’oiseau peut avoir face à une phrase qui sonne aussi sincère que véridique. Mais vu la réaction de Quinn ce jour-là, est-ce que c’est vraiment une surprise ? Pas vraiment. Personne ne peut préméditer ce genre de réactions. La blonde avait l’air sincèrement terrifiée et, pire que ça, elle croyait véritablement à ce danger qui semblait rôder autour de la maison. « Moi non plus je ne pensais pas en arriver là un jour. Je suis vraiment désolée, Birdie. » A force d’entendre des excuses de la part de différents interlocuteurs, ça finit par en perdre sa saveur. Birdie reste stoïque face à ce propos, se contentant de tirer sur son mégot. Ce qu’elle attend, ce n’est pas tant des excuses - elle sait que Quinn est désolée. Autrement, elle n’aurait pas cherché à la contacter plusieurs fois. Non, ce qu’elle attend, ce sont des explications. Et vu la folie dont a fait preuve son amie, Birdie juge qu’elle les mérite. Qu’elle est en droit de comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de la cavalière pour en arriver à avoir une arme illégale et à croire qu’un type voulait les tuer.

« Je… » L’attente est longue de son point de vue. Il y a donc une explication derrière tout ça. L’oiseau ne mesure pas à quel point. Toujours aussi détachée qu’elle soit. « J'ai… J'ai été enlevée quand j'avais neuf ans. » Elle ne s’attendait pas à ça. Quinn a été enlevée ? Comment se fait-il que jamais elle en ait entendu parler ? Cela est une preuve incroyable que la douce jeune femme n’est pas du genre à faire étalage de ses tracas. Jamais elle n’aurait pu la soupçonner d’avoir connu une épreuve pareille, aussi lointaine que cela remonte. « J'ai passé plusieurs jours… enfermée dans un sous-sol, avec une autre petite fille. » Birdie a l’échine qui frissonne légèrement. Elle commence à comprendre - « Mary. » Mary. Elle a vu son visage en la regardant elle. C’est effrayant. La Cadburn déglutit et s’occupe en tirant une nouvelle fois sur sa tige de nicotine. Autant dire que Quinn a son entière attention. En plus de son silence respectueux face à ce récit qui glace le sang de n’importe quelle personne censée. « Un jour, il est venu la chercher et l'a emmenée avec lui. Je ne l'ai plus jamais revue. » Elle déglutit. « Quand tout a été terminé, j'ai appris qu'il l'avait… qu'il l'avait tuée. » Prévisible vu le déroulement de son témoignage. De cette histoire qui n’est pas de celles que l’on raconte le soir pour s’endormir, bien au contraire. « Il a été condamné à perpétuité. » Encore heureux, que la miss météo aurait envie de dire. « Pourtant, il y a quelques semaines, il a été libéré. »Quoi ?” Là, elle ne peut pas se retenir. C’est flippant à souhait. Pourquoi un monstre pareil a été relâché ? C’est un nouveau signe que le système ne tourne pas rond.

Le serveur revient mais Birdie ne lui prête aucune attention, ni à lui ni à sa boisson posée devant elle. Ses prunelles claires sont centralisées sur Quinn alors qu’elle se demande pourquoi. Son amie s’intéresse à sa cuillère alors que l’oiseau mord sa lèvre. Est-ce qu’elle est censée dire quelque chose ? La réponse serait positive, mais qu’est-ce qu’on est censé dire dans une situation pareille ? « Il va vouloir finir ce qu'il a commencé. J'en suis convaincue, Birdie. Ce n'est pas… ce n'est pas de la folie. J'ai vu ce dont il était capable. C'est un monstre. » Okay. La Cadburn doit assimiler tout ça et surtout, ne pas répéter que c’est insensé parce que… Est-ce qu’elle peut blâmer Quinn d’être aussi paniquée alors qu’elle-même ne se sent pas en sécurité de savoir qu’il y a un type comme ça dans la rue ? Birdie se redresse et s’avance pour plier un bras sur la table alors que sa main libre va déposer les cendres de sa cigarette dans le cendrier. “Je m’attendais pas vraiment à ça.” C’est le moins que l’on puisse dire mais la jeune femme ne sait pas forcément ce qu’il faut dire - c’est une situation bien inédite, et heureusement. “Tu sais pourquoi il a été relâché ?” Qu’importe les raisons, c’est un véritable scandale malgré tout. “Depuis longtemps ? Il a essayé depuis ?” Birdie en vient même à douter sur ce qu’elle a pu avoir vu, entendu et vécu ce soir-là. Et s’il y avait vraiment eu son ancien bourreau au seuil de sa maison ? Un nouveau frisson déferle le long de son échine. “Putain, Quinn… C’est vraiment horrible.” Elle n’a pas besoin qu’elle le dise, elle en a sûrement parfaitement conscience toute seule depuis toutes ces années mais cela n’empêche pas la Cadburn de le dire malgré tout. “Qu’est-ce que… Je sais même pas quoi dire ni demander, en faites.” C’est une histoire absolument dingue. “Il n’était pas là, ce soir-là… N’est-ce pas ?” Parce qu’elle va finir par douter, au final.
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyVen 22 Avr 2022 - 9:58

Raconter mon histoire, même seulement en partie et sans les détails sordides qui la composent pourtant, me demande des efforts considérables. Je suis dans un lieu public qui manque cruellement de familiarité, de chaleur et de mise en confiance, et où des oreilles indésirables peuvent traîner, captant ainsi nos mots. Je le savais, puisque j'ai moi-même proposé à Birdie de nous retrouver sur cette terrasse, consciente de l'appréhension que je lui inspire depuis cette fameuse soirée, consciente qu'elle refuserait net un endroit plus privé. Pas tant que je ne lui aurais pas prouvé que je n'ai pas perdu la raison. Si nous sommes ici, c'est de mon propre fait. Ça n'en reste pas moins difficile. Mais c'est le prix à payer pour lui offrir les explications qu'elle mérite et, pour, un peu égoïstement, me décharger d'une partie de ma culpabilité. Car peu importe ce qu'elle décide de faire de notre amitié après notre entrevue du jour, au moins, mon esprit sera plus tranquille. Parce qu'elle saura. Je peux me tromper, cependant, je crois qu'elle a besoin d'entendre ce que j'ai à lui dire, autant que j'ai besoin de lui dire ce qu'elle est en train d'entendre.

« Je m’attendais pas vraiment à ça. » Ce sont ces premiers mots après son étonnement lié à la libération de mon geôlier, après le silence qui a suivi la fin de mon récit. J'esquisse une légère grimace emplie de compréhension. C'est évident. Je n'en avais jamais parlé auparavant, ni ne l'avais sous-entendu. Je n'ai laissé aucun indice quelconque, rien qui n'aurait pu lui permettre de faire le moindre rapprochement. Elle n'aurait pas pu deviner ce qui se tramait. « Tu sais pourquoi il a été relâché ? » D'un côté, je ne compte pas tout lui dire. D'un autre, je me suis fait la promesse de répondre à ses questions. Je les lui dois. « L'inspecteur en charge de l'affaire à l'époque vient d'être inculpé pour corruption et falsification de preuves, remettant en cause toutes les enquêtes sur lesquelles il a travaillé au cours de sa carrière. » Autant dire que les avocats des condamnés en ont profité. Dire qu'il était à deux doigts de la retraite. Je tente d'ignorer la rage qui m'envahit à chaque fois que je pense à lui, à cet homme, ce flic pourri jusqu'à la moelle et qui, pourtant, m'a tenue dans ses bras en me libérant de ma cage, me soufflant que tout irait bien, comme un signe que mon jumeau avait toujours veillé sur moi, comme la promesse que je le reverrai bientôt.

À la place, je me concentre sur les interrogations de Birdie, qui tente de recoller les morceaux dans son esprit encore sous le choc. « Depuis longtemps ? Il a essayé depuis ? » C'est la seconde partie que je retiens le plus. Celle qui me laisse indécise, parce que je n'ai aucune idée de ce que je suis sensée lui répondre. « J'en sais rien, Birdie. Je… » Je me passe les mains sur le visage. Je refuse de lui mentir. « Parfois, j'ai l'impression de le voir, du coin de l'œil, à un endroit ou un autre, comme… comme s'il m'observait. » La dernière fois, je me rendais à pied depuis la maison au centre équestre. Alpha était avec moi et il a jappé à l'instant précis où mes iris ont capté sa silhouette derrière un haut buisson, avant qu'elle ne disparaisse. Je continue de me demander si le Saarloos a senti ma peur, détecté un animal sauvage ou si Bryant se tenait réellement là, juste là. Comment le savoir ? Comment savoir si cette peur me fait voir ce qui n'existe pas ou s'il essaie de me rendre dingue, jusqu'à ce qu'il en prenne marre et décide de mettre un terme à ce jeu et à ma vie ?

« Putain, Quinn… C’est vraiment horrible. Qu’est-ce que… Je sais même pas quoi dire ni demander, en faites. » Je pose ma tasse après une gorgée de café et à nouveau, je lui offre un sourire discret autant que compatissant. « Tu n'as rien besoin de dire ni de demander. Je ne suis pas venue partager tout ça pour me placer en victime. Je ne l'étais pas, ce soir-là. J'étais la coupable. La seule et unique coupable. Je tenais simplement à ce que tu comprennes pourquoi. Rien de plus. » Elle en tire aussitôt la conclusion qui s'impose. « Il n’était pas là, ce soir-là… N’est-ce pas ? » Je hausse les épaules, finissant par répondre. « Non. Je ne crois pas qu'il l'ait été. » L'ombre dans la baie vitrée pouvait être n'importe quoi. Et il a ensuite été prouvé que la coupure de courant et la fenêtre brisée étaient dues au vent violent, dehors, arrachant les branches des arbres les plus fragiles. À défaut d'en être certaine pour toutes les autres occasions, cette fois, au moins, je crois que mon esprit inquiet a transformé un simple orage en une attaque ciblée, me faisant perdre mes moyens… et mettant Birdie en danger.

J'observe la jeune blonde tirer une taffe avant de prendre un peu de son Baileys, puis alors que nos regards se retrouvent, j'ose évoquer ce qui me travaille à propos de cette scène précise, dans le garde-manger. « Birdie… Quand tu m'as vue sortir l'arme… Je n'ai rien remarqué sur le coup mais après, en y repensant… Tu étais vraiment terrorisée. Tu n'as quand même pas cru que j'allais te faire du mal ? » Je m'en voudrais qu'elle acquiesce, pourtant je sais que ça ne devrait pas être le cas. Pas à ce moment-là, où j'étais toujours en possession de mes moyens, où mes paroles étaient claires et sensées, si ce n'est un tantinet autoritaires. Alors pourquoi ? Pourquoi un tel effroi dans ses yeux ? Acceptera-t-elle de m'en dire plus ? Et dans le fond, est-ce que je mérite seulement de savoir ?


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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMar 26 Avr 2022 - 19:27

« L'inspecteur en charge de l'affaire à l'époque vient d'être inculpé pour corruption et falsification de preuves, remettant en cause toutes les enquêtes sur lesquelles il a travaillé au cours de sa carrière. » C’est absolument outrageant. Tu as vu assez d’enquêtes criminelles pour savoir les complications qu’il peut y avoir derrière les recherches et les investigations. Seulement là, ce n’est pas ailleurs, ce n’est pas quelqu’un d’autre, c’est Quinn. C’est arrivé à quelqu’un que tu connais, à la petite fille que fut ton amie qui n’a même pas dû comprendre tout ce qui devait lui arriver. Entendre une ineptie pareille te révulse. Les inspecteurs de ce calibre ne devraient même pas avoir le droit d’exercer. Ou, mieux encore, les criminels devraient rester derrière les barreaux, magouille ou non. Tu as froid dans le dos. Tu te contentes de hocher brièvement la tête dans le plus grand des silences parce que tu ne vois pas quoi dire de plus. Quinn n’a pas besoin que tu soulignes ton outrage face à cette injustice, elle doit en avoir parfaitement conscience. Et surtout, surtout, comment fait-elle pour vivre dans sa grande demeure située au milieu de nulle part dans ces conditions ? Même avec Ellie à ses côtés ?

« J'en sais rien, Birdie. Je… » Elle a l’air complètement désemparé et c’est la première fois que tu la vois comme ça. C’est aussi la première fois que tu vois au-delà de son sourire et de sa douceur, sa gentillesse. Quinn est si posée et si adulte comparée à toi. Certains diront que c’est l’âge mais ton amie est intemporelle à tes yeux - à croire que tu n’aimes pas voir le monde évoluer et vieillir autour de toi, ta personne incluse. « Parfois, j'ai l'impression de le voir, du coin de l'œil, à un endroit ou un autre, comme… comme s'il m'observait. » Tu frissonnes de nouveau parce que tu comprends le ressenti. Tu as connu pendant trop longtemps ces sensations. Dans d’autres circonstances, pour d’autres raisons, mais tu comprends très bien. Tu déglutis légèrement. “Je vois ce que tu veux dire.” Peut-être qu’elle prendra cela comme une phrase bateau que l’on sort à autrui pour la rassurer mais ce n’est pas le cas. Parfois, tu as encore l’impression de voir l’ombre de celui qui t’a détruite de l’intérieur au détour d’une rue ou en ombre sur la façade d’une vitrine. Les explications te semblent aussi irréelles que logiques. Tout se met en place petit à petit.

« Tu n'as rien besoin de dire ni de demander. Je ne suis pas venue partager tout ça pour me placer en victime. Je ne l'étais pas, ce soir-là. J'étais la coupable. La seule et unique coupable. Je tenais simplement à ce que tu comprennes pourquoi. Rien de plus. » Tu te mords la joue en tirant une nouvelle fois sur ton trait de nicotine, le regard dans ton verre parce que tu es en train de comprendre que ta réaction - ton silence et tes refus - pendant de longs mois ont été infondés, injustifiés. Tu n’as pas l’habitude de te couper de tes proches aussi longtemps, tu sais te montrer plus compatissante et ouverte que cela. Mais ton renfermement a été malheureusement à la hauteur du choc et de la frayeur que Quinn a opéré en toi ce soir-là. « Non. Je ne crois pas qu'il l'ait été. » Je ne crois pas, ce n’est pas rassurant, mais vous êtes ressorties indemne et c’est tout ce qui compte au final. “Tu avais tes raisons. J’aurai dû les écouter plus tôt. Après tout, je n’aurai sûrement pas mieux agi à ta place.” Bien au contraire. L’histoire a prouvé que tu ne faisais pas forcément les choix les plus brillants.

« Birdie… Quand tu m'as vue sortir l'arme… Je n'ai rien remarqué sur le coup mais après, en y repensant… Tu étais vraiment terrorisée. Tu n'as quand même pas cru que j'allais te faire du mal ? » La faible teneur d’alcool brûle un peu ta gorge alors que la question percute. Tu reposes ton verre dans un geste d’une extrême lenteur, comme si tu es en train de peser le pour et le contre de raconter la source de cette peur. Au final, il n’y a rien de secret là-dedans et Quinn mérite bien de savoir. “Il y a un peu plus d’un an, j’ai croisé la route d’un type qui nous voulait du mal, à moi et ma copine. Elle s’est retrouvée avec son arme dans les mains et un coup est parti. Il a atterri dans mon bras.” Tu tripotes le bout de ta cigarette alors que ton autre main passe dans tes cheveux. Tu redresses le visage vers Quinn avec un sourire et bref rire nerveux. “Je me rends compte que, dit comme ça, ça parait anodin.” Alors que non. Une balle tirée d’une arme n’est jamais anodine. Un peu plus et ça aurait pu toucher un organe vital. “Donc je sais que tu ne m’aurais pas fait de mal… Pas volontairement. Mais tu étais tellement en panique, Quinn. Je… On sait pas comment les gens peuvent réagir sous l’adrénaline et la peur.” Comme Ana quand la balle est partie. Tu ne sais même pas si c’était une balle perdue ou non. Tout s'était passé si vite. Tu lâches un lourd soupir en redressant le buste. “Mais bon, heureusement que je n’ai pas à faire à des armes constamment. Même si deux fois en un an, ça commence à faire beaucoup.” Tu finis avec un nouveau rire encore une fois nerveux alors que tu places ton mégot entre tes lippes. C’est plus que la majorité de la population durant toute leur vie.
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMer 4 Mai 2022 - 12:53

Je peux aisément lire l'incompréhension mêlée à la colère dans le regard de Birdie alors que je lui explique par quel moyen un homme pourtant condamné à perpétuité se retrouve désormais libre de ses mouvements, trois décennies après ses horribles actes. Qui ne le serait pas, à sa place ? Qui ne le serait pas, à la mienne ? Je pensais que je n'aurais plus affaire à lui, plus du tout. Je pensais en être débarrassée, au moins physiquement, même si je savais que là, dans mon esprit fracturé par sa faute, il ne me quitterait jamais vraiment. Son visage déformé par la haine dès qu'il voyait la moindre larme rouler sur mes joues. Sa voix, rauque et agressive. Sa démarche lourde dans les escaliers, qui me faisait sursauter à chaque pas. Je savais qu'il vivrait toujours en moi, tel un cauchemar dont on ne peut se débarrasser, et si insistant qu'il en arrive à se manifester même lorsque l'on est parfaitement éveillé. Je le savais. Je m'y étais préparée au fil du temps, et je m'en accommodais. Je réussissais à vivre avec cette réalité. Mais celle d'aujourd'hui ? Celle qui me met de nouveau en danger, parce qu'un homme a cru que son badge le portait au-dessus des lois ? Elle me terrorise. Elle me terrorise autant qu'elle m'enrage. Surtout quand on sait qu'il n'y a rien à faire. Aucun recours possible. Aucune solution alternative qui permettrait de renvoyer Bryant derrière les barreaux. Sauf s'il commet un nouveau crime.

Birdie doit voir que je ne veux pas m'étendre sur le sujet de l'inspecteur en particulier, alors elle m'interroge plutôt sur la présence - ou absence - de celui qui me traque, le soir de l'orage. Je continue à faire preuve d'honnêteté dans mes réponses, ne lui offrant ainsi rien de plus que mes doutes et mes incertitudes. Était-il là ? Et les autres jours, où j'ai cru l'apercevoir derrière un tronc ou un bosquet, sur ma propriété, voire dans la rue, sur le trottoir d'en face, avant qu'il ne disparaisse au prochain carrefour ? Je n'en sais rien. C'est difficile à accepter, à admettre et à partager avec quelqu'un. Difficile de me dire que je suis peut-être en train de perdre la tête, de me laisser submerger par la peur au point de croire dur comme fer qu'il me poursuit, qu'il joue avec mes nerfs, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à porter le coup de grâce et à finir ce qu'il a commencé. « Je vois ce que tu veux dire. » Je relève les yeux, les sourcils légèrement froncés. Ainsi, la jeune blonde s'est elle aussi trouvée dans une situation similaire. Avait-elle raison, elle, de se sentir observée, menacée ? Et qui en est à l'origine ? Est-ce lié à cette apparente phobie des armes à feu, ou fais-je décidément preuve de trop d'imagination ?

Je n'ai pas l'occasion de lui demander : une certaine impuissance gravée sur ses traits d'ordinaire si lumineux, elle secoue la tête, ne sachant pas quoi dire. Je m'empresse de la rassurer et de lui rappeler que notre présence ici, assises à cette table à la terrasse de ce café, n'était vouée qu'à m'excuser et m'expliquer. Pas à la mettre mal à l'aise et encore moins à me dédouaner ou lui inspirer de la culpabilité. « Tu avais tes raisons. J’aurai dû les écouter plus tôt. Après tout, je n’aurai sûrement pas mieux agi à ta place. » J'esquisse un petit sourire reconnaissant, car ce qu'elle me dit me touche. « Peut-être, ou peut-être pas. Je te souhaite de ne jamais le découvrir. » Personne ne mérite de vivre ça. « Quant à mes raisons, qu'elles soient valables ou non ne change rien à ce qui s'est passé, et au fait que mes actes restent répréhensibles. Toi aussi, tu avais tes raisons de ne pas vouloir connaître les miennes. » Je ne cherche pas un pardon que je ne mérite pas. Je tenais juste à ce qu'elle sache pourquoi.

J'ai beau ne pas être en droit d'attendre quoi que ce soit de sa part, je ne peux m'empêcher de la questionner sur ce fameux instant où elle m'a vue sortir l'arme. Ne serait-ce que pour être certaine de ne pas être à l'origine de son effroi. Elle laisse passer quelques courtes secondes de silence durant lesquelles elle semble peser le pour et le contre de m'avouer un événement marquant. Mon cœur se serre lorsque ses mots me parviennent : elle a pris une balle dans le bras qui ne lui était pas destinée. Une balle tirée par son amie. « Je me rends compte que, dit comme ça, ça parait anodin. » « Non, loin de là. » Je murmure en secouant la tête, soufflée par son récit. « Donc je sais que tu ne m’aurais pas fait de mal… Pas volontairement. Mais tu étais tellement en panique, Quinn. Je… On sait pas comment les gens peuvent réagir sous l’adrénaline et la peur. » « Je comprends. » Je réalise, désormais, et je m'en veux tellement plus de lui avait fait retraverser cette épreuve. La vue du Glock l'a ramenée à ce terrible jour où elle aurait pu perdre la vie. Et c'est entièrement ma faute. « Mais bon, heureusement que je n’ai pas à faire à des armes constamment. Même si deux fois en un an, ça commence à faire beaucoup. » Elle conclut dans un rire nerveux pendant que je reste stoïque, incapable de réagir. « Je suis désolée, Birdie. De t'avoir replongée dans ce cauchemar. » C'est le mieux que je suis capable de lui dire, le regard perdu et en détresse.

Je bois une gorgée de café comme si elle allait m'aider à retrouver ma contenance. Je songe à ce type qui en avait après Birdie et son amie et qui est, sûrement, celui auquel elle faisait référence un peu plus tôt, lorsqu'elle m'a affirmé savoir ce que c'était que de se sentir épiée. « Cet homme qui en avait après vous… La police l'a retrouvé ? Il a été arrêté pour vous avoir agressées ? » Je n'ose pas m'enquérir des conséquences de ce tir sur l'amie en question. Même involontaire, même en cas de légitime défense, et même si Birdie a témoigné en faveur de la coupable présumée, ce coup de feu n'est sans doute pas resté impuni. La justice ne manque pas de failles, condamnant parfois tout le monde sur son passage. Même les victimes.


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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMer 4 Mai 2022 - 18:24

En face de toi, tu as la sensation de découvrir Quinn d’une façon que tu n’avais jamais connue auparavant. Ce qui est normal et logique, considérant le fait qu’elle ne va pas clamer en guise de rencontre ses traumatismes et épreuves affrontés durant son enfance. Tu sais très bien ce que c’est et encore une fois, tu as laissé tes émotions prendre le dessus plutôt que d’aller communiquer. Pourtant, tu n’es pas à l’aise avec les disputes, les non-dits, les silences. Tu t’accroches à tes proches si fort, tu considères chaque amitié si précieuse et unique que tu n’aimes pas quand tu es en froid avec eux. Mais avec Quinn, il y a eu quelque chose en plus qui s’est brisé ce soir-là. Comme la sensation de voir le vrai visage de son héroïne, son modèle. Le choc de se rendre compte qu’elle aussi est humaine, qu’elle aussi a ses craintes. Inconsciemment, tu te demandes comment toi tu pourrais t’en sortir si une femme aussi gentille et agréable que Quinn n’y arrive pas non plus. Ce ne sont que des films dans ta tête, des calques qui n’ont pas lieu d’être et pourtant, tu ne peux pas t’en empêcher. Alors oui, tu as eu peur. Voir son nom ne faisait que rappeler cette scène qui t’en rappelait d’autres et il y a un cercle vicieux qui ne cesse de se répéter à chaque instant. « Peut-être, ou peut-être pas. Je te souhaite de ne jamais le découvrir. » Tu ne dis rien mais ton estomac se tord à la pensée. Tu as déjà eu ce genre de réflexions, surtout quand tu as revu Joseph, il y a deux ans de cela. Une claque à la figure, un rappel qu’il peut être toujours dans les environs parce que Joseph a été incapable de te dire si oui ou non son ancien boss et ami était toujours là. Tu aurais préféré le savoir mort. Mais tu évites d’y penser. Au milieu d’une pile d’autres choses. Grand dieu, Birdie, il faudrait que tu écoutes Jordan. Shut up.

« Quant à mes raisons, qu'elles soient valables ou non ne change rien à ce qui s'est passé, et au fait que mes actes restent répréhensibles. Toi aussi, tu avais tes raisons de ne pas vouloir connaître les miennes. » Tu mords ta joue en jouant avec ton doigt sur le bord du verre tel un patineur. “On est en vie et il n’y avait rien. Personne. C’est le principal. J’aurai dû t’écouter plus tôt. On referait le monde avec des si.” L’histoire ne peut plus être refaite et il n’y a qu’à aller vers l’avant. Cependant, c’est compliqué vu la conversation et les souvenirs qui sont ressassés en conséquence. Tes prunelles se lèvent sur Quinn. “Je suis plutôt touchée que tu ais persisté à me parler malgré le nombre de fois que je t’ai ignoré. Surtout pour me raconter une histoire pareille. Tu aurais pu juste… Laisser tomber.” Dans le fond, tu es ravie qu’elle ne l’ait pas fait. Te laisser tomber. Une petite fracture d’amitié n’est jamais simple à encaisser. Tu n’aimes pas ces situations. Tu t’es déjà retrouvée à ne plus parler à tes amis les plus proches et intimes pendant des mois voire des années ; le sentiment de culpabilité t’a tenu en haleine pendant des mois. Et même encore maintenant, alors que tu ne te sens pas coupable de la situation, tu ne te sens pas spécialement fière non plus d’avoir réagi aussi bêtement. Tu as préféré fermer les yeux, les oreilles et la bouche plutôt que de les utiliser à bon escient pour une fois.

« Non, loin de là. » Non, ce n’est pas anodin comme histoire. Mais face à une séquestration… Non, tu ne peux pas comparer. Tu ne dois pas commencer à comparer parce que tu vas faire la liste dans ta tête et c’est exactement tout l’inverse de ce que tu veux. Tu te contentes de raconter cette histoire aussi absurde qu’improbable, qui a donné un brin d’excitation à ta vie déjà bien mouvementée mais aussi un traumatisme non négligeable devant une arme. « Je comprends. » Tu bois quelques gouttes de ton breuvage avant de rire nerveusement. « Je suis désolée, Birdie. De t'avoir replongée dans ce cauchemar. » Tu hausses une épaule. “Y’a pas besoin de viser un coupable. Cette histoire n’est pas de ta faute ni de ton ressort. Et puis tu es humaine. Tu as agi par instinct.” Inutile de ressasser plus longtemps. Tu ne veux pas non plus jeter complètement la pierre à Quinn ; elle n’y est pour rien si tu es parfois imprudente. « Cet homme qui en avait après vous… La police l'a retrouvé ? Il a été arrêté pour vous avoir agressées ? » Tu fronces ton front pour te rappeler car c’était assez confus pour toi. “Elle a réussi à le viser.” Oui, réussi car c’est une charge à soustraire de tes pensées. Ce qui n’est pas négligeable. “Il avait séquestré un type dans son coffre.” Que tu dis de façon plus doucement. Tu passes ta main sur tes yeux en soupirant avant de finir par pincer ton nez. “J’ai plus eu de nouvelles de ma copine après cet épisode. J’ai fait une déposition mais… Je crois qu’elle était dans une famille assez fortunée. Elle a sûrement dû leur demander de l’aide pour limiter la casse.” Tu as bien vu puisque vous vous êtes amusées à voler une de leurs voitures qui n’avait rien avoir avec ton van multicolore. Tu aurais trouvé cela injuste si elle se serait retrouvée derrière les barreaux alors qu’elle a été une vraie héroïne - même sans le vouloir. Tu finis par tirer sur ta cigarette que tu as oublié avant de l’écraser totalement dans le cendrier car tu n’en veux plus. Tu soupires, ton dos épouse le dossier de ton siège et tes yeux clairs remontent sur Quinn. “Au moins, lui aura eu la justice qu’il méritait.” Contrairement à l’agresseur de ton amie qui peut se pavaner dans la rue en toute liberté. Un détail qui te donne envie de sortir toi-même une arme pour faire justice par tes propres moyens. Les individus aussi pourris que ces hommes ne méritent pas de respirer et d’user l’oxygène de cette planète.
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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyDim 15 Mai 2022 - 12:53

Les choses sont claires de mon point de vue : Birdie n'est coupable de rien. Je ne lui reprocherai jamais son silence lors de mes appels, ni de ne pas m'avoir ouvert sa porte à l'occasion de mon unique visite, alors que je la savais chez elle. Je lui ai fait très peur ce soir-là, et je l'ai compris bien avant notre échange d'aujourd'hui. Qui n'aurait pas eu la même réaction, en me voyant perdre la raison tout en tenant un pistolet chargé entre les mains ? Je l'ai appelée Mary. Je m'en souviens. Je l'ai prise pour une personne qu'elle n'était pas. À partir de là, elle pouvait tout imaginer de moi. Absolument tout. Même que je finisse par retourner le Glock contre elle, noyée sous des hallucinations dont la nature lui échappait complètement. « On est en vie et il n’y avait rien. Personne. C’est le principal. J’aurai dû t’écouter plus tôt. On referait le monde avec des si. » Je tente de ravaler la boule qui se forme au creux de ma gorge. « C'est vrai, » je souffle, la tête baissée. Si je n'avais pas acheté cette arme sur le marché noir. Si Cade ne m'avait pas dit qu'il avait été libéré. Si Elie ne m'avait jamais sauvée. Si Mary ne s'était pas interposée, se condamnant à ma place. Oui, on referait le monde avec des si. « Je suis plutôt touchée que tu ais persisté à me parler malgré le nombre de fois que je t’ai ignoré. Surtout pour me raconter une histoire pareille. Tu aurais pu juste… Laisser tomber. » C'est moi qui suis touchée par sa compréhension. Je suis venue seulement pour m'expliquer, et pourtant, j'ai l'impression qu'elle est en bonne voie de pardonner mes erreurs. La question est de savoir si je mérite son indulgence. Je relève des yeux que j'aurais voulu moins humides sur elle. « Tu méritais de comprendre pourquoi. Je te le devais. Je ne voulais pas… laisser tout ça en suspens. » J'ai une grande estime pour Birdie, pour ce qu'on a partagé lorsqu'elle travaillait à Riverside et pour l'amitié qui en a découlé. Il était hors de question qu'on la brise de cette manière. Qu'il reste des non-dits, des zones d'ombre. Je suis prête à la laisser partir, si c'est ce qu'elle souhaite véritablement, mais pas avant d'avoir établi la vérité.

Quand elle m'explique ce qu'elle a elle-même vécu, et ce pour quoi elle redoute les armes à feu, les excuses me viennent instantanément. Je pourrais le faire jusqu'à la fin de ma vie, m'excuser, car je reste bien consciente de l'avoir replongée dans un événement qui l'a traumatisée. Après la libération de Bryant, je suis justement bien placée pour savoir ce que ça fait, que d'être de nouveau nez-à-nez avec ce qui, par le passé, vous a inspiré une terreur si forte qu'il n'existe pas de mot capable de la décrire. « Y’a pas besoin de viser un coupable. Cette histoire n’est pas de ta faute ni de ton ressort. Et puis tu es humaine. Tu as agi par instinct. » Elle a raison. Sur le moment, j'étais guidée par une chose : mes entrailles. Un sixième sens me poussant à protéger Birdie - Mary - coûte que coûte, puisque j'étais convaincue que Bryant s'était introduit dans la maison dans le but de nous faire du mal. J'esquisse un fantôme de sourire, marqué par une culpabilité encore brûlante. « Comme quoi, ce n'est pas toujours bon de suivre son instinct. » D'un autre côté, faire autrement m'était impossible. Plus rien d'autre n'existait en-dehors de lui, cet instinct primaire et viscéral. Je n'avais plus de cœur, plus de raison, plus de moyen de réflexion. Comment ai-je pu en arriver là ? Comment ai-je pu le laisser m'atteindre à ce point ?

J'interroge Birdie sur l'agression dont elle et son amie ont été victimes. « Elle a réussi à le viser. » Dois-je comprendre qu'elle l'a touché… ou pire ? « Il avait séquestré un type dans son coffre. » J'ai une pensée pour cet homme-là également qui, sans l'altercation du criminel avec les deux jeunes femmes, aurait peut-être connu un destin plus funeste. Birdie explique qu'elle n'a plus de nouvelles de sa copine depuis ce jour et que ses parents, aidés par leur fortune, ont sans doute graissé quelques pattes afin d'étouffer cette affaire dans l'œuf. « Au moins, lui aura eu la justice qu’il méritait. » Sous-entendu que ce n'est pas le cas de Bryant. Ma vis-à-vis m'observe d'un regard empli d'une colère justifiée. Il doit être facile pour elle de se mettre à ma place. D'imaginer que celui a voulu s'en prendre à elle et à son amie soit là, dehors, libre de ses mouvements. Libre de se venger, de finir ce qu'il a commencé. J'aurais préféré que Birdie ne connaisse rien de cette peur, mais les faits sont là : elle lui est familière, désormais, et ça la rend d'autant plus concernée par celle qui est la mienne. Je ne suis pas sûre qu'elle aurait eu la même clémence envers moi, envers mon dangereux écart de conduite, sans sa propre expérience d'une situation similaire. « Tant mieux, » je conclus, résolue.

Je termine mon café et repose la tasse sur sa soucoupe en me disant que le plus éprouvant est derrière moi. Derrière nous et que, maintenant, on peut se concentrer sur l'avenir. Aller de l'avant. J'ai beau ressentir que Birdie a envie de retrouver notre lien, je n'en ai pas la certitude à cent pour cent. Je me décide de tâter le terrain, avec douceur, en lui laissant une porte de sortie nécessaire dans le cas où je me serais trompée. Ce serait son droit le plus fondamental. « Tu sais, Zephyr est revenu, » j'annonce, une pointe de malice dans la voix. Zephyr, a.k.a. Zeph, l'étalon préféré de Birdie, celui qu'elle chouchoutait le plus quand elle bossait au centre équestre. Le hasard a voulu qu'il parte une semaine avant la fin du contrat de la jeune blonde, sa propriétaire déménageant du côté de Byron Bay. Un mois plus tôt, Lena m'a rappelée : elle prévoyait de revenir à Brisbane et voulait savoir si je pouvais encore accueillir son cheval en pension. La réponse a évidemment été un grand oui. En plus d'être une adorable cavalière, Lena est devenue une véritable amie, et je lui avais dit, lors de son départ, qu'elle et Zephyr seraient toujours les bienvenus à Riverside. Chez eux. « Il serait content de te revoir, » j'ajoute à l'attention de Birdie. Une invitation simple et efficace à laquelle elle n'est pas obligée de répondre tout de suite, voire de répondre tout court, bien que j'espère l'inverse. À l'instar de Zeph et Lena, la boule d'énergie haute en couleurs qu'est Birdie Cadburry aura toujours sa place au centre équestre, et, si c'est ce qu'elle souhaite, parmi mes proches.


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Message(#)in harm's way ☽ birdie	 EmptyMer 25 Mai 2022 - 18:12

« C'est vrai. » Bien sûr que c’est vrai. Tu n’as pas la science infuse, évidemment, mais tu évites de reposer tes pensées sur des “si” probables mais qui ne mènent à rien. Ce qui est fait n’est plus à refaire et restera une empreinte indélébile dans votre historique commun. C’est comme ça, tu t’en remettras et tu espères que Quinn aussi. Même si tu peux comprendre ses craintes bien plus qu’elle ne l’imagine ; il t’a fallu des années et une fuite de Brisbane pour réussir à en arpenter les rues sans avoir la boule au ventre et le regard au-dessus de l’épaule à chaque coin de rue. On s’y fait, on s’y habitue, on met de côté surtout. La bonne vieille technique de l’autruche, une technique que tu as manqué de faire avec Quinn pour son histoire. Tu n’as pas été très avenante ni très adroite et encore moins avec de la compassion. Il a fallu attendre qu’elle vienne à toi et qu’elle te force à écouter ses explications pour que tu te rendes compte à quel point ton comportement fut bête et injuste envers elle. Tu aurais dû la soutenir et l’épauler, non la dénigrer. Mais Quinn n’est pas du genre à se laisser cajoler en retour ; elle est comme toi, elle camoufle, elle cache, elle sourit constamment. Vous n’êtes pas du genre à chercher la pitié des gens. Vous souhaitez régler vos problèmes en toute discrétion, avec le moins de fracas possible. C’est injuste pour les proches mais c’est ainsi que tu fonctionne en tout cas. Ce n’est pas étonnant que ça coince avec Jordan sur ce plan-là, lui étant toujours transparent sur la plupart des pans de sa vie contrairement à toi. Tu te contentes de boire une longue gorgée de ta boisson, l’alcool atténuant les picotements de ta gorge dans un goût qui te donne envie d’un café - évidemment. « Tu méritais de comprendre pourquoi. Je te le devais. Je ne voulais pas… laisser tout ça en suspens. » Tu hoches lentement la tête, incapable de répliquer quoique ce soit. Tu ne te sens ni maligne ni fière de toi et tu as beaucoup de peine que Quinn ait à vivre tout ça. Personne ne le mérite. Tu finis ta cigarette qui meurt aplatie dans le cendrier alors que tu te répètes intérieurement à quel point t’as été sotte.

« Comme quoi, ce n'est pas toujours bon de suivre son instinct. » Tu hausses une épaule. “Quand l’instinct prend le dessus, c’est qu’il y a danger. Tu ne peux pas t’en vouloir de penser à toi et de protéger ceux que tu aimes.” Tu relèves les yeux vers elle. “En tout cas, quand on comprend la situation.” Tu transmets un silencieux “je te pardonne” mais que tu ne l'admets pas à voix haute. Par pudeur, sûrement, mais aussi parce que tu as besoin de temps pour avaler tout ça. Ce n’est pas rien ce que Quinn t’a raconté et t’en es toute retournée malgré tout. Et révoltée aussi. La justice a merdé sévèrement et tu frissonnes pour ton amie de savoir un tel type en extérieur. « Tant mieux. » Oui, au moins, il y a un minimum de justice. Si le bourreau de Quinn est toujours vivant et respirant et libre, ce n’est pas le cas de celui d’Ana et de toi. Heureusement car tu serai retombée dans une sale spirale autrement. Tu finis ton verre en deux gorgées. « Tu sais, Zephyr est revenu. Il serait content de te revoir. » Ton regard s’illumine et un sourire vient sur tes lèvres. “Oh, ça fait si longtemps! Je passerai avec plaisir.” Tu songes que tu pourrais ramener Jordan avec toi pour l’introduire à Quinn mais quelque chose t’en empêche. Tu préfères ne rien dire et contempler l’idée de pouvoir voir le bel étalon que tu n’as pas vu depuis des lustres. Tu regardes ton téléphone en faisant une légère moue avant de te lever. “J’ai un truc à faire après donc je vais te laisser. Je regrette vraiment mon comportement, Quinn. J’espère que tu iras mieux.” Tu t’avances, un peu hésitante, avant de finir par la prendre dans tes bras du mieux que tu peux vu sa position assise. “Prends soin de toi et dis-moi quand je pourrai passer.” Que tu affirmes en te relevant, souriante, avant de remettre ton sac sur ton épaule et de tourner les talons. Tu fais un dernier signe à Quinn avant de t’éclipser vers ton van. Tu as une profonde inspiration mais tu ne te sens pas sereine ; tu espères que ton amie est en sécurité et qu’elle va remonter la pente. Car si Quinn se perd, c’est l’humanité entière qui se perd.
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