Le monde entier était incompétent aux yeux d’Eliana Ferragni. Irritable au plus haut point, l’italienne cherchait un nouveau logement, étant donné que son loft avait été pris d’assaut par un terrible nuisible depuis le début de l’année. Encore une création de Satan. Depuis plusieurs semaines, elle avait élu domicile dans sa suite particulière de l’Emporium Hotel. Cependant Eliana avait besoin de grandeur et surtout, de tranquillité. Le room service de l’hôtel cinq étoiles était divin. Le personnel connaissait les moindres désidératas de la Ferragni, mais elle avait besoin de trouver un nouveau logement. Son nouvel objectif : acheter une grande propriété. Elle mettra en location son loft à Spring Hills qu’elle a déserté une fois le problème du nuisible résolu.
L’assistante d’Eliana Ferragni avait pris soin de ne poser aucune réunion importante dans l’agenda de sa responsable cet après-midi. L’italienne avait pris rendez-vous dans une prestigieuse agence immobilière et elle comptait bien faire quelques visites. Les critères de la grande dame étaient tout aussi exigeants que sa personne. Habillée de son tailleur noir griffé de la Maison Weatherton, elle pénétra dans l’agence. Elle retira ses lunettes de soleil qu’elle glissa dans son sac à main Louis Vuitton. Tous les regards se tournèrent vers elle. Elle aimait cette sensation, ce qui lui étira un sourire mesquin. On l’accueillit comme il se doit, et elle suivit un assistant qui la mena vers l’agent immobilier qui s’occupait de son dossier.
La grande dame s’assit dans le fauteuil en cuir, croisant ses genoux et déposant son sac à main. « Veuillez m’apporter un expresso. » qu’elle ordonna à l’assistant avant même qu’il ait eu le temps de lui poser la question. Ce dernier s’éclipsa d’un pas rapide. Eliana tourna son visage vers son agent immobilier. L’homme était habillé d’un costume -certainement pas de la Maison Weatherton, cruel manque de goût-, il devait avoir la trentaine et ses cheveux châtains était parfaitement bien coiffés avec du gel. « Alors qu’avez-vous à me proposer ? J’espère que vous m’avez trouvé la perle rare. » qu’elle dit avec un fin sourire. Eliana avait transmis tout un tas de critères pour sa nouvelle demeure : elle voulait qu’elle soit spacieuse et moderne, de préférence aux teintes sombres et surtout sans vis-à-vis. Elle souhaitait aussi un jardin avec une piscine où elle pourrait faire ses longueurs le dimanche.
L’agent commença à lui exposer les différentes propositions. Deux demeures retenues l’attention de l’italienne. La première se situait dans le quartier de Bayside, tandis que la seconde se trouvait Logan City. Eliana prit le temps de réfléchir et discuter avec l’homme quand soudainement elle entendit un bruit de porte derrière elle. Piquée par la curiosité, elle tourna légèrement son regard avant de découvrir un visage familier. Antone Sisco. Tiens, tiens, quel heureux hasard.
Dernière édition par Eliana Ferragni le Lun 28 Mar 2022 - 12:38, édité 1 fois
En prenant la route en direction de l'agence immobilière, Antone avait à cœur de revenir de sa sortie avec une solution à l'un de ses nombreux problèmes. Doumé commençait à prendre toute la place dans le salon. Daddy n'y voyait pas d'inconvénients en tant qu'homme mais cela le chiffonnait en tant que père. Avoir plus d'une fois intercepté le regard baladeur de son cousin sur les shorts de pyjama de sa plus grande fille ne lui plaisait pas, même s'il était le premier à donner le mauvais exemple en louchant sur les jupes de ses étudiantes ( dédicace à @Alba Coalman ).
Le casque sur la tête et le cuir sur le dos, il roulait en direction de Spring Hill. Dans son esprit habitué au trajet, les pensées divaguaient, ricochant les unes contre les autres. Cela faisait bientôt un mois que @Clément Winchester était apparu dans sa vie pour lui apprendre qu'il était son père. Quelques jours après, le destin s'était montré facétieux en le confrontant à la discussion houleuse entre @Rhett Hartfield et @Lexie Walker , dans les toilettes de la ABC. Apprendre que Lex était enceinte sans avoir eu confirmation qu'il n'y était pour rien avait rendu le corse nerveux. Assez en tout cas pour que son collègue @Hassan Jaafari le souligne juste avant leur prise du direct. Durant toute l'émission, Sisco s'était montré confus, pour ne pas dire déconcentré. Entre les courbes et les chiffres de l'économie à commenter, il s'était posé la question de savoir à quoi ressemblerait la tête de son ami @Channing Walker si cette histoire avec Lexie devait se terminer en couches culottes. Peut-être bien la même que celle de @Muiredach MacLeod s'il apprenait qu'Antone avait giflé sa fille ?
Tracassé, Sisco manqua un stop et se fit klaxonner par un 4x4. Sa réponse fut de lever le majeur en direction du conducteur avant de faire vrombir sa Harley. L'agence n'était plus très loin mais l'image d' @Isla MacLeod se pendant à son cou, saoule et provocatrice, peinait à se dissoudre. Qu'avait-il fait au bon dieu pour écoper d'autant de problèmes à gérer en même temps ? Sans compter qu'il renouait à peine avec @Sofia Caron et que son inquiétude concernant les bleus présents sur le corps de la jeune femme refaisait surface, qu'il le veuille ou non. Au moment de se recoiffer après s'être garé aux abords de l'agence et avoir retiré son casque, Antone soupira. Il nota mentalement d'appeler @Sergio Gutiérrez dans les prochains jours afin de se vider la tête. Boire un verre en compagnie de son plus vieil ami était une solution sûre et efficace pour se rappeler que la vie était trop courte pour la prendre au sérieux. Ce qu’il appelait '' problèmes '' aujourd'hui deviendrait rapidement " des anecdotes '' sans importance. Rien n'arrête le temps qui passe ...
A peine eut-il poussé la porte de l'agence qu'il reconnut le visage d'Eliana Ferragni. Ne s'étonnant plus de quoique ce soit après les rebondissements précédemment cités, Sisco lui adressa un sourire. Ferragni, toujours présente lorsqu'il s'agit de surprendre ! S'exclama-t-il en italien, laissant le personnel de l'agence perplexe. Fidèle à lui-même, le corse s'avança sans autre forme de procès et s'installa sur la chaise à coté de la brune. L'agent immobilier tenta une objection mais c'était sans compter sur l'aplomb du professeur : Ne me dis pas qu'on va devoir se battre pour le même appartement, j'ai trop de divorces au compteur pour tenir les enchères. Après avoir à deux reprises du partager tout ce qu'il possédait avec ses ex-femmes, Sisco n'était plus aussi riche qu'à l'époque de sa rencontre avec Ana. S'il s'accommodait parfaitement du salaire respectable que lui offraient ses deux emplois, le corse savait dors et déjà que la guerre était perdue d'avance sur le terrain de l'immobilier. Brisbane, c'était de la folie pure en terme de loyer.
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Dernière édition par Antone Sisco le Ven 1 Avr 2022 - 21:37, édité 2 fois
« Ferragni, toujours présente lorsqu'il s'agit de surprendre ! » L’italien du corse arracha un sourire à la grande dame. Antone savait comment lui parler, en sa présence elle avait toujours ce petit sourire au coin des lèvres. Quelques secondes plus tard, l’homme prit place à côté de la Ferragni sur le deuxième fauteuil en cuir. D’apparence, ils pouvaient donner l’impression d’être partenaires, mais leur histoire était bien différente que cette illusion. « Décidément Sisco, je vais finir par croire que vous me suiviez. » qu’elle continua en italien, attirant la curiosité des employés qui ne comprenaient pas -ou peu- cette langue. L’agent immobilier s’éclaircit la gorge tentant de reprendre la parole, mais Eliana préféra écouter les paroles du charmant corse. « Ne me dis pas qu'on va devoir se battre pour le même appartement, j'ai trop de divorces au compteur pour tenir les enchères. » Un rire s’échappa des lèvres féminines. « Un appartement ? Certainement pas. » qu’elle ricana avant de reprendre la parole. « Je cherche plus grand voyons. » Pour une fois, il n’allait pas s’opposer lors d’enchères. On ne parlait pas de pierres précieuses mais d’un nouveau bien immobilier. Eliana daigna enfin retourner son visage vers l’agent immobilier. « Monsieur Johnson était justement en train de me parler de deux biens immobiliers. » qu’elle expliqua, abandonnant l’italien l’espace de quelques minutes. « L’un se situe à Bayside tandis que l’autre se trouve à Logan City. » Elle ne connaissait aucun de ces deux quartiers. Eliana fréquentait toujours les mêmes lieux, c’était-à-dire son loft et l’atelier de la Maison Weatherton, sans oublier l’Emporium Hotel. « Avez-vous des recommandations à me suggérer ? J’aurais besoin d’un avis extérieur. » qu’elle demanda à Antone. C’était surtout une habile manipulation pour passer plus de temps en sa compagnie. Elle avait apprécié le recroiser lors de ce talk-show. La soirée n’avait pas été si atroce que cela si on omettait l’humour douteux de Stewart. Eliana avait été impressionnée par le sens de l’observation du corse qui l’avait mené à une exposition de diamants. De quoi ravir l’italienne et terminer la soirée en beauté. Patiemment, elle attendit la réponse de cinquantenaire, buvant sa tasse de café qu’on lui avait apporté. Elle avait même une petite idée derrière la tête. S’il était de bons conseils, elle lui proposera de l’accompagner pour une des visites.
Eliana recherchait plus qu'un simple appartement. Cette réponse n'étonna pas Antone. Toute croqueuse de diamants qui se respecte se doit de vouloir plus que ce qui suffirait au commun des mortels, se fit-il la réflexion, un petit sourire aux lèvres, tandis que l'italienne se tournait à nouveau vers l'agent immobilier. S'il habitait Brisbane depuis plus de dix ans, Sisco n'avait pourtant vécu que dans un seul de ses quartiers : Logan City. Le fait qu'il n'en avait jamais bougé témoignait à lui seul du confort qu'offrait ce petit écrin de verdure résidentielle non loin des espaces plus densément peuplées. Le calme de la banlieue à proximité du centre. « Mon avis est a partis pris, ... » Répondit-il, toujours en italien, indifférent à l'irritation grandissante qu'il pouvait pourtant percevoir du côté de l'agent immobilier. « J'habite Logan City. »
Un instant, le corse s'imagina ce que donnerait la présence de Ferragni à proximité de chez lui. Avec surprise, il réalisa que l'idée était à la fois intrigante et inquiétante, à l'image de la femme assise à ses côtés. Lui qui avait déjà fort à faire avec les MacLeod et leur propension à interférer dans la vie de sa famille - ce petit con d'Alistair qui essayait de se faire sa benjamine ! - n'était pas certain d'avoir envie qu'une fleur aussi piquante qu'Ana élise domicile à deux pas de son jardin. Pourtant, se savoir en mesure de l'espionner ni vu, ni connu, depuis l'autre côté de la haie lui tenant lieu de cachette lorsqu'il sortait fumer sa clope, pouvait s'avérer amusant.
Fairplay, Sisco joua franc jeu. Il n'avait absolument rien à gagner à mentir ou dissimuler quoique ce soit concernant l'immobilier Brisbanais : « Bayside a son charme si tu aimes le bord de mer. » Lui-même s'y était rendu pour un séminaire quelques semaines plus tôt et avait particulièrement apprécié prendre le vent au volant de sa moto, le visage caressé par l'air iodé. « Ca ne vaut pas la Corse, mais ça y ressemble. » Une observation particulièrement flatteuse quand on savait à quel point il aimait son île et chérissait ses origines. « Le trafic pour se rendre jusqu'au centre, en revanche ... » Il laissa en suspend sa phrase qu'il ponctua d'un roulement d'yeux vers le plafond.
Rester bloqué dans les embouteillages n'avait jamais été son truc, raison pour laquelle Antone avait très vite abandonné la voiture au profit des deux roues. Plus jeune, il s'était illustré par son intrépidité et ses slalomes dangereux sur l'autoroute à dos de motos sportives mais, avec l'âge, il avait fini par comprendre que risquer sa vie pour passer devant tout le monde ne valait pas la peine. Depuis qu'il roulait en Harley ; le bruit tambourinant du moteur et le reflet de son cuir suffisaient à faire se tasser les automobilistes. Personne sur la route ne voulait prendre le risque de contrarier un biker vêtu de noir. On ne savait jamais, il aurait pu faire partie des Hells Angels ...
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Dernière édition par Antone Sisco le Jeu 14 Avr 2022 - 2:36, édité 2 fois
Aujourd’hui, Eliana Ferragni comptait bien acquérir un tout nouveau bien immobilier. Elle ne supportait plus son appartement actuel et elle commençait à se lasser de sa suite d’hôtel. Ce n’était pas une question d’argent, loin de là, mais Eliana voulait se sentir chez elle, sans devoir supporter les autres habitants d’une tour d’immeuble ou d’un hôtel cinq étoiles. Elle rêvait d’une somptueuse et moderne maison où il n’y aurait pas de voisin à des kilomètres à la ronde.
Et puisqu’un heureux hasard avait décidé de réunir Antone et Elina une nouvelle fois, l’italienne en profita pour demander les précieux conseils du corse. Elle lui exposa les deux biens immobiliers que son agent lui avait précédemment proposés. « Mon avis est à partis pris, ... J'habite Logan City.» continua-t-il en italien. Un sourire en coin naquît sur les lèvres carmin de la brune. Information intéressante qu’elle classa dans un coin de sa tête tout en écoutant la suite des propos masculins. « Bayside a son charme si tu aimes le bord de mer. » Elle haussa brièvement les épaules. Eliana avait toujours préféré les piscines à la mer. Elle se contentait de tremper son corps et faire des longueurs, mais elle restait très peu de temps au soleil. Elle préférait l’ombre des arbres d’une grande forêt, que l’infini d’une plage au sable fin. « Ca ne vaut pas la Corse, mais ça y ressemble. » Elle rigola légèrement à cette remarque. « Je n’en doute pas Sisco. » Antone et Eliana avaient un point en commun. Ils étaient tous les deux très fiers de leurs origines. « Cependant, je dois te faire remarquer que la mer en Italie est également de toute beauté. » Elle sourit avant d’ajouter un brin taquine. « Mais je veux bien admettre que la Corse a du potentiel. » finit-elle par conclure déposant son regard bleuté sur le corse. Cette fois-ci, elle ne parlait pas de la mer…
Loin des beautés de la mer Méditerranée, ils revinrent à la réalité du sol australien. « Le trafic pour se rendre jusqu'au centre, en revanche ... » Gros point noire pour l’italienne qui était à cheval sur la ponctualité. Dans l’un de ses mauvais jours, elle avait même renvoyé une assistante qui avait été en retard lors de son premier jour de travail. Eliana n’eut besoin davantage de recommandations. Elle avait fait son choix. Elle tourna sa tête vers l’agent qu’elle avait momentanément oublié. Oups. « Je veux aller visiter la maison de Logan City. » Elle se leva de sa chaise sans plus attendre et prit son sac à main. « Tu m’accompagnes Sisco ? » demanda-t-elle dans un charmant italien. Ce n’était pas une question mais plutôt un ordre. Elle s’en fichait bien des projets du corse, tout ce qu’elle voulait c’était de passer du temps en sa charmante compagnie.
L'Italie, Antone la connaissait bien. Des touristes tout droit venus de Sardaigne inondant les plages de Portovecchio dés les premières lueurs du jour aux tours circulaires plantées aux caps, témoignages des siècles de domination génoise, sa Corse natale était intimement liée à la grande botte méditerranéenne. Non content d'avoir grandi bercé d'histoires partagées entre l'empire de Rome et celui de Bonaparte, l'insulaire s'était même marié avec une Florentine et avait donné au pays d'Eliana une fille de plus à inscrire au patrimoine des plus belles femmes du monde. « Ahhh les italiennes ... » Soupira-t-il en réponse aux taquineries de la brune. L'expérience lui avait appris - par le biais du divorce, notamment - que les frictions entre son caractère de cochon sauvage et celui des ritales insoumises sentaient le souffre à plein nez ; que tout canon de beauté qu'elles puissent être, ces femmes au sang chaud n'étaient bonnes qu'à le faire sortir de ses gonds. Mila, pour ne citer qu'elle, s'était d'ailleurs chargée de lui rappeler que leurs tempérament de sudistes avaient tout des ingrédients du parfait cocktail molotov.
« Je veux aller visiter la maison de Logan City. Tu m’accompagnes Sisco ? » Antone arqua un sourcil, surpris qu'Eliana le sollicite pour ce genre de démarche. S'il était venu à l'agence immobilière dans le but de solutionner le problème que représentaient les gueules de bois de plus en plus régulières de son cousin au milieu de son salon, l'idée d'assister en direct live aux tourments de Johnson face à une Ferragni aux exigences délirantes en matière de critères décisionnels était particulièrement séduisante, il devait bien le reconnaître. Sisco n'était pas du genre à se sentir coupable de regarder couler un navire. Depuis la stabilité relative de la barque qu'il avait pris l'habitude de piloter seul, surfant sur les vagues de la vie et voguant au gré des courants favorables, Toni savait prendre le malheur d'autrui avec philosophie. Tout le monde souffre, se disait-il souvent.
Il hésita un instant puis finit par se lever à son tour, ayant au passage un mot pour l'agent : « Première fois ? » L'homme ne sembla pas comprendre sa question. Antone sourit et tendit le bras à Eliana comme il l'avait fait lors du show de Noël. Servir de canne à l'italienne ne lui posait aucun cas de conscience. Il y avait pire comme compagnie, n'en déplaise à la réputation de dragon qu'avait la belle. « Cet homme ne sait pas dans quoi il s'engage. » Fit-il remarquer à Ana tandis qu'ils se dirigeaient en direction de la porte, Johnson sur les talons et bien incapable de comprendre la langue dans laquelle ces deux là avaient décidé de communiquer. Antone étouffa le rire mesquin que lui inspirait l'image de ce type en costume et cravate bientôt poussé au burn-out par les caprices de la brune. Son brushing parfait tiendrait-il ne serait-ce qu'une heure sous le feu mitraillant des reproches Elianesque ?
Ouvrant la porte, Sisco s'effaça afin de mieux laisser passer la dame. « Laisse-lui une chance. » Son sourire accompagna le regard interrogatif de Johnson tandis qu'Antone retournait à sa moto. Il envisageait de suivre les deux autres afin de se donner la possibilité de rentrer chez lui une fois la visite terminée sans avoir à repasser par le centre ville pour récupérer sa bécane.
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Dernière édition par Antone Sisco le Lun 25 Avr 2022 - 23:28, édité 1 fois
De haut de ses grands talons, Eliana regardait Johnson et Sisco dans l’attente d’une réaction. Entre l’air décomposé de l’agent immobilier et celui surpris du corse, l’italienne ne put s’empêcher de commenter cette scène. « Eh bien messieurs, vous avez perdu l’usage de la parole ? » Son regard se tourna vers Johnson qui se leva aussitôt de son siège et prit sa mallette d’un geste maladroit. Cela arracha un petit ricanement à l’italienne, qui lança un sourire complice à Antone lorsqu’il se leva à son tour. La Ferragni esquissa un grand sourire satisfait et Antone lui tendit son bras d’un geste confiant. Au moins, Sisco savait prendre les choses en main et comprendre l’italienne d’un battement de cils. A son tour, elle posa sa main sur le bras du corse et ils prirent la direction de la sortie. « Cet homme ne sait pas dans quoi il s'engage. » Un rire s’échappa de ses lèvres carmins, Antone était bien l’un des rares hommes à réussir à faire rire la grande dame. Peut-être parce qu’Eliana avait des vues sur lui, d’autant plus qu’ils étaient tous les deux divorcés. « Et toi ? » qu’elle lui répondit en italien. Tel un gentleman Antone ouvrit la porte à Eliana, elle s’éclipsa à l’extérieur, remerciant le corse d’un sourire. « Laisse-lui une chance. » « C’est bien parce que tu me le demandes Antone. » Sinon Eliana alla être infecte, mais elle ne voulait pas pour autant gâcher son temps en si charmante compagnie.
Chacun retourna à leurs moyens de locomotion respectifs. Antone grimpa sur sa bécane, Eliana dans sa Mercedes noire et Johnson les guida vers la fameuse maison avec sa voiture de fonction. Après une vingtaine de minutes de route, ils arrivèrent à destination. Nicholas son chauffeur vint lui ouvrir la porte et Eliana put découvrir de ses propres yeux la grande bâtisse. Eliana fut rapidement rejoint par les deux hommes. Cette fois-ci, Eliana prit l’initiative de prendre le bras de corse et ils suivirent Jonshon. Bien rapidement, ils se retrouvèrent dans la salle principale de la maison. Un séjour lumineux et moderne, donnant sur une cuisine américaine dernier cri. Eliana aimait les décorations épurées qui donnaient cette impression de grandeur. Parmi les nombreuses exigences de la grande dame, elle voulait un logement entièrement meublé et fonctionnel. Elle n’avait jamais eu d’attache à son mobilier, les seuls biens qui l’accompagnaient partout où elle allait, étaient ses bijoux. « Intéressant. » murmura l’italienne en analysant plus en détail l’environnement. Elle s’approcha des canapés en cuir pour les inspecter, ensuite de l’énorme table en bois massif pour vérifier la qualité du bois. Enfin elle s’approcha du plan de travail en marbre de la cuisine pour l’observer. « Johnson. » « Oui Madame Ferragni ? » répondit l’agent d’une voix peu assurée. « La maison est-elle équipée d’un garde-manger et d’une chambre froide, comme je vous l’ai spécifié ? Mon chef cuisinier en a besoin pour travailler dans les meilleures conditions possibles. » Oui Eliana n’aimait pas cuisiner, elle préférait se faire servir. Cela avait toujours été ainsi au Manoir Ferragni. Johnson emmena les deux visiteurs à l’arrière cuisine pour montrer les deux pièces en question. Eliana approuva d’un hochement de tête avant d’émettre un autre commentaire. « Où est la cave à vin ? » Ils prirent un escalier les menant vers l’étage inférieur et ils découvrirent la fameuse cave qui avait de quoi satisfaire une personne simple. Mais Eliana était tout sauf simple, elle se pinça les lèvres « Elle est petite, je ne vais pas pouvoir stocker toutes mes bouteilles. Il va falloir trouver une solution. » ordona-t-elle. Doucement elle tourna sa tête vers Antone et lui demanda. « Que penses-tu de ce premier aperçu Antone ? » Elle était curieuse de connaître l’avis masculin, et de poursuivre la visite vers les étages supérieurs.
Antone ne put retenir un sifflement appréciateur lorsque Johnson leur signala, par l'arrêt de sa voiture de fonction face à la clôture sécurisée, qu'ils étaient arrivés à destination. Tranquillement, il retira son casque qu'il laissa sur la poignée de sa bécane sans s'inquiéter qu'on puisse lui voler quoique ce soit dans ce quartier dont les entrées des villas étaient toutes truffées de caméras de vidéo-surveillance. Son ressentit oscillait entre l'indignation - tant de mètres carrés pour une femme seule, fallait-il que l'égo d'Eliana soit à ce point colossal ? - et la curiosité. De là ou se trouvait le corse, la maison semblait à la fois moderne et lumineuse, exhibant suffisamment d'atouts pour charmer les passants mais pas assez pour satisfaire pleinement leur envie d'en savoir plus. Aussi se laissa-t-il traîner à l'intérieur lorsqu'Eliana vint lui saisir le bras, attentif aux détails et juge silencieux des choix de décoration.
« Intéressant. » S'il observait les meubles et les effets architecturaux de la bâtisse, Antone observait également le comportement de l'italienne. Il esquissa un sourire en l'entendant interpeler l'agent immobilier puis secoua gentiment la tête à l'évocation de la chambre froide. Sérieusement ? Le plus surprenant fût de découvrir que la villa en possédait bel et bien, ce qui termina de convaincre Sisco qu'ils se trouvaient probablement dans le lotissement le plus friqué de Logan City. Des images de Desperate Housewives lui traversèrent la tête, apportant avec elles des questionnements intérieurs sur le voisinage et le genre de dynamique sociale au sein du quartier. « Pour la nourriture le garde-manger ou pour y enfermer le personnel de maison incompétent ? » Plaisanta-t-il, en anglais, s'accordant le plaisir de faire monter la pression artérielle de Johnson dont l'expression faciale traduisait l'incapacité à savoir si le corse plaisantait ... ou non. Puis, comme pour enfoncer le clou, Ferragni exigea de voir la cave, ce qui eut pour effet de dresser l'oreille de l'agent immobilier au garde à vous. Antone, quant à lui, comprenait cette exigence de la belle. Le vin, ce breuvage sacré !
« Que penses-tu de ce premier aperçu Antone ? » Planté au milieu de la cave et occupé à lire les étiquettes des bouteilles, Sisco refit surface pour adresser à Eliana le sourire mondain que ses longues années d'expérience dans les hautes sphères de la finance lui avaient appris à travailler. « Je comptabilise une seule critique sur un total de six pièces visitées. » Constata-t-il, charmant. « Cette baraque m'impressionne par sa capacité à te convenir plus que par ses jolis murs. » Définitivement piquée, sa curiosité attendait d'en voir plus dans les étages supérieurs. Johnson profita que la conversation soit à l'avantage du bien immobilier pour les inviter à continuer la visite, ce que Sisco fit non sans omettre d'ajouter au passage, à l'intention du vendeur et dans le dos d'Eliana, mais suffisamment fort pour qu'elle l'entende : « J'espère que le matelas est moelleux, quelque chose me dit que vous pourriez perdre la vente sur ce genre de détails. » L'inception, une valeur sûre pour courtiser la belle sans prêter le flanc à ses pics de vipère.
« Pour la nourriture le garde-manger ou pour y enfermer le personnel de maison incompétent ? » « Ou les agents incompétents. » plaisanta-t-elle (ou pas) en anglais cette fois-ci. Eliana Ferragni avait un humour très particulier, qui pouvait plaire ou effrayer. Rares étaient les personnes qui l’appréciaient à sa juste valeur. Finalement, Eliana demanda les premières impressions du corse. « Je comptabilise une seule critique sur un total de six pièces visitées. » « Laquelle ? » « Cette baraque m'impressionne par sa capacité à te convenir plus que par ses jolis murs. » Un rire s’échappa des lèvres de la brune. Johnson profita de cette perche pour mettre un terme aux remarques de sa cliente et continua la visite comme si de rien n’était. Ce détail n’échappa pas à l’italienne mais elle ne put lui faire la remarque, Antone s’en occupa à sa place. « J'espère que le matelas est moelleux, quelque chose me dit que vous pourriez perdre la vente sur ce genre de détails. » Les propos masculins lui étirèrent un petit sourire en coin. Johnson continua sa route, montant les escaliers qui menaient au premier étage, quant à Eliana, elle s’arrêta et tourna lles talons pour faire face au corse. « Au diable les matelas moelleux. » qu’elle s’épouvanta d’un air théâtral. Elle avait une sainte horreur de ce type de literie et acceptait seulement de dormir dans des lits king size. « J’ai une préférence pour tout ce qui est grand et ferme. » qu’elle reprit dans un italien sophistiqué.« Je parle du matelas bien évidemment. » continua-t-elle d’une voix à peine innocente. Elle passa une main dans sa longue chevelure et décida de reprendre sa marche, direction les étages supérieurs.
Au fur et à mesure que les pièces défilées, l’italienne appréciait ce qu’elle inspectait. La salle de bain de la suite nuptiale possédait une énorme baignoire, Eliana se voyait déjà prendre un bain après une journée de travail harassant. Le dressing était aussi grand que somptueux. Il y avait même un coffre pour ses bijoux les plus précieux. Quant à la chambre, elle possédait une vue imprenable sur une nature verdoyante, pas le moindre vis-à-vis. Elle s’approcha du lit pour le tapoter du bout de ses ongles vernis. « Comme je les aime. » qu’elle commenta en italien pour Antone l’entende, à lui de décider de l’interprétation des paroles de la Ferragni. Eliana commençait vraiment à convoiter cette demeure. « Johnson ! » qu’elle appela, ce dernier accourut, la goutte au front. « J’avais spécifié que je voulais des draps en soie. » ajouta-t-elle sur un ton autoritaire. « Approchez et venez vérifier par vous-même, c’est du satin. » qu’elle gronda. Erreur de débutant, on ne pouvait duper l’italienne sur ce genre de détail. Johnson prit quelques notes avant d’aller ronchonner dans son coin. Eliana l’ignora royalement, le client était roi. Elle décida de s’approcher de son invité qui regardait la vue à travers les immenses baies vitrées de la chambre. « C’est fort aimable de ta part de m’accompagner Antone. » Comme si elle lui avait laissé le choix, pourtant il ne s’était pas opposé. Elle avait pris cela pour un oui. « J’espère ne pas avoir trop perturbé tes recherches d’appartement. » Ils ne risquaient pas de se battre sur ce point comme lors d’une certaine vente aux enchères. « C’est beau, n’est-ce pas ? » qu’elle commenta en regardant la vue. « Ce quartier a un charme particulier. » Elle en regrettait pas de l’avoir écouter. « Dis-moi, où habites-tu exactement ? » La Ferragni commençait à apprécier les visites de maison, surtout en bonne compagnie. Johnson était d’un professionnalisme mortellement soporifique, cependant Antone avait le don de rendre le tout plus captivant.
« Au diable les matelas moelleux. J’ai une préférence pour tout ce qui est grand et ferme. » Antone haussa les sourcils tout en décochant à la belle une moue appréciatrice. « Voilà qui a le mérite d'être clair. » Répondit-il tandis que l'agent n'en finissait plus de passer son regard de l'un à l'autre, désespéré d'être exclu de la discussion chaque fois que cette dernière basculait en italien. « Je parle du matelas bien évidemment. » Le corse afficha un sourire entendu. Bien sûr. Amusé, il resta dans le sillage de la diva, observant les nouvelles pièces que leur présentait Johnson et notant au passage la qualité des boiseries. Combien diable de chênes plusieurs fois centenaires avaient été sacrifiés afin d'offrir à cette villa son luxe ostentatoire ? Le chasseur amoureux de la nature qu'il était en ressentit un pincement au cœur mais l'examen des lieux ne lui laissa pas le temps de s'apitoyer d'avantage sur le mobilier. Il n'eut aucun mal à visualiser Eliana se promener nue dans le dressing ou de l'imaginer buller en reine toute puissante dans la baignoire deux fois plus grande qu'elle (assez pour y tenir à deux, se fit-il la réflexion).
Leur passage dans la chambre termina d'impressionner le corse. S'il avait des goûts simples, l'amateur de sieste qu'était Sisco ne pouvait décemment pas rester insensible à la beauté et au confort qu'offrait ce temple du sommeil ... « Comme je les aime. » ... et du sexe. « Johnson ! » On vit le concerné rappliquer fissa. Toni se fit la réflexion que le malheureux n'avait pas suffisamment bien cerné l'italienne. Il la soupçonnait de tirer profit de tout être humain incapable de lui mettre des limites et l'agent immobilier, de par son attitude aussi docile que soumise, faisait résolument partie de ces gens là. Pauvre homme. Tendre le bâton pour se faire battre ... Tandis que l'australien se faisait remonter les bretelles sur la qualité des draps, le corse, lui, appréciait la vue, main dans les poches. Il s'amusait à énumérer mentalement les différences espèces d'arbres présents dans le jardin lorsqu'Eliana le rejoignit et le remercia de sa présence. Antone mima une révérence. « Tout le plaisir est pour moi. » Et pour Johnson aussi, probablement. Sisco se l'imaginait sans mal finir crucifié à la porte d'entrée si un témoin n'avait pas été là pour modérer les humeurs de Ferragni. « J’espère ne pas avoir trop perturbé tes recherches d’appartement. »« Elles pourront attendre encore un jour ou deux. » La rassura-t-il, pas pressé de voir disparaître Doumé de son canapé au point de le foutre à la porte ou de lui trouver un logement qui ne soit pas digne de leur lien de parenté. La famille, un terrain sacré pour Toni.
« C’est beau, n’est-ce pas ? » Antone tourna à nouveau son regard de l'autre côté de la baie vitrée. Beau était un euphémisme mais, dans la bouche de la brune, c'était probablement l'un des compliment les plus aboutis qu'elle était capable de faire. « Superbe. » Lui savait se montrer volontiers plus appréciateur. Il fallait reconnaître à la villa un nombre non négligeables d'atouts et ce n'était pas peu dire quand on savait les exigences incroyablement élevées de la grande dame. « Dis-moi, où habites-tu exactement ? » Après un temps de réflexion visant à se souvenir de l'endroit où se trouvait la porte d'entrée et du chemin qu'ils avaient parcouru depuis l'agence immobilière afin de se rendre jusqu'à al demeure, Sisco parvint à situer le lieu vis à vis de sa maison. « Suis-moi. » L'invita-t-il en retournant dans le couloir. Ses pas les menèrent jusqu'au bureau dans lequel ils avaient fait un rapide passage quelques minutes auparavant. La pièce justifiait d'une fenêtre donnant sur l'ouest du quartier. En silence, le corse invita la brune à se placer face à la vitre et se positionna derrière elle. Il tendit alors le bras par dessus son épaule afin d'indiquer une toiture orangée qu'il reconnaissait comme étant celle d'une maison au coin de sa rue. Le regard de l'italienne n'avait plus qu'à suivre la droite tracé par son membre. Cinq, peut-être six cent mètres de distance, à vol d'oiseau. « Là-bas, » Expliqua-t-il, assez proche de son oreille pour que son italien se contente d'être un ronron à peine audible. « A portée de caprices et de visites impromptues, comme tu peux voir. » Il avait un sourire dans la voix derrière cette taquinerie bonne enfant. En son for intérieur, Sisco s'enorgueillissait de croire que ce détail était un argument au moins aussi valable que celui de la literie bien ferme.
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Dernière édition par Antone Sisco le Mer 18 Mai 2022 - 21:55, édité 1 fois
Le choix d’Eliana Ferragni était déjà scellé dans sa tête depuis le début de sa visite, cependant elle se donnait un malin plaisir de torturer -pardon taquiner- Johnson, son agent immobilier. La grande dame avait toujours un reproche à trouver et ce dernier concerna les draps du lit. Il y avait une erreur sur le choix de la matière et la brune ne manqua pas de réprimander l’agent avant de le chasser d’un geste de la main lasse. Johnson se refugia dans un coin de la pièce tandis qu’Eliana rejoignit le corse, faisant délicatement claquer ses talons sur le parquet. Elle s’arrêta au niveau d’Antone et observa la vue qui s’offrait à elle avec satisfaction. Pour une fois, elle formula un commentaire positif. Elle complimenta la vue avant de remercier le quinquagénaire de sa présence.
« Tout le plaisir est pour moi. » La brune afficha un petit sourire satisfait face à sa révérence, elle lui tendit main sa main pour qu’il lui fasse un baise-main. Le corse connaissait les bonnes manières à employer devant la Ferragni. Elle appréciait grandement. Dix points pour Sisco face au score négatif de Johnson. En plus de la faire rire, Antone arrivait à faire sourire la reine des glaces. Décidément, ce jour était à marquer à la pierre blanche, en plus de la future crucifixion de son agent immobilier, mais elle étudiera ce point-là plus tard, quand elle n’aura plus besoin de ses services. « Elles pourront attendre encore un jour ou deux. » « Tant mieux. » Au final, cette journée s’était montrée bien plus captivante et intéressante qu’elle ne le pensait. « Superbe. » Elle hocha la tête avant de formuler une question qui lui brûlait les lèvres. Où habitait Antone Sisto ? « Suis-moi. »
Abandonnant le pauvre Johnson à son poste de figurant, Eliana suivait Antone qui la mena vers le bureau. Il l’invita à se poster devant la grande fenêtre de la pièce et leva son index en direction d’un toit aux tuiles orangées. « Là-bas, » Elle entendit les pas masculins s’approcher d’elle, la tension monta doucement en elle, pour finalement lui murmurer quelques mots dans un italien suave. « A portée de caprices et visites impromptues, comme tu peux voir. » Un rictus s’étira sur son visage alors qu’elle observait la maison de son accompagnateur au loin. A son tour, elle reprit la parole en italien. « Je prends cela comme une invitation. » qui n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Elle comptait y faire bon usage, encore plus si elle emménageait en ces lieux. Elle se retourna doucement, puis fit quelques pas vers Antone, le forçant à reculer jusqu’au rebord du bureau. Elle le fixa avec son regard bleu perçant, détaillant son visage avec attention et laissant planer les secondes entre eux. « Décidément, je ne sais pas quelle vue je préfère entre celle de la chambre ou du bureau. » Ou celle devant ses yeux ? Antone pouvait-il l’aider à choisir ?
« Je prends cela comme une invitation. » C'en était bien une et le sourire de Sisco dans le dos d'Eliana ne faisait que le confirmer. Lorsque l'italienne pivota sur elle-même, le corse ne bougea pas d'un pouce et ce malgré la proximité physique un tantinet trop réduite pour encore satisfaire les règles de la bienséance. Leur regard s'accrochèrent alors et Antone recula au même rythme qu'avançait la belle. Le bleu des iris de Ferragni n'était pas sans lui rappeler celui de la méditerranée qu'il chérissait tant. Il y était plongé si profondément qu'il sentit à peine le bureau stopper sa course. Toni était pris entre le marteau et l'enclume mais cette position ne semblait pas lui déplaire. Au contraire, il affichait un air des plus satisfaits tandis qu'Eliana lui avouait ne pas savoir laquelle des vues elle préférait.
Le silence s'étira sans que ni les oiseaux dans le jardin, ni l'agent immobilier dans la pièce d'à côté ne vinrent perturber leur joute observatrice. « La grande Ferragni, indécise ? » Sisco haussa un sourcil joueur, rapprochant un peu plus son visage de celui de la belle au point de pouvoir détailler chacun de ses traits de poupée. L'âge n'avait décidément pas joué en sa défaveur, Ana était aussi belle que dans ses souvenirs. Plus encore de par le fait qu'elle était présente en chair et en os à quelques centimètres de lui et non plus un fantôme dans les tréfonds de sa mémoire. « Laisse-moi influencer ton choix ... » Ses mots s'accompagnèrent d'une main qu'il posa sur la hanche de la brune tandis que l'autre dégageait une mèche de ses cheveux longs et doux.
C'était le moment, Antone pouvait le sentir jusque dans la façon dont l'italienne le défiait muettement d'intervenir. Si proche, il n'avait plus qu'à l'embrasser pour donner à cette visite un goût d'inoubliable.
L’invitation de la Ferragni laissait libre cours à l’imagination du corse. Dans un silence accompagné d’un battement de cils, la belle italienne autorisait Antone à un rapprochement physique et plus si affinités. Elle aimait bien jouer avec le bel homme, encore plus depuis que son divorce avait été prononcé, il y a quelques années de cela. Eliana s’était libérée de ses chaînes, malgré l’affection qu’elle portait envers son ex-époux, ce mariage arrangé était plus un règlement de comptes entre son paternel et elle.
« La grande Ferragni, indécise ? » « Dois-je reformuler ma question ? » Antone était taquin, Eliana l’était tout autant. Rares étaient les personnes ayant la capacité de comprendre et avoir du répondant face à l’italienne. Habituellement, Eliana provoquait des murmures ou des craintes sur son passage. Il n’y avait qu’à voir le pauvre Johnson, tremblottant sur ses deux jambes. Cependant aux côtes d’Antone, elle se sentait désirée, admirée, flattant son égo par la même occasion. « Laisse-moi influencer ton choix ... » Elle battit lentement des cils, sans décrocher son regard du sien. Elle était toute ouïe. A son tour, il posa une main sur la taille de guêpe de l’italienne et disposa l’autre sur son visage de porcelaine. Elle resta imperturbable. Maitresse dans l’usage des bonnes manières, Eliana décida de ne pas faire le premier pas, pour le simple plaisir d’accroître la tension entre eux. Une tentation enivrante à une telle proximité physique, elle pouvait se délecter du parfum masculin. Malgré les quelques années qu’ils les avaient séparées, Antone Sisco gardait tout son charme.
Malicieusement, Eliana tira Antone par le col de sa chemise pour l’approcher de son visage. Son sourire en coin ne lâcha pas son expression. L’envie de l’embrasser était à son paroxysme mais elle ne cédera pas, juste pour le titiller. A la place, elle rompit l’espace entre eux et déposa un délicat baiser à la commissure des lèvres masculines, laissant sa marque carmin sur son passage. Un léger rire s’échappa de ses lèvres à cette vision et elle annonça. « Ce moment fut plaisant. » Dans le langage de la Ferragni, cela voulait dire qu’elle avait passé un très agréable moment en sa compagnie. Elle ne doutait pas que leur prochaine rencontre soit tout autant qualitative. « Le devoir m’appelle malheureusement. » confia-t-elle d’une voix faussement triste, un poil théâtrale. « Arrivederci Sisco. » Elle lui offrit son plus beau sourire avant de prendre congés avec élégance. Un dernier signe de la tête le remerciant de sa venue puis elle tourna les talons, reprenant son expression froide et sévère qui la caractérisait tant.
Quittant la pièce, elle descendit les escaliers en haussant la voix. « Johnsooon ! Où êtes-vous Grand Dieu ! » L’agent accourut vers la Ferragni. « Je veux cette maison. » qu’elle affirma avant de prendre congés sans laisser le pauvre homme broncher.