7h, mon réveil sonne depuis une bonne vingtaine de secondes quand mon poing s’écrase sur son crâne marquant son silence. Allongée sur le dos dans mon lit, je m’étire de tout mon long. J’ai du mal à immerger. Il faut dire que j’ai perdu l’habitude de me lever si tôt. En une semaine de vacances, j’ai plus été debout autour des dix heures. Les bonnes choses ont ne fin. Il est de retourner au boulot. J’en ai pas spécialement envie mais j’ai pas vraiment le choix. Mon prioprio est pas d’accord si je paye pas mon loyer. Il a même plutôt tendance à me harceler au moindre de retard. Pourtant en dix ans, il a toujours été payé. Plus il vieillit et plus il devient aigri. Et mon patron est guère mieux. L’entente est pas au top entre nous. Je me demande encore pourquoi je rends pas mon tablier. Ah oui à cause de mon salaire. Il parait que c’est compliqué la vie sans argent. Foutue société capitaliste. J’irai rager contre plus tard. Là, je dois me bouger. Après un quart d’heure à tourner dans mes draps, je finis par m’asseoir sur le rebord de mon couchage. Frottant mes yeux mi-clos, je réunis mon courage pour me lever et rejoindre ma salle de bain. La douche chaude réveille mes muscles endormis. Pas en avance, je laisse ma crinière blonde faire sa vie. Niveau tenue, j’opte pour un jean et un t-shirt blanc large. Une tenue décontractée et confortable idéale pour mon service. Je récupère mes affaires et quitte mon appartement. Je me rends au restaurant en voiture. Sur place, je me gare sur le parking de l’établissement, à côté du bolide de mon chef. « T’en en retard, Regan ! File en cuisine ! » Bonjour peut-être ? J’en demande trop là. J’ai pas la force d’entrer en conflit. J’hoche la tête et j’obéis comme une femme docile. J’aurai sans doute pu éviter ça si j’avais pas abandonner la musique. J’aurai dû insister sur mon idée de groupe de métal féminin. J’aurai bien fini par trouver des membres. Je me souviens encore de cette blonde qui jouait de la guitare dans ce bar. J’ai voulu l’aborder à la fin de sa prestation. J’ai attendu et elle est partie sans que je discute avec. Je l’ai jamais revue. « T’as pas l’air en forme, toi… Ça a été tes vacances ? » Le chef cuistot est déjà plus sympa. En voilà une raison qui me pousse à rester à bosser ici en dehors de l’aspect financier. « Ouais. Trop courtes comme d’hab… » Je m’étale pas plus. J’observe la carte et le plat du jour. Il a prévu gros. Mais ça me fait pas peur, j’ai les compétences culinaires pour gérer. Et dire qu’à vingt ans, je savais à peine me faire cuire des pâtes.
(c) DΛNDELION
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Cela allait faire bientôt un an que je travaillais dans ce restaurant de Toowong. Mon opinion sur celui-ci n'était pas très reluisante, mais il fallait avouer que je n'entretenais absolument aucune passion pour la gastronomie, rendant mon avis biaisé. Seule ma conscience professionnelle me garantissait de conserver mon poste, parce qu'elle m'incitait à appliquer scrupuleusement les règles et obéir méticuleusement aux ordres que mes supérieurs m'adressaient. J'étais en somme un bon petit soldat, conscient que je nécessitais un salaire à la fin de chaque mois, même si réellement, il me servait qu'à payer ma part de loyer et mes charges de ma colocation.
Plus d'une fois, j'envisageais de quitter Brisbane pour rejoindre ma famille à Laidley, mon village natal. Après tout, qu'avais-je réalisé de bien, dans cette grande ville ? J'y avais posé mes valises, lorsque j'avais dix-huit ans, pour ses opportunités. J'étais alors ambitieux, rythmé par quelques rêves ; mais finalement, je n'avais rien fait de bien et je m'efforçais désormais à tenter de me sentir utile en bossant dans les cuisines du premier restaurant qui avait accepté de me donner une chance, des mois plus tôt.
Un soupir fila entre mes lèvres, je passais mon avant-bras sur mes yeux brûlant d'avoir martyrisé une bonne dose d'oignons verts. Le commis était malade aujourd'hui, alors je me tapais tout le travail de préparation pour la soupe ramen qui était au menu du jour et qu'un groupe avait commandé. Bien entendu, je comptais en mettre de côté pour moi également. Une fois la torture autant pour ma vision que pour les légumes terminés, j'attendrissais le blanc de mes oignons verts, l’ail, le gingembre et le piment dans de l'huile. Au même moment, la tatouée Regan entra dans les cuisines. Elle ne rayonnait pas d'entrain mais honnêtement, je ne pouvais pas l'en blâmer. Il arrivait qu'il y ait une bonne ambiance au travail, mais c'était plutôt rare. J'ajoutais le bouillon, l’eau, la patate douce, la sauce de poisson et la sauce soya à ma mixture pendant que le chef cuistot s'adressait à la trentenaire. « Ouais. Trop courtes comme d’hab… » J'eus un sourire en coin et demandais amicalement tout en mélangeant les ingrédients avec ma cuillère en bois : « Tu m'étonnes. T'as fait quoi de beau ? » Qu'elle nous fasse un peu rêver de ce congé qu'elle avait pu prendre. J'ajoutais mes nouilles et gardais mon bouillon à proximité. Les effluves de mon plat était plutôt encourageantes, le chef cuisinier ne daigna même pas vérifier ce que je faisais, gage de potentielle validation. Je sortais une casserole pour faire dorer un steak pendant que mes nouilles cuisaient et attrapais des fèves, un lime et de la coriandre pour agrémenter les futurs bols que je remplirais pour la commande. Je traversais la cuisine pour saisir trois bols, jetais un dernier coup d'oeil au papier épinglé pour vérifier que je me plantais pas, et revenais à ma station. J'alignais les bols sur le plateau, répartissais ma soupe en prenant bien soin de conserver une portion pour moi pour plus tard. « Jensen ! La commande de la 4 ! » m'apostrophait le serveur. « Trente secondes ! » Je répliquais, garnissant les bols de la viande, fèves, coriandre et quartiers de lime. Je posais le tout sur le comptoir métallique et faisais tinter la sonnette pour que le serveur aille déposer les bols fumants aux clients.
Ramen et boules de coco au menu du jour. C’est à croire que le nouvel an chinois est proche. En fait on est en plein dedans en ce premier février. Sans demander au chef, je sais ce qu’il me reste à faire. Les desserts sont son truc. J’avoue que ça m’arrange bien. De mon côté, à part les manger, je suis pas très douée avec. Encore à moitié endormie, j’ai pas remarqué Isaac dans les locaux. Je m’aperçois de sa présence quand j’entends sa voix. En même temps, il a pas à être là. Sa place est en salle. Je devine que le patron l’a réquisitionné à cause de mon retard pour aider le cuistot. « J’ai rattrapé mes heures de sommeil et j’ai fait un peu de shopping. » Rien de fou en soi. D’un côté, mon budget est minime. Mes factures payées, il me reste pas des masses à la fin du mois. J’ai passé la plupart de mes journées affalée dans canapé à regarder des émissions toutes plus abrutissantes les unes que les autres à la télé. J’allais pas lui dire ça. Ça vend pas du rêve pour des vacances. Je regarde les post-its accrochés des commandes. J’attrape le suivant dans la liste. Quatre menus du jour. Ok facile. Surtout que mon collègue vient de faire des ramens. Je vais pouvoir lui piquer de ses préparations et gagner du temps. Filant vers le plan de travail, je lui pique des oignons coupés. Je suis bien contente de pas avoir à le faire moi-même. Je suis pas à la lettre la recette du chef. J’aime pas sa recette. Je la trouve trop fade, manquant de piquant. Je conserve la base malgré tout. J’y vais seulement plus fort en épices dans le bouillon. Il faut qu’il titille le palais sans le brûler. Il doit le préparer à la suite, aux saveurs gourmandes du bœuf par la suite. Je m’agite en fredonnant le dernier single d’Arch Enemy. Je suis incapable de bosser sans chanter. Au grand dam du chef cuisinier qui apprécie pas vraiment le metal. J’aligne quatre bols devant moi. Je les remplis un à un. Fumant ils demandent qu’à filer sur les tables des clients. J’inspecte ma soupe. Ce qu’elle est belle. On dirait une œuvre d’art. Elle a la classe sans vouloir me vanter. Les ingrédients sont arrangés dans une parfaite harmonie. Les effluves qu’elle dégage sont parfumés sans être agressives. Juste l’odeur me donne faim. Et mon estomac partage mon avis à entendre le gargouillis qu’il produit. J’ai pris soin d’ajuster les couleurs aussi. J’ai pas tout balancer à l’arrache dans le récipient. Oh que non ! On mange d’abord avec les yeux. Je compose quand je cuisine. Face à mon plat, mes babines glissent sur mes lèvres. Les morceaux de bœuf baignent dans le bouillon tel des touristes dans l’océan. Ils font la planche attendant de se faire pincer entre deux baguettes pour se faire déguster. Je suis bien tentée d’utiliser mes doigts pour les goûter. Je parfais mon tableau culinaire en déposant du gingembre râpé à la surface du bouillon. Ben O’Donoghe peut en prendre de la graine ! Vulgaire amateur ! Je peux m’empêcher de lorgner sur le bol mis de côté par le brun. « C’est gentil de penser à moi pour la fin du service ! » Je lui lance un clin d’œil en désignant du menton son récipient. Je me doute qu’il m’est pas destinée. Je me débrouillerai seule pour déjeuner. « J’ai besoin de la treize ! » Le serveur vient de revenir. La treize correspond à ce que je viens de préparer. Les plaçant sur un plateau, je lui apporte. Il fonce aussitôt sans aucune considération. « Toujours aussi aimable celui-là… » Il est clairement pas fait pour ce métier. Et je suis sûre qu’il gagne plus que moi. Ça aide d’être le neveu du patron.
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Isaac Jensen
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ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
« J’ai rattrapé mes heures de sommeil et j’ai fait un peu de shopping, » Regan me fournit le planning de ses révolues vacances. Ce n'est pas grand-chose, rien de palpitant, pourtant, seulement pour les heures de sommeil, je l'envie. J'accumule la fatigue depuis plusieurs jours maintenant et je suis incapable de la chasser de mon organisme. Il faut dire que lorsque je rentre chez moi, je préfère m'enfiler quelques bières et passer des heures devant la télévision plutôt qu'aller raisonnablement me coucher. Souvent, Noa me rejoint et on débriefe nos journées ou nos vies jusqu'aux petites heures et encore une fois, ceci n'est pas le bon plan pour être en forme le lendemain matin.
Mais mon travail ne me passionne pas, il me permet juste de gagner mon pain. Certains matins, il me faut tout le courage dont je suis composé pour parvenir à me glisser hors de mes draps et réellement, je pèse fréquemment le pour et le contre à ne pas me faire porter pâle ou juste risquer de perdre mon poste en arrivant éhontément à la bourre. Le chef ne me ferait pas de cadeau toutefois, il est déjà constamment sur notre dos pour le moindre détail, il ne ferme assurément pas les yeux sur des minutes de retard.
J'attrape une nouvelle commande et j'observe du coin de l'oeil Regan concocter sa propre version de la soupe ramen. Elle est bien meilleure cuisinière que moi à mes yeux : elle sait improviser. Pour ma part, je suis à la lettre les indications, à calculer parfois au centilitre près, de peur de me planter et servir quelque chose d'infecte à un client. « C’est gentil de penser à moi pour la fin du service ! » Elle m'adresse et je souris doucement en observant le bol de ramen qu'elle désigne. « Comme si tu préférais ma bouffe à celle que tu prépares, » je taquine avant d'attraper du film plastique pour protéger mon futur repas. Le seul privilège de ce job : il nous était possible de manger quelque chose préparé en cuisine. Il faut dire que ça permet aussi d'amoindrir les possibles pauses. « J’ai besoin de la treize ! » vocifère le serveur, neveu du patron. Je le singe alors qu'il retourne en salle avec la commande. Qu'est-ce qu'il est compétiteur et autoritaire, j'apprécie de ne pas me le farcir pour remplacer Jake en cuisine. « Toujours aussi aimable celui-là… » « Une vrai plaie, mais il a de qui tenir, » je décris, moqueur. « Jake s'est sectionné le doigt en coupant une carotte hier, on aurait dit une scène de crime tellement il hurlait, » j'informe la Kelly. « Et t'aurais dû voir la tête du boss, j'ai cru qu'il allait faire une syncope, » je relate avec un sourire en coin. J'avais rapidement pris les choses en main pour que mon collègue soit soigné, mais il avait nécessité des points de suture et donc bénéficiait de quelques jours d'arrêt. « J'crois que si t'avais pris un jour de plus de congé, il t'aurait rappelée... »
Isaac marque un point. Vrai que je préfère ma bouffe à celle préparée par les autres. Pas parce que je m’estime meilleure cuisinière. Juste que j’estime leurs plats fades. Mon palais apprécie les épices. Surtout le piment que j’ai tendance à mettre un peu partout. A petite dose à mes yeux et souvent en trop grande quantité pour le reste du monde. « Non mais c’est toujours sympa de pas à avoir se coltiner la bouffe. » Mon boulot me fait en faire à foison. Il est pas rare que je me fasse livrer mes repas en dehors de mes heures de service. J’ai la flemme de me faire à manger pour moi-même. Je piocherai réellement bien dans son bol de ramens. Il a l’air appétissant en plus. Notre conversation tourne court. Le serveur réapparait avec son autorité habituelle. Ça lui plait de jouer au chef. Il aime se sentir important. Je serai son patron, je l’aurai renvoyé depuis un moment. Il a de la chance que je sois une simple employée. « Ah oui ? Et de qui ? Je vois pas… » Je lance un clin d’œil au brin en esquissant un sourire. Je sais parfaitement de qui il tient : de son oncle. En pire. Il a la jeunesse pour amplifier son caractère insolent. Encore un qui a pas reçu assez de fessées dans enfance. Un enfant roi qui se croit tout permis. Jusqu’au jour où je vais craquer et le remettre à sa place sans pincettes. « C’est guère étonnant tellement il est maladroit et fragile celui-là ! » C’est peu de le dire. Jake a tendance à faire une boulette par semaine. Avant mes vacances, il a fait tomber la pile de bols propres par terre. On a été obligé de servir les clients dans des assiettes. Je vous laisse imaginer le défi pour mettre de la soupe chinoise dedans. En plus, dès qu’il a le moindre bobo, il se fout en arrêt. Il nous a mis plusieurs fois dans la merde à cause de ça. Un de moins dans une petite équipe, ça se ressent. Je me demande ce qu’il fout encore ici. Il est plus souvent absent que présent. « T’aurais dû m’envoyer une photo. » Ça m’aurait fait de la distraction dans la routine de mon visionnage télévisuel. En être au point de m’amuser des malheurs de mon boss est un sérieux indice sur mon besoin de changer d’air. Il faudrait vraiment que je me bouge le cul. « Il aurait pu essayer, j’aurai pas décroché. » Je décroche jamais à un appel professionnel durant mes vacances. Je me saigne assez dans l’année pour les obtenir. Hors de question de les écourter pour ses beaux yeux. Surtout qu’il est pas arrangeant quand j’ai besoin d’une journée. Je dois lutter et négocier dur pour le faire céder à l'usure. Clairement, c’est pas un chef d’entreprise qui prend soin de ses employés. Il a pas un doctorat dans les relations humaines. « Ils sont quand tes congés à toi ? C’est bientôt non ? T’as prévu quoi ? » J’espère pour lui un programme plus rempli que le mien. Ça devrait pas être compliqué.
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ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
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Un sourire en coin fend ma joue lorsque Regan m'indique, avec raison, que c'est toujours sympa de ne pas avoir à cuisiner pour soi-même. Plus d'une fois, avec Noa, la flemme nous prend et nous commandons à emporter. Cette pratique vaut également pour réconfort en fin de mauvaise journée. Un des avantages de Brisbane, c'est qu'il existe des restaurants de multiples spécialités, un service qui n'est pas disponible à Laidley, le village dont je suis originaire. J'ai pu goûter de plusieurs cuisines et encore aujourd'hui, j'aime tenter de nouvelles choses. Ce n'est pas grand-chose, mais ça met un peu de piment au quotidien.
Dans son dos, nous dénigrons le serveur, neveu du patron, ainsi que ce dernier. Je ris doucement alors que la cuisinière feinte de ne pas savoir de qui notre collègue hérite sa détestable arrogance et je relate à la tatouée l'accident qui s'est déroulé durant son absence et qui a coûté quelques points de suture au commis Jake. « C’est guère étonnant tellement il est maladroit et fragile celui-là ! » Je souris doucement face au commentaire sans merci et attrape de nouveaux oignons à émincer. « T’aurais dû m’envoyer une photo. » « J'y penserais la prochaine fois. Et c'est vrai que c'est toujours bon à avoir, ce genre de souvenirs. » Ils composaient une arme si jamais Jake cherchait trop de noises. Je prévenais que le patron avait manqué de peu d'appeler Regan en renfort sur ses congés. « Il aurait pu essayer, j’aurai pas décroché. » Un bref rire franchit la barrière de mes lippes. J'appréciais le caractère bien trempé et la franchise renversante de la jeune femme. « T'aurais eu bien raison. » Je passais aux patates douces. « Ils sont quand tes congés à toi ? C’est bientôt non ? T’as prévu quoi ? » J'acquiesçais doucement. « Dans dix jours, j'ai hâte. » Même si mon programme ressemblerait beaucoup à celui de la trentenaire, hormis le shopping. « J'ai rien prévu de spécial pour l'instant. Je vais improviser, » j'avoue. « Parfois j'ai vraiment envie de me casser d'ici. Prendre ma voiture et partir en mode yolo. Le monde est si grand et on passe nos journées à rôtir dans cette cuisine pour une bouchée de pain, à suivre la même routine... » Je déplorais. « Ici ou sur la route... Je sais pas, j'aurais l'impression de davantage exister à traquer l'inconnu et découvrir de nouvelles choses, » je supposais, songeur.
On manque pas de culot à casser du sucre sur le dos du serveur devant le chef cuistot. Je crains pas qu’il rapporte nos propos au patron. Il en pense pas moins même s’il dit rien. Il m’a déjà défendu lors de quelques altercations avec ce merdeux. On s’apprécie mutuellement bien qu’on se le soit jamais avoué. Puis il existe une règle ici : ce qui se passe dans la cuisine reste dans la cuisine. On s’est déjà pris la tête tous les deux à cause de nos caractères bien trempés. Pourtant, on a jamais été se plaindre de l’autre à notre employeur. On règle nos soucis entres adultes. Lui non plus est pas épanoui dans ce boulot. Enfin si, le boulot il l’aime, ça se voit dans ses gestes. Il mérite mieux que ce restau de bas étage. En fait, on mérite tous mieux. C’est à se demander ce qu’on fout là. Isaac en rajoute une couche après m’avoir résumé son programme de vacances. « Qu’est-ce qui t’empêche de le faire ? Me dis pas que ce sont mes beaux yeux qui te motivent à venir bosser tous les jours. » Je ris doucement en le fixant de mes opales noisettes. Mon regard se veut charmeur par jeu. Le brun connaît mon orientation sexuelle. Il y a aucune chance que je le drague. Il est casé de toute façon, ce serait peine perdue. « Je te comprends sinon… Tu sais, je suis pas plus heureuse que toi ici. Parfois, je reviens dix ans en arrière. Je voulais être chanteuse. Le chant est une passion comme tu peux régulièrement l’entendre. A force de manger des refus, j’ai fini par me convaincre que j’étais pas faite pour ce métier. J’ai baissé les bras. J’aurai dû insister. Je dis pas que je serai une star internationale aujourd’hui mais au moins je ferai un truc qui me plait. Je regrette de m’être laissée envahir par une poignée d’échecs. J’aurai dû m’en servir pour rebondir. A la place, je me suis détournée de mon objectif. Résultat, je me retrouve à faire la bouffe dans un restau à la con. Si j’avais une machine à remonter le temps, j’aurai insisté. J’aurai été au bout de mes convictions. J’aurai bien fini par trouver des gens intéressés par le concept de metal féministe. J’ai fait l’erreur de laisser mon rêve de côté. Fais pas la même, Isaac. Si tu rêves de voyage, fonce ! » Je l’encourage à faire ce que j’ai pas le courage de faire. Un paradoxe en soi. Un jour, je le ferai. Je rendrai mon tablier et je me casserai. Je prendrai ma vie en main au lieu de la subir. Il serait temps à trente piges passées.
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En parlant congé, mes désolations reviennent au galop. Il serait mentir de clamer que je vis présentement la vie de mes rêves. Je suis peut-être exigent, ma situation est bien meilleure que d'autres ; mais elle est aussi plus désagréable que celles de certains. Je bénéficie certes des premières nécessités : un toit au-dessus de ma tête, de l'eau courante, de la nourriture, des amis, même un boulot ; mais le bonheur, lui, me fait effrontément faux bond.
Je rêve d'évasion. De prendre la route et mener une vie de bohème, où mes économies me permettraient de manger et mettre du carburant dans ma voiture. Je souhaite sortir de ce cadre auquel je m'astreins depuis plusieurs années maintenant. Je veux voir comment la vie se vit ailleurs, rencontrer de nouvelles personnes. J'étouffe dans ce train-train barbant, j'ai besoin d'un vent de nouveauté - une bourrasque de fraîcheur. « Qu’est-ce qui t’empêche de le faire ? Me dis pas que ce sont mes beaux yeux qui te motivent à venir bosser tous les jours. » Le courage, voilà ce qui me manque cruellement. Je souris en coin alors que Regan se veut taquine, je plonge mon regard sur mes patates douces que je martyrise à la lame de mon couteau. « Sous-estime pas la persuasion de ta compagnie, Kelly, » je fais, joueur, avant de reconnaître : « J'ose pas passer le pas. L'inconnu me charme mais me fait flipper aussi. » Comme un saut à l'élastique : le bond doit être époustouflant mais se résoudre à quitter la terre ferme n'est pas donné à tous.
Regan me confie ce que j'interprète comme l'un de ses plus grands regrets. La jeune femme rêvait de percer dans la musique mais les nombreux refus l'ont en dissuader, si bien qu'aujourd'hui, elle se trouve à travailler au même restaurant que moi. Le repère des infortunés. Pourtant, la trentenaire a une voix qui dépote et avec sa forte tête, je suis sûr qu'elle aurait pu aller loin en persévérant. Cependant, je comprends aussi qu'à force de voir les portes se fermer sur notre nez, on baisse les bras. J'ai aussi adopté cette triste pratique. « Pourquoi tu ne tentes pas encore ? Il n'y a pas d'âge pour être chanteur. Regarde Susan Boyle. » Pas le meilleur exemple, j'en conviens, mais je croyais en Regan. « On se fait un deal si tu veux ? On prend la route tous les deux. Comme ça, toi, tu convaincs les gens de te donner une chance dans la musique et moi, j'découvre quelque chose de nouveau en faisant ton chauffeur. » Je propose, sourire en coin complice.
On a l’air malins à se plaindre. On dirait limite deux vieux cons sur leur lit de mort à regretter le passé. C’est d’une tristesse. On est encore jeune merde ! On a plus vingt ans certes mais sauf si la vie nous réserve une mauvaise surprise on a plus de temps à vivre que de temps déjà vécu. Ça nous laisse de la marge pour réaliser nos rêves. Ou du moins essayer. Se lamenter est un échec assuré. La seule solution consiste à sauter le pas. Le risque est immense. C’est potentiellement le vide qui nous attend en dessous. « Tu sais ce qu’on dit : on sait ce qu’on perd, on sait pas ce qu’on va trouver ! » Que notre routine nous plaise ou non, elle existe et nous permet de vivre décemment. Si je plaque tout demain, j’aurai de quoi vivre deux mois au max avec mes maigres économies. Et après, si j’ai rien, retour à la case départ. Pire que ça même, retour en arrière. J’aurai perdu mon boulot et mon appart pour du vent. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Ma passion me souffle oui. Ma raison désapprouve. Je tique aux paroles du brun. Il me fait sourire avec sa référence. Vrai que cette femme est un bel exemple. Tout le monde s’est foutu de sa gueule avant sa prestation pour un succès retentissant par la suite. « Tu serais pas en train de me traiter de vieille par hasard ? » J’affiche un rictus. J’ai capté l’idée dans son message. Je le taquine. Je suis davantage troublée par la suite. Sa proposition est une pure folie. D’un côté, il m’offre une chance unique. A deux, on peut s’entraider, se motiver, se réconforter. Je me stoppe dans ma préparation. Mon cerveau réfléchit à toute vitesse. J’ai regretté déjà une fois d’avoir laissé passer une occasion. Pas une deuxième. Et tant pis si je me casse la gueule. Isaac me relèvera. En tous cas je l’espère. « Ça veut dire qu’il faut que je reprenne des vacances dans dix jours ça… Le patron va pas être d’accord… » Et je le comprends. Je reviens de congés, c’est un pur abus d’en redemander à peine une semaine après ma reprise. « Ça veut dire que je vais devoir donner ma démission pour me libérer… Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? » J’extrapole en vérité. Il a pas précisé de date. Jamais il a convenu de nous lancer dans cette aventure pendant ses vacances. « C’est quand même fâcheux… » Un sourire mutin étire mes lèvres. « Boss !!! » Je hurle de toute la puissance de ma voix. Sa tête met une trentaine de secondes à apparaître. « Quoi ?! Me dites pas que quelqu’un s’est encore coupé un doigt ! » « Oh non, c’est juste pour vous indiquer que vous aurait besoin d’une nouvelle cuisinière dans dix jours. » Il se gratte le sommet de son crâne. L’incompréhension se lit sur son visage. « Je me casse ! » Là, c’est d’un coup plus clair.
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Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
« Tu sais ce qu’on dit : on sait ce qu’on perd, on sait pas ce qu’on va trouver ! » me rappelle avec justesse Regan et un fin sourire étire mes lippes. C'est un pari à prendre, on peut très bien gagner au change une situation bien meilleure ou au contraire, s'en mordre amèrement les doigts. Cependant, j'y réfléchis de plus en plus sérieusement. Est-ce que j'ai réellement envie de poursuivre ce désespérant train-train sous prétexte qu'y repose ma zone de confort ? Ai-je vraiment envie de mener ma vie de cette façon ? J'ai déjà de nombreux regrets qui me pèse, faut-il vraiment que j'en ajoute davantage ? Je me mordille les lèvres en tranchant les patates douces, en pleine réflexion.
Regan, elle, rêve de musique. Elle a essuyé les refus et a fini par mettre son ambition au placard. Pour survivre financièrement, elle est ma collègue et c'est bien ça que nous faisons : nous survivons, tout bonnement. C'est d'une tristesse inouïe. Un gâchis, peut-être même : il y a des malades qui combattent sur des lits d'hôpitaux et nous, nous nous lamentons alors que nous sommes en pleine forme et pouvons très bien aller à la rencontre du monde. J'ai le moyen de locomotion : ma voiture. Avec nos économies et ce que nous pouvons trouver sur la route, allié à notre débrouillardise commune, je suis persuadé que nous pouvons accomplir quelque chose d'intéressant, peut-être même exaucer des souhaits et être un peu plus heureux qu'ici, à Brisbane. Je ris lorsque ma collègue me demande si je la traite de vieille en présentant Susan Boyle en argument, mais mon plaidoyer fait route dans ses réflexions. « Ça veut dire qu’il faut que je reprenne des vacances dans dix jours ça… Le patron va pas être d’accord… Ça veut dire que je vais devoir donner ma démission pour me libérer… Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? » Je l'observe du coin de l'œil, le regard étincelant d'espoir et d'envie. « C’est quand même fâcheux… » A l'air que mon interlocutrice affiche, je devine qu'elle mijote quelque chose de spectaculaire. « Boss !!! » Elle hurle, le cuisinier et moi sursautons en chœur. « Quoi ?! Me dites pas que quelqu’un s’est encore coupé un doigt ! » « Oh non, c’est juste pour vous indiquer que vous aurait besoin d’une nouvelle cuisinière dans dix jours. Je me casse ! » Je regarde la tatouée. « Dans dix jours, c'est long quand même, non ? » Est-ce que je suis en train de proposer qu'on se casse sur-le-champ ? Ca mettrait dans l'embarras le cuisinier qui nous a jamais cherché de noises, contrairement au patron et son neveu qui mériteraient bien de trimer. « Moi aussi, j'me casse ! » J'annonce et le sourire qui se dessine sur mes lèvres n'a pas été si grand depuis bien longtemps.