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« Oh allez, on va pas te laisser seule. Tu verras, on fera une bonne compagnie ! » Et juste ainsi, les tabourets vides avaient trouvé preneurs à côté d’une Albane au sourire crispé. Dani venait de partir, une urgence ou elle ne savait trop quoi. Mais la française n’était pas encore d’humeur à rentrer à l’appartement, s’était dit qu’elle profiterait de terminer son verre tranquillement avant d’aviser pour le reste de la soirée. Un programme tout fait qui n’incluait pas ce groupe de potes déjà bien entamés par l’alcool, à la notion d’espace personnel inexistant. Ils riaient, parlaient fort, et après avoir retiré la main déposée sur son épaule à plusieurs reprises, la jeune femme savait qu’elle ne tiendrait pas une minute de plus avec des boulets pareils. La réaction la plus logique était simple : se lever, et partir. Mais le fait que l’un de types se lève en concert avec un « J’la raccompagne ! » sorti du fond du cœur et provoquant le rire de ses copains confirma à Bane qu’elle avait tiré le gros lot niveau boulet du soir. Elle pouvait se mettre à lui crier dessus pour lui faire comprendre de la laisser tranquille, partir en courant en espérant que l’alcool dans son sang ne lui permettrait pas de la suivre. Ou alors, demander de l’aide. Et sa victime pour ce choix était toute trouvée. Un homme seul face au bar, plutôt jeune, l’air de tenir très décemment sur ses deux pieds, indiquant un niveau de sobriété plus que suffisant. Elle se para de son plus beau sourire en s’avançant droit sur là. « Hey mon cœur ! Je n’avais pas vu que tu étais arrivé ! » Elle n’aurait jamais agi de la sorte en temps normal, mais c’était cela ou faire éclater un scandale à cause du boulet ivre. Dans un geste qui paraissait tout à fait naturel, elle se hissa sur la pointe des pieds, entoura son cou de ses bras, forçant la proximité entre eux. « Dani a dû filer mais elle te passe le bonjour ! » La position était particulièrement inconfortable et si leur position laissait présager qu’ils se connaissaient plus que bien, son sourire se transforma rapidement en moue gênée. « Vraiment désolée si votre copine est dans la salle, mais vous pouvez jouer le jeu quelques minutes, s’il vous plaît ? C’est un cas de donzelle en détresse. » Et incapable de hausser la voix sur un mec aux manières rustres. Même aux urgences, elle s’entraînait à gérer ces cas avec douceur et délicatesse. Le problème restait qu’une fois le pied dehors, elle n’aurait pas tout une équipe pour venir la secourir. Mieux valait le dissuader maintenant. « Il est toujours là ? Ou je peux me reculer ? Enchantée, en tout cas. » Elle préférait en rire, mais se retrouvait à sincèrement espérer qu’il ne la repousserait pas, car sinon… la situation pourrait encore devenir plus gênante qu’elle ne l’était déjà.
25 février 2022. « Hey mon cœur ! Je n’avais pas vu que tu étais arrivé ! » Surpris, Deklan ne put retenir un haussement de sourcils intrigué, n'osant plus bougé il n'arrivait pas à comprendre ce qui se passait. « Dani a dû filer mais elle te passe le bonjour ! » Dani, qui est Dani ? Sans bouger la tête, ses yeux regardaient de droit à gauche, cherchant mettre du sens à cette situation. Deklan était de nature sociable, et ouvert mais tout de même, pas à ce point-là, avec une inconnue. Le trentenaire était venu là rejoindre un ami, l'ancien sportif professionnel n'avait même pas bu une goutte. En réalité, il buvait que très rarement, et appréciait très facilement une soirée entre amis sans une goutte d'alcool. Ce n'était pas une contrainte pour lui et il se disait même que c'était à son avantage quand il lui arrivait ce genre de choses, car s'il avait bu il aurait pu croire qu'il était en train de rêver. « Vraiment désolée si votre copine est dans la salle, mais vous pouvez jouer le jeu quelques minutes, s’il vous plaît ? C’est un cas de donzelle en détresse. » De suite, il tourna la tête pour poser ses yeux sur le groupe d'individus, comprenant maintenant à quoi rimer tout ça. Toujours sans rien dire, il acquiesça, encore un peu perturbé par cette scène irréaliste. « Il est toujours là ? Ou je peux me reculer ? Enchantée, en tout cas. » La jeune femme semblait vraiment inquiète, et Deklan comprit que ce n'était pas une scénario inventé pour l'approcher. Il se demandait quand même pourquoi elle l'avait choisi pour jouer ce rôle. Il regarda un instant derrière elle, et reposa ses yeux dans les siens. « Je crois que vous êtes libre. » déclara-t-il, en échappant un léger rire, tandis qu'elle se reculait. « On peut dire que vous êtes plutôt chaleureuse avec des inconnus. » ajouta-t-il, même si son visage, il avait l'impression de la connaître. Mais bon, peut-être qu'elle était déjà venue au DBD, il voyait tellement de gens que c'était possible.
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L’inconnu avait l’air de la prendre pour une folle, et Albane n’aurait pas pu le blâmer. Elle sentait le niveau de malaise grimper de seconde en seconde, priant intérieurement pour qu’il ne fasse aucun geste susceptible de griller sa couverture. Cette proximité la rendait franchement mal à l’aise mais sur le coup, c’était la meilleure option qu’elle avait réussi à trouver pour se dégager de ce faux pas. Demander un coup de main au barman aurait été une autre idée, mais maintenant que le mal était fait… Sa gêne devait se lire sur son visage, au point que ce fut un profond soupir de soulagement qu’elle eut quand il lui annonça qu’elle avait le champ libre. Seulement à ce moment-là, elle se permit de faire tomber ses bras, relâcher le blond sans toutefois trop s’éloigner. « Pas trop tôt. » marmonna-t-elle. Si elle avait eu de l’énergie à revendre, elle aurait probablement bu sortir une longue tirade sur combien le côté patriarchal de la situation était fatiguant. Obligée d’inclure un autre homme dans l’équation pour avoir la paix. L’unique bonne nouvelle étant qu’elle avait fait le bon choix de cible ; il ne semblait pas être de ceux qui allaient mal prendre cette approche particulière ou pire encore, essayer d’en profiter. Et sa réflexion finit par lui arracher un rire à elle aussi. « Aux grands maux les grands moyens, comme on dit. Je sais que c’est difficile à croire, mais je suis plutôt du genre réservé. » Elle passa une main gênée dans sa chevelure, les yeux rivés sur l’inconnu. Elle était persuadée de l’avoir déjà croisé. Quasi certaine qu’il était celui qui lui avait fait les yeux ronds quand elle avait demandé à ce qu’il triple les shots d’expresso dans son cappuccino, quelques jours plus tôt. « Je, euhm… Si ça vous convient, je vais rester à côté de vous pendant encore une petite dizaine de minutes. Puis je vais recevoir un appel extrêmement important, je vais sortir le prendre dehors, et là je disparaîtrai. » Une scène de cinéma bien rôdée et vite expédiée. « Donc ça nous fait… une sorte de speed dating ? Pas que je cherche à vous draguer. » C’était une situation à la fois drôle et pathétique. « Je m’appelle Albane. » S’il voulait un nom sur cette absurdité nocturne.
25 février 2022. Sans savoir comment il se retrouva agripper par une nana qui lui parlait comme s’ils se connaissaient. Figé, n’osant plus bouger alors qu’elle l’entourait de ses bras, il l’entendait parler sans la comprendre. Heureusement, l’inconnue n’était pas tombée sur un bourrin, car n’importe qui aurait pu la rembarrer dans la seconde. Deklan était un peu long à la détente et il aimait comprendre avant de réagir. Elle le briefa finalement sur ce qui se passait et le manager du DBD se pencha légèrement sur le côté pour voir de qui elle parlait. Elle était apparemment débarrassée. « Pas trop tôt. » La brune recula, soulagée. Apparemment, c’étaient de gros lourdots. « Aux grands maux les grands moyens, comme on dit. Je sais que c’est difficile à croire, mais je suis plutôt du genre réservé. » Il eut un petit rire en l’entendant dire ces mots. « Ouais, en effet, j’ai dû mal à le croire. » Avec un rire léger, Deklan la regardait tout de même avec bienveillance. « Je, euhm… Si ça vous convient, je vais rester à côté de vous pendant encore une petite dizaine de minutes. Puis je vais recevoir un appel extrêmement important, je vais sortir le prendre dehors, et là je disparaîtrai. » « D’après ce que j’ai compris, vous n’êtes pas le genre à laisser le choix de toute façon, je me trompe ? » répondit-il en venant s’accouder d’un côté sur le bar. « Donc ça nous fait… une sorte de speed dating ? Pas que je cherche à vous draguer. – Je m’appelle Albane. » Il la regarda, toujours avec un sourire sur le visage, plutôt surpris de cette approche. « Je suis Deklan. » continua-t-il finalement, acceptant de rentrer dans son jeu. « Je suis perdu par contre. Dois-je jouer le fiancé amouraché ou le nouveau date Tinder ? » demanda-t-il avec une voix taquine, et les yeux pétillants de malice. Un instant, elle était à deux doigts de l’embrasser, et l’autre seconde elle voulait faire semblant d’apprendre à se connaître. « Non parce que bon, faut être clair sur le rôle à jouer là, je prends les choses à cœur. » déclara-t-il portant une main sur le cœur, d’un air solennel.
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Toute cette situation était absurde, et Albane préférait prendre les choses à la dérision plutôt que de laisser la gêne prendre le dessus. Ceci dit, elle ne préférait même pas imaginer ce que le blond pouvait bien penser d’elle, à cet instant précis. Elle devait passer pour une excentrique, exubérante, mille fois plus extravertie qu’elle ne l’était réellement. A travailler auprès des gens, la française s’était habituée à feinter son aise, mais le rire qui accompagna celui de l’homme était plutôt synonyme du ‘j’ai envie de m’enterrer’ que du ‘qu’est-ce que c’est drôle’. Elle comprendrait parfaitement qu’il décide de ne pas jouer le jeu, même si ça ne l’arrangerait pas vraiment. Si elle pouvait gérer cette simulation de couple pendant quelques minutes, elle n’était pas sûre d’avoir le même succès à se débarrasser d’un boulet alcoolisé. « Bien sûr que si, vous avez le choix. J’ai peut-être l’air entreprenante, mais je suis parfaitement inoffensive, et très respectueuse de l’espace vital. D’habitude. » Encore une fois, c’est une moue qui vient barrer son visage, une expression qu’elle ravale rapidement en réalisant que ça ne la servirait pas s’ils étaient observés. Dieu merci, l’inconnu n’avait pas l’air de vouloir la laisser dans sa panade. « C’est effectivement mieux que ‘mon cœur’. Enchantée, Deklan. » Enfin elle pouvait mettre un nom sur le visage de son sauveur du soir qui, doucement, semblait commencer à se prendre au jeu. Ou du moins, à trouver l’histoire plutôt amusante à en juger par son air malicieux. « Je sais pas trop, la fiancé amouraché, ça demande quand même pas mal d’engagement. Et le nouveau date Tinder… J’en sais rien. Un tel accueil, c’est pas supposé attendre au moins le troisième ou quatrième date ? » Elle baliserait certainement si lors de la première rencontre, une nana se jetait à son cou. « Je suis pas sûre de connaître les règles. » Elle était plutôt du genre à prendre les rencontres comme elles venaient, comme avec Winston par exemple. Encore que même avec lui, rien n’avait vraiment de sens. « On a qu’à dire qu’on est au stade intermédiaire. On se connaît bien, mais clairement pas au point de s’installer ensemble. Et je n’ai jamais rencontré tes parents. » Finalement, c’était presque drôle à imaginer.
25 février 2022. Ce n’était jamais arrivé à Deklan de se faire accoster de cette manière. Il trouvait cela plutôt culotté, mais laissa quelques instants à l’inconnue pour s’expliquer car il se doutait que ce n’était pas anodin. Il avait tout d’abord pensé à un pari avant de comprendre que c’était pour se débarrasser d’hommes qui la dérangeaient. Travaillant au DBD, et ouvrant le soir pour faire bar, il avait déjà vu maintes fois des femmes se plaindre d’hommes un peu trop insistants… « Bien sûr que si, vous avez le choix. J’ai peut-être l’air entreprenante, mais je suis parfaitement inoffensive, et très respectueuse de l’espace vital. D’habitude. » Ce commentaire le fit sourire, et il l’avait taquinée juste avant, espérant qu’elle ne s’offense pas, après tout il pouvait se le permettre après ce qu’elle venait de faire. « Je vous crois, je vous crois… » qu’il lança pour calmer le jeu, il ne voulait pas qu’elle se vexe. « C’est effectivement mieux que ‘mon cœur’. Enchantée Deklan. » « Enchanté. » répondit-il avec un sourire. « Je sais pas trop, la fiancée amourachée, ça demande quand même pas mal d’engagement. Et le nouveau date Tinder… J’en sais rien. Un tel accueil, c’est pas supposé attendre au moins le troisième ou quatrième date ? » Il opinait du chef, amusé. « Je suis pas sûre de connaître les règles. » Deklan fit mine de réfléchir, n’étant pas sûr non plus d’être le mieux placé pour énoncer les règles. « Avec autant de faux entrain de votre part, j’avoue que c’était digne d’une grande actrice – on en était au moins aux fiançailles là. » lança-t-il, toujours sur le ton taquin. « On a qu’à dire qu’on est au stade intermédiaire. On se connaît bien, mais clairement pas au point de s’installer ensemble. Et je n’ai jamais rencontré tes parents. » Il acquiesçait doucement en s’imaginant le contexte pour jouer au mieux son rôle. « Ok ok, c’est bon, je vois le rôle. » confirma-t-il d’un sourire. « Mais dis-moi, j’te tutoie hein, on n’est plus à ça près, ton visage me dit quand même quelque chose. Tu vas croire que je passe en mode drague mais ne t’en fais pas, je ne vais pas t’importuner non plus. C’est juste que tu me dis vraiment quelque chose. » confia-t-il finalement en la fixant droit dans les yeux, cherchant dans sa mémoire où il avait déjà croisé.
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Elle en mettait de l’énergie à se défendre pour écarter toute confusion sur cette approche peu subtile. Aussi avenante qu’elle avait dû paraître, elle était tout de même heureuse de pouvoir lentement se débarrasser de la tension. Bane n’avait aucune idée de ce que Deklan faisait dans ce bar, et avec qui il était venu. Mais elle n’avait pas l’air de déranger, heureusement. L’ambiance commençait même presque à être détendue. C’était à se réjouir qu’elle n’ait vraiment pas eu la moindre attention de le draguer, parce qu’elle ne savait pas du tout comment elle aurait géré la situation en partant de là. Elle ne put s’empêcher de pouffer légèrement à la mention des fiançailles. « Pitié, pas de genou à terre, je risque de partir en courant sinon. » Remarque, cela aurait le don de mettre fin à cette rencontre bizarre, quoique de la manière la plus embarrassante qui soit. Elle demandait juste un peu de crédibilité pour que le joyeux groupe ivre ait l’impression qu’elle soit une chasse gardée et qu’elle puisse ainsi rentrer tranquillement. Qui plus est, ils avaient vraiment de quoi discuter ; elle n’était pas la seule à avoir eu la sensation de le connaître de quelque part. Elle voyait beaucoup de visages défiler dans la journée, mais quand certains étaient plus familiers que d’autres, cela venait de quelque part. « Si c’était une technique de drague, elle serait au moins aussi foireuse que la mienne. » commenta-t-elle avec un sourire malicieux. « Mais oui, je me disais bien qu’on s’était déjà croisé. Au Death Before Decaf, non ? J’ai tendance à y passer le matin quand je bosse de nuit. Je sais pas si je dois remercier ce café pour m’avoir tenu éveillée ou l’accuser de mon incapacité à dormir quand je rentre. » Ce dont elle était en réalité directement responsable, à tenir à son café après ses shifts de nuit et à en vouloir un caféiné à bloc. « Et si c’est pas ça, alors… j’en sais rien, et je suppose que c’est légitime de te demander ce que tu fais dans la vie, histoire de faire la discussion ? » Plus que huit minutes sur les dix minutes demandées. Ils tenaient le bon bout.
25 février 2022. Albane avait eu la chance de tomber sur Deklan. Il n’était pas sûr que tout le monde aurait réagi comme lui. Lui, il trouvait la situation cocasse et amusante, même s’il avait eu une minute d’incompréhension, à se demander comment il devait réagir… Il avait d’abord pensé à un pari, mais aussi à une fan hystérique, mais heureusement pour lui cela n’avait pas été le cas. Au contraire, apparemment, il lui rendait service, et c’était quelque chose que le trentenaire aimait faire donc il poursuivit ce petit jeu. « Pitié, pas de genou à terre, je risque de partir en courant sinon. » Ils étaient loin d’en être là, c’était juste pour être sûr du bon scénario à jour que Deklan demandait et proposait des détails. « Au moins, ça aurait le privilège de vous libérer d’eux et de moi, par la même occasion. » répondit-il, quelque peu amusé. Accoudé d’une part sur ce bar, il regardait la jeune femme avec intérêt, se demandant s’il l’avait déjà croisée quelque part. « Si c’était une technique de drague, elle serait au moins aussi foireuse que la mienne. Mais oui, je me disais bien qu’on s’était déjà croisé. Au Death Before Decaf, non ? J’ai tendance à y passer le matin quand je bosse de nuit. Je sais pas si je dois remercier ce café pour m’avoir tenu éveillée ou l’accuser de mon incapacité à dormir quand je rentre. » A ses mots, le trentenaire réfléchit pour essayer de la revisualiser au DBD, puisqu’elle l’avait mentionnée, c’était forcément là-bas. « Et si c’est pas ça, alors… j’en sais rien, et je suppose que c’est légitime de te demander ce que tu fais dans la vie, histoire de faire la discussion ? » Il l’écoutait parler, elle parlait beaucoup en fait au final, probablement stressée à l’idée de laisser un blanc entre elle et lui. « Je suis gérant du DBD. » annonça-t-il pour mettre fin au suspens. « Entre autre… Je fais aussi plein d’autres trucs mais… je me souviens... » qu’il dit avec un air malicieux, la fixant droit dans les yeux, il ajouta : « Triple expresso, l’infirmière. » dit-il se rappelant l’avoir vu en tenue, et plutôt une habituée des lieux, faisant partie des premiers clients de la journée en général.
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Albane n’avait jamais été très douée pour engager la discussion avec de parfaits inconnus, et créer des liens à partir de là. Et même si la situation s’avérait amusante, elle n’était tout de même pas certaine que la simulation de couple soit la meilleure approche dans le futur. Pour l’instant, cela avait le mérite de tenir les boulets à l’écart. Qui plus est, maintenant qu’elle n’était plus pendue à son cou, ils se tenaient tranquilles, se contentant d’explorer leurs options. « J’en sais rien, je trouverais ça dommage de se quitter sur un tel drame. » Il aurait l’air plus con qu’elle au final. Quoique pour cela, il aurait fallu qu’on leur prête vraiment attention, alors qu’en réalité, les gens étaient trop occupés par le cours de leur soirée pour les remarquer. La manière dont ils se quitteraient n’avait en réalité pas tant d’importance, ce n’était pas comme s’ils allaient être amenés à réellement se fréquenter par la suite. Hormis pour le café dont la française ne savait pas vraiment se passer. Plus d’une fois elle s’était dit qu’il faudrait qu’elle commence à les faire chez elle, qu’elle rentabilise enfin son thermos. Et à chaque fois, elle oubliait ou était trop en retard pour s’en occuper. Une information qu’elle avait bien fait de taire étant donné qu’apparemment, elle ne faisait pas face à un simple barista. « Oh. Est-ce que j’ai pensé à complimenter le nom du café déjà ? » Le décaf aurait certainement sa mort si elle s’y essayait. « C’est quoi, ces autres trucs ? » Il avait attisé sa curiosité. Tenir un commerce n’était déjà pas supposé être une activité à temps plein ? Est-ce qu’il faisait partie de ces gens qui menaient mille vies en une ? Au moins, ils étaient fixés sur leur principal lieu de rencontre. Le triple expresso, c’était elle. L’infirmière, aussi. « Ouip, ça résume assez bien ma vie. Ravie de savoir que je n’ai pas hérité du surnom ‘zombie’ ou ‘Droopy’. » Elle n’était jamais bien fringante quand elle errait pour son café matinal. La vie des urgences s’occupait des cernes. « Vous étiez seul, ce soir ? Je n’ai même pas demandé si j’étais en train de vous retenir ou quoique ce soit. »
25 février 2022. La situation pouvait prêter à toute sorte de scénario et pourtant, Deklan le prit assez cool. Il était de nature chill et ne pas chercher le mal dans les situations en tous genres. Puis, Albane se montrait plutôt chaleureuse, elle ne lui paraissait pas bien agressive et ce fut pourquoi il se prêta au jeu. « J’en sais rien, je trouverais ça dommage de se quitter sur un tel drame. » Il haussa les épaules, ayant l’air penaud. « Oh j’ai l’habitude d’avoir le cœur brisé. » Une main sur le cœur pour dramatiser la situation, il finit par sourire en lui adressant un regard complice. Elle n’était pas obligée de lui faire du small talk si elle n’en avait pas envie, il comprendrait qu’elle veuille s’extirper de cette soirée si elle ne se sentait plus à l’aise… Mais elle prit tout de même le temps de lui répondre, et ils se rendirent compte qu’ils s’étaient finalement déjà croisés. « Oh. Est-ce que j’ai pensé à complimenter le nom du café déjà ? » Un petit rire vint se faire entendre, surtout que ce commentaire le touchait particulièrement quand on savait que c’était son meilleur ami qui avait monté la marque. « Qui boirait du décaf’, sérieux ? » dit-il sur un ton exagérément hautain, même s’ils étaient obligés d’en vendre, et qu’un bon nombre de gens appréciait le décaféiné surtout après une certaine heure de la journée. « C’est quoi, ces autres trucs ? » Il n’aimait pas forcément en parler si on ne le reconnaissait pas, après tout ça l’arrangeait bien d’avoir une petite notoriété qui ne l’empêchait pas de vivre comme une personne normale. « Pour faire court, on va dire, que j’aide les gens à mener une vie saine à travers mes réseaux. » Voilà, simple, efficace, et on ne dirait pas qu’il frime ou qu’il se vante – car c’était loin d’être une de ses caractéristiques. « Ouip, ça résume assez bien ma vie. Ravie de savoir que je n’ai pas hérité du surnom ‘zombie’ ou ‘Droopy’. » Elle était drôle. « Non, je ne me permettrais pas… Ce n’est pas notre genre de donner des surnoms aux habitués… Quelle idée loufoque… » dit-il en faisant les gros yeux, ayant l’impression d’avoir été pris en flagrant délit… « Vous étiez seul, ce soir ? Je n’ai même pas demandé si j’étais en train de vous retenir ou quoique ce soit. » Il se pencha pour regarder derrière elle et vit au loin la table où se trouvaient deux collègues. « On était venus boire un verre avec deux collègues mais vous en faites pas, je suis toujours en train de parler à tout le monde, ils ont l’habitude. » En effet, Deklan pourrait parler à un mur, et parfois on le lui reprochait… Mais elle n’avait pas à s’en faire.
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Finalement, cette rencontre inopinée n’était pas si désagréable que ça. Maintenant que le malaise était passé, Albane prenait même un certain plaisir à exploiter les quelques minutes qu’ils avaient devant eux à jouer le jeu de la crédibilité. Elle ne put s’empêcher de rire à le voir se mettre dans le rôle de la victime, ne sachant pas exactement quelle crédibilité lui accorder. Il avait l’air d’être le genre d’homme à avoir du succès avec les femmes, elle ne serait pas étonnée s’il était en fait réellement habitué aux dates Tinder qui ne menaient à rien. « C’est absolument honteux. Elles ne savent pas ce qu’elle rate. J’espère au moins qu’elles ont la décence de t’offrir le discours du ‘c’est pas toi c’est moi’ avant de te briser le cœur quand même. » Aka le prétexte facile qui en fait ne prenait aucune responsabilité dans la rupture la plupart du temps. Au moins, la française pouvait promettre une fidélité certaine à son café. Elle serait bien incapable de faire faux bond à sa dose de caféine journalière. Oh, elle avait bien du décaféiné dans son placard pour les jours où elle sentait qu’elle avait abusé, un élan presque conscient pour éviter les soucis cardiovasculaires par exemple. Mais le pot mettrait certainement un paquet d’années avant d’être consommé. « Un outrage au café. » acquiesça-t-elle sans même chercher à défendre les bienfaits de cette alternative. Un point sur lequel ils semblaient parfaitement d’accord. Surtout que s’il était le genre à avoir d’autres activités en même temps, il devait aussi avoir besoin de cette source d’énergie alternative. A l’observer, elle n’avait pas vraiment d’idées de quel genre de boulot ou passion il pouvait avoir à côté ; mais une présence sur les réseaux sociaux n’était pas si étonnante. Il avait le profil, sympathique, dynamique, bel homme. « On ne se connaît clairement pas de là, alors. Je suis du genre à surtout suivre des pages avec des animaux mignons, et à mener une vie tout sauf saine. » Cela semblait léger, dit comme ça. C’était juste vrai ; elle cochait probablement toutes les cases de ce qui n’était pas recommandé pour avoir une vie saine. L’idée des surnoms fit naître une lueur malicieuse dans son regard. « Moi, je pense que ça pourrait être drôle. Si je connaissais quelques surnoms d’habitués, ça me donnerait envie de venir plus souvent au café pour essayer de les reconnaître. » Parfaitement le genre de jeux qui l’amusait. Elle était contente de ne pas le déranger en tout cas, se contentant de sourire avec douceur. « Un papillon social, hein ? »
25 février 2022. Deklan n’aurait pas pu imaginer le tournant de cette soirée même s’il avait pris le temps d’y réfléchir. Il était là en coup de vent, le temps de refaire descendre la pression du travail, mais au fond il avait hâte de retourner chez lui, se reposer. Il ne s’attendait pas à ce qu’une inconnue s’agrippe à lui pour se sauver des pattes de plusieurs hommes plutôt lourds, et insistants. Il accepta de jouer le jeu, et trouvait cela plutôt drôle de voir la jeune femme s’expliquer comme elle pouvait pour ne pas paraître trop dingue… « C’est absolument honteux. Elles ne savent pas ce qu’elle rate. J’espère au moins qu’elles ont la décence de t’offrir le discours du ‘c’est pas toi c’est moi’ avant de te briser le cœur quand même. » Oh, si elle savait, Albane. Non, généralement, elles préfèrent partir sans se retourner pour ne pas devoir le confronter. « Figure-toi que non, je garde pas de très bons souvenirs de ces ruptures. » qu’il dit d’un ton léger, pas du tout là pour parler de ses histoires de cœur mais pas non plus là pour mentir. Finalement, les deux trouvèrent d’où ils se connaissaient, et c’était plutôt drôle comme coïncidences. « Un outrage au café. » Deklan était d’accord, lui aussi était adepte d’un bon café bien noir pour se réveiller le matin. « On ne se connaît clairement pas de là, alors. Je suis du genre à surtout suivre des pages avec des animaux mignons, et à mener une vie tout sauf saine. » Le trentenaire émit un petit rire en la regardant d’un air amusé, au moins elle assumait… « C’est vrai qu’un triple shot d’expresso au quotidien, c’est pas forcément recommandé. » répondit-il pour la taquiner, et sans réellement mentir, après tout, les médecins ne recommandaient pas de boire du café à outrance… « Moi, je pense que ça pourrait être drôle. Si je connaissais quelques surnoms d’habitués, ça me donnerait envie de venir plus souvent au café pour essayer de les reconnaître. » Il haussait les épaules d’un air innocent, venant mettre son index sur la bouche : « C’est top secret » confia-t-il toujours sur le ton de l’humour alors qu’il finit par la rassurer sur le fait qu’il ne la dérangeait pas. « Un papillon social, hein ? » « On peut dire ça comme ça » lança-t-il, un air presque angélique sur le visage. « Et pour quelqu’un qui se inoffensive, et généralement timide, je trouve que tu arrives plutôt bien à sociabiliser. » déclara-t-il à son attention.
I see problems down the line, I know that I’m right
C’était drôle de voir les sujets que les rencontres éphémères offraient. Il n’y avait pas vraiment de fil directeur, ce n’était qu’une continuité d’histoires sur la comète, d’humour et de semi-vérités. C’était léger, sans l’engagement que devait promettre leur prétendu couple. Peut-être qu’ils ne parleraient plus jamais en réalité, alors autant profiter du moment. Comment se retrouvaient-ils à parler de rupture, au juste ? Elle haussa les épaules dans une moue. Les ruptures étaient rarement des moments agréables à vivre. « Au moins, je n’ai pas de compte à rendre à une copine en furie. » Car elle se doutait qu’elle aurait franchement regretté son approche, et que toute solidarité féminine se serait barrée bien loin. Elle s’intéressait à Deklan en tout bien tout honneur, c’était promis juré. Elle ne pouvait même pas passer pour une groupie étant donné qu’elle était n’avait clairement pas le profil pour ce qu’il semblait proposer sur les réseaux sociaux. A moins qu’il ait un animal mignon, il n’aurait probablement pas attiré son attention. En revanche, ses cafés, là… Elle plaidait coupable de ne pas savoir en faire d’aussi qualitatifs. Un vice qui la fit rire sans la moindre culpabilité. « Quasiment certaine que ton comptable ne serait pas d’accord. » répondit-elle malicieusement. Elle lui faisait un chiffre d’affaires assuré à réclamer ses excès de caféine. Qu’elle ne puisse pas avoir droit aux secrets du café malgré sa loyauté sans faille la fit malgré tout faire la moue. « J’irai soudoyer ton barista la prochaine fois. » Elle ferait les yeux doux et offrirait un pourboire. Elle aimait bien les secrets du genre, aimait avoir l’audace de prétendre qu’elle le ferait. Puisqu’elle devait passer pour une personne sûre d’elle ce soir, autant en profiter. C’est vrai que c’était loin de sonner inoffensif et timide. Coupable, encore une fois. « Le secret, c’est une demi-bouteille de vin rouge dans le sang. » confia-t-elle d’une voix basse en faisant mine de regarder autour d’eux pour vérifier que personne ne les entendrait. « Mais je vois que je suis la seule à accepter de confier mes secrets. » rajouta-t-elle sur un air à peine dramatique. En tout cas, son petit tour du soir avait fonctionné, l’attention de la table bourrée de testostérone était repartie ailleurs. « Ce sera probablement différent la prochaine fois qu’on se croisera. Merci encore, en tout cas. »
25 février 2022. Deklan était clairement tombé dans un guet-apens et il n’avait rien vu venir. Heureusement, avec les secondes qui passaient et la discussion qui allait de bon train, il se rendit compte qu’Albane était inoffensive – au contraire, elle avait besoin qu’on la protège un instant. C’était clairement dans les capacités de Deklan, lui qui était altruiste naturellement, il n’avait pas hésité une seconde à jouer à ce petit jeu. « Au moins, je n’ai pas de compte à rendre à une copine en furie. » Il secoua la tête, en approuvant : « Pas de soucis à se faire de ce côté-là. » Elle n’avait pas à s’inquiéter, aucune conséquence à ce rentre dedans improvisé. « Quasiment certaine que ton comptable ne serait pas d’accord. » Il fit mine de réfléchir un instant en regardant en l’air… « Probablement oui, il est proche de ses sequinsl’italiano ! » qu’il dit en imitant un accent italien sur la fin, évoquant la roublardise de son comptable italien. Mais soit, il pouvait bien faire quelques exceptions pour ces habitués… Habitués qui n’avaient pas de surnoms déplacés, Deklan plaidait non coupable à ce sujet ! « J’irai soudoyer ton barista la prochaine fois. » Un petit rire s’échappa de ses lippes amusées, mimant d’un signe de main qu’il gardait le silence de son côté. « Le secret c’est une demi-bouteille de vin rouge dans le sang. » Elle regarda autour d’elle avant d’ajouter : « Mais je vois que je suis la seule à accepter de confier mes secrets. » Il haussa les épaules, faisant mine de pas changer de fusil d’épaules, non non il ne craquerait pas… « Il me faudra plus qu’un câlin forcé pour me faire parler, mademoiselle. » dit-il avec un sourire amusé, évoquant vaguement cette étreinte qu’elle avait offert quelques minutes plus tôt. « Ce sera probablement différent la prochaine fois qu’on se croisera. Merci encore, en tout cas. » Il regarda sa montre. « Les dix minutes sont écoulées, je pense que la voie est libre. » affirma-t-il d’un grand sourire. « Pas besoin de forcer plus, tu peux y aller sans que je me sente vexé… » ajouta-t-il toujours autant amusé, et la prochaine fois qu’elle viendrait au DBD il pourrait la saluer par son nom.
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