30 secondes, c’est le temps qu’il restait avant que le canon ne sonne et que le massacre commence. Le tube remonte et je découvre enfin l’arène. Tremblant comme une feuille je découvre un décor désertique autour de nous. Le premier truc qui me frappe en sortant du tube c’est la chaleur, elle est étouffante. Je me doutais qu’on serait projetés dans un climat chaud puisqu’on nous a habillés avec des shorts et des t-shirts très légers. Je balaie l’arène du regard et tout ce que je vois c’est cette corne d’abondance au milieu de ce qui ressemble à un un désert composé de dune et de terre désolée. Venant du district 7 j’avais espéré naïvement tomber sur une forêt où l’on pourrait se cacher facilement.

20 secondes. Je cherche Dani du regard mais je n’arrive pas à la voir tout de suite. Je dois la trouver et vite, pour la protéger de cet enfer et pour qu’elle ressorte vivante de tout ce massacre. Dani est ma meilleure amie depuis toujours, celle que je considère comme une soeur et que je connais depuis que je suis tout petit puisque nous sommes voisins. Quand son nom a été tiré au sort pendant la moisson mon coeur s’est arrêté, c’était comme si on m’arrachait une partie de moi. Quand le tour du tirage au sort du tribut masculin est arrivé et que j’ai vu qu’un gamin de 13 ans était tiré au sort je me suis porté volontaire. Pour éviter que quelqu’un d’aussi jeune aille à l’abattoir mais surtout pour Dani, parce que je ne pouvais pas supporter l’idée qu’elle trouve la mort dans les jeux. Elle devait vivre et je devais la protéger.

10 secondes. J’ai enfin repéré Dani, elle est sur ma droite, quelques piédestaux plus loin, j’essaie de la regarder et de lui dire “tout ira bien” mais c’est faux. Ca ne peut pas aller, le compte à rebours arrive bientôt à son terme et bientôt ces dunes seront imbibées de sang. Nous avons longtemps discuté de la stratégie que nous souhaitions adopter et la réponse était simple : éviter à tout prix le bain de sang pour fuir le plus vite possible loin des tributs et surtout des carrières. L’arène désertique venait tout remettre en question, il n’y avait pas de forêt où se cacher, il faudra courir loin, très loin en espérant tomber sur un abri ou une cachette.

0. Le canon retentit et mon coeur rate un battement. Je m’élance hors de mon piédestal et je cours dans la direction de Dani. J’évite de près des coups et je la vois se diriger vers un sac positionné un peu en retrait de la corne d’abondance. Non non Dani ne fais pas ça. Un tribut l’a repérée, il est plus rapide qu’elle et il s’apprête à l’attaquer. “Dani, attention sur ta droite !” Je lui cris alors que je cours dans sa direction, bien déterminé à tuer celui qui a osé l’attaquer.

Je ferme les yeux, essayant de calmer ma respiration. Ma vie a changé depuis que mon nom a été tiré au sort pour représenter le tribut féminin du district sept durant les moissons. Lorsque j’ai entendu mon prénom raisonner dans les haut-parleurs, mon cœur a loupé un battement. Mon destin a été figé en l’espace de quelques secondes, j’allais potentiellement mourir dans les prochains mois. Les adieux avec ma famille ont été déchirants. Je n’oublierai jamais le regard de mes parents alors que Cesar et moi partions à l’abattoir. Foutue dictature. Le seul point positif dans cette histoire, c’est que mon meilleur ami se soit porté volontaire pour m’accompagner. Nous nous connaissions depuis toujours, nous avons grandi ensemble et nous nous sommes promis de nous protéger jusqu’à la mort nous sépare.

Les Hunger Games sont sans pitié. Il n’y a qu’un seul et unique survivant, j’étais prête à donner ma vie pour protéger Cesar. Je rentre dans la cabine, les stylistes m’ont habillé de ma « tenue » de combat. Je suis assez surprise, l’accoutrement est assez court et léger. Dans quel type d’arène allons-nous nous trouvés ?

Le compte à rebours est lancé. Soixante secondes avant que les jeux soient officiellement lancés. Je me répète les instructions de notre mentor : « Fuyez au plus vite et trouvez-vous un point d’eau. » La cabine s’enclenche et je découvre bientôt l’arène. Mon souffle est coupé en découvrant un endroit désertique. Fais chier. J’aurais préféré tomber sur une forêt ou une jungle. Actuellement, Cesar et moi n’étions pas du tout à notre avantage. Rapidement je repère mon meilleur ami, il est sur ma gauche. Malgré l’angoisse qui monte en moi, et que je me sens soudainement désemparée, son regard est réconfortant. J’ai tout juste le temps de lui adresser un sourire que le canon retentit. Et c’est l’apocalypse.

Avec la peur, je fais du n’importe quoi. Je m’élance pour récupérer le sac le plus proche, bien consciente que son contenu ne sera pas le meilleur, mais récupérer les armes les plus fortes à la corne d’abondance est une mission suicide. Soudainement j’entends la voix de Cesar. Alors que je suis sur le point d’attraper le sac. Par automatisme, je me baisse pour éviter de me faire tuer dès les premières secondes du jeu. Cesar lui donne un énorme coup, l’assommant sur le passage. Je me redresse et enfile le sac à dos sur mes épaules. Je suis prête à courir le sprint de sa vie, c’est bien l’un de mes points forts. Je galope aussi vite qu’une tigresse et grimpe aux arbres comme un singe. Dans l’hypothèse où nous croisons une forêt de cette arène. « Faut qu’on fuit ! Maintenant ! » J’attrape la main de Cesar, c’était ma façon de le remercier, avant de me mettre à galoper de plus belle.

@Cesar Gutiérrez

Mon cœur s’arrête en voyant Dani courir vers le sac. Mais pourquoi est-ce qu’elle fait ça ? Elle prend des risques énormes, nous nous étions mis d’accord avec notre mentor, la stratégie était la suivante : s’enfuir le plus loin possible et essayer de faire profil bas en attendant d’avoir trouver de l’eau et un abri. Au lieu de ça elle prend des risques considérables, elle risque sa vie pour un sac qui n’en vaut peut-être même pas la peine. Mon visage se déforme quand je lui hurle de faire attention. Je ne suis pas le seul à avoir vu qu’elle se rapprochait de la corne d’abondance pour attraper une partie du butin, un tribut fonce droit sur elle. Je cours dans sa direction, du plus vite que je peux à cause du sable qui me ralentit considérablement. Elle se baisse en entendant le son de ma voix et évite de justesse le tribut qui l’attaquait. Je me jette sur lui et je le plaque au sol. Avant qu’il n’ait eu le temps de réagir je lui mets un coup dans la mâchoire. J’ai frappé du plus fort que j’ai pu et la tête du tribut roule sur côté. L’impact a été suffisamment puissant pour le mettre hors d’état de nuire, je ne pense pas l’avoir tué, il est simplement inconscient. Ce qui nous laissera le temps de nous enfuir et les carrières se chargeront de venir finir le travail s’il n’a pas repris conscience d’ici là. Je me redresse, je respire très fort et j’ai du mal à reprendre mon souffle, je regarde ce type au sol que je viens de cogner, celui qui voulait tuer Dani. Elle me prend la main pour m’entraîner loin du bain de sang. « Faut qu’on fuit ! Maintenant ! » Elle a raison, on ne peut pas rester planter là, on est des cibles faciles. Nous sommes trop exposés et nous devons profiter du bain de sang et du fait que les carrières sont occupées à massacrer le plus de gamins possibles pour nous enfuir.

Je cours à ses côtés, je la regarde, elle a l’air terrorisé et même si je me suis porté volontaire pour la protéger je ne suis pas plus rassuré qu’elle. J’ai peur, je ne veux pas mourir et surtout je ne veux pas la voir souffrir. Nous n’avons aucune expérience du combat, aucun entraînement, rien qui pourrait nous aider à survivre. J’ai toujours été du genre bagarreur mais je n’ai jamais été entraîner à tuer. J’ai eu de la chance avec ce type mais est-ce que j’arriverai à la protéger si on tombe sur plus fort ou sur un groupe plus important ? Au bout d’un moment, la corne d’abondance est loin derrière nous et une zone pleine de rochers se dresse devant nous. Je ne sais pas comment appeler ça mais ça ressemble à un canyon, c’est un endroit idéal pour trouver une cachette et pour nous reposer un peu. Je lui prends la main et s’adosse contre un bout de canyon, nous sommes à l’abri des regards, mais pour combien de temps ? “Putain c’est pas passé loin.” J’essaie de reprendre ma respiration. “Refais plus jamais ça Dani, j’ai eu super peur, il aurait pu te tuer ? On devait courir le plus vite possible, pourquoi t’as fait ça ?” Mon ton est monté, plus que ce que je n’aurais voulu mais j’ai vécu des émotions trop fortes pour rester calme. “Je suis désolé je voulais pas te crier dessus mais je veux pas te perdre.” Et je la prends dans mes bras, je la serre fort parce que j’ai bien cru que c’était la fin pour elle. Je ne sais pas ce que j’aurais fait si elle s’était faite tuer, j’aurais sûrement massacré ce gars et ensuite quoi ? Dani c’est ma moitié, je n’imagine pas vivre sans elle. Il reste maintenant à ouvrir le sac et voir le mystérieux contenu du sac qui a failli lui coûter la vie.

Malgré le sable sous nos pieds, j’essaye de donner du rythme à cette course contre la mort. S’il y a bien un truc pour lequel je me suis entrainée (en plus de mes compétences avec les plantes qui sont pour l’instant totalement inutiles étant donné le cadre qui nous entoure, merci les organisateurs des jeux), c’est bien la course. Je serre fort la main de mon meilleur ami tellement je suis stressée. J’ai vraiment fait quelque chose de stupide. J’ai perdu mes moyens, heureusement qu’il a assommé le gars qui a voulu ma peau. Sans lui, je serai sans doute déjà morte. Je n’ose pas imaginer l’état de nos parents, leurs regards rivaient devant le poste de télévision.

Au bout de cinq bonnes minutes à courir vers l’inconnu, les bruits de lutte se font plus discrets et nous découvrons un immense canyon. Cesar récupère ma main et nous nous dirigeons vers les rochers pour se cacher et surtout reprendre notre respiration. « Putain c’est pas passé loin. » J’en ai encore des sueurs froides dans le dos et en même temps mon corps tout entier est transpirant. « Refais plus jamais ça Dani, j’ai eu super peur, il aurait pu te tuer ? On devait courir le plus vite possible, pourquoi t’as fait ça ? » Je baisse les yeux bien consciente de mon erreur de débutante. « Je sais, je suis désolée, j’ai paniqué. » J’étais tétanisée depuis que mon nom avait été choisi. Lorsque que le canon a retenti dans l’arène et que tout le monde s’est mis à courir -et s’entretuer-, j’ai oublié tous les conseils prodigués par notre coach. J’ai vu un sac, j’ai couru comme une idiote, et j’ai failli frôler la morte. Bêtement. « Je suis désolé je voulais pas te crier dessus mais je veux pas te perdre. » Cesar vient me prendre dans ses bras, je le serre fort en retour. J’avais eu si peur. Je me sentais si stupide. Habituellement j’étais une personne réfléchie et posée, mais là les conditions sont complètement différentes. Elles sont dangereusement mortelles. Les erreurs ne sont pas permises. Je réfute complètement le fait qu’il y ait un seul vainqueur. Je ne veux pas perdre mon meilleur ami. Je veux vivre, je veux qu’on vive, qu’on vieillisse ensemble. « Moi non plus. » Je déglutis péniblement, pourtant ce n’était pas le moment d’être faible. Je me détache doucement de Cesar les mains tremblantes. Je décide de poser le sac au sol, entre nous. « On regarde le contenu ? »

Win : c’est le jackpot ! vous trouvez un couteau-suisse, un allume feu et deux gourdes remplies d’eau, et un kit médical (contenant des bandages, un désinfectant et des médicaments).

So close : c’est mitigé ! Vous trouvez un couteau, deux gourdes vides, une lampe torche et une boussole.

Fail : c’est la catastrophe ! Vous trouvez une corde, deux bâtons de bois et une gourde vide.

@Cesar Gutiérrez

« Moi non plus. » La pression redescend d’un cran et en reprenant ma respiration je fais un peu la morale à Dani qui a pris des risques sans me consulter avant. Mon ton est un peu trop agressif et elle baisse la tête comme un enfant qu’on réprimande. « Je sais, je suis désolée, j’ai paniqué. »Je vois bien que je l’ai vexée, elle n’a pas besoin de ça alors qu’elle pensait bien faire. Elle voulait nous aider, le sac était là juste devant elle c’était très tentant. On doit rester soudés, garder espoir et je me rends vite compte que je n’aurais pas dû m’emporter comme ça. On va bien, on s’en est sortis avec plus de peur que de mal et c’est le principal. Je la prends dans mes bras et je la serre fort, j’ai besoin de la sentir près de moi, de sentir que je ne suis pas seule et qu’elle va bien. Si des caméras n’étaient pas en train de nous filmer je pense que j’aurais certainement pleuré sur son épaule parce que cette situation est dramatique. Nous sommes en vie mais combien de gamins innocents sont tombés pendant les premières minutes des jeux ? Le canon a sonné pendant qu’on courait mais j’étais trop préoccupé par notre fuite pour les compter, il faudra attendre le récapitulatif de cette nuit, où les visages des tributs défunts seront projetés dans le ciel. Je ne peux pas pleurer et Dani non plus, nous devons rester forts et surtout donner l’image que nous restons forts pour les sponsors qui seraient potentiellement intéressés par nous.

« On regarde le contenu ? » Je hoche la tête et Dani se baisse pour ouvrir le sac et en sortir le contenu. Là c’est le choc, le sac est rempli, très rempli même puisqu’il contient deux gourdes pleines, des allumettes, un couteau suisse et un kit médical. “Incroyable.” Un véritable jackpot, je ne m’attendais pas à une aussi bonne prise. “C’était un risque énorme que t’aurais pas dû prendre mais en fait tu nous as peut-être sauvés.” Je fais référence à l’environnement dans lequel nous sommes plongés. Dans une forêt classique nous aurions peut-être pu survivre sans sac, après tout c’est notre environnement naturel puisque nous venons du district 7. Mais dans des conditions aussi extrêmes nous serions morts de déshydratation avant d’avoir recroisé la route d’un tribut. “Il fait beaucoup trop chaud par ici. Sans eau je sais pas comment on aurait fait. Mais on va devoir économiser je pense, je suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’eau dans le coin.” Je regarde autour de nous avant de dire. “Faut qu’on trouve un abri.”

« Incroyable. » La stupéfaction peut se lire sur nos visages. Après une bonne frayeur place au soulagement. Le risque irréfléchi que j’avais pris n’a pas été inutile au final. Nous avons le minimum de survie devant nos yeux, dont des précieuses gourdes d’eau. J’en prends une entre les mains et je constate qu’elle est remplie. Je prends la seconde pour vérifier que je ne rêve pas. « C’était un risque énorme que t’aurais pas dû prendre mais en fait tu nous as peut-être sauvés. » Je hoche la tête encore essoufflée par notre course. Je dois vraiment reprendre mes esprits. Penser de façon logique et non suicidaire. « Il fait beaucoup trop chaud par ici. Sans eau je sais pas comment on aurait fait. Mais on va devoir économiser je pense, je suis pas sûr qu’il y ait beaucoup d’eau dans le coin. » « Il doit bien avoir une oasis dans ce désert, mais bon on risque de ne pas être les seuls à chercher un point d’eau. » Je réfléchis à voix haute, je commence déjà à mal supporter la chaleur, ou c’est l’adrénaline du début des jeux. Je suis habituée à la fraicheur et l’ombre des forêts de notre district. J’aime entendre les bruits de la nature et des animaux, cependant seul un décor désertique fait face à nos yeux impuissants. « Faut qu’on trouve un abri. » « C’est peut-être une meilleure idée. » répondis-je avec un mince sourire. Je remis le sac à dos sur mes épaules et repris la marche avec Cesar. Le désert avait l’air infini pourtant l’arène doit bien avoir un  périmètre délimité. « J’espère qu’on aura autre chose que du désert dans cette arène. » dis-je avec un soupire.

@Cesar Gutiérrez

Nous devons économiser nos réserves en eau, deux gourdes c’est peau, surtout avec la chaleur qui nous fait déjà énormément transpirer. Avoir de l’eau nous donne déjà un avantage par rapport aux tributs qui n’auraient pas eu cette chance et qui souffriront très bientôt de la déshydratation mais pour combien de temps ? On tiendra peut-être une journée, deux si l’on se rationne mais on ne pourra pas tenir davantage. « Il doit bien avoir une oasis dans ce désert, mais bon on risque de ne pas être les seuls à chercher un point d’eau. » Je ne sais pas quoi penser, d’un côté je me dis que ce serait logique qu’ils aient mis un point d’eau dans le désert, ils ne pourront pas prolonger le spectacle indéfiniment si tous les tributs meurent de soif. D’un autre côté je me dis que le but c’est aussi de nous pousser à bout pour peut-être annoncer que des réserves d’eau sont disponibles à la corne d’abondance. Ce qui permettrait de rassembler tous les tributs au même endroit pour nous pousser à nous entretuer. Tous les scénarios se bousculent dans ma tête et le soleil commence à taper très fort, je commence à avoir mal à la tête. “J’en sais rien, pas sûr. Je suis sûr qu’ils veulent nous pousser à bout. Mais on va chercher.” Je me rends compte que je suis plutôt défaitiste mais ça me parait trop simple qu’ils aient placé une oasis, c’est forcément entouré d’un piège et je préfère rester méfiants. Tout est fait ici pour nous tuer ou pour qu’on se fasse tuer par d’autres tributs. “Désolé je suis pas très optimiste mais dans tous les cas si les autres savent qu’on a de l’eau ils voudront nous la prendre.” Nous devons protéger le sac à tout prix, je ne sais pas comment est-ce qu’on pourrait survivre sans lui, Dani nous a sûrement sauvé la vie en le récupérant. Je lui propose d’aller chercher un abri pour passer la nuit en sécurité. « C’est peut-être une meilleure idée. » Chercher de l’eau et de quoi manger pourra attendre demain. “Faut qu’on se cache et qu’on soit discrets. Et puis la nuit dans un désert il fait toujours froid.” C’est ce que j’ai toujours entendu dire et si c’est le cas nos vêtements seront trop fins pour nous permettre de dormir sans geler sur place. « J’espère qu’on aura autre chose que du désert dans cette arène. » “J’espère aussi.” Je ne veux pas me montrer défaitiste mais cette arène est tout ce que j’appréhendais. Elle ne ressemble à rien de ce qu’on connaît et les conditions sont extrêmes. Nous marchons à la recherche d’un abri et finalement nous trouvons parmi les rochers l’endroit parfait. Je m’assieds près de Dani et la nuit tombe petit à petit. Je commence à avoir faim, demain nous devrons trouver de quoi manger mais je pense que ce sera mission impossible, rien ne pousse par ici. La musique de l’hymne du capitole résonne et l'emblème est projeté dans le ciel. Le décompte des morts du jour va commencer. “1, 2, 3….9.” J’essaie de compter au fur et à mesure et surtout de mémoriser quels tributs sont tombés pour en déduire qui est encore vivant. “Sept tributs en moins, c’est déjà ça de moins. Bon les carrières sont toujours là.” Les carrières sont là et comme on l’imaginait le gamin du 10 qui devait avoir à peine plus de douze ans n’a pas survécu. Ces jeux sont d’une cruauté sans nom. Mais nous n’avons pas le temps de les pleurer, tout ce qui compte c’est que Dani s’en sorte. “Je pense que dès demain ils partiront en chasse, il faut qu’on soit prêts.”

« J’en sais rien, pas sûr. Je suis sûr qu’ils veulent nous pousser à bout. Mais on va chercher. » J’en avais bien peur. L’eau était la première ressource vitale pour survivre. On pouvait se passer de nourriture pendant quelques jours, mais on pouvait rapidement souffrir de déshydratation dans ce milieu désert et hostile. L’hypothèse qu’il y ait une oasis était la parfaite excuse pour créer un bain de sang et divertir les spectateurs. Je ne préférais pas y penser. « Désolé je suis pas très optimiste mais dans tous les cas si les autres savent qu’on a de l’eau ils voudront nous la prendre. » Je prends la main de Cesar pour essayer de le rassurer alors que nous marchions toujours à la recherche d’une planque. « Faut qu’on se cache et qu’on soit discrets. Et puis la nuit dans un désert il fait toujours froid. » « Tant qu’on est ensemble, ça va aller Cesar. » Je resserrai doucement ma main autour de la sienne à mes mots avant de commencer à me plaindre à propos de ce désert sans fin. « J’espère aussi. » Sans le savoir, nous allions regretter le prochain « décor » de cette arène meurtrière.

Après plusieurs heures de marche vers l’inconnu le plus total, nous trouvons enfin un abri. Je dépose le sac au sol et m’assieds, fatiguée par cette première journée. Je cale mon dos contre une roche alors que la nuit était tombée sans que je m’en rends compte. C’est alors que la musique significative des jeux se mit à raisonner. Je tremblais légèrement en découvrant les visages des candidats défunts. « 1, 2, 3….9. » Je laissais Cesar compter, je n’avais pas la tête à cela. « Sept tributs en moins, c’est déjà ça de moins. Bon les carrières sont toujours là. » Forcément, pensais-je intérieurement mais je ne voulais pas miner le moral de César dès la première nuit. J’avais toujours été la plus optimiste de nous deux, même dans les moments les plus sombres. Je me devais de prendre soin de mon meilleur ami, de ma moitié, et cela jusqu’à mon dernier souffle car j’avais parfaitement consciente du dénouement des jeux. Pourtant malgré la situation dramatique qui nous entourait et nous stressait, sans parler de notre peur grandissante, j’essayais de garder mon éternel sourire sur les lèvres. « Je pense que dès demain ils partiront en chasse, il faut qu’on soit prêts. » J’agite doucement la tête de haut en bas en silence. « Faut qu’on essaye de se reposer. » Même pour dormir, nous devons nous montrer prudents. Il fallait qu’on surveille nos arrières en cas d’attaque. Nous avions seulement des rochers pour nous camoufler, nous n’avions aucun arbre pour se cacher et dormir sereinement. « Si tu veux je fais le premier tour de garde. Je suis pas vraiment fatiguée. » J’étais encore terrorisée par les premières heures de jeu, mais je voulais me montrer vaillante. « Je te réveillais dans deux heures. » Du moins, j’essayerais. Nous n’avions aucun repère temporel dans cette arène. « Viens contre moi, tu ne dois pas attraper froid. » Ajoutais-je d’une voix douce et bienveillante. Même si Cesar donnerait sa vie pour me protéger, je restais l’ainée et je voulais prendre soin de lui également.

La nuit avait été longue et froide. A tour de rôle, on s’était relayé pour dormir. Le soleil commença à se lever dans l’arène, c’était mon tour de garde. Je plissais légèrement les yeux quand des rayons du soleil m’aveuglèrent avant de sentir un terrible vent glacial fouetter mon visage. Qu’est-ce qu’il se passait ? Je secouai doucement l’épaule de mon meilleur ami. « Hey Cesar, réveille-toi. » Murmurais-je. « Il se passe un truc étrange dehors. »

@Cesar Gutiérrez

Je viens de finir le décompte des tributs décédés, un funeste décompte mais il faut qu’on sache qui est encore vivant et surtout combien de tributs devront encore être éliminés pour qu’on s’en sorte. Je parle des carrières qui partiront dès demain matin traquer les tributs pour les éliminer un à un. « Faut qu’on essaye de se reposer. » Je hoche la tête, elle a raison. La journée a été pleine d’émotions et je n’ai déjà pas beaucoup dormi la nuit dernière à cause des jeux qui approchaient dangereusement. “Oui on tiendra pas demain sinon.” Nous aurons besoin de toutes nos forces et de toutes nos capacités de réflexion pour survivre, dormir était par conséquent vital. « Si tu veux je fais le premier tour de garde. Je suis pas vraiment fatiguée. » Pas question de dormir tous les deux en même temps, on deviendrait des cibles faciles.  “Je suis crevé, je veux bien merci.” C’est dans ces moments où je me dis qu’être deux est un gros atout, essayer de dormir en étant seul ressemble à une mission suicide. « Je te réveillais dans deux heures. » Je lui fais un petit sourire avant de lui répondre. “Super merci, n’hésite pas à me réveiller si besoin ou si t’es trop fatiguée.” Surtout il ne faut pas qu’elle s’endorme par mégarde, je préfère qu’elle me réveille si elle n’est pas sûre d’elle. « Viens contre moi, tu ne dois pas attraper froid. » Je viens me blottir contre elle et je cale ma tête sur ses cuisses. Allongé je la regarde droit dans les yeux et je lui dis avec le plus de conviction possible. “On va s’en sortir Dani. Je te promets qu’on va se battre et on va y arriver.” Et j’essaie de m’endormir, mon sommeil est agité. Je fais un cauchemar où l’on est attaqués, un cauchemar horrible où je vois Dani se faire tuer sous mes yeux alors que je suis maintenu par un autre tribut qui m’empêcher d’aller la sauver. Je dois bouger dans mon sommeil et avoir l’air très crispé. C’est finalement Dani qui me réveille plus tôt que prévu. « Hey Cesar, réveille-toi. » “Hein quoi ?” Je me réveille lentement et ce qui me saisit c’est le froid glacial. « Il se passe un truc étrange dehors. » Je me réveille un peu plus brusquement cette fois et je me relève pour voir ce qu’il se passe. “Qu’est-ce qui se passe ???”  Le soleil se lève et on peut voir un phénomène très étrange : le sol a changé, tout comme le reste du paysage. “Dani le sol ! Et les falaises ? Ou sont les falaises ?” Tout semble avoir disparu pendant la nuit, le désert ayant fait place à un décor glacial. “Et c’est quoi ce vent froid ?” J’essaie de réchauffer mes bras. Nos vêtements sont bien trop fins pour supporter des températures aussi extrêmes. Je suis encore plus en colère contre le capitole qui nous pousse à bout encore une fois. Tout ça pour leur putain de spectacle. “Mais merde c’est quoi ce bordel?” J’ai envie de crier mon désespoir au monde entier. Je n’ai pas envie de mourir d’hypothermie. “Dani on peut pas rester là, faut qu’on bouge” Je lui prends la main et nous partons de notre abri. Marcher ne nous réchauffe pas beaucoup et nous devons lutter contre un vent de face qui nous ralentit en plus de nous refroidir considérablement. Au bout de plusieurs dizaines de minutes nous arrivons face à un lac. Ou plutôt un lac gelé. “Elle était là leur foutue oasis. Ironique non ?” Trouver le point d’eau quand celui-ci a gelé alors que la veille on était en train de prévoir nos rations d’eau c’est quand même d’une ironie macabre.

Je me pince le bras pour vérifier que je ne suis pas victime d’hallucinations à cause de la déshydratation ou du manque de sommeil. Cependant les mots de mon meilleur ami confirment mes craintes. « Et c’est quoi ce vent froid ? » Mes dents se mettent à claquer par automatisme. On doit bouger pour ne pas congeler sur place. Intérieurement, je maudis les organisateurs des jeux. « Mais merde c’est quoi ce bordel ? Dani on peut pas rester là, faut qu’on bouge » Cesar attrape ma main alors que je serre les dents face au vent glacial. C’est un vrai parcours du combattant de se déplacer dans ce nouveau décor. De toutes mes forces, je garde mon calme et retient des jurons contre les organisateurs des jeux. Le but est de ressortir vivant de l’arène. Cependant la tenue qu’ils nous ont fourni semble complètement inutile à l’heure actuelle. J’ai déjà les doigts gelés. « Elle était là leur foutue oasis. Ironique non ? » Cesar me sort de mes pensées et mon regard se redresse vers ladite oasis. « C’est une blague ? » Je soupire tournant lentement ma tête vers mon meilleur ami. Je me sens impuissante. J’ai envie d’hurler de toutes mes forces mais ce n’est pas la solution. Je cherche une réponse dans le regard de mon meilleur ami, mais c’est le trou noir. Habituellement j’ai toujours une idée, mais là je suis désemparée quand soudainement j’entends du bruit au loin. Je retourne ma tête avant de découvrir deux carrières arriver comme des tigres affamés. Je serre la main de Cesar avant de lui dire. « Cesar ! On doit fuir ! Maintenant ! » Dani veut contourner l’oasis, elle ne veut pas l’emprunter, c’est trop dangereux. Mais soudainement des ronces se mettent à pousser tout autour, les contraignant à prendre le chemin de glace. « Les salauds. » que je râle entre mes dents avant de reprendre ma respiration et commencer à courir sur le lac.

Win : vous arrivez à traverser le lac, ouf !

So close : dans la précipitation, vous glissez et tomber sur les fesses. Vite il faut se relever avant que les carrières vous rattrapent !

Fail : sous votre poids, le lac commence à se fissurer… c’est la merde.

@Cesar Gutiérrez

Après de longues minutes de marche à la recherche d’un abri nous arrivons face à ce qui ressemble à un lac gelé. Le point d’eau que l’on cherchait hier alors que la chaleur de l’arène était écrasante. Mon poing se serre à la vue de cette oasis gelée, l’ironie de la situation est évidente et je le fais remarquer à Dani. « C’est une blague ? » J’aimerais que ça soit une mauvaise blague mais les juges ont décidé de nous pousser à bout. “J’en ai marre putain.” Je rêve de voir ce foutu lac fondre, finalement la chaleur cuisante c’était toujours mieux qu’un froid polaire pour lequel on n’est absolument pas équipés. Nous n’avons pas le temps de râler davantage puisque des bruits se font entendre tout près. Je me remets tout de suite sur mes gardes et je balaie rapidement les alentours du regard pour voir d’où vient ce bruit et s’il est source de danger. Et puis je les vois courir vers nous, ces fumiers de carrière. Joder de mierda, ils sont trois, armés jusqu’aux dents et ils foncent droit sur nous. « Cesar ! On doit fuir ! Maintenant ! » Elle attrape ma main et m’entraîne pour contourner l’oasis. Des ronces apparaissent, nous obligeant à passer par le lac gelé. « Les salauds. » Je serre plus fort sa main, comme pour lui dire “on a pas le temps pour ça.” et je cours. Dani glisse et je tombe avec elle. Je me relève tout de suite mais Dani a fait une mauvaise chute et je la vois se tordre de douleur. Elle tient sa cheville et je vois à son visage qu’elle s’est blessée et qu’elle ne pourra pas se relever aussi facilement que j’ai pu le faire. “Dani BORDEL lève toi !” Un des carrières arrive en courant et me plaque sur le côté avant que j’ai eu le temps de l’esquiver. Je m’écrouler sur la glace en lâchant un petit cri. Il m’empêche de bouger et son allié s’approche de Dani, une machette à la main. “DANIIIII” Le tribut qui me maintient me regarde avec un petit sourire et me dit “T’en fais pas elle souffrira pas longtemps, Bill sait y faire avec une machette.” Une rage immense me prend aux tripes, je refuse de rester passif pendant qu’ils essaient de la tuer. Je le fusille du regard avant de lui répondre. “Je vais te buter.” Il fait un signe de la tête à son coéquipier qui enfonce à plusieurs reprises la machette dans le corps de Dani qui arrête un peu plus à chaque coup de bouger. Je crie en entendant ses gémissements avant de hurler au gars qui m’empêche de bouger. “JE VAIS TE BUTER.” Je lui mets un coup avec ma tête, pile dans le nez qui lui fait relâcher son emprise. Je me dégage et je me relève, prêt à l’étrangler pour venger Dani. Il essuie d’un revers de la main le sang qui s’écoule de son nez et alors que je fonce sur lui pour lui régler son compte je sens une lame me transpercer dans le dos. Je laisse échapper un cri de surprise pendant que le tribut du deux qui m’a attaqué de dos retire d’un coup sec la lame de mon corps meurtri. Je m’écroule au sol près de Dani, je perds énormément de sang et le mien se mélange à celui de Dani qui a déjà fait prendre à la glace une teinte macabre. J’entends les carrières repartir en se disant que toute façon ça ne sert à rien de s’attarder ici puisqu’on crèvera bientôt. Ma poitrine se soulève difficilement, j’ai mal partout et je me sens de plus en plus faible. Je regarde Dani qui est déjà partie et je me mets à pleurer parce que je n’ai pas su la protéger. J’essaie de toucher sa main et je prononce une dernière fois son nom avant de la rejoindre. “Dani.”