Il n’aurait jamais pensé dire ça un jour, mais il regrette les pantalons en cuir d’Hugh Jackman. S’il avait su que peu après l’arrivée de Jina, leur tranquillité serait mise à mal par des mercenaires, il aurait passé bien plus d’heures à profiter de ce semblant de normalité – et oui, ça comprend le fait de rentrer le ventre et s’enduire les jambes de talc pour parvenir à enfiler les pantalons de l’acteur et profiter de ce qui se rapproche le plus d’une virée shopping. Sur la route depuis une ou deux semaines (peut-être plus, peut-être moins, sa notion du temps est relative), Kieran est néanmoins reconnaissant au destin d’avoir mis Jina sur sa route, plutôt que de lui en vouloir d’avoir chamboulé son quotidien. Dans le fond, il ne sait pas si le groupe qui les a attaqués était celui qu’elle avait quitté peu avant ; et le seul fait qu’elle ait pris la route avec lui plutôt que de l’abandonner est la preuve de sa bonne foi. Car d’autres l’auraient fait, d’autant plus qu’il ne lui avait pas caché son ignorance du monde extérieur et son incapacité à survivre au-delà de ces murs. Simple folie de sa part ou vraie reconnaissance, il n’en sait rien, toujours est-il que si la jeune femme n’était pas à ses côtés, il serait mort depuis longtemps. Et même si elle lui a appris quelques techniques pour s’en sortir, de quoi lui garantir à peu près vingt minutes d’espérance de vie supplémentaires en cas de combat, Kieran n’est toujours pas le meilleur allié. Mais elle n’a personne d’autre et lui non plus, raison pour laquelle ils poursuivent leurs chemins à deux. Il ne saurait dire s’ils sont réellement plus forts ensemble ou si la solitude leur pèse au point de ne pas renoncer à se séparer – ou peut-être qu’elle est juste stupide et ne réalise pas le boulet qu’elle a lié à son pied en quittant cette maison de luxe avec lui – mais ils sont toujours bien vivants. Kieran, lui, mentirait s’il affirmait que cette situation ne lui convient pas. Il n’est pas sûr qu’il y ait encore beaucoup de choses à vivre dans un monde comme celui-ci, mais il n’a pas pour autant la volonté d’en finir. Il ne savait seulement pas à quoi se raccrocher avant qu’ils ne tombent sur ces affiches de fortune, promettant un abri à des centaines de kilomètres de là ; encore faut-il y arriver, et s’ils avancent doucement, l’important à retenir est qu’ils progressent. « On devrait s’arrêter pour la nuit. » Qu’il annonce à Jina alors que le soleil est tombé il y a peu et que l’obscurité prend le dessus. Il n’a aucune envie de marcher dans l’incertitude, sans savoir ce qui pourrait se cacher dans les recoins de cette ville fantôme. Et, surtout, il ne sait même pas s’ils ont réellement pris la bonne direction, malgré ce qu’il a promis à l’aide de sa boussole. Mais ça, autant ne pas lui le dire pour l’instant, alors que la fatigue n’aidera en rien les tensions.  

C’était trop beau pour être vrai, n’est-ce pas ? Cette vie de luxe en pleine apocalypse. Jina avait cru qu’elle pourrait rester là avec Kieran pendant des années encore, elle y avait cru qu’ils leur suffirait à juste attendre, continuer d’aller récolter des pommes et des tomates dans la serre. Qu’un jour, quelqu’un viendrait frapper à leur porte pour leur dire que tout était fini et qu’ils seraient en sécurité pour le reste de leur vie. Une apocalypse maitrisée et un moindre impacte pour eux. Moindre impact, car l’objectif visé par Jina n’aura jamais été atteint. Elle voulait retrouver les personnes qui lui étaient cheres mais petit à petit, elle s’était résignée. Il était trop tard. Et que Dieu les préserve, le plus important était de rester en sécurité. Avec Kieran, elle avait rapidement ressentie ce sentiment que rien ne pourrait plus arriver.
Ca c’était jusqu’à ce que des personnes s’introduisent dans la propriété. C’était jusqu’à ce que quelqu’un réussisse à détruire le portail, la porte, passer la sécurité haut la main. C’était jusqu’à ce qu’on les force à quitter la maison de Hugh et tout leur confort, au lieu d’y laisser leur propre vie. Pas une seule larme n’avait coulé sur les joues de Jina depuis qu’elle était partie avec Kieran. Ils auraient pu tenter de se défendre, mais ils ne faisaient pas le poids. Ils avaient du tout abandonné derrière eux, pour sauver leurs propres peaux. Elle n’avait aucune idée de comment ça se passerait ensuite. Mais elle avait vite compris que Kieran n’avait jamais tenté d’enfoncer un poignard dans le crâne d’un de ces zombis. Elle était celle qui prenait les choses en mains, celle qui disait où aller et quand il fallait y allait. Elle assurait leurs arrières et s’en épuisait aussi. Mais petit à petit, elle avait montré à Kieran comment s’y prendre en s’entrainant sur des cadavres bien inertes.
« On devrait s’arrêter pour la nuit. » elle soufflait, s’arrêtant dans son élan, regardant autour d’eux. Le soleil commençait à se coucher et ils savaient que dehors, la nuit, tout était bien pire que le jour. « Ouais… » elle retire son sac à dos et le pose à ses pieds, l’ouvrant ensuite pour jeter un œil à leur inventaire. « Deux boites de conserves… va aussi falloir trouver à manger. » ils n’iraient plus bien loin après ça. « Bon, viens… » elle s’avance vers l’immeuble qui leur fait face, jetant un œil autour d’eux. Rien à signaler. « Tu te souviens… on s’approche, sans trop faire de bruit… » elle tiens son couteau bien serré entre ses doigts. « On panique pas… » plus facile à dire qu’à faire. « Et si on repère un zombie. » d’un geste franc devant lui, elle mime ne coup en pleine tête. « Ca va aller. » qu’elle lance, tentant de se rassurer elle-même.

Il commence à faire sombre et Kieran étant déjà trouillard en plein jour, une fois dans l’obscurité il ne répond plus de rien – autant qu’ils s’abritent tant qu’il n’a pas encore perdu ses moyens. Le jeune homme en fait la proposition à Jina, bien conscient que, finalement, c’est souvent (toujours) elle qui décide, puisqu’elle est bien plus expérimentée en matière d’apocalypse. « Ouais… » Mais Jina se rend probablement compte aussi que l’avoir dans les pattes la nuit tombée est encore plus compliqué qu’en plein jour, raison pour laquelle elle cède. Muet, il observe la jeune femme faire l’inventaire de leurs maigres provisions et plus que jamais, il regrette ce petit jardin qu’il avait réussi à entretenir quand il était en sécurité. Ça lui semble bien loin, maintenant. « Deux boites de conserves… va aussi falloir trouver à manger. » Il prie silencieusement pour qu’un supermarché se présente à eux et même si Kieran était bien naïf en ayant été tenu ainsi à l’écart de leur nouvelle réalité, il sait néanmoins que c’est un espoir bien stupide. « Bon, viens… » Docile, il suit la jeune femme, ses yeux qui observent l’immeuble. « On trouvera peut-être quelque chose. » Si l’immeuble n’a pas déjà été pillé, mais il s’imagine que dans la précipitation, beaucoup ont laissé leurs appartements en emportant que ce qu’ils pouvaient ; en fouillant, ils devront bien réussir à mettre la main sur de vieux biscuits. « Tu te souviens… on s’approche, sans trop faire de bruit… » L’imitant, tenant fermement son couteau entre ses mains, il reste silencieux. « On panique pas… » Lui, paniquer ? Jamais, voyons. « Et si on repère un zombie. » Elle mime un geste qu’elle lui a appris de nombreuses fois et il acquiesce. « Pas de bruit, coup sec, couteau. » Il répète comme l’apprenti qu’il est. « Ca va aller. » Ca va aller, oui. Il s’est déjà entraîné, il va y arriver – à condition de ne pas avoir une meute devant eux. Il suit la jeune femme et même s’il n’est pas très réactif, il a le mérite d’avoir de bonnes oreilles et de bons yeux. « Je prendrais plutôt la porte à gauche. Ça gratte trop contre celle de droite. »

« On trouvera peut-être quelque chose. » Elle en avait bien l’intention, de fouiller chaque logement qui sera facilement accessible : presque tous. Peu étaient ceux qui avaient pensé à fermer à clé leur appartement en partant en panique. Ceux qui étaient fermés, il valait mieux ne pas tenter, qui sait ce qu’ils pouvaient y trouver : des cadavres aux mieux, des hommes paniqués et agressifs, moins bien, et des zombis, au pire. Non, c’était toujours plus sure de rentrer quand la porte était ouverte. Ils fouilleraient chaque logement, ouvriraient chaque placard jusqu’à trouver ne serait-ce qu’une boite de thon, des graines en sachets, des biscuits périmés, peu importe, n’importe quoi ferait l’affaire.
Avant de s’introduire dans l’immeuble, un petit cours et rafraichissement de mémoire était nécessaire. Jina entrepris sa démonstration de manipulation d’arme blanche. Kieran était plutôt bon élève, quand il n’était pas en condition réelle. « Pas de bruit, coup sec, couteau. Elle hocha la tête, fière de lui en quelques sorte. Elle lui adressa un mince sourire, pour lui témoigner et pour lui donner du courage. Il n’avait pas d’autre choix, de toutes façons. Domage qu’il ait passé trop de temps devant StarWars et pas assez devant Zombiland. Quoi que… il avait surement déjà vu ces films aussi, mais entre la fiction et la réalité… « Je prendrais plutôt la porte à gauche. Ça gratte trop contre celle de droite. » elle hocha la tête, d’accord. Elle pris alors à gauche, s’introduisant dans le logement après avoir confirmé que la porte était bien ouverte. Elle fait quelques part, regarde partout, aucun bruit, pas d’ombre qui s’échappe en courant, ca a l’air safe. « Aller. » c’est presque un ordre. Jina avance, commence à fouiller en tentant de faire le moins de bruit possible quand, sans le vouloir, elle fait tomber une vieille lampe dont l’abajour était en verre. L’objet se brise en milles éclats au sol, provoquant un boucan d’enfer. Elle se stoppa nette, sa respiration était bloquée et son regard dirigé vers Kieran, lui traduisant oh combien elle était désolée. « On bouge ! » Le bruit avait trop raisonné dans ces logements vides pour que ça n’attire personne. Alors qu’elle fit demi-tour, dans le couloir, ils étaient déjà cernés. « c’est maintenant ou jamais Kieran ! » oh, ca y est, elle culpabilisait, elle s’en voulait, elle flippait, mais elle devait y aller !

L’immeuble est imposant, laissant supposer qu’ils devraient avoir une chance de trouver quelques vieilles conserves qui traînent et qui sauront les faire survivre jusqu’au prochain lieu susceptible de leur permettre de se ravitailler. Le problème, c’est que l’immensité de cet immeuble laisse aussi présager qu’il est largement habité – et il ne parle pas des vivants. Kieran sent un coup de pression considérable ; il n’a aucune envie d’être responsable de l’échec de leur mission, alors qu’il sait pertinemment que si fautif il doit y avoir, ce sera là. La leçon de révision est la bienvenue, même si Kieran a déjà eu l’occasion de réviser encore et encore ; et même de pratiquer sur quelques cadavres ou, éventuellement, en compagnie de Jina face à un seul zombie. Mais cette fois-ci, il est persuadé qu’il ne s’agira pas de quelques rôdeurs isolés. Il aime se croire utile alors qu’il tend l’oreille, néanmoins bien conscient que son ouïe n’a rien d’exceptionnelle. Il devrait en profiter pour jouer au bonhomme, mais c’est bien Jina qui entre la première et le brun suit ses pas quand elle lui en donne l’ordre. « Aller. » Il imite la jeune femme, obéissant alors qu’il se veut très silencieux et que le bruit qui s’e fait soudainement entendre dans l’appartement le fait sursauter. Un instant, il est persuadé qu’il s’agit de sa faute, mais lorsqu’il pose son regard sur Jina, il comprend qu’il n’y est pour rien. Il ne lui en veut pas, Kieran, mais il commence à paniquer : qui est-ce que ça peut bien attirer ? « On bouge ! » Il emporte néanmoins rapidement une conserve qui traîne alors qu’il se dépêche de suivre la jeune femme. Et lorsqu’en retrouvant le couloir il constate qu’ils sont cernés, c’est des « putain, putain, putain » qui s’échappent d’entre ses lèvres, la faute à la panique. « c’est maintenant ou jamais Kieran ! » Non, non, il n’est pas prêt, ils sont trop, ils y arriveront jamais. Il se voit déjà mourir, mais quitte à ce que ce soit le cas, autant qu’il se soit battu et, surtout, qu’il n’ait pas été le boulot de Jina jusqu’au bout. Il met ses ordres à exécution, quand un rôdeur s’approche un peu trop de lui. Coup sec, couteau. Mais il n’est pas assez rapide, Kieran et s’il peut se vanter d’avoir tué le zombie, il peine à récupérer son arme. « Jina ! » Qu’il l’interpelle pour un coup de main alors que finalement, d’un coup de pied sec dans le corps inerte de la créature, il parvient finalement à s’en sortir. « On est foutus, on est foutus. » Qu’il répète, la panique qui gagne alors qu’il se prépare au combat.

des que Kieran voit qu’ils sont cernés, il panique, ayant oublié les séances de respiration qu’avait prescrit Jina quelques jours plus tôt. C’était pas les premiers morts vivants qu’ils croisaient mais cette fois, c’était la première fois qu’il y avait autant de promiscuité et qu’ils n’avaient pas d’issue pour s’enfuire comme des lâches. Non, la ils devraient les affronter, obligé. « putain, putain, putain » elle aurait bien envie de lui dire de se taire mais elle a pas le temps. Il a pris son courage a deux mains et tente de tuer ce zombi en face de lui, raté. Putain. D’un coup de pied, il arrive quand même à se défaire de son emprise et elle guette quand même, si jamais il s’est pas fait mordre. Rien.
Alors qu’elle entend ton prénom, la brune fonce a son tour, gagne du temps en plantant dans un œil son couteau. Un en moins. Encore 3… non 4 ! « On est foutus, on est ffoutu » jamais d’la vie. Mais elle répond pas. Elle continue et cette fois, c’est son bras qu’elle sent être retenu vers l’arrière. Elle tente de tirer pour le récupérer mais elle a comme l’impression que des griffe acérées sont plantées en elle. « putain ! » Qu’elle hurle en ayant attrocement mal. C’est pas des griffe c’est une putain de machoir qui oui bouffe l’avant bras. « va-t-en Kieran ! » Qu’elle lui somme, qu’elle le supplie. Alors qu’elle plante a nouveau son poignard dans la cervelle de celui qui arrache sa chair. Elle sait qu’elle est foutu. « dégage j’te dis ! » Sa voix tremble, elle est terrifiée. Mais si c’est maintenant ou jamais, elle allait se sacrifier pour qu’il puisse avoir la vie sauf. Son bras dégoulinait de sang, un mal de chien, mais elle n’était qu’au début de ses peines. Son cœur battait la chamade. Elle sauta sur un autre zombi pour lui défoncer la tête à nouveau, déterminée, aucun d’eux ne sortirait d’ici, elle se faisait la promesse. « qu’est ce que tu fou encore la ! Il m’a mordue Kieran ! J’vais creuver ! » Elle se fera sauter la cervelle avant même de se transformer en l’un d’entre eux !

Il ne répond plus de rien, Kieran, complètement hors de son corps alors que la situation devient de plus en plus périlleuse. Ils avaient réussi à survivre sans problèmes jusqu’ici ; et les voilà qui vont mourir après tant d’efforts. Une part de lui se dit que c’est con, une autre que ça aurait pu être évitable, mais en réalité, le jeune homme parvient difficilement à réfléchir alors qu’il semble avoir perdu toutes les connaissances acquises aux côtés de Jina. Il le sait, pourtant, ce qu’il doit faire. Il s’est entraîné encore et encore jusqu’à ce que ça devienne un automatisme – et le voilà qui est pourtant figé. Il appelle Jina à l’aide autant qu’il a besoin de savoir qu’elle n’est pas loin, qu’elle va bien ; car vu cette meute, il n’est pas dit qu’ils résistent très longtemps. Ils sont foutus et même s’il sait que ce n’est pas le discours à tenir dans une telle situation, il n’arrive pas à se raisonner, Kieran, tant les faits semblent être contre. Dans un élan de courage dont il ne se serait jamais cru capable, il arrive à se mettre en pilote automatique pour parvenir à planter son couteau dans un crâne, puis un second. Parfois il doit s’y reprendre à une fois ou deux, et, parfois, le premier essai est le bon ; mais ça ne suffit pas, alors qu’ils sont toujours un peu plus encerclés. « putain ! » Il entend le hurlement de Jina et son coeur manque un battement. Ce n’est pas un hurlement de panique ça, oh non. « va-t-en Kieran ! » Mais il ne bouge pas, Kieran, incapable de l’abandonner alors qu’il enchaîne maladroitement les morts ; il va y passer, lui-aussi, ce n’est qu’une question de temps. « dégage j’te dis ! » Cette fois, il n’obéira pas à ses ordres. « Non, j’te laisse pas ! » C’est hors de question, pas alors qu’elle est la seule alliée qu’il ait connue. « qu’est ce que tu fou encore la ! Il m’a mordue Kieran ! J’vais creuver ! » « On peut, on peut, peut-être amputer ! » Oui, car évidemment qu’il est médecin et en mesure de la priver de son bras sans lui ôter la vie. L’espoir fait vivre et, à cet instant, il en aurait bien besoin.

Kieran est toujours là, il veut pas la laisser ! Qui voudrait pas sauver sa propre peau quand il sait que c’est foutu d’avance ? Qui dans toute la vie de Jina serait rester avec elle quand elle avait la merde jusqu’au cou ? C’était rarement arrivé, c’était même jamais arrivé et la Kieran face à la mort, il bougeait pas. Elle aurait préféré qu’il s’en aille, qu’elle se dise qu’elle n’aurait pas tenté de lutter pour rien, qu’elle ne meurt pas en ayant cette culpabilité. C’était bien sa faute a elle et ça elle ne pourrait pas se l’enlever. Elle partirait dans un autre monde avec cette image la. Sa mort, leurs morts, c’était sa faute, rien qu’à elle. Parcequ’elle avait manqué de discression, elle aurait dû faire plus attention.
Il veut amputer, elle n’y avait même pas pensé. Et comment ? Avec une ceinture serré au dessus de son coude et un couteau mal aiguisé ? Elle ne lui répond même pas, elle a juste envie de le pousser. Elle saute sur un nouveau zombi, sa argne et sa rage parlent pour elle, la forcent à agir avec précision, ne laissant de chance a aucun d’entre eux. Tour a tour, ils tombaient a leurs pieds. « j’t’ai dis de partir… » qu’elle souffle en se laissant tomber a son tour, les larmes qui montent en qu’elle ne retient plus. « ça fait un mal de chien… » et alors qu’elle est persuadée d’être tranquille, elle sent a nouveau cette même douleur insupportable a ses pieds, c’est son mollet qu’elle voit a nouveau se faire déchiqueter sous ses yeux. Comment avait-elle pu baisser autant sa garde ? Un mauvais coup de couteau mal placé. « tu vas pas amputer une bras et une jambe ! Pars , par pitié Kieran ! » Même pas la force de tuer celui qui arrachait son muscles. Elle voulait juste en finir.

Ils sont nombreux, trop nombreux, mais sur un miracle, Kieran maîtrise de mieux en mieux la situation. Parce qu’il est désormais motivé par un objectif, celui de retrouver Jina à quelques mètres de lui, dans une situation périlleuse. Ça ne devrait pas être ainsi. Si l’un d’entre eux aurait dû être blessé, c’est bien lui et non la jeune femme qui lui a tout appris. C’est lui qui est un poids à ses pieds depuis qu’ils sont sur la route, c’est lui qu’elle aurait dû laisser sans se retourner, pas l’inverse. Mais Jina hurle, autant de douleur que de colère afin de le faire déguerpir. Sauf qu’il ne bouge pas, Kieran, refusant de quitter ce couloir tant qu’il n’aura pas débarrassé celui-ci de ses indésirables occupants pour mieux s’enquérir de l’état de la jeune – même s’il sait pertinemment qu’elle est condamnée, il n’était pas prêt à survivre dans cet univers, même s’il y est familier malgré lui. « j’t’ai dis de partir… » Elle disparaît de son champ de vision alors qu’elle n’est désormais cachée que par quelques rôdeurs et qu’il se sent pris d’un rush d’adrénaline qui rend ses mouvements plus précis et, surtout, plus rapides. Il est exténué, Kieran, mais jamais il ne la laissera ici. Elle ne mourra pas seule, il s’en fait la promesse – peu importe si ça implique de mourir avec elle. « ça fait un mal de chien… » Les mètres qui le séparent de la jeune femme diminuent, autant que les corps s’accumulent. Un nouveau cri se fait entendre et le coeur de Kieran, cette fois-ci, se brise. Il ne regarde même plus où il frappe alors que ses vêtements et son visage se couvrent toujours plus de sang, alors qu’il parvient enfin à retrouver la jeune femme dans son champ de vision, à terre, perdant une quantité importante de sang. Il achève les deux rodeurs près d’elle, avant d’oser reporter son attention sur elle. Ils ont réussi à débarrasser ce couloir et il ne fait aucun doute que bientôt une nouvelle horde arrivera (il les entend déjà) mais pour l’instant, il est seul avec elle. « tu vas pas amputer une bras et une jambe ! Pars , par pitié Kieran ! » « Je peux pas... je peux pas te laisser seule, Jina. » Je peux pas te laisser. Il sent ses yeux qui s’humidifient alors qu’il se saisit de sa main pour lui faire comprendre qu’il est là, quand bien même elle lui hurlerait encore mille fois de partir. « Dis-moi ce que je peux faire. » Mais elle perd de plus en plus de force et Kieran, lui, redoute chaque seconde qui passe. « Je suis désolé. Je suis désolé. » Et alors qu'elle s'accroche à sa main dans ses ultimes instants, il fait quelque chose d'irréfléchi, Kieran, alors que le voilà déjà qui pose ses lèvres sur les siennes, une excuse silencieuse de cette fin qu'ils connaissent et qui n'était pas prévue. Elle pousse un dernier soupir et s'il s'est toujours rêvé héros romantique, il ne pensait pas que les choses se déroulaient ainsi. Elles n'ont pas de saveur ; encore moins alors que, bientôt, il voit les rôdeurs qui reprennent possession du couloir. Il aura beau lutter, Kieran, il n'y arrivera pas, et dans un ultime instant de courage, c'est dans son cœur qu'il plantera la lame, avant de reposer contre le corps de Jina et, enfin, dans l'éternité.