Birdie est à Los Angeles pour deux semaines alors c’est tout naturellement que tu as calé un saut à Melbourne pendant ce laps de temps. Tu as pris qu’un billet allé car contrairement à ce que Birdie dit, tu sais aussi être spontané. Tu connais surtout très bien tes amis et parfois ça part en sessions d’enregistrement imprévues qui durent une semaine de plus. Tu chamboules parfois ton emploi du temps au nom de l’art. L’inspiration ne se commande pas et tu apprécies grandement le fait d’être ton propre patron dans ces moments là. C’est par extension ce qui fait de toi un artiste de qualité, les deadlines n’existent pas. Ce sera complété quand ça le sera. Aussi pour ça que bien du monde aime bosser avec toi.
T’as eu de la chance dans ton timing parce que y’a quelques shows que tu as pu line up durant ton séjour. Les Blondies Angels en ont fait parti. Le show était hier soir. Tu ne les avais pas vu depuis un moment et malgré la tragédie qui les a frappé, elles sont plus déterminées que jamais. Les voir dans une salle de cette grande envergure c’est toujours une fierté même si tu ne fais pas parti du groupe. Tu les as vu grandir au fur des années. Tu sais le chemin que les ont parcourus et il est tout à fait remarquable. Même plus encore. Tu n’as pas réussi à voir Regan après le show alors tu lui as envoyé un SMS pour la féliciter du très bon show.
C’est comme ça que vous avez convenu d’aller boire un coup le lendemain suite à quelques échanges de messages. Tu ne bois plus mais tu n’es pas chiant.e à ce niveau. Ça reste agréable de se retrouver dans un bar en plein après midi avec un magnifique soleil en plus de tout. Chose plutôt rare à Melbourne. Alors tu as pris une table dehors, celles ci qui sont en bois comme pour pique niquer dans les parcs. Comme celle que tu as offert à Birdie il y a de longs mois de ça. Tu as le nez dans ton téléphone, tu t’es commandé une limonade. Tu relèves les yeux quand ton regard est attiré par une forme blonde qui arrive vers toi. Regan. « Hey… » T’as un grand sourire sur les lèvres alors que tu lui fais signe de la main. « Pas trop hangover de hier soir ? » Tu prends la température niveau breuvage alcoolisé dans son système a l’avenir ou d’hier. Tu te souviens qu’elle avait pris du café la dernière fois. C’est cool si c’est la même aujourd’hui.
La tournée Angel never die a officiellement commencé. Et quoi de mieux de la commencer à Melbourne ? Oui Melbourne. Pourquoi pas Brisbane vous vous dîtes ? Stacy était originaire de Melbourne. Faire notre premier concert là-bas a sonné comme une évidence à mes yeux et à ceux de mes musiciennes. L’hommage a été à l’image de notre amour à son égard : gigantesque. Je me suis donnée comme jamais sur scène. J’ai fini sur les rotules, vidée de de la moindre goutte de mon énergie, mes cordes vocales épuisées. Le public a été magnifique. Rarement j’ai été autant émue face à son attitude. Sa reprise de Sister, la chanson dédiée à notre batteuse décédée, à capella, à la fin de notre show a ébranlé ma carapace. J’ai été incapable de retenir mes larmes. Et tant pis pour mon image de femme forte. Je me fous si des photos de mes émotions se baladent sur le net ou dans les magazines. Je reste humaine derrière mes allures de grande gueule féministe misandre. J’espère que notre ange défunt a apprécié notre prestation où qu’elle soit. En tous cas, on lui a montré qu’elle est toujours et à jamais dans nos cœurs.
On l’a démontrée en privé avec Lora. Ma nuit a été agitée et courte. Mes yeux sont petits depuis mon réveil. J’ai deux valises en guise de cernes. Impossible de les virer malgré une douche chaude et trois cafés. Je vais pas ressembler à grand-chose pour voir Jordan. Car il est dans le coin le gars. Il m’a envoyé un message pour me féliciter du spectacle. Il m’aurait prévenu avant, je lui aurai fait parvenir un pass VIP. Enfin, c’est pas grave. On a décidé de profiter de l’occasion pour se croiser. J’ai encore la tête dans le cul en me rendant au lieu de notre rendez-vous. Mes lunettes de soleil sont davantage là pour masquer ma fatigue que pour réellement me protéger des rayons solaires. Arrivée sur place, je repère aisément le blond en terrasse. J’avance vers sa position et je pose mes fesses sur le banc en face de lui. « Salut… » J’ai pas mon enthousiasme habituel. Pourtant, je suis réellement ravie de le voir. « Na, j’ai rien bu d’alcoolisé. Je manque juste de sommeil. » C’était pas raisonnable de faire des folies avec ma bff. Après, je regrette pas. On a qu’une vie. Et l’éternité pour dormir dans la tombe.
Une serveuse passe à proximité de notre table. Je lui fais signe d’approcher. Je me commande un grand café corsé sans sucre et propose à Jordan de se prendre ce qu’il veut malgré le verre devant lui. Repartant préparer nos boissons, je mate son cul. Crevée ou pas, je me referai pas à ce niveau. La vue me redonne le sourire. Je vire mes lunettes de sur mon nez. J’assume mon état. Puis je tiens à regarder les gens dans les yeux quand je leur parle. Surtout mes amis. « T’es seul dans le coin ? T’as abandonné ton koala à Brisbane ? » Un léger rire quitte mes lèvres. J’aurai été contente de revoir Birdie. Y a eu un plutôt bon feeling entre nous lors de notre unique rencontre à l’inauguration du salon de tatouage de Melissa. Il faudrait que je pense à récupérer ses coordonnées. « Tu fais quoi à Melbourne ? » Il est loin de ses bases ici. Moi, j’ai l’excuse de la tournée mais lui ? Je fais ma curieuse histoire de faire la conversation. Il est majeur et vacciné. Il est libre de ses déplacements. Je suis pas sa mère, il me doit aucun compte.
« Salut… » Vu son entrain inexistant tu mets ça naturellement sur une nuit agités en excès. « Na, j’ai rien bu d’alcoolisé. Je manque juste de sommeil. » Mais tu as tout faux. Tu te sens stupide parce que bien sûr qu’elle va pas abusé alors que la tournée commence tout juste. Pour sa voix, pour sa forme, pour tenir sur la longueur. « Ouh je connais ça. » Car tu n’arrives jamais à récupérer ton sommeil, t’es trop insomniaque pour ton bien. Quand tu arrives à dormir plus de sept heures à la suite c’est un véritable exploit.
Tu la vois commander un café, encore. Tu es en train de te dire que c’est ça son vice, son addiction, à elle. Tu n’es pas de celleux qui jugent, juste, tu remarques, tu notes dans ta petite tête. Tu fais signe à la serveuse que tu vas rien prendre de plus. Tu vois bien la tête de Regan tournée un peu trop longtemps sur la silouhette de la serveuse qui s’en va. Elle a beau avoir des lunettes de soleil qui cachent son regard, c’est plutôt limpide et ça te fait sourire. Elle a assez d’énergie pour faire profiter ses yeux fatigués, et elle a bien raison à ton avis. « T’es seul dans le coin ? T’as abandonné ton koala à Brisbane ? » Tu ris avec elle. Tu aimes bien qu’elle qualifie Birdie de koala. « Tu fais quoi à Melbourne ? » « Voir des potes, Unify festival aussi. » Qui arrive rapidement, tu vas y filer dans quelques jours. « Mon koala est à Los Angeles avec ses amis. Elle m’a laissé seul à Brisbane. » T’as un sourire plutôt large sur les lèvres. « … c’est pour ça que je suis venu. Ca faisait longtemps. Et puis y’avait ton show et Unify dans quelques jours, je peux pas manquer ça. » Unify Gathering, un festival qui se déroule tous les ans à Melbourne, d’habitude en janvier, cette année en mars, le timing est trop beau. Tu as en plus un tas d’amis et potes qui y jouent. Regan y a déjà participé à d’ancienne éditions, c’est toute la scène métal d’Australie qui y est mise à l’honneur avec d’autres groupes internationaux. « C’était vraiment un très beau show hier soir. » Que tu dis sorti de nul part. Tu lui as déjà dit par message mais t’avais envie de le redire de vive voix. C’est pas rien l’hommage qu’il y a eu et toute la symbolique de cette tournée et premier show. T’as été très ému et t’as pleuré également. Tu ne connaissais pas Stacy personnellement mais l’énergie dans la salle était telle que tu avais l’impression que bien des défunts étaient avec vous ce soir là. T’as ressenti la présence de Rosa plus que tout. Sûrement parce que la date anniversaire de sa mort approche et sûrement aussi parce que Birdie n’était pas à tes côtés pour remplir ta tête de sa lumière resplendissante.
Dernière édition par Jordan Fisher le Ven 25 Mar 2022, 17:43, édité 2 fois
Lendemain de concert ou pas, le manque de sommeil me caractérise. Je suis un oiseau de nuit. C’est là où je me sens le mieux. Là où l’inspiration vient souvent me voir. Il m’est pas rare de sortir de mon pieu et de me poser à une table, stylo en main à écrire. Et en perfectionniste que je suis dans le boulot, je me refuse de retourner me coucher avant d’avoir un truc que je juge correct quitte à me taper une nuit blanche. Dans ces moments-là, je remercie l’inventeur du café. Je serai prête à l’embrasser même s’il est un mec. Évidemment, je préférerai embrasser la serveuse. Mais elle attendra la fin de ma rencontre avec Jordan avant de me voir éventuellement l’aborder. Un ami fidèle passera toujours avant ma libido. « C’est pas très gentil de t’avoir laissé seul. J’espère que t’es sage pendant son absence. » Je lui lance un clin d’œil complice. Un peu qu’il l’est. Il est piégé par l’amour qu’il lui porte. Le Jordan qui enchaine les conquêtes est de l’histoire ancienne. Je vais pas le juger sur son choix. Tant qu’il est heureux, c’est le principal. Je tique à l’évocation de Unify festival. Je l’avais oublié celui-là. Il faut dire que j’ai eu d’autres choses à gérer. J’ai tout délaissé pour la tournée. Elle a été mon unique obsession depuis des mois. Avec une détermination sans faille à particulièrement réussir cette première à Melbourne en hommage à Stacy. « Je te comprends. Qui t’as le plus hâte de voir comme les Blondies Angels sont pas là ? » Je ris légèrement. Mon groupe a pas le monopole de ses goûts musicaux même s’il apprécie ce qu’on fait. De toute façon il sera pas présent à l’évènement cette année. Je m’intéresse à ce qu’il aime malgré tout. Moi-même je m’écoute pas en boucle. En vrai, étrangement, j’écoute rarement de la musique dans mon temps libre. « Merci. » L’émotion s’entend dans ma voix. J’ai pas tout évacué de la veille. J’ai en beaucoup trop. Jamais je me suis montrée aussi vulnérable en public. Seule Lora m’avait vu dans cet état de faiblesse. J’ai fissuré ma carapace inébranlable. « C’était le minimum qu’on devait à Stacy. » Plus qu'un ange, une sœur nous a quittée. Je pose ma main droite sur mon cœur. Je sens une larme qui me monte. Sur le point de rouler sur ma joue, la serveuse revient avec mon café. Son sourire ravageur efface ce début de tristesse et étire mes lèvres. Puis, j’ai pas le droit de pleurer. Stacy aurait pas voulu ça. Joyeuse, pétillante, toujours là avec sa bonne humeur même que j’étais en mode dragon, elle était le soleil de notre quatuor. Un véritable ange parti trop tôt. La faute à cette salope de vie. Mes doigts se serrent autour de ma tasse. L’envie de l’envoyer valser me titille. Extérioriser ma rage me ferait du bien. Moins que m’en servir sur scène. J’ai besoin de cette énergie pour rendre cette tournée exceptionnelle. Je me contente de m’en enfiler une gorgée. Le liquide chaud me brûle la gorge. « Tu sais, j’crois pas à l’au-delà et toutes ces conneries… » Après la mort, il y a rien à mes yeux. Pas de réincarnation. Pas de Paradis. Pas d’Enfer. Rien. « Mais je vais te confier un truc. Hier soir, j’ai senti qu’on était cinq sur scène… » Je marque une pause silencieuse. J’en profite pour descendre ma boisson. La voilà déjà quasiment terminée. Heureusement que c’est pas de l’alcool ou je passerai pour une ivrogne.
« C’est pas très gentil de t’avoir laissé seul. J’espère que t’es sage pendant son absence. » Elle te fait rire et tu ne comptes pas répondre à sa question car tu sais qu’elle ne fait que te taquiner. Il a été difficile de laisser Birdie à l’aéroport, de la voir filer par les portes de sécurité et malgré que son absence se fasse ressentir, tu apprécies vos capacités à continuer de manière indépendante. C’est très important pour toi ce point là car tu as besoin de ta solitude parfois, même si elle s’impose plutôt que tu le choisisses. « Je te comprends. Qui t’as le plus hâte de voir comme les Blondies Angels sont pas là ? » « Amity. Toujours. » T’es un grand fan et c’est forcément ce nom là uniquement qui ressort même si y’en a bien d’autres que tu as hâte de voir. Tu vas passer un super bon moment, tu le sais. Tu en frétilles d’avance. « C’est dommage que vous y soyez pas. J’aurai pas eu de problèmes à vous voir deux fois en pas longtemps. » C’est la réalité. Il n’y a pas assez de groupes avec des femmes mises en avant. Tu aimerais qu’il y en ait plus.
« Merci. » L’émotion prend place devant l’humour. « C’était le minimum qu’on devait à Stacy. » Tu comprends cette nécessité de rendre hommage de manière symbolique pour marquer encore plus le coup. Tu as réellement apprécié qu’elles l’aient si bien fait. « Tu sais, j’crois pas à l’au-delà et toutes ces conneries… » Toutes ces conneries. T’as un léger rictus amusé. « Mais je vais te confier un truc. Hier soir, j’ai senti qu’on était cinq sur scène… » T’as un frisson qui parcours le corps de l’entendre. « Je l’ai senti aussi. Y’avait du monde parmi nous tous hier. » Tu n’iras pas plus loin car c’est des conneries et t’as pas spécialement envie de la convaincre de quoi que ce soit. Chacun ses croyances et quelque chose te dit qu’elle y croit quand même malgré ses propos, vu ce qu’elle vient d’avouer. « Vous pouvez être fier c’était un très très bel hommage. » Tu ne lésines pas sur les mots et sur tes répétitions car c’est important à ton avis. Autant que tu sais pas vraiment si elle réalise à quel point tout ça t’a touché également. Tu as juste besoin de le souligner quelques fois de plus parce que c’est important pour toi. Pour elle. Pour tout le monde qui était sur scène et dans la salle, qu’ils soient en chair et en os ou pas. « C’est quoi ton programme pour le reste de la journée ? » Que tu demandes alors que tu vas boire une gorgée de ton verre.
Amity sonne comme une évidence. Depuis le temps que je le connais, j’aurai dû m’en souvenir. Je suis une amie indigne à ce niveau. Heureusement que Jordan s’arrête pas à ce genre de détail. Moi non plus d’ailleurs. Sinon, on se parlerait plus depuis belle lurette. Y a qu’une réelle amitié sincère et profonde capable de résister à nos longues périodes de silence sans s’effriter le moins du monde. Quand on se revoit, malgré la durée de la coupure, c’est comme si on s’était vu la veille d’un point de vue de notre complicité. « On pouvait pas être partout. Cette année est consacrée à Stacy mais je te promets qu’on y sera l’an prochain. » Et il sait que j’ai qu’une parole. Si je déconne souvent, je blague jamais avec mes promesses. En plus, notre ancienne batteuse adorait ce festival. Ça nous permettra de lui rendre un second hommage. La boucle sera ainsi bouclée. Enfin, son aura planera toujours autour de nous. Plus que nos esprits, elle est dans nos cœurs. En tous cas dans le mien et celui de mes musiciennes. Et je suis persuadée qu’elle l’est aussi dans celui d’une grande partie des fans tant elle était géniale.
Ça la ramènera pas. Où qu’elle soit, elle reviendra jamais chez les vivants. Plus jamais je pourrai la serrer dans mes bras, entendre son rire ou encore me délecter de ses gémissements. Je devrai me contenter de ma mémoire. Jordan connait ce ressentiment. Lui aussi a perdu un être proche. Il comprend ce qu’il m’arrive. Pas au point d’en rajouter une couche. Mais ça, ça vient certainement de notre amitié. Il m’a écouté. Et dans le fond, c'est tout ce que j’attendais. « Un peu qu’il y avait du monde ! On a fait salle comble et je peux te dire que ce sera comme ça pendant toute la tournée. » Je rebondis pas sur d’éventuels esprits ou autres. Je me concentre sur le concret. Et les places de la tournée se sont vendues comme des petits pains. Il parait même qu’elles se vendent à prix d’or au marché noir. Un large sourire répond à son compliment. Venant de sa part, je le sais honnête. Jordan essaye pas de me caresser dans le sens du poil. Il est pas un de ces branleurs de mecs profiteurs. Ce sourire témoigne à quel point je suis ravie de savoir qu’on a remarqué tout ce qu’on a donné hier.
Terminant mon café, le blond me pose une colle. Mon programme de la journée ? Bonne question. Je vis l’instant présent. J’ai rien prévu hormis de patienter demain et notre départ de la ville. J’ai pas cherché à planifier quoi que ce soit avec les filles. Bien qu’on s’apprécie et qu’on passe régulièrement des moments ensembles, on a besoin de moments en solo. « Me commander un nouveau café pour commencer. » Cette addiction est terrible. Dans la foulée, j’interpelle la serveuse au joli cul. Je lui demande de me remettre ma boisson favorite et invite mon voisin à se prendre un truc s’il le désire. Une fois repartie et sa chute de reins matée, je reporte mon attention sur Jordan. « Et par la suite, j’en sais trop rien… » Un bâillement étire mes lèvres. Ok, mon corps me souffle dormir mais c’est peine perdue. J’aurai l’éternité pour dormir et rattraper mes heures de sommeil à ma mort. « Probablement aller dépenser quelques dollars au casino en soirée… » Un loisir que je kiffe même je sais parfaitement que le casino perd jamais. « Et cet aprem, je me dis que je pourrai la passer avec un ami… » Un rictus se dessine sur mes commissures. Une façon de lui signifier que je parle de lui.
« On pouvait pas être partout. Cette année est consacrée à Stacy mais je te promets qu’on y sera l’an prochain. » Et toi aussi. Comme tous les ans, ou presque. C’est rare depuis que tu bosses dans le milieu que tu loupes Unify Gathering. Ca t’ouvres quelques opportunités de boulot également sans même que tu le prévois. Juste rencontrer de nouveaux artistes avec qui la vibe passe bien niveau personnalité et musique.
« Un peu qu’il y avait du monde ! On a fait salle comble et je peux te dire que ce sera comme ça pendant toute la tournée. » Bien évidemment qu’elle retourne sur des bases bien plus concrète comme le nombre de personne qui étaient physiquement dans la salle. Elle a raison cela dit, c’était rempli et c’était très beau à voir. Tu leurs souhaites que le meilleur dans le milieu de la musique et même dans leur vie tout court.
« Me commander un nouveau café pour commencer. » Elle te fait rire. Tu trouves que c’est un très bon début de programme en tout cas. Tu réalises petit à petit un peu plus son addiction pour le café. Vous avez tous vos vices et tu te dis que le sien reste bien mieux que l’alcool. « Une autre limonade pour moi. Merci. » Que tu demandes poliment. « Et par la suite, j’en sais trop rien… » Elle a l’air fatigué et tu comprends qu’elle va y aller doucement. « Probablement aller dépenser quelques dollars au casino en soirée… » Oh. C’est bien un truc que tu n’as pas fait depuis longtemps. Tu jouais au poker en ligne fut un temps. Jusqu’à ce que tu gagnes et que tout tes problèmes d’argent s’envolent. Tu jouais par nécessité plus que par divertissement et ça a payé. Dans tous les sens du terme. « Et cet aprem, je me dis que je pourrai la passer avec un ami… » Un ami. Tu n’as aucune idée de qui elle parle mais quand tu vois le sourire sur son visage tu comprends qu’il s’agit de toi. « Ça m’étonnait aussi que tu ne parles pas d’une amie plutôt. » Car tu sais son amour pour les personnes possédant un pénis. En parlant de ça… « Je l’ai noté sur ma bio Instagram mais je sais pas si les gens font vraiment attention… S’ils vont voir là bas. » Tu marques une petite pause, cherchant tes mots. Tu n’as pas dit ça à grand monde de vive voix. C’est toujours plus simple quand y’a Birdie ou un autre de tes amis proches car ils utilisent les pronoms neutre pour te parler et du coup ça met la puce à l’oreille à autrui sans que tu aies besoin de rien souligner. « J’utilise les pronoms il et iel. » S’il y a bien quelqu’un à qui tu avais envie de le dire plutôt directement, c’est Regan. Sûrement pour lui donner une raison de plus de t’apprécier davantage malgré ce qui se trouve entre tes jambes. Et puis tu enchaînes car tu n’as pas forcément envie de rester bloquer sur cette information. Il n’y a pas grand chose à dire de plus là dessus, c’est un fait que tu viens de lui exposer. « Je voulais aller faire un tour dans une boutique de vinyl. Ca te tente ? Je pourrais y aller un autre jour sinon. » Tu peux carrément changer le programme si jamais. Tu préfères passer du temps avec elle.
Entre la limonade et le café, c’est pas avec nous que le bar va faire fortune. Quoi que je dis ça mais il y des établissements qui se font plaisir sur le prix du café. Et pas spécialement pour avoir de la qualité en plus. Celui proposé est pas trop mal. Un poil léger à mon goût mais ça passe. Il suffit à me maintenir éveillée. C’est tout ce que je demande. Enfin, ça reste une solution éphémère. Si je reste assise sur cette chaise, je vais finir par piquer du nez. L’appel du sommeil risque d’être trop fort. J’ai besoin de bouger. C’est dans mes gènes de toute façon. L’ennui a vite fait de me gagner. Avec Jordan, l’ennui est pas au rendez-vous. Jamais. En sa compagnie, c’est l’assurance d’avoir une conversation intéressante. Évidemment, il nous arrive de déconner. Souvent même. Là, l’heure est pas à la déconnade. Elle est pas grave non plus. Elle est à la confidence. C’est rare de le voir s’ouvrir de la sorte. Ou devrai-je dire de lea voir s’ouvrir de la sorte. En fait non. J’y arriverai pas. Mon esprit est trop binaire contrairement à lui. Mais je comprends l’idée. Et un franc sourire étire mes lèvres, ravie de le sentir en confiance en ma compagnie malgré toute la misandrie qui me caractérise. « Perso, je me contente de mater les photos. » Je vais lui mentir pour lui faire plaisir. Les seules fois où je lis la bio des posteurs Insta c’est à l’occasion de paris avec Lora sur l’âge de la donzelle. Sinon, je mate sans m’en soucier. « A mes yeux, tu seras toujours Jordan. » Je ponctue ma phrase d’un clin d’œil. Je me fous de son pronom. Il, iel, quelle importance ? Le blond a dépassé ce stade. Il est entré dans ma sphère amicale. C’est l’unique homme à avoir réussi cet exploit. En étant pas totalement masculin, ça explique probablement le pourquoi du comment. Le principal réside son état d’esprit respectueux. « J’utiliserai il pour des questions pratiques. Mais sache y a que toi qui a la chance d’être nommé ami de ma part. » Je lui fais cette confidence en retour. Dans mon entourage, hormis mon père, il est le seul être doté d’un pénis que j’apprécie. Preuve en est de notre échange actuel. Je le considère presque comme un frère, un Blondie Angel à sa façon. L’instant émotion revient. Un instant joyeux ce coup-ci. J’hoche la tête à sa proposition. Ça va me changer de mes séances shopping habituelles. Ça me permettra de découvrir son monde. Et de le découvrir en parallèle. Il serait temps depuis le temps qu’on se connaît. J’ai pas souvenir d’avoir passé du temps ensemble en dehors des concerts ou de l’inauguration du salon de tatouage de Melissa dernièrement. « Vendu ! » Je sors mon portefeuille de mon sac à main. Je dépose un billet sur notre table que je bloque avec ma tasse vide pour régler nos boissons et laisser un généreux pourboire à la serveuse avec la monnaie. Je me lève par la suite. Je visse mes lunettes de soleil sur mon nez. « J’espère que c’est pas trop loin. Si tu me fais trop marcher, tu devras me porter pour me ramener à mon hôtel ! » Un rire sonore franchit la barrière de mes lèvres. Mon humour est de sortie. Signe que j’ai retrouvé du poil de la bête. Et que je me sens à l’aise. J’attends qu’il se mette en route afin de le suivre. J’ignore la direction à prendre. Je suppose qu’il a repéré une boutique en chemin. Au pire, on peut la jouer au feeling. Melbourne est sympa à visiter. Preuve en est de mon radar oculaire qui a déjà aperçu un nouveau mignon petit cul à proximité.
Le sourire sur les lèvres de Regan te fait chaud au coeur. « Perso, je me contente de mater les photos. » Et elle te fait bien comprendre qu’elle n’a pas vu cette mention. C’est donc une bonne chose que tu le lui aies souligné en face à face. Car ça te tient à coeur de plus en plus au fur et à mesure que les gens dans ton entourage font attention à ce détail qui est bien plus qu’un détail. Tu ne t’es jamais senti bien dans ton corps ni ta tête, ces détails te donnent du réconfort car tu te rends compte que oui, il est possible de se sentir bien grâce à des pronoms utilisés envers toi. Car ça sous entend bien plus que juste ça au fond. C’est un tout que tu es ravi·e d’avoir découvert ces dernières années. « A mes yeux, tu seras toujours Jordan. » Cette phrase est étrange car tu es toujours Jordan. « J’utiliserai il pour des questions pratiques. Mais sache y a que toi qui a la chance d’être nommé ami de ma part. » Encore une suite de mots mis bout à bout qui sonnent étranges à tes oreilles. La traduction que tu fais de tout ça c’est ’merci pour l’info mais non merci.’ Allé c’est pas grave Jordan. Y’a des gens qui comprennent plus que d’autres et tu n’es pas là pour entamer un argumentatif à propos des pronoms. Tu es toujours Jordan. Tu vas rester cellui qui ne s’ouvre pas parce que à quoi bon de toute façon quand on est pas pris en considération. C’est mieux d’utiliser son temps pour autre chose qui te procure du plaisir.
Quelque chose comme parcourir une boutique de vinyle pendant des heures. « Vendu ! » Un léger sourire sur tes lèvres car tu es content·e de voir que ton plan lui plaît. Faut dire que vous êtes des passionnés de musique donc c’est assez simple de trouver un terrain d’entente de ce côté là. Tu es déjà en train de te dire que tu vas t’offrir au moins deux vinyle pour faire du bien à ton âme. Tu mérites. Oui. Tu mérites tout Jordan. Vous êtes déjà sur le départ après qu’elle ait payé vos verres et que tu es vidé·e le tiens. « J’espère que c’est pas trop loin. Si tu me fais trop marcher, tu devras me porter pour me ramener à mon hôtel ! » Tu lâches un rire en l’entendant. Le contact physique avec les gens a toujours été un énorme problème pour toi et rien que de t’imaginer assez proche d’elle pour la porter tu en as des frissons dans le dos. Pas le bon genre de frissons. « Je m’inquiète pas pour toi, tu trouveras bien vite quelqu’un qui sera d’accord de te porter. » Ça ne fait aucun doutes. « Le disquaire est juste au bout de la rue. » Y’en a d’autres mais c’est celui ci que tu investis régulièrement quand tu es en ville. « Je vais essayer de me limiter à deux vinyles et pas dix même si je mérite tous les vinyles. J’aurai pas assez de place dans ma valise. » La réalité qui revient pour te recadrer, c’est bien ça Jordan. « C'est quoi la prochaine ville de votre tournée? » Ils partent le lendemain de ce que tu as compris.
Il faut pas croire que je me débarrasse de son info à la va-vite. Je comprends bien qu’elle est importante à ses yeux. Je sais juste pas comment réagir. Lui dire qu’il reste Jordan à mes yeux signifie que je me fous de son pronom. Ce qui m’intéresse est pas son physique ou son ressenti mais sa personnalité. Qu’il soit un mec, une meuf, non-binaire, change rien au fait que je l’apprécie. Ma réponse vient aussi de mon cerveau. Je sais parfaitement qu’avec son corps masculin, utiliser iel pour parler de lui me sera compliqué. Puis mon état de fatigue m’aide pas à me lancer dans une conversation poussée sur le pourquoi du comment de son identité. C’est peut-être ce qu’il voulait dans le fond. Si c’est le cas, il a simplement pas choisi le bon moment. Mais on le fera. J’ai pas peur de ce sujet. J’ai aucun tabou. J’espère juste qu’il m’en voudra pas de pas m’être montée super réceptive aujourd’hui. Logiquement non le connaissant. C’est pas un type rancunier. Preuve en est de sa façon d’embrayer. L’aprem ensemble se dessine malgré tout. Voilà qui démontre une nouvelle fois son intelligence.
J’en profite pour déconner. Réceptif, il rigole. C’est pas pour autant qu’il valide l’idée de me porter. Je m’en doutais. « J’appellerai Lora en cas de besoin. » Une bff est faite pour ça. Par contre, elle me dirait sûrement d’aller me faire foutre si je l’appelais pour ça. Meilleure amie est pas esclave. Et avec son caractère, il faut pas envisager de la manipuler pour des broutilles. Au pire, je trouverai bien une charmante demoiselle au joli petit cul pour m’aider. « Ça devrait aller pour la faignasse que je suis alors. » Le bout de la rue est pas loin. On y sera en cinq minutes. Un peu plus si je marche lentement afin de profiter de la vue sur les passantes. « Oh ben moi j’en ai ! Si t’en prends plus, t’auras qu’à me les filer et je te les rendrai de retour à Brisbane. » Je voyage toujours léger. J’emmène le strict minimum. Je fais pas partie des femmes qui trimballent la moitié de leur salle de bain à chaque déplacement. Puis la mienne est peu remplie. Je suis pas branchée maquillage et produits de beauté. Je suis plutôt adepte du naturel.
Je gagnerai une occasion de le revoir comme ça aussi. Ça nous obligerait à nous caler une rencontre dans nos agendas surchargés. « Adelaïde. » On continue le tour de l’Australie dans le sens horaire. Notre matériel est déjà en route. On prend l’avion demain matin. Enfin demain matin, 11h30 est plus vraiment le matin. J’ai voulu avoir du temps pour me poser un peu. Les transports ça me crèvent. « Et toi, tu vas faire quoi après Unify ? » Il va pas nous suivre durant toute la tournée. Il en est capable. S’il était libre de ses mouvements, il le ferait probablement. Et s’il avait le budget également. Si je peux lui filer des places gratuites, je peux pas gérer ses frais de déplacement. « On finira notre tournée à Brisbane avec un triple concert. Je peux compter sur ta présence et celle de ton koala sur une date ? » Je lui souris. La réponse est évidente. Il sera là. J’ignore pour Birdie. Tout dépendra si elle est rentrée de L.A. Et si elle aime ma musique. Elle voudra peut-être venir juste pour être avec son mec. Et pour découvrir ce que je vaux sur scène après avoir découvert mon niveau de drague et mon humour ravageur.
« J’appellerai Lora en cas de besoin. » Elle trouve une solution au problème qui n’en est même pas un pour l’instant. Just a dramaqueen being a dramaqueen. Ça va tu connais bien ça en tant que dramaqueen toi même qui vit une relation avec une autre dramaqueen. « Ça devrait aller pour la faignasse que je suis alors. » Tu n’as pas de problème pour marcher une demi heure voir une heure - quand tu as le temps - mais ce n’est pas le cas ici et ça arrange tout le monde. Tu as très hâte de te retrouver devant les différents albums et commencer à faire ta sélection. « Oh ben moi j’en ai ! Si t’en prends plus, t’auras qu’à me les filer et je te les rendrai de retour à Brisbane. » Une proposition plutôt sympathique. « Nan, merci. J’ai besoin de les avoir avec moi physiquement sinon j’irai les acheter à Brisbane directement si j’ai pas la place. » C’est assez étrange oui ce besoin que tu ressens avec tes vinyles. C’est une addiction on peut dire ça oui oui. Une qui ne fait mal à personne, même pas à ton porte monnaie parce que tu es bien fourni de ce côté là.
« Adelaïde. » Tu l’écoutes alors que vous marchez dans la rue direction l’autre bout. Ca fait longtemps que tu n’as pas fait de tournée de ton côté. De tournée où tu es avec le groupe. Où tu es techniciens ou cellui qui s’occupe du merci et cellui qui remplace un musicien à la dernière minute parce qu’il est hors service. Des souvenirs qui te prennent là. Tu verras si y’a une occasion qui se présente dans un avenir proche. Tu connais beaucoup de groupe qui seraient pas mécontent de t’avoir et gratuitement en plus parce que tu veux l’adrénaline qui va avec tout ça, pas l’argent. C’est bien connu que la musique ne paie pas et y’a bien des groupes qui méritent d’être plus connu mais dont les ressources sont limités. Alors tu aides comme tu peux. Est-ce que ton cul de 31 ans survivrait à une tournée ? Yeah. Oh c’est la confiance qui parle, c’est beau, j’aime.
« Et toi, tu vas faire quoi après Unify ? » « Un jour ou deux de plus ici pour m’en remettre et puis retour à Brisbane. » Ce qui sous entend que ce sera ta vie habituelle une fois de retour là bas. Tu as des trucs bien cool prévu là bas dans les jours à venir et vraiment tu aimes beaucoup ta vie. « Y’a quelques shows qui arrivent j’ai bien hâte de ça. » Tout est bien écrit dans ton agenda. « On finira notre tournée à Brisbane avec un triple concert. Je peux compter sur ta présence et celle de ton koala sur une date ? » Tu hoches la tête pour confirmer. T’as un sourire qui se forme sur ton visage quand elle appelle Birdie ton koala. C’est adorable et très vrai. « Je proposerai à Birdie mais tu peux compter sur moi sûr. Je serai là. » Que tu confirmes alors que tu as déjà hâte de revoir son groupe sur scène.
Vous voilà au disquaire et t’as l’impression d’entrer à la maison tellement tu te sens bien dans ce genre d’endroits. « Je vais voir s’ils ont le dernier album d’Avril Lavigne en vinyle. » Car tu ne l’as pas nope. « T’écoutes quoi en ce moment ? » Que tu demandes alors que tu commences déjà à regarder ce qui est mis en avant, les nouveautés du moment car oui, tu es en train de te dire qu’il serait judicieux d’en prendre un de ceux là pour faire monter les rangs dans les Charts. Donc ce sera le dernier d’Avril Lavigne, Love Sux et un autre qui est sorti cette semaine. C’est décidé.
Parfois je me sens conne. Il est logique qu’il reste quelques jours ici après Unify. Il en aura besoin pour récupérer. Le connaissant, il va tout donner face à ses groupes favoris. Jordan fait pas dans la demi-mesure lors des concerts. Je suis certaine qu’il finira rincé, vidé de son énergie, peut-être la voix brisée aussi. Mais avant tout, il sera heureux. Il vit pour la musique. A ce niveau, on est fait du même bois. « Tu vas encore m’être infidèle. » Je ris. Je suis pas jalouse des autres. Il a raison de multiplier les shows et de vivre sa passion à fond. Je dirai même qu’il est plus passionné par ce domaine que moi. Perso, si j’adore la musique, j’en suis pas à acheter des vinyles. J’aime déconnecter de ce monde par moment. Après, je le fais jamais très longtemps. Je peux pas renier ma nature. J’ai le rock dans le sang. D’ailleurs, j’y reviens vite en lui indiquant notre final à Brisbane. Il y a des chances qu’il soit au courant. Il connaît sûrement mieux le calendrier de notre tournée que moi. Je lui rends son sourire face à sa réponse, déjà ravie de savoir le revoir sous peu. Sans oublier le fait de sans doute croiser Birdie, sa mignonne blondinette. Sans arrière-pensée salace je précise. J’envisage pas de lui piquer sa meuf. Disons que j’apprécierai la connaître davantage, que j’apprécierai connaître davantage celle qui fait battre le cœur de mon ami. « Super ! Préviens-moi de la date, je vous ferai parvenir des pass VIP et un accès aux backstage après le concert. » Je dis vous car j’imagine déjà son koala venir. Au pire, il invitera la personne de son choix. Dans tous les cas, il pourra profiter d’un instant avec tout le groupe. C’est rarement arrivé. Je pense que ça lui fera plaisir d’échanger avec mes musiciennes.
Surtout avec Emily en l’entendant évoquer Avril Lavigne. La jeune batteuse est en fan. Elle a jamais réussi à décrocher de l’idole de son adolescence. On se fout régulièrement de sa gueule là-dessus. Ça reste gentillet. On se taquine sans arrêt avec les filles. La cohésion de notre groupe est en partie liée à ça. « Il faut absolument que tu rencontres Emily, vous êtes faits pour vous entendre. C’est l’album où t’as collaboré avec elle ? » Il m’en a parlé rapidement lors de l’inauguration du salon de tatouage de Melissa. On a pas développé le sujet à cause de l’arrivée de Birdie. Ce qui a été un mal pour un bien, j’ai été contente de la rencontrer. Je regarde les articles à la vente. Il y a du choix. J’aurai pas cru que le vinyle marchait aussi bien. Déjà qu’un CD est limite une antiquité. Mes albums sont la plupart du temps achetés en ligne et téléchargés. Je m’en désole un peu. Je préfère le palpable. Je peux pas aller contre l’évolution. « Ça. » Je lui montre une pochette de Queen. Je suis dans une période nostalgique. Puis Freddie Mercury est un génie. Sa voix est une tuerie. Malgré ma misandrie, j’élève ce mec au rang de légende. Il se passe une semaine sans que j’écoute un de ses tubes. Je m’en inspire même parfois pour écrire mes textes. Sans plagier quoi que ce soit, je précise. De toute, c’est pas moi qui compose. Cette part du boulot revient à Lora. « Oxtorm aussi. » Le groupe d’une de ses amies. J’avais dit le faire alors je l’ai fait. Je fais pas de promesses en l’air. Et ce qu’ils font est sympa. Ils me donnent envie de les voir sur scène. Jusqu’ici, j’ai pas eu le temps. Je le trouverai à la fin de notre tournée. « Et Angel never die, le dernier album des Blondies Angels, je sais pas si tu connais. » Mon humour est de sortie. Un peu qu'il le connaît. Et je parierai par cœur.
« Tu vas encore m’être infidèle. » C’est vraiment elle la plus drama queen de vous deux à ce moment précis. Tu es en train de te demander comment ça serait avec Will et Birdie dans la même pièce. Beaucoup trop de dramaturge au mètre carré ça pourrait enclenché une sorte d’apocalypse ça. T’en es sûr.e. « Super ! Préviens-moi de la date, je vous ferai parvenir des pass VIP et un accès aux backstage après le concert. » Tu hoches la tête en appréciant son offre. « Je te dis ça dès que je sais. » Car tu as très envie de faire ça avec Birdie. Tu aimes quand elle se mélange à ton monde. Pas pour rien que vos vacances en Octobre dernier sont encore les meilleures de ta vie. Tu notes dans un coin de ta tête de parler de ce show à Birdie dès que tu l’auras de nouveau au bout du fil car madame est à Hollywood sans toi. Elle vit sa meilleure vie de star comme elle le mérite. T’es vraiment très heureux.se pour elle.
« Il faut absolument que tu rencontres Emily, vous êtes faits pour vous entendre. C’est l’album où t’as collaboré avec elle ? » Tu hoches la tête pour répondre à sa question. Emily a l’air d’être quelqu’un avec de bons goûts. Quelqu’un qui n’aime pas Avril Lavigne est automatiquement un red flag pour toi. « Tu me présenteras. » Car tu veux la rencontrer aussi maintenant.
« Ça. » Tu regardes ce qu’elle te montre et ton sourire se fait bien plus large. « Une valeur sûre. » Car Queen. Y’a même pas besoin d’ajouter quoi que ce soit à cette justification. « Oxtorm aussi. » Le nom de ce groupe dans sa bouche te fait arrêter de parcourir les vinyls. « Et Angel never die, le dernier album des Blondies Angels, je sais pas si tu connais. » Tu souris un peu plus à cette dernière phrase mais t’es encore sous le coup de sa mention juste avant. « Je savais pas que tu connaissais Oxtrom mais ça tombe sous le sens. » Y’a beaucoup de points communs entre leurs groupes de musique, notamment qu’ils soient avec un lead féminin. Chose que tu apprécies également. « Jess est une amie. On bosse aussi pas mal ensemble. » Vous avez sorti quelques chansons en collaboration, des covers pour la plupart mais y’a du lourd à venir avec la bande son du film Malibu Broken. Elle s’est naturellement greffé au projet et ça ne pouvait pas être mieux. T’es heureux.se de l’avoir dans ta vie car vos cerveaux s’accordent juste trop bien musicalement parlant et vous faites des miracles. « Je vais entamer une pétition pour une collab Oxtorm/Blondies Angels. Ca serait dingue… » Tu essaies de te contenir mais ça se voit que tu es en train de frétiller à l’idée. Tu connais bien le potentiel de chacune et tu meurs un petit peu de l’intérieur d’imaginer une chanson qui associe leurs énergies. Tu en as même oublié les vinyls tellement y’a ton cerveau qui va à fond. Tellement t’es à pas grand chose d’envoyer un SMS à Jess pour lui demander si elle savait que Regan de Blondies Angels écoute sa musique. Si faut elles sont amies et tu le savais juste pas. Ca ne t’étonnerait pas.
Il me tiendra au courant en temps et en heure. Pas la peine de lui mettre la pression maintenant. De toute, il peut pas me répondre sans l’avis de son koala. Jordan parle pas aux noms des autres. Il les laisse donner leur propre avis. Puis j’ai autre chose à penser. Avec la tournée, d’ici mon retour à Brisbane, il va s’en passer des trucs. Je retiendrai pas qu’il me faut lui envoyer deux pass VIP. En y réfléchissant, je devrai lui en fournir un à vie. Il le mérite tant il est fan du groupe depuis la première heure. Je me demande combien de nos shows il a raté. A mon avis, je peux les compter sur les doigts de mes mains. Comme je peux compter le nombre d’artistes avec qui il a collaboré. Et dire que je suis la plus connue de notre duo. Pourtant, c’est lui qui a fait les rencontres les plus folles. « C’est notre batteuse. Je te préviens à l’avance, elle a tendance à mordre. » J’éclate de rire dans le magasin. Emily est une crème. Un brin caractérielle mais juste ce qu’il faut. Comparée à moi, c’est un gentil nounours. Cependant, il faut pas trop la chercher non plus. Sinon, la fougue de sa jeunesse se déchaine et ça fait de sacrées étincelles. L’argument de ma présence était déjà suffisant pour le faire venir au concert mais avec Emily ajoutée à l’équation, il est plus que certains qu’il va venir. Et en évoquant Oxtorm j’ai même trouvé un élément supplémentaire. « Je m’intéresse toujours à la scène musicale rock locale. » Je lui lance un clin d’œil. J’oublie pas d’où je viens. Moi, aussi j’ai commencé petit avant d’être célèbre. Avant les tournées nationales, j’ai débuté par la tournée des bars et des scènes ouvertes. J’ai eu à affronter un public pas venu pour m’écouter. J’ai même essuyé des sifflets de la part de la gent masculine via mes textes engagés. « Bonne idée ! Si t’obtiens dix mille signatures, je te promets qu’on le fera ! » Si je suis une grande déconneuse, je tiens mes promesses. C’est un principe de vie auquel je tiens. Il m’a été transmis par mes parents. « Tu veux l’inviter lorsque tu viendras nous voir ? » Je suis pas à un pass près. Comme c’est une de ses amies, ça devrait lui faire plaisir. Après, j’ignore si elle aime ma musique. Elle a beau baigné dans le style rock, rien me garantit qu’elle est fan des Blondies Angels. « Par contre, si elle vient, pour elle, c’est pas gratuit. Son accès aux backstage lui coûtera un baiser. » Mon rire résonne de plus belle. Je donne pas dans l’optique de recevoir en retour. Je suis pas une manipulatrice. J’admets malgré tout avoir un part de vérité dans ma plaisanterie. Pour l’avoir vu photo, elle est mignonne la chanteuse d’Oxtorm. « Et d’ailleurs, c’est aussi valable pour Birdie. Bon pour elle, je peux me contenter d’un nouvel aperçu de son poisson… » Un rictus malicieux étire mes lèvres. Je garde un bon souvenir de la vue de son tatouage. J’avoue avoir davantage reluqué sa poitrine que son tatouage. J’avoue également qui si je garde un bon souvenir de ce moment, c’est surtout pour ce qu’il s’est passé après le départ du couple. L’instant où Melissa s’est amusée à redessiner les contours de mes propres dessins encrés. Et pas avec son dermopgraphe.
« C’est notre batteuse. Je te préviens à l’avance, elle a tendance à mordre. » Elle fait bien de te le dire, tu garderas tes distances de sécurité pour ne pas être victime d’une de ses morsures. Bien évidemment c’est une image, une expression, mais quelque chose te dit que ça pourrait être aussi au sens propre du terme. Dans tous les cas, les chances que ton oiseau soit à tes côtés quand ce moment arrivera sont grandes. Birdie te protégera si besoin et cela même sans que tu demandes, tu en es sûr.e. Elle commence a très bien te connaître et à être la mama Bear qu’elle peut être car elle t'aime plus que tout. Tu sais parce que tu veux la protéger de tout également. Et puis Regan part dans un grand rire, alors tu n’as aucune idée si ce qu’elle vient de te dire est du lard ou du cochon. « Je m’intéresse toujours à la scène musicale rock locale. » T’as droit à un clin d’oeil, tu sais pas trop pourquoi mais au fond, Regan est perpétuellement en train de séduire le monde entier, y’a pas besoin de réfléchir plus.
« Bonne idée ! Si t’obtiens dix mille signatures, je te promets qu’on le fera ! » Qu’elle ne le dise pas trop fort, tu es sûr.e que tu peux y parvenir. Tu es même un poil trop certain.e Jordan et c’est beau à voir quand ton petit cerveau n’est pas en train de douter de lui même. « Tu veux l’inviter lorsque tu viendras nous voir ? » Voilà une façon encore plus rapide d’avoir éventuellement cette collab si ça colle entre elles. Et tu sais que ça pourrait certainement éventuellement peut être… Y’a des chances ouais. « Oh. Ouais. Je peux lui demander. » Peut être même que Jess a déjà une place pour un des shows. « Par contre, si elle vient, pour elle, c’est pas gratuit. Son accès aux backstage lui coûtera un baiser. » Ça te fait sourire de l’entendre. Peut être que ça finira en plus qu’une collab musicale. Peut être aussi une collab dans les draps… Pas tes affaires dans tous les cas.
« Et d’ailleurs, c’est aussi valable pour Birdie. Bon pour elle, je peux me contenter d’un nouvel aperçu de son poisson… » C’est assez fou comme Regan ne s’arrête jamais. « Je lui en ferai part. » Tu sais qu’elle plaisante, ou du moins, tu penses que c’est le cas. Ce serait plutôt très fucked up qu’elle cherche sincèrement à séduire ta girlfriend. Tu penseras à envoyer un SMS assez rapidement à Jess quand tu seras seul.e car t’as beau être plutôt accro à ton téléphone, tu es respectueux des gens avec qui tu te trouves. Tu reprends de parcourir les vinyles et tu restes raisonnable. T’es fier de toi quand tu passes à la caisse et que le total de tes achats s’élève à 72.72 dollars. Il t’en faut vraiment peu pour être heureux. C’est chou.