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Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

Elle se sent un peu idiote avec son sac cadeau, elle est même à deux doigts de le foutre à la poubelle et de rentrer directement ce soir. Mac aura beau essayer de la convaincre que c’est une bonne idée, Spencer n’en est plus si sûre maintenant qu’elle est devant la porte du bureau. Tant qu’elle n’a pas frappé pour annoncer sa présence, il est techniquement encore temps de faire demi tour et enterrer la peluche dans un coin et l’y oublier complètement. Et si c’était pris de la mauvaise façon ? Ce n’est pas comme si elle avait une place dans tout ça, une fois de plus elle n’est qu’une pièce rapportée, un parasite même. C’est triste à dire mais c’est un fait. Depuis qu’elle a croisé la route de Raelyn, elle n’a fait que prendre prendre prendre, le tout sans jamais rien apporter en échange. En même temps, elle n’a littéralement rien à offrir et elle a toujours du mal à savoir si elle est même supposée s’intéresser de près ou de loin à la vie de famille de sa demi-sœur. Même si sur le principe, elle prétend ne rien attendre de tout ça, c’est plus fort qu’elle et elle ne peut s’empêcher d’espérer un peu. C’est un peu le problème quand on évolue dans le système et qu’on cherche juste à se faire une place, même toute petite.
Le problème avec Spencer, c’est que c’est tout ou rien avec elle. Soit elle prend les décisions sur un coup de tête et sans penser aux conséquences, soit elle envisage tous les scénarios possibles et imaginables et reste bloquée devant tout le bordel. Le pire c’est qu’elle n’a aucune raison d’hésiter autant, c’est un bête cadeau et une discussion entre adultes. Pour une fois, elle est même celle qui engage le tout sans qu’on ait à venir la chercher par la peau du cou. Une avancée certaine, faut croire. Une grande inspiration plus tard et elle se décide enfin à frapper. Elle patiente une seconde, trois, cinq, patiente jusqu’à entendre une voix de l’autre côté. Elle passe la tête dans l'entrebâillement de la porte, sourire un peu pincé sur les lèvres. « Hey, j’te dérange pas longtemps je hm- Y a un truc ou deux dont j’aurai bien voulu discuter, si t’as le temps ? » elle attend le feu vert de Raelyn et rentre en refermant la porte derrière. Bon, par où commencer. Ses pensées vont dans tous les sens et c’est compliqué d’organiser tout ça. Elle est tendue, la faute à tout un tas de choses mais principalement la dernière entrevue qu’elle a pu avoir avec son aînée et toutes les informations qu’elle a pu avoir et qu’elle a eu le temps d’assimiler depuis. Elle ne reviendra pas dessus, ce n’est ni le lieu, ni le moment, ni même sa place de l’ouvrir à ces sujets-là. Pas de question supplémentaire sur Otto et sur la situation, pas d’interrogation sur le pourquoi du comment. Non, si elle est là aujourd’hui c’est pour tout autre chose. Elle inspire et évite de laisser trop de blanc dans la conversation. « Et j’ai apporté ça, aussi. » elle dépose le sac en papier sur le bureau et fait un pas en arrière, le regard à moitié fuyant et les lèvres pincées. La vendeuse a fait un joli packaging avec un ruban noué et tout le bordel, tout ça pour empaqueter le doudou renard que la petite n’aura peut-être même jamais entre les mains. Parce qu’elle a sûrement déjà tout un tas de choses offerts par ses parents et par leurs proches. « C’est pas grand chose, t’es même pas obligée d’accepter. C’est juste histoire de. » faut qu’elle se calme, Spencer. Faut qu’elle respire aussi. C’est qu’une foutue peluche qui signifie rien. Promis, elle ne sera même pas vexée si jamais l’objet est balancé à la benne à l’instant où elle quitte les lieux. C’est juste plus fort qu’elle, cette espèce d’anxiété constante pour tout et rien. « Déjà heu, je voulais commencer par m’excuser pour la dernière fois. » pour changer. Mais bon, y a de quoi en même temps. C’est qu’elle commence à coûter cher à force, la gamine.« Et merci de pas m’foutre à la porte, aussi. » Ca aussi elle l’a déjà entendu, Raelyn. Et elle n’a sûrement aucune envie d’encore une fois entendre les excuses creuses de quelqu’un qui enchaîne les bourdes depuis toujours. « Enfin, c’est pas tellement pour ça que je voulais te voir. Enfin si, mais pas que. » bon faut vraiment qu’elle arrête de s’éparpiller comme ça. Sûrement qu’elle aurait dû répéter quelque chose avant, elle est vraiment pas douée pour ça. « J’vais signer pour un centre avec un programme de désintox et tout le bordel, je sais pas quand y aura une place mais c’est sans doute mieux si t’es au courant avant, parce que du coup ça sera chiant. Pour le boulot, j'veux dire. » et elle enchaîne sans prendre la peine de respirer, trois fois trop vite parce qu’elle a envie de se débarrasser de la pression d’en parler de vive voix. Elle n’aborde pas le sujet du coût du centre ni même le temps d’attente estimé ou la principale raison de ce soudain revirement de situation, elle compte se débrouiller pour payer.

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Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell

J’ai déjà été plus sereine, plus apaisée, mais je fais malgré tout bonne figure. Je tente d’oublier que, pour une raison qui m’échappe, Amos ne m’a pas touchée depuis la naissance de notre fille et alors que les médecin m’ont donné le feu vert pour reprendre toute activité sportive en tout genre, je transforme toute cette frustration en énergie, ce qui me rend redoutablement efficace au casino depuis que j’en ai repris le chemin. Je bois pour m’occuper l’esprit, mais pas en présence de mon complice qui se débat contre son addiction et sa tentative de sevrage. Je fume à nouveau comme un pompier en revanche, et puisque personne dans mon entourage n’a de problème avec la cigarette, je n’ai jamais besoin de m’en cacher. Je suis postée à la fenêtre du bureau, une cigarette à la main, lorsqu’on frappe deux coups timides contre la porte. La personne que j’invite à entrer et qui s’avance à tâtons dans la pièce, c’est ma demi-sœur. Elle a meilleure allure que lorsque je lui ai rendu visite après son agression, mais elle semble toujours autant marcher sur des œufs avec moi. N’était-ce pas ce qu’elle voulait pourtant, retrouver sa famille ? Est-elle toujours mal à l’aise à cause du mystère que j’ai laissé planer concernant mes connaissances du marché de la drogue à Brisbane ? « Hey, j’te dérange pas longtemps je hm- Y a un truc ou deux dont j’aurai bien voulu discuter, si t’as le temps ? » - « Bien sûr, installe toi Spencer. Je termine ma cigarette, et je suis à toi. » Je tire quelques lattes supplémentaires sur l’objet du délit, avant de laisser le mégot tomber dans le cendrier posé sur le rebord de la fenêtre, que je ferme pour profiter de la climatisation de l’Octopus.

Replaçant mes cheveux derrière mes épaules, je m’installe sur ma chaise de bureau quand la blonde me tend un petit paquet multicolore. « Et j’ai apporté ça, aussi. » Le sac porte le logo d’un magasin de jouets et j’esquisse un sourire en tendant le bras pour l’attraper. « C’est pas grand chose, t’es même pas obligée d’accepter. C’est juste histoire de. » J’entrouvre le sac pour en tirer la peluche renard que la demoiselle a acheté pour Micah - ou du moins je l’espère - avant de la remettre à l’intérieur. « Dis pas de bêtise. Je suis sûre que Micah va l’adorer. Enfin, j’espère que c’est pour elle ? Parce qu’avec moi, une bouteille de scotch ou une boîte de chocolat, ça fonctionne mieux. » Je la houspille gentiment, avant de coller mon dos contre le dossier de ma chaise et d’étendre mes jambes. « C’est une adorable attention Spencer. Merci. » Et peut-être qu’un jour, la blonde rencontrera sa nièce. Je n’y suis pas opposée, ou en tout cas pas dans l’absolu. Je veux simplement être certaine que la petite junkie ne représente aucun danger pour mon bébé.

« Déjà heu, je voulais commencer par m’excuser pour la dernière fois. Et merci de pas m’foutre à la porte, aussi. » Plus sérieuse, je repose mes coudes sur le bureau pour me pencher vers la blonde. « T’as pas de remerciement à me faire. Juste à tenir parole. » A savoir, ne plus toucher une seule marchandise flanquée de l’abeille de ma Némésis - pas tant parce que j'abhorre la brune que parce que ses produits sont autrement plus dangereux - et réfléchir un peu mieux la prochaine fois qu’elle emprunte de l’argent. « Comment je me rembourserais si je te fichais à la porte. » Je joins mes doigts et je l’observe, un sourire amusé sur le visage.

« Enfin, c’est pas tellement pour ça que je voulais te voir. Enfin si, mais pas que. » Difficile de savoir ce qui travaille la gamine, mais elle semble plus nerveuse qu’elle ne l’est déjà en temps normal en ma présence. Concentrée, je l’écoute et lui fais signe de la tête de continuer. « J’vais signer pour un centre avec un programme de désintox et tout le bordel, je sais pas quand y aura une place mais c’est sans doute mieux si t’es au courant avant, parce que du coup ça sera chiant. Pour le boulot, j'veux dire. » Je hausse les sourcils, sincèrement surprise. Je ne l’imaginais pas avoir ce genre de déclic Spencer, ou en tout cas pas tout de suite. Pas sans avoir touché le fond, et j’estime qu’elle n’y est pas encore tout à fait. « Un centre de désintoxication. » Je répète, sans aucun jugement. « Le boulot sera pas un problème. » Je ne prends pas les décisions seule, mais je pense pouvoir affirmer qu’Amos sera le premier à l’encourager à entrer en cure. Il voulait m’y enrôler de force, moi, avant d’adopter une solution plus radicale. « Pourquoi ? C’est quoi le déclic ? » Quelqu’un ? Quelque chose qu’elle a fait ? Plus la motivation a de la valeur à ses yeux, plus la cure aura de chances de réussir, aux miens.

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Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

A ça de faire demi-tour et d’abandonner la mission, Spencer prend son courage à deux mains et se lance finalement. Elle frappe, entre et pose sa première question. « Bien sûr, installe toi Spencer. Je termine ma cigarette, et je suis à toi. » pas de gamine aujourd’hui, pas d’air réprobateur ou de tension créée par une remarque mal avisée. Elle acquiesce et va prendre place en attendant que Raelyn ne termine sa clope. Du coin de l’oeil, elle suit l’aînée et commence par tendre le paquet qui lui encombre les mains. « Dis pas de bêtise. Je suis sûre que Micah va l’adorer. Enfin, j’espère que c’est pour elle ? Parce qu’avec moi, une bouteille de scotch ou une boîte de chocolat, ça fonctionne mieux. » la plaisanterie a au moins le mérite de désamorcer un peu la nervosité dont fait preuve la blonde. Juste un poil. C’est pas grand chose mais c’est déjà ça et c’est mieux que rien. Spencer souffle un rire et secoue doucement la tête en plissant le nez. « Ah non, mince. J’étais sûre que t’aimais bien ça les petits renards. J’voyais plus des cigares pour Micah ? » elle continue sur le même ton léger, et c’est exactement le genre de chose qu’il lui faut pour s’apaiser un peu. « C’est une adorable attention Spencer. Merci. » rassurée, elle sourit et hoche la tête. Le geste n’a pas l’air d’être mal pris ou mal interprété et l’air de rien, ça lui enlève un sacré poids de sur l’estomac.

Elle enchaîne avec ses énièmes excuses et elle a de plus en plus l’impression de passer son temps à ça, ces derniers temps. C’est qu’elle a tout un tas de choses à se faire pardonner auprès de tout un tas de gens. « T’as pas de remerciement à me faire. Juste à tenir parole. » plus prendre la première merde venue, blablabla, elle sait. Le truc c’est qu’elle a longtemps eu ses petites habitudes, Spencer. Et changer sa façon de consommer du jour au lendemain, c’est pas aussi simple. « Comment je me rembourserais si je te fichais à la porte. » la jeune femme plisse le nez, effectivement c’est une excellente question. « Vu comme ça, ouais. » elle n’a toujours rien d’autre à proposer. Et c’est pas comme si elle pouvait compter sur un quelconque héritage tombé du ciel de la part d’un proche non plus. Maureen a laissé des dettes, et si par miracle ils ont des nouvelles de Jeremiah qui est devenu plein aux as par miracle, elle est la dernière en ligne pour espérer toucher le moindre centime. Non, il va falloir qu’elle se prenne en main et qu’elle trime.

Seulement c’est compliqué sur le long terme si elle ne se sort pas de sa situation désastreuse. Ce qui l’amène justement à son point suivant, à savoir sa soudaine grande décision de signer quelques papiers pour un programme. « Un centre de désintoxication. » la cadette hoche la tête. C’est vraiment idiot d’être aussi nerveuse pour quelque chose de ce genre, pourtant. Elle même a encore du mal à réaliser dans quoi elle se lance, c’est sans doute la première vraie bonne décision qu’elle ait jamais prise et ça lui fait un drôle d’effet. Toujours pointée du doigt comme étant une gamine irresponsable et irréfléchie, elle n’a fait que se laisser emporter par les événements de ces dernières années. « Le boulot sera pas un problème. » nouveau soulagement, même si ça lui donne quand même vachement l’impression de tirer sur la corde. Est-ce qu’elle abuserait pas un peu ? « C’est une longue période, quand même. » elle précise. Plusieurs semaines au minimum, selon les cas ça peut se compter en mois mais elle espère clairement ne pas être de ceux-là. « Pourquoi ? C’est quoi le déclic ? » tant de choses en vérité. Une accumulation, un ras-le-bol général, la peur de ne plus pouvoir remonter, l’envie d’autre chose, mais surtout elle. « Hm, tu vois la dernière fois quand t’as dit que je ferai mieux de me trouver quelqu’un qui en a quelque chose à faire ? » bon, Raelyn n’a pas spécifiquement employé ces termes, mais le message a été enregistré de la sorte. « Il se pourrait que j’ai pris un peu d’avance, pour une fois. » elle ne détaille rien pour l’instant, se contente se mordre l’intérieur de la joue en cherchant ses mots. « C’est marrant parce que j’ai jamais été trop du genre à m’attacher aux gens, enfin ça a toujours été compliqué quoi. » socialement parlant, elle est zéro Spencer. Elle a toujours trop peur d’être déçue ou de regretter, ou même de décevoir, parce que c’est comme ça qu’elle a été habituée depuis toute petite. « Enfin pour la faire courte y a juste heu- quelqu’un que je connais depuis longtemps et qui compte énormément pour moi. Et bon, elle m’a fait comprendre que je pouvais plus continuer comme ça quoi. » elle offre la version courte et abrégée, n’évoque pas tout le passif derrière et toutes les disputes qu’il a pu y avoir, elle est certaine que Raelyn est familière avec ce genre de ressenti. « Pour le moment j’vais juste rentrer sur la liste d’attente déjà, on verra bien comment ça se passe ensuite. » dans un mois, deux ou six, qui sait.

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Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell

« Ah non, mince. J’étais sûre que t’aimais bien ça les petits renards. J’voyais plus des cigares pour Micah ? » Spencer saisit ma tentative d’humour au vol et elle ajoute même sa touche personnelle : c’est étonnant pour quelqu’un qui, jusque-là, se comportait avec retenue en ma présence. C’est surprenant, mais pas désagréable. J’ai toujours aimé interagir avec des individus possédant du répondant, et la gamine me prouve jour après jour qu’elle n’en manque pas plus que de mauvais caractère. Est-ce à cause de nos chemins de vie semblables, ou bien est-ce inscrit dans nos gènes ? Acquis ou innée ? A quoi me fier ? « Attend peut-être quelques années. Pour l’instant, pas dit que son père soit d’accord. » Je mets tout sur le dos d’Amos quand je serai pourtant la première à défendre ma gamine de s’empoisonner tant que j’aurais encore la moindre autorité sur elle. Fais ce que je dis, pas ce que je fais…

« Vu comme ça, ouais. » Le sujet est balayé : je n’ai pas l’intention de mettre Spencer à la porte et, Amos, avisé de la situation, ne m’a pas encouragée à le faire ou demandé de m’y résoudre non plus. Contrairement à moi, c’est un amoureux des secondes chances mon complice, surtout lorsqu’il s’agit de gamines comme la blonde qui ont fait trop d'erreurs à cause de la drogue. Je crois que, comme pour moi mais pour des raisons différentes, Spencer fait vibrer sa corde sensible.

« C’est une longue période, quand même. » - « Ce sera plus long encore si tu fais une overdose. » Surtout si elle y reste. Dans ce cas, on pourra compter sur un pour toujours. « Tu pourras adresser une demande officielle. Mais je sais qu’Amos sera d’accord avec moi. » Parce qu’il n’est pas question de prendre des vacances pour s’enfuir à Hawaï. Il est question d’une jeune adulte, presque encore une enfant, qui se reprend en main et tente de s’en sortir. De toute façon, je lui en parlerai : mieux, je le consulterai. Je n’imagine pas prendre les décisions concernant l’Octopus sans lui, même lorsqu’il est question de ma demi-sœur. « Hm, tu vois la dernière fois quand t’as dit que je ferai mieux de me trouver quelqu’un qui en a quelque chose à faire ? » - « C’est pas tout à fait ce que j’ai dit. » Je lui ai dit de trouver une raison. mais comment lui reprocher qu’elle ait pris les traits d’une personne, quand moi même ce fut mon cas ? J’esquisse un sourire amusé, touchée qu’elle s’ouvre à moi et me demandant si j’ai eu la moindre influence positive pour la blonde : ce serait une première. « Il se pourrait que j’ai pris un peu d’avance, pour une fois. » Je laisse échapper un rire amusé, la laissant s’ouvrir par peur de la brusquer. « C’est marrant parce que j’ai jamais été trop du genre à m’attacher aux gens, enfin ça a toujours été compliqué quoi. » Je comprends. Je sais puisque, comme elle, j’ai longtemps été une solitaire. Je ne m’entourais d’homme que pour réchauffer mes draps puisqu’au fond et de façon contradictoire, j’étais terrorisée à l’idée d’être seule, mais plus effrayée encore à l’idée d’ouvrir mon cœur. J’étais faite pour Amos. Aucun autre n’aurait réussi là où il a réussi. « Enfin pour la faire courte y a juste heu- quelqu’un que je connais depuis longtemps et qui compte énormément pour moi. Et bon, elle m’a fait comprendre que je pouvais plus continuer comme ça quoi. » Je hoche la tête doucement, réfléchissant à la portée de ses propos. « Pour le moment j’vais juste rentrer sur la liste d’attente déjà, on verra bien comment ça se passe ensuite. » - « Tu es consciente que, dans le public, ce genre de chose peut prendre des mois ? » Ne jamais avoir envisagé la cure de désintoxication comme une solution pour moi ne veut pas dire que je ne suis pas consciente du défi que représente le fait d’en intégrer une. « Quatre mois, six mois. C’est long. Et ça laisse le temps de changer d’avis. Aux bonnes raisons de disparaître aussi. » Je ne sais pas qui est cette fille dont elle parle et si elle est fiable. « Laisse-moi te poser une question, Spencer. » Je n’ai pas l’intention de demander l’autorisation. « Elle t’a fait comprendre que tu ne pouvais plus continuer comme ça pour elle, ou pour toi ? » Pour être plus percutante, je reformule. « Tu veux le faire parce que, sans ça, elle te rejettera, ou parce qu'avec elle tu te sens la force de te sevrer ? » Dans le premier cas, c’est l’échec assuré. « Parce que les chances de réussite dépendent beaucoup de la réponse à cette question. » Tu le fais pour elle, ou pour toi ?

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Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

Les plaisanteries ont au moins l’avantage de détendre un peu l’ambiance. Non pas qu’elle ait été tendue de base, c’est juste Spencer qui l’est pour une multitude de raisons. « Attend peut-être quelques années. Pour l’instant, pas dit que son père soit d’accord. » elle souffle un rire du nez puis grimace en hochant la tête. Oui, Amos n’a pas l’air d’être le genre de type qui laissera approcher quoi que ce soit de néfaste de sa fille. La façon qu’il avait d’en parler ne laissait aucune place au doute. Et un peu malgré elle, ça lui file une sensation bizarre, à Spencer. Pas besoin d’être un génie pour se rendre compte que c’est une forme d’envie, d’une certaine façon. Gamine, elle aurait tout donné pour avoir une présence de ce genre là dans sa vie. Au moins la petite Micah semble être entre de bonnes mains. « Ah, ouais. Je voudrais pas le mettre en colère. » elle ricane, pourtant bien sérieuse. C’est pas tant qu’il lui fait peur, Amos. C’est plutôt qu’il n’a pas l’air d’être le genre de personne qu’on a envie d’avoir sur le dos.

« Ce sera plus long encore si tu fais une overdose.  » la logique imparable lui arrache un ricanement. « Tu pourras adresser une demande officielle. Mais je sais qu’Amos sera d’accord avec moi. » « Je ferai ça, merci. » elle respire un peu mieux maintenant que c’est sorti. « C’est pas tout à fait ce que j’ai dit. » oui bon, à peu de choses près quoi. Spencer ne s’interrompt pas, parle un peu de la principale raison qui l’a poussée à prendre cette décision. Ca fait des années qu’elle aurait dû faire quelque chose du genre. Elle peut s’estimer heureuse de ne pas avoir fait d’overdose ou d’avoir réussi à plus ou moins esquiver la plupart des tordus qui trainent dans les rues. Elle ne s’en est pas sortie tout à fait indemne, mais ça aurait pu être bien pire. « Tu es consciente que, dans le public, ce genre de chose peut prendre des mois ? » elle pince les lèvres et acquiesce. « Quatre mois, six mois. C’est long. Et ça laisse le temps de changer d’avis. Aux bonnes raisons de disparaître aussi. » « Je sais. Mais ça reste plus accessible qu’une clinique privée. » elle fait bien sûr référence à ses moyens limités. Elle n’est pas là pour mendier, elle connaît les risques que ça implique d’attendre autant. Changer d’avis c’est vite arrivé, surtout pour quelqu’un comme Spencer qui a tendance à toujours agir sous un coup de tête et à se laisser guider par ses émotions. Pour le moment elle est dans une bonne période, plutôt déterminée à se lancer et tout le bordel, mais qui sait combien de temps ça va durer. « Laisse-moi te poser une question, Spencer. » la blonde relève les yeux vers Raelyn, attendant de voir ce qu’elle a en tête. « Elle t’a fait comprendre que tu ne pouvais plus continuer comme ça pour elle, ou pour toi ? Tu veux le faire parce que, sans ça, elle te rejettera, ou parce qu'avec elle tu te sens la force de te sevrer ? » la question est légitime; et à vrai dire elle n’a pas tellement de doute sur la réponse à apporter. « Parce que les chances de réussite dépendent beaucoup de la réponse à cette question. » « Non- Non, elle m’a pas menacée de partir ou quoi. » c’est important de préciser ce point. « On se connaît depuis l’école, et elle a déjà eu mille raisons et mille occasions de me laisser tomber. » elle ne compte même plus le nombre de coups foireux qu’elle a pu faire, Spencer. Et malgré tout, la brune est toujours là, prête à lui passer toutes ses bavures. Presque. « D’ailleurs c’est même plutôt l’inverse qui s’est passé quand j’ai commencé à toucher le fond. Enfin tu vois le genre. » par honte et par désespoir, la seule chose que Spencer a trouvé à faire c’est claquer la porte au nez de ses proches et refuser les tentatives d’aide. Aujourd’hui encore ça la peine profondément, cette façon qu’elle a eu d’agir. Si elle fait beaucoup d’efforts pour se rattraper, ça ne sera jamais qu’un semblant d’illusion tant qu’elle n’aura pas décroché. Ca ira bien un temps puis il se passera quelque chose et tout se cassera la gueule encore plus fort, un vrai cercle sans fin. Et arrivera bien un jour où il n’y aura plus personne pour l’attendre. « Je connais personne de plus têtu, j’te jure c’est terrible, je comprends pas pourquoi elle s’accroche autant. » elle souffle avec un sourire peiné quand elle repense à leurs trop nombreuses disputes. « Mais même elle a ses limites et j’ai déjà trop tiré sur la corde. » et le jour où Mac décide de partir parce qu’elle en a assez, c’est terminé. « Pour une fois j’ai toutes les cartes en main pour m’en sortir et j’ai envie de croire que je peux le faire avec elle. » le problème de la bonne volonté de Spencer, c’est qu’elle ne dure qu’un temps. Jusqu’à sa prochaine mauvaise rencontre ou les prochains problèmes qui vont forcément finir par la rattraper. « Et t’y es pour beaucoup, aussi. Pas de la même façon, mais heu- Si t’avais pas été là, j’serai toujours en train de dormir dehors et je l’aurai sans doute pas retrouvée et tout le bordel. » et ça a compte beaucoup, aussi.

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Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell

« Je ferai ça, merci. » Si le coeur lui en dit et, surtout, si cela permet à la blonde d’être plus à l’aise avec sa décision et vis à vis de nous, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’elle fasse les choses dans les règles de l’art, au contraire. Bien sûr, j’expliquerai moi-même et en amont la situation à Amos, puisque nous ne nous cachons de toute façon rien. Que ma sœur intègre une cure de désintoxication ne sera pas un secret. Et si je décide de l’aider, financièrement ou d’une toute autre façon, ce sera en toute transparence également. « Je sais. Mais ça reste plus accessible qu’une clinique privée. » Je hoche la tête en plissant les lèvres et, déjà, je réfléchis. Je me demande si, lorsque j’ai été hospitalisée, Amos avait déjà lancé des recherches. Si c’est le cas, il en saura plus que moi et je me promets de lui poser toutes les questions concernant les divers établissements de la région. « Laisse-moi me renseigner, ok ? A partir de là, on verra. » Elle a le temps de toute façon : elle ne pourra pas intégrer un programme public avant des mois.

« Non- Non, elle m’a pas menacée de partir ou quoi. » J’écoute la blonde : j’en apprend plus sur la fameuse motivation au travers des yeux de la gamine et je me demande ce qui est à prendre avec des pincettes dans son discours : l’être humain manque souvent d’objectivité lorsqu’il est attaché à la personne en question. Aux yeux d’Amos, je suis parfaite, et de mon côté j’aime autant ses défauts que ses qualités, sauf lorsque nous nous disputons. « On se connaît depuis l’école, et elle a déjà eu mille raisons et mille occasions de me laisser tomber. » - « Et elle l’a jamais fait ? » Je me demande si j’y crois réellement. Les gens comme Spencer, comme la gamine perdue que j’étais autrefois, on les laisse toujours tomber à un moment où à un autre, à moins d’une exception. Je n’ai plus besoin de préciser l’identité de la mienne. « D’ailleurs c’est même plutôt l’inverse qui s’est passé quand j’ai commencé à toucher le fond. Enfin tu vois le genre. » - « T’as coupé tout contact. » Parce qu’elle avait honte, ou parce qu’elle se sentait coupable : ces deux émotions sont souvents liées, de toute façon. « Je connais personne de plus têtu, j’te jure c’est terrible, je comprends pas pourquoi elle s’accroche autant. » Peut-être qu’elle tient réellement à la blonde, cette autre gamine. « Mais même elle a ses limites et j’ai déjà trop tiré sur la corde. » Je note l’information, je l’accueille en opinant du chef. « Pour une fois j’ai toutes les cartes en main pour m’en sortir et j’ai envie de croire que je peux le faire avec elle. » Toutes les cartes en main. Il est touchant, l’optimisme de la blonde. Il n’existe pas de cases à cocher pour être certaine de réussir à se sevrer de la merde qu’elle prend. Il n’existe pas de recette qui, si on la suit, nous assure une réussite. « Et t’y es pour beaucoup, aussi. Pas de la même façon, mais heu- Si t’avais pas été là, j’serai toujours en train de dormir dehors et je l’aurai sans doute pas retrouvée et tout le bordel. » Raelyn Blackwell, association caritative. J’accueille son remerciement, le crédit qu’elle me donne, d’un geste de la main et d’un sourire. « Me remercie pas gamine, t’es à peine au début du chemin. » Si je fais ça c’est parce, pour une raison que j’ignore mais ne cherche plus à découvrir, j’ai pas envie d’apprendre sa mort dans la rubrique nécrologie d’un quotidien. « Tu sais ce que c’est, le sevrage ? Tu l’as déjà fait ? » A-t-elle rechuté ? Ou bien n’a-t-elle jamais essayé d’arrêter avant aujourd’hui ? « C’est moche. C’est horrible et injuste. C’est ton corps qui t’appartient plus, certains matins où il est aussi dur que de la pierre et tu peux à peine bouger. » J’ai insulté Amos, j’ai pleuré, j’ai marchandé, j’ai vomi, souffert, mais jamais Amos n’a cessé d’être là pour moi. « Je dis par ça pour que tu fasses machine arrière. Je dis ça pour que t’aies conscience que les photo sur les brochures de ces endroits, c’est des conneries. » Une part de moi pense qu’elle a l’estomac assez accroché pour ça, Spencer. L’autre pense qu’elle va se planter plusieurs fois avant de, peut-être parvenir à se reprendre en main. « Et la personne qui t’attendra à la sortie, tu dois être certaine qu’elle aura les épaules pour le supporter aussi. J’espère que c’est le cas. »

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Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

Tout s'enchaîne plutôt bien, Raelyn se montre compréhensive et elle ne demande rien de plus, Spencer. Non pas qu’elle doutait qu’on l’empêche de prendre soin de sa santé, mais ça aurait pu être gênant pour par exemple rembourser la tonne d’argent qu’elle doit désormais à son aînée. Ce qui lui fait penser qu’elle n’en sait pas beaucoup plus concernant cette histoire avec Otto, si elle a eu l’occasion de le voir. Enfin au moins il aura son argent et ça évitera qu’elle termine à nouveau avec des traces de coups sur le visage et une peur bleue à l’idée de sortir et de retomber sur lui. « Laisse-moi me renseigner, ok ? A partir de là, on verra. » Spencer plisse légèrement les yeux. « Hm, okay. Enfin c’est pas comme si j’allais y rentrer demain de toute façon. » tout ce qu’elle peut faire en attendant, c’est faire au mieux pour réduire et réguler sa consommation. Mais au bout du compte, c’est un peu le serpent qui se mord la queue cette histoire.

La blonde parle de ce qui l’a motivée à se prendre en main, à savoir la personne qui compte le plus à ses yeux et pour qui elle retournerait la ville entière si elle le lui demandait. Enfin ça c’est la théorie. Parce que la pauvre a essayé plus d’une fois de lui faire prendre conscience de tout un tas de choses, et ça a toujours été vain. Jusqu’à il y a peu. Peut-être que c’est la fatigue de toute cette situation, peut-être que c’est la nouvelle dynamique dans leur relation, peut-être que c’est d’avoir eu un aperçu de son futur quand elle a eu des nouvelles de Maureen, qui sait. Un peu de tout, sûrement. « Et elle l’a jamais fait ? » Spence fait non de la tête, continuant à déballer ses propres erreurs de parcours. Les deux jeunes femmes ont souvent eu des différends, plus d’une fois l’une ou l’autre est partie en claquant la porte mais, d’une manière ou d’une autre, elles se sont toujours retrouvées. « T’as coupé tout contact. » cette fois elle acquiesce, plissant le nez dans une grimace. « Pendant plus de deux ans, ouais. J’ai juste dit merde à tout le monde et j’ai disparu. Et même après ça, elle a bien voulu me reprendre. » et dit à voix haute, elle se rend encore un peu plus compte de la possible portée de ses actes passés. Spencer enchaîne, essaye de croire dur comme fer à sa bonne volonté et à ses chances de réussite; c’est qu’elle est presque convaincante en plus de ça. Elle en profite pour glisser un petit mot à la faveur de sa sœur slash bienfaitrice de ces derniers mois. « Me remercie pas gamine, t’es à peine au début du chemin. » c’est le retour de la gamine, mais pas celle qui la fait soupirer et pour laquelle elle roule des yeux. C’est celle qui lui arrache un léger sourire en coin, qui lui donne l’impression que Raelyn ne fait pas ça à cause d’un quelconque sentiment d’obligation à son égard. C’est celle qu’elle aime bien, même si elle ne l’avouera pas à voix haute. Et puis quoi encore. « Tu sais ce que c’est, le sevrage ? Tu l’as déjà fait ? C’est moche. C’est horrible et injuste. C’est ton corps qui t’appartient plus, certains matins où il est aussi dur que de la pierre et tu peux à peine bouger. » Spencer pince les lèvres et hoche la tête. Oh elle a bien conscience de à quoi elle doit s’attendre. « Je dis par ça pour que tu fasses machine arrière. Je dis ça pour que t’aies conscience que les photo sur les brochures de ces endroits, c’est des conneries. Et la personne qui t’attendra à la sortie, tu dois être certaine qu’elle aura les épaules pour le supporter aussi. J’espère que c’est le cas. » « Je sais. J’ai déjà- J’ai essayé par moi-même. Plus d’une fois. » essayé est un bien grand mot en vérité. Elle s’est surtout vue obligée de gérer ses doses différemment pour ne pas en manquer. Elle s’est déjà aussi retrouvée en état de manque sévère et c’est sans doute une des pires sensation qu’elle ait pu expérimenter. « Mais comme tu peux t’en douter, ça s’est pas très bien passé. » inutile d’être un génie pour le comprendre. « C’est pas son job de gérer cette partie là. Et j’y arriverai pas sans l’aide appropriée. » le conseiller qu’elle a déjà eu l’occasion de rencontrer ne s’est pas amusé non plus à édulcorer le processus. Il a même été très clair sur le fait que la première semaine en particulier allait littéralement être un enfer, mais que ça irait en s’améliorant. Être entourée avec des professionnels, avoir une médication adaptée et tout le reste, ça rassure un peu. Mais ça dépend aussi et surtout de la bonne volonté des patients. « Putain ça me fait flipper en vrai. » elle avoue avec une grimace. « D’un côté, j’ai hâte que ça soit terminé, et de l’autre j’ai aucune envie d’être le premier jour du programme. » un sacré sale moment à passer en perspective. « C’est comment, après ? T’as pas l’envie de recommencer dès que ça va pas ? » peut-être que c’est un terrain glissant, peut-être que c’est pas le genre de chose qu’elle veut savoir avant même de s’y mettre.

now or later
Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell

Payer une cure de désintoxication à ma demie-soeur est une décision dont j’ai besoin de discuter avec mon complice. Pas parce qu’elle nécessite une quelconque forme d’interdiction, mais parce que le respect que j'éprouve à son égard exige de ne pas le tenir à l’écart de ce genre de dépense ou tout simplement de décision importante et impactante. Son opinion a de la valeur à mes yeux même si je devine sans trop de mal ce qu’il en pensera. Pour cette raison, je ne m’engage pas auprès de Spencer. Je lui dis que je me renseignerai et j’ai l’intention de tenir parole. Au-delà du prix de ce genre d’endroit, je me dis que graisser quelques pattes pourrait aider la gamine à monter sur la liste des prioritaires et pouvoir entrer plus rapidement en cure.

Mais tout ça, ça n’a pas la moindre importance si elle veut guérir pour les mauvaises raisons. Si quelqu’un lui met la pression et si la décision ne vient pas d’elle, il y a de fortes chances pour qu’elle se plante royalement. On n’aide pas quelqu’un contre sa volonté, pas plus qu’on ne guérit une personne qui n’a pas envie de guérir. La motivation porte un prénom, visiblement. Elle ne me le donne pas, mais je comprends qu’il s’agit d’une jeune femme à laquelle elle a l’air de tenir plus qu’à sa propre santé. Elle m’a toujours semblé très seule, Spencer. Je me demande où était l’inconnue pendant ce temps là. « Pendant plus de deux ans, ouais. J’ai juste dit merde à tout le monde et j’ai disparu. Et même après ça, elle a bien voulu me reprendre. » Leur relation, est-elle saine ou finira-t-elle par abîmer ma demi-sœur ? Si je me pose la question, je suis bien trop éprise de libre arbitre pour la poser à l’oral. Quelle que soit la réponse, ce n’est pas à moi de dire à Spencer comment il convient d’agir, surtout si son cœur lui dicte ses choix. « Je sais. J’ai déjà- J’ai essayé par moi-même. Plus d’une fois. Mais comme tu peux t’en douter, ça s’est pas très bien passé. » - « C’est déjà plus que ce que je peux avancer moi-même. » Le déclic, il n’est toujours venu qu’après un coup de pouce. Un coup de pouce qui, l’an dernier, a pris la forme d’Amos et de mes sentiments toujours bien vivaces à son égard. Seule, je n’aurais jamais tenté d’arrêter. Seule, j’aurais touché le fond et, si j’avais toujours été envie pour le faire, j’aurais continué de creuser. « C’est pas son job de gérer cette partie là. Et j’y arriverai pas sans l’aide appropriée. » - « Peut-être. Mais ce sera son job de gérer l’après, si elle est toujours là quand tu sors. » Parce qu’elle sera sa béquille émotionnelle et parfois physique. Parce que la maladie - l’addiction - ne reste pas derrière nous quand on quitte la cure : elle nous colle à la peau jusqu’à la fin.

« Putain ça me fait flipper en vrai. » - « Le contraire aurait été alarmant. » Parce qu’il aurait signifié qu’elle est à l’aise avec l’idée de perdre le contrôle de sa propre vie. « D’un côté, j’ai hâte que ça soit terminé, et de l’autre j’ai aucune envie d’être le premier jour du programme. » On voudrait tous ça, non ? Que les épreuves que la vie nous jette passent en un claquement de doigts sans avoir à les affronter. C’est leur difficulté qui donne pourtant envie de pas replonger. C’est de se souvenir de la souffrance que c’était d’arriver à se sevrer une première fois. « C’est comment, après ? T’as pas l’envie de recommencer dès que ça va pas ? » Je laisse échapper un rire qui pue la désillusion et l’amertume, en secouant la tête. « T’as vraiment besoin de me poser cette question ? » Elle sait que j’ai replongé. « Après le premier sevrage, j’ai tenu plus de dix ans sans prendre une seule ligne. Mais ça veut pas dire que j’étais clean. » J’avais simplement changé de poison. Troqué mon péché mignon pour une substance qui me donnait l’impression d’être en contrôle alors que je n’étais rien de plus qu’une addict qui s’ignorait. Ou qui vivait dans le déni, plutôt. « J’ai replongé parce que j’ai cru que j’avais tout perdu. » Parce que je pensais ne plus rien avoir à perdre. La seule personne à qui j’ai dit ces choses-là - et bien plus - c’est Amos. Mais Spencer fait vibrer ma corde sensible et si je ne l’explique pas entièrement, je ne lutte plus forcément pour aller à l’encontre de mon instinct. « J’ai pas de formule magique pour t’aider. Ce que je peux te dire, c’est que l’envie disparaît jamais. Et quand t’es au plus bas, c’est là que c’est le pire. » Je rallume une cigarette, parce que cette conversation est pas la plus légère qu’on ait eue, elle et moi. « Fais tout pour jamais te retrouver dans une situation où t'as l’impression de plus rien avoir à perdre. »

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Spencer Blackwell & @Raelyn Blackwell

« C’est déjà plus que ce que je peux avancer moi-même. » ça reste surtout des échecs cuisants, vu qu’elle a toujours le nez dedans. Un peu trop littéralement. « Peut-être. Mais ce sera son job de gérer l’après, si elle est toujours là quand tu sors. » la simple idée que Mac ne puisse plus être là à sa sortie la rend malade. « Elle le sera. » parce que si elle n’a pas ça à quoi se raccrocher pendant son séjour, c’est même pas la peine d’essayer. Alors elle affirme, elle a besoin d’y croire.

Forcément, la blonde expose ses doutes. Et qui mieux que quelqu’un ayant été dans une situation plus ou moins similaire pour poser des questions. « T’as vraiment besoin de me poser cette question ? » elle sait ce qui est arrivé, mais elle ne sait pas pourquoi. Sûrement qu’elle a besoin d’essayer de se convaincre qu’elle, ça ne lui arrivera pas. « Après le premier sevrage, j’ai tenu plus de dix ans sans prendre une seule ligne. Mais ça veut pas dire que j’étais clean. » dix piges, c’est long. A l’époque où Raelyn essayait de s’en sortir pour la première fois, Spencer, elle, découvrait à peine le monde aux côtés de quelqu’un qui la faisait se sentir importante. « J’ai replongé parce que j’ai cru que j’avais tout perdu. » c’est le genre de chose qui lui fait peur. Elle qui s’est longtemps targuée de n’avoir rien à perdre et de se ficher de tout, elle se donnait des grands airs de dure à cuire alors que vraiment, elle était au bord de l’effondrement à chaque instant. Les choses qui lui importent réellement, elle peut les compter sur les doigts d’une main. C’est peu, mais ça compte. Et ça veut aussi dire que ça sera rapide, si jamais ça doit arriver. Spencer se mord l’intérieur de la joue et observe Raelyn un instant. Elle est curieuse de savoir ce qui s’est passé, qu’est-ce qui a fait qu’elle s’est retrouvée au plus bas et qu’elle a replongé. Mais la question est sans doute malvenue, alors elle la garde pour elle et la range dans un coin de son crâne, avec toutes les autres interrogations qui gravitent autour de sa soeur. « J’ai pas de formule magique pour t’aider. Ce que je peux te dire, c’est que l’envie disparaît jamais. Et quand t’es au plus bas, c’est là que c’est le pire. » un combat de chaque instant, donc. Pendant, et après. Ca doit demander tellement d’énergie et de rigueur que ça la fatigue déjà d’avance. « Fais tout pour jamais te retrouver dans une situation où t'as l’impression de plus rien avoir à perdre. » elle pince les lèvres, Spencer. Parce que dans le fond, elle n’a pas grand chose et elle le sait. Techniquement, garder le peu qui lui tient à coeur, ça ne dépend que d’elle et de sa bonne volonté. Le problème c’est qu’elle dépend de bien trop de choses. La drogue pour commencer, mais ça elle espère bientôt pouvoir s’en passer. Enfin bientôt, question de chance et de tout un tas d’autres paramètres plus ou moins aléatoires. Mais surtout, de la patience que Raelyn a à lui offrir. Parce que le jour où elle dépasse les bornes pour une raison ou pour une autre, elle peut tout lui reprendre d’un claquement de doigts et ça la fait au moins autant flipper que l’idée de perdre Mac une nouvelle fois. Et si c’est cette dernière qui disparaît en première, alors là elle se sait foutue d’avance. C’est un sacré foutoir dans son crâne. Néanmoins, elle hoche la tête, évite de trop penser aux peut-être qui ne feront que la faire douter et la décourager avant même qu’elle n’ait l’occasion d’entreprendre quoi que ce soit de façon sérieuse. « Ouais, j’vais essayer. Enfin généralement, ça tombe dessus, ce genre de chose. » elle peut bien essayer de limiter la casse, mais ça reste compliqué de tout contrôler. Elle grimace et se masse l’arête du nez. « C’était le cas quand on s’est rencontrées, tu sais. » enfin quand Callum lui est tombé dessus plus exactement. « La personne que je voyais le plus souvent au final, c’était mon dealer. Pour le reste, j’avais rien. » pas de famille vers qui se retourner, pas de toit au-dessus de la tête, pas l’envie de continuer à même faire semblant d’essayer. « Vraiment, tout ce que j’attendais c’était le moment où j’me réveillerai plus. Ca aurait même pas fait l’objet d’un article dans le journal parce que ça arrive tous les jours, personne en aurait eu rien à foutre et le monde aurait continué de tourner. » c’est drôle à quel point elle est juste en train de décrire le destin de Maureen. Et elle n’a jamais souhaité partager le même, c’est juste qu’inexorablement, elle s’y dirigeait à vitesse grand V. « Enfin c’est plus le cas maintenant, hein. » elle ajoute avec un espèce de rire pas très naturel. Merde, la conversation est devenue lourde d’un seul coup. « J’ai clairement plus envie de me retrouver dans ce genre de situation. » pas alors que tout va à peu près mieux. « C’est drôle quand même, que notre premier point commun ça soit ça. » elle constate en soufflant un rire. « Enfin non, c’est pas drôle. Mais t’as compris quoi. » elles auraient pu avoir une passion commune pour les chaussures, ou pour n’importe quoi de normal et pas dangereux comme ça, mais non.

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Raelyn Blackwell & @Spencer Blackwell

« Elle le sera. » Spencer y croit, et c’est bien suffisant. Moi, je ne suis pas du genre optimiste. Je n’ai pas une foi inébranlable en l’espèce humaine et je suis comme Saint Thomas : je ne crois que ce que je vois. Avec ou sans la mystérieuse inconnue, Spencer survivra, si elle est faite un minimum dans un bois similaire au mien. Et si elle ne fait pas trop n’importe quoi, si elle se fout pas de ma gueule et ne profite pas de la surprenante empathie que je ressens à son égard, je serai là pour l’aider et la ramasser à la petite cuillère, si elle devait se retrouver seule ou rechuter.

« Ouais, j’vais essayer. Enfin généralement, ça tombe dessus, ce genre de chose. » J’esquisse un sourire. « C’est pas faux. » Malgré tout, c’est plus facile de ne pas se retrouver sans rien quand on est bien entouré. Quand tout votre monde repose sur une personne et une seule personne uniquement, il suffit de la retirer de l’équation pour que tout s'effondre comme un château de cartes. « Mais c’est possible de tout faire pour s’en prémunir. » Même si, pour des gens comme elle et moi - des louves solitaires - c’est plus facile à dire qu’à faire. Moi, j’ai trouvé mon exception. Ma meute. Elle ne se comporte que de rares élus, mon compagnon et ma fille, mais c’est amplement suffisant. « C’était le cas quand on s’est rencontrées, tu sais. » Je relève la tête vers elle, un sourcil levé. « La personne que je voyais le plus souvent au final, c’était mon dealer. Pour le reste, j’avais rien. » Je laisse échapper un sourire mi amusé mi désabusé. Je ne suis pas réellement surprise. Je ne peux pas prétendre le contraire. « Je m’en serais douté. » Sans vouloir l’offenser, elle n’avait pas l’air entourée, à l’époque. Elle n’a pas l’air de l’être beaucoup plus maintenant, mais elle m’a moi, et elle a la demoiselle dont elle n’a pas prononcé le nom. Est-ce par pudeur ? « Vraiment, tout ce que j’attendais c’était le moment où j’me réveillerai plus. Ca aurait même pas fait l’objet d’un article dans le journal parce que ça arrive tous les jours, personne en aurait eu rien à foutre et le monde aurait continué de tourner. » Je ne réponds rien à ça : que dire si ce n’est qu’elle a juste sur toute la ligne ? J’ai partagé ce genre de pensées sombres à une époque. Je me disais que, si je devais crever sous un pont ou dans un squat, je ne manquerais à personne. Je me disais que personne ne pleurerait ma mort et que, les seuls à être emmerdés, ce serait les éboueurs qui trouveraient mon cadavre au petit matin. « Enfin c’est plus le cas maintenant, hein. J’ai clairement plus envie de me retrouver dans ce genre de situation. » - « Non, c’est plus le cas. » Peut-être que la désintox marchera. Moi, je ne l’ai jamais envisagé et pour cause : l’idée d’être enfermée, contrainte, et de devoir me livrer à un inconnu me donnait la gerbe. Mais Spencer est jeune. Spencer peut encore être modelée. J’ai fini par l’être, enfermée. Et c’est ce qui m’a sauvée à deux reprises. « C’est drôle quand même, que notre premier point commun ça soit ça. Enfin non, c’est pas drôle. Mais t’as compris quoi. » J’explose de rire et, sentant que notre discussion touche à sa fin, j’ajouter simplement. « On tâchera de s’en trouver d’autres. » Elle me plaît bien, la gamine. Je ne serais même pas surprise de découvrir que nous en avons plus qu’un, de point commun.

Rp terminé