@Isaac Jensen - 1er mars 2022
Le plâtre qui avait trôné fièrement autour de ma jambe pendant deux mois, venait d'être enlever et je retrouvais enfin la mobilité d'avant. Les séquelles de mon accident de voiture, avaient finis par disparaître et tout ceci n'était plus qu'un lointain et désagréable souvenirs. La police de Brisbane, n'avait pour l'heure aucune explication sur les causes de mon accident. Je n'avais pas pu récupérer mon véhicule, qui de toute façon était totalement hors service à présent. J'allais mettre un long moment avant de pouvoir me racheter une voiture, mais par chance, la ville de Brisbane offrait une multitude de service pour se déplacer aisément.

Je glissais deux serviettes de bain dans un sac de plage avant de descendre les escaliers pour rejoindre Keïla qui m'attendait dans l'entrée de la maison. "En route !" Lançais-je joyeusement en fermant la porte de la maison et en prenant la direction de l'arrêt de bus. Aujourd'hui, nous devions rejoindre Isy et son fils au Sea World afin de passer une journée ensemble. J'avais également décidé de profiter de cet instant avec mon aîné pour lui demander de veiller sur Keïla lors de mon voyage en Nouvelle-Zélande. Nous avions prévu avec Ian de partir voir le corail noir qui vivait dans la région de Milford Sound. Je partais dans cinq jours et bien que ma fille m'avait assuré être prudente, je voulais tout de même assurer au cas ou. Je montais dans le bus en imaginant ce futur voyage et j'avais hâte de voir les merveilles de ce pays qui était totalement étranger pour moi.

Je sortais soudainement de mes pensées alors que Keïla attrapait mon bras pour m'entraîner en dehors du véhicule. "Tu es dans la lune ou quoi ?" Je souriais un peu tout en hochant la tête, "Il te monte à la tête..." Je regardais ma fille me tirer la langue avant de courir en direction de l'entrée du sea world. J'avais donné rendez-vous à Isy dans la zone des enfants pour qu'il puisse garder un œil sur Jude et alors que je l'apercevais avec le petit garçon, je voyais ma grande fille courir vers son oncle. "Salut ! Tu vas être heureux de cette sortie !" Lança t'elle en pouffant de rire alors que j'arrivais à mon tour vers mon frère. Je levais les yeux au ciel avant de déposer un baiser sur la joue de mon ainé avant de m'accroupir pour saluer le petit garçon, "Coucou ! Je suis Phoebe...Tu dois être Jude n'est-ce pas ?!" Je souriais un instant avant de me relever, ne voulant pas l'effrayer ou le rendre timide.

Je suivais la petite troupe en direction des bassins pour les enfants tandis que Keïla semblait déjà très à l'aise avec son cousin. "Comment tu vas ?" Questionnais-je alors mon frangin, j'étais curieuse de savoir comment il aborder son nouveau rôle de papa. La parentalité n'était pas une chose aisé et la patience était parfois mise à rude épreuve.

Cela faisait désormais deux mois que j'avais appris, par le plus grand des hasards, l'existence de mon fils. Deux mois que Penny et moi avions viré de bord notre quotidien et usé de créativité en termes d'organisation afin de permettre au petit garçon de passer davantage de temps avec cette nouvelle famille dont il avait été privé sur décision de sa mère. Les semaines défilaient durant lesquelles les concessions et les sacrifices s'orchestraient dans la construction de ce qui était notre nouvelle réalité. J'étais infiniment reconnaissant envers ma petite amie pour toute l'énergie qu'elle déployait ainsi que toute la généreuse patience qu'elle m'attribuait pour me permettre d'assurer ce rôle de père au pied levé, dans un contexte des plus bouleversants. Les mois n'étaient pas des plus évidents, les épreuves étaient corsées, mais en sa compagnie, tout ne semblait que challenges que nous pourrions surmonter. J'attendais simplement patiemment l'accalmie, en espérant que bientôt, nos nerfs et nos cœurs soient apaisés, après les multiples secousses que nous avions subis.

Il s'agissait de la première fois que Jude se rendait à Brisbane, et ce voyage célébrait également la fin des démarches juridiques et administratives pour que je sois enfin reconnu comme le père du garçonnet. J'appréhendais sa réaction quant à ce qui pouvait être un réel dépaysement pour l'enfant, distancé temporairement de sa ville natale et de sa mère pendant quelques jours pour qu'il puisse apprivoiser le lieu où Penny et moi faisions notre vie, et où je souhaitais vivement qu'il s'intègre. Malgré un début de nuit difficile, les pancakes du matin avaient toutefois su rendre le sourire au petit bonhomme qui s'acclimatait petit à petit, libérant de plus en plus sa parole en s'approchant de son attitude naturel de moulin à paroles. Sa curieuse malice à farfouiller dans la maison, épier les passants et se prendre pour un aventurier dans le jardin en embarquant à son plus grand dam Azrael dans ses fantaisies avaient été au rendez-vous pour la suite de la matinée.

J'avais organisé plusieurs sorties pour charmer autant que possible mon fils à son séjour sur Brisbane, redoutant qu'il refuse de revenir dans le futur. Phoebe, fraîchement libérée de son plâtre, avait conseillé une sortie à Sea World que j'avais volontiers acceptée. Jude adorait le monde maritime et de surcroît, cela lui permettrait de rencontrer sa tante ainsi que sa cousine. Après avoir patiemment négocié avec l'enfant pour qu'il n'embarque pas les objets les plus farfelus possibles dans son sac à dos, à m'en faire demander s'il pensait que nous partions sur Mars plutôt qu'à un parc aquatique, nous prenions la route vers Logan City. Je l'entendais chantonner gaiement sur la banquette arrière, ce qui amoindrissait mes inquiétudes sur son bien-être.

L'enfant ne se fit pas prier pour sortir de la voiture en remarquant l'imposante baleine qui surplombait l'enseigne du parc. J'attrapais sa petite main pour qu'il ne s'éloigne pas trop alors que je verrouillais les portes de la voiture. De son index encore dodu, il pointait tous les mammifères entrant dans son champ de vision avec un "Regarde Papa !" excité, suivi du nom de l'animal, ce qui me faisait de plus en plus largement sourire. Après une brève explication sur les hippocampes qui intriguaient le petit, je remarquais Phoebe et Keila s'approcher de nous. "Tiens, Jude, c'est ta tante Phoebe et ta cousine Keila." Je sentis ses doigts presser plus sérieusement les miens, en particulier lorsque ma nièce accourra vers nous. "Salut ! Tu vas être heureux de cette sortie !" fit l'adolescente sans que je ne sois trop certain à qui étaient adressées ses paroles. Son enthousiasme déteint sur mon fils qui se décontractait à côté de moi, observant curieusement la jeune fille. "Coucou ! Je suis Phoebe... Tu dois être Jude n'est-ce pas ?!" Le petit blond acquiesça avec un sourire mal assuré, avant de reporter son regard vers Keila. "On y va ?" Je proposais et après avoir passé le guichet, nous nous orientâmes vers l'espace récréatif. Jude ne tarda pas à me demander d'investir le bateau de pirate qui le laissait trépigner sur place et je prenais son sac à dos alors qu'il partait en direction du gouvernail avec Keila.

Je soupirais doucement de soulagement de le voir ainsi joyeux et me concentrais sur ma cadette. "Comment tu vas ?" "Un peu déçu de ne plus te voir claudiquer, mais bon," je moquais, espiègle. "Comment ça va, toi ? Comment va ta jambe ?" Je demandais, avant de lui proposer que nous prenions place sur un des bancs. Phoebe et moi avions tous les deux eu une entrée en matière de 2022 des plus intenses. Entre l'étrange accident de voiture de la jeune mère et ma découverte de paternité, nos semaines étaient riches en émotions. "Ca me fait bizarre de l'avoir enfin à la maison," je révélais, toutefois profondément heureux que Jude soit à Brisbane. "J'ai dû aller cinquante fois dans sa chambre cette nuit pour m'assurer qu'il allait bien et dormait bien." je révélais avec un peu d'auto-dérision, retenant toutefois le fait que durant ces petites visites discrètes, je me perdais à le contempler, comblé par la présence du garçonnet et de la bonne évolution de ce contexte délicat. Notre ciel semblait enfin commencer à se dégager des nuages noirs qui s'y étaient imposés. "Je suis content qu'il puisse vous rencontrer, Keila et toi." je confiais avec franchise. "Les parents sont au marché fermier de Brisbane ce week-end, je pensais aussi en profiter pour les inviter aussi et qu'il puisse les voir," je relatais. "Tu pourras venir aussi, si tu veux. Accompagnée ou pas, comme tu préfères," je soumettais avec, bien entendu, quelques sous-entendus.

En arrivant vers l'entrée du Sea World, je découvrais le petit Jude. Un violent retour en arrière se fit dans mon esprit et j'avais le sentiment de revoir mon frère, il était certains que cet enfant porté le gène des Jensen en beaucoup de point. Je m'agenouillais pour me présenter avant que Keïla prenne le relais. Je regardais le nouveau petit cousin filer en compagnie de sa cousine sans se soucier une minute du reste. Un sourire se dessina naturellement sur mes lèvres tandis que je marchais aux côtés d'Isy qui semblait tout aussi heureux.

Je demandais alors soudainement à mon frère si tout allait bien. J'aurais dû me douter que je lui tendais une immense perche pour me taquiner. "Un peu déçu de ne plus te voir claudiquer, mais bon, Comment ça va, toi ? Comment va ta jambe ?" Je le poussais légèrement avant de rire doucement, "Je vais bien...Et pour ma jambe, il faut que je refasse du sport pour remuscler. Tu dois connaître ça ?!" Lançais-je en souriant avant de m'asseoir sur le banc. "Ca me fait bizarre de l'avoir enfin à la maison, J'ai dû aller cinquante fois dans sa chambre cette nuit pour m'assurer qu'il allait bien et dormait bien." Je soupirais légèrement bien loin de cette période, "Je comprends ! J'étais pareil avec Keïla...Tu t'inquiètes et en même temps tu ne peux t'empêcher de contempler leurs yeux clos et la paix sur leur visage. Parfois ils esquissent un sourire qui te laisse penser qu'ils sont heureux et font des beaux rêves...Cette période est bien trop loin pour moi !" Je souriais un peu amer, j'avais toujours voulu de deuxième enfants, mais Oscar n'avait jamais accepté trouvant que s'était juste une lubie.

"Je suis content qu'il puisse vous rencontrer, Keila et toi." Je hochais la tête, "Et moi je suis très heureuse de pouvoir le rencontrer...Même si, ça m'a fait bizarre quand tu m'en as parlé et que j'ai dû ressembler à notre mère..." Je riais alors soudainement, "Bon sang, qu'est-ce que je ne supporte pas lui ressembler !" Ce n'était pas tellement négatif lorsque je disais ce genre de chose, mais notre mère était tout de même très fermé sur certains sujets et je me doutais qu'elle avait dû dire beaucoup de chose à Isy qu'il avait du prendre sur lui pour les avaler. "Les parents sont au marché fermier de Brisbane ce week-end, je pensais aussi en profiter pour les inviter aussi et qu'il puisse les voir, Tu pourras venir aussi, si tu veux. Accompagnée ou pas, comme tu préfères," Je me penchais en avant pour regarder mes pieds, "Venir accompagnée..." Je n'avais encore rien dis à mes parents du moins, ils savaient simplement que Ian était le médecin qui m'avait sauvé la vie, mais rien de plus. Et pour ma part, à l'époque de l'accident, je ne savais pas encore ce qu'il était pour moi.

"Ce serait plutôt étrange de venir avec le médecin qui vous sauve la vie non ?" Lançais-je en souriant sachant parfaitement que Isy n'était pas dupe contrairement à nos parents. Je relevais la tête en soupirant légèrement, "Je voulais te demander quelque chose justement...Je ne suis pas disponible ce week-end, mais je suis sur que Keïla serait très heureuse de voir ses grands-parents ! Est-ce qu'il te serait possible de veiller sur elle ?! Bien entendu tu pourras me demander n'importe quoi en échange de ce service comme toujours." Je souriais doucement espérant que mon aîné allait accepter. "...Pour tout te dire je pars en Nouvelle-Zélande...En compagnie de mon médecin..." Je rougissais légèrement réalisant soudainement de la façon dont je l'avais présenté.

Avoir Jude à la maison était source d'une multitude de sentiments : d'une part, j'étais profondément heureux qu'il intègre progressivement le quotidien et le foyer que je bâtissais avec Penny, d'autre part, j'étais stressé mais soulagé de constater que l'acclimatation se faisait assez sereinement, résultat sans nul doute de nos nombreux allers-retours à Torquay pour ne pas perturber le petit garçon et qu'il s'habitue un maximum à ma présence. Je savais pertinemment que lorsqu'il serait question que l'enfant rejoigne sa mère, un déchirement sans nom s'imposerait dans mon cœur, mais ultimement, j'avais conscience que cela permettait un équilibre important au sein de cette nouvelle garde alternée et j'étais confiant qu'avec de la bienveillance et de la bonne volonté, tout pourrait se dérouler au mieux malgré les circonstances atypiques. L'essentiel demeurait le bonheur de mon fils, et Dieu que mon cœur battait immanquablement la chamade quand je le voyais rire aux éclats et sautiller sur place, impatient de se lancer tête la première dans sa prochaine aventure.

L'aventure du jour serait la découverte du parc aquatique Sea World, un projet proposé par ma sœur Phoebe auquel j'avais adhéré spontanément. Cette visite permettrait de plus à Jude de rencontrer sa tante ainsi que sa cousine, des membres de sa famille paternelle jusqu'alors inconnus. Dès nos premiers pas sur le périmètre de l'attraction, Jude se montra totalement enchanté et curieux de tous les mammifères l'entourant, pointant de son petit doigt chaque animal entrant dans son champ de vision. S'il se montra intimidé les premiers temps face à Phoebe et Keila, tenant solidement ma jambe, il adressa néanmoins un petit sourire poli à sa tante qui s'agenouillait pour être à sa hauteur puis se décontracta promptement quand Keila l'entraîna parmi les modules de jeu. Indéniablement, ma nièce avait le chic avec les enfants.

Entre adultes, je ne me privais pas de taquiner ma cadette sur sa triste péripétie du début d'année, dont la blessure était heureuse majoritairement derrière elle maintenant qu'elle retrouvait l'usage de sa jambe. "Je vais bien... Et pour ma jambe, il faut que je refasse du sport pour remuscler. Tu dois connaître ça ?!" Un sourire en coin apparut sur mes lippes. "Tout à fait. Tu veux que je te coach ? Tu préfères du sport en salle, du footing ?" Je proposais, prêt à encourager ma sœur à suer au nom de sa condition physique. Je lui révélais avec franchise l'adaptation de Jude à la maison, sa présence ayant un goût de pur bonheur doublé d'une sensation de victoire que les choses évoluaient dans le bon sens, même si j'étais toujours très tracassé par le bien-être du petit homme et que je me montrais déjà papa poule à son égard, régulièrement incrédule de sa présence inestimable et inopinée dans ma vie. Je souris doucement en entendant ma sœur me relater les sentiments similaires qui l'étreignaient quand Keila était plus jeune. Manifestement, de nouveau, nous nous rejoignions.

"Je suis content qu'il puisse vous rencontrer, Keila et toi." Je portais mon attention sur le duo de cousins, les cris de joie nous parvenant, Jude en admiration totale de Keila qui jouait avec lui et lui montrait les différents aquariums. "Quand je les vois, ils me font un peu penser à nous avec les jumeaux quand on avait l'âge de Keila," je remarquais. L'adolescente était attentive et s'adaptait à Jude, comme nous le faisions avec nos cadets qui présentaient une différence d'âge assez similaire à celle existant entre ma nièce et mon fils. "Et moi je suis très heureuse de pouvoir le rencontrer... Même si, ça m'a fait bizarre quand tu m'en as parlé et que j'ai dû ressembler à notre mère... Bon sang, qu'est-ce que je ne supporte pas lui ressembler !" Je rejoins le rire de mon interlocutrice. "Eh, les chiens ne font pas des chats," je consolais en tapotant doucement sur son épaule. "Mais c'est vrai que tu lui ressembles vachement beaucoup," je narguais. En parlant de notre mère, j'informais ma sœur que nos parents se rendaient en ville en fin de semaine et qu'elle était la bienvenue, accompagnée ou pas, à cette réunion en famille que j'organisais afin que le couple rencontre leur premier petit-fils. "Venir accompagnée..." Phoebe me fit avec suspens et je levais les sourcils, intrigué. "Ce serait plutôt étrange de venir avec le médecin qui vous sauve la vie non ?" C'est avec difficulté que je réprimais un sourire. "Pas si tu apprécies assez ce médecin pour qu'il rencontre tes proches," je répondais avec bienveillance, ne voulant pas non plus précipiter quoi que ce soit chez la Jensen et étant conscient que son passé amoureux avait été assez rude pour qu'elle désire prendre son temps avant de démarrer une nouvelle romance. J'étais néanmoins totalement ouvert à la présence d'Ian et je savais qu'il était quelqu'un de foncièrement bien. J'étais indéniablement reconnaissant de comment il avait pris soin de Pheebs et j'étais ravi de voir ces deux personnes se rapprocher. S'ils pouvaient se rendre heureux l'un l'autre, j'encourageais totalement leur proximité et leur souhaitais que du bonheur. "Je voulais te demander quelque chose justement... Je ne suis pas disponible ce week-end, mais je suis sur que Keïla serait très heureuse de voir ses grands-parents ! Est-ce qu'il te serait possible de veiller sur elle ?! Bien entendu tu pourras me demander n'importe quoi en échange de ce service comme toujours." Je ris doucement, commentant : "N'importe quoi ? T'es téméraire..." Je moquais. "Ce sera avec plaisir, Keila est toujours la bienvenue chez nous et je ne pense pas que ça posera problème à Penny," j'assurais avec un sourire sincère. J'avais toujours apprécié prendre ma nièce à la maison et Keila était désormais une adolescente indépendante et raisonnable, ce n'était pas comme si je redoutais qu'elle nous en fasse voir des vertes et des pas mûres. "Puis Jude a l'air de tellement l'aimer, il sera comme un fou de savoir qu'elle passera le week-end à la maison," j'augurais. "Pour tout te dire je pars en Nouvelle-Zélande... En compagnie de mon médecin..." Je souris, épaté. "Ah oui, je vois. Ca fait partie de la thérapie de rééducation de ta jambe, ça ? Quelques parties de jambes en l'air ?" Je ris doucement, voyant le teint de ma sœur virant à l'écarlate. Je pressais son épaule affectueusement. "C'est cool, je suis très content pour vous. Je suis sûr que vous allez passer un très bon moment," je prononçais avec davantage de sérieux. "Tu mérites d'être heureuse, Phoebe, et Ian aussi. Ca te fera du bien de quitter un peu ton train-train quotidien. La Nouvelle-Zélande est une excellente destination." Des vacances bien méritées et en bonne compagnie, en somme. "Qui a eu l'idée de cette petite escapade ?" Je questionnais avec curiosité. "Vous avez déjà des activités de prévues là-bas ?" J'enchérissais. Hors la notion de parties de jambes en l'air, évidemment.

Les yeux rivés sur ma fille et Jude qui semblait s'amuser, nous avions pris place sur un banc pour laisser les deux cousins prendre du bon temps ensemble. J'étais toujours étonnée de voir à quel point, ma fille était capable de faire d'adaptation face aux enfants. Si elle ne finissait pas médecin peut-être qu'elle pourrait prévoir une carrière en compagnie des enfants. D'ailleurs, j'étais plutôt surprise de son choix de carrière avec les os plutôt qu'en pédiatrie. Je sortais de mes pensées alors que mon frère m'interrogeait sur ma jambe. "Tout à fait. Tu veux que je te coach ? Tu préfères du sport en salle, du footing ?" Je souriais légèrement à sa proposition, "Et bien on peut parfaitement se faire du footing...par contre tu ne m'empêcheras pas d'aller nager ou même de plonger !" Je riais consciente que mon frère savait parfaitement mon affinité avec l'eau et surtout ma passion pour l'apnée.

J'entendais les deux enfants rire et je ne pouvais m'empêcher de sourire tandis que Isy me faisait remarquer qu'on pouvait nous voir avec les jumeaux. J'haussais la tête, il était vrai qu'on avait déjà un âge plutôt conséquent quand les jumeaux étaient apparût dans notre vie. On aurait pu penser que deux adolescents n'auraient pas pris la peine de jouer avec des bébés et pourtant, on avait noué des liens avec eux. Je faisais remarquer à mon aîné que j'étais très heureuse de pouvoir rencontrer Jude bien que j'avais dû ressembler à notre mère lorsqu'il m'avait annoncé son existence à l'hôpital. "Eh, les chiens ne font pas des chats, Mais c'est vrai que tu lui ressembles vachement beaucoup," Je tapais légèrement son épaule en riant, "Tu as pas le droit de dire des choses comme ça !! Et puis bon tu sais, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre...Toi aussi tu as des travers !" Je lui tirais la langue avant de rire.

J'apprenais à cet instant que mes parents seraient présent sur Brisbane ce week-end. Isy trouvait l'idée de venir accompagné plutôt intéressante. "Pas si tu apprécies assez ce médecin pour qu'il rencontre tes proches," Rien qu'à l'évocation de Ian je sentais mon coeur battre plus vite et plus fort. C'est à cet instant que j'indiquais à mon aîné que j'avais justement besoin de lui ce week-end pour garder Keïla car je devais partir en Nouvelle Zélande avec Ian. "Ah oui, je vois. Ca fait partie de la thérapie de rééducation de ta jambe, ça ? Quelques parties de jambes en l'air ?" Je manquais de m'étouffer avec ma propre salive et je toussais rapidement tout en rougissant. "Quoi ?!...Non non pas du tout !" Je m'empressais d'indiquer à Isy.

"C'est cool, je suis très content pour vous. Je suis sûr que vous allez passer un très bon moment, Tu mérites d'être heureuse, Phoebe, et Ian aussi. Ca te fera du bien de quitter un peu ton train-train quotidien. La Nouvelle-Zélande est une excellente destination." Je secouais doucement la tête, "Attends, attends ! Qu'est-ce que tu imagines exactement qui se passe avec Ian ? Pourquoi tu parles comme-ci on était en couple ?" Je ne comprenais pas vraiment qu'est-ce qui pouvait faire croire à mon frère que j'étais en couple avec Ian. "Qui a eu l'idée de cette petite escapade ? Vous avez déjà des activités de prévues là-bas ?" Est-ce qu'on donné réellement l'impression d'être en couple vu de l'extérieurs ? Ma fille avait-elle raison ? "Euh...C'est le cadeau de noël que je lui ai fais lors de la soirée...je lui ai proposé d'en profiter pendant qu'il avait des vacances...On va plonger pour voir les coraux noirs et j'ai loué des lodges en pleine nature avec montagne et rivière...Je pense qu'il aura moyen de faire de la randonnée, de plonger en rivière, de faire du kayak...Au moins, il pourra réellement couper de son travail."

Je souriais plutôt fière de quitter un peu Brisbane, je soupirais légèrement avant de me décider à me confier un peu plus. "En réalité, je voulais un endroit loin de tout pour qu'on puisse se retrouver tout les deux...J'ai envie de lui avouer mes sentiments, même-si il ne partage pas la même chose envers moi. J'ai besoin de vider ce que j'ai sur le coeur et qu'il sache que, je commence à être amoureuse de lui...Enfin j'imagine déjà sa réponse..." Je baissais la tête consciente qu'une femme divorcé n'était surement pas le meilleur partie pour un homme célibataire.

J'étais satisfait de constater que ma sœur ne nécessitait plus d'aide pour marcher sur sa jambe, cette dernière ayant remporté assez en force pour soutenir son poids. Désormais, la rééducation était importante pour que la Jensen récupère toutes les capacités de son membre inférieur et je me proposais spontanément pour la motiver à solliciter ses muscles laissés en dormance durant de longues semaines de convalescence. "Et bien on peut parfaitement se faire du footing... Par contre tu ne m'empêcheras pas d'aller nager ou même de plonger !" Je laissais échapper un rire. "Deal. Je m'occupe de la part footing," je m'engageais avec un rictus complice. "On peut même se donner comme objectif le marathon de Brisbane si tu veux. Ca ne sera pas avant quelques mois et il s'avère que cette année, c'est une association qui a pris naissance à l'hôpital où je travaille qui sera mise en avant." Je m'étais déjà inscrit pour participer à ce marathon, étant membre et bénévole de l'association évoquée depuis sa création. D'ici là, la naissance de ma petite fille risquait d'être imminente toutefois, mais j'avais bon espoir qu'elle demeure au chaud jusqu'au mois de juillet, comme la sage-femme nous l'avait prédit.

Observer ma nièce avec mon fils me rappelait la relation que Phoebe et moi-même avions avec nos cadets lorsqu'ils avaient l'âge de Jude. Je conservais mon sourire en entendant ma sœur déplorer ses ressemblances avec notre mère, qui étaient selon moi de plus en plus marquées au fil des années. Sans doute que le fait qu'elle soit désormais maman d'une adolescente appuyait cette cause. "Tu as pas le droit de dire des choses comme ça !! Et puis bon tu sais, la pomme ne tombe jamais loin de l'arbre... Toi aussi tu as des travers !" Je ris de bon cœur. "J'ai jamais dit le contraire," je me défendais. Je reconnaissais déjà être très - trop ? - papa poule et devoir me détendre un peu. Cependant, je m'accordais du temps. Après tout, l'arrivée de mon fils avait tout de l'imprévu et les circonstances étaient singulières. Mon objectif premier était de faire au mieux avec l'enfant et que celui-ci soit heureux, et cela passait entre autres par ma tendance à le couver énormément.

Je révélais à Phoebe que je prévoyais inviter nos parents chez Penny et moi ce week-end à l'occasion d'un repas, où elle était également conviée et pourrait très bien venir accompagnée. Rapidement, je comprenais qu'Ian occupait toujours aussi assidument les pensées de la brune et en bon frère, je ne pouvais m'empêcher de la charrier, à la faire rougir. "Quoi ?! Non non pas du tout !" "C'est beaucoup de véhémence dans tes propos pour que j'y crois vraiment," je moquais. Si l'action n'avait pas eu lieu, Phoebe devait manifestement y penser. J'apprenais par ailleurs que ma sœur avait prévu une escapade avec son béguin en Nouvelle-Zélande. J'acceptais volontiers de veiller sur ma nièce durant son épopée, convaincu que Penny n'y verrait pas d'inconvénient, tout en valorisant avec sérieux les potentiels bienfaits de ce voyage. "Attends, attends ! Qu'est-ce que tu imagines exactement qui se passe avec Ian ? Pourquoi tu parles comme si on était en couple ?" Je considérais quelques instants ma sœur. "Tu veux que je fasse revenir Keila qui t'annonce que tu te voiles la face ?" Je proposais avec humour, me souvenant des propos de ma nièce qui, armée de son franc parler, ne s'était pas privée pour annoncer que sa mère en pinçait pour le médecin. Je m'intéressais davantage à l'excursion. "Euh... C'est le cadeau de Noël que je lui ai fait lors de la soirée... Je lui ai proposé d'en profiter pendant qu'il avait des vacances... On va plonger pour voir les coraux noirs et j'ai loué des lodges en pleine nature avec montagne et rivière... Je pense qu'il aura moyen de faire de la randonnée, de plonger en rivière, de faire du kayak... Au moins, il pourra réellement couper de son travail." J'acquiesçais, ne pouvant retenir un petit sourire amusé. "Un beau programme," je commentais, me retenant de charrier un peu plus Phoebe sur le fait qu'il avait tout d'une envolée en amoureux. "En réalité, je voulais un endroit loin de tout pour qu'on puisse se retrouver tout les deux... J'ai envie de lui avouer mes sentiments même s'il ne partage pas la même chose envers moi. J'ai besoin de vider ce que j'ai sur le cœur et qu'il sache que je commence à être amoureuse de lui... Enfin j'imagine déjà sa réponse..." Je soutenais le regard de ma sœur, songeur. "Tu fais la prude avec ton Ian, mais tu vois qu'on a bien cerné ton petit jeu, Jensen !" Je taquinais. "Tu penses qu'il te répondra quoi ?" Je questionnais, sceptique. Je connaissais la tendance de ma cadette à être défaitiste. "S'il accepte d'aller en Nouvelle-Zélande avec toi c'est qu'il doit t'apprécier un minimum, sans compter tout ce qu'il a fait pour toi dernièrement." Je soulignais. "Tu verras bien. Le feeling, ça ne trompe pas," je conseillais. A mon avis, quelque chose se tramait entre Phoebe et Ian et ce duo me ravissait. Je leur souhaitais que du bonheur et étais bien heureux de pouvoir contribuer à leur petites parenthèses du quotidien en veillant sur ma nièce pendant un week-end.

La proposition de mon frère pour ma rééducation, m'enchantait. C'était un moyen de plus de passer du temps ensemble. Il avait beau être mon aîné de quelques mois, nous avions toujours passés beaucoup de temps ensemble et j'étais parfois peiné de voir que les choses changer maintenant à l'âge adulte. En même temps, nous avions tout les deux nos vies et nos familles et on ne pouvait pas toujours être disponible à cent pour cent pour l'autre. "Deal. Je m'occupe de la part footing, On peut même se donner comme objectif le marathon de Brisbane si tu veux. Ca ne sera pas avant quelques mois et il s'avère que cette année, c'est une association qui a pris naissance à l'hôpital où je travaille qui sera mise en avant." Je hochais frénétiquement la tête, "Carrément ! J'adore l'idée ! Se sera un excellent moyen pour moi de me dépasser et surtout de me sentir utile pour une cause noble." Je souriais contente de cette idée et de ce nouvel objectif à atteindre. Il allait juste falloir à présent que je sois au top de ma forme pour participer à ce marathon.

J'entendais le Jensen se moquait de ma façon d'être et surtout de la ressemblance avec notre mère. Il était certains que par moment je me faisais peur à m'entendre, mais Isy n'était pas un cas à part et la pomme ne tombait jamais loin de l'arbre. "J'ai jamais dit le contraire," Je riais avec lui, "Nos enfants n'imaginent même pas à quoi s'attendre plus tard..." Je riais une nouvelle fois faisant toujours rapport au caractère de notre mère et de l'influence qu'elle avait sur nous indirectement. J'entendais d'ailleurs très vite mon ainé m'indiquer qu'il allait inviter nos parents. Je lui avouais donc ne pas être présente le week-end de la foire ayant d'autre projet. Je l'entendais me charrier sur ma rééducation qui devait prendre des allures de parties de jambes en l'air en compagnie de Ian. Je me mettais à rougir essayant de me défendre. "C'est beaucoup de véhémence dans tes propos pour que j'y crois vraiment," Je secouais la tête, "Arrête donc de dire n'importe quoi ! Peut-être bien que ça m'a effleuré l'esprit...Mais je tiens à te rappeler que pour l'heure je l'ai fais qu'avec un seul homme et que j'ai beaucoup de mal à m'imaginer le faire avec un autre..." Je soupirais, "Je suis même pas certaine de savoir comment m'y prendre maintenant."

Je réalisais soudainement que Isy semblait croire que nous étions en couple et je le freinais un peu sur ses propos. "Tu veux que je fasse revenir Keila qui t'annonce que tu te voiles la face ?" Je haussais les épaules avant de lui indiquer le programme espérant laisser l'idée que nous soyons en couple de côté pour le moment. Finalement, je me lançais dans les explications et les raisons qui m'avait poussé à prendre un lieu isolé. "Tu fais la prude avec ton Ian, mais tu vois qu'on a bien cerné ton petit jeu, Jensen ! Tu penses qu'il te répondra quoi ?" Je baissais la tête pour regarder mes pieds, "Surement un truc du genre, j'apprécie passer du temps avec toi mais tu n'es pas mon idéal...Ou bien, c'est très flatteur de ta part mais je ne me vois pas vivre une histoire avec une femme divorcé...Ou même encore, je voudrais juste être ami avec toi et je ne pensais pas que tu avais imaginé qu'on aurait pu être en couple." Je marquais une pause en soupirant une nouvelle fois, "S'il accepte d'aller en Nouvelle-Zélande avec toi c'est qu'il doit t'apprécier un minimum, sans compter tout ce qu'il a fait pour toi dernièrement. Tu verras bien. Le feeling, ça ne trompe pas,"

Je relevais la tête vers mon frère, "Il a simplement fais ça parce que c'est son travail de médecin...je ne suis pas sur d'avoir eu un traitement de faveur sous prétexte qu'il s'intéresse à moi. Et puis, la Nouvelle-Zélande c'est aussi parce qu'on aime la plongée tout les deux et qu'on a l'habitude de se faire des sorties...Je suis pas certaine qu'il m'apprécie au point de vouloir une relation sérieuse avec moi...Tu te rends compte qu'on a quasiment le même âge et que je ne serais surement jamais en mesure de lui donner des enfants, si il imagine une vie de famille..." Je secouais la tête, l'idée de s'attacher à Ian n'était surement pas une bonne idée et en même temps, mon coeur ne pouvait s'empêcher de battre plus fort en sa présence ou à la simple évocation de sa personne.

Maintenant que la jambe de Phoebe ne nécessitait plus d’être soutenue par un plâtre, il était nécessaire de la muscler. En guise de rééducation en addition des exercices que ma sœur aurait sans doute à effectuer auprès d’un kinésithérapeute, je lui proposais que l’on s'adonne au footing, avec en objectif le marathon de Brisbane. Cette idée réjouit spontanément ma cadette, ce qui me fait largement sourire. "Carrément ! J'adore l'idée ! Ce sera un excellent moyen pour moi de me dépasser et surtout de me sentir utile pour une cause noble." J’acquiesçais, appréciant son état d’esprit. Phoebe était une femme très généreuse et dévouée, je n'étais pas tant surpris qu’elle adhère à s’investir dans cette bonne action. « C’est super ! On fait comme ça, alors, » j’actais avec entrain. « C’est une association pour soutenir les enfants malades et leurs proches et les accompagner dans leur combat contre la maladie. Je t’en dirais plus si tu veux, ils font de chouettes actions. » Puis l’association avait rapidement pris de l’ampleur, Joy et Jackson montaient réellement un projet d’envergure qui était en tout point admirable.

Je ris doucement à la remarque de nos ressemblances vis-à-vis de nos parents. Comme l’indiquait justement l’adage, les chiens ne faisaient pas des chats et même si nos géniteurs avaient eu le don de nous tanner durant notre enfance et notre adolescence, finalement, nous leur ressemblions beaucoup et risquions d’adopter certains de leurs moyens avec notre propre descendance. On avait grandi dans une famille stricte mais aimante, j’appréciais les valeurs que m’avaient transmis mes parents et j’espérais que Jude et mon bébé à venir en héritent également. Néanmoins, je tenais aussi à éviter certaines attitudes et orientations, voulant offrir un environnement plus libre et ouvert d’esprit à mes enfants, en adéquation et adaptation avec la génération dans laquelle nous vivons désormais. "Nos enfants n'imaginent même pas à quoi s'attendre plus tard..." Je ris doucement, commentant avec humour : « Les pauvres… »

Lorsque Phoebe évoquait la présence de Ian dans sa vie et les projets qui se montaient, je ne pouvais m’empêcher de la charrier franchement, jusqu’à l’en faire rougir comme une pivoine. "Arrête donc de dire n'importe quoi ! Peut-être bien que ça m'a effleuré l'esprit... Mais je tiens à te rappeler que pour l'heure je l'ai fait qu'avec un seul homme et que j'ai beaucoup de mal à m'imaginer le faire avec un autre... Je suis même pas certaine de savoir comment m'y prendre maintenant." Je considérais quelques instants ma cadette. Je ne doutais pas qu’elle avait toujours été fidèle à Oscar et ces derniers s’étaient mis en couple très jeunes. De plus, Phoebe était sérieuse et une mère dévouée à son enfant, ainsi, se mêler aux jeux des aventures et coups d’un soir ne collaient pas vraiment à l'image que j'avais d'elle. « Suis ton instinct, écoute ton cœur et tout ira bien, » je la rassurais. La Jensen possédait un bon jugement et tant qu’elle faisait ce qui était juste pour elle, elle ne se tromperait pas à mon sens.

Phoebe me décrivait davantage son envie d’expédition en Nouvelle-Zélande et ses doutes vis-à-vis de l’approbation d’Ian de l’y accompagner. "Sûrement un truc du genre, j'apprécie passer du temps avec toi mais tu n'es pas mon idéal... Ou bien, c'est très flatteur de ta part mais je ne me vois pas vivre une histoire avec une femme divorcée... Ou même encore, je voudrais juste être ami avec toi et je ne pensais pas que tu avais imaginé qu'on aurait pu être en couple." Je grimaçais doucement, compatissant. Je pressais l’épaule de Phoebe en signe de réconfort puis lui répondais : « Tu sais, je pense qu’Ian tient sincèrement à toi. Quand tu as eu ton accident, il m’a envoyé un SMS et il était très inquiet pour toi. Puis il t’a servi un traitement VIP à l’hôpital à ce que j’ai compris, il est un excellent et attentif médecin pour tous ses patients mais il t'a quand même offert un traitement de faveur. Je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une simple amitié entre vous. » J’avouais. « Pour ce qui est d’être divorcée, ce n’est pas une tare. Il y a plein de femmes divorcées qui refont leur vie. Puis tu peux te vanter d’avoir une expérience solide derrière toi, » je soulignais. "Il a simplement fait ça parce que c'est son travail de médecin... Je ne suis pas sûr d'avoir eu un traitement de faveur sous prétexte qu'il s'intéresse à moi. Et puis, la Nouvelle-Zélande c'est aussi parce qu'on aime la plongée tous les deux et qu'on a l'habitude de se faire des sorties... Je ne suis pas certaine qu'il m'apprécie au point de vouloir une relation sérieuse avec moi... Tu te rends compte qu'on a quasiment le même âge et que je ne serais sûrement jamais en mesure de lui donner des enfants, s’il imagine une vie de famille..." Je soufflais discrètement, impressionné par l’analyse poussée de Phoebe sur cette relation qui, de toute évidence, lui tenait à cœur. « Si je peux te donner un conseil : aies confiance en toi et fais ce qu’il te plaît. T’as déjà tant donné aux autres, il est temps que tu penses à toi et au pire des cas, si avec Ian ça ne mène pas où tu l’aimerais sur le long-terme, ça ne t’empêche pas de passer de bons moments avec lui dans l'immédiat, tant que ça vous convient. » Je devinais que ma cadette souhaitait une relation sérieuse et durable avec le médecin et autant cela me ferait plaisir que ceci se concrétise, autant je n’étais malheureusement pas apte à prédire le futur. En attendant, j’espérais simplement que ma sœur soit heureuse, qu’elle puisse profiter du moment présent sans trop se soucier de ce que le destin lui réserve, craignant que ses appréhensions pour le futur la freinent pour goûter au bonheur quand il se présentait. J’avais moi-même ce même comportement naturellement et avec le recul, j’avais compris qu’il me faisait parfois passer à côté d’opportunités. « Pour ce qui est des potentielles envies de Ian, je ne doute pas qu’il saura te les formuler quand il en aura envie. Puis tu parles de nouveau comme si tu étais notre mère. Tu viens d’avoir 36 ans Pheebs, si c’est juste l’âge qui te fait douter pour pouvoir tomber enceinte, je rencontre régulièrement des femmes plus âgées que toi qui sont enceintes. Et si vraiment tu ne désires pas d’une autre grossesse et vous voulez fonder une famille, vous avez d’autres moyens de le faire. » Je lui offrais un sourire encourageant. « Essaie peut-être d’y aller pas à pas, sans trop te prendre la tête. Ca a du bon de ne pas trop se projeter et laisser le destin surprendre. Regarde-moi : je n’y croyais absolument plus et voilà que dans quelques mois, je serais doublement papa. Et en plus, je suis plus vieux que toi ! » Je taquinais gentiment ma cadette.

L'idée de participer à un marathon pour une cause honorable me plaisait énormément. L'idée en plus de m'entraîner dans cette optique était doublement agréable et j'adhérais immédiatement à ce projet. En plus, s'était aussi un moyen pour moi de passer du temps avec mon aîné alors qu'il allait bientôt être trop occupé avec son bébé à venir. « C’est une association pour soutenir les enfants malades et leurs proches et les accompagner dans leur combat contre la maladie. Je t’en dirais plus si tu veux, ils font de chouettes actions. » Je hochais la tête contente de pouvoir participer à ce genre d'action.

Je regardais Keïla qui jouait avec son cousin qu'elle venait tout juste de rencontrer et je réalisais que nos parents nous avais laisser un héritage riche d'amour, mais qu'ils étaient plutôt étriqués sur certains sujet. Mon divorcé avait d'ailleurs été un sujet difficile pour ma mère qui m'avait quelque peu reporté la faute sur moi. J'avais à son sens, pas fais les choses correctement pour garder mon mariage. Son avis avait bien vite changé lorsqu'elle avait vu Oscar avec sa nouvelle compagne et m'avait présenté des excuses. Je savais pourtant combien elle tenait à nous, mais, elle avait ce côté très matriarcale et s'était parfois très flippant. J'avais conscience d'avoir parfois les même réflexion et mon divorce me rendait bien plus autonome, comme elle pouvait l'être. J'indiquais à Isy que nos enfants n'étaient pas en mesure d'imaginer ce qu'on allait leur laisser. « Les pauvres… » Je riais à cette remarque, comme-ci nous souffrions de la situation.

La conversation tourna soudainement autour de Ian, j'avais demandé à Isy si, il était d'accord de garder un oeil sur ma fille le temps de ma semaine de vacances avec le médecin. Immédiatement, la conversation tourna sur des sujets plutôt intime et je sentais le rouge monter à mes joues. Je ne voulais pas qu'il pense quoi que ce soit à ce sujet et je lui rappelais que j'avais eu qu'un seul homme dans ma vie. « Suis ton instinct, écoute ton cœur et tout ira bien, » Je haussais les épaules pas réellement certaine de pouvoir suivre mon instinct et que celui-ci soit bon. Je ne savais pas du tout ce que Ian pensait de moi, bien que le bracelet avec la breloque à mon poignet prouvé certaine chose. « Tu sais, je pense qu’Ian tient sincèrement à toi. Quand tu as eu ton accident, il m’a envoyé un SMS et il était très inquiet pour toi. Puis il t’a servi un traitement VIP à l’hôpital à ce que j’ai compris, il est un excellent et attentif médecin pour tous ses patients mais il t'a quand même offert un traitement de faveur. Je ne pense pas qu’il n’y ait qu’une simple amitié entre vous. Pour ce qui est d’être divorcée, ce n’est pas une tare. Il y a plein de femmes divorcées qui refont leur vie. Puis tu peux te vanter d’avoir une expérience solide derrière toi, »

J'avais toujours le sentiment que d'être divorcée n'était pas réellement en ma faveur et que ça prouvait une part de moi qui n'était pas bonne. Oscar était partie avec une autre femme, il avait de quoi se poser des questions à mon sens. « Si je peux te donner un conseil : aies confiance en toi et fais ce qu’il te plaît. T’as déjà tant donné aux autres, il est temps que tu penses à toi et au pire des cas, si avec Ian ça ne mène pas où tu l’aimerais sur le long-terme, ça ne t’empêche pas de passer de bons moments avec lui dans l'immédiat, tant que ça vous convient. » Je hochais la tête, "C'est difficile pour moi de me dire qu'il n'y aura peut-être plus aucune relation sur le long terme...J'ai l'impression que mon divorce a brisé l'image parfaite du couple que je me faisais...Le genre de couple qui dure jusqu'à la mort comme nos parents. Je sais qu'il y a toujours des hauts et des bas, mais je ne pensais pas qu'un jour je serais aussi bas..." Je souriais légèrement, "C'est certains que je profite de nos moments à deux...Mais dans le fond, j'ai pas envie que ça s'arrête un jour..." C'était pour cette raison que je n'avais plus quitté le bracelet depuis le jour où il l'avait accroché à mon poignet.

« Pour ce qui est des potentielles envies de Ian, je ne doute pas qu’il saura te les formuler quand il en aura envie. Puis tu parles de nouveau comme si tu étais notre mère. Tu viens d’avoir 36 ans Pheebs, si c’est juste l’âge qui te fait douter pour pouvoir tomber enceinte, je rencontre régulièrement des femmes plus âgées que toi qui sont enceintes. Et si vraiment tu ne désires pas d’une autre grossesse et vous voulez fonder une famille, vous avez d’autres moyens de le faire. Essaie peut-être d’y aller pas à pas, sans trop te prendre la tête. Ca a du bon de ne pas trop se projeter et laisser le destin surprendre. Regarde-moi : je n’y croyais absolument plus et voilà que dans quelques mois, je serais doublement papa. Et en plus, je suis plus vieux que toi ! » Je riais légèrement à sa dernière remarque, "Oui mais, tu es un homme Isy ! On peut pas dire que la grossesse te fatigue autant qu'une femme." Je riais une nouvelle fois, "De toute façon, je vois trop loin dans cette relation où il n'y a strictement de rien établis...Et je ne suis pas certaine de pouvoir retourner dans les couches maintenant que j'ai une adolescente, insolente et autonome." Je jetais un regard à la jeune fille toujours occupé avec son cousin. Elle avait des côtés adorable, mais parfois je pouvais la détester.

Une des leçons que j'avais acquises durant mes périodes difficiles reposait sur la nécessité de savoir prendre soin de soi, d'être tolérant envers soi-même et défendre ses intérêts en tout temps, tout en respectant autrui. Tout comme Phoebe, je détenais cette attitude naturelle et spontanée à m'accabler et me culpabiliser pour les maux qui survenaient dans mon histoire. Dès qu'un malheur s'abattait sur mon quotidien, ma première réaction était de mettre en doute mes propres agissements et rechercher ce que j'avais pu produire comme acte ayant conduit à cette conséquence désastreuse. Avec le recul, je réalisais toutefois que je n'étais pas forcément responsable des infortunes, que je ne constituais pas impérativement la raison provoquant les actes malhonnêtes et malveillants commis par des personnes que j'ai pu rencontrées. Que parfois, on peut simplement être victime et qu'on ne mérite pas la peine qui nous est destinée. C'était une démarche difficile de m'accorder ce leste, cette bienveillance, mais elle me permettait de me protéger vis-à-vis des individus mal intentionnés et me sentir bien mieux dans ma peau. C'était un des moyens que j'avais mis en place pour apprendre à trouver de la valeur dans la personne que je composais et m'aimer peu à peu.

"C'est difficile pour moi de me dire qu'il n'y aura peut-être plus aucune relation sur le long terme... J'ai l'impression que mon divorce a brisé l'image parfaite du couple que je me faisais... Le genre de couple qui dure jusqu'à la mort comme nos parents. Je sais qu'il y a toujours des hauts et des bas, mais je ne pensais pas qu'un jour je serais aussi bas..." Je souriais doucement, compatissant avec les propos révélant les états d'âme de ma cadette. Tout comme elle, j'avais désespéré et cru que je ne connaîtrais plus de relation sur le long-terme après Lucy. J'avais même été persuadé que jamais je ne réaliserais mon rêve d'être parent. Je m'étais persuadé que mes échecs amoureux ne dénotaient que le fait que j'étais incapable d'être en couple avec quelqu'un ou que cela n'était simplement pas fait pour moi, et l'exemple de nos parents qui avaient passé la majorité de leur vie ensemble imposait une certaine pression et un niveau impossible à atteindre. J'avais moi-même l'impression d'avoir créé une gigantesque et embarrassante pagaille et en aucun cas la vie que je menais présentement ne correspondait aux attentes de mes parents, notamment pour les secrets et non-dits entourant Jude. Néanmoins, cela n'empêchait en rien que j'étais fier de ma famille et de la vie que je menais présentement, auprès de Penny que je me considérais chanceux d'avoir à mes côtés. "Tu sais, je pense que l'important c'est que tu sois heureuse et que tu fasses ce qui te rende heureuse. On ne peut pas contrôler l'amour ni quand il viendra dans notre vie. On ne peut pas contrôler les sentiments des autres vis-à-vis de nous. Mais on peut contrôler comment on se sent en prenant soin de nous-mêmes. Et au final, à la fin de chaque journée, c'est seule avec toi-même que tu te retrouves, alors autant que tu te retrouves avec quelqu'un que tu aimes." "C'est certain que je profite de nos moments à deux... Mais dans le fond, j'ai pas envie que ça s'arrête un jour..." Je souris doucement. "Je te comprends. N'y pense pas, souvent c'est en redoutant le pire qu'on le fait arriver. Pense au positif : le positif attire le positif, paraît-il." Je conseillais.

Je tenais à rassurer Phoebe sur ses options dans l'avenir en précisant comment la vie pouvait changer radicalement sur une courte période également. Le destin était un drôle de phénomène qui avait don de nous surprendre constamment. "De toute façon, je vois trop loin dans cette relation où il n'y a strictement de rien établi... Et je ne suis pas certaine de pouvoir retourner dans les couches maintenant que j'ai une adolescente, insolente et autonome." Je ris doucement à la description de Keila puis je portais mon regard sur les deux jeunes. Ca me faisait chaud au cœur de voir Jude s'entendre spontanément avec ma nièce. "Chaque chose en son temps," j'annonçais. Autant monter les marches de l'escalier une à une plutôt que de se concentrer sur le haut qui peut nous paraît inatteignable de prime abord.

Le silence nous enlaça quelques secondes. Je le rompais en questionnant ma sœur : "J'ai une question pour toi," je commençais, sourire en coin. "Oublie Ian, oublie Keila, oublie les parents, oublie tout le monde. Si tu pouvais faire un truc pour toi, juste pour toi, un truc que tu as envie de faire au fond de toi mais que tu t'es jamais autorisée à faire pour X ou Y raison mais que tu sais qui te ferait plaisir ou te ferait du bien, qu'est-ce que tu ferais ?" J'observais quelques secondes ma cadette, précisant : "Ca peut être un voyage, une nouvelle activité, un saut en parachute, une coupe de cheveux, n'importe quoi. Mais un truc juste pour toi qui te ferait plaisir qu'à toi, sans penser aux autres ou à leur opinion." Je marquais une pause. "Réfléchis bien et j'te défie de le faire. Je l'ai fait moi-même quand j'étais perdu, quand j'avais l'impression que j'avais tout échoué dans ma vie et que je faisais rien de bien, que j'accomplirais rien de ce que je devais accomplir. Crois-moi, dans ces contextes-là, penser à soi et se retrouver soi-même en se créant une situation qui nous font du bien et qui nous donnent du sens n'est pas superflu."

Parfois, j'avais le sentiment que mon divorce avait sonné le glas de la fin des relations amoureuse pour moi. J'avais du mal à me dire que les choses pouvaient encore venir pour moi et je portais mon divorce comme un boulet accroché à mon pied capable de repousser toute personne désireuse de m'accorder un peu d'attention. J'avais également pu constaté que certains hommes avaient peur de l'engagement avec une personne divorcé. Il fallait dire qu'il n'avait qu'un seul son de cloche et pouvait parfaitement penser que la personne était à l'origine de son propre malheurs. J'étais sévère avec moi-même, une des très grande tare de la famille Jensen.

"Tu sais, je pense que l'important c'est que tu sois heureuse et que tu fasses ce qui te rende heureuse. On ne peut pas contrôler l'amour ni quand il viendra dans notre vie. On ne peut pas contrôler les sentiments des autres vis-à-vis de nous. Mais on peut contrôler comment on se sent en prenant soin de nous-mêmes. Et au final, à la fin de chaque journée, c'est seule avec toi-même que tu te retrouves, alors autant que tu te retrouves avec quelqu'un que tu aimes." Je haussais légèrement les épaules, je n'étais pas certaine de m'aimer en réalité. Je n'étais plus sur de rien, j'avais tellement vécu à travers Oscar, que j'avais finis par me perdre et oublier qui j'étais réellement. Certes, mon entreprise me permettait de retrouver un temps soit peu ma personnalité, mais lorsque je lâchais la machine à coudre, je ne savais plus rien de moi. J'appréciais les moments avec Ian, car justement, il arrivait à me permettre de me retrouver moi-même. J'étais la véritable Phoebe en sa compagnie et je n'avais pas le sentiment de devoir faire semblant. Je chérissais nos moments ensemble avec la seule peur que tout ceci s'arrête du jour au lendemain. "Je te comprends. N'y pense pas, souvent c'est en redoutant le pire qu'on le fait arriver. Pense au positif : le positif attire le positif, paraît-il."

Peut-être bien que je devais penser positif, mais je ne pouvais m'empêcher de voir trop loin dans la relation avec Ian. Nous n'étions rien tout les deux, nous n'avions pas avoués nos sentiments et je n'étais même pas certaine que ça arrive un jour. Tout ceci n'était peut-être qu'une illusion pour moi. "J'ai une question pour toi, Oublie Ian, oublie Keila, oublie les parents, oublie tout le monde. Si tu pouvais faire un truc pour toi, juste pour toi, un truc que tu as envie de faire au fond de toi mais que tu t'es jamais autorisée à faire pour X ou Y raison mais que tu sais qui te ferait plaisir ou te ferait du bien, qu'est-ce que tu ferais ?" Je levais un sourcil en observant Isy face à cette question plutôt surprenante. "Ca peut être un voyage, une nouvelle activité, un saut en parachute, une coupe de cheveux, n'importe quoi. Mais un truc juste pour toi qui te ferait plaisir qu'à toi, sans penser aux autres ou à leur opinion. Réfléchis bien et j'te défie de le faire. Je l'ai fait moi-même quand j'étais perdu, quand j'avais l'impression que j'avais tout échoué dans ma vie et que je faisais rien de bien, que j'accomplirais rien de ce que je devais accomplir. Crois-moi, dans ces contextes-là, penser à soi et se retrouver soi-même en se créant une situation qui nous font du bien et qui nous donnent du sens n'est pas superflu."

Je n'avais aucune réelle idée de ce que j'avais envie de faire rien que pour moi. J'étais bien incapable de penser à moi après toutes les années que j'avais vécu à penser aux autres. "Et qu'est-ce que tu as fais pour toi ?"Demandais-je curieusement ne sachant toujours pas quoi répondre à mon ainé. Qu'est-ce qui pourrait bien me faire plaisir, qu'est-ce que je pourrais tester pour sortir de ma zone de confort et ainsi me retrouver ? "Tu me poses une colle ! Je ne sais réellement pas ce que j'aimerais faire pour moi...Tu sais bien que j'ai du mal à me concentrer sur moi-même et que je suis toujours tournée vers les autres..." J'avais quelques idées, mais est-ce que c'était réellement prendre soin de soi ? "J'ai trouvé ! J'aimerais partir à Bali et profiter simplement de ne rien faire avec un bon roman au bord d'une piscine !" Je souriais légèrement, "Sauf que pour le coup, ça risque d'être plutôt compliqué à mettre en place sur l'année." Je me mettais à rire face au défi de mon frère. Je ne pouvais pas laisser Keïla ici pour partir me prélasser au soleil, je ne pouvais pas me permettre d'être égoïste parce que j'étais une mère et que je devais penser avant tout au bien être de mon enfant.

Je devinais que le divorce de Phoebe avait imposé un véritable séisme dans la vie de la jeune femme. Ses repères s'étaient effondrés sans vergogne, sa réalité s'était vue métamorphosée par des changements drastiques. Désormais, elle était mère célibataire d'une adolescente et devait se reconstruire après une longue et ultime relation avec le père de son enfant. Je ne pouvais qu'imaginer à quel point ma cadette était ébranlée mais j'étais déterminé à tout mettre en œuvre pour l'aider à se relever, goûter de nouveau au bonheur et s'épanouir dans ce nouveau tournant, certes serré, de son histoire.

Je puisais dans mes propres expériences, offrant les recettes que j'avais dénichées dans mon cheminement personnel pour relever la barre de mon moral. J'espérais que par mes propos, je marquais l'esprit de ma sœur sur des affirmations que je jugeais essentielles : il fallait qu'elle prenne soin d'elle, qu'elle pense à elle. Phoebe avait le droit d'être égoïste, surtout en ces temps difficiles, et à mes yeux, il ne s'agissait pas d'être réellement égoïste : il s'agissait plutôt de savoir se concentrer sur qui on est pour être la meilleure version de soi-même, pour nous et pour nos proches.

Beaucoup disent que lorsqu'on perd gros, l'opportunité de pouvoir créer du nouveau s'offre à nous. Il suffit alors de la saisir et maintenant que les attaches de Phoebe étaient réduites, je l'invitais à mettre de côté ses responsabilités, ses peurs du jugement, ses contraintes qu'elle s'imposait pour se prioriser. Je sentais mon interlocutrice déroutée face à mes suggestions, ce qui extirpa un bref rire de ma bouche. "Et qu'est-ce que tu as fait pour toi ?" J'inspirais profondément, un sourire planant sur mes lèvres. "Je suis parti de Brisbane. Je devais mettre de la distance entre moi et la vie que je menais ici pour retrouver qui j'étais et pouvoir réellement penser," j'expliquais. Je m'étais d'abord engagé dans un road trip avec Mavi puis j'étais devenu un concurrent à l'émission de télé-réalité "Race of Australia". Suite à cela, j'avais continué mes escapades, alliant quelques missions rapides humanitaires et une autre émission télévisée. Ca avait été ma manière de prendre soin de moi. A mesure de ces événements, je me redécouvrais, je me réapprivoisais. "J'avais besoin de me reconnecter avec moi-même et partir à l'aventure était ma manière de répondre à des souhaits que j'avais tout en trouvant des réponses à qui j'étais en me reconstruisant." Je marquais une pause, laissant à ma sœur le loisir de réfléchir à comment elle pourrait aborder cette même voie. "Tu me poses une colle ! Je ne sais réellement pas ce que j'aimerais faire pour moi... Tu sais bien que j'ai dû mal à me concentrer sur moi-même et que je suis toujours tournée vers les autres..." Je souris en coin, compréhensif. J'avais moi-même eu du mal à faire abstraction d'Autrui dans mes agissements. Encore aujourd'hui, ce n'était pas une première nature. "C'est tout un exercice, mais crois-moi, il est bénéfique." On ne peut pas vivre sa vie pour les autres, on ne peut pas consacrer son existence exclusivement à Autrui. Il faut aussi trouver des comptes pour soi. "J'ai trouvé ! J'aimerais partir à Bali et profiter simplement de ne rien faire avec un bon roman au bord d'une piscine !" J'ouvrais les yeux, agréablement surpris de la rapidité de la Jensen à dénicher son premier pas vers sa priorisation d'elle-même. "Sauf que pour le coup, ça risque d'être plutôt compliqué à mettre en place sur l'année." Je hochais la tête en signe de dénégation. "Ne te cherche pas d'excuses. Avant fin 2023, tu pars à Bali," Je promettais. "Keila est grande et est loin d'être seule, ne t'en fais pas pour elle." Rien que parmi le clan Jensen, elle serait assurément choyée si sa mère venait à s'absenter. "Et s'il y a question financière, on trouvera bien un moyen aussi." Nous étions une famille solidaire.