burnt wings no longer made for flying.

@GRACE CRAINE & RORY

(ce rp se déroule avant sa blessure)

Ça devenait habituel, d’accourir à l'hôpital après le coup de fil d'un membre de sa fratrie. De griller un feu orange et de se précipiter sur le parking, de prévenir Swann en catastrophe qu'il ne serait pas de retour avant un temps indéterminé et de s'engouffrer dans le hall de l'hôpital, rongé par l'inquiétude. La dernière fois qu'il avait pénétré dans ces lieux avec la peur au ventre, c'est sa sœur Rosalie qui se trouvait dans un état préoccupant et qu'il avait eu désespérément peur de perdre, tout comme son neveu. Et dieu sait que Rory n'était pas pressé de revivre ce genre de frayeurs, surtout alors qu'il aimerait n'avoir enfin que de bonnes nouvelles à fêter avec sa famille. La naissance de Gabriel autant que les fiançailles de Grace faisaient deux magnifiques occasions d'oublier le pire pour se concentrer sur le meilleur, pourtant il y avait toujours un imprévu pour lui rappeler que chez les Craine, on avait véritablement le drame dans le sang. Et qui mieux que leur mère pour le prouver une fois de plus ? Si quelqu'un n'avait toujours de cesse de mettre sa santé en péril, c'était bien elle. Elle et ses verres de whisky à dix heures du matin. Elle et ses conduites en état d'ivresse. Elle et toutes les fois où elle leur avait déjà fait peur, sans pourtant que ça ne semble jamais assez pour la convaincre de se faire aider. Si ni ses enfants ni un aller-retour à l'hôpital ne lui ouvrait les yeux, qu'est-ce qui pourrait bien le faire ?

« Bonjour, je viens voir Frances Craine. On m'a dit qu'elle avait été admise après une chute. » Et c'était à peu près les seules informations qu'il avait eu sur le moment de la part de sa sœur cadette, trop pressé par le temps et impatient de rejoindre l'hôpital pour même penser à lui demander plus de détails. Rory avait paré au plus urgent, incapable comme à son habitude de faire autre chose qu'accourir chaque fois qu'il était question de leur mère. « Madame Craine passe actuellement des examens. Veuillez patienter un moment. » Si Rory était d'un naturel plutôt courtois et patient, il n'en allait pas toujours de même lorsqu'il était dans l'attente de nouvelles de ses proches et qu'il ne pouvait s'empêcher de redouter le pire. « Mais elle va bien ? C'est grave ? J'aimerais savoir ce qui se passe exactement. » Il aimerait que cette jeune femme daigne en l’occurrence se mettre cinq minutes à sa place et lui donner un minimum d'informations pour lui permettre d'être rassuré. Et si elle n'en avait pas, qu'elle l'adresse simplement à quelqu'un capable de répondre à ses questions. Il ne demandait pas grand chose, simplement de ne pas rester dans le flou. « Vous êtes de la famille ? » Rory reposa nerveusement ses mains contre la surface du comptoir d'accueil. « Je suis son fils, je... Grace ! » Soudain, c'est une lueur d'espoir qui passa dans son regard lorsqu'il releva la tête vers la silhouette de sa sœur, postée à quelques mètres de là. Cet hôpital était son élément, et c'était loin d'être la première fois que Rory s'y arrêtait rien que pour la surprendre au travail et la convaincre de sortir déjeuner avec lui.

Aujourd'hui, pourtant, les circonstances étaient toutes autres et Rory n'avait ni le cœur à avaler quoi que ce soit, ni même la moindre envie de sourire. Et ça, sa sœur le savait parfaitement bien. La scène n'avait rien d'inédite, après tout. « Grace. Je suis venu aussi vite que j'ai pu. Comment elle va ? T'as des nouvelles ? » Que leur mère passe des examens devrait sans doute le rassurer, pourtant ça sous-entendait aussi que sa chute était peut être plus sérieuse que ce qu'il avait d'abord redouté. Plus sérieuse que la fois précédente, et toutes celles où quelques verres de trop l'avaient déjà placé dans des situations périlleuses et potentiellement dangereuses pour elle. Ce n'était ni la première ni la dernière fois qu'il aurait à se déplacer jusqu'à l'hôpital parce que leur mère aurait refusé de se montrer raisonnable, ça Rory le savait parfaitement bien. Et dire qu'il redoutait par avance le prochain coup de téléphone serait un euphémisme. « Ils t'ont sûrement dit quelque chose, à toi. Moi, j'ai eu aucune info. » Ses collègues en savaient sans doute plus que la jeune femme à l'accueil, et tout ce dont avait besoin Rory c'était d'être rassuré sur la gravité de l'état de leur mère. Grace le connaissait par cœur, elle savait qu'il n'avait pas besoin d'entendre un charabia incompréhensible que les médecins comprenaient entre eux, juste de savoir que leur mère allait bien et qu'ils étaient passés à coté du pire, cette fois encore.

Ses cernes font tache, sur sa peau parfaite. Elle guette son téléphone à répétition, attend et espère que Rory se pointera bientôt. Elle n'a pas d'opération prévue avant le lendemain et théoriquement, elle devrait retourner auprès de Ruben. Il doit l'attendre, mais elle lui a dit de ne pas s'inquiéter. Droite comme un -i, elle songe à ce qu'elle va expliquer à Rory lorsqu'il arrivera, probablement essoufflé. Grace ne le repère pas tout de suite. Paradoxalement, elle a très envie d'un grand verre de vin. « Je suis son fils, je... Grace ! » La blonde braque ses yeux sur l'origine de la voix - son frère. Elle s'en approche à grands pas, les cheveux encore en bataille d'avoir enlevé son calot trop vite. Elle doit puer la sueur et les heures passées au bloc, s'approche pourtant assez pour avoir à lever les yeux vers son colosse de frère. « Grace. Je suis venu aussi vite que j'ai pu. Comment elle va ? T'as des nouvelles ? » A la personne qui recevait son frère, elle fait signe qu'elle s'occupe de tout. Grace se frotte un œil et entraîne son frère à l'écart, où personne ne se presse pour avoir des nouvelles de ses proches. « Ils ont fini les examens, on attend les résultats. » Elle a l'air tranquille, calme malgré les circonstances. Imperturbable. Son flegme habituel transpire de ses pores. Oh elle s'inquiète pour leur mère, oui. Mais pas au point d'hyperventiler. Après tout, ils sont désormais tous habitués à cette situation. Grace relève ses cheveux pour s'occuper les mains. Pour ne pas avoir à prendre Rory dans ses bras. Elle n'a jamais été à l'aise avec le contact, surtout pas dans des situations semblables.

« Ils t'ont sûrement dit quelque chose, à toi. Moi, j'ai eu aucune info. » « Du calme. Elle est vivante. » Sa voix est peut-être un peu trop tranchante. Une migraine s'installe doucement au dessus de son œil gauche. Elle maudit les lumières crues de l'hôpital, invite Rory à la suivre à travers les couloirs aseptisés de son deuxième lieu de vie. Elle ne crèche plus qu'ici, lorsque Ruben n'est pas chez eux. Quel intérêt à résider entre quatre murs vides ? De toute façon, elle a toujours préféré l'activité, occuper ses mains et ses pensées. Lentement, Grace et Rory remontent un couloir et un autre. Elle l'emmène là où ils ont dû abandonner leur mère en attendant des résultats que Grace n'a pas le droit d'aller chercher. On ne soigne pas ses proches. C'est une règle qu'elle adorerait enfreindre, mais ne veut pas que Rory lise quoi que ce soit sur son visage lorsqu'elle découvrira les résultats des analyses. Après tout, si Grace sait garder un masque d'indifférence parfait en toute circonstances, son frère est bien le seul à pouvoir lire entre les lignes. « Elle a fait une chute stupide dans les escaliers. Tu connais le responsable, bien sûr. » La blonde n'a pas besoin de préciser que le coupable n'est autre qu'un alcool trop fort avec lequel leur mère se bousille le foie depuis des lustres déjà.

Alors qu'un infirmier quitte la chambre, Grace y pousse doucement Rory. « Les visites sont- » « Les visites sont quand j'ai décidé qu'elles sont. Nous attendrons dans sa chambre. » Le gringalet opine du chef et ne cherche pas à argumenter. Il sait que les médecins font les pires patients, mais il sait aussi qu'ils font les pires proches des patients. La porte fermée, Grace peut offrir à son frère la vue la plus incroyable qu'un enfant puisse avoir de son parent. Elle n'est pas émue par ces tuyaux qui sortent de son corps, pas plus que par la musique rythmées de bips qui donnent la cadence et vrillent les tympans des moins initiés. « Elle se réveillera. Son corps est juste épuisé. » Trouver du jargon compréhensible. Avec les petits humains qu'elle soigne, Grace a l'habitude. Elle a habituellement beaucoup moins de pitié pour les parents - peut-être parce qu'elle crève de jalousie et aimerait désespérément être à leur place. « Tu devrais demander à Swann de venir, quand je devrais partir. Pour pas rester seul. » qu'elle murmure, rêvant déjà de quitter cette chambre. Ses yeux sont fixés sur la silhouette inerte - paisible - de celle qu'elle a déjà ramassé trop de fois au pied des escaliers.

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Son regard, perdu entre les allées et venues des médecins, ne mit qu'une seconde à accrocher la silhouette de sa sœur. Il ne voulait pas qu'une autre blouse blanche s'arrête à sa hauteur pour lui dire qu'il aurait des nouvelles de sa mère en temps voulu, il avait besoin d'être rassuré maintenant et il savait que Grace, au moins, devait savoir quelque chose. Que personne ne pouvait lui cacher quoi que ce soit et espérer qu'elle ne tenterait pas l'impossible pour savoir, qui plus est lorsqu'il était question de leur mère. Sa sœur adoptait toujours une attitude imperméable et donnait souvent l'impression que les choses ne l'atteignaient pas réellement, mais Rory voyait bien plus loin que tout ça. Il savait que l'inquiétude l'envahissait elle aussi, qu'elle était simplement plus à même de la dompter et de ne pas la laisser l'envahir. « Ils ont fini les examens, on attend les résultats. » Entendre parler d'examens n'était évidemment pas pour le rassurer, surtout alors qu'il ne savait toujours que le strict minimum de ce qui était arrivé à leur mère. « Donc c'est plutôt sérieux ? » Est-ce qu'ils suspectaient quelque chose de grave ? C'était évidemment sa pire crainte.

« Du calme. Elle est vivante. » « Si c'est censé m'aider à me calmer, ça marche pas vraiment. » Parce que le fait qu'elle soit vivante était précisément la seule chose qui l'empêchait de s'écrouler dans un moment où il lui semblait pourtant qu'ils avaient touché le fond. Parce qu'il était bien conscient qu'un jour viendrait où il ne pourrait peut être même plus se raccrocher à cette idée. Les choses en prenaient le chemin, peu importe à quel point il lui était encore facile certains jours de se blottir bien confortablement dans son déni. « Elle a fait une chute stupide dans les escaliers. Tu connais le responsable, bien sûr. » Horrifié, Rory réalisa qu'ils avaient tous eu de la chance que ça ne se termine pas plus mal, là où il était pourtant bien incapable de réellement appeler ça de la chance. Le cœur serré, la gorge nouée, il s'agitait dans le couloir comme n'importe quel proche de patient auquel Grace devait avoir à faire tous les jours. « Tu... tu sais qui l'a trouvé ? » Était-ce leur père, lors d'une de ces brèves apparitions ? Un employé de maison ? Ou pire encore, Wendy ? La réponse n'aiderait pas le moins du monde à calmer son état, mais il tentait de toutes ses forces de se raccrocher à quelque chose, alors ça ferait l'affaire.

Un infirmier tenta brièvement de leur barrer le passage, mais c'était sans compter sur la force de caractère de Grace. Rory n'avait pas même eu le temps de réagir, le problème était déjà réglé. « Les visites sont quand j'ai décidé qu'elles sont. Nous attendrons dans sa chambre. » Alors il la suivit sans un mot, bien plus inquiet de ce qu'il allait découvrir en poussant cette porte que de n'importe quoi d'autre, à cet instant. Et lorsqu'il s'avança finalement à travers la pièce et que ses yeux découvrirent leur mère, inerte sur son lit d'hôpital, c'est son cœur qui dégringola dans sa cage thoracique. Les yeux baignés de larmes, Rory prit sur lui pour ne pas craquer. Cette vision était aussi douloureuse qu'il l'avait redouté, et leur mère dans un état dans lequel aucun enfant ne voudrait jamais voir ses parents. Les Craine, pourtant, en avaient pris l'habitude au fil des années. « Elle se réveillera. Son corps est juste épuisé. » Rory l'entendit à peine prononcer ces mots, s'approchant du lit sans même chercher à détourner le regard, parce qu'aussi dur que ce soit c'était aussi devenu habituel. Leur mère s'était rarement retrouvée aussi mal en point, mais ce n'était pas la première fois et ce ne serait pas la dernière. « Elle m'avait promis qu'elle réduirait. Ne serait-ce qu'un peu, en attendant de lui trouver de l'aide. » Oh, comme il s'était bercé d'illusions une fois de plus. « Je sais même pas pourquoi je l'ai cru. » Parce qu'il voulait tout simplement y croire, plus que tout, quand ça ne dépendait même pas entièrement de sa volonté à elle. Leur mère avait besoin d'aide, mais qu'elle puisse peut être ne jamais l'accepter le terrifiait.

« Tu devrais demander à Swann de venir, quand je devrais partir. Pour pas rester seul. » Tournant son visage vers elle, c'est une peur cette fois différente qui s'empare de son regard. « Tu restes pas ? » Elle n'en avait sans doute aucune envie, paradoxalement trop habituée à ce genre de spectacles et pourtant incapable de rester plantée devant ce lit, devant cette patiente qui cette fois n'était plus une inconnue. Il savait tout ça, Rory, bien sûr qu'il le savait. « Je... oui, je vais appeler Swann. Je lui ai promis de donner des nouvelles mais je crois que j'ai surtout besoin qu'il soit là. » Besoin d'être entouré des bras de son petit-ami, besoin de sa chaleur et de l'entendre lui dire que tout irait bien, parce que c'était bien la seule façon dont Rory arriverait à s'en convaincre. Reposant son regard sur sa sœur, il reprit doucement. « Toi aussi, tu devrais prendre un moment pour souffler. Reste avec nous. Je sais qu'ils ont sûrement besoin de toi quelque part, mais je suis sûr qu'ils comprendront. » Il y avait toujours des gens pour avoir besoin d'elle, et Grace savait combien il l'admirait pour tout ce qu'elle accomplissait entre les murs de cet hôpital. Aujourd'hui, pourtant, n'importe qui comprendrait qu'elle ait aussi besoin d'une pause. D'être entourée et rassurée, elle aussi. « Ils peuvent te remplacer. Tu as l'air vraiment exténuée. » Et si ça n'était pas la première fois qu'il voyait des signes de fatigue manifeste sur le visage de sa cadette, cette fois ses cernes étaient suffisamment marquées pour que son inquiétude n'ait plus seulement à voir avec un travail qu'il savait éreintant. Sa mère aussi était sur ce lit, branchée à ces machines, et Grace ne devrait pas rester seule dans un moment pareil.

Grace a la tête des mauvais jours. Elle déteste tout de cet instant qui la contraint à interagir avec son frère sur un terrain qu'elle considère comme sa maison. Son toit. Ce n'est pas comme si elle était vraiment chez elle au sens propre. Là-bas, elle peut jouer des apparences et sa rassurer en se disant que Ruben sera là pour la soutenir. Ici, elle n'a pas de prise sur ce que les gens pourraient penser d'elle. Elle n'a pas le temps de s'armer de son habituelle carapace. Elle tient beaucoup à son frère, là n'est pas la question. Il y a simplement des endroits dans lesquels elle ne peut pas s'exposer à son regard de chien battu. « Donc c'est plutôt sérieux ? » Un léger soupir manque de s'échapper d'entre les lèvres de la jeune femme. Oui, c'est sérieux. Mais avec leur mère, ça l'est toujours. Il n'y a jamais de flottement ni de temps calme. Elle est toujours au bord de l'implosion. Une partie de la conscience de Grace est toujours tournée vers elle et ses bêtises incontrôlées. Finalement, n'est-ce pas elle, la mère ?

Après avoir opiné du chef, Grace se tourne vers son frère et l'invite à la suivre en sous texte. « Si c'est censé m'aider à me calmer, ça marche pas vraiment. » « Moi pour me calmer, j'essaie d'imaginer que c'est une patiente comme les autres. » De toute façon, si elle était réellement une patiente comme les autres, Grace n'aurait pas à l'approcher. Elle ne s'occupe que des enfants - et parfois, de leurs parents trop exigeants. « Tu... tu sais qui l'a trouvé ? » Elle n'a eu de nouvelles de personne. On lui a simplement indiqué la présence de sa mère dans les locaux de l'hôpital. Grace a fait ce qu'elle a pu pour sortir du bloc sans trop tarder, priant en silence que cette fois, ça ne soit pas la fin. C'est toujours dans ces moments là que la blonde change d'avis. Dans les moments où sa mère va (aussi) bien (qu'on puisse l'espérer), une part de Grace espère secrètement qu'elle quittera bientôt le monde des vivants. Elle serait bien mieux loin de cet endroit qu'elle méprise, de ce monde dans lequel elle n'évolue que par convenance. « Non. Mais je ne parierais pas sur papa. » Et Rory sait très bien pourquoi.

Doucement, sans heurt - ou presque, maudit soit ce type qui a tenté de s'interposer - ils entrent dans le purgatoire. L'avant-tombeau de leur mère, qui sent le désinfectant et le propre qui précède la mort. « Elle m'avait promis qu'elle réduirait. Ne serait-ce qu'un peu, en attendant de lui trouver de l'aide. » La gorge serrée, comme propulsée à nouveau dans l'enfance, Grace s'avance timidement vers le lit. Elle rabâche incessamment, en esprit, que cette femme n'est qu'une patiente comme les autres. La trentenaire se protège comme elle peut de cette vision d'horreur et de tous les bips qui résonnent entre les murs de cette pièce blanche et jaune - quel ignoble mélange. Les chambres, en pédiatrie, ont toutes l'air de sortir d'un rêve fiévreux. Les adultes n'ont droit qu'à d'austères murs affreusement défraîchis. « Je sais même pas pourquoi je l'ai cru. » « Parce que les enfants font confiance à leurs parents. » qu'elle s'entend murmurer, le regard fixé sur les épaules basses de Rory. Elle s'imagine petite, derrière son grand frère. Malgré sa crainte du contact, Grace vient poser une main sur l'épaule de son aîné. Elle s'ancre dans le monde. Garde les pieds sur Terre. Une patiente comme les autres. Une patiente qui a le visage, la voix et l'odeur de sa mère.

Déjà, Grace retire le costume de sœur qu'elle venait à peine d'enfiler. Elle rompt le contact et recule de quelques pas, feignant de se préoccuper d'un détail au pied du lit. D'un oeil attentif, elle feuillette le dossier médical, tout en essayant de garder un visage égal. « Tu restes pas ? » Les yeux de Rory trahissent sa détresse. Grace s'empresse de replonger son regard sur les notes d'un autre médecin. « Il y a un petit avec une cardiomyopathie qui m'attend et... » Elle ne veut pas assister aux discours des médecins. Elle les connaît par cœur. Ils donneront des brochures à leur mère. Ils leur feront un discours sur l'état de son foie. Elle leur jettera des regards désolés. Elle dire "ça n'arrivera plus" et Grace sera incapable de la regarder dans les yeux sans trahir combien elle n'est plus capable de la croire, combien elle lui en veut. Combien elle est en colère. « Je... oui, je vais appeler Swann. Je lui ai promis de donner des nouvelles mais je crois que j'ai surtout besoin qu'il soit là. » Une légère ombre passe devant les yeux de Grace. Elle n'a pas prévenu Ruben, ne le fera pas. Aurait-il accouru si elle le lui avait demandé ? L'aurait-il fait de son plein grès ? « Toi aussi, tu devrais prendre un moment pour souffler. Reste avec nous. Je sais qu'ils ont sûrement besoin de toi quelque part, mais je suis sûr qu'ils comprendront. » Elle cille, Grace. Elle n'a pas besoin de souffler. Dans cette chambre, elle étouffe. Les regards tristes de son frère sont autant de couteaux retournés dans son estomac. « Ils peuvent te remplacer. Tu as l'air vraiment exténuée. » « Je vais très bien. Garde ta sollicitude. » Son ton se voulait clair, il est en fait un peu trop mordant. D'un mouvement fluide, Grace se recoiffe pour s'occuper les mains. Ses yeux se sont accrochés au pauvre corps de leur mère, soutenu par toute une batterie de souffleries et de tuyaux reliés à des machines.

Finalement, Grace attrape une chaise. Pas pour elle. Pour Rory. « Je l'ai trouvée comme ça, un soir. Elle était... j'ai pas appelé les urgences. » Ses doigts se referment doucement sur le dossier du siège qu'elle vient de pousser devant le lit. « Elle allait bien. Elle était juste... Bah, tu sais. » Grace hausse les épaules et contourne le lit pour aller se planter en face de son frère. Machinalement, elle replace les cheveux de sa mère correctement sous l'oreiller. C'est un geste qu'elle a fait il y a quelques jours, alors que leur mère était déjà anesthésiée par l'alcool. C'était le soir où Ruben l'a demandée en mariage. Le soir où elle a fui chez Ariane. « Ruben a fait sa demande. Et je n'ai pas eu l'occasion de lui dire à cause de tout ça. » Un regard douloureux croise celui, peiné, de Rory. « Je ne veux pas être là quand elle se réveillera. Elle ne sera de toute façon pas là pour le mariage. » Qui n'aura pas lieu tout de suite. Un sourire triste fend le masque imperturbable de la jeune femme. « Il n'y aura pas de prochaine fois, Rory. Tu le sais aussi bien que moi. » Aussi cruel que cela puisse paraître. Il n'y a pas besoin d'être médecin pour comprendre cela.

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« Moi pour me calmer, j'essaie d'imaginer que c'est une patiente comme les autres. » Et c'est dans ce genre de moments que Rory comprenait qu'il n'aurait jamais pu se lancer dans la médecine, aussi dévoué avait-il toujours été aux autres et disposé à leur venir en aide. Il n'aurait jamais pu contenir son trop plein d'empathie, il n'aurait jamais pu maintenir une distance émotionnelle avec ses patients. Mais plus encore, il n'aurait jamais pu faire la part des choses face à l'un de ses proches, cloué dans un lit d'hôpital. « Et ça marche ? Je veux dire... ça t'aide ? » Comment allait-elle ? Comment vivait-elle tout ça ? Rory était désemparé et n'avait pas même à poser des mots sur ce qu'il ressentait en voyant leur mère dans cet état pour que sa sœur le lise sur son visage déformé par l'inquiétude. Mais pour Grace, c'était différent. Grace montrait peu de choses, et ce depuis toujours. « Non. Mais je ne parierais pas sur papa. » « Non, bien sûr. J'imagine qu'on aura de la chance s'il pense à passer la voir. » Et pour une fois, il n'était même pas capable de lui en vouloir. Leur père aussi supportait tout ça depuis de nombreuses années, peut être bien qu'il en était aussi de moins en moins capable. C'était le cas pour l'acteur, qui ne pouvait pas s'empêcher de se sentir trahi chaque fois que leur mère rechutait, chaque fois que ses bonnes résolutions étaient balayées par une bouteille de scotch. Il aimerait pouvoir dire qu'elle se battait pour s'en sortir, parce que c'était le cas à une époque et qu'il en était convaincu. Mais aujourd'hui, une part de lui s'avouait douloureusement qu'elle avait baissé les bras. Que pour elle aussi, c'était devenu trop. « Parce que les enfants font confiance à leurs parents. » Rory ferma les yeux un instant, se remémorant la première fois que sa mère lui avait promis de se faire aider. Puis toutes les autres, ensuite. Il avait perdu le compte, et c'est ce qui faisait le plus mal.

La présence de Swann lui manquait. Ses bras, son odeur et sa chaleur lui manquaient. Il avait besoin de le sentir près de lui pour affronter cette soirée, mais il avait aussi besoin de sa sœur. Besoin qu'elle reste auprès de lui, auprès d'eux, pour qu'ils se changent mutuellement les idées et ne pensent plus au pire. Si Grace repartait maintenant, c'est dans le boulot qu'elle se replongerait. C'est dans le boulot qu'elle trouverait du réconfort, plutôt qu'auprès de sa famille. « Il y a un petit avec une cardiomyopathie qui m'attend et... » « Oh. » Je comprends sont les mots qu'il voudrait plus que tout formuler mais qui demeurèrent piégés au fond de sa gorge. Il comprenait, oui, que son boulot passe avant tout le reste parce que ce qu'elle faisait ici, ce qu'elle accomplissait entre les murs de cet hôpital, était admirable. Il comprenait que ses petits patients soient plus importants que tout, n'ayant aucun mal à imaginer la détresse de leurs parents et le besoin qu'il aurait à leur place de savoir que la prunelle de ses yeux était entre les meilleures mains. Il comprenait tout ça, mais pour une fois sa sœur méritait aussi de penser à elle. A son propre bien-être, et à ce qu'elle devait éprouver de voir sa mère dans cet état, à l'issue d'une garde certainement bien trop longue et épuisante. Elle méritait de se poser, de souffler un coup et de sa lamenter si ça lui faisait du bien. « Je vais très bien. Garde ta sollicitude. » « Pourquoi tu attaques chaque fois qu'on s'inquiète pour toi ? » La question était posée calmement, sans l'ombre d'un reproche. Elle n'avait pas moins le droit que les autres de faillir, parfois, quand bien même il savait que sa sœur le verrait comme un aveu de faiblesse. Et qu'il n'y aurait rien de pire que ça à ses yeux.

Grace ne resterait sans doute pas bien longtemps, mais elle était encore là et c'est ce qui comptait. S'asseyant sur la chaise que sa sœur disposa près du lit, Rory reporta toute son attention sur elle. « Je l'ai trouvée comme ça, un soir. Elle était... j'ai pas appelé les urgences. » Rory ne la quitta pas du regard, un poids se formant aussitôt au creux de son ventre. « Elle allait bien. Elle était juste... Bah, tu sais. » Il savait, oui. Il savait comment pouvait être leur mère dans ces moments-là, et que si elle n'atterrissait pas toujours à l'hôpital, elle ne leur avait pas moins fait d’innombrables frayeurs avec les années. Tantôt semi-inconsciente dans le canapé, à cuver son alcool de l'après-midi. Tantôt assise à même le sol de sa cuisine, un verre à la main, complètement désorientée. « Grace, je... » Son cœur se serra de savoir qu'elle avait été une nouvelle fois confrontée à tout ça. « J'en avais aucune idée. Pourquoi tu m'as rien dit ? » Parce qu'elle devait justement estimer que c'était devenu habituel, le genre de choses que chacun apprenait à gérer depuis leur plus jeune âge et qui ne méritait plus vraiment qu'on s'y attarde. Ils étaient adolescents, la première fois qu'ils avaient ramassé leur mère dans l'allée devant leur maison. « Ruben a fait sa demande. Et je n'ai pas eu l'occasion de lui dire à cause de tout ça. » Sa main, jusque là restée timidement en retrait, chercha cette fois celle de sa sœur dans un geste réconfortant. « Je suis désolé. Je me doute que c'est loin de ce que tu avais espéré. » Leur mère avait gâché beaucoup de choses, avec le temps, ce qui n'empêchait pas Rory de penser qu'elle n'était pas pleinement responsable. Il lui en voulait, parfois, mais simplement de ne pas vouloir se faire aider. « Elle veut ton bonheur, tu sais. Elle veut notre bonheur à tous. Elle a juste... des problèmes à régler avant de pouvoir être là pour ses enfants. » Il avait peut être besoin de s'en convaincre de toutes ses forces. Besoin de s'y raccrocher pour ne pas admettre que si elle avait voulu essayer, pour eux, elle l'aurait fait depuis longtemps.

« Je ne veux pas être là quand elle se réveillera. Elle ne sera de toute façon pas là pour le mariage. » Cette fois, c'est un regard plus douloureux encore que les frère et sœur échangèrent. C'est pourtant la suite, et ces quelques mots prononcés par Grace, qui lui brisèrent le cœur pour de bon. « Il n'y aura pas de prochaine fois, Rory. Tu le sais aussi bien que moi. » « Grace... » C'est un soupire, presque une supplique qui s'échappa avec peine d'entre les lèvres du brun, tandis qu'il eut besoin de quelques secondes pour enchaîner. « Tu peux pas dire des choses comme ça. Tu... tu peux pas. » Lui ne pouvait pas les entendre, il en était tout bonnement incapable. Leur mère était encore allongée dans ce lit d'hôpital, inconsciente mais bien vivante. Bien sûr qu'il pensait parfois à ce qui arriverait si personne n'était là pour lui venir en aide la prochaine fois, ou s'ils arrivaient trop tard, mais ça le brisait et il n'était pas capable d'avoir cette conversation aujourd'hui. « Elle est malade, mais on peut la soigner. » Il souffla avec difficulté, la voix entravée par une tristesse qu'il n'arrivait plus à endiguer. Les mots de sa sœur étaient durs, impossibles à entendre, mais pourtant si proches d'une réalité qu'il savait immuable, au fond. Il avait simplement besoin de se raconter une autre histoire. Plus douce, moins douloureuse. « Je sais qu'elle est devenue un poids, pour chacun de nous. Et je sais qu'un jour... Ruben et toi, Swann et moi, on aura des enfants et la lourde tâche de décider si on veut ou non qu'elle fasse partie de leur vie. » Ça aussi, il faisait généralement son possible pour ne pas y penser. Mais c'était là, quelque part, bien enfoui en lui. La crainte que leur mère ne soit pas bonne pour eux, qu'ils finissent aussi par souffrir de la voir dépérir et ne rien faire pour changer ça. « Mais c'est pas fichu pas vrai ? On peut encore éviter le pire, n'est-ce pas ? » Cette fois c'est son regard implorant qui se raccrochait au sien. Il était l’aîné, mais aujourd'hui c'est lui qui avait désespérément besoin qu'elle le rassure.

« Et ça marche ? Je veux dire... ça t'aide ? » « Oui. » Non. C'est un mensonge éhonté. Grace tiendra certainement mordicus qu'elle parvient à faire la part des choses et que la distance est facile à installer. Il n'en est rien et toutes les techniques du monde ne parviendront pas à faire croire à son esprit qu'il est en paix. Faire croire à son cerveau que sa mère est une patiente comme les autres pour parvenir à traiter le traumatisme comme s'il n'était rien ne fonctionne qu'en théorie. Il ne fonctionne que devant Rory et les autres, quand le regard de Grace se fait glacial et qu'elle parvient à enfiler le costume de Madame Parfaite. Il fonctionne en société, devant Ruben - et encore - et en vérité, la blonde aura la nausée pendant des jours juste en songeant à la présence de sa mère dans l'hôpital. L'identifiera-t-elle clairement, la source du problème ? Non. Grace est trop hypocrite et son hypocrisie s'étend surtout à elle-même et à son idiot d'esprit de Madame Parfaite. Est-ce vraiment de sa faute ? Il y a longtemps qu'elle essaie de prétendre qu'elle ne s'identifie plus à "ces gens là". Sa mère, d'abord, qu'on retrouve en bas des marches de son foyer éclaté. Son père, ensuite, ce lâche à qui elle n'adresse que des chocolats à noël et un coup de téléphone de temps en temps. Il y a longtemps que Grace n'essaie plus de chercher son approbation. Être loin dans l'ordre de naissance à cela de bon qu'on se fait rapidement oublier - cela ne s'applique pas à Wendy qui a l'art et la manière de se faire remarquer. « Non, bien sûr. J'imagine qu'on aura de la chance s'il pense à passer la voir. » De la chance ? Non et oui à la fois. Il y a longtemps que Grace songe que leur mère serait mieux sans leur père. Peut-être seraient-ils très heureux séparés. Plus jeune, Grace a son doute rêvé d'une famille digne d'un film : deux parents séparés qui s'entendent à merveille, deux noël et deux anniversaires par an, des vacances géniales et des repas incroyables. Malheureusement, cela ne se produit que quand les gens sont assez intelligents pour savoir quand une relation arrive à sa fin.

Alors Grace fuit. Elle est déjà partie en esprit. Il y a longtemps qu'elle croit avoir quitté ce nid - transformé en noeud - familial, sans pour autant que sa conscience s'en soit complètement détachée. « Oh. » Mais Rory doit avoir Swann, qui le comprend certainement mieux que quiconque et sera d'une utilité bien plus importante qu'une Grace dénuée de sentiments. « Pourquoi tu attaques chaque fois qu'on s'inquiète pour toi ? » Elle n'attaque pas. Elle se défend. Mais à cela, Grace n'a rien à répondre. Elle prétend que la réplique n'a pas existé, pourtant les mots de Rory la suivront jusqu'à la tombée de sa nuit.

« Grace, je... » La sollicitude de Rory, Grace ne peut pas s'y confronter directement. C'est trop difficile. Alors, avec des gestes mécaniques, elle replace les cheveux de sa mère. Elle s'occupe les mains avant de fuir dans les couloirs de l'hôpital, sa seconde maison. « J'en avais aucune idée. Pourquoi tu m'as rien dit ? » La trentenaire hausse les épaules. Elle n'a rien dit parce qu'elle n'en a pas eu l'occasion. Et puis, la dispute qui a secoué le couple qu'elle forme avec Ruben ne méritait pas d'avoir de la lumière. C'est suite à cette prise de tête qu'elle a trouvé sa mère étendue au sol. Le souvenir de la demande en mariage est irrémédiablement lié à celui qui se forme encore sous ses yeux. « Je suis désolé. Je me doute que c'est loin de ce que tu avais espéré. » Rory ne pourrait pas être plus dans le vrai, mais il ne s'en doute certainement pas. Comment lui dire que Ruben et elle s'adressent difficilement la parole ? Comment lui dire qu'elle ne sait pas comment aborder la suite avec lui ? « Elle veut ton bonheur, tu sais. Elle veut notre bonheur à tous. Elle a juste... des problèmes à régler avant de pouvoir être là pour ses enfants. » « Il fallait y penser avant de faire des enfants. » que Grace lâche, retirant doucement ses doigts de l'entremêlement de cheveux éparpillés sur l'oreiller. Il y a longtemps que Grace voudrait ne plus être là pour cette famille qui grignote petit à petit les limites qu'elle a fixé pour son propre bien.

La réalité est difficile. Crue. Personne ne la trouve jolie et certainement pas Rory. « Grace... » Même si elle pouvait être là, Grace ne voudrait pas d'elle, voilà la réalité la plus difficile à entendre. Oh, Grace aime sa mère; ou plutôt, elle aime l'image de sa mère, celle qu'elle a forgée à force d'être déçue par le vrai modèle, celui qui marche, respire, et boit trop. « Tu peux pas dire des choses comme ça. Tu... tu peux pas. » Grace croise les bras, plante ses yeux dans ceux de son frère. Regarde moi bien, Rory. Je peux dire, et je vais dire des choses comme ça. « Elle est malade, mais on peut la soigner. » « Elle n'a pas envie d'être soignée, Rory. Et on ne force pas les gens à aller mieux. Ca ne fonctionne pas comme ça. » Mieux que tout le monde, Grace le sait. Bien sûr, Rory a de l'espoir. C'est ce qui les distingue. L'accroché aux rêves - la désillusionnée. « Je sais qu'elle est devenue un poids, pour chacun de nous. Et je sais qu'un jour... Ruben et toi, Swann et moi, on aura des enfants et la lourde tâche de décider si on veut ou non qu'elle fasse partie de leur vie. » Dans quelques semaines, la réplique fera échos dans les pensées de Grace. Elle ne s'est pas encore assez cognée à la vie avec ses os en verre pour comprendre toute la portée de cette phrase et surtout la résonance qu'elle aura avec la suite des événements. « Mais c'est pas fichu pas vrai ? On peut encore éviter le pire, n'est-ce pas ? » Non. Pourtant, Grace opine du chef, les yeux posés sur leur mère alitée. « Oui. » Mais c'est ça, le pire. C'est de constater combien leur mère n'en est plus une.

Elle voudrait prendre Rory dans ses bras, Grace. Vraiment. Pour s'empêcher de se mettre dans une position qui n'est pas naturelle, Grace noue ses mains derrière son dos. Elle n'a pas menti à Rory, parce qu'il y a parfois des moments où faire le bien est plus important que la vérité. « On pourrait imaginer une vraie cure, si elle en manifeste l'envie. » Et ils ne pourront pas faire plus. La prochaine fois lui sera fatale. « Je peux me renseigner. Tu n'auras rien à faire. » C'est son habilité à elle, de se détacher complètement - ou du moins de prétendre qu'elle y arrive parfaitement. « Désolée d'avoir annoncé les fiançailles comme ça. C'est juste que... tu connais Ruben. » Cela veut dire beaucoup de choses, mais Grace n'épiloguera pas. Résolue, elle se dirige vers la porte et choisit la fuite - enfin. « Je m'occupe de l'administratif autour de son entrée dans le service. Dis à Swann de te rejoindre. » Parce qu'elle n'entrera plus ici, dans cette chambre aseptisée qui sent les prémices de la mort. Il y a longtemps que Grace a tué leur mère en pensée.