just a normal day at the office

À l'occasion du Gouvernement House Open Day qui prend place ce mois-ci à Brisbane, Channing reçoit ce matin à la première heure l'un des élus de la ville dans son bureau pour parler de la location d'un des plus grands lieux de réception du centre ville. Propriété du Walker Group, très souvent utilisé pour de prestigieuses réceptions, l'hôtel fait de l'oeil au comité d'organisation et c'est tout naturellement que l'héritier a proposé à l'homme missionné de le rencontrer au sein de l'agence. L'immense building a été retenu parmi la liste des possibilités pour servir de lieu de réception à une exposition, et c'est avec une pointe de fierté particulière que l'héritier serre la main de l'élu avant de le guider à son bureau. Monsieur Johnson et lui ont déjà eu à faire l'un à l'autre, mais leurs rencontres demeurent occasionnelles et sont surtout synonymes de gros projets. Leur entretien s'éternise, et si tout semble se dérouler à merveille, c'est sans compter sur l'irruption inattendue de Mila. La jeune femme brune, son assistante personnelle depuis trois mois à présent, toque puis entre sans attendre de réponse dans le bureau. Sculptée dans une robe blanche, un café à la main et un agenda dans l'autre, elle coupe le flot de paroles de l'envoyé qui se tourne pour suivre le regard déjà septique de Channing. « Je suis sincèrement désolée Chan, ma voiture est tombée en panne, j’ai carrément dû prendre le bus, moi, tu t’imagines ?! Mais je t’ai rapporté ton café, ou bien je pourrais te proposer de … » Elle se tourne pour faire face aux deux hommes qui la regardent d'un drôle d'air, et si - et ce à leur plus grande chance monsieur Johnson s'amuse d'un sourire, Channing quant à lui secoue discrètement la tête de gauche à droite à l'abri du regard de l'élu qui regarde toujours la jeune femme. Mila est une distraction qui semble être pardonnée grâce à son joli sourire, et l'héritier inspire posément après un regard réprobateur sur son assistante, alors que cette dernière réalise qu'elle vient de mettre les deux pieds dans le plat. Pas que cela soit la première fois, certes, mais la brunette a aujourd'hui placé la barre haute en débarquant face à l'un des porte-paroles du gouvernement. « Monsieur Johnson, bonjour. Puis-je vous proposer un café ? » L'homme acquiesce poliment et après s'être excusé à son tour pour la maladresse de son assistante, Channing reprend la conversation en main.

Leur échange dure encore plus d'une demi-heure, et finalement l'élu prend congé après qu'ils se soient accordés sur un contrat pour le lieu de réception. Si seulement tous ses clients pouvaient être aussi efficaces et concrets que monsieur Johnson, sans doute pourrait-il bénéficier d'heures supplémentaires de sommeil. Il accompagne l'homme à la sortie de son bureau, Mila prend le relai et le Walker retourne à l'intérieur pour finir son café avant de patienter pour voir arriver une poignée de minutes plus tard l'italienne. « Je suis désolée. Pour le retard, et l’irruption dans ton bureau. J’avais zappé cette réunion. Ça s’est bien passé, malgré tout ? » Son regard se fait dur sur la brunette alors qu'il s'est adossé sur l'avant de son bureau, une main en arrière et l'autre tenant sa boisson, la suivant des yeux. Elle est embarrassée, se pince les lèvres et a toutes les raisons de faire balancer son poids d'un pied à l'autre. Il ne répond rien du tac au tac, la laisse poser l'agenda sur la table avant qu'elle ne se reporte sur lui tandis qu'aucun mot n'a encore franchi la barrière de ses lèvres. « Est-ce que tu veux qu’on revoie le planning de la semaine ? Visiblement, au moins l’un de nous en a besoin. » Au moins l'un d'eux ? Son regard se plante finalement dans le sien bleu et Channing fait une moue, pas le moins amusé du monde. « Tu trouves ça drôle, Mila ? » l'interroge t'il d'une voix plate, inquisitrice. Il pose son café près d'eux puis croise les bras en la regardant, haussant mollement les épaules avant de poursuivre. « Parce-que je suis plutôt bon public, mais pas ce coup-ci. » Il n'est pas piquant dans ses propos, son ton de voix garde une certaine contenance et il ne semble pas en colère même s'il est, et ce sans avoir besoin d'hausser le ton, un peu agacé. « Tu as fais tes preuves au sein de l'agence. Je t'apprécie, tu es étonnement doué, certes. Mais pour l'amour du ciel, fais un peu attention. » remarque t'il d'une voix qui, si elle semble s'adoucir un peu, n'en est pas moins formelle. « Ce brave monsieur Johnson n'était pas le candidat idéal pour une entrée fracassante, même s'il l'a plutôt bien pris. Par chance. » Il appuie un dernier regard réprobateur sur elle avant de contourner son bureau pour s'asseoir à sa place, reprenant au passage son café qu'il porte à ses lèvres et posant sa main libre sur l'agenda qu'elle a amené avec elle. De ce fait, il empêche la brune de l'ouvrir avant de se mettre à sourire. « Je vais te faire faire un point sur le planning de la semaine. Mais commençons par celui-ci du jour, si tu veux bien. » et à cet instant, son sourire s'amuse d'une lueur de défi amical alors qu'il a bien peur que Mila ne sache pas même ce qui l'attend ensuite. Ou peut-être même a-t-elle oublié le gala auquel ils sont attendus ce soir, pour ce qu'il en sait. « Je t'écoute. »

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« Oui, Monsieur. » Il déteste faire la police. Rabattre les oreilles de ses employés, constater un travail mal fait ou être forcé de remarquer que quelqu'un manque à l'appel... cela l'agace. Parcequ'il a assez à gérer avec toutes ses autres tâches sans avoir besoin de surveiller les moindres faits et gestes de son équipe, et qu'il est plutôt assez tolérant quant aux libertés de chacun à cette unique condition : que le travail soit bien fait. Alors quand il ne l'est pas, Channing admet être particulièrement dur. et si Mila est douée avec la clientèle et avec la gestion de son emploi du temps, elle n'en est pas moins maladroite et un peu tête en l'air. Un peu. Pas que l'héritier l'apprécie moins, même s'il est parfois tenté de prendre son visage dans ses mains en assistant à une énième de ses maladresses. L'italienne travaille dans l'entreprise depuis deux ans maintenant, et si ses pieds et ses mots ont gagné en agilité avec le temps, elle n'en demeure pas moins une amatrice de pots cassés à la moindre occasion. Pas que cela parvienne à convaincre le grand brun de la mettre à la porte, la preuve puisqu'il a même promu la brune en tant qu'assistante. Lui non plus n'aime pas la facilité et les personnes trop parfaites, visiblement. Alors il continue d'appuyer un regard dur sur elle, même si sa voix s'adoucit un peu en notant qu'ils ont évité le pire. Mila voit la lumière au travers de la muraille et ne peut s'empêcher de sourire en s'approchant, Channing impassible en étant toujours appuyé sur son bureau tandis qu'elle vient à porter ses doigts au nœud de sa cravate. Il l'a vue venir avec ses yeux qui papillonnent et sa mine innocente, son petit sourire rassuré qu'il n'insiste pas davantage, et si cela fonctionne sans aucun doute sur bien des hommes le grand brun n'est plus l'un d'eux depuis un petit moment à présent. Depuis qu'il l'a embauchée, leur relation est strictement professionnelle et le Walker y tient, pas que cela semble décourager la demoiselle qui ajuste son col alors qu'il appuie sur elle un regard réprobateur. Le même qu'il arbore depuis qu'elle est entrée dans son bureau, sa mâchoire se contractant de manière visible sous sa peau alors qu'il n'apprécie que moyennement ce contact. « Je te promets de faire au mieux. » « Fais moi plaisir et honore cette promesse dans ce cas. » répond t'il du tac au tac alors qu'il se redresse, l'incitant à reculer d'un pas afin de le laisser accéder à son bureau. Le bois massif de l'imposant meuble s'immisce entre eux et son regard se reporte sur elle alors qu'il précise, comme pour conclure les faits, que l'élu n'était pas la victime idéale pour une entrée en fanfare. Bien sûr qu'il avait pardonné la brune en un regard, détaillant sa silhouette mise en valeur dans sa robe blanche, lorgnant sur ses courbes et plongeant son regard dans le sien. Bien sûr. et si cela les avait arrangé cette fois-ci, Channing était loin d'être ravi pour autant. « Est-ce que la réunion s’est bien déroulée, tout de même ? » Son regard ondule sur la paperasse qui couvre son bureau, se redresse vers elle sans avoir le temps de répondre avant qu'elle ne poursuive. « S’il y a des documents qu’il doit signer, je peux très bien aller les lui apporter dans les prochains jours. Je suis certaine qu’il appréciera davantage qu’un recommandé envoyé par la Poste. » Sa main se lève alors que sa phrase n'est pas encore terminée, et Channing secoue la tête d'un air catégorique. « Hors de question. » Il plante son regard dans celui de son assistante, fronçant les sourcils. Mila n'ira pas battre des cils pour les beaux yeux de monsieur Johnson, et le Walker Group n'a pas besoin de la moindre faveur. Le contrat a été signé, et même si cela n'avait pas été le cas, l'agence n'est pas une petite entreprise désespérée dont la survie repose sur un contrat. Alors même s'il apprécie l'effort que serait prête à faire l'italienne pour arrondir les angles, il est inutile. Elle est son assistante, pas une distraction pour quiconque et son sourire n'est pas une arme. « Notre entretien s'est très bien passé. Monsieur Johnson recevra une pile de paperasse par les services de Poste, comme tout le monde. Le contrat a été signé. » explique t'il simplement, s'asseyant en posant sa main sur son agenda pour empêcher la brune dont les doigts s'y posent au même moment de l'ouvrir. et comme une invitation de paix et surtout pour offrir une chance à la demoiselle de se rattraper, Channing l'invite à lui faire un topo sur le programme de sa journée. « Ok, alors … » commence t'elle avant de poursuivre avec son emploi du temps dans le détail, Channing l'écoutant avec attention après avoir ramené le calepin devant lui. Mila se concentre et il en fait de même en prêtant attention aux détails qu'elle cite, ayant vraisemblablement tout mis en oeuvre - bien qu'un peu tard, pour se faire pardonner. « [...] Cette après-midi, aucun rendez-vous de prévu, ça doit vouloir dire, en langage de PDG, que tu peux te tourner les pouces, aller au spa discrètement et revenir radieux et en pleine forme pour le gala de ce soir. » Il pouffe doucement à cette dernière remarque, souriant une seconde en prenant son café pour en dérober une gorgée. Lui, aller au spa ? Ce n'est pas dans ses habitudes, même si cela devrait peut-être. Le grand brun ne prend pas le temps pour ce genre de chose, s'accordant des moments de détente en vacances mais très peu - pour ne pas dire jamais ici à Brisbane. « Une douche et un café feront l'affaire, mais sinon c'est un sans faute. » constate t'il face à son sourire victorieux, et même si le sien semble s'apaiser il n'en est pas moins complètement détendu pour autant. Peut-être qu'un café ne suffira pas finalement, et qu'il devrait peut-être jeter son dévolu sur la cafetière entière. « Pendant que je serais avec Luc, j'aimerais que tu passes un coup de fil à monsieur Cooper. Si tu trouves de la place dans la semaine pour un rendez-vous d'environ deux heures, ce serait l'idéal. Même cet après-midi s'il est disponible, je n'ai pas besoin de la moitié d'une journée pour une douche et un café. » précise t'il avant qu'elle ne se mordille la lèvre, attirant ainsi son attention. Depuis le temps, il lui connaît cette petite habitude lorsqu'elle s'apprête à parler. « Dis moi ? » « Comment tu vois les choses, pour ce soir ? » Son dos s'appuie sur le dossier de sa chaise et il la regarde, comprenant alors que puisqu'il s'agit de la première fois qu'il lui demande de l'accompagner l'italienne n'a aucune idée de quel comportement adopter. Il pose son café, s'hydrate chastement les lèvres avant d'hausser mollement et brièvement les épaules. « Le plus simplement possible, pour te familiariser aux visages que tu vas devoir apprendre à côtoyer. Sois à l'heure, apprêtée. Je peux te faire livrer une tenue ou appeler un taxi si cela te rassure. » précise t'il avant de poursuivre. « On va passer une bonne partie de la soirée là-bas, et je vais surtout t'introduire à tout ce joyeux petit monde. Tout va bien se passer, sois tranquille. »

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L'héritier ne tient pas à envoyer Mila en personne à la porte de l'élu, d'une part car cela n'est pas nécessaire et de l'autre car si cela venait à l'être le Walker Group se passerait de ce contrat. L'avantage d'une agence d'un tel standing et surtout dans le milieu depuis des décennies est qu'elle n'a rien à prouver, et si Channing ne laisse pas l'entreprise familiale se reposer sur ses lauriers pour autant il n'enverra certainement pas son assistante servir de distraction pour les yeux d'un quinquagénaire qui a sûrement déjà oublié ce qu'elle a bien pu dire en faisant irruption dans son bureau au milieu de leur entretient. Il est le premier à s'agacer des abus de pouvoir, les plus fréquents étant ceux de ce type : un homme âgé plein aux as et une femme l'étant moins. et si ce raisonnement semble perturber la brune qui ne voit aucun mal au fait de se proposer, l'idée est toutefois rayée en une seconde pour le Walker qui poursuit sur sa lancée en précisant que l'envoyé de la ville recevra un courrier comme tout ceux qui ont pu le précéder. Il ne mérite pas un traitement de faveur, pas quand la ville l'a envoyé et que les attentes de sa liste ont été cochées. La parenthèse à présent close, le duo poursuit la conversation d'un ton plus léger et il cherche à rassurer la demoiselle quant au déroulement de son premier gala à ses côtés. L'échéance peut impressionner, faire naître une certaine angoisse et surtout bon nombre de questions, mais que Mila se rassure : il ne sera jamais bien loin d'elle. « Sauf si je trébuche en talons hauts, ou si je renverse mon verre sur la femme d’un riche homme d’affaires, ou quelque chose dans ce goût-là. » Son sourire s'étire un tantinet à ce scénario qui ne manquerait pas d'imprimer définitivement le visage de l'italienne dans les esprits, même si c'est quelque chose dont ils se passeraient bien. Aussi bien l'un que l'autre. Mais même si cela venait à être le cas, ce n'est rien qu'un peu de conversation et quelques chiffres pour dédommager la tenue ne peuvent compenser. et si lui y prend d'un ton assez plaisantin, souriant doucement, il remarque le malaise de son assistante quant à lui bien réel. Son regard se fait alors plus sérieux alors qu'il cherche à être sincère et à la faire se détendre. « Tout ira bien, Mila. Tu es peut-être celle qui a besoin d'aller au spa cet après-midi, finalement. » suggère t'il d'un ton sérieux, avant de la laisser poursuivre après qu'elle ait inspiré aussi profondément qu'elle semble le pouvoir. « Je gère pour la robe et le taxi. J’aurais en effet besoin d’une voiture, la mienne étant en panne. » Il acquiesce à sa réponse, la suit des yeux tandis qu'elle se lève. « Je t’enverrai la note de frais. » « Parfait. » termine t'il avant de se reporter sur ses documents alors que la brune esquisse l'ombre d'un sourire et lui tourne le dos pour se diriger vers la sortie de son bureau, avant que Channing ne l'hèle en redressant la tête juste avant qu'elle ne disparaisse. « et n'oublie pas : je ne serais jamais bien loin. ça ira. »


La journée reprend son cours sans encombre, et la brune parvient même à obtenir un entretient avec Cooper dont elle le notifie. C'est par conséquent d'une manière assez appliquée que Channing travaille jusqu'à recevoir l'homme, puis quitte les locaux du Central Business District en fin de journée pour faire un crochet à Bayside. Il avait hésité à se préparer directement à l'agence et à aller somnoler sur un canapé une petite demie heure avant le gala, mais le coeur l'avait emporté sur la raison et il avait préféré gagner son domicile pour faire une coupure avant de devoir retourner en centre-ville. C'est donc en début de soirée qu'il revient à bord de sa voiture de fonction à Spring Hill, et se rend au gala après un dernier coup d'oeil à sa montre. Il est un peu en avance, de quoi faire du repérage et surveiller l'arrivée de la brune qui devrait arriver un peu plus tard. Ses pas le portent dans le hall et rapidement, une coupe de champagne en main, Channing est comme un poisson dans l'eau.

Il est vingt heures passé lorsque ses yeux croisent à nouveau le cadran de sa montre, et l'héritier gagne à nouveau le coeur de la soirée pour chercher du regard Mila. Elle devrait être arrivée, mais lui n'a pas pu l'attendre comme il le souhaitait en restant à vue, ayant été pris à part par un couple bourgeois cherchant à acquérir un lot de maisons à Redcliffe. Mais finalement la voilà, vêtue d'une robe bleue aux tons pâles, et il s'approche dans son dos avant de s'annoncer. « Je suis là. » souffle t'il en s'arrêtant à ses côtés, sa voix se voulant douce et rassurante. Avec son teint de peau hâlé par le soleil, Channing aimerait éviter que son visage soit anormalement blanc à cause du stress - cela lui donnerait mauvaise mine. « Désolé, je voulais venir t'attendre ici mais j'ai été repéré. Est-ce que ça va ? » l'interroge t'il avec une préoccupation sincère. « Il n'est que vingt heures alors doucement sur le champagne. Allons y. » précise t'il toutefois en voyant qu'elle a une coupe à la main, aussi sérieux qu'amusé. et c'est ainsi qu'ils débutent la soirée, s'engageant entre les investisseurs et les concurrents, les clients et ceux potentiels, Channing introduisant son assistante au monde qu'elle va apprendre à côtoyer de plus près.
   

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