Tu ne sais pas ce qui t’a pris. Cela te paraissait pourtant une bonne idée à l’époque, l’occasion de sortir de ta zone de confort, mais à présent tu te tapes le front pour y avoir seulement songé. Non, Wolfie, tu ne changeras pas. Tu ne seras jamais à l’aise dans une foule et encore moins dans un rencart face à un pur inconnu et t’inscrire sur un site de rencontre n’y changera rien. Pourtant, dans un désir de changement peut-être ou dans une tentative désespérée de te convaincre que tu es un être social après tout, tu as connu l’inespérable, obtenir un match, converser avec cette personne et tu es même allé jusqu’à l’inviter chez toi. Quiconque te connaît bien sait qu’il s’agit là d’un comportement anormal dans ton cas. Tu ne peux pas mettre ça sur le dos de l’alcool ou d’un quelconque écart de comportement, c’était bien toi, en toute connaissance de cause. Tu ne comprends pas toi-même la raison de cette déviation de ta part mais tu te doutes que le retour de Holden dans le décor y est pour quelque chose. Une envie de te prouver à toi-même que finalement, tu n’as besoin de personne et que toi aussi, tu es capable d’aller à la pêche et de ramener un poisson bien frais… à ses dépens certes, mais cela te concerne.
Alors te voilà à préparer ton modeste appartement comme tu le peux, à te demander ce qu’il t’a pris de seulement organiser ce rendez-vous à la base et s’il est encore possible d’annuler. L’heure tardive affichée au micro-ondes t’indique que non, et qu’il te faudra bien malgré toi aller jusqu’au bout de cette soirée. Tu soupires, regrettant désormais en partie ton geste alors que tu es à installer des napperons rouges sur la petite table qui te serre de salle à manger. Tu n’es pas très riche, pour ne pas dire que tu es carrément pauvre, mais tu as trouvé le moyen de faire de ce studio quoique modeste un endroit confortable et accueillant où tu te sens bien… mais on ne va pas se le cacher, on a vite fait le tour et ce soir, ni toi ni le damoiseau que tu as invité chez toi n’aurez d’endroits où vous cachez. Ton lit au coin de la pièce te fait de l’œil et tu te mords les lèvres d’avoir décidé d’organiser cette rencontre chez toi, une première, dans cet endroit aussi intime, à découvert. Les préparatifs terminés, tu t’assois mollement sur le canapé, regardant l’heure sur le téléviseur. 20h30. Qu’est-ce qui t’a pris d’inviter quelqu’un chez toi si tard? L’anxiété commence à s’insinuer en toi alors que qu’Olive te regarde, assise sur le dossier du canapé, l’air aussi confuse que toi. « T’en fait pas Olive, il a intérêt à aimer les chats sinon je le sors. » Assise là, tu vois du coin de l’œil les minutes qui défilent au compteur et avec elles, l’anxiété qui grimpe également. La voilà qui te ronge à présent et tu réalises soudainement que zut, quelqu’un s’en vient vraiment chez toi ce soir et il sera là d’un moment à l’autre. Tu bondis sur tes deux pieds et commence à divaguer d’un endroit à l’autre à toute vitesse, ouvrant le haut-parleur et mettant une petite musique d’ambiance par-ci, préparant les verres de vin par-là… avant que la sonnerie ne retentisse et ne te fasse échapper les deux coupes par terre, le liquide rouge vin commençant à se répandre partout sur ta belle moquette gris clair. Paniquée, prise entre l’envie d’aller répondre à la porte et celle de nettoyer cet affreux dégât, tu fais une sorte d’amalgame duquel aucune des deux actions n’est faite correctement. D’une main, tu jettes un essuie-tout sur le sol qui parvient seulement à répandre le liquide davantage et de l’autre, tu te jettes sur la porte d’entrée. Le souffle court, une mèche de cheveux s’étant frayée un chemin jusque dans ta bouche, tu souris à cet étranger ce tenant devant toi, parfaitement consciente du carnage qui se trouve juste derrière toi. « Bonsoir! » Plus de marche arrière possible à présent.
But I know, you and me, we just can’t help it Even if I struggle to escape, set the mic up Until we sleep with the moon going even deeper I really wanna know yeah I’ve already lost control
Qu’est-il arrivé au Eddie totalement absorbé par son travail qui n’avait pas une seconde à accorder à sa vie personnelle ? Oh il n’a pas levé le pied, loin de là, mais désormais il désire aussi prendre du plaisir en dehors d’une scène. Ses proches n’arrêtent pas de lui dire qu’il oublie de vivre à côté de la danse et ce n’est pas tellement faux, lui-même s’en rend bien compte. Cette vie à cent à l'heure qu'il mène entre le théâtre, ses cours et son groupe lui laisse à peine le temps d'avoir une vie sociale décente alors une vie amoureuse n'en parlons pas, mais pas besoin d’une multitude de temps devant soi quand on aspire depuis peu à des rencontres sans prise de tête. Eddie n’a jamais été de ces hommes alignant les conquêtes comme certains de ses amis mais il doit bien l’admettre, en ce moment il a besoin de se détendre comme de se changer les idées. Pour relâcher la pression d'une part, mais aussi pour oublier un coup de cœur qu’il imagine être non réciproque et dans lequel il préfère ne fonder aucun espoir. Son cœur n’est de toute façon pas prêt à battre de nouveau pour quelqu’un trois ans après sa dernière relation alors il opte pour un lâcher prise, qui relève plus du besoin que de l’envie à ce stade même si ça doit le conduire dans les bras d’une belle inconnue. Voilà quelques temps déjà qu’Eddie erre sur cette fameuse application où il a découvert l'art de swiper sans pour autant oser concrétiser une rencontre mais ce soir tout est censé changer, son dernier match lui ayant proposé de la rejoindre directement chez elle. Il s’était jusqu’ici toujours dit qu’il emmènerait une demoiselle au restaurant ou au cinéma pour son tout premier date post rupture mais Wolfie lui a fait comprendre qu’elle redoutait les endroits à foule, et il lui a semblé important d’aller dans son sens pour lui permettre d’être à l’aise. Après tout il a partagé la vie d’une jeune femme réservée et anxieuse pendant trois ans, il sait ce que c’est et il ne juge évidemment pas. Eddie a en tête de se laisser porter ce soir, l’intimité garantie par le lieu du rendez-vous pourrait influencer une certaine tournure des choses mais il n’a pas prévu d’ignorer l’étape visant à faire plus ample connaissance avant ça. C’est vrai qu’il n’est pas romantique pour un sou mais il reste partisan des rapprochements en douceur, même après une très longue abstinence qui pourrait le rendre assez impatient. Car bien sûr l’enjeu est aussi là ce soir, Eddie a des choses à se prouver à commencer par le fait qu’il peut encore plaire à quelqu’un après trois ans de célibat. Est-ce qu’il sait toujours comment s’y prendre d’ailleurs ? On dit que ça ne s’oublie pas mais il craint quand même d’être un peu rouillé, voilà pourquoi il pourrait très vite perdre son assurance légendaire devant Wolfie. Eddie n’en mène déjà pas large face à son miroir tandis qu’il ajuste sa tenue avant de partir, ça fait tellement longtemps qu’il n’a pas eu le moindre rencard qu’il en serait presque stressé, lui que l'on dit habituellement imperturbable. Il ne veut pas se prendre la tête alors cette pression est sûrement de trop mais les choses deviennent enfin un peu concrètes, c’est pour lui l’occasion d’avancer depuis Alexis et il était temps même s'il appréhende un peu l'idée. Ce soir rien n’est écrit alors avant de quitter son appartement Eddie prévoit un bon stock de croquettes pour ses chats, juste au cas où il ne rentrerait pas de la nuit car cette possibilité existe et il ne luttera pas contre.
L'heure défile et sa montre affiche déjà vingt heures passées, le signe qu'Eddie devrait se mettre en route sans tarder. Il s'octroie un ultime coup de peigne, enfile un blouson et enfourche sa moto direction Fortitude Valley où il n'a aucun mal à trouver l'adresse indiquée par son match – un bon point pour elle, parce qu'il doit bien exister des filles donnant de fausses adresses sur ces applications, c'est en tout cas ce qu'il suppose et l'honnêteté n'a pas de prix à ses yeux. Le quartier est modeste et laisse présumer que le studio de Wolfie le sera tout autant mais Eddie s'en fiche, il ne vit lui-même pas dans le grand luxe et il se dit qu'un petit espace engendrera une proximité plutôt bienvenue ce soir, alors il n'ira pas s'en plaindre. Le danseur connait un légère montée de stress sur les dernières secondes précédant son arrivée devant la porte, il réalise peut-être bien à cet instant dans quoi il s'aventure vraiment et si on lui avait dit quelques mois en arrière qu'il se prendrait lui aussi au jeu des rencontres de ce type il n'y aurait tout simplement pas cru. Mais il y est, et ne peut plus reculer à présent. D'un geste vif Eddie enclenche la sonnette histoire de ne pas se laisser le temps de tergiverser et il croit déceler après ça une certaine agitation derrière la porte, au point qu'il se demande même s'il ne vient pas d'interrompre quelque chose. C'est pourtant bel et bien l'heure qui avait été convenue avec son match, il a même quelques minutes de retard mais peut-être que Wolfie n'est pas prête, il a cru comprendre que comme lui elle n'était pas vraiment rodée à l'exercice et ne passait pas non plus souvent du virtuel au réel. Quand finalement la porte s'ouvre c'est une jeune femme essoufflée qu'Eddie découvre, de quoi lui arracher aussitôt un sourire. « Bonsoir! » « Bonsoir. » Moins d'entrain de son côté mais le cœur y est, c'est surtout qu'il ne sait pas encore trop comment aborder la chose mais il est déjà rassuré de voir que Wolfie ressemble bien aux photos de l'application. Il pourrait se présenter mais à quoi bon, elle est censée connaître son nom mis en évidence depuis le départ sur son profil tinder et son attention est de toute façon happée par le sinistre que ses yeux remarquent derrière la brune. « Petit imprévu à ce que je vois. » il relève d'un air amusé, admirant depuis la porte l'imposante tâche sur la moquette qui semble avoir été camouflée dans la précipitation, probablement juste avant son arrivée. Eddie devine à l'expression de la brune qu'elle est un peu embarrassée par cette vue qu'elle lui offre alors il cherche de quoi détendre d'emblée l'atmosphère ou faire diversion, ce à quoi le chat noir présent dans le studio et s'approchant de la porte semble vouloir l'aider. « Salut toi, t’es bien mignon. » D'un coup Eddie se rappelle pourquoi son profil avait attiré son attention, une fille aimant les animaux et particulièrement les chats ne peut que gagner des points avec lui et c'était même le critère numéro un pour qu'il soit initialement ouvert à la discussion. « Ou mignonne. » il rectifie car d'ici c'est difficile à dire, il ne pourra en avoir le cœur net qu'une fois entré même si la brune risque de lui apporter cette information avant qu'il ne puisse le vérifier par lui-même. « On peut dire que tu as le sens de l’accueil Wolfie. » Eddie ne quitte pas son sourire, il ne voudrait pas qu'elle pense que ce mini chaos le rebute alors qu'il n'en est rien, les accidents ça arrive et ce n'est pas lui qui risque de lui faire la leçon vu comme il peut être maladroit aussi parfois. « Besoin d’aide pour nettoyer tout ça ? » il demande finalement avec sérieux parce que ça l'arrangerait bien dans un sens, Eddie cherche à s'occuper les mains pour dissimuler la nervosité quelque peu présente en lui. Ce date commence à peine et il est déjà assez atypique mais ça lui plait quand les choses sortent un peu du cadre, alors si Wolfie pensait le faire fuir avec tout ça elle va devoir trouver autre chose. Mais il ne l'espère pas dans le fond, car s'ils ont matché c'est bien pour une raison et il n'a pas non plus envie d'avoir fait le déplacement pour rien.
Dernière édition par Eddie Yang le Lun 16 Mai 2022 - 14:07, édité 2 fois
Depuis le temps, on aurait pu penser que les choses se seraient améliorées de ton côté, que la même gêne encore et toujours présente à vingt-huit ans se serait dissipée et pourtant, il n’en est rien. La même anxiété si familière à présent remonte le long de ton échine alors que le grincement habituel de la porte à chaque fois que tu l’ouvres se fait entendre. « Bonsoir. » Si ton esprit panique à cet instant précis car tu te rends compte que les choses sont tout d’un coup bien plus réelles, avec cet inconnu tenu devant toi, ton corps lui n’en laisse rien paraître. Tu souris casuellement, comme tu as appris à le faire lorsque tu rencontres des gens et qu’il faut au moins avoir l’air un peu sympathique. Si tu sens son regard qui te dérobe, ce qui doit être bien normal puisque c’est la première fois que vous vous voyez face à face, tu es de ton côté bien trop préoccupée par le désastre se trouvant derrière toi pour même penser à vérifier s’il ressemble bien aux photos de son profil. Tu remarques alors son regard se diriger dans la mauvaise direction, se détachant de toi pour finalement se poser sur la grosse flaque rouge sang derrière toi, que même le papier essuie-tout n’a visiblement pas été en mesure de cacher. « Petit imprévu à ce que je vois. » Toi qui pensais avoir été subtile, on vient de te confirmer que c’est gâché et que ton sinistre est tout sauf discret. Tu essaies de reprendre ton souffle alors que tu replaces la même de cheveux qui s’était glissée juste dans ta bouche. « Petit imprévu, en effet. » Ton sourire est sans doute plus gêné que confiant à présent alors que tu ricanes doucement d’un rire jaune, davantage car tu es gênée de la situation qu’à cause des propos du jeune homme. Comme si la situation n’était pas déjà suffisamment gênante, voilà que ta chatte se faufile entre tes pattes pour se diriger droit vers l’inconnu, Eddie, qui n’est visiblement pas très chanceux ce soir car si Olive a l’air douce et innocente de loin, de ton côté tu sais qu’il n’en est rien. À ton image, elle est un peu sauvage sur les bords et il lui faut d’habitude un sacré temps pour s’apprivoiser à une nouvelle tête. Rare ont été les fois qu’un inconnu s’est fait accueillir du premier coup, ce qui semble pourtant être le cas ce soir alors que tu regardes d’un air surpris Eddie caresser ta chatte comme si de rien était. Tu hoches la tête alors qu’il semble te demander le sexe de ton chat. « Mignonne. C’est bien la première fois qu’elle est gentille avec une nouvelle tête. » Si ça aurait pu être dit sur le ton de l’humour ou pour flatter son ego, cette fois la remarque est bien sincère et tu imagines que de la voir se comporter ainsi doit être de bon augure pour la suite. Si tu n’as pas l’habitude de recevoir et que tu savais que cette soirée risquerait de te rendre maladroite, cet accident n’a en rien aidé et à bout de souffle devant l’inconnu tout en ayant consciente du carnage qui se trouve derrière toi, tu ne sais plus où donner de la tête, hésitant entre le faire entrer quitte à ce qu’il découvre ta maladresse légendaire ou à le faire patienter quelques instants pour retourner nettoyer le massacre. Comme s’il pouvait lire dans tes pensées, il te propose son aide qui n’aurait pas pu être plus appréciée qu’à cet instant. « Ça devrait aller mais c’est vrai qu’un coup de main ne serait pas de refus. »
Réalisant que ton attitude ne pourrait pas être moins invitante présentement alors que tu n’as pas changé ta posture, cloîtrée devant lui, ton long bras s’étirant pour venir bloquer la porte dans une tentative que tu avais eu de cacher un peu ton désastre, tu t’écartes cette fois en ouvrant la voie devant lui pour l’inviter à entrer. « Il y a une petite odeur de vin dans le studio à présent mais il y fait moins frisquet que dehors. Tu entres? » Tu entreprends d’attraper ta chatte entre tes bras avant qu’elle ne se sauve à l’extérieur, refermant la porte du bout du pied derrière Eddie qui, sauve-qui-peut, se trouve chez toi désormais. Toi qui ne s’y connais pas très bien en formalités et ne sait jamais tout à fait comment te tenir dans ce genre de situation, peut-être que cet incident t’a sauvé au final en vous trouvant à tous les deux de quoi occuper vos mains. Tu passes le rouleau d’essuie-tout à Eddie alors que tu asperges la moquette d’une quantité abusive de liquide désinfectant dans une tentative de faire disparaître cette tâche monstrueuse de vin qui risque bien de tâcher ta moquette. Jetant un coup d’œil à l’inconnu devant toi, c’est à ce moment seulement que tu ne prends vraiment le temps de le regarder pour la première fois. Il semble bien correspondre aux photos qu’il t’a montré et on pourrait même dire qu’il est assez mignon avec sa blouse qu’il doit avoir choisi pour l’occasion. Tu ne t’es pas fait d’attentes pour la soirée et tu ignores même comment se déroule ce genre de date habituellement, même si tu te doutes que l’intimité garantie par le fait de recevoir chez toi pourrait influencer le déroulement de la soirée. Tu ne te rappelles pas de la dernière fois que tu as été intime avec quelqu’un et la moindre des choses que l’on puisse dire est que tu es rouillée, voir même que tu as carrément oublié comment t’y prendre. Mais ce soir, tu as décidé de te laisser être toi-même malgré la gêne et de te laisser aller sans pression, et sans attentes non plus. Après tout, si Holden y est arrivé, tu pourras bien en faire de même. Tu attrapes un morceau d’essuie-tout et commence à frotter la moquette, essayant de te remémorer le profil d’Eddie et vos échanges. « J’avoue que j’avais liké ton profil initialement à cause du chat sur ta photo de profil. » dis-tu avec une pointe d’humour pour détendre l’atmosphère. « Est-ce que tu as seulement étudié à Sydney ou tu viens de là-bas? » Ta question n’est pas totalement détachée car tu en es toi-même originaire et ça ferait du bien de voir une tête provenant de la même ville que toi.
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C'est presque ennuyant quand tout se déroule sans encombres, la perfection elle-même est ennuyante alors Eddie ne risque pas de s'offusquer pour un peu de vin par terre, au contraire il y a d'emblée un peu d'action et l'occasion lui est aussi donnée de se focaliser sur ce léger incident si jamais il se sent trop nerveux pour affronter directement le regard de Wolfie. « Petit imprévu, en effet. » Il pourrait lui dire que ça arrive, qu'il est lui aussi connu pour être pas mal maladroit mais il se contente d'un haussement d'épaules accompagné d'un sourire, qui devraient à eux seuls lui faire comprendre qu'il n'y voit vraiment rien de dramatique. Wolfie semble pourtant embarrassée de lui offrir un tel spectacle à peine arrivé mais ça c'est parce qu'elle n'a pas vu l'appartement du danseur, où la propreté est loin de régner entre trois chats qui en ont fait leur terrain de jeu et leur maitre qui semble avoir parfois les mains trouées. En parlant de chat d'ailleurs, Eddie est bien incapable d'ignorer le félin noir venant à sa rencontre sous le regard médusé de sa propriétaire, puisque de toute évidence il n'est pas fréquent que cette boule de poils se montre aussi accueillante. « Mignonne. C’est bien la première fois qu’elle est gentille avec une nouvelle tête. » Aussitôt il étire un franc sourire, pas peu fier d'entendre qu'il est déjà un invité privilégié entre ces murs même s'il n'a de son point de vue pas tellement de mérite. « Elle doit sentir que je suis l’ami des chats, j’en ai deux chez moi. » Et il lui faut plusieurs secondes pour réaliser sa bêtise, Eddie n'est plus l'heureux papa de deux chats comme il a longtemps pu le dire mais l'information n'a visiblement pas encore été mise à jour de son côté. « Hum, trois en fait. J’ai adopté la petite dernière le mois dernier alors je ne suis pas tout à fait habitué. » Il s'estime même heureux que Missy ne l'ait pas entendu comme si elle risquait de lui en tenir rigueur. Ça reste un chat, quand bien même Eddie en parlerait facilement comme de l'un de ses enfants. « C'est quoi son nom ? » il finit par questionner alors que son regard navigue entre la chatte noire à ses pieds et Wolfie, qui observe toujours leurs petites interactions avec étonnement. Eddie détourne volontiers l'attention du vin ornant le sol comme pour montrer à la brune qu'il en faudra beaucoup plus pour le choquer ou le faire fuir, mais il décide quand même de lui proposer son aide histoire de s'impliquer et de ne pas passer pour un gars s'en foutant royalement. Autant crever directement l'abcès et s'employer à nettoyer ce qui peut l'être sans l'ombre d'un tabou entre eux, il n'a pas envie que Wolfie se sente obligée d'agir dans la précipitation et le retienne à l'extérieur en attendant, ce n'est pas vraiment l'entrée en matière qu'il a en tête. Il espère d'ailleurs qu'elle ne sera pas trop gênée pour accepter son aide car vraiment, Eddie n'est pas dérangé par l'idée d'éponger du vin chez une fille qu'il compte peut-être séduire car ce date a le mérite de commencer d'une façon originale, au moins. « Ça devrait aller mais c’est vrai qu’un coup de main ne serait pas de refus. » Elle fait là le meilleur choix, celui d'approuver un coup de main qui a sûrement plus de chance de les rapprocher que l'inverse, même si Eddie n'est pas assez fourbe pour tenter de se faire bien voir avec ça. Il n'a pas besoin de faire semblant ni d'agir par intérêt, ce soir il restera lui-même et si Wolfie peut l'apprécier au naturel alors elle sera là, sa véritable victoire.
Ses yeux suivent le déplacement de la brune lorsque celle-ci se décale pour lui donner accès à son studio, un accès qu'Eddie aurait sagement attendu d'obtenir jusqu'à ce qu'elle se sente assez à l'aise pour le laisser entrer car il n'aurait jamais insisté lourdement dans ce sens, d'aucune façon. « Il y a une petite odeur de vin dans le studio à présent mais il y fait moins frisquet que dehors. Tu entres? » Cet argument le faire sourire, c'est mignon mais elle n'a pas à faire ça car encore une fois ce n'est pas une tâche ou une odeur de vin qui risquent de le refroidir et de lui faire reconsidérer la tenue de ce date. Il y a bien des odeurs qu'Eddie tolère moins que d'autres, comme tout le monde, mais celle du vin reste tout à fait soutenable à ses yeux. Il aurait bien évidemment préféré pouvoir le boire, mais ça il se gardera de lui dire pour ne pas l'embarrasser davantage. « C’est loin d’être rebutant tu sais, espérons juste que ta moquette s’en remettra. » Et sur ces mots glissés avec légèreté Eddie effectue ses premiers pas à l'intérieur du logement, avant d'entendre la porte se refermer derrière lui. Ce n'est pas bien grand comme il l'avait prédit mais ce sera suffisant pour ce soir, ils n'auront sûrement pas besoin de beaucoup d'espace pour faire connaissance et même si les choses devaient évoluer d'une certaine façon cette proximité ne pourrait sans doute que leur être profitable. Le duo ne perd pas une seconde et déclare la guerre à cette tâche contre laquelle ils se liguent de concert, Wolfie arrosant le sol de détachant pendant qu'Eddie frotte et absorbe tout ce qu'il peut juste derrière, un accord parfait allant jusqu'ici dans le sens de leur match. Le danseur est pleinement concentré sur sa mission mais il sent soudainement que Wolfie l'observe, et il n'est pas loin de perdre le fil de ce qu'il fait avec ce simple regard posé sur lui. C'est la première fois depuis son arrivée qu'Eddie a vraiment la sensation que la brune s'attarde sur lui alors la pression monte d'un petit cran, c'est forcément le moment où elle se forge un avis sur lui d'un point de vue physique et il suppose qu'il y a toujours un risque d'être déçu quand on passe du virtuel au réel. « J’avoue que j’avais liké ton profil initialement à cause du chat sur ta photo de profil. » Eddie relève la tête pour croiser son regard et un fin sourire prend place le long de ses lèvres en captant sa tentative d'humour. « La description n’était pas mal non plus, tu avoueras. » il glisse à son tour sur le même ton, ses mains s'affairant toujours à frotter énergiquement alors que Wolfie s'y met elle aussi. Ses yeux reviennent se poser sur elle et il s'autorise à l'observer à son tour, oscillant entre l'action de ses mains et ses traits délicats. « Blague à part je ne pourrais vraiment pas accrocher avec une fille qui aurait les chats en horreur. » Il le dit sans détour, c'est un critère de choix en ce qui le concerne car même s'il n'envisage pas de relation sérieuse à ce jour ses chats tiennent une place considérable dans sa vie, et il n'accepterait pas qu'on puisse juger l'amour qu'il leur porte. « Est-ce que tu as seulement étudié à Sydney ou tu viens de là-bas? » Cette question laisse entendre qu'ils pourraient matcher également là-dessus, il constate d'ailleurs que Wolfie a retenu où il avait effectué ses années de conservatoire et ça le flatte assez. « J’y suis né, oui. Je devais avoir dix ans quand mes parents ont tout plaqué pour Brisbane, plus calme selon eux. » C'est tout du moins de cette façon qu'ils lui avaient présenté les choses à l'époque, il n'a jamais vraiment cherché à savoir si c'était la vraie raison ou si c'est une énième opportunité professionnelle de son père qui a influencé la chose. Il s'en moque pas mal, en vérité. « J’en conclus que tu en viens toi aussi. On a peut-être pas fini de se trouver des points communs Wolfie. » Il ponctue ces paroles d'un clin d'œil avant de se redresser pour prendre un peu de recul sur leur œuvre, et il semblerait qu'ils aient été plutôt efficaces à deux. « Il va falloir laisser sécher tout ça. » Ils ont épongé le plus gros mais cette moquette n'a pas encore retrouvé son aspect d'origine, quant à la tâche elle paraît bien atténuée de quoi leur confirmer qu'ils ont bien fait d'agir aussi vite contre celle-ci.
Eddie fait quelques pas sur lui-même, ne sachant plus vraiment comment occuper ses mains ni où concentrer son regard à présent. Il n'a plus rien derrière quoi se cacher alors ça doit vouloir dire qu'ils vont devoir vraiment se parler, et considérer cette rencontre comme ce qu'elle est initialement censée être : un date. « Pour être très honnête avec toi mon dernier rencard remonte à plus de trois ans alors je suis complètement rouillé. » C'est un aveu qu'il estime lui devoir et encore, s’il n’y avait que ça. Il évitera juste d'aborder le désert de sa vie intime, laissée elle aussi à l'abandon depuis un paquet de temps parce que ce n'est pas forcément une chose qu'il désire mettre en avant ce soir. En parler de lui-même alors que la conversation ne s'y prête pas serait risqué, il pourrait passer pour un type intéressé avant tout par l'idée de coucher alors non, il ne s'aventurera pas inconsciemment sur ce terrain-là. « Et assez tendu. » il complète tout en laissant échapper un rire nerveux. Wolfie pourrait croire qu'il est d'une nature naturellement stressée alors que pas du tout, c'est juste qu'il a perdu l'habitude de ce genre de tête-à-tête et qu'il n'a aussi jamais concrétisé le moindre match tinder avant aujourd'hui. C'est tout nouveau pour lui, il ne sait pas encore très bien ce qui l'attend mais derrière cette fébrilité apparente Eddie est tout de même curieux de voir où tout ça les mènera. « Ça m’a un peu étonné d’ailleurs que tu m’invites directement chez toi, mais c’était important pour moi que tu te sentes à l'aise. » Comme il a pu le lui dire par message ça ne lui a pas posé problème de s'adapter à elle, le choix du lieu l'a surpris mais il ne crachera pas sur cette intimité qui leur est offerte, surtout si Wolfie se sent plus rassurée chez elle que n'importe où ailleurs, dehors. « Tu ne regrettes pas j’espère. » il laisse cette fois entendre, pas très subtilement alors que son intention est claire : il souhaite savoir ce qu'elle pense de lui maintenant qu'elle le voit en vrai, et il compte sur elle pour être transparente même s'il doit entendre qu'elle le préférait en photo. Eddie peut l'encaisser, son égo risque juste d'en prendre un coup.
Clairement, ce date ne se passe pas comme prévu. Allant de la tâche désastreuse faite à la dernière minute à Olive qui se montre réceptive, voire même affectueuse face à cet inconnu, c’est le cas de le dire, les choses ne se passent pas comme tu les avais attendues. Tu aimerais bien dire que tu n’es d’habitude pas maladroite et que la maladresse dont tu avais fait preuve à l’arrivée d’Eddie était surprenante à quelque part mais non, c’était ici toi dans toute ta splendeur. Tu as tendance à perdre tes moyens facilement en situation de stress et ce fait mélangé à ta maladresse naturelle certaine, est un cocktail dangereux ce soir et tu ne peux pas promettre qu’un nouvel accident saurait être évité. Tu hoches la tête lorsqu’il te mentionne avoir trois chattes et titube en ouvrant la porte lorsqu’il te demande le nom de la tienne. Une question toute simple pourtant, dont tu connais certainement la réponse. « O-Olive… elle s’appelle Olive. » Tu te tapes la tête intérieurement. Tu te doutais déjà que la soirée serait compliquée pour toi qui n’est pas habituée de recevoir chez toi et en fait pas habitué de voir des gens tout court mais tu es convaincu que tu peux faire mieux. Avec un peu de chance, peut-être même que cette soirée pourrait bien se passer, puisque toi et ce charmant inconnu semblez avoir des points en commun. Des points en commun qu’il te faudra découvrir en conversant, ce qui complique de suite la chose de suite, mais des points en commun quand même. Malgré ta réaction disons intéressante des dernières minutes, Eddie ne semble pas tiquer plus que ça. En fait, son calme est resté de marbre les dernières minutes et tu te dis que peut-être l’expérience qu’il doit avoir accumulé grâce à l’application doit l’aider à faire face à des situations pareilles, ce qu’il semble te confirmer lorsqu’il t’assure que l’odeur du vin ne lui dérange pas. Tu ne t’en plains pas et vous vous avancez tous les deux vers la fameuse tâche que vous attaquez sans pitié, toi l’aspergeant de liquide désinfectant alors qu’Eddie s’évertue à frotter la moquette avec une énergie qui te surprend. Tu tentes maladroitement de briser la glace et de démarrer la conversation en lui confiant ce qui t’avais amené à liker son profil. Si certaines personnes auraient été vexées de cette révélation, ça ne semble pas être le cas d’Eddie qui relève la tête pour te lâcher un sourire, ce à quoi tu réponds par une attitude semblable. « La description n’était pas mal non plus, tu avoueras. » Tu lâches un petit rire nerveux alors que tu retournes à ton devoir d’asperger la moquette qui doit être bien imbibée de produit à présent, pas certaine s’il s’agissait là d’humour ou d’une tentative de séduction, quoi que ta réaction n’aurait pas été différente qu’il s’agisse de l’un ou l’autre dû à ta nervosité. « Blague à part je ne pourrais vraiment pas accrocher avec une fille qui aurait les chats en horreur. » Cette fois, c’est à ton tour de relever la tête vers lui avec un sourire. « C’est vrai que si quelqu’un n’appréciait pas Olive, le choix serait vite fait. » Une phrase qui ne devrait pas le choquer puisque ça semble également être son cas. « Comment s’appellent tes chattes? » que tu demandes légèrement alors que la gêne semble s’en aller peu à peu, pas certaine si c’est à cause du sujet de conversation avec lequel tu ne pourrais pas être plus familière ou si c’est la tâche de vin qui te donne une échappatoire derrière lequel te cacher. Puis tu te rappelles avoir vu Sydney sur son profil, une autre grosse coïncidence car c’est justement de là où tu viens. Tu ne peux pas t’empêcher d’investiguer et tu es d’autant ravie de découvrir que non seulement Eddie aime les chats, mais il est également originaire de Sydney. « Je devais avoir dix ans quand mes parents ont tout plaqué pour Brisbane, plus calme selon eux. J’en conclu que tu en viens toi aussi. On n’a peut-être pas fini de se trouver des points communs Wolfie. » Tu hoches la tête. « Je suis arrivée lorsque j’avais à peu près le même âge. Je viens de là-bas, moi aussi. En fait tu es même la première personne que je rencontre ici qui vient également de Sydney. » Tu lui lance un nouveau sourire, plus modeste cette fois. Les raisons de votre déménagement doivent être bien différentes des siennes mais ce n’est pas un sujet agréable à parler et certainement pas pour une première date alors tu ne le mentionne pas, préférant focusser ton attention sur la moquette qui commence à retrouver ses couleurs d’origines. Tu suis le mouvement d’Eddie alors qu’il se redresse et hoche la tête lorsqu’il propose de laisser sécher votre œuvre. « Merci pour ton coup de main, avec un peu de chance ce sera comme neuf. »
Désormais, nulle part où se cacher. L’aise dont tu commençais à faire preuve s’évapore tout d’un coup et tu es envahie par un sentiment de panique. De l’extérieur, cela ne doit pratiquement pas paraître car tu es désormais figée, droite comme une tige. Tu as conscience que c’est toi qui reçoit et que c’est donc à toi d’agir. Qu’est-ce qu’il aime? De la musique? Un film? Tu te rappelles alors la bouteille de vin, désormais à moitié vide, que tu avais sortie au préalable et qui traîne désormais sur la table d’appoint pas très loin de là où vous vous tenez. À côté de toi, Eddie semble lui aussi faire les cent pas, et tu prends conscience à ce moment précis qu’il est sans doute tout autant anxieux que toi et que tu t’es peut-être trompé à son sujet. Peut-être a-t-il autant l’habitude de ces dates que toi, c’est-à-dire pas du tout. Tu te demandes à cet instant qu’est-ce qui t’a pris déjà d’avoir une idée pareille, t’inscrire sur cette application et comment les choses ont pu aller aussi loin. Holden traverse ton esprit que tu chasses rapidement. S’il est capable de le faire, tu le peux certainement toi aussi. « Pour être très honnête avec toi mon dernier rencard remonte à plus de trois ans alors je suis complètement rouillé. Et assez tendu. » Il t’extirpe de tes pensées avec ces paroles, et tu lui rend un sourire gêné qui doit être devenu ta marque de commerce à présent. « Ah oui, toi aussi? Ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule. Mon dernier rencard remonte à… longtemps. » Tu n’oses pas lui dire à ce stade-ci que, comment dire, tu ne penses pas avoir même jamais eu de date. Une révélation qui lui ferait peur à coup sur et risquerait de lui faire prendre les jambes à son cou. Tu te retournes vers la table d’appoint là où la bouteille de vin t’attend sagement, et attrape la bouteille que tu n’as pas besoin d’ouvrir puisqu’elle a déjà versée la moitié de son contenu sur le sol. « Ça m’a un peu étonné d’ailleurs que tu m’invites directement chez toi, mais c’était important pour moi que tu te sentes à l’aise. » Tu hoches la tête machinalement, te prétextant une fausse confiance, alors que tu verses un peu de liquide dans les deux gobelets. « Ça me semblait plus pratique. » Plus pratique pour quoi, mais qu’est-ce que tu racontes? « Je m’étais dit qu’on serait peut-être plus à l’aise dans l’intimité de chez soi que dans un endroit public avec plein de gens. » Il comprendrait certainement s’il connaissait ton aversion pour les foules. Mais à présent qu’il se tient devant toi, chez lui, tu comprends son étonnement; si cette intimité semble propice à une certaine ambiance pour le reste de la soirée, vous n’avez tous les deux nulle part où vous cachez et tu admets toi-même que pour une première date, c’est un peu ambitieux et tu ne sais pas encore tout à fait comment tu te sens d’avoir un inconnu chez toi. « Tu ne regrettes pas j’espère. » Tu souris en hochant négativement la tête. « Non, pas du tout. » Tu soupires. « Je n’ai pas beaucoup l’habitude de sortir tu vois, c’est pas seulement les dates qui sont nouvelles. Emmener quelqu’un chez moi comme ça, pour moi ça veut dire quelque chose. » Tu avales une longue gorgée de vin, comme si tu en avais trop dit, alors que tu n’es même pas certaine d’avoir bien répondu à sa question. Puis tu fais un geste vers le modeste canapé, le seul dans ton petit studio. « Tu veux t’asseoir? » Tu ne sais pas vraiment quoi faire de toi-même à présent et tu te dis que peut-être vous asseoir aidera un peu. Une fois assise cependant, le sentiment d’incertitude prend une ampleur insoupçonnée. Tu regardes autour de toi rapidement, avant de détourner ton regard vers la coupe de vin que tu tiens entre tes mains. « Et toi, tu regrettes? » Tu relèves ton regard vers lui. « Si tu n’es pas habitué aux rencards, ce n’est peut-être pas ce à quoi tu t’attendais. » Tu fais ici beaucoup plus référence à la personne avec qui il a le rencard que la tenue de ce dernier, toi en l’occurrence. Tu prends une nouvelle gorgée de vin avant d’allumer le haut-parleur d’un geste de la main, une musique classique, celle de ton père, envahissant la pièce. Gênée, tu en changes rapidement pour un rock plus contemporain. « Du rock, ça te va? »
But I know, you and me, we just can’t help it Even if I struggle to escape, set the mic up Until we sleep with the moon going even deeper I really wanna know yeah I’ve already lost control
L'ami des chats, Eddie n'exagère même pas en se présentant comme tel suite au chaleureux accueil que la petite panthère lui réserve, plutôt exceptionnel à en croire sa maîtresse. Vivre en colocation avec trois chats et les considérer comme ses enfants a des bons côtés, c'est la mère du danseur qui aurait du mal à l'admettre mais ce soir par exemple Eddie est en mesure de briser un peu la glace avec cette intrusion féline qui ressemblerait presque à un coup de pouce de l'univers ou du destin, s'il était disposé à croire en tout ça. « O-Olive… elle s’appelle Olive. » Il en prend note dans un coin de sa tête, sans trop savoir si cette information lui servira par la suite et si la fameuse Olive a prévu de tenir la chandelle entre eux ce soir. Sa présence n'est vraiment pas pour déranger le danseur et il devine que Wolfie n'aurait pas non plus été gênée par celle de ses chats si le rendez-vous avait été donné chez lui, ce qui l'amène à confier sa très nette préférence pour les femmes appréciant ces petites bêtes et les difficultés qu'il rencontrerait à l'inverse pour s'entendre avec celles qui ne les supporteraient pas. « C’est vrai que si quelqu’un n’appréciait pas Olive, le choix serait vite fait. » Et ça lui plait de l'entendre, que ce critère ait aussi son importance du côté de Wolfie. Il ne pense pas être le prétendant idéal sous bien des aspects mais il estime avoir au moins ça pour lui, ce serait d'ailleurs la première fois que cet amour assumé pour les chats lui permettrait de se rapprocher de quelqu'un et c'est une jolie façon de matcher, d'après lui. « J'ai du mal à concevoir qu'on puisse ne pas aimer ces adorables bêtes. En fait non, je ne comprends pas du tout. » Les chats sont à ses yeux des êtres impossibles à détester à moins d'être sans cœur, il ne trouve tout simplement pas d'excuse à ceux qui les ont en horreur et tant pis si ça fait de lui le gars le moins objectif du coin. Chacun prêche pour sa paroisse, lui a choisi la sienne il y a deux ans avec l'arrivée d'un chat errant dans sa vie alors qu'il ne se connaissait avant ça aucune sensibilité animale. Et justement, Wolfie semble à son tour curieuse d'en apprendre un peu plus sur la petite famille à moustaches du danseur. « Comment s’appellent tes chattes? » Il s'est sans doute mal exprimé avant ça pour qu'elle en parle au féminin, et puis il se rappelle que sa brève parenthèse sur sa « petite dernière » portrait effectivement à confusion. Eddie étire alors un sourire, prêt à effacer ce léger malentendu tout en donnant à ses chats le petit coup de projecteur qu'ils méritent. « Poby, Loopy et Missy. Ce sont deux mâles et une femelle, le premier trouvé dans la rue et les deux autres adoptés en refuge. » Ces précisions ne seront sans doute pas de trop car les gens ont généralement du mal à intégrer qu'un jeune homme comme lui puisse posséder trois chats – ça fait beaucoup selon eux, et certains jours Eddie serait presque de cet avis compte tenu de l'argent que ça lui coûte en croquettes et en litière. Mais il ne songerait pas à en adopter un quatrième dans le futur si la vie avec trois chats ne comportait pas beaucoup plus d'avantages que d'inconvénients, il est même le plus heureux des hommes et des papas à leurs côtés alors il ne reviendrait à l'époque où il vivait seul pour rien au monde. Son appartement n'en serait que plus propre et plus calme, mais il en serait aussi bien plus triste. « Les chats noirs sont vraiment fascinants. J'en déduis que tu n'es pas superstitieuse, Wolfie. » il remarque en octroyant une nouvelle caresse à Olive, d'une main se voulant quand même prudente malgré les bonnes dispositions de la chatte à son égard car ces bêtes ont aussi le don d'être imprévisibles, et il reste un inconnu entre ses murs. Wolfie et lui ont déjà de quoi s'entendre en tant que cat persons mais leurs points communs ne s'arrêtent pas là, en témoigne cette question sur la ville de ses études qui le pousse à avouer que Sydney est également sa ville de naissance, pour finalement en déduire que Wolfie en vient elle aussi. Il ne s'en doutait pas mais il se réjouit d'apprendre qu'il n'est pas le seul natif de cette métropole côtière. « Je suis arrivée lorsque j’avais à peu près le même âge. Je viens de là-bas, moi aussi. En fait tu es même la première personne que je rencontre ici qui vient également de Sydney. » La première ? Eddie a de quoi être flatté, il esquisse d'ailleurs un sourire tout en réalisant qu'il pourrait presque en dire la même chose, de son côté. « Je ne connais pas beaucoup de personnes originaires de Sydney moi non plus, on y vivait logiquement à la même époque toi et moi. » Il n'ira pas jusqu'à présumer qu'ils ont pu fréquenter la même école car d'après l'application Wolfie est un peu plus âgée que lui, ce qui n'est évidemment pas un problème pour Eddie. Car dans le fond qu'est-ce que quatre ans d'écart peuvent bien signifier ? Ce sont des chiffres, rien de plus. « Tu y retournes, de temps en temps ? » il l'interroge avec curiosité sans savoir si cette ville est synonyme pour elle de bons souvenirs, comme elle peut l'être pour lui. Eddie n'y aurait certainement pas effectué ses années de conservatoire dans le cas contraire, et il n'y reviendrait pas non plus avec sa petite sœur dès que le temps le leur permet. Sydney, en ce qui le concerne, sera toujours beaucoup plus haut dans son cœur que Brisbane malgré le fait qu'aujourd'hui sa vie soit ici. « Merci pour ton coup de main, avec un peu de chance ce sera comme neuf. » Avec tout ça il en oublierait presque la moquette tâchée et leur intervention sur celle-ci. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, à présent il ne reste qu'à espérer que ce sol ne gardera pas la trace du vin absorbé même si Eddie pourrait le voir comme une façon de laisser une empreinte de son passage dans cet appartement, ce qui ne lui déplairait pas outre mesure. « Je t'en prie, c'est normal. » il lui assure dans un sourire car normal ça l'est bien à ses yeux, à partir du moment où Wolfie n'aurait probablement rien renversé si ce date ne l'avait pas rendue nerveuse – et donc lui aussi, par extension.
Il aimerait se fier au bon feeling qu’ils semblent avoir d’entrée de jeu pour supposer que la suite se passera bien mais son manque d’habitude l’amène à se demander quoi faire, et quoi dire pour orienter les choses de la meilleure façon. Eddie ne veut rien brusquer, il ne sait pas vraiment quel est son objectif ce soir mais il n’est pas forcé d’en avoir un, il peut aussi laisser faire les choses et voir ce qui adviendra. Après tout, ce n’est pas lui qui s’était mis sur cette fameuse application avec l’envie de ne pas se prendre la tête ? Cette envie l’anime toujours, elle est juste éclipsée par cette nervosité grandissante qu’Eddie tente de cacher depuis son arrivée. Il n’est pas doué pour faire semblant alors il préfère admettre que ce rencard est son premier depuis bien longtemps, en espérant que cet élan d’honnêteté ne jouera pas contre lui et que son manque d’expérience ne refroidira pas Wolfie. Trois ans qu’il ne s’est pas retrouvé en tête-à-tête avec quelqu’un dans un tel cadre, trois ans qu’il se ferme à tout et ne saisit aucune occasion de tisser quelque chose ou même de s’amuser. Ça pourrait changer ce soir mais ça n’a encore rien de très naturel, en admettant qu’il puisse un jour s’habituer au passage du virtuel au réel et aux rencontres de ce type. « Ah oui, toi aussi? Ça me rassure de savoir que je ne suis pas la seule. Mon dernier rencard remonte à… longtemps. » Il ne lui demandera pas de définir longtemps car c’est son droit de rester évasive, l’essentiel étant ici qu’ils se retrouvent l’un en l’autre et qu’ils partent finalement du même point. De loin, très loin. « Surtout pas de pression ce soir, d'accord ? Si jamais quelque chose te gêne ou que tu veux qu'on arrête, tu n'auras qu'à me le dire et je rentrerai chez moi. » Eddie le formule avec toute la bienveillance dont il peut faire prendre, la dernière de ses envies étant que Wolfie se force à quoi que ce soit sous prétexte qu’il a fait le déplacement, ou parce qu’elle n’oserait plus reculer à ce stade. « Rappelle-toi qu'on est dans le même bateau et qu'on a tous les deux perdu l'habitude, si ça peut aussi te rassurer. » Il joint un sourire à ses paroles, qu’il a peut-être bien besoin d’entendre lui-même. Eddie reconnait quand même que le choix du lieu l’a étonné au départ, même s’il lui importait avant tout qu’elle soit en confiance ce qu’elle n’aurait peut-être pas pu ressentir à l’extérieur, avec une trop grande dose d’inconnu d’un coup. « Ça me semblait plus pratique. » Il veut bien croire que ça l’était et il n’ira de toute façon pas contester un ressenti qui n’est pas le sien. « Je m’étais dit qu’on serait peut-être plus à l’aise dans l’intimité de chez soi que dans un endroit public avec plein de gens. » Il s’en doutait, Wolfie est à coup sûr une fille réservée et timide, soit tout l’inverse de ce qu’il est même si les circonstances ne permettent pas très bien de s’en rendre compte. En aucun cas Eddie juge ce qu’il entend, à vrai dire il n’espérait même pas qu’elle se justifie car elle ne lui doit rien. « Je comprends, j'ai connu quelqu'un qui n'était pas non plus à l'aise entourée de monde. » Une façon de dire que ça ne le surprend pas et ne le dérange pas non plus, même s’il ne devrait pas mentionner cette autre personne. Il retrouve indéniablement un peu de son ancienne petite-amie dans les craintes de Wolfie et une part de lui s’inquiète subitement de pouvoir lui faire du mal, à elle aussi. Eddie n’est pourtant pas un homme à craindre dans une relation sans promesses, il hésite même à lui faire remarquer qu’elle a pris un risque en faisant venir un inconnu chez elle mais il ne veut pas l'effrayer inutilement alors qu’il sait très bien qu’il ne forcera rien ce soir. Il ne profitera pas de cette intimité qui leur est offerte pour tenter de brûler les étapes et si quelque chose doit se passer, c’est parce qu’ils le voudront bien tous les deux. « Non, pas du tout. » Elle ne regrette pas et Eddie noie brièvement son soulagement dans son gobelet de vin. « Je n’ai pas beaucoup l’habitude de sortir tu vois, c’est pas seulement les dates qui sont nouvelles. Emmener quelqu’un chez moi comme ça, pour moi ça veut dire quelque chose. » Il pourrait lui demander quel a été son déclic pour s’inscrire sur l’application et pour bousculer ainsi ses habitudes, mais il devrait probablement donner ses propres raisons et il ne les assume pas. Même envers lui-même, Eddie n’est pas 100% sûr de ce qu’il recherche en faisant tout ça. « Je ferai en sorte que tu n'en gardes pas un mauvais souvenir. » Histoire de ne pas la dégoûter des rencontres virtuelles et des hommes en général, en admettant que les choses puissent réellement mal se passer. Eddie veut croire que c’est impossible tant qu’ils restent clairs l’un et l’autre sur leurs attentes, bien qu’il soit encore trop tôt pour dire que ce date sera une réussite. « Tu veux t’asseoir? » Il hoche la tête et la suit jusqu’au petit canapé sur lequel il s’installe, ses yeux naviguant après ça entre Wolfie et la pièce, dont son regard fait très vite le tour. « Et toi, tu regrettes? » Elle lui retourne la question et c’était prévisible, il l’observe alors en silence tandis qu’elle poursuit. « Si tu n’es pas habitué aux rencards, ce n’est peut-être pas ce à quoi tu t’attendais. » Il aurait pu se fixer un idéal pour ce premier rendez-vous depuis trois ans, oui, mais Eddie ne voulait pas calculer autant les choses ni établir une liste de cases que Wolfie devrait impérativement cocher. Elle aime les chats, elle est très jolie et assez surprenante, et si c’était amplement suffisant ? « Je ne m'attendais pas à grand-chose, en vérité. Comme ça j'avais peu de chance d'être déçu. » Et d’en attendre beaucoup trop d’une rencontre qui n’est de toute façon pas censée découler sur du sérieux. Son regard glisse à nouveau vers elle et ses lèvres se fendent en un léger sourire. « Mais rassure-toi, je ne le suis pas. Et je ne regrette pas non plus. » Pas de déception en vue, ce date est même plus une bonne surprise qu’une mauvaise jusqu’ici. Le petit couac du début est déjà oublié, Eddie préfère se concentrer sur l’instant présent et sur cette enceinte que Wolfie allume, diffusant d’abord un morceau de classique avant de laisser place à quelque chose de beaucoup plus dansant. « Du rock, ça te va? » Il apprécie d’avoir son mot à dire sur la musique même s’il n’est pas bien difficile, l’avantage certainement d’être danseur et de ne bouder quasiment aucun style. « C'est très bien. » il confirme en gardant pour lui le fait que la musique classique l’apaise, pour qu’elle ne regrette pas son choix. Mais le rock contemporain y parviendra peut-être lui aussi, Eddie remarque d’ailleurs qu’elle ne sait plus où poser les yeux alors il se met en tête de détendre l’atmosphère, même si le moyen auquel il pense pour ça n’aura rien d’étonnant. « Viens danser Wolfie. » il lance en se hissant subitement sur ses jambes, avant de saisir sa main pour l’attirer vers lui. Les danses en couple ne sont pas sa spécialité mais Eddie touche un peu au rock, du moins suffisamment pour pouvoir la guider et improviser un petit numéro voué à mettre tout le monde à l’aise. « Il y a un pas tout simple à assimiler pour danser le rock, regarde.. » Sur ces mots il exécute un rock step ou pas de bascule, qui revient à se balancer d’un pied à l’autre en transférant le poids de son corps d’avant en arrière. « Comme ça. » On retrouve aussi ce pas dans le jive mais il lui épargnera les histoires de temps et de tempo, l’idée n’étant pas de dévier sur un véritable cours alors que ce soir, et ce soir seulement, Eddie veut bien prendre la danse à la légère et mettre la technique de côté. « Je peux ? » il questionne pour obtenir l’autorisation de saisir à nouveau sa main, et une fois celle-ci obtenue Eddie la fait tourner doucement sur elle-même tout en croisant ses pas aux siens. Le rock est une danse énergique comportant de nombreuses rotations, mais elle reste relativement simple à entreprendre à un niveau débutant. « Je suis forcément avantagé mais tu sais, la danse, c'est pas seulement une question d'entrainement. » Le sens du rythme joue beaucoup aussi, et d’après ce qu’il peut voir Wolfie n’en est pas dépourvue. Elle parait un peu raide mais il met ça sur le compte de la nervosité, tout en se promettant de l’aider à relâcher tout ça. « Tu n'as pas la tête qui tourne, ça va ? » Ils peuvent s’arrêter là si ça va trop vite pour elle, ou si cette proximité est de trop. Eddie a eu son moment, il peut entendre qu’elle aspire à autre chose qu’à danser quitte à retrouver le canapé qu’ils viennent à peine de quitter.