| We are equal and deserve equal opportunitie || James #1 |
| | (#)Dim 20 Mar 2022 - 7:58 | |
| e retiens un soupir lorsque le photographe d'aujourd'hui n'est, encore une fois, pas content avec le résultat sur moi. Un coup on voit trop la prothèse, un coup, on ne la voit pas assez, puis le blaser est trop grand et le pantalon trop petit, faisant des plis soit disant dégueulasses au niveau du genou et maintenant, ce sont les couleurs de l'habillage de ce qui me sert de pied qui jure de trop avec les vêtements proposés. Ainsi, donc, je me retrouve debout au milieu de la pièce, me balançant sur une jambe le temps que le prothésiste qui s'occupe de moi change la coque de façon à ce que Monsieur Lloyd-Picket, le photographe, soit enfin heureux. Les bras croisés, j'attends tranquillement sans oser aller m'asseoir, car on m'a dit de ne pas bouger et je fais toujours ce qu'on me dit de faire.
Sauf qu'aujourd'hui, j'aurais au moins dû me mettre un peu de côté. Ça m'aurait évité une collision frontale avec une jeune femme qui ne regardait pas où elle allait. Heureusement que j'ai appris à gérer mon équilibre sur un pied, si bien que je parviens à me rattraper sans trop de problèmes. La jeune couturière se confond instantanément en excuse, me demandant pardon une bonne centaine de fois et tremblant comme si j'allais entrer dans une colère noire. Sauf qu'il n'en est rien. Si je lève les yeux au ciel, c'est surtout parce que ses paroles à répétitions m'agacent tout doucement, autant que le fait que le shooting semble s'éterniser. Alors qu'elle allait ouvrir à nouveau la bouche, je pose brusquement mes deux mains sur ses épaules, la faisant tressaillir assez pour qu'elle en perde l'usage de la parole pendant quelques secondes «C'est bon, y a absolument aucun souci » lui assurais-je sur le ton le plus calme possible « ça arrive à tout le monde ici d'être perdu dans ses pensées et ne pas regarder où on va» «oui, mais vous, vous êtes ... » «Aucun souci. Ok ? » répétais-je sur un ton un peu plus forcé espérant qu'elle comprenne enfin qu' elle doit se taire et reprendre son chemin. Elle m'observe encore quelques instants puis déglutis difficilement et fini par hocher la tête « o..ok... Pardon, bonne journée» je la gratifie d'un hochement de tête et d'un sourire puis laisse échapper un plus lourd soupir lorsqu'elle se détourne pour traverser la pièce.
Voyant que le photographe n'est toujours pas revenu entre temps, je décide de finalement quitter le set et allez m'installer dans ma chaise. Soufflant doucement, je retire le manchon et c'est un soulagement sans nom qui se répartit en moi quand enfin mon moignon est à nouveau libre et non entravé d'une contention aussi serrée. Alors que je commence à me masser le genou, je me dis intérieurement qu'il serait grand temps que j'aille de nouveau faire un tour chez Robert, mon orthoprothésiste, pour qu'il me mette au courant des nouveautés, mais aussi pour qu'il règle quelques petits détails au niveau de lame de course et mon pied de marche. Le regard fixé vers le set et mes mains faisant des mouvements circulaires sur mon articulation, mon esprit, lui, se met brusquement en route pour réfléchir à quand je pourrais avoir un trou dans mon emploi du temps très chargé ou si je ne peux pas faire une impasse sur un prochain rendez-vous. @James Weatherton |
| | | | (#)Jeu 7 Avr 2022 - 21:08 | |
| we are equal and deserve equal opportunitie. Superviser les shootings était chose courante pour James, quand bien même il avait bien assez de boulot pour l'occuper à l'atelier et n’enchaînait les allers-retours que parce qu'il ne pouvait pas s'empêcher de mettre son nez partout. Plus à cran que jamais depuis le cambriolage, il comptait moins encore ses heures que d'habitude et se surprenait à rallonger plus encore ses journées que ça n'était déjà le cas – car qui avait besoin de six heures de sommeil quand il pouvait se contenter de quatre ? Aujourd'hui était une journée d'autant plus particulière que Weatherton recevait un acteur de renom pour amorcer une toute nouvelle campagne de promotion autour de leurs dernières collections masculines. Le nom et le charisme de Channing Walker avaient assuré le succès de leurs dernières créations mais cette fois, c'est une démarche d'inclusion visant à bousculer les codes de la Haute Couture qui avait conduit ses équipes à solliciter la présence d'Andrew Livingstone, personnalité en situation de handicap. James ne prétendrait pas que l'idée venait de lui, c'est en réalité son père qui le premier avait soumis l'idée, convaincu qu'ils pourraient ainsi prouver leur ouverture d'esprit et montrer, à l'instar de plusieurs autres marques avant eux, que Weatherton entendait créer des collections auxquelles tout le monde pouvait s'identifier. Offrir plus de visibilité à des modèles touchés par le handicap pour changer le regard que le milieu de la mode posait sur ces derniers, telle était l'approche de cette campagne. Et James devait le reconnaître, ce nouveau défi apportait un nouveau souffle à Weatherton après quelques semaines compliquées.
Arrivé aux abords du studio photo, son téléphone à l'oreille comme chaque fois qu'il profitait d'une pause pour passer un coup de fil important, James surprit une scène surréaliste au moment de poser les yeux sur la silhouette d'Andrew, à quelques mètres de là. L'une de leurs couturières lui était visiblement rentrée dedans et voilà qu'elle se confondait maintenant en excuses. Il ne répétait visiblement pas encore assez à quel point il était entouré d'incapables. « C'est bon, y a absolument aucun souci. Ça arrive à tout le monde ici d'être perdu dans ses pensées et ne pas regarder où on va. » Andrew était de toute évidence un homme patient et civilisé, ce genre de choses n'auraient pas été accueillies avec la même indulgence par le styliste et ça ses employés le savaient. « Oui, mais vous, vous êtes ... » Mais quelle idiote. « Aucun souci. Ok ? » « O..ok... Pardon, bonne journée. » Par chance la jeune femme quitta les lieux dans la direction opposée à la sienne, sinon il y avait fort à parier pour que James l'ait interceptée et lui ait fait passer l'envie de révasser la prochaine fois qu'elle se baladerait dans les couloirs.
« Andrew, c'est justement vous que j'espérais trouver. » Il fallut quelques enjambées à James pour réduire la distance qui le séparait de l'acteur et s'il aurait pu feindre de ne pas avoir surpris la scène qui venait de se dérouler juste sous ses yeux, le créateur opta pour la stratégie inverse. « J'espère qu'Emily ne vous a pas importuné. Elle n'aurait jamais du se trouver ici, c'est pourtant pas faute de demander à ce que personne ne dérange le photographe pendant les shootings. » James ne pouvait pas avoir les yeux rivés sur ses recrues en permanence et le fait est que plus elles étaient jeunes, plus elles avaient aussi tendance à se disperser. Les couturières n'étaient pas censées quitter l'atelier pour autre chose que se ravitailler en tissus et subvenir à des besoins naturels – lesquels comprenaient uniquement le fait de s'alimenter et d'aller aux toilettes. James tenait à renvoyer l'image d'une équipe efficace et professionnelle, mais de toute évidence c'était encore trop demander. « Où est-il d'ailleurs ? Vous ne devriez pas avoir fini ? » En rejoignant le studio photo, le styliste s'attendait à les surprendre en plein shooting et à pouvoir ainsi juger du travail de leur photographe. Au lieu de ça, il découvrait Andrew assis seul, sa prothèse à la main, attendant probablement que l'équipe ait fini de mettre au point certains détails, ce qui dénotait à ses yeux d'un manque criant de professionnalisme. Tout aurait du être vu en amont pour que leur invité n'ait à pas à patienter dans un coin, et c'était d'autant plus vrai que l'acteur n'était pas exactement dans la même situation que les personnalités qu'ils recevaient habituellement. Nul doute qu'Andrew ne voulait pas de discrimination positive et ça tombait bien, James n'était pas le mieux placé pour ça. Pour autant il savait reconnaître quand le savoir vivre de ses équipes laissait à désirer et qu'un homme aussi rustre que lui s'en fasse la remarque n'était jamais bon signe, en général. « Dites-le moi, si quelque chose n'est pas à votre convenance. Je les ai embauchés pour la plupart et j'hésiterai pas à les virer si nécessaire. » Weatherton était déjà ébranlée par cette histoire de cambriolage, ce n'était pas un licenciement qui changerait quoi que ce soit et un ou deux bras cassés en moins ne pourrait pas faire de mal.
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| | | | (#)Ven 8 Avr 2022 - 7:40 | |
| Installé sur le fauteuil, me massant le genou, j'essaie de ne pas me laisser submerger par l'impatience qui me guette. Ce n'est clairement pas un trait de caractère qui m'abrite, mais par moment le temps devient long, d'autant plus qu'au final je n'ai pas que ce shooting à faire aujourd'hui et que mon emploi de temps est assez serrer en ce jour, donc chaque minute compte et chaque minute de plus peu me mettre en retard au prochain rendez-vous. Et plus j'ai de retard, plus tard, je rentrerais chez moi et moins j'aurais de temps de repos. Toutefois, ne connaissant encore pas grand monde ici et voulant à tout prix rester professionnel, je n'ai pas le choix que de prendre mon mal en patience.
C'était sans compter sur James Weatherton en personne ! Lorsque celui-ci m'interpelle, je dois avouer ressentir, pendant une seconde, un pic de stress tant je me sens con d'être assis ici alors que les autres sont affairé à je ne sais quoi. Toutefois, le styliste ne semble pas être venu pour me dire ça et fini simplement par s'excuser -plus ou moins- au nom d'Emily, la couturière qui n'aurait pas dû être là où elle m'a percuté. « Oh non, ne vous inquiétez pas» je secoue la tête et balaie les excuses du jeune homme du revers de la main « Il y a pire que ça. Imaginez, elle portait un gobelet de café !» je laisse échapper un petit rire afin de dédramatiser la situation « J'aurais un peu moins rigolé, je dois avouer, mais là, ce n'est rien, vraiment» assurais-je, espérant quelque part que James ne soit pas assez rancunier pour virer Emily juste parce qu'elle n'a pas été attentive une fois.
Au final, je suis assez content qu'il décide de changer de sujet, se demandant où est le photographe, car nous aurions déjà dû avoir fini « Il est perfectionniste » expliquais-je «TROP perfectionniste, chaque détail compte et ça fait donc 10 minutes qu'il essaie de trouver ce qui ne lui plaît » je laisse échapper un soupire et me frotte le front avec ma main gauche alors que James reprend, espérant que tout est à ma convenance et que je ne devais pas hésiter me dire si quelque chose ne me convenait pas.
Pinçant les lèvres, j'hésite un instant, avant de me dire que la sincérité a toujours été plus agréable à entendre qu'un mensonge qui se transforme en frustration «Entre nous, Mr Lloyd-Picket est loin d'être le photographe le plus professionnel que je connaisse » dis-je en lançant un coup d'oeil vers le set «être perfectionniste c'est très bien, vous savez aussi bien que moi que les détails sont important, mais en 1h il m'a obligé à me changer une bonne cinquantaine de fois car d'après lui aucun vêtement ne m’allait, ensuite il n'était pas content avec le look de ma prothèse et ça doit être la 10e fois que quelqu'un part avec pour en changer l'habillage » je hausse les épaules «Je vous avoue que je n'ai pas trop de temps et que dans trente minutes au plus tard faut que je sois sorti d'ici ... » je pince les lèvres et hausse les épaules « En plus de ça le photographe est ...Bizarre. Il contrôle tout, ne laisse absolument aucune place à l'improvisation ou aux recommandations et clairement je ne le sens pas ...'safe' comme on dit» ajoutais-je en me redressant « Moi ça va, j'ai assez d'amour propre et de confiance et d'expérience pour ne pas me laisser faire, mais j'imagine que quelqu'un d'autre qui débute dans le métier risque d'être vraiment très mal à l'aise» je n'aime pas trop accusé les gens comme ça, mais c'est mon ressenti. Et j'ai appris que mon ressenti, en général, était bien souvent partagé. Autant, donc, être sincère, encore plus si ça pouvait éviter de mauvaises expériences à d'autres consœurs et confrères. @James Weatherton |
| | | | (#)Sam 30 Avr 2022 - 19:14 | |
| we are equal and deserve equal opportunitie. Surprendre une de ses employées à deux doigts de la catastrophe avec leur nouvelle égérie n'était pas ce que James espérait en se rendant au studio photo, mais après un cambriolage qui avait souligné d'impardonnables failles en matière de sécurité il n'y avait sans doute plus rien qui puisse l'étonner. Quiconque le disait cynique avant ça risquait de découvrir qu'il pouvait toujours être bien pire. « Oh non, ne vous inquiétez pas. » Ce n'était pas dans la nature de James de s'inquiéter, en revanche il dramatisait souvent tout ce qui avait trait à son travail et l'attitude de ses employées en faisait partie. Si quelqu'un échouait à faire bonne impression à un client ou un collaborateur, il est certain qu'il le prenait toujours personnellement et réprimait aussitôt une colère vive. « Il y a pire que ça. Imaginez, elle portait un gobelet de café ! » James n'eut aucun mal à imaginer que les choses auraient effectivement pu être plus dommageables. Et on ne parlait pas cette fois d'un costume tâché – bien que ce soit aussi la source de la grimace qui déforma un instant ses traits. « Encore une chose qu'elle n'était pas censée faire. J'imagine que certains pensent que le règlement ne s'appliquent pas à eux. » Se balader dans les couloirs de Weatherton avec un gobelet de café faisait partie des choses que James interdisait à ses équipes, pour la simple et bonne raison qu'on transportait régulièrement des chariots remplis de robes qui ne sauraient en aucun cas être les victimes d'un accident. La cafétéria et les coins repos étaient des lieux bien plus sûrs. « J'aurais un peu moins rigolé, je dois avouer, mais là, ce n'est rien, vraiment. » Pour un peu, James envierait presque la patience d'Andrew. « Elle aurait quand même du regarder où elle allait. Je vous prie de croire que ce genre de choses ne se reproduiront pas. »
Mais s'il y a une chose à laquelle James ne s'attendait pas à apprendre en interrogeant Andrew sur l'absence du photographe, c'est que la collision survenue avec leur couturière était loin d'être la pire chose qui soit survenue aujourd'hui. « Il est perfectionniste. TROP perfectionniste, chaque détail compte et ça fait donc 10 minutes qu'il essaie de trouver ce qui ne lui plaît. » Si le professionnalisme n'avait jamais été une tare aux yeux de James, et bien au contraire, le couturier se retint pour autant de le faire remarquer à Andrew. Il n'était pas seulement un interlocuteur qu'il pouvait se permettre de reprendre au beau milieu d'un déjeuner ennuyeux où James n'aurait que faire de passer pour un rabat-joie : il était leur nouveau modèle, et quelqu'un qui ne lui donnait pas l'impression de juger sans un minimum d'objectivité. « Entre nous, Mr Lloyd-Picket est loin d'être le photographe le plus professionnel que je connaisse. » Voilà ce que James redoutait d'entendre, parmi toutes les choses peu agréables que personne ne voudrait assurément constater sur la personne qu'il avait contribué à embaucher. « Vous voulez dire qu'il vous donne l'impression de ne pas savoir où il veut aller avec ce photoshoot ? » De tatillonner, de changer d'avis en cours de route comme s'il ne savait pas le moins du monde ce qu'il voulait faire. Ce photographe avait beaucoup d'expérience mais James n'était pas sans savoir que c'était l'une des premières fois qu'il travaillait avec un modèle porteur d'une prothèse, ainsi il prenait pas la réputation de cet homme pour acquise : il avait pu commettre des erreurs. « Être perfectionniste c'est très bien, vous savez aussi bien que moi que les détails sont important, mais en 1h il m'a obligé à me changer une bonne cinquantaine de fois car d'après lui aucun vêtement ne m’allait, ensuite il n'était pas content avec le look de ma prothèse et ça doit être la 10e fois que quelqu'un part avec pour en changer l'habillage. » James ne put cette fois retenir un soupire, atterré d'apprendre que rien ne s'était passé comme prévu et qu'il n'en aurait peut être pas été informé immédiatement s'il n'avait pas fait le déplacement jusqu'au studio. Andrew s'en serait-il seulement plaint, s'il ne l'avait pas abordé ? « Je vois. Je suis désolé que votre expérience parmi nous soit entachée de la sorte. Je vous assure que des consignes ont été données pour que tout se passe au mieux. » Des consignes qui, de toute évidence, n'avaient pas été respectées. C'était tout bonnement la Bérézina, il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier ce fiasco et James s'assurerait personnellement que le photographe ait à répondre de ces nombreux manquements. « Mr Lloyd-Picket et son équipe travaillent pour nous depuis des années et nous n'avons jamais eu à nous en plaindre, mais nous savons tous les deux que ça n'empêche pas d'avoir de mauvaises surprises de temps à autres. » Aujourd'hui, l'homme en qui James avait confiance pour mener cette campagne à bien avait déçu sa confiance. Et le pire, c'est qu'il n'était même pas dans les parages pour constater la colère du créateur ou pour répondre de ses actes. « Ils m'avaient assuré qu'ils auraient pris leurs dispositions pour que votre expérience soit la plus agréable possible. Je regrette que ce ne soit pas le cas. » Andrew semblait être quelqu'un de patient et James n'avait aucun doute qu'il ne voulait causer d'ennuis à personne, qu'il semble à ce point désemparé n'en était que plus révélateur sur l'absence de professionnalisme des personnes autour de lui. « Je vous avoue que je n'ai pas trop de temps et que dans trente minutes au plus tard faut que je sois sorti d'ici... » James secoua la tête. « Je vais en toucher deux mots au photographe. Je vous assure que vous ne serez pas en retard. » Il ne manquerait plus que ça.
Mais le pire était peut être encore à venir, comme le constata finalement James lorsqu'Andrew reprit la parole. « En plus de ça le photographe est ...Bizarre. Il contrôle tout, ne laisse absolument aucune place à l'improvisation ou aux recommandations et clairement je ne le sens pas ...'safe' comme on dit. » De mieux en mieux. Si James sentit une pointe d'agacement lui chatouiller la gorge à l'idée que le photographe fasse perdre du temps à tout le monde. Comme si ce qu'il venait d'apprendre ne le contrariait pas déjà au plus haut point. « Moi ça va, j'ai assez d'amour propre et de confiance et d'expérience pour ne pas me laisser faire, mais j'imagine que quelqu'un d'autre qui débute dans le métier risque d'être vraiment très mal à l'aise. » Andrew allait finir par croire qu'ils l'avaient embauché dans la rue sans même penser à vérifier ses références ou à s'assurer de son professionnalisme, et ce n'était évidemment pas concevable. « Je peux vous assurer que ce n'est pas notre façon de travailler et que nous n'approuvons pas cette façon de faire. » Quand bien même James était lui-même loin d'être un patron facile ou conciliant, c'était une chose de mener son atelier à la baguette et une autre de faire subir des traitements inhumains à des modèles. Lorsque James haussait le ton, c'était sur des couturières qui en dépit de nombreux sermons n'avaient jamais à se plaindre de leurs conditions de travail. « Est-ce qu'il vous a au moins proposé des pauses, en dehors de l'attente que vous subissez depuis tout à l'heure ? » Une attente en elle-même déjà disproportionnée et qui leur faisait perdre un temps précieux. Un temps qui pourrait à lui seul porter préjudice à toute la campagne. « Ou est-ce que lui ou un de ses assistants vous a proposé à boire ? » Les shootings s'éternisaient parfois en plus d'être facilement sources de stress quand un minimum de conditions n'étaient pas réunies pour vous aider à vous détendre, comme ici. « Je ne peux pas toujours me libérer pour assister à ces séances photo mais je tenais à être présent pour votre première fois avec nous. » Pas uniquement parce que le profil d'Andrew se voulait légèrement différent de leurs modèles habituels, aussi parce que James prenait cette peine avec toutes leurs nouvelles égéries, qu'il choisissait la plupart du temps lui-même ou dont il approuvait directement la candidature. « Alors si le comportement de notre photographe laisse réellement à désirer, je me dois de faire remonter l'information à mon père. » Est-ce que ce qu'il pourrait rapporter à la direction pourrait compromettre la carrière de ce type ? C'était plus qu'un risque, mais ils ne pouvaient pas risquer que leur réputation pâtisse de ses méthodes. « Je ne veux pas vous placer dans une situation inconfortable, mais comme vous dites tous nos modèles n'ont pas tous votre expérience ou votre force de caractère. Beaucoup n'oseront pas me le dire si Mr Lloyd-Picket se montre trop rigide. » Et Andrew autant que lui avaient commencé jeunes dans des milieux réputés pour être oppressants et compétitifs : beaucoup n'oseraient pas même se plaindre à leur agente de peur de se fermer la porte à de nombreuses opportunités. James n'était pas connu pour être fin psychologue mais il avait toujours pris extrêmement soin de ses modèles, portant parfois en haute estime ceux que beaucoup considéraient avec un mépris certain.
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| | | | (#)Sam 14 Mai 2022 - 21:23 | |
| Je suis loin, très loin, du fait de m'énerver pour un rien. Si dans ma jeunesse, j'aurais pu partir au quart de tour bien plus facilement, je remarque de plus en plus qu'il m'en faut vraiment beaucoup pour perdre patience. Et cette petite altercation avec une couturière ne m'atteint qu'à peine. Cela dit, j'ai bien l'impression qu'elle puisse s'estimer heureuse qu'elle soit tomber sur moi et non sur quelqu'un d'autre, car d'après les paroles de James, il n'en ferait qu'une bouchée. Emily ne semble pas bien méchante, juste un peu maladroite. Peut-être est-ce son premier job ou son premier jour dans cette maison de couture ? Dans tous les cas, je me dois de prendre sa défense et dédramatise rapidement la situation. Et je crois bien que j'y parviens, car au final, James s'excuse -de façon détournée- des agissements de la couturière, disant qu'elle aurait du regarder où elle allait. « Je pense qu'elle fera plus attention dorénavant » ajoutais-je en souriant doucement, priant quelque peu pour que James ne met pas ses menaces à exécution et qu'il ait compris que la jeune femme ne pensait pas à mal.
Au final, le sujet se tourne vers ce pourquoi je suis ici, installé sur ce fauteuil. Alors que j'explique rapidement que le shooting ne se passe pas vraiment comme prévu, le styliste s'étonne de savoir que la cession ne prend pas la direction escomptée et va même jusqu'à se demander si le photographe ne saurait pas dans quelle direction aller avec le shooting. « je ne dirais pas ça» expliquais-je sur un ton posé « C'est juste que...» que quoi ? Que le photographe manque de professionnalisme ? Qu'il ne me met pas à en confiance ? «Il semble être All over the place. Après, c'est peut-être sa façon personnelle de travailler et je respecte cela. Ce sera une habitude à prendre si dorénavant, je devais collaborer avec vous et donc lui de façon régulière. »
Encore une fois, James s'excuse en pensant que mon expérience parmi eux soit entachée de la sorte, me faisant la promesse solennelle que les consignes aient été données, que l'équipe de Lloyd-Picket les suit depuis des années et qu'il n'y a jamais eu de plainte. Toutefois -et c'est là que je me rends réellement compte à quel point James est un être fabuleux- il comprend totalement qu'on puisse vivre des expériences moins agréables. Le stylise m'écoute et me croit et c'est ce qui fait de lui quelqu'un de confiance. « Je ne souhaite pas dramatiser la situation, car clairement, j'ai déjà connu bien pire comme expérience. C'est juste que vous m'avez demandé mon avis et j'ai pour habitude d'être toujours à 100 % sincère » expliquais-je rapidement. Dans ce métier, il ne sert à rien de paraphraser encore et encore, le meilleur respect étant de toute manière la sincérité.
Ainsi, je me permets une réflexion sur le côté 'Safe' du photographe. Précisant que j'ai, pour ma part, assez d'expérience en la matière pour ne pas me laisser faire, j'avoue avoir un sentiment étrange à l'égard de cet homme, me disant qu'un modèle plus jeune pourrait se laisser impressionner. Encore une fois, James m'assure que ce n'est pas leur façon de travailler et qu'il n'approuve en rien cette façon d'agir. « Je m'en doute » hochais-je la tête «Et, je ne dénigre en aucun cas son travail. Lloyd-Picket est un photographe de grande renommée et de grand talent et il se peut très bien qu'il n'ait jamais eu un mot de travers ou quoi que ce soit de ce genre, mais ... encore une fois, ce n'est qu'une impression que j'ai eue » et un avis négatif parmi tant de positif n'a que très peu de valeur dans ce milieu.
Weatherton finis par dévier légèrement du sujet et me demande si j'ai quand même eu droit à des pauses, s’inquiétant aussi de savoir si le photographe ou une de ses assistantes m'aient proposer à boire entre temps. « Oui et non» répondais-je «je n'ai pas eu de pause, mais j'ai eu droit à une petite bouteille d'eau » heureusement que j'ai ramené moi-même mon petit stock, sinon j'aurais fini assoiffé. « Je pense que le photographe c'est typiquement le genre de personne qui sait parfaitement qu'elle a réussie à se faire un sacré nom dans le milieu et qui fini par croire que tout lui est permis car elle pense que rien ni personne ne pourra lui arriver » je hausse les épaules « Nul besoin de faire remonter l'information pour l'instant. J'aimerais finir ce shooting et pouvoir me faire un deuxième avis lors d'une prochaine collaboration» affirmais-je en me redressant lorsque, du coin de l’œil, je vois l'assistant revenir avec ma prothèse « Peut-être que lui comme moi avons passé une mauvaise nuit et un mauvais début de journée» assumais-je avec un sourire «Et que la prochaine fois sera meilleure et totalement différente » laisser une deuxième chance, voire une troisième, est une habitude chez moi : je n'aime fixer mon avis sur une seule et unique expérience.
Dans un sourire, j'attrape la prothèse et gratifie le jeune homme d'un hochement de tête «Si je puis me permettre aussi » reprenais-je en relevant mon regard sur James «Je pense qu'il serait intéressant pour vous de faire des pantalons asymétriques qui permettrait une mise en place plus pratique de la prothèse » expliquais-je en montrant la jambe de tissus qui pendouille en dessous de mon moignon « On peut se dire qu'on aurait envie de cacher la prothèse et tout ça et c'est le cas pour 85% des amputés, mais les 15% restant ne voient pas d’inconvénient à montrer leur différence» ce qui est absolument mon cas « La plupart des habits que je met dans la vie de tous les jours on été modifier par mes soins de manière à ce que la jambe du pantalon s'arrête du moignon et puisse se glisser dans l’emboîture» je démontre rapidement ce que je veux dire par là en relevant le pantalon « Vous voyez ce que je veux dire ? Évidemment, le niveau d'amputation dépend vraiment de beaucoup de facteurs, mais il existe quelques règles que chaque chirurgien doit suivre avec des termes précis. Donc si c'est le genre de projets qui pourrait vous intéresser, je serai absolument et totalement partant pour vous aider dans cette réalisation.» |
| | | | (#)Ven 3 Juin 2022 - 22:02 | |
| we are equal and deserve equal opportunitie. Dans son boulot comme dans n'importe quel autre aspect de sa vie, James accordait beaucoup d'importance à ce que les choses se fassent sans le moindre accroc. Mais aussi et surtout à sa manière, et c'est la raison pour laquelle il supervisait toujours tout, même lorsqu'il avait déjà trop peu de temps libre. Il ne saurait pas vraiment quoi en faire, de toute façon. Rien qu'à cet instant, il avait plus urgent à régler : l'attitude de ses collaborateurs se devait d'être irréprochable en toutes circonstances et pourtant, l'un d'entre eux avait décidé de n'en faire qu'à sa tête. C'est du moins la conclusion à laquelle il était rapidement arrivé, comprenant que la première expérience d'Andrew chez Weatherton risquait d'être entachée par ce faux départ. « Je ne dirais pas ça. C'est juste que... Il semble être All over the place. Après, c'est peut-être sa façon personnelle de travailler et je respecte cela. Ce sera une habitude à prendre si dorénavant, je devais collaborer avec vous et donc lui de façon régulière. » Il était encore un peu tôt pour se projeter aussi loin et James savait que cette campagne était d'autant plus particulière que son succès était plus incertain que pour les autres. C'était la première fois que Weatherton opérerait un virage aussi inclusif, et bien que le milieu de la mode se veuille beaucoup plus ouvert qu'il y a quelques décennies, bousculer les codes était toujours un pari. « Ce ne sont pas à nos égéries de s'adapter à nos méthodes de travail. C'est une chose que je me chargerai de dire personnellement à notre photographe si c'est nécessaire. » Puisqu'il n'en avait visiblement pas conscience ou se permettait de déroger à tous leurs principes en adoptant une attitude tout sauf professionnelle. James n'avait jamais eu besoin de lui dire comment faire son travail, cet homme étant l'un des photographes les plus prisés avec qui vous pouviez espérer travailler, mais il n'hésiterait pas à lui remettre les pendules à l'heure. « Je ne souhaite pas dramatiser la situation, car clairement, j'ai déjà connu bien pire comme expérience. C'est juste que vous m'avez demandé mon avis et j'ai pour habitude d'être toujours à 100 % sincère. » Dieu sait pourtant qu'il aurait préféré entendre un autre son de cloches lorsqu'il était venu s'assurer que le photoshoot se déroulait sans encombre. C'était bien la preuve que vous pouviez toujours avoir de mauvaises surprises, même après avoir travaillé plusieurs années avec quelqu'un. « Et j'apprécie votre honnêteté. Même si cette histoire a le don de me contrarier et que je me serais bien passé de ce genre d'incidents à quelques jours de mon prochain voyage. » Son départ pour l'Indonésie approchait et James exécrait les contre-temps pour la simple et bonne raison qu'il devait déjà penser à une infinité de choses sur un temps infiniment court. Il y avait des commandes à finaliser, des rendez-vous à honorer et déjà de prochains défilés à imaginer. Cet incident venait s'ajouter à la liste de choses qu'il devait gérer avant de s'envoler dans à peine quelques jours.
L'autre raison à son mécontentement était évidemment que leur photographe risquait de ternir l'image de Weatherton en agissant comme le dernier des crétins, et c'était une chose qui pourrait rapidement lui valoir un aller-retour dans le bureau de James. « Je m'en doute. Et, je ne dénigre en aucun cas son travail. Lloyd-Picket est un photographe de grande renommée et de grand talent et il se peut très bien qu'il n'ait jamais eu un mot de travers ou quoi que ce soit de ce genre, mais ... encore une fois, ce n'est qu'une impression que j'ai eue. » Et James pourrait tout à fait décider de ne pas en croire un mot, de mettre en doute la parole d'Andrew qui pourrait tout simplement vouloir salir la réputation de leur photographe et celle de la Maison par la même occasion. Pourtant, même un modèle de méfiance tel que James savait percevoir l'honnêteté dans le regard d'autrui, peut être précisément parce qu'elle se faisait rare dans ce milieu. Andrew n'avait aucun intérêt à mentir, pas plus qu'à ce que cette campagne prenne du retard. C'était une aubaine pour chaque parti, et l'assurance de collaborer avec un nom sacré et consacré dans le monde de la mode. Il ne pouvait que dire la vérité. « Vous savez, je suis dans ce milieu depuis assez longtemps pour savoir que le talent n'empêche pas la connerie. » James souffla sans détour, suffisamment conscient du milieu dans lequel il évoluait et qui, pour cette raison comme pour bien d'autres, était aussi celui qui lui correspondait le mieux. Un univers impitoyable bourré de défauts mais qui ne vous donnait paradoxalement pas la moindre envie de vous en échapper. « A vrai dire vous entendrez souvent dire de moi que je ne suis pas la douceur et la compassion incarnées, mais ce qui est sûr c'est que j'ai du respect pour ceux avec qui je travaille. » Et qu'il veillait à ne pas outrepasser certaines limites lorsque de tels enjeux entraient en ligne de compte. Son professionnalisme irritait parfois ceux qui lui reprochaient de tout prendre bien trop au sérieux, mais il n'en serait pas là aujourd'hui s'il n'y avait vu qu'une plaisanterie.
« Oui et non. Je n'ai pas eu de pause, mais j'ai eu droit à une petite bouteille d'eau. » James secoua la tête, comprenant que l'organisation n'était qu'un des points qui avaient fait cruellement défaut à Lloyd-Picket et ses équipes, de toute évidente dépassés par l'ampleur de cette campagne. Professionnels ou non, ils s'étaient plantés dans les grandes largeurs et ce n'était pas une chose que James était disposé à laisser passer. « Je pense que le photographe c'est typiquement le genre de personne qui sait parfaitement qu'elle a réussie à se faire un sacré nom dans le milieu et qui fini par croire que tout lui est permis car elle pense que rien ni personne ne pourra lui arriver. » Sur ce point non plus, il ne lui donnerait pas tort. Précisément parce que Lloyd-Picket était à l'image de beaucoup d'hommes qu'il connaissait parfois depuis l'adolescence, lorsqu'il évoluait déjà dans ce milieu par le biais de son père, déterminé à lui faire rencontrer toutes sortes de personnes avant même qu'il n'ait l'âge d'assurer la relève de Weatherton. « Il fait ce boulot depuis plus longtemps que moi, mon prédécesseur faisait déjà appel à ses services lorsque j'étudiais encore. Il est non seulement respecté, mais tout le milieu lui fait les yeux doux depuis plus de vingt ans. » Autrement dit, il n'était pas facile de compromettre la réputation d'un homme aussi respecté. Ce qui ne signifiait pas que James hésiterait une seule seconde à s'y risquer. « C'est ma façon de vous dire que oui, il est intouchable, mais que non, ça m'empêchera pas de lui botter le cul s'il me refait un coup comme celui-là. » James n'était pas là pour se faire des amis et si ça impliquait également de terroriser une ou deux personnes au passage, il est certain qu'il ne se gênerait pas. Quiconque compromettait sa légitimité et celle de Weatherton se faisait aussitôt un ennemi. « Nul besoin de faire remonter l'information pour l'instant. J'aimerais finir ce shooting et pouvoir me faire un deuxième avis lors d'une prochaine collaboration. Peut-être que lui comme moi avons passé une mauvaise nuit et un mauvais début de journée. Et que la prochaine fois sera meilleure et totalement différente » C'était tout à l'honneur d'Andrew de vouloir tempérer les choses et accorder une seconde chance au photographe, quand bien même James aurait eu beaucoup plus de mal à faire preuve de la même clémence. « Très bien. Je vais quand même le garder à l’œil. » C'était une manière relativement polie d'avouer que le photographe était loin d'être tiré d'affaire. « En attendant, Monsieur Lloyd-Picket n'est pas l'unique photographe à travailler pour nous, si vous vous sentez plus à l'aise à l'idée qu'on vous confie aux mains de quelqu'un d'autre. » Il finit par proposer, ses yeux rivés vers ceux d'Andrew comme pour lui dire de ne pas hésiter à faire entendre ses réticences, s'il en avait. « Je peux le décharger de cette campagne et la confier à quelqu'un d'autre. » Ce ne serait pas un problème.
« Si je puis me permettre aussi. » Son attention toujours portée sur Andrew, il lui intima de poursuivre d'un signe de la tête. « Je pense qu'il serait intéressant pour vous de faire des pantalons asymétriques qui permettrait une mise en place plus pratique de la prothèse. » Cette fois les traits du créateur marquèrent une certaine surprise : il n'avait encore jamais envisagé l'idée de créer des pièces spécifiquement destinées aux personnes en situation de handicap. Tout simplement parce que ça soulevait des tonnes de questions pratiques qu'il pourrait ne pas maîtriser, aussi formé soit-il. « On peut se dire qu'on aurait envie de cacher la prothèse et tout ça et c'est le cas pour 85% des amputés, mais les 15% restant ne voient pas d’inconvénient à montrer leur différence. » « Et vous pensez que ces 15% pourraient être intéressés par l'idée d'acheter une ligne de vêtements designée par une Maison de couture ? » C'était une vraie question et James était simplement curieux. Il concevait totalement que ces personnes aspirent aussi à porter des créations qui les feraient se sentir confiantes et élégantes, mais le secteur du luxe restait élitiste aux yeux de beaucoup de personnes, qu'elles soient handicapées ou non. « La plupart des habits que je mets dans la vie de tous les jours on été modifiés par mes soins de manière à ce que la jambe du pantalon s'arrête du moignon et puisse se glisser dans l’emboîture. » Et ça impressionnait James, à vrai dire, qu'Andrew ait pu prendre l'habitude de modifier lui-même ses vêtements. Il pourrait demander à des couturières de faire ça pour lui, mais ça faisait probablement partie des choses dont il préférait s'occuper seul. « Vous voyez ce que je veux dire ? Évidemment, le niveau d'amputation dépend vraiment de beaucoup de facteurs, mais il existe quelques règles que chaque chirurgien doit suivre avec des termes précis. Donc si c'est le genre de projets qui pourrait vous intéresser, je serai absolument et totalement partant pour vous aider dans cette réalisation. » Forcément sa curiosité était piquée et James devait bien admettre que ça aurait tout d'un challenge intéressant pour Weatherton, mais aussi pour lui. « J'admets que c'est très technique et que je n'ai pas pour habitude de prendre en compte ce genre de facteurs lorsque je créé. La mode devient de plus en plus inclusive et Weatherton s'adapte à son époque, mais c'est un marché que je ne connais pas du tout. » Naviguer presque à l'aveugle, ce serait une première pour lui qui connaissait parfaitement les cibles à qui s'adressaient la plupart de leurs créations. Cette fois il partirait avec bien moins d'acquis, et ce serait déstabilisant. « En pratique, il faudrait faire intervenir des spécialistes pour superviser les différentes étapes. Vous seriez évidemment le bienvenu mais je sais que vous êtes occupé, vous ne pourriez pas être là en permanence. » Et personne n'attendrait ça de lui, d'autant plus que ce genre de campagnes prendraient du temps et impliqueraient de très nombreuses personnes. « Cela dit, je n'ai aussi jamais eu l'occasion de discuter de ces problématiques avec quelqu'un de directement concerné, alors... » Alors il ne pouvait pas faire autrement que de considérer la question. « Je trouve l'idée intéressante. » Et elle serait aussi stimulante à plus d'un titre s'il devait un jour se lancer dans ce genre de projets. « Mon père compte beaucoup sur cette campagne pour montrer que Weatherton ne créé pas une mode et souhaite célébrer les différences plutôt que les exclure. Si nos objectifs sont atteints, je pense qu'il sera d'accord pour aller plus loin. Créer une collection adaptée aux personnes en situation de handicap, ça pourrait être la prochaine étape. » Il était trop tôt pour faire des promesses, mais l'idée était envisageable et gagnerait à être débattue et considérée.
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| | | | (#)Jeu 21 Juil 2022 - 19:27 | |
| Loin de moi l'envie de dire du mal du photographe ou de mettre à mal sa carrière, c'est juste que j'ai cette (fâcheuse) manie à être toujours trop sincère et de dire les choses réellement tel qu'elles sont. Ainsi, lorsque James Weatherton en personne me demande comment se déroule le shooting photo, je ne peux m'empêcher d'émettre quelques critiques concernant le caractère du photographe. Bien que je précise que j'aurais sans doute besoin d'un petit temps d'adaptation, James est intransigeant : ce n'est pas aux égéries de la marque à s'adapter aux photographes, mais le contraire. Pinçant les lèvres, je hoche doucement la tête « Un petit effort de chaque côté rend les choses plus agréables » contredisais-je gentiment de créateur, inclinant légèrement la tête sur le côté lorsqu'il m'annonce être à quelques jours d'un prochain voyage « Voyage d'affaire ? Ou pour le plaisir ?» demandais-je, curieux, bien que j'aie du mal à imaginer James Weatherton se prélasser au bord d'une piscine ou se dorer la pilule sur la plage.
Sans doute, n'est-ce pas un sujet sur lequel le jeune homme souhaite s'étendre, car il finit par revenir au sujet initial : le photographe. Lorsqu'il dit que la notoriété n'empêche pas la connerie, j'avoue que je laisse échapper un rire amusé, hochant la tête pour confirmer ses paroles « Je suis totalement de votre avis» ayant moi-même déjà côtoyer un nombre incalculable d'acteurs et d'actrices qui se prennent pour de sacrées divas juste parce qu'ils ont joués dans un film produit par hollywood.
Toujours est-il que, finalement, Lloyd-Picket a beau être un super photographe et que sa renommée n'est plus à faire, ça ne veut tout de même pas dire qu'il est intouchable et que James ne se privera pas pour lui faire comprendre que sa façon d'agir aujourd'hui n'est pas la bonne. Je grimace légèrement puis hoche la tête, compréhensif, car de toute manière, je n'ai aucun pouvoir sur Weatherton et que la décision finale lui reviendra. Toutefois, j'insiste un peu pour éviter que l'information ne remonte trop haut et finalement le créateur accepte de seulement garder le photographe à l'œil afin que ce genre de situations ne se reproduise plus. C'est ensuite un sourire amusé qui s'invite sur mon visage lorsque le trentenaire explique qu'il n'est pas connu pour être quelqu'un de doux et compréhensif « Vous travaillez dans un milieu où la gentillesse ne vous apporte pas toujours grand chose» haussais-je les épaules.
Lorsque, finalement, ma prothèse arrive à nouveau, je l'enfile tout en priant qu'elle convienne au photographe et en faisant part d'une idée qui m'est venu d'un coup : la création d'une ligne de vêtement spécialement conçu pour les amputés. Toutefois, les questionnements de James sont totalement légitimes et j'avoue ne pas avoir pensé jusque-là. « Hm ...c'est vrai que des vêtements hautes coutures ne sont pas forcément dans le budget de la plupart des amputés » grimaçais-je en me reculant contre le dossier de la chaise, relevant mon regard sur le jeune homme « C'est une idée à creuser en tout cas» reprenais-je après que James ait expliqué tout ce que cela impliquait « Je sais que ce n'est pas évident et encore moins dans l'esprit de la maison mais est-ce qu'il serait peut-être possible de créer une ligne de vêtement de ce genre mais accessible aux petits budgets ? » je fronce légèrement les sourcils « Je ne m'y connais absolument pas en termes de logistique qui se trouve derrière la fabrication d'un pantalon comme celui-ci, mais peut-être qu'il y a moyen de trouver une solution pour réduire les coûts sans pour autant perdre en qualité ?» je hausse les épaules «Ou alors proposer des vêtements qui sont renforcer au niveau de l’emboîture des prothèses » je désigne l'emboîture de la mienne pendant que je parle puis hausse les épaules «Enfin, y a tellement d'idées et de possibilités pour adapter les vêtements, mais effectivement ça prend du temps et de la réflexion» je pose mes mains sur mes genoux et prends appui dessus pour me lever « si un jour vous avez le temps nécessaire pour qu'on puisse se voir et échanger sur le sujet, dites le moi. J'arriverais sans doute à m'arranger avec mes propre rendez-vous. »
@James Weatherton |
| | | | (#)Ven 19 Aoû 2022 - 21:41 | |
| we are equal and deserve equal opportunitie. Des remontrances, James aurait à en faire à leur photographe lorsque la séance serait terminée et qu'Andrew, qui n'avait pas à entendre combien le styliste pouvait perdre son sang froid lorsqu'il était poussé à bout, aurait quitté les lieux. « Un petit effort de chaque côté rend les choses plus agréables » Une remarque qui tira à James un demi-sourire, pas nécessairement moqueur, mais malgré tout teinté d'une certaine incrédulité. S'il avait toujours veillé à traiter ses collaborateurs avec le respect qui leur était dû, il y avait des situations où James n'hésitait pas à les recadrer. Lorsque leur photographe n'appliquait pas lui-même les règles de savoir-vivre en vigueur, il était de son devoir de le rappeler à l'ordre. De lui rappeler qu'il n'était pas plus irremplaçable que n'importe qui, peu importe la longueur de son CV. « J'imagine qu'on a déjà du vous le dire, mais votre bonté vous perdra. » Andrew ne voulait causer aucun tort à l'homme qui avait manqué de professionnalisme à son égard, et c'était tout à son honneur. James avait appris à ne rien laisser passer et était bien incapable de la même clémence, mais il devait reconnaître que ce milieu manquait parfois d'un peu d'empathie et qu'il n'était pas toujours déplaisant de constater que certains hésitaient encore à tirer dans les pattes des autres.
« Voyage d'affaires ? Ou pour le plaisir ? » Qu'il pose la question montrait bien que James et lui n'avaient pas eu l'occasion d'apprendre à se connaître en dehors de ces murs, et des rares occasions qui leur avaient été données de discuter. Dans le cas contraire, Andrew saurait qu'il voyageait rarement pour le plaisir, tout du moins lorsqu'il le faisait seul. C'était différent lorsqu'il était accompagné de sa femme, April et lui s'étant offert du bon temps lorsqu'il n'y avait pas encore l'hôtel et les nombreuses responsabilités allant de paire avec lui. Pour autant, et même à ces occasions, le boulot n'était jamais bien loin et c'est vrai, James avait toujours eu du mal à décrocher. Quoi qu'il fasse, où qu'il aille, il restait un artiste qui ne savait jamais s'arrêter de créer. « Voyage d'affaires. Nous avons un important contrat sur le point d'être signé avec des collaborateurs à l'étranger et il a été décidé que je m'y rendrai en personne. Alors je décolle dans quelques jours. » Et si d'ordinaire voyager n'était jamais pour lui déplaire, surtout lorsqu'il ne connaissait pas encore la culture du pays dans lequel il s'apprêtait à poser ses valises, cette fois les choses étaient plus compliquées. Après le cambriolage survenu à l'atelier, après qu'Auden et lui aient débuté cette collaboration qui subissait déjà un léger retard. April, elle, serait finalement celle qui s'en sortirait le mieux en son absence. Ils avaient l'habitude de ne pas être accrochés l'un à l'autre au quotidien, et c'est précisément en ça que leur mariage ne souffrait pas de l'épreuve du temps. De bien d'autres choses, mais pas de ça.
« Je suis totalement de votre avis. » James secoua la tête en signe de satisfaction. Le show biz' était dans son ensemble rempli d'individus égocentriques qui se croyaient inoubliables et ne voyaient jamais venir le moment où leur nom ne devenait plus qu'un lointain souvenir, que beaucoup étaient à peine capables de se remémorer. James en avait connu, des starlettes déchues, et comme partout seuls les vrais potentiels donnaient les destinées les plus flamboyantes. « Vous travaillez dans un milieu où la gentillesse ne vous apporte pas toujours grand chose. » Et si ce qu'il croyait entendre de la bouche d'Andrew ressemblait à du dépit, la réponse du créateur se voulut plus pragmatique. « C'est un milieu compétitif. Vous pourriez bien être la personne la plus courtoise de la pièce, si vous n'avez pas ce qu'il faut alors c'est la porte qui vous sera montrée. » Et il ne peignait pas un portrait du vitriol de ce milieu dans lequel il baignait après tout depuis toujours, il se contentait d'être réaliste. « Je l'ai compris très jeune. Peu importe mon nom, personne ne m'aurait pris au sérieux si j'avais demandé pardon à chaque fois que j'ai réussi au détriment de quelqu'un d'autre. » Et il avait bien fallu qu'il provoque sa chance, en tant que jeune créateur. S'il n'avait pas acquis l'expérience qu'il possédait et côtoyé les grands noms qui l'avaient formé, il n'aurait pas été à la hauteur. Son père lui aurait probablement proposé un poste, mais son rêve – celui de diriger un jour l'atelier – serait resté hors de sa portée. « Ne vous laissez pas faire. C'est un conseil. » Dont il pouvait bien faire ce qu'il voulait.
Discuter de l'éventualité d'une ligne de vêtements adaptée aux personnes en situation de handicap valut à cet échange de prendre une direction inattendue. James écouta Andrew d'une oreille attentive, conscient que Weatherton entreprendrait un virage significatif en travaillant sur un tel projet. « Hm ...c'est vrai que des vêtements hautes coutures ne sont pas forcément dans le budget de la plupart des amputés. C'est une idée à creuser en tout cas. » L'argent serait forcément au cœur des problématiques, comme c'était souvent le cas. « C'est ce que je pense, oui. » Qu'il tenait quelque chose, que l'idée méritait d'être étudiée et débattue autour d'une table, aussi bien remplie de créatifs que de spécialistes. « Je sais que ce n'est pas évident et encore moins dans l'esprit de la maison mais est-ce qu'il serait peut-être possible de créer une ligne de vêtement de ce genre mais accessible aux petits budgets ? Je ne m'y connais absolument pas en termes de logistique qui se trouve derrière la fabrication d'un pantalon comme celui-ci, mais peut-être qu'il y a moyen de trouver une solution pour réduire les coûts sans pour autant perdre en qualité ? » Andrew avait ce genre de questions à cœur et ça se comprenait sans mal, étant lui-même concerné et porteur d'une prothèse qui pourrait faire de lui un interlocuteur de choix si le projet devait voir le jour. « Eh bien, certains compromis pourront être faits sur les matières utilisées, pour réduire les coûts de fabrication. Mais il restera le coût de la main d’œuvre, surtout si on fait appel à des spécialistes. » Leur atelier avait l'habitude de produire des modèles répandant à des standards strictes, même lorsqu'ils innovaient du tout au tout. Fabriquer une telle collection impliquerait d'embaucher, de s'entourer de personnel qui saurait faire preuve d'une maîtrise particulière de ces codes que James ne connaissait pas bien lui-même. Ce ne serait pas négligeable. « Ce sont des questions techniques, je ne peux pas vous donner de chiffres sans avoir de croquis, d'échantillons et de devis sur lesquels me baser. Mais il y a sûrement quelque chose à faire et si c'est le cas, mes équipes et moi-même trouveront des solutions. » Il le lui avait dit, la question méritait qu'on se penche dessus et c'est ce qu'il proposerait de faire. Ce n'était pas une promesse qu'il pouvait lui garantir de tenir, mais ce n'était pas un refus. « Ou alors proposer des vêtements qui sont renforcés au niveau de l’emboîture des prothèses. Enfin, y a tellement d'idées et de possibilités pour adapter les vêtements, mais effectivement ça prend du temps et de la réflexion. » « Navré de ne pas pouvoir vous donner de réponses concrètes dans l'immédiat. Mais je pense que ce projet parlera à mon père, alors comptez sur moi pour lui en parler. » Son père serait sensible à ces problématiques, c'était lui qui après tout avait proposé de débuter cette vaste campagne autour de l'inclusion. « Si un jour vous avez le temps nécessaire pour qu'on puisse se voir et échanger sur le sujet, dites le moi. J'arriverais sans doute à m'arranger avec mes propre rendez-vous. » Il hocha la tête, lança un regard en direction de sa montre et constata qu'il était temps pour lui de prendre congé de l'acteur. « Ce serait une bonne idée. Pour l'heure je préfère ne pas vous déranger plus longtemps, on vous a assez fait perdre de temps comme ça. » Certains ici, du moins, mais il ne reviendrait pas dessus. Il glisserait en partant un mot aux assistants de Monsieur Lloyd-Picket, à défaut d'avoir pu mettre la main sur l'homme lui-même. « Je vous laisse ma carte, pour que vous sachiez comment me joindre. Et ça vaut aussi s'il y a encore un souci. » Ce qu'il n'espérait pas.
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| | | | | | | | We are equal and deserve equal opportunitie || James #1 |
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