« Damon 'personne' Williams ! » Ce fut avec grand étonnement et une lueur quelque peu inquiète que le Damon en question vint relever son regard pour tomber nez à nez avec la personne qui venait de prononcer ces quelques mots. Il avait, bien sûr, de suite reconnu la voix qui les avait prononcés et vint l’espace d’un instant sans mal se rappeler du moment auquel ils étaient associés. Une soirée où l’innocence avait été une dernière fois de mise, où ils s’était permis de laisser son cœur battre la chamade avec liberté, où il s’était senti pleinement lui-même sans venir répondre à quelconque attente de la part de qui que ce soit. Une soirée qui lui semblait être désormais bien loin derrière lui, s’étant pourtant passée seulement quelques semaines plus tôt - quelques mois au maximum. Une soirée au goût doux-amer, mais pourtant qu’il chérissait sans avoir à y apporter le moindre effort. « Samuel ! » S’il avait voulu cacher sa surprise, il n’en fut pas réellement capable - elle le trahit dans l’intonation de sa voix. Cette dernière puisait son origine dans deux choses: de voir réellement Samuel ici - les familles des employés n’étaient pas supposées se balader dans les couloirs de l’établissement -, ainsi que la personne qui était forcément à ses côtés. Personne sur qui le regard de Damon, avec un instant peut-être d’hésitation et de vint glisser son regard. Angus Sutton, ou celui pour qui le cœur de Damon manquait un battement un peu trop régulièrement. Ou celui avec qui tout avait changé du tout au tout en l’espace de trop peu de temps. Celui pour qui le jeune italien n’avait pas hésité à venir accepter cette alliance qui venait comme par magie désormais lui brûler l’annulaire. Depuis que tout était différent entre eux, leurs rencontres n’étaient plus dues au fruit du hasard et se résumaient au strict nécessaire afin de continuer de faire tourner l’entreprise. Ça n’avait jamais été ce qu’aurait souhaité Damon, mais il tentait de se résigner a l’idée que là résidait une comportement sage à adopter. Cela lui déchirait le cœur, mais après tout c’était pour éviter tout autre drame qu’il avait préféré qu’il en soit ainsi. La surprise était donc de taille alors qu’il se trouvait devant le brun sans y avoir été préparé - surtout que les traits de visage de ce dernier ne venait en rien dépeindre quelconque joie de cette entrevue.

« T’es de retour. » Même si en son sein, il était heureux de voir Angus, il ne devait pas se permettre d’exprimer telle joie d’une quelconque manière. Pas qu’il ne pourrait pas se le permettre, mais simplement qu’il savait lire une pièce et qu’il avait compris au premier coup d’œil que se permettre de glisser sur cette pente n’était pas une bonne idée. « Depuis quelques jours, oui. » Il était évident que Sutton venait faire là référence à son retour de lune de miel - celle qu’il avait effectué avec une autre que lui. Megan et Damon étaient rentrés en Australie depuis peut-être un peu plus d’une semaine, deux tout au plus, et il avait été temps pour le jeune Williams de reprendre sa place de pion dans l’équation étant associée à son personnage. Il savait qu’une entrevue de la sorte avec Angus serait donc de nouveau possible, puisque travaillant toujours tous les deux pour la même personne, mais peut-être que quelques jours de préparions supplémentaires n’auraient pas été de refus. « T’étais où ? » La question de Samuel ne le surprit pas, en revanche, puisque le gamin n’avait pas à être mis au courant de ce qu’il se passait dans sa vie à lui - surtout à la vie des circonstances dans lesquelles ils étaient de base liés. Cependant, s’il posait la question, cela voulait dire que Angus n’avait pas mentionné la nouvelle destinée de Damon à son petit frère et qu’il avait donc une poignée de secondes pour réfléchir soigneusement à la réponse qu’il s’apprêtait à lui donner: la vérité, ou le mensonge. La première était cruelle sur l’instant, le second sur la durée. Et il ne voulait en aucun cas venir faire quelconque peine, quoi qu’elle pourrait être, à Samuel alors il choisit de venir combiner les deux pour rester dans la zone de sécurité. « J’étais parti en voyage. Mais mes vacances sont terminées alors j’ai du rentrer. » Tout était vrai, dans ce qu’il venait dire à Samuel. Si bien qu’il n’eut presque avec étonnement pas trop de mal à venir lui sourire tout en le regardant dans les yeux alors qu’il lui fournissait une réponse qu’il espérait convenable aux yeux du jeune garçon.

Les yeux de Damon n’eurent cependant pas l’occasion de rester bien longtemps dans ceux du plus jeune des Sutton, car Samuel ne mit qu’un instant par la suite pour s’extirper de l’ascenseur avant que les portes ne puissent se refermer - obligeant Angus à le suivre dans cette démarche qui ne devait en rien le ravir. « Gus, tu crois qu'on arrive à voir la maison de Lee et Maisie d'ici ? » Le gamin était bien curieux, mais ce n’était pas tant étonnant que cela. Après tout, c’était de nature chez lui de l’être - ce qui n’était pas naturel, en revanche et que Damon ne mît qu’un instant avant de s’en rendre compte, ce fut l’idée qu’Angus ne prenne pas le temps de répondre à son frère mais choisir de lui adresser ses prochaines paroles. Même s’il ne le regardait d’ailleurs pas, l’italien ne pouvait se méprendre: ils n’y avaient que eux trois dans le couloir. « Ton père est là ? » La question était on ne pouvait plus légitime: les mains d’Angus tenaient en réalité un dossier, qui ne pouvait être qu’à l’intention d’un Williams qui n’était pas lui-même; et Damon avait formulé à haute voix de façon compréhensible, sans équivoque, que l’idée que Saül les voit de nouveau au même endroit ensemble n’était pas une super idée. D’instinct, le blond serait d’abord venu poser une question avant de répondre à celle d’Angus, mais s’il voulait que cette discussion ne soit pas enveloppée de peur et de retenue - plus que ce qui était nécessité par la présence de Samuel -, il se devait de commencer par là. « Non, il est déjà parti, t’en fais pas. » Comme l’était, d’après les informations de Damon, Angus également et pourtant il se tenait devant lui alors que la soirée était déjà annoncée. Il aurait du être parti de son côté aussi, mais d’avoir été absent plusieurs semaines lui avait laissé un travail monstre à rattraper à son retour, alors il tirait sur chaque jour qu’il passait au sein de la MHI pour rattraper comme il le pouvait. « Qui sont Lee et Maisie ? » La question était adressée à Angus, en cet instant, mais étant donné que c’était Samuel qui était venu apporter deux prénoms que Damon ne semblaient pas connaître dans la conversation, il n’était d’avance pas étonné si le gamin se permettait de prendre la parole à la place de son frère. Comme s’il pouvait le pressentir, l’italien savait pourtant que qu’importe le Sutton venant répondre à cette question, la réponse n’allait pas spécialement lui plaire.

« Il était à Venise, tu sais ? La ville de l'amour. » Oh, il comprenait parfaitement bien là où Angus voulait en venir en venant agir de la sorte, en pointant et en appuyant sur de tels détails auprès de son petit frère. A quoi bon, pourtant, venir extirper quelconque vérité des paroles de l’italien, s’il n’était pas venue l’exposer de lui-même ? Venir enfoncer le couteau dans une plaie qui serait à jamais grande ouverte était peut-être quelque-chose dont il se délectait, mais ce n’était pas le type de jeu auquel Damon voulait s’adonner alors que Samuel était coincé entre eux deux. Le gamin ne méritait pas de servir de tampon entre deux jeunes hommes ayant perdu la communication facile ces derniers temps. « Entre autre, oui. » Le lieu - ou, en l’occurrence, les lieux - où s’était rendu l’italien ne faisait pas grande importance. « Elle est où ma carte postale ?! » Faisant en sorte de ne pas croiser le regard d’Angus en cet instant, le blond vint adresser un sourire au plus jeune Sutton. « Je savais pas que tu aimais les cartes postales, je t’en enverrai une la prochaine fois alors. » Il savait qu’il s’avançait beaucoup en disant ça, il savait qu’il jouait également avec le feu. Pour une fois, ce n’était pas contre son paternel qu’il faisait match mais silencieux contre Angus - ce dernier lui laissait-il l’occasion de venir honorer la promesse qu’il venait de faire à Samuel, où viendrait-il déchirer la carte postale fraîchement reçue de l’autre bout du monde avant que le gamin ne puisse la voir, afin de lui montrer que le méchant de l’histoire c’était bien Damon ?

Il préféra ne pas se concentrer sur cette partie de l’histoire et venir plutôt répondre à la question qu’Angus lui avait directement adressé. Heureusement pour eux, Saül avait déjà déserté les locaux en ce vendredi soir, et ils ne risquaient pas de tomber sur lui de façon inopinée. Damon avait deviné que Sutton venait lui demander ça également - et surtout - par rapport aux dossiers qu’il tenait en mains, mais l’esprit de l’italien ne pouvait s’empêcher d’entendre, en arrière plan, les menaces que son père avait proféré à son encontre dans le même bureau devant lequel ils se tenaient tous les trois en cet instant. Et s’il n’était pas si sûr que Saül ne se trouvait pas dans les parages, un mauvais frisson serait venu parcourir son échine. Le frisson qui vint effectivement le parcourir ne fut pas à cause de son père mais bien à cause de la question qu’il se permit de poser à la suite: Samuel avait mentionné deux noms qu’il ne connaissait pas, et sa curiosité - map placée sûrement - le poussait à vouloir en savoir plus. Il le regretterait, il y mettrait sa main à couper, mais au moins il aurait réponse à la question qui s’était imposée à son esprit en une fraction de seconde déjà plusieurs minutes plus tôt. « Le meilleur ami de Samuel et ce qui lui sert de grande-soeur. » Angus fut bien plus rapide que ce qu’il s’était imaginé à venir répondre - un brin trop rapide même. Damon était persuadé que si Samuel n’avait pas été présent, il ne se serait même pas donné la peine de venir lui donner la moindre précision. « Je vois. » Cela se lisait parfaitement bien sûr le visage de Damon: il était peiné qu’ils en soient arrivés à ne même plus communiquer d’une quelconque façon entre eux deux; il devait se rappeler à chaque occasion que c’était ainsi afin de protéger Angus d’un destin qui pourrait être une descente aux enfers pour l’australien. « C'est aussi la nouvelle chérie de Gus depuis Noël dernier. » S’il y en avait un qui avait sûrement également compris que la communication n’était certainement pas au rendez-vous entre les deux hommes, c’était Samuel - et l’information qu’il vint apporter à la situation vint faire écarquiller les yeux de surprise à Damon l’espace d’un instant, avant que son regard aille de Angus à Samuel, reprenant une expression de visage un peu plus contrôlée. « Ah oui ? » Sauf qu’il n’était pas si doué que ça pour prétendre lorsque ses émotions étaient bien réelles, Damon, et pourtant il aurait aimé ne pas avoir la voix partant de trop dans les aigus en venant parler. « C'est pas ce que tu crois. » Oh, ce n’était jamais ce que les gens pouvaient croire dans un premier temps. Ce n’était jamais aussi simple que ça, bien sûr - il râlait dans sa tête mais Damon n’était pas mieux placé, son histoire avec Megan était réellement bien toute autre chose que ce que les gens pouvaient croire. « Il y connait rien. » Peut-être que Samuel n’y connaissait rien, aux relations que les adultes pouvaient entretenir entre eux et aux sentiments amoureux, mais il n’était pas idiot.

Et apparemment, le gamin était pas prêt à laisser son frère laisser penser à quiconque que c’était le cas, sa voix de faisant entendre jusque l’autre bout du couloir - heureusement que personne n’était présent en cet instant, sinon les trois auraient passé un sale quart d’heure. « Je suis pas débile, Gus ! J'avais deviné pour toi et Damon avant même que je vous vois en train de vous faire un bisou. » En entendent les mots de Samuel, Damon eut un loupé dans ses battements cardiaques et les poils qui vinrent s’hérisser sur les bras. Le petit était plus perspicace que bien des adultes - mais ce n’était pas à cause de cette partie là que Damon était chamboulé. Oh, que les souvenirs étaient aussi doux qu’amers à l’évocation du moindre baiser entre Angus et lui. Oh, qu’il s’en voulait de savoir la façon dont les choses étaient désormais. « Calme-toi. T'as raison ! » Angus vint finalement s’accroupir face à son frère, mais ce fut pourtant vers Damon que son regard vint se porter. Électrique, fut le simple fait de croiser ses noisettes, en cet instant. Déchirante, fut la sensation que vint ressentir le cœur de Damon. Était-ce de cette façon qu’il s’était senti, de son côté aussi, lorsqu’il avait appris qu’il allait se marier ? « J'aurais pas du mentir et t'es loin d'être débile, je te signale que c'est toi le cerveau de la famille. » Damon déglutit avec peine. « Depuis noël, alors ? » Oh, c’était petit et c’était idiot de le faire alors que Samuel était avec eux. C’était saisir une perche qui n’aurait pas du être tendue, en réalité, mais il ne saurait réagir autrement, l’italien. Dans toute autre situation, Angus ne viendrait pas répondre à ses questions. Dans toute autre situation, Damon n’aurait même pas été au courant de cette histoire si ça n’avait pas été pour Samuel lâchant le morceau sans qu’on lui ait demandé. Dans toute autre situation, il aurait appris la nouvelle au moment du mariage, peut-être - et l’idée que Sutton vienne reproduire ce qui lui avait fait mal au cœur venait briser celui de Williams. « C’est encore tout frais, mais ça doit déjà être sérieux. Pour qu’elle soit déjà ta chérie. » Le ton qu’il employait se voulait léger, mais le regard qu’il posait sur Angus n’avait rien de cette teinte là. Il ne voulait pas que Samuel réagisse plus que de mesure à cette discussion, mais égoïstement il voulait que son grand frère comprenne que la nouvelle n’était en rien sympathique a apprendre. Doublement égoïstement. « Je peux m’occuper de déposer le dossier dans le bureau de Saül, si tu veux. J’ai les clefs. Comme ça vous pourrez rejoindre Maisie et Lee plus rapidement. » Oh, jalousie jalousie.

« À quoi tu joues ? » A l’imbécile - la réponse était évidente, en réalité. Ce n’était pas le genre de comportement que Damon appréciait venir mettre en avant, mais aujourd’hui c’était quelque-chose de plus fort que lui. Il n’aurait pas d’autre occasion comme celle-ci, en or, de venir en apprendre plus sur la nouvelle relation amoureuse d’Angus. C’était tendre le bâton pour se faire battre, mais il pouvait s’empêcher une fois de plus de venir agir de la sorte. Et le regard avec lequel vint le fusilier Angus montrait qu’il avait piqué où il fallait. Oh, qu’il vienne lui en vouloir - au moins il viendrait montrer une quelconque émotion à son égard. Quand Damon était-il devenu si égoïste, à travers cette histoire ? Lui qui avait toujours réussi à avoir le cœur sur la main et cette même main tendue vers autrui. Il n’était qu’un pâle reflet de lui-même en cet instant, et pourtant il ne vient en rien changer son comportement, ajouter sa ligne de conduite. Au contraire, il vint davantage accrocher le regard de l’aîné des Sutton - s’il avait pu, il aurait vendu père et mère pour n’avoir à croiser que ce regard là le restant de ses jours, mais la réalité était toute autre. « Y'en a bien qui finissent mariés en l'espace de quelques mois. » Touché. Il était celui qui était venu implanter la situation d’origine entre eux deux, s’imposant autant qu’à Angus un mariage là où ce dernier ne venait pas former la seconde moitié de cette union. Pourtant, de tous ceux qui prenaient part à cette immense pièce de théâtre, Angus faisait partie des rares à connaître la vérité que l’enchaînement des actes; en outre, il savait que Damon était venu agir de la sorte afin de protéger quelqu’un qui lui était malheureusement cher - en plus d’Angus lui-même. Cette dernière partie, il n’avait pas pris soin de mettre le concerné au courant mais il assumait l’entière responsabilité de ses actions que ce point là: c’était ainsi plus facile pour Angus de venir se détacher de lui, s’il pensait que Damon était venu agir de la sorte seulement pour sauver son père, même si cela devait venir briser un peu plus chaque jour si cela était possible le cœur du jeune italien. « Mais oui, c'est du sérieux. » Le blond vint déglutir avec pleine. Le lire entre les lignes était déjà assez pénible, mais l’entendre était d’autant pire. Il le méritait, il était venu chercher la réponse - peut-être était-ce finalement mieux lorsqu’il était encore dans le noir.

Alors, autant pour venir souligner qu’il n’était en rien ravi par la tournure de cette discussion que pour donner, offrir même, l’occasion à Angus de venir y mettre un terme s’il le souhaitait, l’italien vint lui proposer de déposer lui-même le dossier dans le bureau de Saül. Il ne faisait même pas ça pour que Sutton lui en doive une ou quoi que ce soit, simplement cela lui permettait de souligner à quel point il pouvait comprendre à quel point le cœur pouvait souffrir d’apprendre ce type de nouvelle. « C'est sympa, mais je suis un grand garçon. Quant à Maisie, je n'aurai qu'à passer le reste de la soirée à tenter de me rattraper. » Les mâchoires de Damon se serrèrent encore davantage. Oh, qu’il se rappelait avec une perfection presque troublante quand il était celui auprès de qui il venait se rattraper, une fois que le rideau de cette pièce de théâtre ridicule était abaissé. C’était sûrement ça, désormais, le pire: savoir qu’il avait trouvé quelqu’un d’autre auprès de qui être la version que lui avait connu d’Angus Sutton. Il l’avait cherché, il était celui qui était venu apposer son accord sur toute cette mascarade - ce n’était pas pour autant qu’il savait faire en sorte que ses yeux ne soient pas désormais bercés de tristesse lorsqu’ils s’appliquaient à détailler les traits du visage du brun. Ce n’était pas pour autant que cela ne venait pas lui briser le coeur de savoir que l’homme qui savait faire chavirer le sien s’intéressait désormais à une autre. « Et si t'essayais de trouver le maximum de constellations pendant ce temps là ? Je me dépêche. » La phrase qu’Angus vint prononcer ensuite n’était pas adressée dans sa direction mais dans celle de son petit frère, alors que le signe de tête était en revanche pour lui. Sans venir ajouter le moindre mot pour le moment, Damon obtempéra et suivit Sutton sans rien dire, tentant de calmer son coeur venant faire des bonds dans sa poitrine pour aucune raison - le regard que lui adressait Angus était plutôt facile à déchiffrer, et ce n’était en rien par gaité de coeur qu’il semblait désirer se retrouver en compagnie plus intime de l’italien. « Pourquoi m'avoir invité à ton mariage ? » Les yeux du jeune marié en question ne savaient rester sur le visage de l’australien, mais ne purent échapper au fait que la poignée ne viendrait pas céder sous les supplications silencieuses du brun - elle était, effectivement et sans grande surprise, fermée. « Laisse, je vais ouvrir. » En première instance, il vint lever la main pour attraper celle d’Angus, la retirer de la poignée et venir ouvrir cette dernière avec la clef qu’il tenait désormais dans son autre paume - mais il se ravisa alors que sa main était déjà en l’air, à mi-chemin: il n’était pas question de venir rendre qui que ce soit encore moins à l’aise présentement, et le moindre contact physique entre Angus et lui viendrait provoquer une telle réaction il en était sur. Au moins de son côté, mais cela ne devait pas être bien différent puisque le jeune homme fréquentait désormais quelqu’un d’autre et que venir entrelacer ses doigts, même seulement pour un instant, avec ceux de son ex n’était surement pas au programme du jour.

« Tu m’as pas prévenu que tu étais sur place. » Damon attendit qu’ils soient tous les deux dans le bureau, la porte presque fermée pour venir répondre à Angus. A dire vrai, il avait l’impression de tout faire de travers ces derniers temps et ne voulait pas venir blesser d’une quelconque façon le jeune homme face à lui. Alors, il venait peser ses mots, il venait trouver l’équilibre entre exposer ce que son coeur ressentait, la vérité et ce que le brun voulait peut-être également entendre de sa part. « C’est Megan qui m’a appris plus tard dans la nuit que t’étais présent. Je savais pas. » Nerveusement il jouait avec ses mains, entrelaçait ses doigts. « Je t’ai cherché, dans l’assistance, mais je t’ai pas trouvé. J’ai fini par me dire que t’avais finalement préféré ne pas venir… « Déglutissant avec grand peine, il ne désirait pas s’arrêter en si bon chemin alors il s’empressa de reprendre la parole. Damon était quelqu’un d’assez facilement vulnérable face à autrui, et ce n’était pas face à Angus qu’il viendrait changer ça - même s’il avait presque envie de vomir à l’imaginer avec quelqu’un d’autre désormais. « Je t’en aurais pas voulu, si c’était le cas, que t’étais vraiment pas venu. Peut-être que c’était égoïste de ma part de te demander d’être là pour moi alors que toute cette situation n’a aucun sens. » Le petit rire qui vint se faire entendre comportait toute la tristesse qu’il pouvait éprouver face à l’impossibilité de la situation. Même si Megan et lui semblaient commencer à document trouver un équilibre, ce n’était pas pour autant qu’il aurait désiré voir les choses tourner autrement. « Je t’ai invité au mariage parce-que t’étais peut-être la seule personne que j’ai toujours vraiment envie de voir, et que j’aurais été rassuré de pouvoir te voir dans la foule. Comme je dis: c’était surement égoïste, je suis désolé. » Et dire qu’il était pourtant écoeuré d’apprendre l’existence de Maisie la minute d’avant; son coeur ne savait faire autrement que de fondre cependant face à Angus et il savait qu’à terme, cela serait sa perte. Et que même si l’idée même qu’Angus puisse avoir quelqu’un d’autre dans sa vie et que leur relation à eux en soit réduite à ce qu’ils tentaient de venir éclaircir désormais, la meilleure chose qu’il pouvait faire présentement et face à la question du brun, c’était d’être honnête avec ce dernier. Et l’honnêteté manquait clairement dans le quotidien de l’italien, et il se raccrocherait toujours à la moindre occasion de faire en sorte que ce soit cette dernière qui soit mise en avant.

Le silence qui pesait entre eux, maintenant qu’ils étaient entrés dans le bureau, était presque insoutenable. Des années semblaient s’être écoulées depuis la première fois qu’ils étaient venus ici, alors qu’une maigre année seulement avait eu le temps de faire son effet. Mais les faits avaient été nombreux, les péripéties de trop; peut-être que les mauvais choix étaient cependant prédominants dans cette situation, et qu’ils étaient le malheureux maitre mot de leur aventure. Ce n’était pas de la sorte que Damon aurait désiré voir les choses se dérouler, mais les choix lui avaient été justement que trop peu nombreux et n’avaient jamais été forgés pour aller dans son sens. Alors, il avait courbé l’échine, il s’était plié aux demandes de son paternel. Parfois, trop souvent, il se demandait pourquoi cependant - valait-il qu’il se fasse du mal de la sorte ? « Tu m’as demandé de me montrer discret, Damon. » Et il l’avait fait pour son bien à lui, à Angus, en aucun cas parce-que c’était ce que son coeur lui dictait de faire. Si Damon avait agi de la sorte tout le long, ce n’était en aucun cas pour que l’homme se trouvant dans la même pièce que lui ne soit plus visible dans le décor, mais justement pour qu’il puisse en faire partie sans qu’on lui montre la sortie. « Je sais. » Ses mots étaient presque murmurés - presque comme s’il n’assumait pas le fait de lui avoir demandé ça. Une fois de plus, ce n’était pas ce que son coeur lui dictait de faire mais bien ce qui se devait d’être fait s’ils voulaient tous les deux que les choses se passent de la meilleure des façons. Au moins, en agissant de façon à se faire discret, Angus ne se trouvait pas à subir les représailles d’une situation qui ne le concernait en rien. SI le coeur de l’italien avait décidé de fondre pour son sourire et ses beaux yeux, et que le père de ce dernier ne voyait pas ça d’un bon oeil, ce n’était pas à Angus de subir le désaccord de ce dernier. Il ne méritait pas ça.

« Je sais plus comment me comporter avec toi. » Le coeur de Damon se brisa une fois de plus en entendant ces mots. Ce n’était pas à ce point là qu’il aurait voulu en arriver avec Sutton. « Je sais pas ce que tu veux et je crois que tu ne le sais pas non plus. » Le moindre mot qu’il prononçait martelait l’entièreté de son corps, mais il savait partant que trop bien qu’ils ne comprenaient que la vérité. Le jeune homme n’avait pas tort: Damon était perdu. Il ne savait où la situation le menait, alors qu’il n’était pas celui détenant les cartes maitresses, et n’arrivait à naviguer parfaitement à travers l’épaisseur du brouillard qui entourait désormais son existence. Jusqu’alors, lorsque des décisions importantes devaient être prises dans sa vie, il n’avait été en mesure de le faire car ses parents étaient seuls décisionnaires pour lui. Et, lorsqu’il lui avait été donné la seule opportunité de choisir quel chemin emprunter pour le reste de sa vie, ne sachant fonctionner sans s’orienter vers le bien-être de ceux qui avaient pris des décisions à sa place toute sa vie, il les avait choisi eux plutôt que lui - ou, en l’occurence, il avait au moins choisi Saül plutôt que sa propre personne. Cependant, plus le temps passait, plus il s’apercevait des dégâts que ce seul choix pouvait avoir. Ce n’était qu’en avançant à travers les semaines et les mois qu’il se rendait compte que ce n’était finalement pas aussi simple que de se laisser passer la bague au doigt et de dire oui devant l’autel. « Non, je sais pas ce que je veux. » Parce-qu’une fois encore, il n’avait aucunement envie de mentir à Angus ou de se trouver des excuses pour la façon dont il avait agi. Il ne savait trop ce qu’il avait envie de faire parce-qu’il ne comprenait pas dans sa totalité les conséquences de ce que son coeur lui dictait de faire. Et dans la plupart des situations, ce n’était pas grave; dans la plupart du temps c’était de cette manière là que les humais agissaient. La plupart des gens ne devaient pas avoir à choisir entre être heureux et envoyer leur père derrière les barreaux ou tout son contraire. « Je sais pas parce-que j’ai peur des représailles, des conséquences, et je sais même pas quoi de plus qui pourrait arriver si je me faisais confiance. » Pour une fois aurait pu être une parole ajoutée à ses mots. Pour une fois, s’il était venu faire ce que bon lui semblait, les conséquences auraient-elles été aussi compliquées à assumer ?

Son regard restait baissé, orienté vers le sol cependant, alors qu’il prononçait ces mots pour répondre à la question pas si silencieuse de Angus. Il n’avait pas honte d’exprimer à haute voix ce qu’il avait sur le coeur, mais il avait peur en revanche de voir dans le regard de l’australien la réaction qu’il pourrait avoir à l’écouter. Il avait déjà bien fait des choses qui l’avait blessé, peut-être même déçu, et il ne saurait toléré le fait de le voir à travers ses yeux. Il ne se faisait pas confiance, parce-qu’il savait qu’il avait tant de gens à décevoir s’il agissait de la sorte. Et il avait trop besoin de savoir que ce n’était pas le cas pour continuer d’avancer - qu’importe la façon dont il viendrait faire ça. « T’en as toujours envie ? » Cependant, alors que Angus reprit la parole, le réflexe lui fit remonter le regard dans sa direction. « Qu’on se voit, je veux dire. Est-ce que t’en as toujours envie ? » Des paroles de Sutton ou du simple fait de le voir marcher dans sa direction, Damon n’aurait su laquelle de ces deux choses lui fit monter le rouge aux joues. Pendant un instant, il sut maintenir le regard de l’homme en face de lui - mais pendant un seul, pas un de plus, alors que déjà son regard se perdait sur le côté, vers le sol, partout ailleurs où il ne croiserait pas les noisettes de l’australiens. « Est-ce que j’ai vraiment mon mot à dire dans l’histoire ? » Il avait pris quelques secondes de réflexion avant de répondre à la question qui lui avait été posée. Depuis le début, son avis n’avait jamais été demandé - comme ça avait le cas pour Angus, en réalité. Damon lui avait imposé cette distance entre eux qu’il ne tolérait que par le fait qu’il savait qu’à la fin, cela pouvait être davantage bénéfique pour tout le monde s’il se montrait discret dans cette équation. « Je vois pas comment je pourrais avoir le droit d’exprimer ce que j’ai envie ou non devant toi alors que je t’ai pas laissé le choix avant… » Avancer ce qu’il désirait ou non n’avançait rien, en réalité: il avait le droit de s’exprimer sur ce qu’il ressentait. Cependant, il n’avait pas envie d’imposer ce que son coeur lui dictait à Angus - ce dernier avait déjà assez subi également de son côté. « Est-ce que t’as toujours envie, toi ? » Alors enfin, il réussit à planter ses yeux dans ceux du jeune homme face à lui. Peut-être était-ce là une supplication silencieuse, comme son coeur le désirait tant; il ne voulait cependant pas se faire des illusions alors qu’il était celui ayant tout gâché lorsque tout lui était présenté - presque - sur un plateau d’argent. « Parce-que c’est peut-être ça qui importe dans l’histoire. » Ses derniers mots avant été murmurés, alors qu’il se retenait de faire à son tour les quelques pas en avant qui le séparent désormais de Sutton.

Plus les secondes s’écoulaient, et plus les pas d’Angus faisaient qu’il se rapprochait de Damon. Et si lorsqu’il était encore loin de lui, l’italien avait réussi à garder son regard sur le jeune homme, alors qu’il était seulement à un mètre ou moins de lui, désormais, il ne savait soutenir son regard. Rien que de l’imaginer littéralement à portée de main, le coeur de Damon loupait un battement. La dernière fois qu’ils s’étaient trouvés proches de la sorte, il avait pu se permettre de réduire à néant la distance qui les séparait. Aujourd’hui, et d’autant plus avec les informations qu’il avait appris au tout début de leur discussion, il ne pouvait se permettre d’agir de la sorte - était-ce pour cela que son coeur avait tant de mal à agir normalement ? Ou était-ce parce-qu’il avait enfin trouvé le courage d’accrocher de son regard celui d’Angus, alors qu’il se tenait là, à un soupire, à un battement cardiaque de distance ? Oh, qu’il aurait envie de s’y perdre pendant l’éternité dans ce regard, si seulement cela était quelque-chose de permis de saint pour n’importe qui en cet instant.

« Premièrement, t'auras toujours ton mot à dire dans cette histoire. » Si cela n’avait pas sonné aussi dramatique, il aurait eu un petit rire en cet instant; certes, amer, mais il se serait permis une telle réaction. Cependant, à la vue de qui se dressait devant eux comme situation, Damon ne pouvait se permettre une réaction de cette ampleur. Au moins, il pouvait se dire que quelqu’un pensait encore que son avis importait, c’était toujours ça de pris - mais à quel prix ? « Deuxièmement, je veux pas que tu te sentes obligé de me voir pour me faire plaisir, mais parce que t'en as envie. » Le regard qu’il était en train de lui porter en cet instant ne venait-il pas parlé de lui-même ? Damon avait l’impression qu’il était possible, d’autant plus en cet instant, de lire en lui comme dans un livre ouvert; peut-être que Angus le voyait parfaitement mais qu’il attendait juste qu’il ose enfin le dire, qu’il se lance à mettre des mots sur ce qu’il pouvait ressentir, sur ses désirs. « Troisièmement, j'aimerais que tu cesses de faire passer les autres en priorité et que tu commences à penser un peu plus à toi. C'est de ça dont j'ai vraiment envie. » Entre les deux jeunes hommes, il avait eu mille et un quiproquo et autant de bâtons mis dans les roues. Et parfois, Damon oubliait que ça aurait pu être aussi simple que les paroles qu’Angus mettait présentement en avant. Avoir envie, tout simplement, que l’autre soit heureux. Dans un tout autre monde, ils auraient eu le loisir de se concentrer sur ce type d’objectif - le quotidien de l’italien se composait tout autrement depuis des lustres déjà. « Et puis arrête de vouloir faire passer mes désirs avant les tiens parce que tout ce que je veux c'est que tu sois heureux. »

Ce fut à ce moment là que l’index de Sutton percuta doucement le torse de Damon, presque à l’endroit où se situait son coeur - assez près en tous cas pour faire manquer un battement, peut-être deux même, à ce palpitant. Les azurs de l’un accrochant les noisettes de l’autre. Le temps semblant comme, l’espace d’un instant, s’arrêter de s’écouler. Il n’avait qu’à continuer de réduire cette foutue distance entre eux, Angus, s’il voulait rendre Damon heureux; le secret n’était pas plus gros que ça. Il n’avait qu’à lui sourire pour qu’il oublie le monde gravitant autour de lui et toutes les contraintes que ce dernier apportait. L’information l’avait pourtant percuté de plein fouet lorsque Samuel l’avait annoncé, mais Damon avait déjà oublié que l’homme sachant lui couper le souffle d’un regard était lié à une autre. C’était idiot, de réussir à autant s’attacher à une autre personne, surtout pour la peine et la souffrance que cela pouvait apporter. Mais bordel, il ne pouvait s’empêcher d’en pincer pour Angus de toutes ses forces, malgré les aléas qui leur avaient été imposés - lire ici: ceux que Saül était venu les obliger à supporter alors que l’histoire entre eux ne le regardait en rien. Et alors, si la voix du second Sutton présent entre ses murs ne s’était pas fait entendre derrière lui, il aurait enfin peut-être réussi à laisser échapper que bordel bien sur qu’il crevait d’envie de voir Angus, encore et encore. L’herbe lui fut coupée sous le pied trop rapidement pour sa capacité de réaction en cet instant. « Gus, j'ai fini de compter ! » Et alors l’absence du contact du doigt d’Angus à travers sa chemise fut aussi brutale qu’une brulure de cigarette. « Je reste joignable sur mon portable. » Et alors qu’il leva la main pour attraper celle de Sutton, ce dernier était déjà trop loin, hors de portée, sorti de la pièce dans laquelle ils s’étaient temporairement réfugiés. Le soupire qui s’échappa d’entre les lèvres de Damon fut semblable à ceux entendus lorsque l’air venait à trop vous manquer. Il s’en voulait, de réagir de la sorte, de s’autoriser à se faire avoir par des émotions qu’il ne savait contrôler. Mais pour la première fois depuis longtemps, Angus avait laissé une porte ouverte. Lors de leurs dernières discussions, cette dernière ne semblait pas visible depuis la rive où se tenait Damon, et il avait fortement espéré qu’elle devienne réelle. Cette fois ci, le brun avait clairement formulé à haute voix qu’il n’était plus autant énervé contre lui et qu’il faisait au moins l’effort de lui laisser la possibilité d’une seconde chance.

« Alors t'en as trouvé combien ? » La question ne s’adressait plus à lui; la dernière chose qui lui avait été adressée était un regard de la part d’Angus avait que toute son attention se concentre sur son frère, attendant après lui, présent bien malgré lui au milieu de cette situation. Et si Samuel n'avait pas été là, Damon se serait permis d’ajouter quelque-chose, de retenir Angus un instant de plus, rien qu’au pire pour plonger son regard dans le sien un instant supplémentaire. A la place, il mordit l’intérieur de ses joues pour se forcer à ne prononcer un mot de plus. Il avait autre chose à faire ce soir, était attendu ailleurs, avait continué sa vie surtout. Comme Damon l’avait fait avant lui. Et si son coeur se fissurait toujours un peu plus lorsqu’il repensait à la façon dont il s’était comporté face à Angus, il se faisait surtout à l’idée que si la pareille lu était rendue, c’était simplement la récole de ce qu’il avait semé. Et apprendre que le jeune homme partageait son quotidien avec une autre était peut-être dur à entendre, mais il se devait de l’accepter et de le concevoir. Cependant, son coeur chauffait différemment à l’idée qu’il pouvait désormais se permettre de lui envoyer un message - qu’importe la raison qui le pousserait à agir de cette sorte.