Lorsqu’elle arriva au travail ce matin-là, Kitty se dirigea directement dans la salle de pause pour déposer son sac dans son casier et épingler le badge où était inscrit le surnom qu’elle utilisait au quotidien – à tel point qu’il était devenu son vrai prénom, à ses yeux – sur son tee-shirt noir basique et plutôt ample. Habituellement, elle travaillait en soirée car en journée, le DBD ne servait presque que du café. Mais bon, son manager lui avait donné cet horaire, alors… elle était là. Son ventre commençait tout doucement à pousser, et elle n’avait toujours pas pris de décision concernant le petit occupant à l’intérieur. Plus question pour elle de porter des vêtements moulants, la hollandaise n’avait pas envie que tout le monde remarque son état – surtout pas au travail. Elle n’avait pas ressenti de véritables symptômes relatifs à sa grossesse, qui se déroulait sans encombre. Pratiquement pas de nausées – une chance – en revanche elle se sentait extrêmement fatiguée. Dinah, avec qui elle vivait actuellement et qui était médecin urgentiste, lui avait offert son aide, Kitty ne savait toujours pas comment la remercier pour son soutien sans faille et son aide au quotidien et avec la grossesse. Elle n’avait pas réussi à joindre Gideon, le père. Ou le géniteur, Kitty ne savait pas très bien comment le considérer. Le frère et la sœur de ce dernier lui avait mis de sérieux bâtons dans les roues, aucun des deux ne l’avait crue quand elle leur avait avoué être enceinte de leur frère et chercher un moyen de le contacter. Ils avaient même exigé un test ADN ! Test auquel Kitty s’était pliée, mais qui l’avait humiliée. Elle savait qu’ils pensaient qu’elle couchait avec tellement d’hommes que la paternité de Gideon n’était pas certaine, et ça l’avait bien évidemment blessée car c’était justement parce qu’il avait été le seul au cours des derniers mois – voir de l’année – qu’elle savait qu’il était le père du petit machin qui poussait entre ses entrailles.

Bref, la jeune femme avait pris deux petits kilos depuis le début de sa grossesse mais elle pouvait encore cacher son état vu sa maigreur de base. Une fois son badge accroché, elle se dirigea machinalement vers le bar du Dead Defore Decaf’ où elle travaillait en tant que barmaid. Elle ne s’occupait que rarement des boissons à base de caféine, son truc à elle c’était plutôt les alcools et autres cocktails. Le café, c’était plutôt le boulot des baristas avec qui Kitty avait rarement des contacts du fait de leurs horaires décalés. Il y avait aussi sa timidité d’une et son manque d’envie de se mêler aux gens, qui faisaient qu’elle ne cherchait jamais à leur parler lorsqu’elle les croisait. Elle espérait toujours rentrer dans son pays, et à part Dinah elle n’avait aucun ami ici à Brisbane. Son manager l’intercepta en chemin, apparemment essoufflé : « Ah ! Kitty, tu tombes bien. Je me suis planté dans les plannings, j’ai demandé à John de venir ce soir et il me manque un barista pour la journée, du coup. Tu vas aller aider Wendy, ça te va ? » La réponse que Kitty aurait aimé donner : non, rappelle John parce qu’en tant que barman c’est un incapable et je ne vaux certainement pas mieux comme barista. La réponse qu’elle lui fit, en réalité ? « Pas de problème ». Et docilement, la blonde se dirigea vers le coin des faiseurs de café – en essayant de masquer son agacement au mieux. « Wendy ? Salut, je… je dois venir t’aider aujourd’hui, il manque un barista » lâcha-t-elle à la brunette en montrant son propre badge, comme pour lui rappeler son prénom. Elle se fendit même d’un sourire, parce qu’après tout sa collègue n’y pouvait rien si le manager s’était planté dans les plannings.  « Par contre je… je n’ai jamais fait ça avant ». En disant ces quelques mots, elle désigna d’un geste de la main flou les machines à café et tous les pots qui traînaient autour. Kitty n’avait par exemple pas la moindre idée de comment faire des dessins dans la mousse de lait… ni même, comment faire de la mousse de lait. Elle se tourna vers sa collègue, qui travaillait ici depuis bien plus longtemps qu’elle : Wendy pourrait sans doute lui apprendre quelques trucs avant que le service ne commence.

Le savoir, c'est le pouvoir. Parce qu'il n'y avait pas d'autre solution, et que si le monde était fait ainsi c'était pour une bonne raison. Du moins, c'est ce que Wendy avait toujours imaginé. Parce qu'elle avait entendu et vu ses parents suivre ce mantra sans scrupules. Toujours a se voiler la face au vu de la réalité, à tourner le dos à ceux qui auraient pu faire tomber cet équilibre grotesque. Peut-être qu'avec le temps Wendy avait pris le mood de ce qu'on lui a inculqué toute sa vie, même si elle se voulait différente, elle était façonnée de cette manière. Cherchant pourtant une échappatoire constante dans ce tourment d'angoisses et de mensonges. C'est peut-être avant tout pour cette raison que quand Carl a proposé à l'Australienne de rejoindre le Death Before Decaf, elle a accepté. Parce qu'elle avait envie de pouvoir compter sur elle-même pour chaque chose. De ne pas avoir à demander de l'aide à ses géniteurs constamment. Pour le coup, Wendy n'avait besoin d'aide de personne, et c'était sûrement l'un de ses pires défauts. Tête brulée à toujours vouloir aller trop vite pour démontrer qu'elle a le mérité d'y arriver seule. Mais au final, l'important c'était qu'elle soit fière de son parcours, fière d'elle-même et les choses étaient sur la bonne voie. Ce qui avait un sens plutôt plaisant. Perdre doucement son temps n'avait jamais été un plaisir pour l'Australienne, plutôt du genre à être constamment en mouvement, à ne respirer que quand ses poumons la brulent. Elle vit à deux-cent à l'heure sans se soucier du reste du monde. Une petite pile électrique sans faille. Du moins, en apparence. Mais l'avantage, c'est que son petit job de barista lui permet également de la canaliser. Parce que cela demande du détail et de la minutie, ce que jusque là, elle n'avait pas eu l'habitude d’entreprendre. Mais sincèrement, elle s'éclatait dans ce milieu. Elle qui doutait pourtant de ses capacités à rester courtoise et patiente. C'était dingue. Alors, jamais pour l'instant, elle n'a été à reculons au café, bien au contraire. Toujours ravie de retrouver l'ambiance de ce comptoir, mais surtout ses collègues. Wendy, elle avait cette capacité à devenir un vrai caméléon et à s'adapter purement à n'importe quelle situation. Ce qui n'était finalement parfois pas si mal. Et puis, tant qu'elle passait un bon moment c'était suffisant. Le visage rayonnant, elle avait donc pointé le bout de son nez avec quelques minutes de retard au café ce matin là. Parce que la vieille avait été un peu mouvementé, comme toutes ces soirées, mais c'était une autre histoire. Malgré cette mauvaise habitude, il était rare que la jeune femme ne soit derrière ses cafés après l'heure. Elle s'activa alors dix fois plus, ne faisant attention à rien d'autre que la préparation de son poste de travail avant l'ouverture officielle et l'arrivée des clients. Alors, elle n'avait pas du tout fait attention à la silhouette qui avait pris place à ses côtés. Elle n'avait pas fait attention qu'on attirait son attention et qu'il fallait qu'elle réagisse. Bien trop absorbée par sa tâche. Un sursaut léger quand elle aperçu la blonde, le regard vague sur le badge. Kitty. Un drôle de prénom. Enfin, bien sûr, elle connaissait la jolie blonde, mais elle n'avait pas encore eu l'occasion de garder son prénom en mémoire, ou de lier les deux. Wendy, son job c'était un peu de rester dans son coin, de répondre aux attentes des rois et de ne pas faire d'histoire. Alors, elle était surprise de voir sa collègue serveuse derrière le comptoir. Là ou en général, personne ne mettait les pieds à part elle. Un sourcil se haussa sur son visage alors qu'elle prenait le fil des mots de la blondinette. "Oh, salut. Pardon, je t'avais pas entendu venir." Un sourire franc sur son visage d'enfant. "Oui, on m'a lâchement abandonné, mais je t'en prie, t'es la bienvenue derrière ce comptoir." Un clin d'oeil timide à sa nouvelle coéquipière du jour. Ça ferait finalement pas de mal d'avoir enfin une présence féminine à ses côtés pour bosser aujourd'hui. "Ne t'en fais pas, ce n'est pas si sorcier et je serai là au besoin" Après tout, elle-même avait du apprendre sur le tas. Parce qu'elle était loin d’être douée de ses mains Wendy, même plutôt du genre miss catastrophe. Alors il avait fallu un petit temps pour qu'elle s'adapte, mais ça l'avait toujours fait. Parce qu'au fond, y avait juste à suivre le procédure. "Tu sais déjà comment fonctionne la machine? Dis moi ce que tu veux savoir, on a encore un peu de temps avant les premiers clients. Autant faire le tour." Wendy, elle était pas très pédagogue mais elle aiderait du mieux qu'elle le pouvait Catherine dans sa nouvelle tâche du jour. Elle pouvait comprendre que ce changement de poste si soudain puisse ne pas être apprécié, alors autant passer un bon moment.

Kitty se savait discrète, mais elle songea que si sa collègue ne l’avait pas entendue approcher, ça devait être parce qu’elle était occupée – et probablement concentrée – dans sa tâche. La faute aux talons hauts de ses bottines en daim camel, qui signalaient sa présence bien malgré elle. La brune haussa un sourcil et la détailla, une seconde qui sembla en durer 20 à Kitty… et finalement elle lui sourit comme si elle prenait enfin la mesure des paroles de la blonde qui lui faisait face. « M… merci » répondit-elle lorsque Wendy lui souhaita la bienvenue derrière son comptoir. Au clin d’œil de la jeune femme, Kitty sourit – peut-être finalement que ça ne serait pas si terrible de travailler en journée, et aux cafés, pour une fois ? En tout cas, elle avait connu collègue à l’air plus désagréable au cours de ses nombreuses années de service derrière un bar.
Elle précisa toutefois qu’elle n’y connaissait rien, et la brune s’empressa de la rassurer : elle pourrait l’aider, au besoin. Avait-elle déjà utilisé cette marchine infernale, demanda Wendy. « Hmm… pas vraiment, je l’ai seulement utilisée quelques fois pour servir des cafés classiques ». Elle haussa les épaules, observant la machine qui semblait permettre tant de choses, et avec laquelle elle n’avait pourtant aucunes affinités. « Le soir, c’est… c’est plutôt rare de servir le café, les clients préfèrent les bières et les cocktails », et ça arrangeait bien la grande blonde qui maniait à la perfection le shaker. « J’imagine que si je me mets à secouer le café, personne ne l’appréciera » tenta-t-elle même pour plaisanter un peu. Sa timidité revint au galop, et la jolie blonde sentit ses joues rosir face à tant d’audace de sa part. C’était si rare qu’elle ose glisser un trait d’humour dans une conversation, encore plus avec quelqu’un qu’elle connaissait à peine !

Un petit cours rapide s’imposait, pour ce qui était des différents cafés que l’on pouvait préparer avec la fameuse machine. Catherine écouta sa collègue avec attention, tandis que celle-ci lui expliquait dans les grandes lignes comment faire. Elle n’avait jamais été très studieuse, mais ce n’était pas une idiote non plus et elle avait suffisamment de mémoire que pour retenir quelques petites manipulations avec l’appareil. L’arrivée des premiers clients se ferait dans quelques minutes, et c’était ce que Kitty redoutait plus que l’utilisation de la machine à proprement parler. Parce que jamais un appareil ménager ne la jugerait, contrairement aux gens pressés derrière le comptoir. C’était aussi une des raisons pour lesquelles elle préférait travailler le soir : rares étaient les clients pressés, entre deux rendez-vous ou que savait-elle encore. En général, les gens venaient plutôt se détendre et étaient donc par conséquent beaucoup moins stressés. Ceux qui venaient noyer leur chagrin étaient peut-être les plus exigeants, et encore. « Est-ce que… les clients sont cools, en journée ? » demanda-t-elle à Wendy en essayant de garder un air décontracté. En réalité, elle avait surtout l’air crispée : Catherine ne trompait personne, ses émotions se lisaient sur son visage. Encore une chose qu’elle n’aimait pas trop chez elle. Que n’aurait-elle pas donné pour avoir la fameuse poker face ?!

Ce qui était certain, c'est qu'il y avait du bon dans tout cela. Parce qu'au final, l'Australienne trouvait parfaitement son bonheur dans l'ensemble de ce remue-ménage qu'était sa vie. Dormir devenant une option considérable de son quotidien. Parce que Wendy, c'était une petit boule de nerf qui ne s'arrêtait clairement jamais. Ne tenant absolument pas en place. Mais au fond, ça lui convenait parfaitement tout ce cirque et c'était bien là le principal. Son petit job étudiant lui permettait d'atteindre une maturité déjà surprenante chez la jeune femme de vingt-trois ans, mais surtout une indépendance bien plus grande, parce que malgré tout, Wendy elle n'avait pas encore eu le cran de quitter le domicile familiale. Elle aimerait tant ne rien devoir à personne, plus jamais, mais il y avait encore du chemin à faire. Son boulot a de l'importance, autant que le reste, donc elle admet être heureuse de pouvoir partager son savoir, même si elle sait qu'il n'est pas immense et qu'elle a souvent dû se débrouiller seule pour comprendre et parfois user de stratagème pour rendre le client heureux, mais elle s'est toujours éclatée et c'est ce qu'elle voulait. Que tout ne devienne pas une contrainte à force. "Je sais que ça fait un peu flipper comme ça, mais c'est juste pour le frime" Wendy haussa les épaules tout en expliquant le fonctionnement de ce monstre. Elle avait été aussi impressionnée de voir autant de machins différents, mais très vite, elle avait compris que c'était surtout pour donner un style et non pour ses fonctionnalités grandioses. "Je vais également te filer la carte, tu vas voir tout est indiqué dans le moindre détail" C'était l'avantage, les ingrédients étaient nommés et facile à comprendre, rien d'aussi fou qu'un cocktail. Enfin, elle imaginait. Les deux jeunes femmes firent donc le tour du comptoir, Wendy essayant de rien oublier. Ce qui n'était sûrement pas gagner, parce qu'elle était plutôt tête en l'air la brunette, mais elle finirait par le remarquer dans le feu de l'action. "Voilà je pense que tu sais à peu près tout, et de toute manière, je suis là si y'a besoin, donc n'hésite pas à crier ou à jeter ton café sur les clients, je le remarquerai" Un léger rire franchit les lèvres de Wendy alors qu'elle s’assurait que sa nouvelle collègue barista ne panique pas à l'idée de ce qui allait se passer dans la journée. Après tout, ce n'était pas autant un calvaire qu'on pouvait le penser. Dans la grande majorité, il s’agissait souvent des mêmes visages et jusqu'à présent Wendy n'avait pas eu le moindre soucis avec qui que ce soit, ce qui était une victoire. "Oui, c'est souvent des habitués, ou des personnes de passage. Dans les deux cas, ils ont rarement le temps de t'embêter" L'Australienne prit une légère inspiration. "Au pire, ils veulent juste leur dose de caféine et c'est tout" Ce qu'elle avait du mal à comprendre tellement elle pouvait trouver le goût du café ignoble. Et peut-être que le fait de bosser en plein dedans n'avait pas arranger les choses. "Du coup, t'es plus une femme de la nuit?" Wendy, elle profita du calme avant la tempête pour en savoir un peu plus sur la jeune femme. Après tout même si elles étaient collègues, elles ne savaient rien l'une de l'autre. La preuve, Wendy n'avait même pas été certaine de son prénom. Bien sur, elle ne voulait pas être intrusive dans sa vie, loin de là. Juste en savoir un peu plus, même sans détails personnels. Et puis,c et échange permettrait sûrement de détendre Catherine qui semblait sur le point d'exploser. Mais la brunette n'en fit aucune remarque, au contraire, elle se voulait courtoise et souriante.

@Catherine Smet merci petit loup

Les doutes et angoisses de Kitty se lisaient sur son visage, ainsi Wendy la rassura-t-elle en lui jurant que les machines frimaient avec tous leurs boutons, et qu’en vérité ce n’était pas si compliqué. Elle donna également une carte à la belle blonde, et comme promis : tout y était clairement noté. C’était la même chose, pour les cocktails… mais Catherine songea qu’il y avait tout de même un ordre à respecter, concernant le mélange des ingrédients. Lorsque Wendy ajouta qu’elle savait un peu près tout, mais qu’il lui suffirait de crier ou de lancer son café sur un client pour attirer son attention en cas de besoin, la hollandaise se détendit et laissa échapper un éclat de rire. Elle n’oserait bien entendu jamais faire ça, mais elle apprécia la touche d’humour de la brune. Cette dernière confirma à la nouvelle barista que les clients étaient pour la plupart des habitués, et qu’ils voulaient simplement leur dose de caféine – pas une raison suffisante pour mettre la pression à Kitty, concrètement. La blonde hocha la tête, ce n’était finalement vraiment rien de sorcier et elle devrait y arriver sans trop de problème, si personne ne venait la houspiller au cours de la journée. En ce moment, elle était particulièrement sensible. La jeune femme mettait ça sur le compte des hormones, ou de l’éloignement avec ses amis et sa famille restés aux Pays-Bas.

A la question de Wendy, Catherine sourit timidement. « Pas spécialement, ça s’est fait comme ça… dans mon pays, je travaillais aussi la journée et je servais le soir dans un bar. Il s’avère que je m’en sors bien, comme barmaid… alors quand il a fallu que je cherche un boulot… disons que j’ai été vers ce que je maîtrisais ». La jeune femme savait que bientôt, sa grossesse poserait problème. Elle n’avait jamais vu une barmaid enceinte, mais elle ne pouvait pas se permettre tout de suite de l’annoncer à ses patrons. Elle avait besoin d’argent. Dinah était une logeuse et une femme exceptionnelle, mais elle ne pouvait pas lui faire la charité – Kitty s’y refusait, elle avait bien trop de fierté pour ça. De plus, si la blonde tenait à rentrer dans son pays, il lui fallait mettre de l’argent de côté pour pouvoir acheter un billet d’avion retour. Restait à savoir si elle rentrerait avec un bébé ou… seule. La fameuse décision n’était pas encore prise. Elle ne savait même pas si elle mettrait cet enfant au monde. Il lui restait encore un peu de temps pour se décider.  « On va dire que je suis une bosseuse sans horaire de prédilection. Et toi, tu travailles ici tous les jours ? » La conversation avec Wendy était plutôt simple et naturelle pour Catherine, qui se fit intérieurement la remarque. Elle ne la mettait pas mal à l’aise, quelque chose dans son sourire peut-être ? C’était agréable, pour une fois. Autant en profiter, avant l’arrivée des premiers clients qui se faisaient pour l’instant attendre. Et c’était tant mieux, Kitty ne se réjouissait pas de les voir débarquer.

Malheureusement pour la blonde, un café sans clients ça n’existe pas. Les premiers d’entre eux finirent donc par arriver, et elle observa Wendy puis se mit en renfort lorsqu’une file se forma. Arriva un moment où un client demanda un cappuccino, dans lequel Kitty était supposée faire un dessin. Elle en était bien incapable, elle se réfugia donc auprès de la brune tandis que le café coulait. « Euh, excuse-moi Wendy mais… je ne sais pas comment faire un dessin dans le café. Tu peux me montrer s’il te plaît ? » Elle se mordilla la lèvre, en jetant un regard vers le comptoir. La cliente n’avait pas l’air pressée, elle désirait prendre son café sur place.

Il aurait été facile de faire autre chose, de se contenter du minimum que la vie offrait. Surtout quand il y avait les moyens de le faire, mais ça n'avait jamais été son genre à Wendy, bien au contraire. Parce que oui, les Craine n'étaient pas n'importe qui et qu'ils avaient les moyens de s'en sortir sans faire de grand effort. Parce qu'ils avaient toujours eu l'habitude de vivre dans un certain luxe. Pas au moins d'être immortel, non loin de là, mais assez pour faire semblant d'être heureux. L'Australienne, elle n'avait jamais eu l'envie de se reposer sur ses lauriers, d'attendre bêtement que les choses lui tombent toutes cuites dans le bec. Pas le moins du monde. Wendy, elle avait ses propres valeurs et elle continuerait de le démontrer au monde. Elle valait mieux que son nom de naissance. Certes, elle n'était pas malheureuse, c'était au moins un fait, et d'ailleurs, elle n'avait pas vraiment le temps de réfléchir à tout cela. La brune, elle menait une vie à pleine vitesse, sans jamais regarder en arrière, sans jamais se demander si c'était une bêtise ou non. C'est pour un tas de raisons différentes et sûrement grotesques, qu'elle avait rejoint le café. Qu'elle avait décidé qu'elle passerait son temps libre à servir des inconnus ronchons et assoiffés d'une dose de caféine. Mais ça lui plaisait, et c'était là l'essentiel non? Elle avait appris, doucement mais sûrement, prenant le temps de comprendre chaque méthode et de savoir pourquoi il était important de bien faire. Et à son tour, elle pouvait rendre la monnaie à quelqu'un. C'était son premier baptême en tant que responsable et ça avait un côté agréable. Non pas qu'elle soit du genre tyran, à donner des ordres et à ne rien faire de son côté. Rien que d'y penser, cela lui donna un frison. Alors peu importe, elle ferait tout pour être elle-même tout en aidant au mieux sa nouvelle camarade barista à trouver ses marques. De toute manière ce n'était que pour une journée, et tout irait bien. Elle l’espérait sincèrement. Alors elle fit le tour des différentes installations, des différentes possibilités des boissons à la carte. Ce qui n'était rien d'extraordinaire, même si elle savait que la première fois, elle avait été effrayée. Mais l'erreur était humaine, et il n'y avait pas de raison que tout se passe mal. Alors, elle laissa Catherine prendre ses marques, se repérer, admirer la carte et ainsi de suite.  "Tu vas t'en sortir, j'en suis persuadée." Et elle le savait. Le temps roula, mais les clients ne voulaient encore guère montrer le bout de leur nez. Wendy, en profita pour interroger Catherine, non sans curiosité. Elle avait simplement envie d'en connaître plus sur la jeune femme à ses côtés. Elle était toujours fascinée par le passé et le pourquoi ils avaient choisi cette voie. Alors, elle écouta attentivement la blondinette, essayant de ne pas la couper avec un tas de questions, parce qu'elle n'avait pas non plus envie de la fuir, pas maintenant c'était trop tôt. Une fois le speech de Catherine, l'Australienne hocha la tête.  "Je comprends, ça a du bon de savoir dans quoi on se lance, surtout quand on débarque. Enfin j'imagine." Parce qu'à dire vraie, elle en avait aucune idée, Wendy ça faisait des années qu'elle était en Australie. Oui, elle avait voyagé, mais elle n'avait jamais connu autre chose que son environnement actuel.  "Je suis sincèrement impressionnée en tout cas. Tu dois voir de tout." Wendy émit un petit rire en passant à ses propres soirées, où souvent, il n'y avait que quelques cas rares de personnes lucides. Elle balaya d'un geste de la main cette idée, ce n'était sûrement pas une information à partager ici.  "Oh non, je suis seulement là en renfort. Autrement, je suis étudiante. Ce qui n'est pas fascinant, je le conçois totalement." Ce n'était qu'un petit mi-temps qui lui permettait de garder les pieds sur terre, mais surtout d'avoir son propre revenu financier. Sans l'aide de papa et maman. Ça lui prenait du temps, bien évidement, mais elle aimait ça. Wendy souffla en voyant venir les premiers clients, il était temps de se mettre dans le bain et de cesser les bavardages. Une phrase qu'elle avait souvent entendu ici. Ce n'était pas de sa faute si elle avait du mal avec le calme. Après tout, il était possible de faire deux choses à la fois. Alors elle prit le temps de répondre aux attentes des clients du jour, des choses banales à des demandes extravagantes. Intérieurement, elle savait que la journée serait longue. Entre temps, elle ne pouvait s'empêcher également de jeter un coup d'oeil à la barista du jour pour savoir si elle s'en sortait pleinement sans se batailler avec le monstre qui servait de machine. Jusqu'à ce que Catherine vienne justement à elle. Wendy était entrain d'encaisser un client quand la petite voix de la blondinette la fit sursauter. Décidément, elle perdait vite la notion de l'environnement quand elle était concentrée dans une tâche. Elle remercia l'homme en face d'elle, avant de se tourner vers sa collègue.  "Oh, ne t'en fais pas, je te montre" Elle n'allait tout de même pas laisser Catherine avec un "démerde toi" ça aurait été délicat. Alors, elle embarqua la blondinette avec lui pour lui montrer la marche à suivre. Ok, elle devait avouer que c'était la partie la plus délicate et casse pied de son métier, mais c'était assez amusant à faire. Tout en lui montrant, elle essaya de mettre des mots sur ses gestes, ce qui n'était clairement pas clair, elle s'en excuse un milliard de fois."Je suis navrée, c'est vraiment plus facile à faire qu'à expliquer. Mais entraine toi, après-tout c'est comme ça qu'on apprend et puis, ça va commencer à se calmer un peu " En effet, Wendy leva les yeux vers la pendule centrale pour constater que le rush allait bientôt toucher à sa fin. N’engrenant que quelques clients à l'heure en suite jusqu'au prochain gros rush d'après déjeuner. Catherine aurait donc le temps de parfaire sa technique. "Tu verras à force, on s'y habitue et tout devient un automatisme."

Les encouragements de Wendy étaient appréciables, bien que Kitty ne douta pas réellement du fait qu’elle allait s’en sortir avec les machines. La jeune femme espérait surtout que ça irait avec les clients, les premiers jours étant toujours un peu plus difficiles que les autres. Elle n’avait pas envie de devoir dire aux gens que c’était la première fois qu’elle servait en tant que barista, ce qui était tout de même assez gênant. Sa collègue brune se déclara impressionnée par son travail en tant que barmaid, et Catherine hocha la tête d’un air entendu quand l’autre lui dit qu’elle devait voir de tout. « Tu ne crois pas si bien dire ! Le soir, il y a toujours plus de gens un peu étranges. Mais c’était bien pire à Amsterdam, je travaillais dans un quartier… peu recommandable et les gens suspects étaient légion » confirma-t-elle, sans préciser qu’il s’agissait du quartier de la drogue et des prostituées – certaines de ses anciennes collègues serveuses remplissaient même ce rôle en plus de servir à boire aux clients. « Il y avait ce vieux type, par exemple… il se baladait toujours en marcel avec un énorme crucifix accroché au cou, et il était tellement gros que le crucifix semblait flotter tant la chaîne était tendue sur son ventre ! Il venait tous les soirs, il buvait toujours un pastis et partait très exactement deux heures après son arrivée. Une vraie montre suisse ! » Un exemple parmi tant d’autre, auquel elle repensa avec une certaine nostalgie. Sa ville lui manquait, son pays et ses quelques amis également. La vie ici n’était pas désagréable, elle était arrivée à la meilleure saison qui plus est… mais ce n’était définitivement pas la même culture que dans son pays.

La blonde demanda ensuite à Wendy si elle travaillait au Dead Before Decaf’ tous les jours, ce qui n’était apparemment pas le cas puisque la brune était encore étudiante. En effet, les études n’avaient jamais fasciné Kitty mais elle comprenait totalement que d’autres puissent apprécier. Ainsi s’intéressa-t-elle à sa collègue, en demandant : « qu’est-ce que tu étudies ? Si… si c’est pas indiscret ». Elle avait fui les études que ses parents avaient cherché à lui imposer, à l’époque… préférant chercher un petit boulot et prendre son indépendance. Elle ne le regrettait pas, malgré la petite chose qui poussait dans son ventre depuis sa rencontre avec Gideon. Rencontre qu’elle aurait clairement évitée, si elle avait fait des études. Mais on ne peut pas revenir sur le passé.

Les clients arrivèrent, premier rush du matin. Wendy montra à Catherine comment faire les dessins dans la mousse de lait – ce qui demandait un certain doigté. La petite brune lui promit qu’avec un peu d’entraînement, elle choperait le truc automatiquement. « J’espère que je n’aurai pas à choper le truc, en vérité… c’est chouette de travailler avec toi, mais mes shakers me manquent » avoua-t-elle, tandis qu’un client passait la porte. Depuis qu’elle était arrivée, Wendy était la personne qui lui semblait le plus sympathique ici au DBD. Quel dommage qu’elles ne fassent pas le même shift ! « Bonjour mesdemoiselles ! Un latte machiatto caramel, s’il vous plaît » commanda le client, et Kitty ne put s’empêcher de sourire car c’était sa boisson préférée – en matière de café, en tout cas. Les suivants s’enchaînèrent, mais pas suffisamment pour les jeunes femmes n’aient pas le temps du tout de discuter. « Dis-moi, tu… tu vis depuis longtemps à Brisbane ? J’aimerais bien savoir s’il y a une chouette piscine dans le coin pour refaire un peu de sport. Depuis que je suis arrivée, je n’ai rien fait du tout… même pas un peu de vélo ! » demanda-t-elle pendant un creux. La seule chose qui aurait pu être considérée comme du sport, c’était le trajet qu’elle faisait à pieds entre ici et chez Dinah, avec qui elle vivait actuellement. Peut-être que Wendy pourrait lui donner quelques tuyaux, si elle était de la région ? Du moins la blonde l’espérait-elle.

C'était finalement intéressant ces changements. Intéressant d'avoir un nouveau visage à ses côtés, intéressant d'avoir un autre mode de fonctionnement et surtout de pouvoir échanger. Non pas qu'elle ne pouvait pas le faire avec son ancien binôme, loin de là, disons qu'il n'était pas plus agréable que ça d'échanger sur ce qu'elle connaissait déjà. Alors que le fait de toujours en savoir plus, entrainait toujours Wendy vers une pente raide. Elle était de nature curieuse et intéressée par l'envers du décor et ça lui plaisait sincèrement de s'intéresser aux autres. Alors c'est tout naturellement qu'elle questionna Catherine, espérant que la blondinette ne prenne pas ses questions pour de l'introspection. "Je comprends mieux effectivement, mais le tout, au fond, c'est que tu puisses y trouver ton compte et que tu t'éclates dans ton métier. Non?" Du moins, c'est de cette façon que Wendy voyait les choses. Parce qu'elle partait toujours du principe que l'amusement était primordiale à la tâche douloureuse de juste avoir un emploi pour se payer un toit sur la tête. Peut-être qu'elle avait tord au fond, mais ça n'avait pas d'importance à ses yeux. Wendy écoutait attentivement sa nouvelle collègue, ne pouvant s'empêcher de rire à certains passages de son histoire. Wendy était persuadée que Kitty ne manquait pas d’anecdotes croustillantes, mais elle n'avait pas non plus envie de l'embêter avec ses questions futiles. Préférant que la blonde se libère d'elle-même sur ce qui lui plaisait de dire. "Et bah, c'est beaucoup plus attrayant que les ronchons en manque de caféine." Elle fit un clin d'oeil à Catherine avant de reporter son attention sur les clients qui prenaient de nouveau place derrière le comptoir. Ils étaient pressés de fuir cet endroit avec leur dose de caféine journalière et Wendy était heureuse de participer à ce bonheur. Et puis, ce fut au tour de l'Australienne d'être interrogée et elle répondit aux questions sans sourciller, parce que ça lui plaisait de parler d'elle, même si rien n'était assez extraordinaire. "Oh, j'étudie l'architecture. Enfin quand j'ai vraiment le temps de m'y coller, disons que rester derrière un bureau à étudier des plans me las un peu." Wendu hoche les épaules. C'est vrai qu'elle avait sûrement mis la barre trop haute en décidant de se lancer dans des études si délicates, parce qu'elle n'avait pas l'habitude de rester en place et que finalement, la marche était assez intense. Mais en même temps, ça la rendait heureuse, un choix cornélien en somme qui continuerait de la hanter pour savoir si elle prenait la bonne ou la mauvaise décision de sa vie. "Ce sont deux milieux différents, alors je comprends. A ta place, j'aurai sûrement déjà fuit même." Parce qu'elle savait que s'adapter à quelque chose qui n'était que provisoire était encore pire que tout. "Peut-être que la prochaine fois, c'est moi qui passerait de ton côté." Wendy sourit de toutes ses dents avant de reporter son regard sur le nouvel arrivant. Et ainsi de suite, jusqu'à la fin de ce maudit rush. Wendy soupire, essuyant les mains sur le tablier à son tour de hanche. "Oh, oui, ça fait quelques années maintenant." Sûrement bien trop d'ailleurs. "Mh, je crois que oui, si ça te tente je te montrerai où elle se situe." Wendy, elle était nulle pour indiquer sur une carte l'emplacement exact d'un bâtiment, elle était plutôt du genre à repérer les endroits. Un sacré problème pour quelqu'un qui étudie l'architecture. "Mais tu as raison de trouver une passion dans le sport, ça fait tellement de bien." Même si ce n'était pas une grande sportive, enfin surtout qu'elle manquait clairement de temps mais elle appréciait le peu. "En tout cas, je serai ravie de te servir de guide si tu as besoin." Et c'était aussi l'occasion de pouvoir voir Catherine à l'extérieur du Death Before Decaf.

Catherine pouvait-elle dire qu’elle s’éclatait dans son métier ? Pas réellement, non. Elle se contenta de sourire à Wendy en hochant la tête, elle n’avait pas envie de la contredire et encore moins de rentrer dans un grand débat avec elle, mais aux yeux de la blonde le travail était surtout alimentaire et lui permettait de survivre. Elle n’avait jamais cherché un travail dans lequel elle aurait pu s’éclater, parce qu’elle ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche de ce côté-là. Elle avait besoin d’argent et d’indépendance, et ce besoin passait bien avant son envie de s’amuser au boulot. Un jour, peut-être… mais à l’heure actuelle, la hollandaise savait qu’elle était ici au Dead Before Decaf’ pour une seule et unique raison : l’argent. C’était sans doute un peu triste, comme façon de penser. Toutefois, la blonde n’avait jamais fonctionné autrement et jamais connu un travail qui lui avait sincèrement plu, par le passé. Elle n’avait aucune possibilité de comparer – et heureusement, peut-être ? Elle trouvait quand même son compte dans son travail de barmaid, car elle était douée dans ce qu’elle faisait et ça lui apportait une satisfaction personnelle.

La hollandaise expliqua quelques anecdotes de son ancien boulot à Wendy, qui sembla s’en amuser. Catherine se sentait bien plus à l’aise avec elle qu’avec beaucoup d’autres personnes lorsqu’elle venait à peine de les rencontrer – ce qui était plutôt bon signe, à son avis. Elle était contente de ne pas se sentir trop gênée ou timide en compagnie de sa collègue, bien qu’il lui arrivait encore de bafouiller. Quel dommage que bosser avec elle soit une exception ! Kitty aurait adoré échanger Wendy contre son collègue habituel. Elle lui demanda ce qu’elle faisait comme études, et la brune lui révéla qu’elle était en architecture. Un domaine qui devait être passionnant, mais difficile ! « Oh, je te comprends… ça doit être difficile, comme études. Mais le jeu en vaut probablement la chandelle ». Elle-même ne l’aurait pas fait, rester derrière un bureau à étudier était en effet insurmontable à ses yeux – mais elle savait mieux que personne que c’était parfois nécessaire pour trouver un meilleur emploi, et s’en sortir plus facilement dans la vie. Mais Wendy était jeune et n’avait probablement pas encore l’expérience suffisante pour se rendre compte qu’être barista toute sa vie n’était pas le meilleur des plans de carrière.

Les jeunes femmes plaisantèrent sur le fait que la brune passerait peut-être de l’autre côté – côté bar, donc – la prochaine fois. A condition que le manager se trompe encore dans les horaires, ce qui n’avait pas l’air d’être habituel pour Deklan… mais Kitty pouvait se tromper. Elle n’était pas là depuis bien longtemps, après tout. Un client les interrompit, puis la blonde demanda à sa collègue si elle vivait ici depuis longtemps et – si c’était le cas – si elle connaissait une chouette piscine où nager. Catherine n’avait en effet plus fait de sport depuis un moment, et ça lui manquait de nager. Ce n’était pas le plus physique en soi, mais la natation lui permettait de s’entretenir un minimum. Combinée au vélo, c’était idéal. « Avec plaisir, je… mon sens de l’orientation est un peu nul, alors si j’ai un guide c’est beaucoup plus facile pour moi » avoua Catherine lorsque Wendy lui proposa de lui montrer où se trouvait la piscine. « Tu fais du sport, toi aussi ? », elle était curieuse de savoir lequel avait la préférence de sa petite collègue. « C’est vraiment gentil à toi de me proposer ça, je… merci ! Ce n’est pas évident de débarquer dans une ville totalement inconnue, surtout quand on y connaît personne ». Elle sourit à la brune, mais fut interrompue par une cliente. Puis une autre, qu’elle s’empressa de servir pendant que sa collègue était occupée avec la première.

Bref, l’après-midi passa assez rapidement au final. Jusqu’à la fin du shift, où la relève reprit la place de Catherine et Wendy. La blonde était soulagée que cela soit fini, mais si elle ne s’en était au final pas trop mal tirée. Comme elle l’avait dit à Wendy, ses shakers lui manquaient ! Les jeunes femmes se retrouvèrent dans la pièce des employés, où se trouvaient leurs casiers. Kitty déposa son badge, et récupéra son sac à main. « Encore merci, Wendy ! Tu… j’ai eu de la chance que tu m’aides comme ça, je n’y serais pas parvenue sans toi. Est-ce que… est-ce que je peux avoir ton numéro ? », et pouf : elle rougit, comme d’habitude. Kitty n’avait pas l’habitude d’être aussi directe, et c’était sans doute l’une des premières fois où elle demandait le numéro de téléphone de quelqu’un.

Cette journée avait finalement amené son lot de surprise et n'avait pas été décevante un seul instant. Même si les habitudes se faisaient la vie dure, le changement avait aussi beaucoup de bon dans tout cela. Et c'est ce que retiendrait pleinement Wendy. Elle n'aurait jamais pensé qu'en arrivant ce matin, elle puisse former et échanger avec une nouvelle bouille. C'était pas vraiment dans son programme d’habitude, elle devait affronter le même collègue un peu paumé mais qui faisait trop bien son boulot. Sauf que tout cela, c'était sans un mot et Wendy ça la rendait dingue de pas pouvoir au moins échanger une banalité avec lui. Alors apprendre à découvrir Catherine, ça avait été plaisant et ça lui avait changé un peu de sa monotonie habituelle. Et elles avaient pu échanger sur tout et rien, tout en se consacrant aux clients. Ce qui dans l'ensemble était un sacré exploit, enfin surtout pour Wendy qui avait tendance à se perdre entre le dialogue et la gestuelle. Disons qu'elle était surtout pas douée pour faire deux choses en même temps sans une erreur. Mais elle avait survécu à cette nouvelle journée au Death Before Decaf et c'était incroyable. Bien sur, plus d'une fois elle avait songé à stopper tout cela, à se consacrer entièrement à ses études, mais elle aimait cette facilité à n'être dépendante que par ses propres choix et ça lui faisait vraiment du bien. Oui, elle était parfois épuisée, mais c'était surtout dû à son mode de vie bien trop nocturne. Mais ce qui au fond ne regardait qu'elle. Tant que Wendy était à l'heure et ne faisait pas d'esclandre, on ne lui reprocherait rien et c'était tant mieux. Alors enfin le soulagement prit place sur les traits du visage de l'Australienne alors qu'elle regagnait enfin le vestiaire en compagnie de Catherine. Elle en avait plein le dos et un bon bain ne serait sûrement pas de refus, mais elle avait encore beaucoup trop de choses à faire avant de s'adonner complètement à sa propre détente. Tant pis, cela attendrait, et de toute manière rien ne pressait. Catherine en avait profité pour interroger la brunette sur les possibilités intéressantes en ville et Wendy n'avait pu refuser de lui offrir son aide. Ce n'était pas grand chose, et ça lui faisait réellement plaisir. Fallait bien un avantage à ne pas avoir quitté la ville depuis bien des années maintenant. C'était un peu comme si elle connaissait chaque recoins par coeur, et encore. Mais surtout, elle avait vraiment apprécié Kitty et c'était donc naturellement qu'elle avait espéré pouvoir repartager un instant avec la blondinette. Enfin, surtout un instant en dehors du boulot. Parce que chaque bonne chose avait une fin et ce n'était pas pour rien. « Mais je t'en prie, ça me fait vraiment plaisir de pouvoir t'aider, et ce n'est pas grand chose. » Ce n'était vraiment pas grand chose. « Oui bien sur, donne moi ton téléphone je vais te le noter. » Wendy haussa les épaules n'y voyant aucun inconvénient, au contraire, ça irait même bien plus vite comme cela et au moins, Catherine pourrait la sonner quand bon lui semble. « Hésite surtout pas, je répondrai sûrement pas dans la seconde, mais je t'oublierai pas. » Et c'était une promesse. Ce que Wendy disait, elle le faisait. C'était comme ça qu'elle fonctionnait, et c'était pour le mieux. La mini-Craine enfila ses chaussures avant de se retourner vers sa collaboratrice du jour. « En tout cas, j'ai été ravie de passer cette journée avec toi, et j'espère que tu as passé un bon moment aussi. » Un rire léger s'échappa de ses lèvres. « Oh, et j'espère que tu retrouveras rapidement tes shakers. » Un clin d'oeil discret et Wendy enfila sa veste, laissant enfin son badge dans le placard. C'était l'heure de changer de casquette, et de revêtir celle d'étudiante. « A bientôt Kitty. » Un léger hochement de tête avant qu'elle ne tourne les talons en direction de la sortie du DBD pour un retour dans quelques jours quoi qu'il en soit.

FIN RP.

@Catherine Smet