| (chant #5) we've got to clean up the mess you've made |
| | (#)Mer 30 Mar 2022 - 13:20 | |
| Elle est du genre à profiter de quelques heures de sommeil supplémentaires quand l’opportunité se présente face à elle, Charlie, mais ce n’est pas le cas ce matin-là. Les facteurs sont nombreux, sans doute à commencer par le fait qu’elle ait eu besoin de plusieurs secondes pour se remémorer de l’endroit où elle se trouve à peine ses yeux furent ouverts. Et pour cause, il n’y a rien de logique ni de rationnel là-dedans: elle est chez Trent, dans le lit de Trent, avec les jumeaux dans la pièce d'à côté. Pour faire simple, elle ne se souvient même pas de la dernière fois où une telle chose était arrivée, sans doute parce qu’un tel souvenir la ferait remonter bien trop longtemps en arrière. Ils avaient pris leur distance et avaient été doués dans ce rôle-là, jusqu’à ce qu’il vienne tout chambouler et qu’elle ne sache y résister, comme à son habitude.
Et si ses yeux se perdent effectivement pendant quelques secondes sur le visage assoupi du père de ses enfants, Charlie ne s’attarde pas pour autant, consciente que ce n’est l’histoire que d’une fois et aucune autre de plus. Elle se l’est promis, sachant qu’il s’agit là de la meilleure décision à prendre, et ce peu importe ce qu’en pense Trent en retour. Son avis est biaisé: elle n’a pas besoin de lire dans son esprit pour savoir qu’il n’a jamais cessé de l’aimer. Elle aurait tôt fait de le dissuader d’une telle chose si les jumeaux ne les liaient pas pour le restant de leurs jours. Trent est loin d’être une présence désagréable et bien au contraire, elle ne regrette en rien la nuit qu’ils viennent de passer ensemble, mais elle ne peut que déjà craindre qu’il la pense synonyme de bien d’autres encore, ce qui n’est assurément pas le cas. Ils ne peuvent pas reprendre leur petit jeu là où ils l’avaient laissé, justement parce que c’était tout sauf un petit jeu.
Charlie s’extraie du lit sans un mot, ses pas frôlant à peine le parquet dans le seul souci de ne réveiller ni son ex-petit-ami, ni les jumeaux encore (miraculeusement) paisiblement endormis dans la pièce d’à côté. Il est encore très tôt, ce qui peut expliquer bien des choses, mais son instinct lui crie qu’elle ne perd rien à déjà préparer les biberons, ayant l’intrinsèque sentiment que l’accalmie ne sera que de courte durée. Pour la peine, c’est aussi le petit-déjeuner qu’elle prépare pour deux, n’ayant aucun mal à retrouver ses marques dans la cuisine ni à se faire à l’idée qu’elle n’a sûrement pas été aussi discrète qu’elle aurait bien voulu l’être en sortant de la chambre brièvement partagée. Et justement, en entendant les pas derrière elle c’est le t-shirt de Trent temporairement dérobé qu’elle tente d’étirer un peu plus bas sur ses cuisses, en même temps qu’elle annonce d’une voix basse. “Café. Toast. Oeufs.” En désignant lesdites préparations une à une, sans un commentaire supplémentaire, et surtout pas sur la nuit qu’ils viennent de passer ensemble. S’ils arrivent à faire comme si rien ne s’était passé, alors le mensonge sera parfait et la vie pourra continuer. |
| | | | (#)Sam 16 Avr 2022 - 10:19 | |
| we've got to clean up the mess you've made Tu te retrouves quelque part entre le sommeil et l’éveil et tu grommelles doucement, ton corps à la recherche de cette chaleur qui t’a accompagné dans les dernières heures mais qui semble soudainement disparue. Ton bras se promène machinalement sur la place désormais vide à tes côtés et tu mets quelques secondes de plus avant de comprendre que tu es de nouveau seul dans ton lit. Quand tes yeux s’ouvrent, tu n’es plus certain de faire la distinction entre le rêve et la réalité, plus certain de te souvenir clairement de ce qui s’est passé la veille et de le différencier de ce que tu t’es longtemps imaginé, de ce que tu as toujours voulu. Il y a le parfum de Charlie sur ton oreiller, mais ça, tu pourrais facilement te l’inventer. C’est seulement lorsque tu lèves la tête et que tu aperçois ses vêtements délaissés sur le plancher que tu es finalement convaincu : oui, vous avez passé la nuit ensemble. Non, ce n'était pas un rêve. Ce sont les verres de vin qui te sont montés à la tête. C’est cette complicité qui a toujours existé entre vous deux qui a refait surface, le temps d’une soirée, devant des jumeaux heureux et des conversations simples qui donnaient l’impression que ça pouvait toujours être aussi doux, comme ce moment pourtant précieux et éphémères. Tu t’es laissé prendre au jeu, tu as fait les premiers pas vers elle, mais elle n’a pas résisté Charlie. Elle est la première à avoir parlé d’un baiser et jamais tu n’as hésité à venir poser tes lèvres sur les siennes. Elle ne t’a pas repoussé quand tu lui as demandé si elle était certaine et on dirait presque que tu essayes de lui mettre la faute sur le dos, quand c’est véritablement toi qui as tout investigué, sans savoir si c’était réellement prémédité ou non.
Quelle est la chose à faire, là, tout de suite? Les jumeaux dorment encore, Charlie s’est extirpée du lit silencieusement, mais elle n’est pas partie, à ta plus grande surprise. Est-ce que ça aurait été mieux, qu’elle file en douce, comme une voleuse? De prétendre que rien de tout ça ne s’est réellement produit? Tu n’en es pas certain, mais ça t’aurait au moins donné le temps de réfléchir à ce que tu veux, à ce que ça veut dire cette nuit que vous venez de partager. Est-ce que ça veut seulement dire quelque chose ou bien était-ce seulement une bulle, une faille dans l’espace-temps qui se devait de n’entraîner aucune conséquence sur la suite? Trop de questions, pas assez de sommeil et une gueule de bois qui se fait un peu trop ressentir alors que tu te lèves du lit à ton tour. Charlie s’active dans la cuisine et tu l’observes faire pendant quelques secondes avant de te râcler la gorge pour lui témoigner ta présence. « Café. Toast. Œufs. » qu’elle énumère sans jamais se retourner vers toi. Tu te grattes nerveusement la nuque, incertain de la réaction que tu es désormais censé avoir face à elle. « T’étais pas obligée de faire tout ça. » Non, elle n’avait pas besoin de te faire à déjeuner, elle n’avait certainement pas à avoir l’air si à l’aise au milieu d’une cuisine qui n’était pas la sienne, vêtue si simplement d’un chandail qui ne lui appartenait pas. Et pourtant, elle savait se fondre avec aisance dans le décor Charlie, comme si cette vie pouvait lui appartenir, comme si elle pouvait la prendre – ou plutôt la reprendre – en claquant simplement des doigts et c’était dur, oh si dur de résister à la tentation de la lui offrir à nouveau. « Les jumeaux dorment encore? » S’ils ne sont pas là, ça devrait répondre à ta question, et pourtant, tu cherches simplement à remplir le silence des premières choses qui te passent par la tête qui n’ont pas de lien avec ce qui s’est passé entre vous. « On les a vraiment épuisés avec tous leurs nouveaux jouets. » Tu ris doucement, nerveusement. Ce n’est pas comme ça que les choses auraient dû se passer, alors que tu la regardes tendrement avec cette envie incessante de vouloir t’approcher d’elle et de l’embrasser une nouvelle fois.
Dernière édition par Trent Higgins le Sam 30 Avr 2022 - 6:39, édité 1 fois |
| | | | (#)Mar 19 Avr 2022 - 7:37 | |
| Trent se racle la gorge pour simplement annoncer sa présence et Charlie ne se retourne pas, elle ne le salue pas non plus. Ce n’est pas un manque de politesse - elle sait très bien l’être - mais simplement un moyen pour elle de déjà préciser ce qu’il en est de leur relation: cette nuit ne signifiait rien. D’une voix mécanique, elle annonce la composition de leur petit-déjeuner, lequel l’a au moins tenue occupée pour les quelques dizaines de minutes précédentes. Elle savait déjà que Trent ne tarderait pas à se réveiller à son tour, peu importe à quel point il a lui aussi pu accumuler une certaine fatigue. « T’étais pas obligée de faire tout ça. » Parle-t-il du petite déjeuner ou des barrières qu’elle s’empresse déjà d’ériger à nouveau entre eux ? Elle voudrait pencher pour la première option mais son coeur lui hurle qu’il est sans nul doute bien plus question de la seconde. Charlie le jure, pourtant, elle voudrait qu’ils arrivent à trouver un juste milieu dans lequel ils pourraient se comprendre sans le moindre mal, dans lequel Trent ne serait pas éternellement voué à souffrir de la moindre action de la blonde. Elle se replonge un temps sur la confection des œufs, pourtant déjà prêts, simplement pour avoir l’opportunité de pencher son visage en avant et ainsi laisser ses cheveux en cacher la mine désolée qu’elle affiche. L’inspectrice ne peut qu’anticiper que cette matinée ne ressemblera en rien à l’idée utopique qu’elle s’en faisait.
« Les jumeaux dorment encore? » “Aucun n’hurle à la mort alors je pense que oui.”
Elle reprend dans un sourire, pourtant déjà certaine qu’il connaissait déjà la réponse à cette question. Peu importe, ils occupent l’espace et le temps comme ils le peuvent et la voilà qui apporte sa pièce à l’édifice en venant poser le petit-déjeuner sur la table à son tour. Il n’y a rien qui ne soit pas à la portée d’un enfant de dix ans mais c’est l’intention qui compte, sûrement. « On les a vraiment épuisés avec tous leurs nouveaux jouets. » Face au sourire nerveux qu’elle ne peut que déceler en lui, la jeune femme remonte un temps ses yeux dans les siens dans le but de le rassurer, sans exactement savoir comment. Ils n’ont toujours pas la même vision des choses, et surtout de leur relation, mais sans doute peuvent-ils au moins continuer de s’entendre sur l’avenir et l’éducation de leurs enfants. En réalité, c’est sûrement tout ce que Charlie demande, quitte à ce qu’il la déteste pour le reste de sa vie. Ça, elle saurait l’accepter, bien qu’elle serait prête à payer cher pour que ce ne soit jamais le cas. “La voiture qui fait du bruit en roulant aura notre peau, par contre.” Elle commente à son tour dans un rire faible mais franc. Les jumeaux aiment tous les deux déjà bien trop le petit bolide pour que l’idée de le leur avoir offert soit une bonne chose. “C’était une bonne idée de fêter Noël tous ensemble.” Cette fois-ci, c’est Trent qu’elle cherche à rassurer. Elle ne pose pas les mots sur les choses, ce qui ne lui ressemble pas le moins du monde, mais elle tente d’aborder le sujet aussi délicatement que possible et espère ainsi éviter les pots cassés. “Et je pense que ça leur a fait du bien aussi.” De ne pas avoir papa pendant un temps, maman pendant un autre, mais bien de pouvoir interagir avec les deux quand ils le désirent. Ils grandissent à vue d’oeil et ils ne pourront plus prétendre agir comme si tout allait parfaitement bien face à eux pendant longtemps encore. “Je trouve ça bien, qu’on arrive à trouver un équilibre. Pour eux comme pour nous, c’est bien.” Et un équilibre, ça implique qu’il n’y ait aucune ambiguïté dans leurs sentiments, notamment. Aux yeux de Charlie, il n’y a rien de plus logique. Pour Trent, elle doute pourtant qu’il en soit de même, et de façon aussi évidente. “Je voulais attendre qu’ils se réveillent avant de partir.” Et finalement, Charlie justifie le fait qu’elle soit encore dans l’appartement, donnant pour seule et unique raison à cela le besoin d’une mère de voir la frimousse de ses enfants pendant quelques minutes de plus - ça, et absolument rien d’autre. |
| | | | (#)Dim 1 Mai 2022 - 8:08 | |
| we've got to clean up the mess you've made « Aucun n’hurle à la mort alors je pense que oui. » Elle évite de se retourner vers toi Charlie, quand elle s’attarde plus longuement que nécessaire sur un déjeuner qui semble déjà prêt, quand elle refuse de se retourner vers toi pour ne serait-ce que te souhaiter bon matin. Ce n’est pas un bon matin, tu le pressens déjà. La bonne ambiance de la veille a disparu, les effets de l’alcool et de ce moment utopique en famille aussi. Que reste-t-il alors? De ton côté, l’envie irrépressible de t’accrocher à ce qui n’aurait jamais dû arriver. De celui de Charlie? L’envie de faire comme si de rien était. Tu ne veux pas l’admettre, mais tu la connais parfaitement, cette routine que la blonde s’efforce de mener pour te rappeler que rien n’a changé, que vous êtes toujours Trent et Charlie, incapable d’être ensemble, sans pour autant réellement réussir à vous séparer pour autant. Ou du moins, c’est ce que tu crois toi, quand elle persiste à être ta plus grande faiblesse. Alors évidemment, tu cherches à faire la conversation comme tu peux, tu utilises les jumeaux qui dorment encore comme le terrain neutre qu’ils se doivent de demeurer entre vous deux, peu importe les conneries que vous – tu – pouvez accumuler à côté. Elle se retourne et te regarde enfin et bordel, c’est dur de ne pas avoir envie de plonger ton regard dans le sien comme tu as pu le faire il y a quelques heures à peine. « La voiture qui fait du bruit en roulant aura notre peau, par contre. » « J’ai rien contre l’idée que tu la ramènes chez toi. » que tu répliques, ton rire qui fait écho au sien, maladroit mais sincère au milieu de cette situation qui se doit de le rester justement, sincère.
« C’était une bonne idée de fêter Noël tous ensemble. » Oui, elle est sincère, mais il y a quelque chose derrière les mots qui cherchent à te passer un message. Du genre que tu connais par cœur, mais que tu n’as toujours pas envie d’entendre, de comprendre. Parce que tu n’es pas capable de lâcher prise complètement, ni de Charlie, ni de cette idée de la famille idéale que tu conserves au fond de toi depuis trop longtemps. « Et je pense que ça leur a fait du bien aussi. » Tu hoches la tête parce que tu es d’accord. Ils méritent de vivre des Noëls en famille, sans avoir à être chamboulé constamment de part et d’autre. « On peut essayer de faire ça plus souvent, avec les jumeaux. Pour les grandes occasions. » Tu veux paraître aussi neutre et détaché qu’elle, te rappeler que tout ça, c’est pour le bien des enfants. Parce que c’est ce qu’elle essaye de te dire, pas vrai? Que hier soir, c’était pour eux et juste pour eux. Peut-être un peu pour elle aussi. Mais certainement pas pour toi. « Je trouve ça bien, qu’on arrive à trouver un équilibre. Pour eux comme pour nous, c’est bien. » Tu ne peux t’empêcher d’échapper un rire nerveux cette fois. Elle se fout de ta gueule, c’est ça? Ou alors, elle espère que ce qui s’est passé la veille ne vienne pas changer cette proposition que tu lui as fait, pour la garde partagée. Dans un cas comme dans l’autre, tu peines à les avaler, tous ces beaux mots qu’elle tente de t’offrir dès la première heure, dès la seconde où elle est sortie de ton lit comme si elle ne s’y était jamais perdue. « Il n’y avait plus d’équilibre entre nous dès l’instant où tu m’as embrassé Charlie, et tu le sais parfaitement. » Ou c’est toi qui l’as embrassé et elle n’a fait qu’y répondre? Elle l’a mentionné et c’est ce qui t’a fait flancher? Tu ne sais pas, tu ne sais plus et ce n’est pas vraiment ce qui compte après tout. Il est trop tard pour faire marche-arrière et impossible pour toi de prétendre que ça n’a pas le moindre impact sur votre relation. « Je voulais attendre qu’ils se réveillent avant de partir. » « Et t’espérais qu’on aurait pas le temps de se parler de ce qui s’est passé. » Qui sait combien de temps vous avez vraiment avant qu’une petite tête blonde ne se mette à te réclamer. Certainement pas assez pour venir au bout de la situation, mais ça n’allait pas t’empêcher d’essayer au moins. « J’sais pas faire semblant Charlie. » Et ça finirait par te perdre, tu devrais le savoir depuis le temps. « Pourquoi t’es restée? » Tu soupires, passes une main dans ta nuque alors tu cherches à lire dans ses yeux une preuve que tout n’est pas perdu d’avance, même si tu sais parfaitement que c’est bel et bien le cas. |
| | | | (#)Mer 4 Mai 2022 - 15:15 | |
| « J’ai rien contre l’idée que tu la ramènes chez toi. » Mais elle ne le dira pas, Charlie, qu’elle ne veut pas laisser traîner trop d’objets chez elle qui pourraient lui rappeler les jumeaux alors que justement ils lui manquent un peu plus chaque jour, éternellement chez leur père, éternellement absents. Ce n’est là que la conséquence de ses propres actions, ça aussi elle le sait, mais c’est bien moins difficile à accepter et à assumer. Se plaindre de l’absence de ses enfants, n’importe qui pourrait la comprendre. « On peut essayer de faire ça plus souvent, avec les jumeaux. Pour les grandes occasions. » De sa bouche, pourtant, tout sonne bien différemment. Elle dit pour les jumeaux, il dit avec les jumeaux. Et la nuance a son importance, quand Charlie base la moindre de ses actions sur le bonheur des deux têtes blondes alors que Trent s'évertue à vouloir inclure leur mère dans le lot, dans cette idée préconçue d’une parfaite petite famille fonctionne. Il veut la marier, il veut faire d’elle sa femme, il veut sûrement qu’ils adoptent des animaux et entretiennent un jardin. Il veut tout autant de choses que Charlie se contente d’observer avec joie chez les autres, mais de ne surtout pas vivre. Il était charmant, Trent, et il l’est encore aujourd’hui, et même si elle apprécie sincèrement sa compagnie, elle ne peut pas faire semblant de vouloir accéder aux mêmes rêves que lui. Pourtant, elle hoche la tête et tente de jouer le bon rôle. Peut-être qu’un jour il arrivera à tourner la page, et à cet instant il y a fort à parier qu’elle fera à nouveau tout pour le conquérir, incapable d’accepter de vivre dans un monde où elle n’est pas le centre de l’attention du père de ses enfants. Ils ne seront jamais ensemble mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne veut pas continuer à se sentir désirée.
Il échappe un rire nerveux et elle sent le vent tourner aussitôt. Déjà, ils en arrivent au moment de la conversation où les esprits s’échauffent. « Il n’y avait plus d’équilibre entre nous dès l’instant où tu m’as embrassé Charlie, et tu le sais parfaitement. » - “Fut un temps où c’était ça, notre équilibre.” A leurs débuts, aux balbutiements de leur relation. Bien avant les jumeaux, bien avant tout le reste, bien avant les problèmes. Fut un temps où elle pouvait l’embrasser sans avoir à jongler avec les conséquences de cet acte ensuite, simplement parce qu’à cette époque tout était aussi simple et parfait. Elle était grisée par les débuts de cette relation naissante, cette euphorie des débuts qui ne dure jamais bien longtemps. Généralement, elle serait passée à autre chose. Généralement, elle ne tombe pas enceinte, pourtant, et cela a réduit à néant son plan pourtant si bien ficelé, devenu un mode de vie à part entière dans lequel elle évoluait tel un poisson dans l’eau. Je voulais attendre qu’ils se réveillent avant de partir. Charlie précise, sans doute bien plus froidement qu’elle ne le voudrait. « Et t’espérais qu’on aurait pas le temps de se parler de ce qui s’est passé. » A son tour de souffler, déjà agacée alors que tout ne fait que commencer. “De quoi est-ce que tu veux parler, Trent ? Y’a rien à dire.” Ils ont fait l’amour mais puisqu’ils sont des adultes, ils peuvent aussi passer à autre chose maintenant que la nuit est terminée et qu’ils ne se risqueront pas à recommencer. Le reste de l’humanité n’entame pas un débat après la moindre activité sexuelle, et elle avait au moins cru que Trent l’aurait appris, avec le temps. « J’sais pas faire semblant Charlie. » Ce n’est pas ce qu’elle lui demande. Il peut continuer à l’aimer s’il veut, mais qu’il ne lui demande pas de rester. Ça, elle ne sait pas faire. Rester, se poser, ce n’est pas Charlie. « Pourquoi t’es restée? » Elle l’observe passer une main dans sa nuque et garde le silence le temps de ce geste, comme pour ne pas le brusquer. “Parce que j’en avais envie.” Elle n’a pas à faire semblant pour lui avouer ces quelques mots et, surtout, elle ne veut pas faire semblant. Il lui plaît, elle l’a un jour sincèrement aimé et elle continue de l’apprécier désormais ; et tout devrait simplement pouvoir se résumer à ces quelques sentiments et cette attirance. “Ne me rejette pas la faute dessus, t’es arrivé avec tes grands yeux et tes sous-entendus, tu savais très bien comment je réagirais.” Elle parle tout bas, son flot de parole étant la seule chose trahissant le rythme effréné auquel son cerveau s’agite. Elle ne lui reproche pas d’avoir fait le premier pas, ce n’est pas ça, ce n’est que la conclusion qu’elle regrette encore et encore. Il savait comment elle réagirait, autant qu’il espérait qu’elle réagirait exactement de cette manière, et il n’a pas le droit de nier cette évidence. “Je suis rentrée dans ton jeu parce que je le voulais, mais tu ne peux pas gagner sur toute la ligne et ce n’est pas parce qu’on a de nouveau passé une nuit ensemble que ça veut dire quoi que ce soit.” Et, surtout, que cela aura la moindre conséquence. “Je suis avec Léo.” Si elle n’était pas avec Léo, elle serait avec un autre. Ça aussi, il le sait très bien, il la connaît depuis assez longtemps pour savoir qu’elle a ce besoin d’être aimée, autant qu’elle peut ainsi utiliser son partenaire du moment comme une excuse pour ne pas laisser à nouveau Trent entrer dans sa vie privée. “T’avais trop bu. Et moi aussi.” Elle lâche finalement, utilisant l’excuse de l’alcool en dernier rempart. |
| | | | (#)Lun 16 Mai 2022 - 5:58 | |
| we've got to clean up the mess you've made Les secondes filent trop rapidement, celles où vous vous attardez à faire semblant de rien avant que la discussion ne prenne une tournure que vous voulez tous les deux éviter, pour des raisons pourtant bien différentes. Tu le sais pourtant, ce qui va se passer. Tu la connais par cœur cette scène, tant elle a été jouée et surjouée entre vous. Tu n’arrives pas à te détacher de la jeune femme et elle, elle ne se tanne jamais de l’attention que tu sais lui donner, même si elle sera toujours la première à te repousser une fois qu’elle en aura assez. Toi tu voudrais plus, toujours plus, par cent fois tu lui as fait comprendre et par cent fois tu t’es pris un mur. Alors pourquoi est-ce que tu persistes à faire ça? Pourquoi est-ce que tu t’entêtes à croire que la conclusion d’une nuit avec Charlie entre tes bras pourrait être tout autre que celle de la blonde qui fui et toi qui es laissé derrière, le cœur un peu plus amoché que la veille? « Fut un temps où c’était ça, notre équilibre. » Mais il est révolu, ce temps-là et tu refuses de te prendre le blâme à la gueule pour ça. Tu aurais déplacé ciel et terre pour être avec elle, pour lui offrir tout et n’importe quoi, mais ce n’est pas ce qu’elle veut, Charlie. Du moins, ce n’est pas ce qu’elle veut avec toi, mais les autres ça, c’est une autre histoire. Une que tu préfères encore éviter avant que ça ne prenne d’encore de plus grandes proportions, tout ça. « De quoi est-ce que tu veux parler, Trent? Y’a rien à dire. » Tu secoues la tête. Il n’y a jamais rien à dire avec Charlie. Parce que ça ne veut rien dire. Ce n’est que du sexe, rien de plus. Qu’importe que toi, tout ce que tu veux ce matin, c’est qu’elle reste encore un peu plus longtemps. Qu’importe si toi ce matin, tu en redemandes alors qu’elle, elle ne veut qu’une chose : s’enfuir en tentant de sauver le meuble, comme si elle ne venait pas tout simplement de mettre le feu partout où elle passe. « Parce que j’en avais envie. » « Tu savais que ça voudrait dire plus pour moi que pour toi et tu m’as quand même laissé faire. » Il a toujours été compliqué, de garder une certaine contenance devant Charlie puisqu’elle représente absolument tous tes points faibles enroulés sous un joli visage aux traits angéliques. Et peu importe ce que tu fais, peu importe ce que tu essayes, elle revient toujours se faire une place sous ta peau et ça te rend complètement fou.
« Ne me rejette pas la faute dessus, t’es arrivé avec tes grands yeux et tes sous-entendus, tu savais très bien comment je réagirais. » Tu échappes un rire mauvais tout en secouant la tête. « Tu vois Charlie, c’est ça que j’arrive pas à comprendre. » Pourquoi est-ce qu’elle en a envie sur le moment, pourquoi elle se laisse aller pour finalement se détacher dès le matin venu? Pourquoi est-ce que c’est si terrible de croire que vous pourriez être plus que ça, plus que des co-parents pour les jumeaux? Pourquoi est-ce que c’est si difficile pour elle de vouloir vous donner une nouvelle chance? Oh, peut-être que tu la connais ta réponse Trent. Peut-être que tu le sais parfaitement que Charlie, elle ne t’aime pas comme tu l’aimes. Qu’elle a besoin de voler, qu’elle a besoin d’air et qu’elle est persuadée que tu vas la suffoquer dans tes rêves de famille et de petite vie semi-rangée. Mais tu ne veux pas l’entendre et surtout, tu ne veux pas prendre le blâme seulement parce que tu l’aimes. Fuck. « Je suis rentrée dans ton jeu parce que je le voulais, mais tu ne peux pas gagner sur toute la ligne et ce n'est pas parce qu’on a de nouveau passé la nuit ensemble que ça veut dire quoi que ce soit. » « Ça veut dire quelque chose pour moi! » Mais vous ne vous écoutez plus. Et ça ne date pas de ce matin. Oh non, ça remonte à bien plus loin. Et pourtant, vous semblez toujours retomber dans vos vieux patterns, ceux qui ne vous aident pourtant pas à avancer en tant que parents pour les jumeaux. « Je suis avec Léo. » « La belle excuse. » Léo qu’elle a mis dehors. Léo qui l’a trompé avec un homme. Et quand ce ne sera pas Léo, ce sera un autre. Mais pas toi. Plus jamais toi. Tu devrais déjà l’avoir compris, ça. « T’avais trop bu. Et moi aussi. » « Là tu dis juste de la merde Charlie, comme si ce serait pas arrivé avec quelques verres en moins. » Dès le début de la soirée, ça se dirigeait vers cette fin. Entre les regards échangés, les touchers accidentels pas si accidentels que ça et la simple magie de pouvoir passer Noël tous les quatre. Et ce matin, tu étais en train de déchanter assez vite merci. « Qu’est-ce qu’il a, Léo, que je peux pas t’offrir? Qu’est-ce qu’ils ont, tous les autres hommes de Brisbane qui les rendent plus intéressant que moi alors que tu sais parfaitement que je ferais n’importe quoi pour toi, pour notre famille? » Tu sonnes comme un homme désespéré, c’est exactement ce que t’es. Tu es pathétique, imposant et c’est seulement quand tous les mots ont quitté tes lèvres que tu réalises à quel point c’est ridicule, tout ça. « Oublie ça. Oublie ça. » que tu répètes, tes bras qui se secouent dans l’espace vide entre vous alors que tu recules, ressentant un puissant besoin de mettre de la distance entre vous deux. |
| | | | (#)Jeu 19 Mai 2022 - 0:35 | |
| « Tu savais que ça voudrait dire plus pour moi que pour toi et tu m’as quand même laissé faire. » Et ça, elle ne veut pas le nier. Elle ne peut pas, non plus, voulant au moins lui montrer du respect en lui avouant la vérité. Bien sûr qu’elle savait qu’il aurait trop d’espoir et demanderait plus encore et bien sûr aussi qu’elle savait que de son côté, même une fois le matin venu, ce ne serait pas ce qu’elle voudrait. Ce n’est pas ce qu’elle a voulu depuis bien longtemps, à vrai dire, après avoir enfin fait la lumière sur certains de ses sentiments et de ses envies, à défaut de pleinement se comprendre elle-même. Elle ne veut pas être avec Trent, tout comme elle ne veut pas non plus être avec qui que ce soit d’autre (sauf peut-être Léo) ; mais elle ne sait pas ce qu’elle désire à la place pour autant. Ses lèvres se scellent en même temps que ses yeux clairs, lesquels n’ont plus rien de doux, vont trouver ceux de Trent. De toute façon, il ne lui demandait même pas son avis. Il sait qu’il est dans le vrai: elle est égoïste, elle l’a toujours été.
Elle l’est encore aujourd’hui, au point de vouloir donner sa part de tort à Trent. Trent et ses grands yeux clairs, Trent et ses traits bien dessinés, Trent dont elle connaît parfaitement le corps, qu’elle sait où embrasser, qu’elle n’a surtout eu aucun mal à faire tomber à ses pieds. Trent, qui répond toujours à la moindre sollicitation et au moindre regard, comme d’habitude. « Tu vois Charlie, c’est ça que j’arrive pas à comprendre. » Et Charlie, elle, n’arrive pas à comprendre pourquoi il ne peut pas faire la différence entre une nuit passée ensemble et la vie toute entière qu’il souhaiterait y ajouter. Elle ne veut qu’une partie du schéma, Charlie, et si tout n’était pas aussi compliqué alors elle aurait été la première à vouloir conjuguer ces nuits au pluriel, sans pour autant leur donner le moindre poids ou la moindre réelle importance. « Ça veut dire quelque chose pour moi! » Elle souffle, grimace, emprisonne sa lèvre inférieure entre ses dents pour ne pas avoir des mots qu’elle regretterait plus que tous les autres. “Je tiens à toi, mais je le fais d’une manière différente.” La blonde reprend d’un ton plus bas, tentant à sa façon de calmer le jeu d’une discussion montant trop rapidement dans les tours pour que ce soit une bonne idée. “Je te demande pas de comprendre. Ca y changera rien de toute façon.” Il ne peut pas la forcer à l’aimer, il ne peut pas lui exiger une vie de couple quand ce n’est en rien ce qu’elle désire, notamment parce qu’elle partage la vie du seul autre homme avec qui elle a toujours voulu vivre cette histoire, sans jamais prendre peur, sans jamais étouffer. Et là encore, tout est loin d’être parfait, voire même viable.
« La belle excuse. » Léo l’excuse. Ce n’est pas si éloigné que ça de la vérité, au point où elle ne cherche pas à le contredire sur ce point non plus. Être avec Léo ne l’a pas empêché de passer cette nuit avec lui ; et il est plutôt bien placé pour le savoir, oui. Charlie suit la morale uniquement lorsque ça l’arrange bien, comme d’habitude, comme pour tout le reste. « Là tu dis juste de la merde Charlie, comme si ce serait pas arrivé avec quelques verres en moins. » Elle dit de la merde pour ne pas avoir à lui dire frontalement qu’elle ne l’aime pas et que cela n’arrivera pas, peu importe à quel point il ploie le genou face à elle ou papillonne des cils. Il a eu son heure de gloire mais tout est à conjuguer au passé, uniquement au passé.
« Qu’est-ce qu’il a, Léo, que je peux pas t’offrir? Qu’est-ce qu’ils ont, tous les autres hommes de Brisbane qui les rendent plus intéressant que moi alors que tu sais parfaitement que je ferais n’importe quoi pour toi, pour notre famille? »
« Oublie ça. Oublie ça. » Trop tard, pourtant. Il a beau parler aussi rapidement que possible et plus agité que jamais, elle a bien trop entendu le moindre de ses mots pour pouvoir les oublier. Cette fois-ci, elle se trouve bien incapable de garder le silence, même si c’est ce que sa raison lui crie de faire. “Tous les autres hommes de Brisbane !?” Elle répète, outrée, blessée, sans doute scandalisée aussi. “T’es pathétique, Trent.” Et la seule raison pour laquelle elle tente de garder son ton bas, c’est pour éviter un réveil difficile à leurs enfants. “La seule raison pour laquelle t’es encore dans ma vie c’est parce qu’on a des enfants et que je peux pas le nier.” Il n’a rien de spécial, il n’est pas Léo, et si ça n’avait tenu qu’à elle alors elle l’aurait fréquenté un temps avant de se lasser et déjà passer à un autre. Parce que c’est ce qu’elle fait, Charlie, avec tous les autres hommes de Brisbane. “Je me moque de savoir tout ce que tu pourrais faire pour m’avoir, quand est ce que tu le comprendras ? J’ai pas envie d’un homme à tout faire, d’un gigolo ou d’un sugar daddy, est-ce que c’est assez clair comme ça ?” Elle n’appartient à personne, ni lui, ni Léo, pas même elle-même. Et ça non plus, ça ne changera pas, peu importe à quel point il pourra revenir à l’attaque une fois le soleil à nouveau levé pour annoncer l’arrivée d’un nouveau jour. “J’ai envie de personne et j’ai besoin de personne.” Elle souffle tout en se passant les mains sur le visage, sa façon à elle d’avouer qu’il n’est pas le problème. N’importe qui aurait été traité de la même manière, tôt ou tard. |
| | | | (#)Ven 3 Juin 2022 - 7:10 | |
| we've got to clean up the mess you've made « Je tiens à toi, mais je le fais d’une manière différente. » Tout ce que tu entends toi, c’est qu’elle ne t’aime pas comme toi tu l’aimes. Qu’elle ne te verra jamais comme le partenaire idéal pour faire sa vie, même si tu resteras éternellement celui avec qui elle a des enfants. Et que si ce n’était pas des deux petites têtes blondes encore endormies (pour le moment du moins), rien ne la retiendrait dans ta vie. Elle en serait disparue depuis longtemps, tu le sais ça aussi, et pourtant, tu ne cesses de te raconter des histoires, de te faire croire que la fin pourrait éventuellement changer, même si vous retrouvez constamment la même conclusion, celle qui te fait toujours un peu plus mal à chaque fois. « Je te demande pas de comprendre. Ça y changera rien de toute façon. » Et la vérité c’est que tu es épuisé d’essayer de comprendre. Épuisé de faire cette putain de danse avec elle pour toujours finir au même point. Épuisé et vaincu, oui voilà. Tu es vaincu, mais tu te bats encore, comme un putain de forcené qui se complait un peu trop dans sa douleur, qui ne sait pas se sortir complètement de ce cercle vicieux. Parce qu’elle est là, elle est toujours là Charlie et elle sera toujours là, que tu le veuilles ou non. Comme une tentation à laquelle tu n’as jamais su résister. Comme le rêve que tu ne sauras jamais atteindre et ça te tue à petit feu, autant que tu n’as pas envie de le réaliser, encore moins de l’admettre.
Mais tout dégénère bien trop vite, quand Charlie essaye de se cacher derrière des excuses que tu balaies du revers de la main parce qu’elles ne sont que ça : du vent, des mots qui ne veulent rien dire et qui ne justifient en rien ce qui s’est passé cette nuit à tes yeux. Et tu t’emportes, tu t’emportes parce que tu as mal et peut-être que tu veux lui faire mal à ton tour, inconsciemment, involontairement. Les mots qui franchissent la barrière de tes lèvres sont de trop, ils n’avaient pas lieu d’être, mais il est trop tard pour faire marche-arrière, trop tard pour prétendre que tu ne les as pas dits, et trop tard pour prétendre que tu ne les penses pas, surtout. « Tous les autres hommes de Brisbane !? » « Charlie, je… » Tu voudrais presque t’excuser, mais elle ne t’en donne pas vraiment le temps, la blonde. « T’es pathétique, Trent. » C’est un murmure oui, mais tout ce qu’il y a de plus agressif. Du genre qui rappelle un peu trop pourquoi les choses se sont rapidement brisées entre vous, après la naissance des jumeaux. « La seule raison pour laquelle t’es encore dans ma vie c’est parce qu’on a des enfants et que je peux pas le nier. » « Fantastique Charlie, vraiment. Bien heureux que tu puisses enfin l'admettre. » Et pas du tout blessant, non. Bien sûr que tu le savais, ça fait bien trop longtemps que tu le sais, tes amis te l’ont dit, ta famille aussi et pourtant toi, tu t’entêtais à vouloir vraiment les choses différemment. Comme le plus grand des imbéciles. « Je me moque de savoir tout ce que tu pourrais faire pour m’avoir, quand est-ce que tu le comprendras? J’ai pas envie d’un homme à tout faire, d’un gigolo ou d’un sugar daddy, est-ce que c’est assez clair comme ça? » « T’as pas idée. »
Ta voix se veut aussi sèche que possible, tu fais tout ce que tu peux pour rester aussi neutre que possible après ton éclat de voix d’il y a quelques instants à peine. Non, tu ne lui feras certainement pas le plaisir de te mettre à genou devant elle, encore moins de la supplier de quoique ce soit. « J’ai envie de personne et j’ai besoin de personne. » « Bien sûr, tu as toujours été au-dessus de tout le monde, à te croire plus grande et mieux que quiconque, pas vrai Charlie? » C’est de plus en plus compliqué de rester calme, de ne pas laisser le ton augmenter alors que tu souhaites pourtant vraiment épargner les jumeaux de cette scène. « Tu sais quoi? J’vais te simplifier la vie. Puisque tu veux même pas que j’en fasse partie, on va garder ça au minimum, comme avant. » Quand les activités en famille étaient inexistantes, ses visites supervisées par quelqu’un d’autre que toi et que vous ne dérogiez pas du maigre arrangement pris entre vous après la décision du juge. « Comme ça, t’auras plus besoin de me regarder droit dans les yeux et me dire des trucs aussi con du genre que c’était bien de faire Noël ensemble, tous les quatre. » Ce n’est que de la fierté mal-placée qui parle désormais, mais la colère bouille bien trop fort pour que tu puisses t’arrêter. « Va t’en. » Et ça, c’est cruellement familier, une fin que vous connaissez trop bien, mais qui n’a jamais su vraiment en être une puisqu’il y aura éternellement une prochaine fois, peu importe ce que vous pouvez bien vous dire sur le coup de la colère. |
| | | | (#)Ven 3 Juin 2022 - 8:36 | |
| Elle est blessée, il l’est tout autant, et finalement à partir de ce simple constat, n’importe qui peut déjà assurer que la discussion ne mènera à rien de constructif ; elle ne mènera à rien, tout court. « Fantastique Charlie, vraiment. Bien heureux que tu puisses enfin l'admettre. » Elle ne fait que dire à voix haute ce qu’elle tente de lui faire comprendre à voix basse depuis deux ans déjà. Pour elle, cela lui semblait infiniment logique, au point où même après toutes ces années elle n’arrive pas à comprendre comment Trent peut encore se faire passer pour un aveugle face à toutes ces preuves évidentes. Elle tient à lui, mais certainement pas de la manière dont il le voudrait et celle à laquelle il continue de s’attendre. Simplement, elle aurait aimé qu’il n’y ait jamais d’enfants entre eux, parce qu’ils sont ceux qui finiront invariablement par souffrir de l’état catastrophique de leur relation. Elle est sûrement la seule personne en ce monde capable de faire se réveiller l’éternellement si doux, gentil et compréhensif Trent.
« Bien sûr, tu as toujours été au-dessus de tout le monde, à te croire plus grande et mieux que quiconque, pas vrai Charlie? » Ce n’est pas ce dont il s’agit, pas le moins du monde, mais elle est bien trop énervée et lui tout autant pour qu’ils puissent tenter d’avoir une conversation digne de ce nom. Elle est blessée, elle a besoin de lui, elle a besoin de se sentir aimée et pourtant elle a paradoxalement besoin de savoir qu’elle est totalement libre de ses mouvements, choix et paroles: à ses côtés, elle n’arrive pas à ressentir cette liberté, forcée de tenter d’être aussi parfaite que lui, état qu’il atteint trop facilement. « Tu sais quoi? J’vais te simplifier la vie. Puisque tu veux même pas que j’en fasse partie, on va garder ça au minimum, comme avant. Comme ça, t’auras plus besoin de me regarder droit dans les yeux et me dire des trucs aussi con du genre que c’était bien de faire Noël ensemble, tous les quatre. » Elle souffle, rage, peste rien qu’à l’idée qu’il soit encore le seul à décider, non pas pour eux deux mais bien pour eux quatre. Elle aime ses enfants mais n’arrive même pas à le leur prouver, éternellement éloignée d’eux, éternellement mise de côté, éternellement surveillée comme si c’était elle, l’enfant. Elle plonge son regard dans le sien, ses yeux légèrement relevés, plus noirs que jamais.
« Va t’en. » “Va te faire foutre.”
Bien sûr qu’elle s’en va, bien sûr qu’elle ne va pas être celle qui se met à genoux pour le supplier de lui accorder un temps supplémentaire. A partir de maintenant, au moins, elle peut être certaine qu’il ne risque pas de retomber dans ses bras aussi facilement. C’est sans doute une bonne chose, même si elle pensera tout le contraire dès qu’elle cherchera à nouveau un peu de chaleur et d’amour, d’affection. Pour l’heure, elle est trop occupée à rassembler ses affaires en vitesse et claquer la porte de l’appartement, sans considération ni regard en arrière, pour y penser. Elle s’en va, il va se faire foutre, et on les appellera des parents qui font au mieux pour leurs enfants. |
| | | | | | | | (chant #5) we've got to clean up the mess you've made |
|
| |