« Non, pas celui-là. » que tu dis en regardant simplement par la fenêtre de la voiture sans mettre un pied dehors. Dinis a simplement le temps de défaire sa ceinture que tu l'entends déjà soupirer. Quoi ? C'est lui qui est de mauvaise foie en faisant une pré-sélection d'appartement qu'il savait déjà que tu détesterais - le contraire est sûrement tout aussi vrai. Tu viens biffer la troisième adresse sur la (trop) longue liste. Il avait sûrement espoir que vous ayez un coup de coeur bien avant la fin. Aucune chance, vous allez toute la faire, coup de coeur ou pas. Qui sait si la prochaine ne sera pas mieux que la précédente. Pour l'instant, celui-là est hideux de l'extérieur, tu ne veux même pas mettre les pieds à l'intérieur de peur d'attraper le tétanos. C'est déjà moins pire que son appartement, mais bon, c'est quand même un non catégorique. « Je t'avais dit que ça servait à rien d'aller regarder en dehors de Spring Hills. Les autres quartiers sont… » Tu grimaces de dégoût en guise de réponse. Trop pauvre, pas assez luxueux. Bayside pourrait être possiblement acceptable, mais encore là, ça reste loin de la ville et bien moins pratique que le centre-ville. Quelles sont les probabilités pour que vous vous entendiez sur un endroit commun où vivre dans une journée ? Sans que ça se termine mal ? Quasiment nulle, soyons honnête. Ton doigt glisse doucement le long de la feuille l'air songeur jusqu'à s'arrêter sur une adresse un peu plus basse. « Tiens, celle-là sur Parkland Boulevard. » que tu ajoutes en tournant la feuille vers lui. Spring Hills, mais pas trop près de ton ancienne vie. Tu n'as pas particulièrement envie de te lever chaque matin avec la vue de ton ancienne maison au coin de la rue. Dinis n'en a sûrement pas plus envie que toi. Et ce qui fait de la demeure sur Parkland Boulevard un bon choix ? Son prix dans les sept chiffres, évidemment. Tu finis par relever la tête pour constater l'air blasé qui triomphe sur le visage de ton mari. « Quoi ? T'avais juste à pas dire oui si ça t'emmerde tant que ça. » À deux doigts de lui dire qu'il peut changer d'idée s'il veut mourir. Mais non, il ne peut pas changer d'avis. C'est trop tard. Adieu l'appartement de célibataire. Mais tu pourrais quand même facilement faire le tour des adresses toute seule et simplement lui faire part de ton choix final. Tu n'aurais pas besoin de supporter sa sale tête et ses soupirs d'impatience, mais ce serait un peu chiant de ne pas avoir de chauffeur pour te rendre à chaque adresse. Donc, bon, il peut conduire et attendre dans l'auto, c'est tout aussi bien. Parce que tout le monde sait qu'il n'a pas vraiment son mot à dire de toute manière. Tu prends en considération son besoin de la chambre glauque, mais c'est tout.

@dinis irish

« Non, pas celui-là. » qu’elle lance alors que je suis à peine arrêté devant le portail. Mon pied appuie sans doute un peu trop rapidement sur le frein d’ailleurs, ma nuque est projetée en arrière, rien de bien grave, mais suffisamment expressif de mon état mental après les quelques visites qu’on venait de faire. Stressé, sur les nerfs, à fleur de peau ? Quoi d’autre ? Je défais la boucle de ma ceinture sans grande conviction, je sais que de toutes façons, ça sert à rien d’aller plus loin, elle a déjà décidé qu’elle ne sortirait pas de cette voiture. Et quoi ? Je dis quoi à l’agent qui nous y attend ? Que madame a fait un caprice ? C’est surement ce que j’vais mettre dans mon message, hors de question que ce soit moi qui passe pour le connard. « Je t'avais dit que ça servait à rien d'aller regarder en dehors de Spring Hills. Les autres quartiers sont… » sont quoi ? Je la regarde, attendant qu’elle crache sa méchanceté sur mes genoux. Y a tout qui correspond à celle-ci. « On est à trois cent mètres de Spring Hills. » elle se fou d’ma gueule. Elle a juste pas envie de lâcher sa barraque, elle préfère juste que j’lâche tout moi et que j’finisse par m’installer chez elle, c’est ça, le plan depuis l’début. C’est ça, le plan depuis que j’passe des jours et des nuits à repelucher des annonces de maisons ou appartements en ventes alors qu’elle a même pas daigner ouvrir une seule page internet et décrocher une seule fois l’téléphone. Ah c’est surement jamais elle qui a fait le sale taf avant d’avoir ses barraques. Bien sûre qu’elle a toujours tout eu sur un plateau d’argent, faut pas fatiguer madame.
Je sors mon téléphone et fini par envoyer un sms en voyant le pauvre agent plus loin, qui attend devant l’entrée. On va pouvoir voir sa mine déconfite juste sous nos yeux. Elle en a surement rien à foutre Elise.trop loin de Spring Hill , voilà l’excuse qu’il aura. J’ajoute un désolé. Et j’ai hâte de l’entendre nous insulter pour une excuse aussi minable. Pour sûre qu’il va foutre mon numéro sur une blacklist et que j’aurai pas intérêt à le recontacter à nouveau, j’aurai fais pareil. « Tiens, celle-là sur Parkland Boulevard. » j’me penche sur la feuille pour voir de quelle maison elle parle, j’me souviens bien de celle-là. Une des plus chère, forcément. Je boucle à nouveau ma ceinture, près à conduire sa majesté. « Quoi ? T'avais juste à pas dire oui si ça t'emmerde tant que ça. » Mon visage se bloque sur elle, mes yeux sont fixe et ma respiration devient tout de suite plus dense. Elle se fou définitivement de ma gueule. « C’est con, j’étais en train d’me dire la même chose. » Parce que de nous deux, on dirait bien que c’est elle la plus emmerdée. « Y a rien qui va, depuis qu’on a commencé. » je relance le moteur, prêt à partir, tapotant l’adresse de sa future demeure sur le GPS.« T'attends que j'me tape la moitié d'la ville pour me dire que ça t'convient pas, c'est quoi ton soucis? T'as cette foutue liste en main depuis qu'on est partie! »

« On est à trois cent mètres de Spring Hills. » Hm, c'est vrai ? Tu zieutes de nouveau les alentours avant de grimacer d'insatisfaction à nouveau. Trois cent mètres des limites de Spring Hills peut-être. La vue est horrible et c'est bien trop loin du centre-ville. Non, non, tu détestes l'endroit. « Trois cents mètres de trop. » Oh bien sûr que tu sais déjà ce que tu veux, mais l'imposer à Dinis n'était clairement pas la bonne méthode pour réussir à l'obtenir. Quoique à voir son agacement, celle de faire semblant que toutes les adresses sur cette feuille avait une chance égale n'était pas la bonne non plus. Ça va mal finir. « C’est con, j’étais en train d’me dire la même chose. » Le manque de patience dans sa voix te fait lever les yeux au ciel. Bien sûr, faut qu'il mette tout ça sur ta faute. C'est lui qui est de mauvaise foi et qui ne veut pas vraiment quitter son appartement du parfait célibataire. Ça fait son bonheur que vous n'arrivez pas à vous entendre. Plus de temps chez lui, jamais de temps chez vous. Quelle perte de temps. « Y a rien qui va, depuis qu’on a commencé. » Et alors ? En quoi c'est ta faute si les précédentes demeures avaient chacune leur défaut ? Du terrain trop ensoleillé au plafond pas assez haut, sans oublier celle avec un dressing minuscule. Qui peut vivre dans de telles conditions ? Tu comptes pas déménager pour avoir une maison plus laide que celle que tu possèdes. Faut savoir augmenter ses critères. Surtout lui. « Quoi ? T'as mieux à faire peut-être ? » À son manque de patience, tu réponds par le tien. Il est attendu quelque part ? Aux dernières nouvelles, vous aviez la journée devant vous pour faire un choix. Il faut croire que ça aussi, c'était des conneries. « T'attends que j'me tape la moitié d'la ville pour me dire que ça t'convient pas, c'est quoi ton soucis? T'as cette foutue liste en main depuis qu'on est partie! » - « OKAY TRÈS BIEN ! » que tu t'exclames en déchirant la liste en plusieurs morceaux qui se retrouvent au sol de sa bagnole. Ce sera très plaisant à ramasser plus tard. Tu comptes pas l'aider au cas où il se pose la question. Il veut que t'arrête de te foutre de sa gueule ? Par-fait, allons directement au but. Tu modifies le numéro de porte sur son GPS. Même rue, mais quelques maisons plus loin. Surprise, elle n'était même pas sur la liste, parce qu'il n'approuvera jamais ton choix. « On prend celle-là. Voilà, c'est réglé. » que tu ajoutes en reprenant brusquement appuie contre la siège de la voiture. « J'm'en fou que tu sois pas d'accord. C'est moi qui vais être là plus souvent que toi. » Parce qu'il a un boulot et que toi non. Donc, c'est logique que ce soit toi qui choisisse l'endroit où vous allez vivre. Ah Elise, la gamine capricieuse qui a toujours tout ce qu'elle veut. Faudra qu'il s'y fasse un jour ou l'autre. Il nage à contre courant pour rien. Il va se noyer. Qu'il accepte, c'est tout.

« Trois cents mètres de trop. » le mauvaise foi en personne, ne cherchez pas plus loin, elle se trouve devant moi, cette incarnation vivante de la malhonnêteté. Et le pire, c’est qu’elle continue encore en me faisant le reproche de ne pas avoir envie d’être ici. Qui ne fait aucun effort depuis le début de ces visites ? On était loin d’avoir fini mais si elle ne laisse aucune chance à mes propositions alors qu’on se trouve encore dans la voiture, j’abandonne. Elle n’a pas fait une seule recherche jusqu’à présent, qu’elle ne me dise pas qu’elle y mette du sien. Elle est bien trop exigeante, elle veut que tout soit parfait, mais elle n’est pas foutu de trouver sa perle rare, celle qui n’existe pas. Les critères qu’elle sort, toujours plus dément ne correspondent même pas à l’appartement qu’elle a actuellement. Elle fait exprès, y a pas d’autres mots. « Quoi ? T'as mieux à faire peut-être ? » je lève les yeux au ciel, elle pourrait rendre les choses bien plus agréable si elle était seulement de bonne humeur. « OKAY TRÈS BIEN ! » j’en reviens pas de ce que je suis en train de voir. « Bordel, Elise. » je souffle entre mes lèvres alors que mes doigts se resserrent sur le volant de la voiture. Elle est réellement en train de rendre en miette cette foutue liste ? Elle me chie à la gueule. Son petit manège continue, elle saisie une adresse sur le GPS, à seulement quelques centaines de mètres d’ici… trois cent, sans doute, juste pour être du bon côté de la frontière, dans le bon quartier. « On prend celle-là. Voilà, c'est réglé. » j’suis censé faire quoi là ? Remuer la queue comme un petit chien qui exécute les ordres de sa maitresse ? J’ai pas encore la langue qui pend et la bave qui coule en la voyant. Pas aujourd’hui, en tout cas. « J'm'en fou que tu sois pas d'accord. C'est moi qui vais être là plus souvent que toi. » Je ferme ma gueule, je ferme ma gueule. Je passe la première et me rend à l’adresse, une fois devant, j’ai bien capté où elle voulait en venir. « J’te laisse faire ta visite toute seule. » elle a qu’à y aller, elle a qu’à signer ce qu’elle veut. J’en ai rien à foutre. Je mettrai pas un pied dans cette barraque. Pas aujourd’hui, en tout cas. « Je t’attends ici. Tu m’feras un compte rendu. » j’avais sans doute pas capté à quel moment elle avait fait ses recherches de son côté, à quel moment elle avait déjà tout décidé à l’avance. A quel moment j’ai jamais mon mot à dire quand il s’agit de prendre des décisions à deux.

« Bordel, Elise. » C'est maintenant qu'il regrette les promesses et les engagements ? Sans doute. C'est peut-être toi qui regrette. C'est tellement idiot de simplement penser à emménager ensemble alors que c'est impossible de passer une semaine ensemble sans qu'un nuage noir traverse votre couple. Ça ne te déplaît pas de le renvoyer chez lui quand tu peux plus le blairer. Tout comme ça doit lui faire extrêmement plaisir de s'enfermer chez lui jusqu'à ce que ta bulle au cerveau passe. C'est totalement ridicule de vendre vos résidences personnelles pour n'en avoir qu'une seule, mais t'es bien trop orgueilleuse pour revenir sur ta décision. Bien trop préoccupé que ce soit sa faute à lui si le projet ne vient jamais à terme. De toute façon, vu la grosseur de votre future maison, vous pourrez faire étage à part quand il sera trop con - et inversement. Le trajet se veut plutôt silencieux quand lui de son côté tente probablement de garder un self control et que tu fais juste bouder de ton côté. Très mature, oui. Il s'arrête finalement au bout de quelques minutes devant l'adresse que tu lui a indiqué - ou imposé c'est selon. C'est tout simplement magnifique. Dommage que toi comme lui êtes trop de mauvaises humeurs pour en apprécier la beauté. « J’te laisse faire ta visite toute seule. » Tu te retournes brusquement vers lui en le fusillant du regard. Non, mais il se fout complètement de ta gueule ou quoi ? C'est lui qui a besoin de visiter. Pas toi, c'est déjà fait. Cette maison est parfaite. Il n'a qu'à aller à l'intérieur pour le constater à son tour. « Je t’attends ici. Tu m’feras un compte rendu. » Un compte rendu ? C'est pas sérieux tout ça ? À voir ses jointures blanchis tellement il tient le volant serré, on dirait que oui. Comment est-ce possible qu'il arrive à gâcher encore plus ta journée ? « T'as qu'à aller voir le compte rendu sur le net. » Comme ça, on aura même pas besoin de se parler. Ta mâchoire se crispe alors que tu ouvres la portière. « T'es ridicule. » que tu laisses échapper avant de partir en prenant bien soin de claquer la porte. Au cas où il n'aurait pas encore compris ton mécontentement. Dix minutes top chrono, c'est ce que ça te prend pour entrer dans la maison et ressortir avec un document dans une main et une bouteille de champagne de l'autre. Bah oui, t'as droit à une bouteille de champagne quand t'achètes une propriété. Enfin, elle n'est pas encore officiellement acheter puisque le but c'est quand même d'acheter tout ça à deux - ou que toi tu paies, mais qu'il y est les deux noms sur le contrat d'achat plutôt. Tu retournes prendre place dans la voiture - encore heureux qu'il ne s'est pas poussé sans toi. Tu déposes la bouteille de champagne sur la banquette arrière, puis vient balancer le document sur ses genoux. Ta signature est déjà dessus, manque plus que la sienne. Ce serait bien trop simple qu'il le fasse maintenant et que la paperasse soit déjà réglée. « Tu signeras quand t'auras fini de faire la gueule pour rien. » Le dix minutes où t'es partie n'est sûrement pas suffisant. De ton côté, il ne l'a pas été du moins. Tes lèvres se pincent alors que ton regard s'égare vers la fenêtre. « Tu m'énerves. Ça devait être une belle journée. Tu gâches tout. » Et au lieu de ça, c'est une journée à oublier. Il peut pas juste te faire plaisir, se fermer la gueule sans avoir l'air aussi contrarié ? Non, c'est trop lui demander apparemment.

« T'es ridicule. » la porte de la voiture claque, une fois qu’elle en est sortie. J’hésite à me barrer et la laisser en plan sur le trottoir une fois qu’elle aura fini le tour de sa propriété. Est-ce que c’est vraiment ce dont j’ai envie ? J’ai l’impression d’être son chien, d’être à sa mercie et de n’avoir jamais vraiment mon mot à dire. Elle décide tout, elle en fait qu’à sa tête et ça commence sérieusement à me gonfler. En fait non, je crois que ça m’a toujours gonflé mais que là, mon niveau de patience atteint vraiment ses limites.
Les minutes me semblent terriblement longues et j’ai remis et coupé le moteur de la voiture au moins trois fois avant qu’elle ne revienne enfin. Des papiers dans une main, une bouteille dans l’autre, son air victorieux sur le visage, ca m’fait pas rire du tout. « Tu signeras quand t'auras fini de faire la gueule pour rien. » C’est là qu’Elise sait jamais la fermer, c’est là qu’elle est toujours obligé de l’ouvrir et d’avoir le dernier mot. Elle a du se sentir pousser des ailes de plus être avec Saul. Parce qu’elle a beau être une grande gueule, je sais bien que face à ce connard, elle faisait bien moins la maline ou en tout cas, à chaque fois qu’elle osait ouvrir la bouche face à lui, son pouls s’emportait. Là, elle est bien trop sûre d’elle, elle ne craint rien. « Tu m'énerves. Ça devait être une belle journée. Tu gâches tout. » mon regard fini enfin par se poser sur elle. « Donnes moi les papiers et un stylo. » je tends la main vers elle, prend les documents et y jette un œil faussement intéressé. Le style ne tarde pas à arriver et dès que je l’ai dans les mains, je tire un trait en diagonale sur la première feuille, juste avant de déchirer tous les papiers en même temps, sous ses yeux. « Ca doit toujours être de belles journées, hein ? » je lui balance par paquet de deux à trois morceaux de feuille ses documents. « La journée s’arrête ici. J’en ai ras l’cul, j’abandonne. Sort de cette voiture. » c’est maintenant ou jamais, reprendre ma vie en main et arrêter de vivre au dépend de ses sauts d’humeur. Ras l’cul. Y a pas d’autres mots. Elle me manquera mais j’vais m’en remettre, c’est maintenant avant qu’on fasse la plus grosse erreur de notre vie : acheter cette putain de baraque ensemble. « Je reste dans mon appartement minable, j’vais continuer ma vie de minable mais au moins, y aura plus personne pour me dire comment m’fringuer, comment m’comporter, si j’ai l’droit d’être de mauvaise humeur ou pas. »

« Donnes moi les papiers et un stylo. » Bon, parfait. Il choisit la voie facile: te faire plaisir. Difficile de retenir ce sourire victorieux sur ton visage. Et puis, de toute façon, après l'avoir vu, il verra bien que c'est la perle rare, que vous ne pourrez pas trouver mieux que celle-là. Tu laisses les feuilles sur ces genoux, fouille dans ton sac pour en sortir un stylo que tu lui tends. La suite… on peut dire que tu ne l'as pas vu venir du tout. Il fout un trait sur la feuille au complet avant de déchirer le paquet en deux. « Ca doit toujours être de belles journées, hein ? » La mâchoire te tombe à terre. Oui, idéalement, ça doit toujours être de belles journées. Dans les faits, c'est autre chose. Faut être réaliste. Des bonnes journées, il y en a pas tant que ça. C'est moitié-moitié. Mais le bon fait accepté le moins bon pas vrai. Il va être dure à avaler celui-là alors qu'il te balance le paquet de feuille en pleine gueule. Respire Elise, respire. « La journée s’arrête ici. J’en ai ras l’cul, j’abandonne. Sort de cette voiture. » - « PARDON ? » Oui, il en a ras le cul. Oui, la journée DES VISITES peut bien s'arrêter ici si ça lui chante, mais il dépasse les bornes en te demandant de sortir de la voiture ici. Qu'il te ramène chez toi avant de faire sa petite crise de diva au moins. Tu vas quand même pas marcher les dix minutes qui te séparent de ta maison, alors que ça en prendra qu'une seule en voiture. « Je reste dans mon appartement minable, j’vais continuer ma vie de minable mais au moins, y aura plus personne pour me dire comment m’fringuer, comment m’comporter, si j’ai l’droit d’être de mauvaise humeur ou pas. » Attend, attend, il se passe quoi là ? Ton regard est fixé sur lui. Il est clairement en train de se foutre de ta gueule là ? Il devrait retravailler son humour parce que c'est loin d'être drôle. Pourtant, c'est quand même un rire moqueur qui sort d'entre tes lèvres - parce que cette situation est complètement ridicule. « Tu me fais quoi là ? » Il devrait faire du yoga Dinis. On sait tous que dans une semaine, ce sera les retrouvailles mielleuses alors qu'il pèse ses mots s'il veut pas que sa semaine se transforme en deux semaines ou un mois entier. « Toi ? T'es entrain de me larguer ? Moi ? » S'il entend une merde dans ton genre largue une fille que t'as jamais mérité c'est qu'il comprend très bien ce que tu penses. De nouveau, le rire traverse tes lèvres. C'est n'importe quoi. Une chance d'avoir tout ce que toi tu lui offres, ça ne va pas se représenter deux fois dans sa vie. Si un jour quelqu'un largue l'autre, ce sera toi et certainement pas l'inverse. « J'vais pas sortir de cette putain de voiture. » Parce que c'est ce qu'il semble attendre. Tu ne vas pas sortir. Il va s'excuser que ses paroles aient dépassé ses pensées et le projet de visite de maison sera reporté à plus tard. T'es même prête à faire comme s'il n'avait pas dit sa dernière phrase. Une vraie aubaine.

« PARDON ? »qu’elle me fasse pas répété, j’ai été très clair, mon regard planté dans le sien, que ça lui convienne ou pas, elle sortira de cette voiture. On est à quelques minutes de chez elle, ça lui fera pas de mal de marcher et de prendre l’air. Histoire de se remettre les idées en place. Et que ça finisse par la faire rire me met davantage en colère et me conforte encore plus dans l’idée que ce que je suis en train de faire est la meilleure des solutions, pour moi, pour elle aussi. On a rien à foutre ensemble, on a jamais rien eu à foutre ensemble, on le savait bien depuis tous ces mois. Ces putains de mois perdus. « Tu me fais quoi là ? » j’te largue. Ca m’semble être bien clair. « Toi ? T'es entrain de me larguer ? Moi ? » c’est à mon tour de rire jaune. « c’est exactement ce qui est en train de se passer. » ça doit lui faire tout drôle de pas avoir le contrôle, hein. La bête qui largue la belle. Si elle pense pouvoir acheter même ça, j’vais pas lui en donner l’occasion. J’en ai plus rien à foutre de son fric. J’veux juste retrouver la tranquillité que j’ai toujours choisi d’avoir sans avoir de compte à rendre à personne. « Tout ça, ça a toujours été des putains de conneries ! C’est pas une maison de princesse qui changera quoi que ce soit. J’en ai rien à foutre de vivre aux frais de madame. » et vas te faire foutre. « J'vais pas sortir de cette putain de voiture. » Du silence. Mes yeux se posent sur le volant, je sais qu’elle sortira pas et je sais aussi que j’vais pas la traîner par les cheveux pour la foutre dehors. « très bien. » qu’elle reste dans cette putain de voiture. Moi, j’me casse. Je prends les clés, ouvre la portière et sors de la. « Démerde toi. » et moi aussi, j’me démerderai pour rentrer. J’en ai rien à foutre si j’dois payer 5 dollars pour prendre un bus au bout d’la rue. Rien à foutre si j’dois revenir dans trois jours pour récupérer la voiture mais il est hors de question que je joue une fois de plus le chevalier servant pour elle. Je claque la portière, elle se retrouvera bien conne si elle attend que j’revienne dans les prochaines minutes, parce que c’est bien la dernière fois que j’compte croiser son regard. Qu’elle aille se faire foutre et pour de bon.

« c’est exactement ce qui est en train de se passer. » C'est pas sérieux tout ça ? Ça ne peut pas être sérieux. Après toutes les montagnes russes d'émotions que vous avez traversées ensemble, il ne peut pas se casser à cause d'une maison qui n'est pas à son goût. La goutte de trop qui fait déborder le vase visiblement. « Tout ça, ça a toujours été des putains de conneries ! C’est pas une maison de princesse qui changera quoi que ce soit. J’en ai rien à foutre de vivre aux frais de madame. » Et c'est sûrement là que tu le sens, l'élan de panique qui grimpe en flèche en toi. Non, non, non, c'est pas en train de se produire. Aucune chance pour que tu quittes cette voiture. Vous allez juste gentiment avoir une conversation. Tu vas lui faire des excuses que tu ne penses pas et tout sera rentré dans l'ordre. On s'en fout de la maison. Qu'il garde son appartement si c'est ce qu'il veut. Très bien. Ça veut pas dire que c'est fini. Pas vrai ? « très bien. » Bon, voilà, très bien. Alors que tu avais soudainement l'impression de mieux respirer, le voilà qui éteint le moteur et retire ses clés. « Qu'est-ce que tu- » Il ouvre la portière. Non, mais, sérieusement, après il ose te dire que tu as des sautes d'humeur et que tu fais des crises pour rien ? C'est lui là qui fait n'importe quoi. C'est lui qui réagit de manière impulsive. « Tu vas quand même pas » - « Démerde toi. » Et il te claque la porte au nez. Oui okay, il est fâché et il te déteste, mais sa voiture ? Il ne va quand même pas l'abandonner ici ? On dirait bien oui à le voir s'en aller dans la rue d'un pas rageux alors que tu restes complètement figé sur place. C'est pas possible. Tout ce qui vient de se passer, c'est pas possible. Ce n'est que lorsqu'il disparaît de ton champ de vision que tu attrapes ton téléphone pour l'appeler. Évidemment, il ne répond pas. Bon, ça va, suffit juste de le laisser décompresser quelques jours. Oui, voilà. Ce n'est qu'une petite pause temporaire. Pas une rupture qu'on soit bien claire. Ce n'est pas la première fois. Et ce ne sera certainement pas la dernière. Impossible que ça se termine ainsi. Tout va bien. Tu n'y crois pas une seule seconde que c'est terminé pour toujours. Tu n'y crois même pas lorsque des jours plus tard, il ne retourne aucun de tes appels, ni aucun de tes messages. Passant des insultes aux mots d'amour, évidemment.  C'est juste…. plus long que d'habitude, c'est tout. Il va revenir. Bien sûr qu'il va revenir. Peut-être que tu comprendras enfin que c'était pas des conneries quand t'auras un appel de ton avocat.