The midnight sky is the road I'm takin'
Megan Williams & @co

« Il est magnifique. Merci beaucoup. » Le cadeau de Damon l’est. Le sautoir emballé dans un sublime écrin Tiffany vaut certainement une petite fortune - son prix doit atteindre les quatre chiffres, sans exagérer - mais il a quelque chose d’impersonnel. Si mon époux avait été en âge d’avoir une secrétaire, nul doute qu’il n’aurait pas été déraisonnable de penser qu’il l’a envoyée choisir à sa place. C’est sans conteste le plus beau cadeau que l’on m’ait fait en vingt trois ans, mais quelque chose sonne faux ce matin. Damon a préparé le petit déjeuner - et ce malgré notre altercation et nos problèmes non résolus - mais ce n’est pas pour autant que nous avons pu discuter à coeur ouvert. Comme partagé entre l’envie d’une trêve le jour de mon anniversaire et sa déception, le blondinet a bien du mal à agir normalement avec moi et j’ai presque l’impression qu’il est soulagé lorsque vient l’heure pour lui de partir rejoindre les locaux de MHI en promettant qu’il nous rejoindra directement au restaurant ce soir, moi et les quelques invités avec lesquels je prévois de fêter cette nouvelle année. Malgré notre dispute, je l’espère de tout coeur. Je n’ai pas envie de devenir ce genre de femme qui doit expliquer l’absence de sa moitié - aussi factice que soit notre union - en prétextant qu’il croule sous le travail. Surtout que, si Jo et Charlie ignorent tout de notre dispute, Shiloh sait qu’elle a eu lieu sans en connaître la réelle teneur. Elle pense certainement qu’il s’agissait d’une broutille, une première dispute de jeune couple, mais l’absence de l’italien éveillerait certainement sa méfiance.

Pour chasser toutes ces idées noires de ma tête, je m’offre une journée de détente en tête à tête avec moi-même. J’ai prévenu Edge que je prenais un jour de congé la semaine passée et juste avant midi je prends la direction d’un SPA que j’ai découvert à présent que je suis richissime et (un peu) désoeuvrée. Je m’autorise tout caprice qui me traverse l’esprit, notamment une sublime robe achetée pour être portée le soir même. Puisque les apparences sont ce qui compte le plus dans ma nouvelle vie, je passe chez le coiffeur, faire une manucure et lorsque je rentre à l’appartement, j’ai tout juste le temps de me maquiller légèrement avant de prendre le chemin de l’Interlude.

Lorsque j’arrive, Jo et Charlie attendent toutes deux devant le restaurant et, si je ne me permets pas la moindre réflexion à haute voix, j’esquisse malgré tout un sourire qui en dit long lorsque je pose mes yeux sur le duo. « Arrivées à la même heure hein ? » Finalement si, une remarque déclamée sur un ton amusé m’échappe, avant que je ne serre contre moi la première jeune femme puis l’autre. « Ça me fait plaisir de vous voir. Vous êtes toutes les deux sublimes. » Parfaitement assorties, je note silencieusement. La brune et la blonde ont toutes les deux choisi pour l’occasion une robe qui complimente parfaitement leur teint, mais assez semblables pour paraître sortir de la même boutique. J’interrogerai la moins sauvage des deux - pas Joséphine donc - plus tard dans la soirée. « Vous avez vu Shiloh ? Elle est peut-être déjà à l’intérieur. » Je n’ai pas reçu de message de la blonde m’annonçant un retard mais, vu l’heure, cela n’a encore rien de surprenant. « Damon nous rejoint directement en sortant du boulot. Je sais pas pour combien de temps il en aura, mais de toute façon, on est pas obligées de l’attendre pour commander les premiers cocktails. » Je mène le petit groupe vers l’entrée du restaurant huppé où je donne mon nom au serveur qui cherche notre réservation avant de nous conduire à notre table. « Et puis c’est tout. Je me suis dit que ce serait plus agréable, une soirée en petit comité. » Ce sont les quatre seules personnes que j’avais envie de voir ce soir, pour évacuer un peu de la pression qui constitue mon quotidien.

@Damon Williams, @"Charlie Villanelle", @Jo Carter, @Shiloh Atkins hihi

Elle a eu un date une fois, à l’Interlude. C’était aussi ennuyant que les plats étaient bons, alors Charlie a au moins attendu la fin du repas pour esquisser un sourire et un baiser contre la joue de l’homme en question tout en promettant de le rappeler, après lui avoir à son tour donné un numéro de téléphone, correct à un ou deux numéros près. C’est une anecdote inutile, sans doute, mais qui continue de la faire sourire malgré tout le temps écoulé. Elle n’aurait pas pu imaginer son amie passer son anniversaire dans un autre endroit, pour être honnête, et elle s’est promis que Megan devrait passer une bonne soirée, raison pour laquelle elle met son propre ego et ses problèmes de côté pour l’occasion. Cela l’arrange bien, dans la mesure où elle met aussi de côté les reproches qu’on pourrait lui faire, comme celui d’avoir finalement dû annuler à la dernière minute l’après-midi qu’elle avait promis à Jo de passer avec elle. “Tu veux me tuer de suite ou j’aurai le droit à des remarques condescendantes pendant le repas ?” Non, sans doute n’a-t-elle toujours pas appris de ses erreurs dans la façon d’aborder Josephine Carter mais oui, sans doute qu’elle préfère encore se compliquer la tâche. Elle est bien plus intéressante encore lorsqu’elle est en colère, Jo, et Dieu sait que la blonde a bien de moyens à sa disposition pour parvenir à ses fins. La jeune femme se balance d’un pied à l’autre, ses talons marquant la cadence contre le sol. Elle aurait préféré que les choses se soient arrangées entre elles, peu importe ce qui est drôle ou non. “Tu es très belle.” Pour ce que ça vaut. La blonde confesse doucement, ses yeux ayant à peine dérivé sur la tenue de la jeune femme. Pour peu, elle pourrait lui dire qu’elles n’avaient pas besoin de faire les boutiques ensemble, finalement.

Fort heureusement pour elles, Megan ne tarde pas à arriver à son tour devant le restaurant, sa robe resplendissante sous les lumières pourtant peu flatteuses de la rue. « Arrivées à la même heure hein ? » Oh, Megan. L’inspectrice esquisse un sourire poli, la priant muettement de ne pas aller plus loin dans les commentaires les liant toutes les deux et préférant largement la prendre dans ses bras pour la saluer. « Ça me fait plaisir de vous voir. Vous êtes toutes les deux sublimes. » - “Dit-elle.” Elle ne le répétera pas une fois de plus, mais à chacune de leurs rencontres elle se dit que Damon est véritablement un homme chanceux.

« Vous avez vu Shiloh ? Elle est peut-être déjà à l’intérieur. »
“Non, on vient tout juste d’arriver.”

Charlie alimente la source des sous-entendus de son amie sans même le savoir, ne voulant pourtant pas lui faire croire qu’elles sont arrivées ensemble - même si elle ne cache pas qu’elle aimerait repartir avec, cette fois-ci elle sait par avance que les chances que cela arrive sont pour ainsi dire nulles. Devant Shiloh, cette jeune femme dont elle connaît le nom et à peine le visage, Charlie se promet pourtant de faire bonne figure et de réduire autant que possible les yeux doux qu’elle dédiera à la chanteuse. Pour ce qu’il en est de lui faire du pied, littéralement ou non, elle ne promet. « Damon nous rejoint directement en sortant du boulot. Je sais pas pour combien de temps il en aura, mais de toute façon, on est pas obligées de l’attendre pour commander les premiers cocktails. » La remarque est légère, elle lui tire un sourire. “De toute façon il ne tiendra jamais le sien, autant qu’on prenne de l’avance.” Se moquer du blond est une passion à part qui n’a rien de négative, surtout alors que quiconque sait déjà toute l’affection que Charlie lui porte, tout comme le fait que ses commentaires n’aient rien de moindrement négatif. Preuve en est, elle prononce ces quelques mots avec un éternel sourire, revu à la baisse au seul moment où elle dégage à nouveau son regard en direction de Jo lorsque ses pas suivent la cadence de ceux de la birthday girl jusqu’à l’intérieur du restaurant. « Et puis c’est tout. Je me suis dit que ce serait plus agréable, une soirée en petit comité. » Et c’est très bien ainsi. Présence de Jo, absence de Léo, voilà tout le cocktail dont elle a besoin pour passer une bonne soirée à son tour, et s’il en est de même pour Megan alors tout est parfait dans le meilleur des mondes.

Autour de la table, elle attend de savoir quelle chaise sera celle de Jo pour choisir la sienne mais ne mime en aucun instant son intérêt lorsque ses doigts fins s’approchent du collier de Megan et osent à peine le toucher. “Je ne l’avais jamais vu, celui-là ? Ce serait pas un cadeau du jour, à tout hasard ?” Elle demande alors, l’accent chantant, son regard ancré dans celui de sa cadette. Si elle n’a pas l’audace d’avancer le nom du bienfaiteur, tous les regards sont pourtant tournés vers son mari.

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"Je te rapporterai une part de gâteau." Le baiser qu’elle écrasa sur la pommette de Nicholas, il servait uniquement à le déstabiliser et le gloussement qu’elle laissa échapper en se glissant hors de son nouveau carrosse en était la preuve irréfutable. Elle n’attendit pas qu’il redémarre pour se faire la malle, et trottina jusqu’au trottoir de l’Interlude en tirant sur le bas de sa robe pour la remettre convenablement, vérifiant, en calant sa pochette strassée sous son bras, que les jumeaux étaient bien en place histoire de ne pas mettre l’affiche à Megan et à son nouveau statut de femme-trophée en offrant le spectacle de sa plastique parfaite à l’assemblée. Venir fêter son anniversaire d’accord, mais mettre ses sarcasmes de côté en agissant de meilleure humeur que d’habitude, fallait peut-être pas se foutre de la gueule du monde non plus — et putain, qu’elle pensa immédiatement en s’avançant sur ses talons hauts, très hauts, et en se retrouvant nez-à-nez avec l’aimant à problèmes qu’était Charlie, son pas ralentissant graduellement tandis qu’elle refusait de se retrouver dans son espace vital, à cette radasse.
Le temps d’un instant, elle avait fait semblant d’oublier qu’elle était conviée aussi, et qu’elle devrait faire plaisir à Princesse Williams en n’agissant pas comme la dernière des connes et en ne lui faisant pas regretter de lui avoir posé le lapin du siècle — son petit cœur avait été malmené par le départ inopiné de son cher et tendre, tu parles d’une surprise, c’était peut-être ça qui la forçait à agir en parfaite salope, qui savait vraiment dans le fond. Mais à la voir là, engoncée dans sa tenue du dimanche, le visage étincelant de beauté, ses cheveux auréolant le tout d’une couronne de sagesse qu’elle n’avait définitivement pas pour qualité, elle savait que cette petite sauterie deviendrait vite une torture pour elle, et presqu’immédiatement, elle regretta d’avoir accepté l’invitation.

Elle se plaça à quelques mètres de Charlie en évitant tout bonnement de lui accorder de l’attention, s’intéressant à la pléiade de clients qu’elle voyait au travers de la vitre qu’elle finit par regarder de front, y décelant son propre reflet. Mais évidemment, si elle-même n’était pas toujours maîtresse de sa grande gueule, l’autre avait autant de lacune en la matière, et elle dut sûrement se sentir obligée de désamorcer la tension qu’elle sentait émaner de la petite silhouette mauve et noire de Jo qui tourna à peine la tête, trop occupée à s’admirer, vers elle pour lui répondre "Je suis pas venue pour ça." Je suis pas venue pour toi "Je suis venue pour Megan." Un moyen plutôt poli de lui dire de fermer sa gueule et de ravaler son ironie, au moins pour qu’elle ne se sente pas obligée, elle, de lui sauter à la gorge. Elle avait la rancune tenace Josephine, mais elle en avait sa claque de se trimballer des casseroles aux fesses sous le prétexte qu’elle était peut-être moins revêche qu’elle voulait le laisser croire; elle ne voulait pas connaître les raisons de Charlie, elle voulait simplement être là pour Megan, lui fourrer son cadeau entre les mains, et se rincer le gosier aux frais de son abruti de pseudo-mari — peut-être même lui passer un coup de peigne dans les cheveux, ce qu’elle rêvait de faire depuis qu’elle avait vu sa tronche sur Instagram. Elle détourna la tête, passant sur le compliment qu’elle lui fit en secouant la tête un air de dire tell me something I don’t know, et resta un instant à se mordiller une petit peau douloureuse à l’intérieur de sa joue.
Elle passa presque au-dessus de l’arrivée de Megan "Ça te va bien d’être riche." qu’elle lui dit, parce qu’elle ne savait pas faire des compliments autrement que comme ça. Elle planta sa bouche sur sa joue, essuya la trace de gloss qu’elle lui avait laissée en s’assurant de ne pas ruiner son maquillage plus discret que le sien, et prit le coche en entrant dans le restaurant sans jeter un regard à Charlie qui gérait le small talk comme personne. Megan ne lui en voudrait pas de réserver ses effets, elle la savait assez diva pour ne pas vouloir se mêler à des conversations aussi banales, encore qu’elle trouva rien de mieux que d’ajouter à ce que Charlie lui dit à propos de son collier "Je m’attendais à mieux de sa part. Genre, une Bentley ou une Bugatti pour que tu puisses te pavaner en ville la tête haute." Elle se départit de sa fausse fourrure qu’elle fourgua au type qui vint s’inquiéter de les mettre à leur aise, mais garda sa pochette, qui contenait le cadeau de Megan, qu’elle posa sur la table quand elle se laissa asseoir sur la première chaise qu’elle trouva; et son coude se vissa instantanément au bord de la matière brute qui accueillerait leur repas et son menton reposa dans sa paume comme ses yeux se mirent à lui picoter face à l’obstination qu’elle mettait à ne pas les faire dériver sur Charlie.

Spoiler:

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Charlie et Jo sont fidèles à elles-même et, au moins, je ne suis pas dépaysée. La première me complimente et j’esquisse un sourire radieux quand ça arracherait la bouche à la seconde de dire quelque chose de réellement gentil. Chaque chose est à sa place sauf moi, qui me sent toujours aussi secouée à l’intérieur mais qui, pour les apparences, m’entête à prétendre que tout va bien dans le meilleur des mondes. « Ça te va bien d’être riche. » - « Ça te va mal d’être jalouse. » Après avoir enlacé Charlie, j’attire la brune contre moi qu’elle le veuille ou non et claque une bise sonore contre sa joue. A l’oreille, je lui glisse un « Range tes crocs » sur un ton humoristique : c’est plus fort que moi. « Non, on vient tout juste d’arriver. » Je hoche la tête, surprise par la blonde qui est un exemple de ponctualité : c’est simple, pour Shiloh, être en retard c’est presque aussi condamnable que parler trop fort ou prendre trop de place dans une pièce. Et s’il y a une personne avec laquelle elle est particulièrement dure - une unique en fait - c’est bien elle. « Oh, elle est peut-être dedans. »

Nous sommes conduites à notre table, encore vide, ce qui me confirme ce que je pensais : il y en a un autre qui brille de par son absence et je me demande s’il viendra. Ce matin, en partant, il m’a dit qu’il le ferait. Serait-il du genre à saisir une opportunité de me rendre la monnaie de ma pièce en affirmant que puisque je ne suis qu’une menteuse qui ne tient pas parole, il peut en faire de même ? Ce genre de représailles ressemblerait peu à l’italien mais s’il y a bien une chose que ces dernières semaines ont prouvé, c’est que nous ne nous connaissons pas par cœur. « De toute façon il ne tiendra jamais le sien, autant qu’on prenne de l’avance. » - « Tu serais surprise. » Ou peut-être pas, en fait, mais comme toujours, je donne le change en partageant des anecdotes censées prouver notre complicité, à Damon et moi. « T’aurais dû le voir à New York. Il était comme un poisson dans l’eau avec ses anciens potes de promo. Un autre homme. » Un homme qui m’a malgré tout confié avant de partir qu’il a avait autrefois été pointé du doigt parce qu’il faisait un peu trop la fête. Le dire de façon aussi candide, n’est-ce pas une preuve qu’il est loin des pires excès ?

« Je ne l’avais jamais vu, celui-là ? Ce serait pas un cadeau du jour, à tout hasard ? » Les cocktails sont commandés, et voilà que la jeune mère pointe du doigt le magnifique collier qui trône fièrement juste au-dessus de ma poitrine. J’y porte une main, le caresse du bout des doigts, avant d’acquiescer. « Il me l’a offert ce matin, avant de partir bosser. » Un coup d'œil en direction de Joséphine me confirme ce qu’elle en pense : c’est le genre de cadeau d’une trophy wife, ce que je porte au cou. C’est aussi clair que si elle avait enfoncé ses doigts dans sa bouche pour mimer un suicide par balle. « Je m’attendais à mieux de sa part. Genre, une Bentley ou une Bugatti pour que tu puisses te pavaner en ville la tête haute. » Je lui jette un regard consterné, avant d’attraper mon cosmo du bout des doigts pour le porter à mes lèvres. « C’est seulement mon deuxième anniversaire qu’on fête ensemble. Attend le troisième. » J’éclate de rire avant que Charlie ne me croit sérieuse et profondément intéressée par l’argent du jeune italien. « Alléluia, ses parents n’ont pas tenu à ce qu’on organise quelque chose avec eux pour le fêter. » Je crois qu’après celui de Damon au casino l’an dernier, notre fête de fiançailles et, cerise sur le gâteau notre cérémonie de mariage, j’ai besoin d’une pause. D’une pause qui dure cinquante à soixante ans, de préférence. « Mais lui m’a préparé le petit-déjeuner. » Ce qui est vrai : on ne refait pas un homme, aussi blessé et en colère soit-il. « Tu trouves que c’est trop ? » Je porte à nouveau mes doigts au bijou Tiffany et, cette question, c’est à Charlie que je l’adresse : je connais déjà l’avis de Jo.

Tout a commencé de travers. Je n’avais pas réellement prévu que les jumeaux de Trent aillent fouiller dans mon sac pour trouver le paquet cadeau à destination de Megan. Surexcité à la vue du papier brillant et du joli nœud, Aaron n’a eu besoin que d’un seul coup de main expert pour déchirer l’emballage avant de trouver le cadeau peu à son goût. C’est au moment de partir, que j’ai retrouvé le carnet et le sachet, éventrer sur le sol, à côté d’un petit garçon drôlement amusé par sa bêtise du jour. Incapable de m’énerver contre la tête blonde, il m’a tout de même fallu reprendre l’emballage, un bricolage de dernière minute qui se balance au bout de mon poignet, dans ma course contre la montre. S’il n’y avait eu que cela, je serais probablement arrivée à l’heure. Mais il a fallu que la malchance me poursuive au point de trouver le seul taxi de cette ville incapable de comprendre le nom d’un restaurant. Alors que j’ai demandé au chauffeur de me déposer devant l’Interlude, celui-ci semble avoir trouvé amusant de m’entraîner à l’extrême opposé de la ville. Après plusieurs vérifications sur mon mobile, j’ai fini par vaincre ma timidité afin de lui faire remarquer son erreur. Le débat fut intense jusqu’à ce qu’il décide de m’abandonner à la sortie de la ville, loin de ma destination et stressée à l’idée d’arriver en retard à la soirée d’anniversaire de Megan. Le voyage inverse m’a fait perdre un temps fou et plus préoccupé par le nombre de courses qu’il pourrait emmagasiner en une soirée, le second chauffeur à fini par me déposer à l’angle d’une rue, a plusieurs mètres du restaurant. Perché sur des talons un brin trop haut à mon goût, idée stupide de vouloir absolument faire matcher mes chaussures avec ma robe, je me retrouve à descendre la rue tout en priant pour ne pas perdre l’équilibre.

Lorsque j’arrive au restaurant, la charmante hôtesse de l’accueil m’indique que la blonde et ses amies se sont déjà installées à la table qui serait notre pour la soirée. Megan doit se demander ce que je fiche, moi qui suis toujours la première dès qu’il s’agit d’un rendez-vous. En suivant le serveur, je me rappelle de souffler un bon coup, replace quelques mèches de cheveux autour de mon visage lorsque je me souviens que je ne connais pas particulièrement ses deux amies. « Désolée, je suis en retard. J’ai réussi à trouver le chauffeur de taxi le plus stupide de cette ville. » Je lance un sourire à la star de la soirée, avant de m’approcher d’elle pour venir planter un baiser sur sa joue. « Joyeux anniversaire. » que je souffle à la blonde avant de faire un petit signe aux deux autres demoiselles. La seule qui m’intéresse vraiment étant Megan, je viens déposer le sachet contenant une énième robe de ma création pour elle ainsi qu’un carnet rassemblant des photos de nous et quelques mots à sa destination, une sorte de remerciement pour tout ce qu’elle a fait pour moi depuis mon retour. « Il est magnifique. » que je murmure en désignant le collier, nouveau, qui orne son cou. Sûrement un cadeau de Damon qui doit souligner leur réconciliation. Je souris timidement, prenant place autour de la table, sans trop savoir comment m’installer.

"Je suis pas venue pour ça. Je suis venue pour Megan."
“Moi aussi.”

La seule différence est un ‘mais pas que’ que les circonstances lui font garder pour elle, son ego étant sans doute blessé d’être ainsi constamment mis à mal. Fort heureusement, Megan ne tarde pas davantage avant d’entrer en scène et les sortir de quelques minutes supplémentaires à se regarder dans le blanc des yeux. Charlie pourrait le jurer, pourtant, elle n’a jamais eu pour intention de laisser tomber la jeune femme au dernier moment. Maintenant, il est de toute façon trop tard pour s’excuser, raison pour laquelle elle se garde sans mal de le faire. « Ça te va bien d’être riche. » - « Ça te va mal d’être jalouse. » Et ça lui va bien, de sentir un parfum hors de prix quand la blonde enlace sa comparse pour la saluer, alors que les deux amies sont occupées à se gratifier bien à leur manière. Charlie ne la connaît pas assez pour agir de la sorte, il n’y a encore qu’avec Damon qu’elle puisse rigoler de tels sujets sans aucune retenue. Pourtant, il n’y a justement que Damon qui manque à l’appel, et elle jure que lui envoyer des messages d’insulte la démange fortement.

Les trois jeunes femmes ne tardent pas avant de se frayer un chemin jusqu’à leur table, chacune laissant sa veste à l’employé sans nul doute légèrement impacté par le poids de tous leurs habits. Aux yeux de Charlie, un silence n’est qu’une opportunité pour enfin se moquer avec amusement de Damon, tout sujet pouvant se porter à un tel passe temps. « Tu serais surprise. » - “Vraiment ?” Et elle veut y croire, Charlie, bien consciente que Megan connaît bien plus son mari qu’elle son ami, et qu’il n’y a rien de plus normal à cela. Elle veut y croire, mais elle veut aussi entendre les anecdotes de toutes ces fois où il s’est sûrement cru plus fort que son cocktail, et le connaissant elles doivent être nombreuses et croustillantes. « T’aurais dû le voir à New York. Il était comme un poisson dans l’eau avec ses anciens potes de promo. Un autre homme. » Elle esquisse un sourire touché. New York est sûrement bien plus sa ville que ne l’est Brisbane, elle ne doute pas un seul instant que retrouver ses marques dans un autre pays a tout eu pour le rendre heureux. En plus de la présence de sa femme à ses côtés, bien sûr. “Il a dû être heureux de te présenter à tous ses amis aussi.” Peu sont ceux qui sont déjà mariés à son âge, après tout, et la surprise a dû être entière pour tous ses proches n’ayant pas pu traverser la moitié du globe pour assister à la cérémonie.

Curieuse et surtout toujours désireuse de s’assurer du bonheur des jeunes mariés, Charlie l’interroge sur le nouveau collier autour du cou de Megan. « Il me l’a offert ce matin, avant de partir bosser. » Si la jeune mère est éternellement heureuse pour elle et pour eux, Joséphine est bien plus acerbe au sujet de leur couple, ce qui n’est finalement pour étonner personne. « Je m’attendais à mieux de sa part. Genre, une Bentley ou une Bugatti pour que tu puisses te pavaner en ville la tête haute. » Son menton posé dans la paume de sa main, la blonde continue d’observer le collier avec un sourire en coin, n’ayant aucun mal à imaginer Damon indécis pendant des heures devant les vitrines, tout ça parce qu’il souhaite choisir le parfait cadeau pour celle qu’il aime. A en juger par la réaction de sa femme, il a plutôt bien réussi son coup. « C’est seulement mon deuxième anniversaire qu’on fête ensemble. Attend le troisième. » Sachant très bien qu’elle ne fait que rigoler à ce sujet et qu’elle n’a rien d’une croqueuse de diamants, Charlie rigole à son tour de bon coeur avant de tremper ses lèvres dans le cocktail, sans nul doute la boisson nécessaire pour survivre à cette soirée face à une Joséphine bien décidée à l’ignorer - et parce que la vodka pure, ça fait sûrement pas bon genre dans un tel endroit. « Alléluia, ses parents n’ont pas tenu à ce qu’on organise quelque chose avec eux pour le fêter. Mais lui m’a préparé le petit-déjeuner. » - “Vous vous êtes bien trouvés.” Elle pourrait dire que Damon est le parfait mari, justement parce qu’elle le pense, mais la jeune femme souhaite aussi souligner qu’il a lui aussi eu de la chance de trouver une femme comme elle et qu’ils se balancent parfaitement. « Tu trouves que c’est trop ? » - “Tu l’aimes ? C’est tout ce qui compte.” S’il a les moyens de lui payer de tels cadeaux, alors elle ne devrait pas s’en faire. Ils ont bien raison de profiter de la vie, après tout, et ce même si cela donne à Joséphine de quoi déverser son venin - pour le plus grand plaisir d’une Charlie amusée et prête à contredire le moindre de ses propos, seulement par esprit de contradiction.

« Désolée, je suis en retard. J’ai réussi à trouver le chauffeur de taxi le plus stupide de cette ville. »

Shiloh arrive en trombe, sa robe volant doucement sur son passage. La blonde relève un regard muet en sa direction, ne cherchant pas à l’excuser davantage pour son retard. Elle aurait préféré que ce soit Damon qui arrive, à vrai dire, et non la jeune femme qui voit plus ses enfants qu’elle même. « Joyeux anniversaire. Il est magnifique. » Bla bla bla, elles ont déjà passé ce chapitre, Shiloh est en retard sur ce point aussi. “Tu as l’air d’avoir couru dans toute la ville.” Elle essaye ; à sa façon. Le sourire est fin, un peu trop faux pour être chaleureux, mais elle se dit au moins que ce ne sera jamais aussi pire que le regard que Jo tendra à Damon quand il (daignera) arriver. “Ta robe est magnifique.” Et si elle accroche les jolis yeux de Shiloh pendant quelques secondes, c’est finalement vers Jo qu’ils finissent par rouler, pour lui prouver qu’elle n’est pas la seule à recevoir ses compliments, preuve qu’elle ne l’intéresse pas tant que ça et qu’elle n’est pas là pour elle non plus.

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Range tes crocs. Megan et sa propension à croire qu’elle avait une influence sur elle, ou comment profiter qu’elle croyait encore au père Noël pour s’exempter de la corvée de devoir faire la conversation. Puisque son mauvais caractère était persona non grata ce soir, elle ne bouderait pas son silence. Ça l’arrangeait, de devoir se la fermer pour : de un, ne pas souligner l’absence miroitante des deux personnes supposées être si importantes pour Megan qu’elle donnait presque envie de lui balancer une pièce à la gueule pour qu’elle laisse de côté cette expression de chien battu qu’elle eut quand elle se rendit compte que sa si précieuse Shiloh n’était toujours pas là ; de deux, ne pas en rajouter quant au retard de son mari à qui elle aurait bien voulu faire la conversation pour lui faire réaliser que, oui monsieur, elle était au parfum et que son sourire de mannequin pour dentifrice finirait de la faire camper sur ses positions à son sujet. Rien de ne nouveau sous la lune dans la manière toute particulière de Jo de gérer ses interactions avec autrui. Seulement ce soir, elle se contenterait de ses pensées, et de quatre ou cinq cocktails, pour les descendre tous en flèche.
A commencer par Charlie qu’elle évita de regarder pendant qu’elle passait de la pommade à Megan. Grand bien lui faisait de s’émerveiller de tout, du collier hors de prix aux anecdote fausses ou pas que Megan voulait bien partager avec elle à propos de son cher époux. Elle, elle resta de côté, le coude vissé à la table en s’obstinant à compter les minutes qui la séparait du moment où elle devrait prendre ses jambes à son cou pour ne plus avoir à prendre sur elle comme elle était en train de le faire. Elle sortit son téléphone portable de sa pochette, caressa l’idée d’envoyer un texto à Nicholas pour lui demander de venir lui tenir compagnie encore une fois. L’idée était mauvaise, quoi qu’elle aurait fait son petit effet sur Megan qui aimait la questionner à son sujet, tenant à tout prix à démêler le faux du vrai. Elle soupira, mettant en veille l’appareil qu’elle posa à l’emplacement d’une assiette invisible, juste sous son nez. Ce serait facile de jouer le jeu, de répondre aux attentes de Megan et de passer une soirée entre filles digne de ce nom ; mais non. Elle aimait être prise pour une reine, mais pas pour celle des connes.

Elle roula des yeux en même temps que Charlie déroula son discours tout droit sortie du manuel des bonnes copines pour répondre aux interrogations de Megan à propos du clinquant du collier que Damon lui avait offert. Parce qu’elle ne voulait pas accorder trop de crédit aux paroles de la blonde, elle fit passer son attitude comme une réaction naturelle à l’arrivée de Shiloh. Entre ses dents, elle persiffla en sourdine "Et voilà Laura Ingalls." Elle était en retard, mais en plus de ça, elle comptait sur Megan pour repasser en boucle le refrain qu’elle avait sans doute soigneusement préparé pour conter l’histoire autour du cadeau qu’elle avait reçu. Elle aurait dû simuler un truc, une mononucléose foudroyante, une gastro intersidérale, pour ne pas venir. Sauf que Megan avait assez d’importance à ses yeux pour qu’elle se fasse violence, c’était bien sa veine.
Jo se redressa en prenant soin de ne pas s’intéresser aux compliments disséminés par Charlie qu’elle ne regarda toujours pas. Au lieu de quoi, avec une douce hypocrisie, elle fit signe à Shiloh, l’invitant à la rejoindre en l’appelant par la main , ses doigts de pianiste se repliant par deux fois dans sa direction "Viens t’asseoir à côté de moi." qu’elle lui fit non sans la regarder de la tête aux pieds en se donnant le sentiment d’être une vieille rombière qui met la main sur son nouveau gigolo à pavaner à droite et à gauche pour la frime. Sauf qu’elle ne lui adressa pas plus la parole que ça, son regard filant sans le vouloir sur Charlie avant de se reporter en dernier recours sur Megan à qui elle demanda, un sourcil bien dessiné s’arquant naturellement "On l’attend pour commander un truc à boire, ou on a l’autorisation d’agir en femmes libres le temps qu’il se décide à se pointer ?" Elle ne pouvait pas s’en empêcher, repoussant avec ses doigts une mèche ondulée de son chignon travaillé.

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« Il a dû être heureux de te présenter à tous ses amis aussi. » Il a eu l’air de l’être, voilà ce que je me dis, songeuse. Il n’a pas eu honte de moi, au contraire, et il souriait comme si tout ça était d’une parfaite sincérité. Moi, je suis perdue. Je me demande ce qui l’était vraiment - sincère - ce que ça veut dire et à quel point mes mensonges ont tout foutu en l’air. « Tu l’aimes ? C’est tout ce qui compte. » - « Oui, je l’adore. » Je pose une main sur le bijou, un sourire fin - peut-être un peu trop pour être complètement convaincant - sur les lèvres. Qui n’aimerait pas ce bijou ? Moi-même, j’ai toujours rêvé d’en posséder un comme ça. Pourtant, il a un goût doux-amer tant il semble être le genre de cadeau universel pour un homme qui possède le compte en banque de mon jeune mari. Il n’est pas étudié pour me plaire à moi : il plairait à n’importe quelle femme, quel que soit son âge ou sa relation avec l’émetteur du dit cadeau. Je sais au fond que je récolte ce que j’ai semé : je ne peux pas m’attendre à une belle histoire d’amour puisqu’elle est montée de toute pièce et que j’ai ma part de fautes dans la genèse de cette mascarade. Mais jamais je ne l’admettrai : c’est bien plus simple de se voiler la face.

« Et voilà Laura Ingalls. » J’aperçois la silhouette de Shiloh à l’entrée du restaurant et je jette un regard réprobateur à Jo dont j’ai parfaitement entendu la remarque. Elle n’a jamais échangé plus de trois mots avec Shiloh mais je ne prétends pas être surprise : les deux jeunes femmes sont aussi différentes que le jour et la nuit. Je lui donne un doux coup d’épaule, un sourire amusé sur les lèvres et, à voix basse, j’ajoute. « Jalouse. » Je lui adresse un regard provocateur, avant de me lever pour accueillir Shiloh et la serrer dans mes bras.

« Désolée, je suis en retard. J’ai réussi à trouver le chauffeur de taxi le plus stupide de cette ville. »
« T’en fais pas, on vient d’arriver. On n'a même pas commandé. »

« Joyeux anniversaire. » Je baisse les yeux vers le deux petits paquets cadeau qu’elle dépose sur la table. Je n’ai même pas besoin de les ouvrir pour savoir qu’ils seront à l’opposé du collier qui se retrouve à nouveau au centre de l’attention. « Il est magnifique. » - « Merci. Et merci surtout pour les cadeaux, je sais que ce sera parfait. » Je devine déjà une pièce de sa création dans l’un des deux paquets. Shiloh est douée, elle est douée au point que même Jo n’oserait pas prétendre le contraire. (ou si ?) « Tu as l’air d’avoir couru dans toute la ville. » Cette fois, c’est dans l’attitude de Charlie que je ressens un peu d’hostilité et je suis surprise. De la part de la brune, j’y suis habituée, mais pas en ce qui concerne la jeune mère. « Ta robe est magnifique. » Je pousse un soupir de soulagement silencieux. La trêve est pourtant de courte durée. « Viens t’asseoir à côté de moi. » Que manigance-t-elle ? Je capte le regard de provocation de Charlie et je comprends que cela a tout à voir avec la jeune mère et rien avec ma douce amie. « Du calme les requins. » J’adresse l’avertissement autant à Jo qu’à Charlie, avec sourire amusé sur le visage. « Je sens des tensions que je suis pas certaine de comprendre. » Entre Jo et Charlie, envers Jo pour Shiloh et de même pour Charlie. Il n’y a que la dernière arrivée qui semble être - comme d’habitude - une boule de bienveillance. « Mais ce soir c’est mon anniversaire. Alors j’abuse des pleins pouvoirs que me confère cette journée pour vous interdire de vous entretuer. » Je dépose un baiser sur la joue de Jo, puisque c’est elle que je sens la plus agitée.

« On l’attend pour commander un truc à boire, ou on a l’autorisation d’agir en femmes libres le temps qu’il se décide à se pointer ? » - « Non, on va commander. » J’ai déjà jeté trop de coups d'œil à mon téléphone pour voir si j’avais un message de Damon m’annonçant qu’il était en route ou, au contraire, qu’il ne viendrait pas. « Peut-être que ça le fera arriver. » Je hèle le serveur qui s’approche de la table pour prendre nos commande, auxquelles je rajoute des amuse-bouches. Lorsque nos verres sont servis, je lève le miens. « A vous. Aux amitiés qu’elles soient récentes ou plus vieilles. Merci d’être là. » J’adresse un clin d'œil à Charlie lorsqu’il est question de relations récentes, avant de porter mon verre à mes lèvres. « Maintenant les cadeaux. Parce que vous savez bien que je ne suis là que pour ça. » J’éclate de rire, avant de désigner les paquets de Shiloh. « Je commence par lequel ? »

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@megan williams, @charlie villanelle, @jo carter, @shiloh atkins

Il était en retard, d’après les messages que Megan lui avait envoyé en fin d’après-midi et les informations qu’elle lui avait donné encore le matin même. Il était en retard et pourtant, ce n’était pas une habitude que l’on pouvait attribué à Damon Williams. Aujourd’hui, tout était différent; ces derniers jours même, rien ne semblait se dérouler de façon normale, naturelle, et donc venir à l’encontre de ses propres manières de faire ne lui semblait plus être si étrange que cela finalement. S’il venait à être honnête avec lui-même, les choses n’étaient plus ce qu’elles étaient depuis bien plus longtemps que ça, mais seulement certaines informations n’avaient été mises en lumière pour lui que récemment - et c’était la raison de sa façon d’agir aujourd’hui. Il était blessé, un tantinet toujours énervé contre Megan et il voulait être sûr qu’elle ait bien saisi le message. Alors, même si c’était l’anniversaire de la demoiselle, il comptait prendre son temps et venir que lorsqu’il aurait jugé que le message était toujours correctement perceptible; et alors, il viendrait rejoindre la petite troupe au restaurant. Il n’avait pas donné les détails de son plan à sa femme, mais elle découvrirait en même temps que les autres jeunes femmes présentes ce soir s’il avait finalement décidé de venir ou non, et l’heure à laquelle il viendrait pointer le bout de son nez. Elle s’y connaissait, de toutes façons Megan, en décisions prises dans le dos des autres alors que ces derniers n’avaient pas toutes les cartes entre leurs mains. D’après lui même, elle en était l’experte.

Les derniers messages de Megan remontaient à quelques poignées de minutes désormais, et il se doutait par cette même occasion qu’elle se devait d’être installée autour d’un verre et de bonne compagnie. Ecrasant sa cigarette dans le cendrier devant l’entrée de l’Interlude, il hésita même à venir en griller une dernière avant d’entrer en scène. Il vint cependant se raviser: il en avait assez fumé pour aujourd’hui, il n’avait pas besoin de les enchainer sans pause entre elles pour affronter le reste de la soirée. Ce n’était pas insurmontable, mais pour Damon ce n’était pas rien non plus: ils devaient déjà faire l’effort de prétendre à leur couple devant le reste du monde, ils ne devraient pas avoir besoin en temps normal de venir le faire en prétendant être en bons termes. Cependant, et paradoxalement - cela n’ayant rien à voir avec le fait de venir préserver leur image publique -, Damon ne se voyait pas aller ailleurs qu’ici ce soir, et n’avait jamais réellement envisagé louper l’anniversaire de la jeune femme. Simplement, il n’avait à aucun moment été d’humeur à venir lui expliquer les choses de la sorte et avait préféré se murer dans un silence surement pesant pour eux deux depuis qu’il avait été réellement confronté à la réalité. « Votre nom, monsieur, pour la réservation ? » Pour la première fois, il en venait peut-être à regretter un brin davantage le fait qu’il partage son nom justement avec Megan. « Williams. » - « Suivez moi. » Il lui restait quelques instants pour venir se recomposer un visage de circonstances - car si Megan se doutait plus que fortement de l’état d’esprit dans lequel il pouvait arriver ici ce soir, ce n’était aucunement le cas des autres jeunes femmes présentes et ces dernières n’avaient besoin d’être au courant de ce qui se passait au sein du couple - Charlie la première qu’il savait présente.

« Excusez mon retard, mesdemoiselles, madame. » Ce fut donc un Damon tout sourire qui vint faire son apparition aux côtés de Megan, le serveur s’éclipsant du champ de vision discrètement après l’avoir accompagné sur place. D’une douceur exagérée, l’italien vint se pencher afin de venir déposer un baiser rapide - et beaucoup trop chaste - sur les lèvres de sa femme, avant d’en déposer un dans la foulée sur la joue de Charlie - bien plus appuyé, bien moins réservé. « J’espère que je suis pas trop en retard, j’ai été retenu plus longtemps que prévu au boulot. Vous avez déjà commandé du coup ? » Déjà, du regard il cherchait la personne responsable de leur table et ne tarda pas à venir commande un verre à son tour - cela ne lui ferait pas mal que de venir descendre un verre ou deux. Après tout, il venait pour célébrer un anniversaire, non ? A ces pensées, son regard vint se poser sur le visage de Megan, de l’autre côté de la table, lui adressant un sourire qui se voyait forcé. « Joli collier. » Qu’il avait acheté sans envie ni joie, quelques jours plus tôt, afin de ne pas se retrouver les mains vides le jour de l’anniversaire de la blonde. Ce qui était idiot, c’était qu’en forçant le trait pour paraitre normal et ne pas souligner le fait qu’entre eux, tout était chamboulé, l’attitude de Damon venait souligner le contraire car jouer dans le passif-agressif de la sorte n’était pas son champ de bataille de prédilection. Mais aux grands maux les grands moyens, elle aurait qu’à le prendre à part pour lui en parler si elle le désirait - oh, il savait ce qu’il lui dirait si elle venait agir de la sorte.

Pendant un instant, Charlie a pesé le pour et le contre d’une alliance avec Jo contre Shiloh. Non pas qu’elle estime que Shiloh le mérite réellement, loin de là, mais bien parce que ça lui aurait donné l’occasion de recoller les pots cassés auprès de Jo. Ou tout du moins, c’est ce qu’elle a justement cru, avant de rapidement se raisonner: cela n’aurait rien arrangé du tout, et Shiloh n’a pas à se retrouver au milieu d’un tourment supplémentaire alors qu’elle prend déjà assez de place auprès de Trent. Alors non, le jeu n’en vaut pas la chandelle et non, Charlie ne se brûlera pas les ailes pour le moment. Elle se contente d’habiller Jo de regards désormais noirs, Megan d’étoiles dans les yeux et Shiloh, elle, de l’oublier. "Viens t’asseoir à côté de moi." Et difficile d’oublier une jeune femme qui devient soudainement le centre de l’attention de Jo, pour d’obscures raisons - oh non, les raisons sont bien connues, mais Charlie préfère prétendre le contraire et donner à la brune le bénéfice du doute. Son regard croise le sien l’espace d’une seule seconde, sans que le moindre mot soit échangé. Maudite Jo. « Du calme les requins. » Prise de court, Charlie abandonne son sourire d’apparat pour une expression faciale trahissant sa surprise, pleine et entière. Ce n’est sans doute pas le meilleur moyen pour qu’elle se calme de la confronter aussi abruptement, par ailleurs, et elle est déjà certaine que Jo a le même mécanisme - en pire. « Je sens des tensions que je suis pas certaine de comprendre. » Sans doute parce qu’il n’y a rien à comprendre, justement, et que chacune se garde bien d’en parler à Megan, la seule à pourtant toutes les relier sans exception. De toute façon, cela ne la regarde pas tellement, cela ne l’intéresse sans doute pas non plus. « Mais ce soir c’est mon anniversaire. Alors j’abuse des pleins pouvoirs que me confère cette journée pour vous interdire de vous entretuer. » La blonde sourit, bien plus amusée qu’autre chose à l’idée de voir Jo infantilisée de la sorte et affublée d’un baiser sur la joue, telle une maîtresse qui aurait gagné quelques bribes d’attention pour la soirée. Cela lui permet aussi de croire avec ardeur qu’elle n’est pas concernée par les reproches de Megan, sans doute parce qu’elle ne veut pas avoir le droit à un interrogatoire dans les jours à venir. Il y aurait trop à dire et aucune envie de sa part de s’étendre sur le sujet alors que, justement, elle n’est présente ce soir que pour fêter l’anniversaire de sa nouvelle amie.

"On l’attend pour commander un truc à boire, ou on a l’autorisation d’agir en femmes libres le temps qu’il se décide à se pointer ?" - « Non, on va commander. Peut-être que ça le fera arriver. » Et il a intérêt d’arriver, Damon, sinon Charlie jure qu’elle lui fera elle-même la peau. « A vous. Aux amitiés qu’elles soient récentes ou plus vieilles. Merci d’être là. » La jeune mère répond à son clin d’oeil par un signe de la tête, heureuse d’être présente autour de la table même si la soirée est pleine en rebondissements. « Maintenant les cadeaux. Parce que vous savez bien que je ne suis là que pour ça. Je commence par lequel ? » Elle porte à son tour ses yeux clairs sur les cadeaux de la nouvelle venue, un sourire sincère au coin des lèvres.

« Excusez mon retard, mesdemoiselles, madame. »

Les animations s’enchaînent comme s’ils étaient à un parfait dîner spectacle mais jusque là, aucune d’entre elles n’avaient donné de raison suffisante à Charlie de sourire avec autant d’entrain. C’est pas trop tôt, voilà enfin Damon qui arrive pour la sauver d’un bain de sang, dans lequel elle ne sait pas trop si elle aurait été la victime ou l’agresseur. Il embrasse sa femme en premier lieu, elle reçoit le second baiser contre sa propre joue. Jo n’en a pas fait de même avec sa nouvelle meilleure amie, pas vrai ? « J’espère que je suis pas trop en retard, j’ai été retenu plus longtemps que prévu au boulot. Vous avez déjà commandé du coup ? » - “Seulement de quoi passer le temps.” En somme, la première tournée qui débute une sans doute bien longue dynastie tant chacun a besoin de boire, pour une raison ou pour une autre - enfin, sauf Shiloh, bien sûr, elle est bien trop meilleure que tout le monde pour s’abaisser à ça. « Joli collier. » Le regard amusé de Charlie est orné d’un sourire joyeux alors qu’elle observe avec douceur les nouveaux mariés et leur échange. “Assis toi, on dirait que tu vas repartir aussitôt.” Et puisqu’il est toujours près d’elle, la jeune femme en profite pour poser une main contre son dos, geste tendre visant pourtant à l’enchainer à cette table. Maintenant qu’il y est, il devra y rester, parce qu’il est le seul avec qui elle s’entende pleinement et parfaitement et qu’il est comme sa bouée de sauvetage. “J’aurais pu commander pour toi, mais pour ça il aurait au moins fallu que tu confirmes ta présence.” Menton posé sur le dos de sa main, elle affirme et confirme en papillonnant des cils, ses yeux désormais plantés dans ceux de son homologue blond. Ce n’est pas sa place, ce n’est pas non plus son rôle et elle ne devrait pas sous-entendre qu’elle le connaît au point de savoir quel alcool il arrive à tenir et quel autre le pousse(ait) à finir la nuit chez Charlie, encore moins en présence de sa femme, mais elle ne pense pas à mal. Elle ne pense pas tout court, en réalité, se contentant de lui faire la conversation comme s’il n’y avait qu’eux puisque Jo est de toute façon occupée à l’ignorer et Megan à tenter de sauver le plus de plumes possibles de Shiloh.

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Evidemment, c’était elle qui se coltinait la réprimande la plus sévère. C’était de bonne guerre, c’était elle la sale gosse du groupe, à prétendre être là par la force, alors qu’elle avait consenti à se pointer pour faire plaisir à sa blondasse de copine. Ça lui apprendrait à vouloir être sympa, à vouloir rentrer dans le cadre des groupes d’amies qu’on voyait au cinéma, toutes à se pavaner avec des toilettes les plus clinquantes les unes que les autres, à se complimenter alors qu’elles dégueulaient des critiques et des avis tranchants une fois que l’une avait le dos tourné. Trop peu pour elle. Elle, elle préférait être honnête avec elle-même et dire tout de suite ce qu’elle pensait, au moins elle se retirait le poids de devoir le porter sur ses épaules jusqu’à ce que quelqu’un soit assez bienveillant pour l’entendre déblatérer des horreurs. C’était connu que le loup blanc, que les femmes étaient dures entre elles, ça foutait un coup de pied bien placé à la nouvelle ère de solidarité féminine qui faisait vendre du papier au plus capables d’en rajouter une couche.
Franchement, elle se sentait de trop, à vouloir échapper aux regards de Charlie tout en jouant le jeu de la bonne copine auprès de Megan dont les lèvres se posèrent sur sa joue. Même si ça l’agaçait profondément d’être ainsi remise à sa place, avec autant de condescendance qu’elle aurait été capable de se barrer sans regarder derrière elle, elle leva son verre tout de même, pas le moins du monde motivée par l’idée de porter un toast, seulement prête à dévaler son verre pour avoir la bouche occupée et ne pas faire remarquer à Megan que tout ça avait encore plus des allures de mascarades que son putain de mariage. En buvant son verre, elle réalisa que le fond du problème, c’était bel et bien ça : elle détestait avoir ce rôle, celui de la gardienne du secret que Megan avait voulu partager avec elle, pas capable de garder ses conneries pour elle. C’était peut-être pour ça qu’elle appréciait si peu d’être ici et que ça lui facilitait les choses de surjouer la mauvaise humeur. Ça l’empêcherait sans doute de dire un truc de travers tandis qu’au fond, elle en mourrait d’envie.

Elle ne le ferait pas. Jo se connaissait par cœur : elle avait une grande gueule, mais elle savait se retenir quand c’était nécessaire, et ça l’était, indéniablement. Puisque l’arrivée de Damon la détourna de ses propres pensées, elle le remercia presque d’avoir choisi son moment pour arriver. Enfin, elle préférait crever la bouche ouverte que de saluer son timing de vive voix, alors elle se tut en jetant des regards à droite et à gauche s’en se soucier d’être le centre d’attention, sa langue se gorgeant de l’alcool qu’elle sentait s’écouler dans sa gorge. Elle finit pourtant par sortir le cadeau qu’elle réservait à Megan de sa pochette, et le posa à côté de ceux que Shiloh lui avait tendu dès son arrivée.
De la taille d’un écrin, le bijoux qui y était caché était moins clinquant que ce que Démon lui avait passé autour du cou, mais il avait le mérite de répondre au caractéristique de la passion que Jo connaissait à Megan : la photo. Ce n’était qu’une breloque en or blanc à ajouter à un bracelet de la même matière, un appareil photo miniature au centre duquel, à la place de la lentille, se trouvait une pierre qui n’était pas bien onéreuse malgré son standing, mais qui avait le mérite de briller de la couleur accordée aux natifs du mois d’avril. Peut-être que dans une autre dimension, Jo aurait été mal à l’aise d’offrir ce cadeau à quelqu’un qui avait les moyens de plus, mais elle ne pouvait se permettre que ça ; elle avait appris à ne plus avoir honte de ce genre de choses, elle qui accordait assez peu d’importance au matériel. Néanmoins, elle se sentit obligée de se justifier "C’est pas grand-chose. J’ai pas le luxe de pouvoir piocher dans des collections à plusieurs millions, mais je me suis dit que ça te ferait plaisir. T’es pas obligée de le porter non plus." Ça ferait probablement mauvais genre. (Fake) Diamonds Are A Girl’s Best Friend, c’était ce que susurrait Maryline, non ? Et cette comparaison qu’elle usait souvent pour décrire son amie la fit sourire en coin tandis qu’elle gardait le silence ; avant de reporter son attention sur Charlie, puis sur Damon. Les regardant alternativement, s’arrêtant davantage sur le jeune homme que sur la blonde, elle ouvrit la bouche "Vous vous connaissez depuis longtemps ?" Elle ne put s’en empêcher, mais elle le regretta aussi vite, donnant l’impression d’être vraiment intéressée par la réponse pendant qu’elle remarquait combien c’était plus chaleureux entre eux qu’entre Damon et Megan. Et elle savait pourquoi dans le fond, ce qui la fit faire volte-face et balayer leur réponse d’un revers de la main, portant son verre à moitié à ses lèvres pour noyer ses remarques et ne pas faire de bévue.

« Merci. Et merci surtout pour les cadeaux, je sais que ce sera parfait. » Un léger sourire se dessine sur mes lèvres tandis que mon regard glisse d’une fille à l’autre. Pour ainsi dire, je ne les connais pratiquement pas. Charlie ne m’adresse que rarement un bonjour lorsqu’elle vient récupérer ses enfants et je n’ai croisé Jo tout au plus que deux fois dans ma vie. Pour autant, elles sont les amies de Megan. Nous sommes les trois personnes qu’elle désirait avoir à ses côtés ce soir et rien que pour cela, je suis prête à faire tous les efforts du monde. « Tu as l’air d’avoir couru dans toute la ville. » - « Mon taxi s’était trompé de direction. » Une sombre histoire de mauvaise communication, rien de bien amusant, pas assez en tout cas pour décrocher un véritable sourire à la blonde qui m’observe sans relâche. « Ta robe est magnifique. » Un instant, mon regard se perd sur la fameuse robe avant de venir croiser le regard océan de Charlie. « Merci. » Et quand, dans la seconde qui suit, son attention se dérobe auprès de Jo, je me demande réellement si je saurais trouver ma place au milieu de cette dynamique étrange. « Viens t’asseoir à côté de moi. » L’invitation sonne comme un ordre qui ne se refuse pas, m’obligeant à prendre place aux côtés de la brune, dont le regard fusille la silhouette de la blonde. Pourquoi mes mains deviennent soudainement moites, ce n’est que le temps d’une soirée, rien de plus. « Du calme les requins. Je sens des tensions que je suis pas certaine de comprendre. » Oh, pourtant, le résumé pourrait être assez simple, brunette semble vouloir bouffer blondie et… Disons que blondie me déteste par principe parce que je suis une amie de son ex-compagnon qui est également le père de ses enfants ? « Mais ce soir, c’est mon anniversaire. Alors j’abuse des pleins pouvoirs que me confère cette journée pour vous interdire de vous entretuer. » - « On sera sage. » que je promets en riant légèrement afin de détendre l’atmosphère.

Ce n’est pas forcément gagner lorsque Damon semble jouer au grand absent, mais ce n’est pas ce qui nous empêchera de célébrer notre amie. « A vous. Aux amitiés qu’elles soient récentes ou plus vieilles. Merci d’être là. » Nos verres s’entrechoquent dans un tintement léger, chacune s'affairait à goûter sa boisson, l’ambiance paraît soudainement plus à la fête. « Maintenant les cadeaux. Parce que vous savez bien que je ne suis là que pour ça. Je commence par lequel ? » Tout ce qui pourra servir de distraction semble le bienvenu, je ne voulais pas voler la vedette à qui que ce soit, mais puisque la photographe se tourne vers moi, je lui tends le sachet en premier. Le second cadeau étant bien plus personnel, je n’ai pas particulièrement envie qu’elle le découvre avec un public. « J’ai refait le modèle sur lequel tu avais flashé en boutique. » C’était souvent devenu un jeu avec Megan, elle m’entraînait à faire les boutiques, pointant du doigt différentes pièces qu’elle aimerait posséder et je finissais par lui recréer en prenant soin de toujours ajouter une touche personnelle qui rendrait l’élément unique.

« Excusez mon retard, mesdemoiselles, madame. »

Si j’accueille l’arrivée de Damon avec un sourire, il faut dire que la tablée semble avoir des réactions bien plus partagées. Charlie paraît ravi de se trouver un allié, Jo continue à m’effrayer avec son regard de braise et Megan me semble comme légèrement effacé. C’est sur elle que se perd mon regard tandis qu’un échange banal prend place dans la tension ambiante. J’ai l’étrange sensation de me retrouver dans un mauvais scénario de film ou tout le monde semble connaître un secret sur les uns et les autres sans jamais pouvoir faire partie du jeu. À me dandiner sur ma chaise, je porte un intérêt certain au contenu de mon verre et finalement à ma voisine qui tend un paquet à la star du jour. « C’est pas grand-chose. J’ai pas le luxe de pouvoir piocher dans des collections à plusieurs millions, mais je me suis dit que ça te ferait plaisir. T’es pas obligée de le porter non plus. » Si la répartie me paraît un brin violente et quelque peu déplacer face à Damon, je dois dire que Jo ne mâche pas ses mots. Dans le fond, je crois comprends pourquoi elles s’entendent bien ses deux-là. « C’est très joli. » Comme si elle avait besoin d’être rassuré, me sentant idiote, je viens prendre un petit four et l’embouche en baissant la tête. Je ne suis vraiment pas faite pour me retrouver dans une ambiance aussi tendue, cela me rend nerveuse et je serais capable de dire n’importe quoi pour détourner l’attention. « Vous vous connaissez depuis longtemps ? » La réplique tombe tel un couperet et me voilà prise entre deux feux, à me demander si la véritable cible est belle et bien Charlie ou bien Damon. Je pencherais plus pour la blonde sans réellement comprendre les tenants et les aboutissants et je ne tiens réellement pas à m’en mêler. Un instant, je me demande ce que je fais ici, à cette table où tout le monde semble prêt à se tirer dessus, oubliant quelque peu la véritable raison de notre présence en ces lieux. Peut-être que je pourrais filer sans que personne ne remarque rien tant les jeux de regards n’ont de cesse de se jouer autour de moi sans jamais m’inclure, au point où je pourrais bégayer d’un rien et renverser toute la table de stress. Mais pour mon amie, je ne compte pas décoller de ma chaise, qu’importe si tout me paraît terrible. « Tu devrais ouvrir le calepin. » que je souffle à Megan, au final, ce sera peut-être la distraction idéale. « J’ai retrouvé des vieilles photos. » Aller venez tous regarder à quel point on était ridicule avec nos coiffures improvisées et nos premiers maquillage complètement foiré.

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« J’ai refait le modèle sur lequel tu avais flashé en boutique. » J’ai beau pouvoir m’acheter toutes les pièces pour lesquelles j’ai un coup de cœur désormais, je ne souhaiterais pas que les choses changent. J’aime la haute couture, mais j’aime encore plus le fait de porter une robe sur laquelle ma meilleure amie a passé des heures uniquement dans le but de me faire briller les yeux. Je crois que c’est dans ce genre de moment qu’on se rend compte de la portée de bêtes mots comme ”c’est l’intention qui compte.” L’intention, le temps, l’investissement, et l’amour que ça témoigne de la part de la blonde à mon égard. Alors que j’ouvre le paquet et que je place la robe - qui est parfaite, Shiloh a du talent pour couronner le tout - devant mon buste, mes joues rosissent de plaisir et j’attire ma douce amie contre moi pour déposer un baiser sur sa joue et la remercier. « Elle est encore plus belle que l’originale. » C’est ce que je dis à chaque fois, mais cela ne rend pas la chose moins vraie et je n’ai pas l’intention de changer nos petites traditions.

D’une invitée parfaite à un autre qui l’est moins - c’est l’amertume qui parle, autant parce qu’il est en retard que parce que je sais qu’il a volontairement voulu mon cadeau impersonnel - Damon fait une entrée remarquée dans le restaurant et s’avance jusqu’à la table. « Excusez mon retard, mesdemoiselles, madame. » Un parfait gentleman. Mes lèvres esquissent un sourire un peu trop mince alors qu’il se penche vers moi pour y déposer un baiser bien rapide. D’un baiser à un autre, je repense à sa remise de diplôme et à celui qu’il a déposé sur mes lèvres à ce moment-là. Les circonstances étaient similaires - nous étions en public - et pourtant le geste avait eu ce jour-là un goût bien différent… « J’espère que je suis pas trop en retard, j’ai été retenu plus longtemps que prévu au boulot. Vous avez déjà commandé du coup ? » - « Seulement de quoi passer le temps. » Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche que Charlie répond pour moi et, si je sais que cela ne part pas d’une mauvaise intention, je me rembrunis immédiatement. Bien plus que lorsque j’ai noté avec aigreur que le baiser qu’il a déposé sur sa joue était plein d’une tendresse qu’il a oubliée lorsqu’il s’agissait de moi. « Joli collier. » J’ai l’impression que mon sourire ne voudra plus s’enlever de mon visage, tant je force pour qu’il reste bien accroché malgré le peu de cœur que je mets à l’ouvrage. « C’est moi qui devrais dire ça. » Je fais de mon mieux pour donner le change lorsque je lui renvoie un sourire, un regard espiègle et que je caresse le dos de sa main. « Merci. »

« Assis toi, on dirait que tu vas repartir aussitôt. J’aurais pu commander pour toi, mais pour ça il aurait au moins fallu que tu confirmes ta présence. » Peut-être qu’il préfèrerait repartir aussitôt. Peut-être aussi qu’il n’avait pas assez envie de venir pour confirmer sa présence et je ne sais pas ce qui m’agace le plus entre ça ou la pauvre Charlie qui papillonne des yeux. Au fond, je ne lui en veux pas. Je ne la considère même pas comme une menace. Je suis simplement amère puisque tout dans son attitude met à mes yeux en lumière le vent polaire qui souffle entre Damon et moi. Et croiser le regard de Jo - et l’écouter poser une question que je n’ai jamais pensé à poser à Charlie - ne me rassure pas outre mesure. Alors je reste en recul. Appuyée contre le dossier de ma chaise, mes mains posées sur mes genoux et un peu ailleurs, je me demande si c’est ce qui m’attend pour tout le reste de ma vie, ce sentiment désagréable en fond de gorge. Si je vais devenir une femme riche mais aigrie, si d’ici quelques années, je serai devenue une parfaite copie de la mère de mon époux. Cette idée, je ne l’aime pas. Mais je me sens dépassée par la situation au point de ne pas savoir comme rectifier la trajectoire.

« C’est pas grand-chose. J’ai pas le luxe de pouvoir piocher dans des collections à plusieurs millions, mais je me suis dit que ça te ferait plaisir. T’es pas obligée de le porter non plus. » Ce n’est pas que Jo a mal choisi son moment pour m’offrir son cadeau. Au contraire, son intervention m’a à nouveau connectée à la réalité et a soufflé un vent de fraîcheur sur la discussion. Si j’ai l’impression que je vais avoir besoin d’air, c’est surtout parce que l’attention de la brune me touche et que compte tenu des circonstances, je n’ai plus besoin de grand chose pour me sentir dépassée et écrasée par la reconnaissance.  Le bijoux est discret et, en comparaison avec le collier que je porte autour du cou, il pourrait être qualifié de ridicule. Sauf que je le trouve tout le contraire. Ce genre d’attention de la part de Joséphine est à marquer d’une pierre blanche sur le calendrier, et c’est assez pour que je me sente au bord des larmes. J’accroche la breloque à la fine chaîne, et je l’accroche autour de mon poignet avant de lui jeter un regard qui pue la reconnaissance. A son tour, j’attrape ses épaules pour la prendre dans mes bras - qu’elle le veuille ou pas - et chuchoter à son oreille. « C’est parfait. Il est magnifique. » Le bracelet, le petit appareil photo finement ouvragé et l’Aigue Marine qui brille à la place de l’objectif. Rien ne va avec la tenue trop chic que je porte ce soir, mais je m’en moque. Je lui souffle un merci à l’oreille, avant d’être à nouveau assaillie par une délicate attention. «  Tu devrais ouvrir le calepin. J’ai retrouvé des vieilles photos. » Le deuxième paquet déposé sur la table par la blonde n’attend que d’être ouvert. « Tu sais que le principe du papier cadeau, c’est de garder la surprise de ce qu’il y a dedans ? » J’esquisse un sourire amusé avant de déchirer l’emballage du présent. L’album qu’elle a confectionné, je l’ouvre avec pudeur et le feuillette et riant devant les clichés qu’elle a déterré pour l’occasion.

Et revoilà les foutues émotions. En temps normal, je sais me contenir. Sauf qu’à avoir eu mal au cœur ces derniers temps, ce dernier supporte mal les montagnes russes. Je sens les larmes bien trop proche, assez pour que j’attrape ma serviette d’un blanc immaculé pour tapoter doucement le dessous de mon oeil. Assez pour que je me lève en adressant un sourire rassurant à mes invités. « Je suis désolée, j’en ai pour une minute. Je vais me rafraîchir. » J’effleure Damon du regard, avant de me tourner et de quitter la table en direction des sanitaires de l’établissement, où je tente de canaliser mes émotions pour faire en sorte d’être capable de me contenir ce soir, et d’enfiler à nouveau le joli masque qui devient peu à peu une seconde peau.

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« Seulement de quoi passer le temps. » Les festivités avaient donc à peine commencées; il était en retard mais pourrait rattraper le prochain wagon sans trop de soucis. Esquissant un petit sourire en direction de Charlie, ce fut pourtant sur Megan qu’il reporta son attention un instant et un seul. « C’est moi qui devrais dire ça. » Bien sur que le compliment aurait du aller dans l’autre sens, mais là n’était pas la bataille qu’ils étaient silencieusement en train de mener. « Merci. » Il lui rendit son sourire mais dut se retenir pour ne pas avoir un moment de recul alors que les doigts de Megan frôlèrent sa main. Il savait les apparences qu’il avait à garder, à faire en sorte qu’elles perdurent, mais cela était bien plus compliqué que prévu dans les moments où il avait plutôt envie de lui demander de s’éloigner de lui après le ramassis de mensonges qu’elle lui avait tissé sous les yeux pendant presque une année. « Assis toi, on dirait que tu vas repartir aussitôt. J’aurais pu commander pour toi, mais pour ça il aurait au moins fallu que tu confirmes ta présence. » Les mots de Charlie et l’attention qu’elle lui porta, en revanche, ne firent pas broncher l’italien - il eut même assez d’énergie en réserve pour elle pour étirer un sourire bien plus franc que ceux qu’il avait réservé pour Megan ce soir. « Bien sur que j’allais venir, quelle question. Je savais juste pas quand j’allais pouvoir le faire. » Dieu qu’il détestait avoir à lui mentir de la sorte. La main de la blonde dans son dos, lui intimant de s’asseoir à leurs côtés, fut contrairement à celle de Megan en rien une corvée - et il se laissa guidé sans broncher un seul instant.

Pendant ce temps, à leurs côtés, Jo en profita pour sortir son cadeau et le donner à la reine de la soirée - mais le regard de l’italien ne prit pas la peine de s’attarder sur cette partie là de la soirée, alors que Charlie à ses côtés pouvait se trouver bien plus intéressante et plus enjouée quant à sa présence ici. Alors, les azurs de Damon accrochèrent celles de la jeune femme, un sourire traversant son visage. « Tu fais genre tu bois ce soir ou tu bois vraiment ? » Plissant quelque peu les yeux, le sous-entendu qu’il agirait de façon miroir par rapport à elle n’en était aucun - et si elle était partante pour boire réellement ce soir, il savait avec qui il passerait la suite de cette soirée plutôt que de rentrer chez lui une fois les festivités ici terminées. Et il aurait gardé son regard porté sur Charlie, si à ses côtés, la discussion entre Megan, Jo et Shiloh - qui s’était jointe à la remise de cadeaux - n’avait pas pris fin, que Megan ne s’était pas levée à ses côtés et que Damon n’avait pas senti qu’une nouvelle tension s’était récemment ajoutée à toutes celles qui étaient déjà présentes au sein de ce petit groupe. «  Je suis désolée, j’en ai pour une minute. Je vais me rafraîchir. » Le regard du blond croisa celui de sa femme, un instant, alors que cette dernière finit par disparaitre de leur champ de vision.

Deux options s’offraient présentement à Damon, et aucune des deux ne semblait être la bonne. D’un côté, il pourrait faire comme si de rien n’était et concentrer de nouveau son attention sur toute autre chose que la sortie de table de la jeune femme - ce qui lui paraissait vraiment tentant à la vue des circonstances de leur relation ces derniers temps. Il pourrait parler de la pluie et du beau temps avec les autres filles restées avec lui à table, en profiter pour commander quelque-chose à diner car il avait sacrément faim, et profiter pour lui et lui seul de la soirée. D’un autre côté, il s’agissait de l’anniversaire de sa femme et cette dernière venait de quitter la table pour une raison qui lui était inconnue. Pas qu’il en avait quelque-chose à faire présentement - il était toujours très remonté contre la blonde -, mais il se devait de se préoccuper de la raison qui l’avait poussé à s’isoler de la troupe. Qui plus était, ils se trouvaient en publique et la moindre réaction qu’aurait le jeune homme face à ce tournant d’événements imprévu allait être scruté et enregistré par les autres présents autour de lui. Peut-être qu’il resta un instant, un seconde de trop à réfléchir car ce fut la voix de Jo qui le tira de ses pensées. « Vous vous connaissez depuis longtemps ? » Oh, il n’y avait aucun doute quant au fait qu’elle soit en train de s’adresser à Charlie et à lui, puisqu’il avait aperçu son regard glisser de l’un à l’autre l’instant avant - il ne s’était juste pas dit que c’était un élément important à remarquer pour le moment. Il fronça lentement les sourcils, alors qu’elle balaya finalement sa question d’un revers de la main. « Moins longtemps que Megan et moi on se connait, pourquoi ? » Il ne pensait pas la question pertinente en cet instant, ni que sa réponse avait une quelconque importance en réalité, alors qu’il avait une autre décision à prendre pour le moment - et, bien sur, il fit ce qui était attendu de lui plutôt que ce que son coeur lui soufflait.

Repoussant sa chaise, il se mit débout à son tour. « Excusez moi aussi. » Il finit son tour de table en déposant un regard désolé sur Charlie, avant de partir à la suite de Megan. A peine une minute plus tard, il poussait la porte des toilettes pour femme du restaurant - qu’importe ce qu’on pourrait lui reprocher. Laissant cette dernière se refermer, il finit par s’appuyer contre le bois alors que son regard se relevait vers le visage de Megan - il pouvait voir que quelques larmes avaient coulé, ce qu’il n’avait pas remarqué jusque maintenant. Si Damon avait gardé son masque de mari enjoué jusque là, ce dernier était désormais tombé et il se contentait d’essayer de ne pas jeter un regard trop noir en direction de la jeune femme. « Dis moi quand ça va mieux et on retournera à table. » S’il avait agi normalement, il se serait empressé de lui demander ce qu’il se passait, et ce qui la rendait dans cet état. Ce soir, cependant, ce n’était pas son côté naturel qu’il avait envie de laisser ressortir et même si cela lui coutait d’agir de la sorte, il resterait fidèle à l’image qu’il voulait renvoyer à Megan - celui de l’homme blessé qu’il était par le comportement qu’elle avait adopté à son égard depuis qu’ils s’étaient rencontrés.

The midnight sky is the road I'm takin'
Megan Williams & @co

« Bien sûr que j’allais venir, quelle question. Je savais juste pas quand j’allais pouvoir le faire. » Entendre ça me hérisse le poil puisque si j’ai joué le jeu de Saül - celui du petit couple parfait - sans broncher quand je savais que j’avais Damon dans mon camp, c’est bien plus dur de faire semblant à présent que je suis seule. C’est plus dur de l’entendre dire ce genre de connerie quand il me suffit de relever la tête et de croiser son regard pour savoir qu’il pense tout le contraire de ce qu’il dit. Il n’avait pas envie de venir. Il n’avait pas envie de m’offrir ce foutu collier qui me semble maintenant peser plus de dix kilos autour de mon cou. Il est peut-être capable de faire semblant pour les autres, mais il ne peux me tromper moi et, dans ces conditions, j’aurais préféré qu’il s’abstienne.

Parce que moi au fond, j’avais envie qu’il vienne plus que l’inverse. J’avais peur qu’il choisisse de briller par son absence plutôt que de daigner au moins passer une soirée à table à côté de moi. J’ai senti la tension dans son bras lorsque j’ai effleuré sa main. Il est loin le gentil garçon qui, à cause de l’euphorie après la remise de son diplôme, m’embrassait sagement mais sincèrement. Le gentil garçon qui, pendant l’espace d’un instant, m’a donné l’impression que moi aussi j’avais le droit à une vie parfaite, le genre de vie qui n’existe que dans les publicités. Moi, j’ai visiblement le droit d’être seule, puisque Saül Williams veille à ce que je me comporte en digne épouse.

Je suis douée pour faire semblant ou du moins c’est ce que je crois. Sauf qu’alors que les cadeaux que m’offrent successivement Jo et Shiloh sont touchants, personnalisés et pensés avec le cœur plutôt que le portefeuille, j’ai du mal à contenir le cocktail explosif d’émotions que je garde en moi depuis ma dispute avec le jeune italien. Prétendre avoir besoin d’utiliser les toilettes, c’est mon moyen de ne pas montrer à toute l’assemblée que ce que je tente pour faire passer par une larmichette due à l’émotion est plutôt annonciateur de vraies larmes de tristesse. Je crois que mon visage se décompose à peine j’ai le dos tourné, bien avant d’atteindre les toilettes pour femmes, pièce dans laquelle je me réfugie. Là- bas, je mets à rude épreuve mon maquillage soit disant waterproof. Si je pleure d’avoir gardé trop d’émotions en moi ce soir, et de me sentir idiote d’avoir espéré que mon anniversaire aurait une allure de trêve qui nous permettrait à Damon et moi de revenir un peu l’un vers l’autre. Lorsque la porte s’ouvre, je suis presque soulagée de le voir apparaître lui plutôt que quelqu’un face à qui j’aurais dû enfiler à la hâte le masque que j’ai laissé derrière moi, à la table. « Dis moi quand ça va mieux et on retournera à table. » Lui aussi se moque bien des apparences maintenant que nous sommes à l’abri des regards. Je retourne à ce que j’étais occupée à faire : me passer de l’eau sur le visage pour tenter de me calmer. J’évite de trop fixer l’image que me renvoie le miroir : j’ai peur de ce à quoi je peux ressembler. La présence de Damon a un effet positif : elle me donne un boost d’amertume qui m’aide à dompter la tristesse à laquelle je m’étais abandonnée juste avant qu’il n’arrive. J’attrape une serviette en papier avec laquelle j’essaye de nettoyer les traces de mascara qui ont coulé, avant de me retourner vers lui et de briser le silence qui devient trop pesant pour moi. « Tu sais, au fond, j’avais envie que tu viennes. J’espérais que tu le fasses. Parce que c’est mon anniversaire et que j’avais envie de le fêter avec toi. Mais ça… » La façon glaciale dont il me traite en public et qui me donne l’impression de ne pas exister. Malheureusement, il n’a jamais autant ressemblé à son père que ce soir. « C’est pire que mieux. Je sais que les apparences sont importantes, mais je doute qu’on renvoie vraiment l’image d’un couple heureux là, ce soir. » A part Shiloh qui vit sur son petit nuage, personne n’avalera que nous sommes deux jeunes mariés qui s’aiment éperdument si nous continuons sur notre lancée. « Tu crois que je le suis, heureuse ? » A l’entendre la dernière fois, mes manigances m’ont apporté tout ce que je voulais. « Je comprends même pas comment tu peux penser que je voulais de ça. » De cette situation où tout est faux, où on se fait la guerre, où il ne me voit que comme une femme manipulatrice et intéressée par son argent ou son nom de famille.