it's been a long night and the mirror's tellin' me to go home
Megan Williams & @Shiloh Atkins

C’était prévisible. Cette dispute était prévisible et que Damon découvre les incohérences dans mon discours tout autant. Qu’il ait fait le travail de remise en question seul ou qu’il ait été aidé par une tierce personne n’a même pas la moindre importance, et je ne retournerai pas le couteau dans la plaie en tentant de découvrir l’identité du coupable puisque ce serait hypocrite : je suis la coupable. Si j’avais été honnête depuis le début, nous n’en serions pas là. Mais si j’avais été honnête dès le début, ne m’aurait-il pas rejetée en bloc ? N’aurait-il pas refusé toute interaction avec moi en dehors de celles qui étaient et sont obligatoires ? M’aurait-il laissé la moindre chance ? Je rumine ces questions depuis qu’il s’est enfermé dans sa chambre et, pour que la culpabilité s’efface et ne soit plus un fardeau à porter sur mes épaules, je me convainc que non. Je me répète que c’était un mal nécessaire puisque, sans ça, il aurait érigé entre nous des barrières si hautes que nous serions restés deux étrangers. Il m’aurait demandé de rester à l’appartement le soir de sa remise des diplômes et nous aurions vécu notre lune de miel chacun de notre côté de la maison de Grenade. Si je n’avais pas menti, jamais nous n’aurions pu devenir complices lui et moi.

C’est difficile de me convaincre que j’ai eu raison en me remémorant les larmes sur le visage de l’italien, mais je suis particulièrement douée pour me voiler la face et m’enfermer dans le déni. Je suis une bonne menteuse et il y a une personne à laquelle je mens encore plus facilement qu’aux autres : moi-même. J’arrive à mes convaincre que sa réaction est injuste. Que j’avais un choix compliqué à faire et que j’ai fait le meilleur possible compte tenu des cartes que j’avais dans les mains. Saül aurait trouvé un moyen de me faire ployer de toute façon : quelle différence cela peut bien faire, qu’il en ait eu besoin ou pas ?

Il est un peu plus de onze heure du soir quand je me décide à pianoter un message à destination de ma meilleure amie. Je n’ai pas mangé : depuis notre altercation, Damon et moi nous sommes tous deux retranchés dans nos chambres respectives et je n’ai pas osé sortir de la mienne. Je crois l’entendre au travers du mur. Il me semble qu’il n’a pas non plus quitté ses quartiers, et je vais finir par devenir folle, si je continue de tourner en rond dans quatorze mètres carrés. Je ne peux pas dormir à l’appartement, pas ce soir, pas alors que j’ai le sentiment que Damon a besoin que je sois le plus loin possible de lui. J’aurais pu aller chez Joséphine, puisqu’elle sait tout des coulisses de mon mariage avec le jeune italien, mais c’est de la douceur de Shiloh dont j’ai besoin. J’ai besoin de quelqu’un pour me plaindre et me rassurer, pas de quelqu’un pour me rappeler que je me suis mise toute seule dans la panade et que je savais ce qui m’attendait.

Shiloh ne vit plus seule, mais son colocataire est absent, si j’en crois ses messages. Arrivée en bas de l’immeuble qui se trouve à l’adresse qu’elle m’a donnée, je l’appelle plutôt que de sonner, par précaution, au cas où les enfants du dit colocataire seraient eux présents. Lorsqu’elle apparaît à la porte, je me retiens de lui tomber dans les bras uniquement pour conserver ma carapace et l’image de femme forte que j’entretiens. « Merci… Je sais qu’il est tard, je suis désolée. » Je n’ai avec moi que mon sac à main : je n’envisage pas de quitter l’appartement plus longtemps qu’une nuit, je ne veux pas prendre la fuite. « Je reste qu’une nuit. J’avais juste besoin de me vider la tête ce soir. Mais dès demain, on discutera lui et moi. Et tu m’auras plus sur les bras. » Je ne sais pas si nous discuterons, dans les faits. Mais je ne peux pas rester chez Shiloh éternellement : ce n’est pas bon pour les apparences.

Il m’est tellement inhabituel de me retrouver seule dans cet appartement, que je ne sais réellement que faire de ma soirée. J’étais encore au travail lorsque j’ai reçu un message de Trent m’indiquant que sa mère était venue récupérer les jumeaux avant qu’il ne parte pour sa soirée de garde et que j’allais donc pouvoir profiter d’une fin de journée en solo. J’ai pris l’habitude de surveiller les petites têtes blondes lors des absences de leur père et on avait fini par trouver un rythme, certes parfois un peu bancal, mais un rythme de croisière quand même. La petite Siobhan est encore assez timide avec moi, mais son frère a clairement décidé que j’étais devenu sa nouvelle meilleure amie. Il m’arrive de ne pas trop savoir comment m’y prendre avec eux, mais dans l’ensemble, ce n’est jamais une corvée de passer un moment avec eux lorsque Trent ne peut éviter la garde de nuit que sa caserne lui impose de temps en temps. Alors, cela fait bien longtemps que je ne me suis pas retrouvé seule avec moi-même, le temps d’une soirée.

J’ai traîné plus longtemps que prévu à l’atelier, jusqu’à ce que James m’ordonne d’aller profiter de ma soirée, pour une fois. Préférant ignorer son commentaire, j’ai tout même pris le temps de finir une ou deux retouches sur mon travail du moment avant de filer vers l’extérieur. J’ai bien pensé faire un détour à la salle de sport, histoire de me défouler un peu, mais c’est finalement la bonne odeur du restaurant japonais du coin de la rue qui a obtenu toute mon attention. Après tout, il n’y a rien de mieux qu’un bon plat de ramen à déguster confortablement dans le canapé avec un plaid et Netflix comme seule distraction. Si durant un cours instant, je me suis dit qu’il manquait cruellement de la présence de Megan à mes côtés, je m’en suis presque mordu les doigts lorsque j’ai reçu un message de mon amie. Ce n’était pas l’un des textos habituels pour s’assurer que tout va bien. La teneur de notre échange a le don de réveiller mon côté anxieux au point où la télévision n’est plus qu’un fond sonore aux allers-retours que j’entreprends autour du salon.

« Merci… Je sais qu’il est tard, je suis désolée. » - « Ne t’excuse pas. » Elle aurait bien pu me réveiller au beau milieu de la nuit que je serais tout de même venu lui ouvrir la porte. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres tandis que j’invite Megan à entrer dans l’appartement. Je remarque qu’elle n’a emporté avec elle que le strict minimum ce qui me rassure un peu sur la possible violence de leur dispute. « Je reste qu’une nuit. J’avais juste besoin de me vider la tête ce soir. Mais dès demain, on discutera lui et moi. Et tu m’auras plus sur les bras. » Je hoche la tête tout en la débarrassant de son sac que je pose sur le meuble de l’entrée. « Tu peux rester aussi longtemps que tu en as besoin. » J’attends d’avoir dirigé la blonde vers le salon avant de venir passer mon bras autour de ses épaules. « Tu veux vider ton sac ? » Cela fait bien longtemps que l’on n’avait pas inversé les rôles après tout. « On doit avoir du vin quelque part, tu veux un verre ? » Peut-être que cela pourra l’aider à se vider la tête, juste le temps d’une soirée.

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Est-ce idiot que d’être si malheureuse pour un mariage qui n’en est pas vraiment un, pour une relation qui a démarré sur des bases parfaitement factices, une relation construite sur un tissu de mensonges ? Nous ne sommes pas un couple, Damon et moi et quelques baisers à l’autre bout du monde ne changent rien au fait que ce n’est pas un amour sincère qui nous a réunis tous les deux. S’il est coincé dans une union dont il ne veut pas, c'est la faute de son père et, il est temps d’arrêter de mettre la tête dans le sable, c’est aussi la mienne. Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à l’admettre ? Pourquoi ai-je tant de mal à admettre que cette débâcle est en partie de ma faute ? Peut-être parce que ce n’est pas qui je suis : lorsque je merde, je ne prends pas mes responsabilités. Je jongle avec le danger au quotidien et je passe mon temps à tenter de réparer les pots cassés à cause de mes erreurs.

Pourtant, mon besoin de me réfugier chez Shiloh ne naît pas seulement de la volonté de laisser un peu d’air à Damon en m’éloignant : non, j’ai moi aussi besoin de panser mes plaies puisque je ne peux pas le nier : j’ai mal au coeur. Demain matin je trouverai certainement la meilleure façon de rejeter la faute sur Damon, sur Saül, sur n’importe qui d’autre que moi mais, ce soir, je me dis que j’ai tout gâché et que je mérite peut-être ce qu’il m’arrive. N’est-ce pas hypocrite que d’être triste alors que je suis la grande coupable ? Alors que, il y a quelques jours à peine à la même heure, je retrouvais Scott et l’idée de reprendre ma liaison m’effleurait ?

Je réalise que je n’aurais pas dû venir ici : je n’ai pas envie de jouer la comédie, pas ce soir, et Shiloh ne peut rien savoir des dessous de mon mariage, elle ne peut jamais connaître mon arrangement avec Saül Williams. Je crois que ça lui briserait le cœur. C’est vers la seule personne qui sait tout que j’aurais dû me tourner, mais c’est de la douceur de ma meilleure amie que j’avais besoin et je n’ai pas réfléchi. Elle me prend dans les bras, et j’oublie à quel point c’était une mauvaise idée. « Ne t’excuse pas. » J’esquisse un sourire triste, avant de faire quelques pas à l’intérieur de l’appartement. « Les enfants de ton colocataire dorment ? » Où sont-ils eux aussi absents ? C’est étrange de constater que Shiloh vit dans un appartement qui a tout d’un foyer alors qu’il ne se passe rien entre elle et Trent quand, de mon côté, j’erre dans un loft qui est supposé en être un mais dans lequel je me sens terriblement seule. Peut-être me suis-je voilée la face : peut-être que tout le monde finit par avoir ce qu’il mérite. « Tu peux rester aussi longtemps que tu en as besoin. » Je secoue la tête doucement. « T’es adorable. Mais faut que je rentre demain. Je veux pas laisser les choses comme ça. » Et c’est la stricte vérité. En revanche, je ne suis pas certaine qu’il y ait quoi que ce soit à arranger. Avec le temps, Damon finira-t-il par m’en vouloir un peu moins ? Je laisse tomber mon sac dans un coin de l’appartement et Shiloh passe ses bras autour de mes épaules pour m’attirer contre elle. Je ferme les yeux quelques secondes, ma tête posée contre la sienne, avant de me détacher doucement, un sourire un peu plus convaincant sur les lèvres.

« Tu veux vider ton sac ? On doit avoir du vin quelque part, tu veux un verre ? » - « Soyons folles. » Je ne bois pas souvent pour noyer mon chagrin - j’ai trop peur de devenir ma mère pour sombrer dans l’excès d’alcool - mais ce soir je ne dis pas non à un verre de vin, en espérant que Trent possède quelques bonnes bouteilles. « Y’a pas vraiment de sac à vider tu sais… Enfin ce que je veux dire c’est que.. C’est ma faute ce qu’il s’est passé. » Je ne peux pas tout avouer, mais je n’ai pas l’intention de me faire passer pour la victime.

Derrière son éternel sourire, celui qu’elle a toujours su m’adresser, je remarque en un clin d’œil que Megan paraît épuisée. Comme si la journée avait été bien trop longue et éprouvante au point de venir en laisser une trace sur son doux visage. Cela renvoie à des souvenirs du passé, quand elle prétendait aller bien, mais que chez elle, à l’ombre des murs de son foyer, rien ne tournait parfaitement rond. Il s’est passé quelque chose qui dépasse probablement la petite dispute anodine de l’homme qui n’a pas vidé le lave-vaisselle ou toute autre broutille du genre. Je peux le deviner et je voudrais la garder contre moi plus longtemps encore pour m’assurer que tout va bien, qu’elle ne cherche pas à m’épargner avec un sourire et quelques mots bien placés. « Les enfants de ton colocataire dorment ? » Mais Megan sait détourner l’attention de la manière la plus subtile qui soit. « Ils sont chez leurs grands-parents ce soir. » Il n’y a vraiment personne dans l’appartement, aucune distraction possible sur le fait qu’elle est décidé de venir ici à une heure aussi tardive. « T’es adorable. Mais faut que je rentre demain. Je veux pas laisser les choses comme ça. » C’est bien d’elle de ne pas vouloir laisser nécroser une situation qui me paraît complexe. Elle avait juste besoin de prendre l’air, de sortir d’une ambiance probablement un peu froide, pour trouver le temps de souffler. Alors, je la prends dans mes bras, sans insister plus longuement. Si demain, elle ne se sent pas de retourner à son appartement, l’accord sera tacite, elle pourra rester sans même que l’on engage la moindre conversation.

« Soyons folles. » Je ne sais pas réellement où réside la folie dans un simple verre de vin, mais je sais que cela ne servira que de distraction. Jamais je ne proposerais à Megan de se soûler dans le simple but d’oublier ce qui a bien pu se passer ce soir, elle ne tombera pas sur ce chemin et je ne me suis jamais entraîné vers cette pente descente. J’aurais pu, j’y ai pensé parfois. Faire comme lui, boire pour anesthésier, boire pour rendre son comportement plus normal, mais cela n’a jamais fonctionner. « Juste un verre. » que je commente malgré tout, tandis que je fouille les placards de la cuisine avant de trouver ce que je cherchais. Il me faut un petit temps supplémentaire pour trouver deux verres à pied avant de venir m’asseoir aux côtés de la blonde. « Y’a pas vraiment de sac à vider tu sais… Enfin ce que je veux dire c’est que.. C’est ma faute ce qu’il s’est passé. » Je lui tends un verre et croise son regard le temps d’une fraction de seconde. Parfois, Megan s’emporte, souvent ses mots dépasse sa pensée dans le feu de l’action ce qui provoque des disputes sans précédent. « Je suis persuadée que vous arriverez mieux à en parler demain, quand les esprits se seront reposés. » Peut-être qu’il a du caractère Damon, qu’il ne se laisse pas faire. J’observe mon amie malgré tout, plongé dans une paranoïa nouvelle qui se veut de s’alerter sur les signes, à la recherche de la moindre trace de violence. « Je vais pas prétendre être une bonne conseillère matrimoniale. » Il faut bien rire de sa situation parfois. « Mais tu sais que tu peux tout me dire et que rien ne sortira d’ici. » Si elle souhaite parler, si elle ressent le besoin d’avoir un point de vue extérieur à la situation. Pour tout et n’importe quoi en réalité, je serais là pour l’écouter, même me taire si elle me le demande. Il n’y a rien que je ne ferais pas pour apaiser Megan et replacer un sourire mutin sur son visage. « Sinon il me reste des ramens et j’étais en train de regarder la pire téléréalité qui puisse exister. » Les options sont amenées sur la table, tout fera l’affaire, quoiqu’elle décide.

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« Ils sont chez leurs grands-parents ce soir. » - « Leur mère est pas dans le paysage ? » J’avoue ne jamais m’être plus intéressée que ça au jeune homme, à sa vie de famille et à ses déboires amoureux, sauf que c’est une évidence : personne n’emménage avec une jeune fille aussi peu désagréable à regarder que Shiloh s’il est en couple avec une autre.

Trent n’occupe que peu notre conversation. Je ne suis pas venue pour parler de lui et, à vrai dire, je ne suis pas venue pour parler du tout puisqu’il n’y a rien que je puisse confier à Shiloh qui approchera la vérité. S’il y a bien une personne que j’ai l’intention de protéger de mes mensonges jusqu’au bout, c’est ma douce amie. Son coeur serait brisé si je lui racontais tout et je ne peux pas me résoudre à être celle qui lui avoue que son conte de fée moderne - c’est comme ça qu’elle imagine mon mariage - n’est qu’une mascarade. « Juste un verre. » J’esquisse un sourire triste et, alors qu’elle se dirige vers la cuisine, j’observe l’appartement dans lequel je mets les pieds pour la première fois. « C’est plutôt sympa. On dirait pas que c’était l’appartement d’un mec seul il y a quelques semaines encore. » Et pour un endroit où vivent des êtres humains en bas âge, c’est plutôt bien rangé.

« Je suis persuadée que vous arriverez mieux à en parler demain, quand les esprits se seront reposés. » Je m’installe sur le canapé, prenant déjà mes aises, et je fais la grimace. « Oui, j’espère. » J’espère réellement que Damon me pardonnera mais je ne me voile pas la face : je sais que cela ne sera pas demain, ni le jour d’après. « Je vais pas prétendre être une bonne conseillère matrimoniale. » Elle arrive à me faire sourire, Shiloh. « Mais tu sais que tu peux tout me dire et que rien ne sortira d’ici. » Je le sais. Je sais que, même si je lui confiais mon secret et tout le plan imaginé par Saül Williams, Shiloh serait une tombe. Mais je ne veux pas lui en parler, autant pour ne pas être une cause de désillusion que parce que je crains d’être cause de déception. « Sinon il me reste des ramens et j’étais en train de regarder la pire téléréalité qui puisse exister. » - « Ramens et téléréalité, le plan m’a l’air parfait. » Je cherche déjà comment lui parler sans lui en dire trop, quel nouveau mensonge lui servir puisque je ne suis plus faite que de ça. Lorsqu’elle revient avec les restes et qu’elle les dépose sur la table basse, je la remercie avant de m’enfoncer dans le canapé. « J’ai pas été tout à fait honnête avec lui. Sur qui je suis. » Elle va s’imaginer qu’il me juge à cause d’un passé que j’ai subis, mais je ne peux malheureusement pas lui en dire plus. « Je pensais qu’il me verrait différemment s’il savait. Et je voulais pas qu’il le fasse. » C’est la version la plus proche de ce qu’il s’est réellement passé que je peux lui servir.

« Leur mère est pas dans le paysage ? » La question est cash, sans détour, à l’image même de Megan qui ne cherche pas à enfiler des gants pour demander ce qui semble la turlupiner depuis un temps. Je suis étonnée qu’elle n'ait pas encore fait le rapprochement et en même temps, je ne lui ai probablement jamais donné assez d’informations pour qu’elle puisse assembler les pièces du puzzle dans son coin. « C’est ton amie, Charlie. » Il m’a fallu du temps pour réaliser que la Charlie de Trent était en réalité la même demoiselle que j’avais rencontré au mariage de Megan et que donc les jumeaux pour qui j’avais eu un coup de foudre lors de cette soirée était en réalité les enfants de mon meilleur ami. « J’ai mis du temps à tout comprendre et puis j’ai oublié de t’en parler. » Surtout, je ne souhaite en rien me mêler aux histoires de Trent et de son ex-compagne. Il m’avait fait part de leur histoire, du procès et les petits détails que le monde entier semble connaître à leur égard. « Le monde est petit. » Un peu étrange également quand j’ai la sensation que l’on va désormais se retrouver sur deux plateaux rivaux sans pour autant jamais prendre parti. Elle le sait parfaitement la blonde que je ne me permettrais jamais de juger l’histoire de son amie, bien au contraire. Il s’agit simplement d’une drôle de coïncidence. « C’est plutôt sympa. On dirait pas que c’était l’appartement d’un mec seul il y a quelques semaines encore. » Un ricanement m’échappe face à sa remarque. « Les hommes ne sont pas tous des porcs, tu sais. » Surtout Trent qui aurait une légère tendance à la maniaquerie quand cela lui prend. « Bon, peut-être que sa sœur traînait souvent dans le coin avant. » Et je mettrais ma main à couper que c’est en réalité elle, qui s’est charger de toute la décoration. « Je me sens bien ici. » Il règne dans cet appartement une sensation chaleureuse et familière, comme si j’avais enfin retrouvé un équilibre que je pensais avoir perdu.

« Ramens et téléréalité, le plan m’a l’air parfait. » - « On peut pas faire mieux. » Mais elle joue la montre Megan à toujours vouloir se soucier de moi plutôt que de parler d’elle. Je pourrais jouer le jeu, me montrer aveugle et avancer dans son sens, mais je m’inquiète malgré tout. Ce n’est pas son genre de fuir les problèmes, encore moins de découcher pour une histoire toute bête. Je ne voudrais pas insister, elle ne me dira que ce qu’elle estime importante ou peut-être même rien dans le fond. Megan a toujours fonctionné à sa manière et je sais que forcer les choses n’aidera en rien. « J’ai pas été tout à fait honnête avec lui. Sur qui je suis. » Si sa réponse soulève bien des questions, j’ose imaginer qu’il a fini par en apprendre plus sur son passé, sans jamais comprendre ce qui pourrait bien le déranger dans une situation qu’elle n’a fait que subir durant des années. Je retiens les questions de franchir la barrière de mes lèvres préférant lui offrir la sécurité de pouvoir se confiner encore un peu. « Je pensais qu’il me verrait différemment s’il savait. Et je voulais pas qu’il le fasse. » - « Megan… » Bien sûr que je peux comprendre. Personne ne souhaite jamais exposer ses traumatismes, laisser sous-entendre que la vie n’a pas toujours été rose et que l’on a pu être une personne différente. Avant, je n’aurais pas compris, aujourd’hui, je ne peux que respecter le choix qu’elle s’était imposé au début de sa relation avec le Williams. « Ton passé, c’est du passé justement. » Les épreuves ont forgé la personne qu’elle est devenue, mais les actions passées ne la définissent pas entièrement. Auparavant, j’aurais essayé de trouver des excuses à Damon, cherchant à justifier sa colère. Ce soir, je m’inquiète juste pour mon amie. « Il s’est emporté contre toi ? » Je ne sais pas l’étendue de ce qu’elle a pu lui révéler et je ne demanderais jamais, cette partie de l’histoire, je la connais suffisamment pour en connaître les tenants et les aboutissants. « Je vais pas poser de questions. » que je rassure malgré tout. « Mais s’il te juge pour ton histoire, c’est le dernier des idiots. » Et comme toujours, je mesure mes mots, ne souhaitant réellement employer une insulte envers son époux. « Le passé ne change pas la personne que tu es aujourd’hui. » Je pourrais lui tenir tête des heures durant à ce sujet.

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« C’est ton amie, Charlie. » Je fronce les sourcils et, je dois bien l’admettre, il me faut quelques secondes pour intégrer l’information qu’elle me donne et pour cause : je ne m’attendais pas à ça. Que le monde est petit est certes une réalité mais jamais je n’aurais pensé que les deux blondes puissent avoir un point commun. Je n’ai pas demandé beaucoup de détails à la policière concernant le père de ses enfants, c’est un fait, je l’ai laissée m’apprendre ce qu’elle voulait m’apprendre sans revenir sur le reste. Comment agir à présent ? Dire à Charlie que je sais ? Ne pas aborder ce sujet avec elle puisque, si elle voulait le faire, elle l’aurait déjà fait ? « J’ai mis du temps à tout comprendre et puis j’ai oublié de t’en parler. Le monde est petit. » - « Ok, whaou, je m’attendais pas à ça. » Heureusement que les enfants ne sont pas là : je me serais sentie mal à l’aise à l’idée de dormir sous le même toit qu’eux sans en parler à leur mère, à mon amie. « C’est pour ça que t’étais mal à l’aise quand je t’ai parlé de mon anniversaire ? Si tu veux pas venir au restaurant, t’es pas obligée de le faire. On pourra faire une soirée juste toi et moi la veille ou le lendemain. » Je ne veux pas que l’événement soit source de malaise ou de conflit.

« Les hommes ne sont pas tous des porcs, tu sais. Bon, peut-être que sa sœur traînait souvent dans le coin avant. » - « Je sais. Je vis avec le parfait contre-exemple. » Damon ne pourrait pas être plus loin de tous les clichés concernant la gente masculine qu’il ne l’est déjà. « Mais je me suis malgré tout occupée de la décoration de l’appart. Propreté et goût, c’est pas la même chose. » J’esquisse un sourire amusé, qui se fane bien rapidement puisque parler de l’italien me rappelle notre dispute et la trahison dans son regard. « Je me sens bien ici. » - « C’est tout ce qui compte. » Et je suis sincèrement heureuse pour elle, moi qui me sentais coupable à l’idée de la laisser.

« Megan… Ton passé, c’est du passé justement. » Évidemment, Shiloh pense que c’est mon histoire que j’ai cachée à Damon et qu’il me reproche ici. Ce n’est absolument pas le cas, il a été attentionné et tendre quand je me suis livrée à lui, un peu avant le mariage, mais je ne peux pas la détromper et je me sens coupable  de la laisser penser ça. C’est injuste pour Damon qui a toutes les raisons d’être en colère mais je n’ai pas d’autre choix : lui expliquer la source de notre dispute reviendrait à lui dire la vérité sur notre mariage et je ne peux pas m’y résoudre. J’ai fait la promesse tacite de garder le secret en m’engageant dans cette voie et, si j’en ai parlé à Jo parce que j’avais besoin d’un échappatoire, je ne peux pas le raconter à tout mon entourage. « Il s’est emporté contre toi ? » Je secoue rapidement la tête de gauche à droite : ça, c’est quelque chose que je ne peux pas la laisser penser, pour elle comme pour Damon. « Non, bien sûr que non. » Je sais ce qu’elle met derrière le terme emporté. « Il est doux comme un agneau. Il est incapable de lever la main sur moi, sur qui que ce soit pour ce que ça vaut. » Cela n’a rien de surprenant que la blonde s’inquiète de ça, compte tenu de son histoire. « Mais il était en colère. Déçu que je lui ai menti et profondément triste aussi. » Et le plus dur, c’est ce que j’ai lu dans ses yeux, pas sa colère. « Je vais pas poser de questions. Mais s’il te juge pour ton histoire, c’est le dernier des idiots. Le passé ne change pas la personne que tu es aujourd’hui. » - « C’est plus compliqué que ça. » Mais je ne peux pas lui expliquer. « C’est une question d’honnêteté et de confiance. » Doucement, je pose la tête sur l’épaule de mon avis et je reste comme ça quelques secondes, avant de me redresser. « J’ai pas de secret pour toi, mais j’ai juste pas envie d’en parler tout de suite. » Ni jamais, malheureusement. J’aimerais que ce soit vrai, j’aimerais ne rien avoir à lui cacher. « Mentir ça a toujours l’air plus simple. » Et c’est certainement ça, mon problème. Pourquoi suis-je à la fois courageuse et déterminée mais profondément lâche lorsque vient l’heure d’assumer mes actes et décisions.

« Ok, whaou, je m’attendais pas à ça. » On est bien deux dans ce cas. Il avait fallu que je vérifie à deux fois, avant de finir par présenter une photo du mariage de Megan à Trent. Lorsqu’il avait confirmé l’identité de la mère de ses enfants, je m’étais presque sentie gênée sans réellement savoir d’où pouvais provenir le sentiment. « C’est pour ça que t’étais mal à l’aise quand je t’ai parlé de mon anniversaire ? Si tu veux pas venir au restaurant, t’es pas obligée de le faire. On pourra faire une soirée juste toi et moi la veille ou le lendemain. » J’aurais préféré que mon amie ne fasse pas la connexion entre ce que je venais de lui révéler et l’hésitation qui s’était emparée de moi lorsqu’elle m’avait contacté pour me convier à sa soirée d’anniversaire. « C’est idiot d’être gêné pour ça non ? » que je lui demande alors en tentant de faire passer mon malaise au travers d’un éclat de rire. « Je veux dire, il est juste mon ami rien de plus. » Certes, la situation pourrait être quelque peu étrange, mais pas de quoi me pousser à refuser la soirée à l’occasion de l’anniversaire de Megan. « Mais si tu penses que c’est mieux que je ne vienne pas, je comprendrais. » Il ne faut pas être devin pour savoir que la situation entre Charlie et Trent à longuement été tendue même si les choses semblent trouver un nouvel équilibre. J’ai bien conscience que la blonde ne m’apprécie pas réellement au vu des regards qu’elle a su me lancer la dernière fois. Je tente de ne pas lui en vouloir, je suis une présence féminine en plus dans le quotidien de ses enfants et elle doit probablement s’interroger sur le rôle que j’ai à jouer là-dedans. Jamais je me permettrais de prendre sa place et si j’ai voulu lui en faire part la dernière fois, je crois qu’elle ne m’a pas réellement entendu.

« Je sais. Je vis avec le parfait contre-exemple. » Je me doute bien que son époux est loin de l’ancien célibataire qui se laissait complètement aller. « Mais je me suis malgré tout occupée de la décoration de l’appart. Propreté et goût, c’est pas la même chose. » - « On peut pas tout avoir. » que je plaisante avec elle tout en notant le changement dans son regard, ce petit truc qui s’efface en une fraction de seconde à la simple évocation de celui qui partage désormais sa vie.

Curieuse sans pour autant vouloir la mettre mal à l’aise, je me demande ce qui a bien pu se passer entre eux. Elle tatillonne sur les termes la blonde, sans jamais lâcher une phrase assassine ou incriminer Damon. Tout semble tourner autour d’un élément de sa vie qu’elle ne lui aurait pas dévoilé auparavant, je n’en comprends guère plus. « Non, bien sûr que non. » Je ne saurais dissimuler le soupir de soulagement qui m’échappe face à sa révélation poignante de vérité. « Il est doux comme un agneau. Il est incapable de lever la main sur moi, sur qui que ce soit pour ce que ça vaut. » - « Oui tu as raison, pardon. » Je ne devrais pas mettre tous les hommes dans le même sac, incriminer tout un sexe pour les méfaits d’un seul homme dans ma vie. « Mais il était en colère. Déçu que je lui aie menti et profondément triste aussi. » La réaction du jeune homme semble des plus humaines quand bien même je n’ai aucune idée de ce qu’elle a bien pu lui cacher de cette façon. « C’est plus compliqué que ça. C’est une question d’honnêteté et de confiance. » Je hoche la tête, venant chercher sa main afin de l’aider à trouver un peu d’apaisement. « Est-ce que tu as pu lui expliquer les choses un peu ? » A-t-elle pu trouver les mots pour l’apaiser lui ? « J’ai pas de secret pour toi, mais j’ai juste pas envie d’en parler tout de suite. » Un fin sourire se dessine sur mes lèvres même si ses propos commencent à réellement m’inquiéter. Ce n’est pas son genre de tourner autour du pot de cette manière, de ne pas annoncer les choses de manière franche. « Tu n’as pas à te justifier. » que j’annonce malgré tout, souhaitant ne pas outrepasser mon rôle. Mon regard cherche le sien sans jamais réellement insister ne voulant la faire se sentir piégé dans l’obligation de m’en dire plus. « Mentir ça a toujours l’air plus simple. » Un soupire m’échappe tandis que je secoue la tête. « Que l’on se mente à soi-même ou aux autres, ça ne se termine jamais bien Megan. » J’en ai tristement fait l’expérience, il y a encore peu de temps. « Ne va pas te perdre là-dedans. » Je relève les yeux vers mon amie, me rapprochant encore plus d’elle pour une tentative d’étreinte quelque peu bancale au vu de notre position dans le canapé. « Qu’importe ce que ça peut bien être, ma porte te sera toujours ouverte. » Toujours, je lui en fais la promesse.