stop and stare
Megan Williams & @Trent Higgins

Cette soirée avec Shiloh a mis du baume à mon coeur. Certes, je ne peux pas être tout à fait honnête avec elle lorsqu’il est question de mon mariage, mais sa douceur et ses attentions suffisent à ce que je me sente un peu mieux, comme cette gamine qui se réfugiait parfois chez son aînée lorsque ma mère rentrait à la maison en titubant et que cela devenait trop lourd pour mes frêles épaules. Bien sûr, nos rapports ont depuis largement changé puisque Shiloh est devenue une femme douce, timide et effacée quand je me suis bâtie en force de la nature. En me levant et en m'extirpant du lit sans un bruit - elle dort encore, elle a toujours été une marmotte - je me fais la réflexion que je suis rassurée qu’elle ne vive pas seule et que, après mon départ, elle ait trouvé un autre colocataire.

Des frères Higgins, je connaîs plus le cadet que l’aîné. La blonde est longtemps sortie avec Théo et à l’époque, elle s’imaginait déjà finir sa vie avec lui, en parfaite romantique. Moi aussi, pour ce que ça vaut. Ils se ressemblaient et connaissant les aspirations de mon amie, je les imaginais se marier après la fac, faire un enfant l’année d’après et emménager dans un joli cottage de banlieue avec un chien et un second bébé en route. L’éloignement a eu raison d’eux et si le jeune homme et moi n’avions pas réellement d’atome crochus, j’aurais préféré qu’ils durent. Ainsi, Shiloh n’aurait jamais rencontré Lawrence et cette ordure n’aurait pas eu le loisir de la briser, de la transformer en un petit oisillons blessé et craintif.

Trent, que j’aperçois en train de petit-déjeuner alors que je referme doucement la porte de la chambre de Shiloh, est une présence constante dans la vie de cette dernière mais avec laquelle je n’ai eu que peu d’interactions. Je les sais proches, je l’ai toujours trouvé assez semblable à son cadet, mais j’étais bien plus jeune que lui à l’époque et je n’ai même pas souvenir d’avoir déjà été seule avec lui. Il est père, je le sais mais aucun signe de ses bambins. « Shiloh dort encore. Tu pars travailler ? » Est-ce pour ça que, comme moi, il est tombé du lit si tôt ? De mon côté, je n’ai guère trouvé de repos, agitée par ma dispute de la veille. « Tes enfants dorment encore ? » Ou bien sont-ils chez sa mère ? Qui est-elle d’ailleurs, cette mystérieuse inconnue ? « Je suis désolée de m’incruster comme ça au dernier moment. J’ai appelé Shiloh hier, elle m’a dit que t’étais pas là. » Et je ne m’attendais pas à tomber sur lui en pyjama au petit déjeuner.

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TRENT HIGGINS & @MEGAN WILLIAMS

La nuit a été particulièrement longue, et pas parce qu’elle était occupée, au contraire. Ce genre de nuits où les appels sont peu multiples et largement espacés, ce qui en soit est une bonne chose pour tous les habitants de Brisbane, mais un brin ennuyeux pour l’équipe de pompiers et d’ambulanciers sur place. Le café est essentiel quand tu prends la route de ton domicile ce matin puisque tu n’as pas réellement dormi depuis plus de vingt-quatre heures et tu ne rêves que d’une chose : retrouver ton lit. Les jumeaux sont chez tes parents jusqu’à la fin de l’après-midi, moment où tu dois les récupérer, et tu comptes bien profiter des prochaines heures pour emmagasiner autant de sommeil que possible. Tu as ta petite routine lorsque tu rentres d’une nuit de travail : tu aimes prendre une douche dès l’instant que tu passes la porte de ton appartement, suivi d’un petit-déjeuner avant de finalement sombrer. Les cheveux encore humides de la douche, c’est vêtu d’un simple survêt gris et d’un t-shirt noir que tu prends une bouchée de ta toast, le nez dans ton téléphone a scroller de manière désintéressée les dernières notifications insignifiantes apparaissant sur le feed de ton Instagram. Quand tu entends une porte grincer, tu t’attends à faire face à Shiloh, mais c’est une tout autre silhouette qui se dessine sous ton regard fatigué.

Si tu connais Megan depuis plusieurs années déjà, on ne peut pas dire que tu connaisses la jeune femme particulièrement bien. Elle est une amie proche de Shiloh, ça tu le sais. Son ancienne colocataire, lors de son retour à Brisbane, ou du moins tu es presque certain que c’est elle. Mais depuis que la Atkins a fait son retour dans ta vie, on ne peut pas dire que tu aies réellement eu le temps de te familiariser à nouveau avec son entourage. Tu ne t’attendais certainement pas à tomber nez à nez avec la jeune femme ce matin. « Shiloh dort encore. Tu pars travailler? » Tu secoues la tête à la négative. « Je viens tout juste de rentrer. Tu veux manger quelque chose? » Tu te lèves et pars la machine à café, ne pouvant t’empêcher de te faire la réflexion que Megan semble en avoir bien besoin. « Tes enfants dorment encore? » « Non, ils ont dormi chez ma mère puisque je travaillais. » Tu imagines que c’est Shiloh qui a dû la mettre au courant de ton rôle de père, puisque les jumeaux n’étaient pas encore nés la dernière fois que tu t’es retrouvé en compagnie de la jeune femme. « Je suis désolée de m’incruster comme ça au dernier moment. J’ai appelé Shiloh hier, elle m’a dit que t’étais pas là. » « T’en fais pas, t’es toujours la bienvenue ici. » Shiloh est ici chez elle après tout, elle a tout à fait le droit d’inviter qui elle veut quand elle le veut, que tu sois présent ou non. « Shiloh m’a dit que tu t’es mariée récemment. Toutes mes félicitations. » que tu lui offres, sourire sincère sur les lèvres. La machine a café sonne et tu sors deux tasses de l’armoire avant d’y verser le liquide chaud. Tu n’as certainement pas besoin d’un autre café avant d’aller dormir, mais ça te semble être la chose à faire. Tu connais Shiloh, elle n’est pas près de se lever tout de suite et tu ne veux pas non plus laisser Megan toute seule. « J’espère que tout va bien. » Et que sa présence ici n’est pas synonyme de problème dans sa vie.

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Megan Williams & @Trent Higgins

Je suis surprise de trouver Trent au beau milieu de la cuisine et je me félicite silencieusement d’avoir enfilé un bas de jogging à la place de mon short trop court et trop moulant de pyjama. Je l’ai emprunté à Shiloh et, soucieuse de ne pas la réveiller en fouillant dans ses affaires, j’ai pris la première chose qui m’est tombée sous la main. Lorsqu’elle a dit Trent n’est pas là, je l’imaginais en vacances ou hors de la ville. Je me demande à présent si ses enfants aussi sont rentrés avec lui et si deux bambins courront bientôt dans l’appartement. « Je viens tout juste de rentrer. Tu veux manger quelque chose ? » - « Je vais me faire un café, merci. » Il a l’air de ne pas avoir dormi de la nuit et, même moi, je dois être plus en forme que lui. Travaille-t-il de nuit ? Si Shiloh m’a partagé cette information, je ne m’en souviens pas. « C’est ce tiroir là pour les capsules ? » Rarement mal à l’aise chez autrui - l’avantage de ne pas avoir grandi dans un foyer fixe - je m’apprête à ouvrir le placard pour sortir une tasse et me préparer moi-même mon café, mais il me devance. « Non, ils ont dormi chez ma mère puisque je travaillais. » - « Tu bosses de nuit ? » Shiloh passe-t-il toutes ses soirées seule ? Je culpabilise trop de l’avoir abandonnée pour ne pas jouer les mères poules avec elle.

« T’en fais pas, t’es toujours la bienvenue ici. » - « C’est gentil. Mais j’ai mon appartement à moi, faut pas que ça devienne une habitude. » J’attrape mon café entre mes mains et m’installe avec lui autour de la table à manger. « Shiloh m’a dit que tu t’es mariée récemment. Toutes mes félicitations. » - « Merci. Shiloh a fait ma robe, elle t’a dit ? » Elle était magnifique : plusieurs membres de la famille Williams - des cousins éloignés venus d’Italie - se sont extasiés sur le vêtement. « J’espère que tout va bien. » Si je suis là, c’est que non et il s’en doute, de toute évidence. Mais je hoche la tête, pudique face à cet homme qui reste pour moi un inconnu, malgré notre amitié commune avec la blonde qui se prend pour la belle au bois dormant. « Oui, ça ira. » J’avale une gorgée de café, pensive, avant de l’interroger. « Et elle, elle va bien ? » Depuis que j’ai quitté l’appartement que nous partagions ? Depuis son dépôt de plainte en début d’année ? « Je sais pas à quel point t’es au courant, mais les dernières années ont pas été faciles pour elle. » L’avertissement est à moitié déguisé : il n’a pas intérêt à lui faire le moindre mal.

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« Je vais me faire un café, merci. » Tu es plus rapide qu’elle, même si elle ne se gêne pas pour se lever et chercher ce dont elle a besoin. « C’est ce tiroir là pour les capsules? » « Juste ici. » que tu lui pointes pour qu’elle se sorte une capsule au même moment où tu attrapes une tasse que tu déposes devant elle. Ta mère t’a toujours dit de bien faire lorsqu’il y a des invités chez toi, qu’importe que tu sortes tout juste de la douche et que tu n’as pas dormi depuis beaucoup trop longtemps pour avoir envie de compter les heures depuis la dernière fois où tu as pu mettre ta tête sur ton oreiller. Megan ne semble pas particulièrement avoir besoin de compagnie, mais tu n’oses pas non plus la laisser toute seule en attendant que Shiloh se réveille. Au moins pour quelques minutes, le temps qu’elle prenne son café. Après, tu t’excuseras pour dormir un peu avant de devoir aller chercher les jumeaux. « Tu bosses de nuit? » Tu secoues la tête à la négative. « Non, enfin, à l’occasion. » Ton horaire n’est malheureusement pas le plus prévisible qui soit. « Je suis pompier-ambulancier, donc ça varie beaucoup. » Le temps supplémentaire, les doubles-shifts, les horaires qui changent à la dernière minute, ce ne sont que des partis de ton quotidien avec lesquelles tu as appris à composer depuis longtemps déjà. Tu te considères chanceux d’avoir beaucoup de soutien en place avec les jumeaux parce que tu sais que ce serait impossible de tout gérer autrement. « Et toi, tu fais quoi maintenant? » que tu lui demandes en retour, réalisant que le sujet n’avait jamais vraiment été approché avec Shiloh. Tu savais qu’elle voyait encore beaucoup la blonde, mais tu n’avais pas vraiment cherché à en apprendre plus sur ce qu’elle était devenue dans les dernières années.

« C’est gentil. Mais j’ai mon appartement à moi, faut pas que ça devienne une habitude. » Tu hoches la tête. Tu comprends parfaitement où elle veut en venir, tu souhaitais simplement lui dire qu’elle n’a pas à se gêner, que tu sois présent ou non. « Merci. Shiloh a fait ma robe, elle t’a dit? » Un sourire apparaît sur tes lèvres à la mention de la Atkins. Évidemment qu’elle t’a dit, tu as suivi de très près la progression de chacun de ses croquis. « Oui, elle était vraiment fière du résultat. » Et contente aussi que Megan semblait l’aimer autant qu’elle, ce qui est l’essentiel. « Oui, ça ira. » Ce n’est certainement pas ta place de remettre sa parole en doute, alors tu laisses couler, prenant une nouvelle bouchée de ton petit-déjeuner. « Et elle, elle va bien? » Megan pointe le menton vers la porte fermée de la chambre de ta colocataire et tu fais signe que oui de la tête. « Elle va mieux, tranquillement. » Tu sais que Megan sait tout puisque Shiloh t’a dit qu’elle est celle qui l’a accompagné au poste de police pour porter plainte officiellement contre Lawrence. « Je sais pas à quel point t’es au courant, mais les dernières années ont pas été faciles pour elle. » « Je suis au courant, oui. » Tu n’en aurais pas parler avec n’importe qui, mais tu sais à quel point Shiloh fait confiance à Megan. « Je voulais te remercier d’ailleurs, de l’avoir accompagné pour sa plainte. J’aurais pas voulu qu’elle soit toute seule pour ça. » Tu ne pouvais qu’imaginer à quel point cela avait dû la chambouler. « Et je veux que tu saches que je le laisserais plus jamais s’approcher d’elle. » Et que si cet imbécile décide quand même de mettre les pieds à Brisbane, il risque d’avoir une bien mauvaise surprise.

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Megan Williams & @Trent Higgins

« Non, enfin, à l’occasion. Je suis pompier-ambulancier, donc ça varie beaucoup. » J’avoue ne m’être jamais plus intéressée que ça à la vie du jeune homme, pas par jalousie - je suis au contraire heureuse que Shiloh ait d’autres personnes pour l’aimer et la soutenir, mais parce qu’au premier coup d’oeil il est évident que nous n’avons pas grand chose en commun si ce n’est notre affection pour la petite blonde. Je hoche donc la tête, peu surprise d’apprendre que monsieur parfait sauve des vies au quotidien. « Ça doit être épuisant, entre ça et tes enfants. » Et nul doute que Shiloh se fait un plaisir d’assurer un rôle de baby-sitter voire de parent de substitution pour les deux bambins. « Et toi, tu fais quoi maintenant ? » Répondre à cette question était facile autrefois, tant mon mensonge - ou plutôt ma vérité enjolivée - était rodé et maîtrisé. Je réfléchis un instant avant de lui répondre. « Avant le mariage j’étais photographe de presse. Je bossais principalement sur des shooting photo. » Et dire qu’à présent, c’est moi qui passe devant l’objectif pour l’entreprise familiale. « J’ai pris une pause après le mariage. » Officiellement pour préparer ma lune de miel et être là pour Damon après ce qu’il était arrivé à Auden. Officieusement parce que j’étais complètement paumée. « Et là, je vais bosser pour un studio photo qui devrait ouvrir d’ici une semaine. J’ai déjà donné une invitation à Shiloh, je lui en glisserai une pour toi si ça t’intéresse. » J’en doute, mais la politesse veut que je propose. Je tais ma campagne pour Michael Hills, convaincue que je passerais pour une pimbêche prétentieuse en mal de célébrité si j’en parlais.

« Oui, elle était vraiment fière du résultat. » - « Elle peut, elle a beaucoup de talent. » Et je ne suis pas radine en éloge dès qu’il s’agit de Shiloh. Je ne suis pas radine en avertissement non plus, si bien que je me permets de prendre la température pour m’assurer que la blonde est en sécurité et écoutée, avec lui. « Elle va mieux, tranquillement. » Je hoche la tête, pensive. « Je voulais te remercier d’ailleurs, de l’avoir accompagné pour sa plainte. J’aurais pas voulu qu’elle soit toute seule pour ça. Et je veux que tu saches que je le laisserais plus jamais s’approcher d’elle. » Bien. « S’il débarque à Brisbane, je veux le savoir. Je suis pas certaine qu’elle me le dirait. » Autrement dit, j’espère que lui le fera, pour Shiloh puisqu’il ne me doit pas grand-chose. Lui a-t-elle tout dit ? Lui a-t-elle parlé des abus ? « Mais t’auras besoin d’un complice pour lui casser les genoux et t’aider à faire disparaître le corps. » Très sérieuse - bien que je n’envisage pas réellement un meurtre - je bois une gorgée de mon café sans le quitter des yeux. « Elle a été courageuse. De porter plainte. Mais j’ai peur qu’il y ait des représailles. » Et si je suis convaincue que la blonde a fait la bonne chose, je n’en suis pas moins inquiète pour elle. « Et il va utiliser sa popularité pour essayer de la démolir. » Lawrence est le golden boy australien par exemple. De l’extérieur, il ressemble au gendre parfait. Shiloh elle, n’est personne pour le grand public. « Et elle a pas les épaules pour affronter ça seule. »

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« Ça doit être épuisant, entre ça et tes enfants. » Elle ne croit pas si bien dire Megan, mais tu t’arranges. Ça fait longtemps et tu as l’habitude maintenant. Tu es chanceux de ne pas être tout seul. La présence de Shiloh a l’appartement est définitivement une grande aide. « C’est pas toujours facile, mais les jumeaux sont bien entourés. Ma famille aide beaucoup. » Tu pourrais évidemment dire aussi que Charlie fait sa part, ce qui n’est plus totalement faux, mais depuis ce qui s’est passé à Noël, le moins souvent tu parles de la blonde, le mieux tu te portes. « Avant le mariage j’étais photographe de presse. Je bossais principalement sur des shooting photo. » Tu ne savais même pas que Megan faisait de la photo, ce qui venait prouver une fois de plus à quel point tu ne connaissais pas grand-chose sur l’une des plus grandes amies de ta colocataire. Elle avait toujours eu beaucoup plus de contacts avec ton frère qu’avec toi, à l’époque. « J’ai pris une pause après le mariage. Et là, je vais bosser pour un studio photo qui devrait ouvrir d’ici une semaine. J’ai déjà donné une invitation à Shiloh, je lui en glisserai une pour toi si ça t’intéresse. » Tu fais signe que oui de la tête. « J’aimerai bien, oui. Je fais de la photo aussi et je suis bien curieux de voir. » que tu lui avoues. « Enfin, pour moi c’est qu’un passe-temps, mais quand même. » Et puis ça te donnerait une excuse de sortir seul avec Shiloh, vous qui êtes constamment entourés des jumeaux, ça pourrait être chouette de profiter d’une soirée entre amis loin de tes responsabilités parentales.

« Elle peut, elle a beaucoup de talent. » Ce n’est certainement pas toi qui allais nier ce fait, toi qui avais toujours encouragé la jeune femme à sortir de sa zone de confort pour enfin pouvoir vivre de sa passion. La seule chose que tu regrettais de l’avoir poussé si fort à partir pour ce stage à Sydney, c’est de ne pas avoir été présent pour l’empêcher de se perdre dans cette relation toxique avec Lawrence. Détails dont tu ne semblais pas être le seul au courant, quelque chose qui te rassurait. Tu détestais l’idée que Shiloh porte toute seule le poids des horreurs qui lui étaient arrivés par le passé. Tu ne pouvais qu’espérer que Megan était un support inébranlable pour elle, et au vu des commentaires de la blonde, tu n’en doutais pas trop. « S’il débarque à Brisbane, je veux le savoir. Je suis pas certaine qu’elle me le dirait. » Tu hoches la tête. Tu peux comprendre l’hésitation de Shiloh, même si tu penses plutôt que si ce moment devait arriver, elle aura le besoin de tout son monde derrière elle et Megan en est une part importante. « Mais t’auras besoin d’une complice pour lui casser les genoux et t’aider à faire disparaître le corps. » « Il mérite pas mieux. » Si tu n’as pas normalement des tendances violentes, la simple pensée de Lawrence qui fait du mal à Shiloh fait bouillir ton sang et pourrait faire ressortir un côté de toi que bien peu de gens connaissent. « Je te dirai, s’il revient. Mais il a pas intérêt à oser mettre les pieds aussi. » Il ne sait pas ce qui l’attend s’il se montre assez idiot. Il a réussi à t’écarter de la vie de Shiloh une fois, tu ne lui feras pas ce plaisir une deuxième fois, pas question. « Elle a été courageuse. De porter plainte. Mais j’ai peur qu’il y ait des représailles. » « Qu’est-ce que tu veux dire? » Tu n’en connais pas des tonnes sur Lawrence, le sujet est majoritairement évité entre Shiloh et toi puisque la dernière chose que tu souhaites faire, c’est lui rappeler les fantômes de sa violence. « Et il va utiliser sa popularité pour essayer de la démolir. Et elle a pas les épaules pour affronter ça seule. » « Elle est pas seule. Elle le sera jamais. Ça, je peux te le promettre. » Tu ne te le pardonnerais pas si tu devais perdre contact avec la blonde une deuxième fois. Plus jamais tu ne laisseras quoique ce soit créer un aussi gros fossé entre vous. « Et qu’est-ce que tu veux dire par popularité? C’est qui ce mec au juste? » Peut-être que Megan est la meilleure personne pour te faire un portrait de ce qui vous attend potentiellement, avec ce détraqué de Lawrence.

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« C’est pas toujours facile, mais les jumeaux sont bien entourés. Ma famille aide beaucoup. » Je ne parle pas de Charlie. Je ne lui dis pas que la mère de ses enfants est une jeune femme qui est devenue importante à mes yeux durant ces derniers mois. Je le tais puisque c’est Shiloh qui me l’a confié à peine hier soir et qu’il est hors de question que le jeune homme soit au courant avant son ex que je suis au courant de toute cette histoire. Je me contente donc de hocher la tête, peu intéressée par ces hypothétiques enfants, de toute façon. « J’aimerai bien, oui. Je fais de la photo aussi et je suis bien curieux de voir. Enfin, pour moi c’est qu’un passe-temps, mais quand même. » Moi qui ne proposais que par politesse, je suis surprise. Pour autant, cela ne me dérange pas et donnera à Shiloh l’occasion d’être accompagnée pour l’événement : moi-même, je risque d’être bien peu disponible. « Je lui donnerai deux invitations dans ce cas. » Je l’aurais de toute façon fait. Elle peut amener autant de personnes qu’elle le souhaite puisqu’une part de moi sait que sans elle je ne me serais peut-être jamais jetée à l’eau.

Je n’ai pas fait exprès de me lever plus tôt pour croiser le colocataire de la blonde mais je dois bien admettre que cela m’arrange puisque cela me donne l’occasion de juger ses intentions autant que de lui glisser quelques avertissements peu déguisés. Cela me permet également de lui parler de Lawrence, de découvrir ce qu’il sait et d’un peu mieux le mettre au courant du genre d’homme qu’est l’ex de ma douce amie - sans trahir la confiance de Shiloh pour autant. S’il est préparé, il la protègera d’autant plus efficacement. « Il mérite pas mieux. » Parfait, nous sommes d’accord dans ce cas. « Je te dirai, s’il revient. Mais il a pas intérêt à oser mettre les pieds aussi. » - « Il le fera. J’en suis presque certaine. » Lorsqu’il sera informé de la plainte et du procès qui - je l’espère - s’ouvrira derrière, il tentera d’intimider Shiloh pour qu’elle change d’avis, de l’amadouer si la première technique ne fonctionne pas. Elle s’endurcit, mais je la sais fragile et j’ai peur que l’une de ces deux stratégies ne finisse finalement par fonctionner. « Qu’est-ce que tu veux dire ? » - « Elle n’a dit pour les photos ? » Ces photos intimes que ce porc a osé publier ? « Ce genre de représailles. Il a un public, et pas le public le plus subtil du monde. » Puisque sa fanbase est composée principalement d’adolescentes qui ont les yeux qui brillent rien qu’en entendant son nom. « Elle est pas seule. Elle le sera jamais. Ça, je peux te le promettre. » Je hoche la tête, à la fois convaincue et satisfaite. « Et qu’est-ce que tu veux dire par popularité? C’est qui ce mec au juste ? » Cette fois, je fronce les sourcils. « Shiloh t’a jamais dit qui c’était ? » J’aurais pensé qu’elle en était fière, à l’époque. « Le chanteur d’un boysband dont le premier album a relativement bien marché. » En Australie en tout cas. « Je crois qu’ils ont finalement jamais explosé, mais il a une belle gueule, assez pour être la coqueluche d’un certain nombre d’adolescentes en chaleur. Le genre qui aura envie de crever les yeux de Shiloh dès qu’il expliquera qu’elle lui a brisé le coeur et que c’était elle la méchante de l’histoire. » Je ne suis pas désabusée mais réaliste. « T’as pas besoin de connaître ses tubes. Simplement de savoir que c’est quelqu’un. » Et que Shiloh n’est personne. Et c’est dur de gagner un combat ou c’est la parole de l’un contre celle de l’autre dans la position de notre amie commune.

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« Je lui donnerai deux invitations dans ce cas. » Tu lui réponds d’un simple sourire, curieux de voir ce que la blonde sait faire avec un appareil photo. Le sujet ne reste pas aussi léger bien longtemps toutefois lorsque Lawrence vient se faire une place dans la conversation, alors que Megan cherche à voir ce que tu sais, autant que tu essayes de ne pas briser les confidences que Shiloh t’a faite, même si au final, Megan et toi semblez avoir le même but : protéger votre amie commune de son agresseur, de cet homme qui lui a fait beaucoup de mal dans les dernières années. Megan parle de récidives, et si tu veux vraiment croire que Lawrence n’est pas assez idiot pour chercher à revenir à la charge, la vérité reste que tu ne connais pas grand-chose de l’homme. Il s’était assuré de te sortir de la vie de Shiloh bien assez vite quand lui a su s’y faire une place et tu te retrouvais comme un con, à ne pas avoir la moindre idée de ce que tu pourrais faire réalistiquement s’il venait à s’imposer à nouveau. « Il le fera. J’en suis presque certaine. » « Tu le connais bien? » Avait-elle eu le luxe de rester plus près de Shiloh que tu n’avais été en mesure de le faire, ne serait-ce que parce qu’elle était une fille, ou bien avait-elle elle aussi vécu cet énorme trou où Shiloh se faisait désormais inexistante dans sa vie? « J’ai pas eu l’occasion de le voir très souvent, il s’est assuré rapidement de me sortir de la vie de Shiloh, donc j’ai aucune idée de quoi il est capable. » que tu lui avoues à contre-cœur, prêt malgré tout à faire n’importe quoi en ton pouvoir pour t’assurer que rien ne puisse arriver à la Atkins.

« Elle n’a pas dit pour les photos? » Tu fais signe que oui de la tête. C’était un coup pervers, une manière de détruire la réputation de Shiloh, mais tu n’avais définitivement aucune idée de la portée que ces photos avaient pu avoir. « Ce genre de représailles. Il a un public, et pas le public le plus subtil du monde. » Ce détail, tu l’ignorais encore jusqu’à présent. Tu n’avais pas la moindre idée que Lawrence était connu, ou tout du moins populaire et que les photos n’avaient pas seulement été envoyés aux proches de Shiloh. « Je savais pas. Je pensais qu’il avait seulement envoyé les photos aux amis de Shiloh, pour faire réagir. » Mais de toute évidence, Lawrence avait bien plus que ça en tête. « Shiloh t’a jamais dit qui c’était? » Cette fois-ci, tu fais signe que non de la tête. « Elle a toujours été plutôt vague à son sujet et j’ai jamais osé insisté, je sais pas si elle m’aurait avoué ce qu’elle a vécu si ce n’était pas du fait que j’ai reçu les photos. » Elle avait toujours eu une personnalité assez privé Shiloh, mais la honte qu’elle ressentait à cause de lui n’aidait en rien, tu en étais désormais conscient. « Le chanteur d’un boysband dont le premier album a relativement bien marché. » Génial, manquait plus qu’il soit adulé par des tas de jeunes femmes par-dessus le marché. « Je crois qu’ils ont finalement jamais explosé, mais il a une belle gueule, assez pour être la coqueluche d’un certains nombre d’adolescentes en chaleur. Le genre qui aura envie de crever les yeux de Shiloh dès qu’il expliquera qu’elle lui a brisé le cœur et que c’était elle la méchante de l’histoire. » « C’est n’importe quoi. » Megan le sait, tu le sais aussi, mais de toute évidence, les chiffres pourraient bien rapidement être contre vous dans toute cette histoire. « Et j’imagine que si ça se sait qu’elle a porté plainte contre lui, elle va se taper un procès sur la place publique? » Et avant même qu’elle n’ait le temps de présenter son cas devant un juge, elle aura déjà une étiquette de menteuse sur le front. « T’as pas besoin de connaître ses tubes. Simplement de savoir que c’est quelqu’un. » Et ça compliquait définitivement le tout. « Et on fait quoi, pour l’empêcher de prendre le dessus? » Avait-elle une idée, un plan quelconque? Parce qu’aussi tentant que l’idée de lui casser les jambes soit, tu doutais de l’efficacité que ça aurait pour réellement protéger Shiloh.

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« Tu le connais bien ? J’ai pas eu l’occasion de le voir très souvent, il s’est assuré rapidement de me sortir de la vie de Shiloh, donc j’ai aucune idée de quoi il est capable. » Je lève un sourcil, avant de finalement secouer la tête de droite à gauche. « Tu peux ranger ta jalousie. » J’esquisse un sourire qui n’en est pas vraiment un puisque toute cette histoire m’attriste plus qu’autre chose. « J’ai pas eu de traitement de faveur. J’ai eu le droit au silence radio aussi. » Et si j’ai eu mal au coeur, je n’en ai pas voulu à la jeune femme, pas quand j’ai compris ce qu’il se passait et la façon perverse dont il l’avait forcée à se refermer petit à petit sur elle-même. « Mais j’ai pas besoin de le connaître lui. Je connais les gars dans son genre. » Et surtout, j’ai vu ce qu’il a fait la dernière fois qu’il a été mécontent de l’attitude de son jouet préféré. Il a rendu publiques les photos intimes de Shiloh pour la punir de l’avoir quitté et d’ignorer ses messages et appels. Il ne s’arrêtera pas en si bon chemin et ne deviendra pas d’un coup d’un seul un type bien et respectueux alors qu’il a certainement appris qu’elle avait décidé de porter plainte.

« Je savais pas. Je pensais qu’il avait seulement envoyé les photos aux amis de Shiloh, pour faire réagir. » - « Il a créé une page à son nom sur instagram. » Il a fait comme s’il était la blonde, a ajouté ses contacts et a publié les clichés de façon publique. « Je pense que y’a beaucoup de monde qui les a vues. » Et j’ignorais qu’il n’était pas au courant de tous les détails, sinon je me serais mêlée de ce qui me regarde. Shiloh avait certainement ses raisons de ne pas en dire plus à Trent. « Elle a toujours été plutôt vague à son sujet et j’ai jamais osé insisté, je sais pas si elle m’aurait avoué ce qu’elle a vécu si ce n’était pas du fait que j’ai reçu les photos. » - « Parce que t’es un homme. » Et désolée de te dire qu’à cause de ça, elle pourra jamais te parler de tout ça de la même façon. « Et je crois qu’elle en a parlé à personne d’autre. » Que moi, d’une autre mesure visiblement, lui, le sous-entendu est évident.

« C’est n’importe quoi. » Peut-être, mais ce sont les règles du jeu et d’un univers que je connais beaucoup mieux que la plupart des gens. Pour la première fois, je suis scandalisée par les dégâts que peuvent faire mes pairs. Il aura fallu attendre que quelqu’un dont je suis proche soit touché, pour que je réalise que tout ça, c’est effectivement n’importe quoi. « Et j’imagine que si ça se sait qu’elle a porté plainte contre lui, elle va se taper un procès sur la place publique ? » - « C’est l’idée. » A cause des photos, à cause des rumeurs et parce que même si le mouvement me too a éveillé les consciences, on est loin de vivre dans un monde parfait lorsqu’il s’agit de la parole d’un homme relativement connu contre celle d’une anonyme. « Et on fait quoi, pour l’empêcher de prendre le dessus? » - « On fait rien de plus qu’être là pour elle. Désolée de te décevoir, mais j’ai pas réellement de contacts avec la mafia Sicilienne. J’ai épousé une famille de cols blancs, pas de mafieux. » Je termine mon café d’un trait maintenant qu’il a refroidi, avant de poursuivre. « Elle a pas besoin qu’on aille au front pour elle. » Nous ne sommes personne lui et moi, de toute façon. « Elle a juste besoin qu’on lui rappelle qu’elle a pris la bonne décision et que tout ce qu’elle lira sur les réseaux sociaux, c’est pas le reflet de ce que pensent les gens qui la connaissent vraiment. »

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TRENT HIGGINS & @MEGAN WILLIAMS

« Tu peux ranger ta jalousie. » Le commentaire te surprend légèrement, mais ne manque pas de t’arracher un léger sourire au passage. Peut-être bien que c’était un peu le cas oui, que tu étais jaloux à l’idée que qui que ce soit puisse être dans sa vie pendant ses années qui vous ont été volées par la présence d’un homme dont tu aimerais pouvoir ignorer l’existence, tout en effaçant préalablement tout ce qu’il a pu faire à Shiloh. « J’ai pas eu de traitement de faveur. J’ai eu le droit au silence radio aussi. » Ça ne te rassure pourtant pas de l’entendre. Tu aurais quand même préféré qu’elle ait quelqu’un derrière elle, quelqu’un pour la tirer en dehors de cette histoire. Peut-être que le tout aurait cessé bien avant si ça avait été le cas. Mais ça, tu ne le sauras jamais. Les suppositions ne mènent jamais bien loin. « Mais j’ai pas besoin de le connaître lui. Je connais les gars dans son genre. » Et si ça laisse sous-entendre qu’elle a peut-être eu sa propre expérience du genre, tu ne demandes pas. Ce n’est certainement pas ta place de mettre ton nez dans ses histoires et Megan ne te donne pas l’impression d’être quelqu’un qui réclame de l’aide actuellement. Elle cherche plutôt à en offrir à votre amie commune, tout en s’assurant que tes intentions envers Shiloh sont bonnes, ce qu’elles sont bien évidemment.

« Il a créé une page à son nom sur Instagram. » Ah non, ça, tu ne savais pas. Merde. L’audience qu’il a du rejoindre de cette façon va bien plus loin que tout ce que tu aurais pu t’imaginer jusqu’à présent et ça ne te rassure pas. Pas le moins du monde. « Je pense que y’a beaucoup de monde qui les a vues. » « La page, elle existe encore? » Tu espères que non. Ça ne ferait pas de sens que la plateforme publique accepte une telle publication sous un faux nom. Tu espères surtout que les gens ont eu le gros bon sens de signaler le compte, même si malheureux, ça voulait dire que les dommages étaient déjà faits, la réputation de Shiloh salie par cet homme manipulateur qui ne cessait de vouloir allonger sa poigne sur la blonde qui lui avait filé entre les doigts. « Parce que t’es un homme. » Pas le même genre que lui, mais pas assez loin non plus pour qu’elle puisse se confier à toi de la manière dont elle l’a fait avec Megan, il semblerait. « Et je crois qu’elle en a parlé à personne d’autre. » « Je suis content de savoir qu’elle t’en parle à toi au moins. » Que Shiloh ose s’ouvrir à quelqu’un, même si ce n’est qu’une seule et unique personne et que ce n’est pas toi. Tu ne connais pas assez Megan pour juger de son caractère, mais tu connais Shiloh et si elle juge qu’elle peut faire confiance à la jeune femme, alors ça te convient tout à fait. Surtout que vous semblez vouloir les mêmes choses pour votre amie et c’est là que se trouve l’essentiel.

« C’est l’idée. » Tu jures silencieusement, complètement démuni face aux quelques éléments nouveaux apportés par Megan. Ce n’est pas ainsi que tu t’imaginais terminer ta nuit/commencer ta journée, mais tu préfères autant savoir. À défaut de pouvoir faire quelque chose de concret, au moins tu as une meilleure idée globale de ce qui pourrait potentiellement se produire, s’il décidait de se décider à revenir dans les parages et causer plus de dégâts, ce qui te semble un peu trop probable à ton goût. « On fait rien de plus qu’être là pour elle. Désolée de te décevoir, mais j’ai pas réellement de contacts avec la mafia Sicilienne. J’ai épousé une famille de cols blancs, pas de mafieux. » Tu ne sais pas trop ce que tu es censé faire de ce commentaire qui t’arrache un léger rire, n'ayant aucun mal à imaginer la blonde sous tes yeux prête à embaucher la mafia pour protéger son amie des horreurs qui la guettent. « Je déteste me sentir inutile comme ça. » T’es un mec d’action. Tu as besoin de savoir que tu fais une différence. Attendre que le moment passe les bras croisés n’a jamais été l’une de tes spécialités. « Elle a pas besoin qu’on aille au front pour elle. » Pas que tu hésiterais, si ça devait arriver. « Elle a juste besoin qu’on lui rappelle qu’elle a pris la bonne décision et que tout ce qu’elle lira sur les réseaux sociaux, c’est pas le reflet de ce que pensent les gens qui la connaissent vraiment. » Tu approuves d’un mouvement de la tête, toujours pas convaincu que ce soit assez à ton goût malheureusement. « Tu penses que y’a des risques qu’elle retourne vers lui? Pour que ça s’arrête? » Tu oses le demander à Megan parce qu’elle te donne l’impression d’être complètement honnête et transparente avec toi, du moins face à ça. Parce qu’elle voit la situation d’un œil qui est complètement différent du tien et que si c’est quelque chose qui vous tend potentiellement au bout du nez, tu as besoin de savoir pour t’assurer que ça ne se produise pas. Plus jamais, tu te l’es promis. « Tout ce que je veux, c’est la protéger. » De lui, et d’elle-même aussi.

stop and stare
Megan Williams & @Trent Higgins

« La page, elle existe encore ? » Je secoue la tête, lointaine, comme si j’étais peu concernée par le sujet alors qu’il n’en est rien : j’ai simplement décidé de tout faire pour prétendre que cette page n’a pas la moindre importance, cette attaque pas la moindre portée, en espérant déteindre sur Shiloh et le reste de son entourage. « C’est pas le genre de page avec une espérance de vie bien longue… Mais c’est pas le but non plus : les dommages sont faits. » Et nous savons tous qu’une fois qu’une photo a été publiée sur internet, où que ce soit, elle ne disparaît plus jamais complètement. Même si elles ont été retirées et le compte fermé, n’importe qui peut en avoir fait une sauvegarde et je ne me fais pas d’illusion : plutôt que de perdre de l’énergie à tenter de faire disparaître les clichés, il vaut mieux qu’elle la garde pour apprendre à assumer et garder la tête haute. Ce n’est pas elle qui devrait avoir honte, après tout. « Je suis content de savoir qu’elle t’en parle à toi au moins. » Au moins, nous avons tous les deux une bonne raison d’être heureux et soulagés de la présence de l’autre dans la vie de Shiloh. Moi, grâce à lui, je me sens un peu moins coupable de l’avoir abandonnée pour vivre avec un mari qui n’en a que le nom. Je n’ai jamais autant regretté le temps de notre colocation que ce matin.

Je n’ai aucune envie de rentrer chez moi et pour cause : j’ignore ce que je vais y trouver. Damon n’est pas du genre à me mettre à la porte, les circonstances qui l’ont poussé à accepter le chantage de son père n’ont guère changé. Mais le climat qui règne depuis hier soir dans l’appartement est polaire et j’ai mal au cœur ne serait-ce qu’à l’idée de croiser le regard blessé du blond. Contrairement à ce que pense l’italien, je suis loin de me foutre de la façon dont il se sent et de l’état de notre relation. « Je déteste me sentir inutile comme ça. » - « T’es pas inutile, elle se sent en sécurité ici. » Et elle se sent même bien : elle me l’a confié hier. Et pour quelqu’un ayant vécu une relation abusive, pour quelqu’un s’était senti en danger dans son propre appartement et auprès de l’homme qu’elle aimait, c’est déjà énorme. « Tu penses que y’a des risques qu’elle retourne vers lui ? Pourquoi ça s’arrête ? » - « Je sais pas. Je ne pense pas. » Parce que j’ai l’impression qu’elle a eu un déclic, la blonde. J’ai le sentiment qu’elle sait qu’elle a vécu des choses qui ne sont pas normales, et elle semble bien décidée à le faire sortir de sa vie. « Mais je le connais pas, et je sais pas non plus à quel point il avait ou a encore l’ascendant sur elle. » De toute façon, je ne la laisserai pas faire. « Mais de toute façon, elle sait que c’est à moi qu’elle aura à faire si elle y retourne. » J’esquisse un sourire qui n’est qu’à moitié convaincant, mais j’ai au moins le mérite d’essayer de redonner un peu de légèreté à cette discussion.

« Tout ce que je veux, c’est la protéger. » Mon sourire est un peu plus franc, à présent. Je n’ai pas beaucoup de mal à le croire : Trent Higgins a la gueule d’un chiot. Je ne lui trouve aucun charme et je me demande ce qu’une femme comme Charlie lui a trouvé - il manque de virilité - mais j’ai au moins la certitude qu’il n’y a que peu de chance qu’il soit capable de faire le moindre mal à une mouche. « C’est le principal tu sais. » Et ça me rassure, même si je le tais. « Je vais pas pouvoir attendre que la belle au bois dormant se réveille. » Je veux rentrer avant que Damon ne parte au travail. Le croiser m’angoisse, mais je n’ai pas envie qu’il m’accuse d’être lâche, en plus du reste. Je ne veux pas qu’il pense que je fuis à la moindre complication. « Tu lui diras que je suis rentrée chez moi quand elle se lèvera ? Et que je vais bien. Je l’appelle rapidement, de toute façon. » Je sais qu’elle s’angoisse, depuis hier. Et être à son contact m’a fait un bien fou mais, malheureusement, je ne peux pas plus l’impliquer : il est hors de question de lever le voile sur mes mensonges.