| Aucun jeu ne peut se jouer sans règles (Rudy) |
| | (#)Lun 4 Avr 2022 - 21:24 | |
| Adriana a encore fait des heures supplémentaires au boulot. Depuis qu’elle est en formation au sein de la brigade criminelle, elle ne compte plus le temps qu’elle passe au commissariat. C’est encore pire que lorsqu’elle était en patrouille, mais elle adore ça. En quelques mois, elle a énormément appris au sein de ce service qu’elle avait toujours rêvé d’intégrer, et elle sait que la concurrence est rude. Elle a très peu de chances de se voir affecter à la criminelle à la fin de ses trois ans de services généraux, à la sortie d’école. De nombreux flics bien plus expérimentés qu’elle auront la priorité. Alors elle a également hâte de découvrir d’autres brigades, qui pourraient être plus accessibles. Elle est très en retard lorsqu’elle rejoint ses amis dans la boîte de nuit dans laquelle ils se sont donnés rendez-vous, mais au final, ils ont l’habitude : la ponctualité n’a jamais été une des qualités d’Adriana. La brunette arbore son plus beau sourire en rejoignant le groupe. « Saluuuut ! Je suis désolée, désolée, désolée ! » Elle est accueillie par des embrassades, des rires, et des gentilles moqueries. « Est-ce qu’un jour tu arriveras à être à l’heure ? » Elle rit, pose ses affaires et lance en s’éloignant vers le bar. « C’est bon, pour me faire pardonner, la prochaine tournée est pour moi ! » La brunette rejoint le comptoir, posant ses deux mains à plat sur l’ébène après avoir interpelé le serveur. « Bonsoir ! 8 shots de vodka, s’il-vous-plaît. » En attendant sa commande, Adriana laisse son regard errer à droite et à gauche, jusqu’à ce que ses yeux noisette rencontrent ceux de Rudy. Un sourire illumine le visage de la brunette. Elle se souvient de leur dernière rencontre, dans un bar, un autre endroit, mais des circonstances similaires. Quelques semaines auparavant, elle s’était montrée réservée, et avait mis en place des barrières strictes. Mais depuis, la situation avait changé. Depuis, Max s’était marié et ne lui avait plus donné de nouvelles. Après avoir été trahie par son meilleur ami, Melchior, elle avait eu du mal à s’ouvrir et à faire confiance. Elle avait cru qu’avec Max, les choses seraient peut-être différentes. Et pourtant, une nouvelle fois, un homme l’avait fait souffrir. Oubliées les bonnes résolutions de la nouvelle année, et la volonté d’apprendre à refaire confiance aux autres. Le cœur d’Adriana était maintenant barricadé à double tour, et tout ce qu’elle voulait, c’était s’amuser. Alors, contrairement à la dernière fois, voir Rudy n’était finalement pas déplaisant. « Bonsoir », dit-elle au mexicain en lui adressant un sourire charmeur. « Deux rencontres imprévues en moins de deux mois … Si je n’avais pas peur que mes chevilles ne rentrent plus dans mes bottines, je pourrais presque croire que tu me suis. » Elle rit et récupère le plateau avec les shots de vodka, attendant la réponse de Rudy avant d’apporter le ravitaillement à ses amis.
Dernière édition par Adriana Suárez le Sam 23 Avr 2022 - 13:36, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 15 Avr 2022 - 12:35 | |
| Une boîte de nuit n’est clairement pas le lieu idéal pour un homme qui n’a plus le droit de boire. C’est ce que se dit Rudy depuis qu’il est arrivé ici. Il regarde les bières, les shots et les cocktails alcoolisés se balader de mains en mains. Il se dit qu’il aimerait bien en attraper un au passage, lui aussi, et le boire sans être vu. Mais il ne le fera pas. En acceptant de rejoindre l’association et de travailler avec son parrain, il a accepté de faire des efforts et de prendre ses responsabilités. Il n’aurait jamais fait ça s’il n’avait pas eu Jaime, qu’on se le dise. Mais son gamin est bel et bien là et il ne peut pas se permettre de replonger dans le vice de l’alcool, de la drogue. Il a déjà trop perdu en étant un peu plus jeune, là-dedans. Il ne peut pas se permettre de boire et fumer ses salaires, comme il le faisait à une époque. Celle-ci est révolue ; il s’abstient. Il s’est dit qu’il avait envie de sortir et qu’il saurait se tenir, c’est pour ça qu’il est venu ici malgré tout. Les pulsions l’emmerdent mais il arrive à faire face, à boire son verre sans alcool – sans intérêt – et à profiter de la musique. Il sait déjà qu’il ne fera pas la fermeture, que ça va lui paraître bien trop long d’attendre jusque-là. Proche du bar, il regarde les gens s’amuser entre eux. Il ne vient jamais accompagné, lui, préférant avoir l’opportunité de repartir avec quelqu’un s’il fait une rencontre intéressante. Ça lui est déjà arrivé plus d’une fois et, qu’on se le dise, il aimerait bien que ça se passe ce soir. Une histoire d’un soir n’a jamais fait de mal, encore moins à un type aussi peu doué dans les sentiments que le Gutiérrez. Il ne doit rien à Erika, encore moins à Lena. Plus aucune femme ne partage sa vie depuis des mois, il a bien le droit de faire ce dont il a envie. « Bonsoir. » Et justement, il a croisé le regard d’Adriana. Une policière qui l’intéresse pas mal depuis quelques semaines. Faut dire qu’elle est belle, et qu’elle ne veut pas de lui : fuis-moi je te suis, il trouve ça plaisant qu’une femme le repousse à ce point. « Deux rencontres imprévues en moins de deux mois… Si je n’avais pas peur que mes chevilles ne rentrent plus dans mes bottines, je pourrais presque croire que tu me suis. » Cette phrase est assez inédite. C’est elle qui le cherche, cette fois. Elle aurait pu se contenter de le regarder de loin et l’ignorer comme elle sait si bien le faire mais non, elle est venue jusqu’à lui. « J’te propose de défaire tes bottines, alors, parce que c’est l’cas. » Non, il ne la suit pas. Elle le sait très bien, lui aussi ; il peut bien jouer à ce petit jeu avec elle. « Allez, va, elles t’attendent… Moi aussi. » Qu’elle retourne poser le plateau et qu’elle revienne jusqu’à lui, si elle a envie de passer la soirée à ses côtés. Sa nuit vient de prendre un tout autre tournant, il sent qu’il va finalement s’amuser dans cette boîte de nuit. |
| | | | (#)Sam 23 Avr 2022 - 14:03 | |
| Comme trop souvent, Ade arrive en retard dans la boîte de nuit dans laquelle elle et ses amis ont rendez-vous. Alors, pour se faire pardonner de les avoir fait attendre, une nouvelle fois, elle va chercher la première tournée, croisant Rudy au bar. « J’te propose de défaire tes bottines, alors, parce que c’est l’cas. » Elle rit, sait bien que c’est un mensonge, mais apprécie que le mexicain entre dans son jeu. Elle fait la moue, lançant un regard vers le sol de la boîte de nuit, sur lequel bien trop de boissons ont déjà été renversées ce soir. « Je crois que je vais essayer de les garder quand même, ça m’a l’air plutôt collant. » Pourtant, si le sol était propre, ou s’ils étaient à l’extérieur, elle n’aurait aucune hésitation pour le prendre au mot et ôter ses chaussures. Danser pieds nus, elle en est parfaitement capable, même si cela doit lui faire perdre quelques centimètres dont elle a largement besoin, du haut de ses 1m57. « Allez, va, elles t’attendent … Moi aussi. » Ade penche la tête sur le côté, plongeant un instant ses yeux noisette dans ceux de Rudy : il l’attend ? Eh bien soit, il peut attendre, car elle connaît bien les mecs comme lui : quand on cède, ils se désintéressent du jeu. Ce qu’il aime, c’est la chasse, la compétition, et pas qu’une proie facile tombe d’elle-même dans le piège qu’il a dressé. Alors elle secoue la tête en souriant et ne répond pas, se contentant de rejoindre ses amis. Ils boivent leur shooter, commandent d’autres verres, et passent un moment à leur table à échanger en riant. Adriana revient finalement au bar, récupère un cocktail pour elle, mais se contente de sourire à Rudy en lui lançant un regard empli de défi. Elle ne lui adresse pas la parole, et s’éloigne rapidement. S’il veut jouer, qu’ils jouent. S’il préfère rentrer, elle s’amusera suffisamment avec ses amis, n’est pas venue ici dans le but de draguer. Un peu plus tard dans la soirée, Adriana rejoint la piste de danse, avec une partie du groupe. Elle se déhanche au rythme de la musique, laisse l’un de ses copains poser ses mains sur sa taille, s’il ne se colle pas contre elle. Aucun des garçons de la bande ne l’intéresse, et elle n’en intéresse aucun. Ce sont des amis, et aucune ambiguïté n’est à déplorer. Alors elle ne se pose aucune question, profite simplement de la danse, jusqu’à ce que son regard croise celui de Rudy. Celui d’Adriana brille d’une lueur amusée, ses yeux noisette défiant le mexicain de venir la rejoindre, alors qu’un sourire charmeur illumine son visage. |
| | | | (#)Lun 25 Avr 2022 - 10:58 | |
| « Je crois que je vais essayer de les garder quand même, ça m’a l’air plutôt collant. » « Quel dommage. »
La soirée continue après ce dialogue qui n’en est pas réellement un. Elle rejoint ses amies et ne s’intéresse plus à lui. De son côté, Rudy reste dans son coin et observe les autres. Il essaie de se remémorer ses propres soirées en les regardant boire, danser et rire. Il se rappelle toutes les fois où il a abusé de l’alcool – et d’autres substances – après avoir dit à sa mère qu’il serait sage, cette fois-ci. Il se souvient des nuits où il a emmené Lena avec lui, où il lui a fait goûter aux plaisirs de la nuit. Il a tellement de souvenirs dans des lieux comme celui-ci qu’il peut se contenter d’être là, de ne rien faire, de simplement les vivre par procuration. Mais il faut dire que c’est long, au bout d’un moment. Alors quand il recroise le regard d’Adriana au bar, il se dit qu’il va réellement tenter, cette fois-ci. Draguer la policière qui l’a arrêté était rigolo, la dernière fois. Réussir à conclure avec elle est un objectif, désormais. La soirée risque d’être bien plus drôle avec cette idée derrière la tête. Il reste au comptoir, attend un moment où elle se détachera de son groupe. Mais ça n’arrive pas. Bien au contraire. Elle va sur la piste de danse, accompagnée de ses copines et d’autres garçons. Dont un en particulier, qui semble ne pas vouloir la lâcher. Les yeux de la brune se plantent dans ceux de Rudy, il y voit là une invitation. Il se décolle du comptoir et s’approche de la piste de danse. « Faut pas qu’tu restes là. » Il se rend pas compte de la portée de ses mots, à ce moment-là. Il ne se rappelle pas avoir prononcé cette exacte même phrase en 2014, quand il essayait de la protéger des hommes qui agressaient son frère. Parce qu’il n’a aucune idée de qui elle est. Parce qu’il est incapable de se rappeler de son visage, de ce jour-là avec certitude. Il sait qu’ils ont tué un homme mais il n’en a jamais reparlé. Il est rentré chez lui, après avoir vu le corps sur le sol, et a fait comme s’il ne s’était jamais rien passé. Cette phrase est prononcée autant à Adriana qu’à l’homme derrière lui. Rudy lui tend sa main pour qu’elle vienne jusqu’à lui, pour qu’elle le laisse, lui, et vienne finir sa soirée avec Rudy. « J’ai pas envie d’danser. Viens avec moi. » Qu’ils aillent chez elle, ailleurs. Peu importe. Ils ont dansé la dernière fois, autant ne pas faire durer le suspens encore plus longtemps. Ou elle vient, ou il part. |
| | | | (#)Dim 1 Mai 2022 - 21:40 | |
| Ce soir, Adriana n’a rien à perdre. Elle a déjà tout perdu depuis longtemps. Mel l’a trahi à Halloween en embrassant quelqu’un d’autre. Puis Max s’est marié avec une autre fille – pas qu’elle aurait voulu l’épouser, mais elle pensait qu’il se passait quelque chose entre eux, au moins. Alors quand elle croise la route de Rudy, c’est elle qui va vers lui. Elle n’hésite pas à faire le premier pas, à lui parler. Puis, plus tard, à plonger son regard dans le sien, comme une invitation à la rejoindre, alors qu’elle se déhanche sur la piste de danse et qu’il l’observe, depuis le bar. Le mexicain n’attend d'ailleurs pas longtemps avant de la rejoindre. « Faut pas qu’tu restes là. » Elle frissonne. Immédiatement. Ces mots la ramènent de suite le 25 septembre 2013, le jour où son frère Eduardo a été agressé sous ses yeux. Elle se souvient de cette soirée comme si c’était hier. Elle n’a rien oublié. Elle se rappelle des trois hommes qui les ont rejoints dans une ruelle. Elle se souvient de chaque détail, de chaque seconde, de chaque mouvement de chacun des agresseurs. Et elle n’oubliera jamais les mots prononcés par celui dont elle n’avait pas pu voir le visage, celui qui l’avait saisi par derrière et l’avait empêché de porter secours à son frère, celui qui l’avait maintenu prisonnière alors qu’Eduardo se faisait poignarder à deux mètres à peine. Elle se souviendra à jamais de la prise qu’il avait utilisée pour la maintenir captive. Elle n’oubliera jamais son odeur. Et ce soir-là, ce fameux agresseur dont elle n’a jamais pu voir le visage a prononcé cette même phrase, les exacts mêmes mots. Elle se retrouve en une fraction de seconde dans cette ruelle en 2013, et la peur la saisit dans un premier temps. Elle recule d’un pas, mais cogne dans son ami et s’effraie davantage. Rudy lui tend la main, et elle l’observe, livide. Elle a peur, comme elle n’avait plus eu peur depuis cette époque. Pendant des mois, elle avait été effrayée par tout, les personnes qu’elles croisaient dans la rue, les bruits qu’elle entendait en rentrant chez elle. Mais elle s’est promis de ne plus laisser la peur la dominer. Elle s’est entraînée, longuement, pour ne plus être tétanisée. Alors même si cette peur est là et la dévore de l’intérieur, elle la met de côté, parce qu’elle doit savoir. « J’ai pas envie d’danser. Viens avec moi. » Elle n’hésite plus, elle sait ce qu’elle doit faire pour en avoir le cœur net. Elle attrape la main du mexicain et se force à sourire. « On va chez moi ? » C’est sans doute facile, trop facile, pour un joueur comme Rudy, et elle espère ne pas le faire fuir en acceptant si facilement. C’est peut-être l’envie de conclure, de passer la nuit avec la brunette, qui fait qu’il accepte de la suivre. « Je suis garée là. » A l’extérieur du bar, elle lui montre sa moto, et lui tend un casque. Elle a peut-être un peu trop bu pour conduire, mais sans doute pas assez pour ce qu’elle s’apprête à faire. Elle grimpe sur sa bécane et attend que Rudy s’installe pour démarrer. Elle sent sa présence derrière elle, et a du mal à respirer. Elle se sent oppressée, elle étouffe, et son cœur bat la chamade alors que ses doutes laissent place à de plus en plus de certitudes : et si Rudy était le troisième agresseur ? En quelques minutes, ils sont à la coloc dans laquelle Adriana a emménagé il y a quelques mois. La brunette appelle son amie, espérant qu’elle ne soit pas là ce soir. « Nico ? Nicoooo ? » Tant mieux, elle ne souhaite pas la mettre à danger, alors qu’elle doit encore vérifier quelque chose : son odeur. Elle se souvient des mots, elle se souvient des gestes, et ça correspond. Elle a pourtant un doute sur la voix, mais c’était il y a neuf ans : à cette époque-là, Rudy était jeune, sa voix a peut-être évolué depuis. Elle a besoin de sentir son parfum pour en être persuadée. Elle a besoin de savoir s’il était là, ce soir-là. Ensuite, elle pourra l’arrêter, et il paiera pour avoir participé au meurtre d’Eduardo. |
| | | | (#)Dim 8 Mai 2022 - 23:15 | |
| « On va chez moi ? » La proposition est inattendue, inespérée. C’est presque trop facile. Rudy plisse les yeux, il essaie de trouver quelque chose de dissimulé dans le regard d’Adriana. Est-ce qu’elle joue avec lui ? Est-ce qu’elle le fait marcher pour se foutre de sa gueule une fois dans la rue, en lui rappelant qu’une policière comme elle ne sortira jamais avec un criminel comme lui ? Les questions se bousculent dans son crâne, il décide de n’en saisir aucune et d’accepter. « J’te suis. » Elle lui prend la main et le guide au travers des personnes qui dansent, qui se défoulent. Rudy n’aura plus à se préoccuper d’eux et de leurs boissons dans quelques minutes seulement ; il sera seul avec Adriana, ce sera une bien meilleure ambiance. Là, il pourra prendre le dessus sur la situation et faire ce qu’il désire réellement. Pas comme dans ce bar. « Je suis garée là. » Elle est venue à moto. Il prend le casque, une légère nostalgie s’emparant de lui. Il aimerait tellement retrouver sa bécane, lui aussi. Avoir une voiture c’est bien pour le petit, certes, mais ça ne le satisfait pas autant qu’une deux roues. Il espère un jour avoir les moyens de combiner les deux véhicules. Du moins jusqu’à ce que Jaime soit assez grand pour se tenir à lui et faire de la route que sur une moto. Qu’on se le dise, quand ce gamin sera grand, il n’entrera plus jamais dans une voiture en étant chez son père. Ce sera la moto ou rien. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige. Ils arrivent au bout de quelques minutes seulement, Rudy retire son casque et suit la policière jusque chez elle. « Nico ? Nicoooo ? » « Tu vérifies que ton mec est bien parti en vacances ? » Il la charrie, se doute qu’elle n’a personne dans sa vie. Il regarde autour de lui, à l’affût du moindre son. Mais non, il n’y a personne. Ils sont bel et bien seuls. « J’suis clairement pas venu pour jouer à la dînette. » Autant le dire directement. Il pose son casque sur le premier meuble venu et s’approche d’elle. Il pose une main sur une de ses hanches, l’autre attrape l’une des siennes pour la rapprocher davantage de lui. « Tu m’fais visiter ? » La chambre, par exemple ? |
| | | | (#)Mer 18 Mai 2022 - 21:31 | |
| Une fois dans l’appartement de la brunette, celle-ci appelle sa colocataire et est soulagée de constater que Nico est absente. Elle ne sait pas encore ce qui peut se passer avec Rudy, mais s’il est celui qu’elle croit, elle ne veut pas risquer de mettre sa colocataire en danger. « Tu vérifies que ton mec est bien parti en vacances ? » Elle laisse échapper un petit rire sans joie qui traduit son malaise. « Ma coloc. Et elle semble de sortie ce soir. » Rudy observe les lieux, et entre rapidement dans le vif du sujet. « J’suis clairement pas venu pour jouer à la dînette. » Ni enfiler des perles, visiblement … Si Ade était dans l’optique de le draguer, de poursuivre le jeu de séduction qui a été initié ce soir, elle sortirait sans doute une blague, ou bien une réponse sensuelle. Mais au lieu de cela, elle se fige quand il se rapproche d’elle et pose une main sur ses hanches. Son cœur a un raté lorsqu’il glisse sa main dans la sienne pour l’attirer plus près de lui. Et si son cœur a oublié de fonctionner correctement, si elle en a oublié de respirer pendant quelques secondes, ce n’est pas parce qu’il est beau comme un Dieu, ni parce qu’elle sent la chaleur qui irradie de son corps : c’est parce que la peur revient petit à petit. Ce sentiment qu’elle avait tâché d’oublier depuis fin 2013, cette crainte intense, s’insinue doucement en elle, et elle n’ose plus bouger. « Tu m’fais visiter ? » Elle déglutit difficilement et se contente de hocher la tête. Sa gorge est trop serrée pour qu’elle puisse parler. Pourtant, elle va devoir faire mieux que ça. Elle tourne le dos à Rudy, se défaisant de sa main sur sa hanche, et ferme les yeux un instant pour se calmer. Elle a vaincu cette peur il y a des années, elle peut s’en sortir. Elle doit s’en sortir. Elle n’est plus la même, n’est plus une adolescente terrifiée. Elle est une excellente combattante, douée dans de nombreux arts martiaux, et une flic remarquable. Elle sait se défendre, elle sait quoi faire. Alors, après quelques secondes sans doute bien trop longues, elle se tourne à nouveau vers Rudy en souriant. « La pièce à vivre. » Elle balaie l’espace ouvert de la main, salon, cuisine et salle-à-manger. « Et mon espace à moi est par là. » Autrement dit sa chambre, alors qu’elle pointe le couloir du doigt, avançant tout en ayant toujours sa main dans celle de Rudy. Son portable sonne dans sa poche, mais elle n’y prête pas réellement attention. « Excuse-moi ! » Elle prend le téléphone en main juste pour en couper la sonnerie, raccrochant au nez de Melchior, son meilleur ami. Elle pose finalement le portable sur un meuble dans le couloir et continue d’avancer, faisant entrer Rudy dans sa chambre. Elle lui lâche la main dès qu’ils sont à l’intérieur de la pièce, fouille dans son tiroir pour en trouver une petite culotte qu’elle suspend à la poignée extérieure en haussant les épaules, un petit sourire gêné sur les lèvres. « Un code … assez explicite avec ma coloc. » Elle s’humidifie les lèvres en s’approchant doucement de Rudy, non pour le séduire, mais car elle a la bouche très sèche. Elle anticipe les prochaines minutes, voire les prochaines heures. Elle devrait pourtant se détendre. Ce n’est pas lui, c’est impossible. Le hasard serait trop beau. Elle devrait pouvoir profiter de quelques heures de plaisir avec cet homme incroyablement beau et sexy, qui s’intéresse étonnement à elle. Pourtant, les coïncidences sont trop importantes. Alors elle continue de se rapprocher, gomme les derniers centimètres qui les séparaient et pose ses lèvres sur les siennes. Rapidement, elle laisse sa bouche parcourir l’arrête de sa mâchoire, vient mordiller le lobe de son oreille et déposer des baisers dans le cou de Rudy. Elle se recule en essayant de ne rien montrer de la panique qui la gagne, mais elle est blanche comme un linge. C’est impossible, et pourtant, c’est lui. Elle reconnaît son odeur. Elle a reconnu ses mots, a reconnu ses gestes lorsqu’ils se sont vus la première fois en soirée. Il n’y a plus de doute : c’est lui qui la maintenait pour l’empêcher de sauver son frère, alors que des copains du mexicain le tuaient. C’est bien lui le complice des meurtriers d’Eduardo. |
| | | | | | | | Aucun jeu ne peut se jouer sans règles (Rudy) |
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