WHEN YOU LOSE YOUR FEET, FALL DOWN TO YOUR KNEES AND YOUR HEART'S ABOUT TO BREAK I WILL BE YOUR SAVING GRACE. WHEN YOUR EYES CAN'T SEE, TAKE MY EYES FROM ME WHEN YOU'RE LOST AND LOSING FAITH I WILL BE YOUR SAVING GRACE
« Je t’ai dis que j’accepterai de le voir s’il le demande. Je vais pas fuir. Mais s’il n’est pas question de lui rendre la vie meilleure alors c’est quoi dont il est question ? » J’hausse les épaules n’ayant pas franchement de réelles réponses à lui apporter. « J’en sais rien. Déjà commencer par lui montrer qu’on est présent pour lui et qu’il peut compter sur nous. » Ou du moins il peut compter sur moi en tout cas et je compte bien lui prouver de toutes les façons possibles et imaginables. « Je t’ai dis que je voulais tout savoir de lui, que je voulais le voir aussi mais la seule chose certaine aujourd’hui c’est qu’il ne veut pas me voir, qu’il ne t’a visiblement pas du tout parler de moi et si c’est mieux ça que pleins d’autres choses, il n’est pas prêt à me voir alors à quoi ça sert que je pense à ça ? » Finalement c’est loin d’être une certitude puisque Nathan n’a jamais clairement dit qu’il refusait de voir Alex. Mais j’ai l’impression qu’elle s’est mise ça en tête et quelque chose me dit que je ne pourrais rien faire pour lui enlever cette idée dont elle s’est persuadée toute seule. « Parce que tôt ou tard il va finir par vouloir te rencontrer, Alex, ça me semble évident. Tu es la seule qui peut potentiellement avoir des réponses aux questions qu’il se pose depuis dix ans. » Ça peut très bien être demain, dans deux ans voire même dans une dizaine d’années et dans tous les cas, Alex devra se préparer mentalement à cette confrontation qui sera sans aucune doute compliquée pour elle. Alors autant qu’elle commence à y penser le plus tôt possible, non ? Je sais que ce que je lui dis ne va pas lui plaire mais il va bien falloir que quelqu’un lui ouvre les yeux, elle a beau me dire qu’elle ne se défilera pas mais je suis persuadé que l’idée de rencontrer Nathan est tellement angoissante pour elle qu’elle en serait capable. Ce qui serait clairement destructeur pour lui. Elle refuse catégoriquement quand je lui dis qu’elle doit réfléchir à ce qu’elle devra lui dire mais par contre s’il y a une chose qu’elle aime et qu’elle ne risque pas de stopper si je ne lui en touche pas un mot c’est me poser la même question alors que je lui ai dit à de nombreuses reprises ne pas vouloir m’imaginer une deuxième rencontre avec Nathan sans avoir la certitude qu’elle pourra avoir lieu. Ça me ferait beaucoup trop mal sauf que ça, Alex ne l’entend absolument pas et si j’en crois sa réaction le fait que je ne réponde pas à cette interrogation qu’elle m’a posé un bien trop grand nombre de fois ne lui plaît pas du tout. Elle aurait certainement voulu que je cède mais sur ce point-là je suis ferme : je sais que si je n’ai plus la chance de le revoir alors que je me suis imaginé tout un tas d’activités à faire avec lui, le choc sera brutal et je sais que je pourrais avoir du mal à me relever. « Je voulais essayer de t’aider et voir si je pouvais faire quelque chose pour vous, je sais que tu veux le revoir et que c’est dur pour toi, je pensais naïvement que je pouvais avec Rebecca essayer de rendre les choses un peu moins difficile pour toi et Nathan et peut être organiser une rencontre dans un lieu un peu moins triste que l’hôpital. Mais j’ai compris j’arrête de t’en parler. » Sa réponse me fait soupirer et lever les yeux au ciel, j’ai simplement l’impression qu’elle me traite comme son enfant pour qui il faut mâcher le travail et ça ne me plat pas du tout. Je sais pourtant que ça ne part pas d’une mauvaise intention mais je déteste qu’on veuille faire les choses pour moi sans m’en parler ; comme ce qu’elle voulait faire, apparemment. Je la laisse vaquer à ses occupations sans lui répondre, de toute façon je n’ai absolument plus rien à lui dire. Je vapote tout en répondant à quelques messages et je profite ensuite de Nala qui vient s’installer sur mes cuisses. Je la caresse et c’est en souriant doucement que je la regarde ronronner. « Tu dis qu’il faut que je lui montre qu’il est important pour moi ? Tu penses que je dois lui demander à le rencontrer ou au moins lui dire que j’en ai envie ? » Je relève le regard vers elle, toujours ma vapoteuse d’une main et l’autre qui caresse Nala sans m’arrêter. « Bien sûr que oui. » Et ça me paraît même évident. « Si tu continues à rester passive comme ça il va finir par croire que tu t’en fiches complètement de lui. Moi je te connais alors je sais que ce n’est pas vrai, mais lui il ne peut pas le savoir. Tu as la possibilité de demander une rencontre avec lui et donc de faire un pas vers lui mais tu ne le fais pas, c’est à toi de faire le premier pas, pas à lui. » Qu’il refuse dans un premier temps ou qu’il accepte, au moins ainsi, elle lui montre qu’il compte et qu’elle aimerait faire sa connaissance et ce n’est pas en restant passive comme elle le fait qu’elle lui montrera sa bonne volonté, c’est certain. « Je sais pas ce que je dois faire avec lui. Et je ne sais pas comment je dois me comporter avec toi. Je voulais juste m’assurer que tu allais bien et te montrer que tu pouvais me parler. » Pourtant ce n’est pas faute de lui avoir dit que j’allais bien, elle me l’a demandé deux fois et elle a eu la même réponse les deux fois. Mais c’est Alex, toujours trop toujours dans l’excès et jamais dans la demi-mesure. « Je suis désolée je voulais pas t'énerver. Je suis contente que tu ais pu le voir, vraiment, je sais que c'était important pour toi et merci de m'avoir parlé de lui. » J’accepte ses excuses mais je n’en reste pas pour le moins légèrement agacé, si la conversation avait plutôt bien commencé on ne peut pas dire qu’elle se soit terminée sur de bonnes notes. « Tu as préparé quelques choses pour ce soir ? Si tu veux on peut cuisiner ensemble pour une fois ? » Je tire une dernière fois sur ma cigarette électronique et Nala semble si bien installée sur mes cuisses que je n’ai pas envie de bouger, mais pourtant le devoir derrière les fourneaux m’appelle. « Si tu veux, oui. Mais je ne sais pas ce qu’on a dans les placards, allons voir. » Je finis tout de même par bouger, Nala ne semble pas bien d’accord avec ce changement. J’invite les filles à rentrer avec nous et c’est donc tous les deux que nous partons en cuisine pour trouver de quoi manger ce soir.