Tu prends goûts aux soirées de l’association de Amaya. Des gens que tu vois qui ont le même lifestyle que toi. Enfin, pas tout à fait car tu te trouves toujours bien différent de tout le monde mais ça c’est parce que tu es naturellement aigrie. La compagnie des autres n’est pas forcément ce que tu recherches aux premiers abords. Tu n’as pas l’habitude d’être accepté pour qui tu es véritablement. Il n’y a qu’un petit groupe de personne dans ta vie avec qui tu es véritablement toi même et tout ça c’est plutôt récent. Depuis que tu es moins réticent à avouer que tu es en couple avec un homme. Depuis que tu acceptes que tu as le droit d’aimer Levi autant que tu l’aimes. Faut dire qu’il est impossible de nier combien il rend ta vie plus belle. Il suffit de voir tous les sourires sur ton visage quand il s’agit de lui d’une façon ou d’une autre. Une simple notification de sa part peu changer toute la donne sur ton humeur. Levi t’aide à t’éclore petit à petit et contre toutes attentes (les tiennes) tu aimes la personne que tu deviens. Tu aimes te découvrir tel que tu es toi réellement.

Il n’empêche que tu aimes aussi avoir ton petit jardin secret. Comme une habitude que tu as depuis toujours. Ce jardin secret là à présent c’est ce groupe de l’association LGBT avec qui tu passes certains moments depuis quelques mois. Ce soir c’est dans ce bar où tu viens de mettre les pieds que la soirée se passe. Tu pensais pas être en avance mais apparemment tu es le premier du groupe à être arrivé car tu ne vois personne que tu reconnais. Tu vas au bar pour patienter. Tu commandes une bière, tu commences soft. Sauf que l’heure tourne et il n’y a toujours personne alors que le rendez vous était bien plus tôt… Tu sors ton téléphone pour vérifier l’évènement sur la page de l’assoc et la date est celle du lendemain. Tu soupires assez fortement parce que le plan n’était pas de boire seul ce soir. Le barman t’observe en même temps qu’il te donne ta bière et que tu paies. « Mauvaise nouvelle ? » Tes yeux qui remontent aux siens. « Hmmmm. La soirée ne va pas être celle que je pensais. » Pourquoi tu parles de manière mystérieuse comme ça Asher ? Sauf que tu ne trouves pas que ce soit le cas. Le gars peut s’estimer heureux que tu aies répondu quelque chose plutôt. Tu n’es pas de ceux qui racontent leur vies.



@Jake Vaughan

Jake est un homme routinier. Il aime avoir ses habitudes et s’y tenir. C’est pour ça qu’il a travaillé dans le même hôpital durant toute sa carrière, également pour cette raison qu’il vit dans le même appartement depuis des années et des années. Travaillait, vivait. Il doit mettre tout ça au passé, désormais, même si ça lui fait bizarre. Il a quitté son lieu de travail et son domicile au début du mois pour commencer une toute nouvelle vie – à seulement quelques kilomètres, il ne faut pas abuser. Il a raccroché sa blouse pour devenir infirmier à domicile, un métier qui a son lot de difficultés mais qui lui épargne les tristesses des urgences. Et il a acheté son propre appartement grâce à l’argent gagné en début d’année, grâce à ce ticket de loto pensé perdu et finalement revenu gagnant. Il s’est passé beaucoup de choses et, en même temps, pas tellement. Il n’a toujours rien compris de ce qu’il s’est passé avec Marcus, en décembre. Il n’est plus capable de dire s’il y a quelque chose entre eux ou s’il s’est fait des films durant plus d’un an. A ce stade, il ignore quelle réponse le satisferait le plus. Qu’il y ait quelque chose est une chose, que ça se fasse semble effectivement en être une autre. Qu’on lui donne un oscar si jamais il n’a fait qu’interpréter parce que, vraiment, il se voyait vivre une histoire avec cet homme. Peut-être faut-il encore s’armer de patience, qui sait. Il est incapable de se positionner et quand il y pense, ça l’agace plus qu’autre chose. S’il avait été capable de lui dire son ressenti il y a des mois, il l’aurait fait. Maintenant il se sent bloqué : plus le temps passe, moins il ose. Et moins il ose, plus il est paumé. Entre ça, son travail et son nouveau logement, ça lui donne tout un tas de raisons pour sortir. Célébrer, oublier. Il ne sait pas tellement ce qu’il est venu faire ici. C’est un bar qu’il fréquente assez régulièrement, il a même fait quelques rencontres agréables dans le coin. Il arrive et se rapproche du bar, là où il n’y a plus énormément de places. Il voit un homme qui lui paraît pas mal plus jeune, pas adolescent pour autant. La trentaine, au minimum. « Bonsoir. Je peux ? » Il demande en montrant le tabouret à côté de lui, disponible. Et il n'attend pas vraiment une réponse avant de s’asseoir puisque cette question est plus par politesse qu’autre chose. Si jamais il attendait quelqu’un, il le lui dira et Jake ira ailleurs. En attendant il peut, oui, parce que ce siège n’appartient pas à l’homme qui était assis à côté. Un des défauts de Jake – ou une qualité selon l’audience – c’est qu’il n’est pas capable d’être en public sans se mettre à parler avec les autres. Là, c’est l’homme à ses côtés qui va forcément devenir sa cible. « Vous êtes un habitué du lieu ? » Il demande, en se rendant bien vite compte que sa phrase sonne comme une introduction de drague douteuse. « Je ne vais pas dire que je ne vous ai jamais vu ici, je n’ai jamais vu la plupart des personnes autour. » Lui non plus n’est pas un habitué, donc. Il ne sait pas s’il s’embourbe ou s’il le fait juste chier, du coup. « Je m’appelle Jake. » Se présenter, c’est toujours la meilleure manière pour rattraper ses bourdes. Il fait un signe au barman. « Je vais vous prendre un verre de vin, s’il vous plaît. » Ca ira mieux quand il aura sa commande entre les mains.

@Asher Buckley

« Bonsoir. Je peux ? » T’es sorti de tes pensées et de ton observation de téléphone par une voix à côté. Tu le regardes et il a de la chance parce que tu n’attends personne et tu es au bar, autrement dit, y’a aucune raison qu’il pense que ce siège soit pris s’il est libre. Il s’y installe sans même que tu aies donné une réponse et bizarrement c’est ce qui te donne un début d’intérêt éventuel sur ce type. Il demande pour faire le poli mais au final il en a rien à foutre et il fait ce qu’il veut. Bien ton genre ça. Tu reportes ton attention sur ton téléphone quelques secondes supplémentaires avant de le verrouiller. « Vous êtes un habitué du lieu ? » Il commence la conversation et il a de la chance ce type là qu’il t’ait fait une très rapide très bonne première impression. Oui il t’en faut peu. Juste quelqu’un qui se comporte comme toi au fond. C’est agréable. « Je ne vais pas dire que je ne vous ai jamais vu ici, je n’ai jamais vu la plupart des personnes autour. » Tu sais pas où il veut en venir avec cette phrase. Il parle beaucoup. C’est ce que tu es en train de réaliser. « Je m’appelle Jake. » Il donne beaucoup d’information aussi. « Je vais vous prendre un verre de vin, s’il vous plaît. » Tu le regardes à moitié impressionné et confus en même temps. Tu te souviens des temps où tu faisais en sorte qu’on t’offre des verres parce que t’es un alcoolique et tu n’avais pas beaucoup d’argent. Tu te retiens de jouer sur cette pente ci là parce que tu n’as pas envie qu’il pense que tu le dragues nope. Vous êtes dans un bar LGBT ça change bien des choses.

« Asher et c’est la première fois que je mets les pieds ici. » Pourquoi ton ton sonne un peu sur la défensive Asher ? Tu peux te relaxer, tu connais personne et il ne devrait pas y avoir d’homophobes dans le coin. Tu es en sécurité. Mais tu n’as toujours pas l’habitude de te retrouver dans cette configuration ci. « Je devais retrouver un groupe de potes mais en fait c’est demain donc… Je vais boire pour oublier. » Tu ponctues ta phrase en allant boire deux grosses gorgées de ta bière. Quel drama queen Asher. Tu regardes le barman qui est en train de servir le verre de vin. « Je vais prendre la même chose. » Parce que why not. Tu viens à peine d’entamer ta bière mais voilà déjà que tu veux un deuxième verre devant toi juste pour te rassurer. T’as vraiment un problème mon gars. Fuck off. « Tu viens souvent boire seul dans des bars gay? » Tu demandes de manière plutôt osé. Ca te laisse pas indifférent de dire ces mots là à voix haute. Ca fait du bien même. Tu les as dit, sûrement pour la première fois de ta vie, et tu ne vas pas en mourir. Je suis fier de toi Asher.

@Jake Vaughan

« Asher et c’est la première fois que je mets les pieds ici. » Sa réponse est sèche, directe. Jake regarde l’homme à côté de lui sans savoir s’il est supposé insister pour faire la discussion ou si ses premiers mots ont suffi à le mettre mal à l’aise. L’infirmier sait très bien que tous les hommes n’acceptent pas aussi bien leur orientation que lui. Il a quitté son ancien petit ami car celui-ci avait mis beaucoup trop de temps à sortir du placard alors, oui, il est bien conscient qu’ils n’ont pas tous envie d’aller le crier sur tous les toits. Mais lorsqu’on se rend dans un lieu comme celui-ci, c’est qu’un pas en avant a déjà été fait. « Je devais retrouver un groupe de potes mais en fait c’est demain donc… Je vais boire pour oublier. » Et sur ces mots, l’homme boit deux gorgées de sa bière. Ça fait rire Jake. Il se dit que ce type doit aimer les extrêmes, les abus. Il le fait volontiers, là, devant un homme qu’il ne connaît pas. « Ça arrive de se tromper. » Il a de la chance sur un point, dans cette histoire. Il aurait pu y aller le lendemain plutôt que la veille. Là, au moins, il sait qu’il pourra retrouver ses amis demain et qu’il n’a finalement rien loupé. Jake commande à son tour un verre de vin, une commande qui semble intéresser le blond assis à sa gauche. « Je vais prendre la même chose. » Il arque un sourcil, Jake, en louchant presque sur la bière qu’Asher a en face de lui. Une bière, un verre de vin. Qu’un troisième homme ne vienne pas se joindre à la discussion, le blond risquerait de finir avec un cocktail coloré en guise de rince bouche entre ses deux premiers verres. « Tu viens souvent boire seul dans des bars gays ? » La question est directe, presque autant que la première phrase prononcée un peu plus tôt. Ça remet en question les doutes concernant l’orientation du type et le fait qu’il soit à l’aise ou non. Plutôt que de sauter sur des conclusions, Jake préfère arrêter de réfléchir et seulement répondre. « Parfois. » Il remercie le barman d’un mouvement de la tête et attire son verre jusqu’à lui. « J’aime bien me retrouver dans des endroits comme celui-ci et me laisser porter. On peut faire de belles rencontres. » Sans que ce soit accès sur quelque chose de sexuel. Les histoires d’une nuit ont pu intéresser Jake à une époque, ce n’est plus tellement le cas aujourd’hui. Il aime voir les gens danser, s’amuser, se retrouver. Et s’il peut discuter avec une ou deux personnes durant la soirée, il prend. C’est ainsi qu’il a rencontré bon nombre de ses amis. Et même s’il commence à être ‘trop âgé’ pour sortir selon certains, il n’a vraiment pas l’intention d’arrêter. « Je sais que l’homme de ma vie ne va pas franchir cette porte d’une seconde à l’autre, alors… Je me contente de parler aux uns et aux autres. Parfois on m’envoie bouler, d’autres fois on me répond. Que ce soit un bar gay ou non, ça ne change rien. » Les hétéros intéressent autant Jake que les homosexuels, quand il s’agit d’amitié. Peut-être même un peu plus – au moins, avec eux, il est sûr qu’il n’y aura jamais d’ambiguïté. Sauf avec Dinis, mais ça c’est parce qu’il adore le faire chier. « Tu as quelqu’un ? » Un homme, une femme ? Autant demander, ça n’engage à rien.

@Asher Buckley

« Ça arrive de se tromper. » Oh boy. Est-ce que tu serais en présence d’un gars qui sort plein de phrases toutes faites pour mieux faire passer les pilules que tu as du mal à avaler. Ça s’appelle relativiser Asher, tu devrais le faire plus souvent au lieu d’essayer de te tuer à coup de verres supplémentaires et autres conneries comme boire en conduisant. T’as un death wish certain et ce qui est ‘drôle’ c’est que tu es le seul de ta fratrie à être encore en vie malgré tout. Comme quoi y’a forcément un truc bien que tu dois faire au milieu de toute tes mascarades. Tu l’as même fait sourire le gars à côté de toi. Comment il s’appelle déjà? Jake.

« Parfois. » Qu’il te répond alors que tu observes le barman en train de te servir ton propre verre de vin. « J’aime bien me retrouver dans des endroits comme celui-ci et me laisser porter. On peut faire de belles rencontres. » Tu sors ta carte bleu pour payer ton verre qui est à présent servi sous ton nez. « Je sais que l’homme de ma vie ne va pas franchir cette porte d’une seconde à l’autre, alors… Je me contente de parler aux uns et aux autres. Parfois on m’envoie bouler, d’autres fois on me répond. Que ce soit un bar gay ou non, ça ne change rien. » Hmmm. Il t’énerve ce gars à parler comme un grand sage. Qu’est ce que t’en sais de comment ça parle les sages Asher ? Il t’énerve parce qu’il a l’air d’être au clair dans sa tête et en paix avec lui même surtout. Tu l’envies de pouvoir être si à l’aise. Ca t’énerve d’être d’accord avec lui aussi. Ca ne change rien que ce soit un bar gay ou non. Y’a quand même une petite voix qui te dit au fond de toi que si ça change. Ca te donne l’impression d’être plus fort de ton côté d’oser. C’est ça qui est triste, ça ne devrait pas autant peser sur tes épaules. En même temps tu te sens en sécurité ici car tu peux être totalement toi même.

« Tu as quelqu’un ? » Il serait vraiment temps que tu rajoutes une bague à ton doigt Asher car tu es fiancé. Est-ce que ça ne serait pas un signe que vous avez bien fait de reculer l’évènement si ni toi ni Levi ne prenez le temps pour aller ajouter ce bijou symbolique à vos annulaires. « J’ai quelqu’un ouais. Si tu voulais tenter un truc… Nope. » Tu dis alors que tu reposes ton verre après en avoir bu une gorgée de plus. « T’es professeur de Yoga ou quelque chose comme ça ? » Tu demandes. « Prof de philo ? » Tu continues avec tes hypothèses. T’es bête Asher. Quoi? Non rien. Juste drôle de voir que tu n’imagines pas que quelqu’un puisse être naturellement posé et apaisé dans sa tête sauf s’il est maitre yogi ou philosophe. Il est peut être juste high.

L’homme à côté de lui n’est pas réellement bavard. Contrairement à Jake qui, bien que les gens en aient marre depuis cinquante ans, ne s’arrête jamais de parler. Si on pouvait créer de l’énergie à partir de paroles, Jake serait utilisé dans un laboratoire depuis de nombreuses années. Il serait un moulin à paroles, au sens propre du terme. C’est ainsi qu’il explique à Asher qu’il a l’habitude de venir ici, ou ailleurs. Que l’endroit ne change rien à ses habitudes, qu’il se met dans un coin et attend de faire des rencontres. Parfois il rentre chez lui sans avoir adressé la parole à personne, d’autres fois il apprend de nouveaux noms qui resteront à jamais gravés dans sa mémoire. C’est fou comme une soirée peut bousculer d’un extrême à un autre en une dizaine de secondes seulement. Un verre de trop, une parole balancée au hasard, un regard charmeur ; il y a plusieurs recettes au bonheur – ou au malheur – il suffit de savoir doser. C’est comme pour tout, à vrai dire. Et après avoir dévoilé ce qu’il fait normalement, Jake cherche à en savoir un peu plus sur l’homme assis à côté de lui. Il commence par la question qui se pose presque obligatoirement lorsqu’on rencontre une personne dans un lieu comme celui-ci : est-ce qu’il a quelqu’un ? « J’ai quelqu’un ouais. Si tu voulais tenter un truc… Nope. » Il lui dit ça d’une manière où Jake lui-même se demande s’il voulait tenter un truc. Une gorgée de son verre lui suffit à lui rappeler que non, il n’en avait pas l’intention. « T’es professeur de Yoga ou quelque chose comme ça ? Prof de philo ? » Il hausse un sourcil en regardant le blond. « Ce sont des questions très spécifiques. » Il faut bien l’avouer. « Ni l’un, ni l’autre. Je suis infirmier. Pourquoi ? » Peut-être qu’il dégage quelque chose qui pourrait inspirer ces métiers-là. « Je suis aussi souple qu’une vache. » Il n’a jamais été très sportif et même s’il s’étire avant d’aller se coucher, ça ne l’aide pas à avoir une forme physique parfaite. Il aurait dû commencer le sport bien plus tôt. Maintenant qu’il a cinquante ans, il n’en a plus vraiment l’envie. « Et toi, qu’est-ce que tu fais ? » Autant lui retourner la question puisqu’il a commencé. « Et non, je ne voulais rien tenter. » Même si le sujet a été balancé et ignoré, Jake préfère le préciser maintenant. « J’ai presque quelqu’un. » C’est tellement faux. Il n’a personne, en réalité. Marcus n’est pas son petit ami et ne le sera probablement jamais – ou alors dans encore un long moment. Mais autant faire croire que c’est le cas, quelques secondes, et se plonger lui-même dans les fantasmes de l’amour. S’il avait un homme, il ressemblait en tous points à Marcus. Autant imaginer que ce soit lui pour le reste de la soirée.

Tu le rends confus le gars avec tes questions Asher. Good. T’es vraiment qu’un petit con qui aime provoquer au fond. T’as bien trop de colère dans ton corps pour ton bien. Faudrait aller faire un peu de sport et évacuer tout ça au lieu de faire entrer encore du mal en toi avec tout cet alcool.   « Ce sont des questions très spécifiques. » Ok. Sa réponse te fait sourire, même rire. Et tu ne t’attendais pas à ça. On va mettre ça sur le compte de l’alcool qui entre dans ton système ouais. Tu veux pas croire que ce type ait réellement de l’humour au fond. Pourquoi t’es si négatif Asher ? Je suis en train de rire à sa blague je suis pas négatif. Right.  « Ni l’un, ni l’autre. Je suis infirmier. Pourquoi ? » Infirmier. Pourquoi y’a ton esprit qui vagabonde sur certaines vidéos porno que tu as pu voir au détour de ta jeune vie. Il te demande pourquoi et tu hausses juste une épaule pour toutes réponse car t’as pas envie de dire pourquoi. « Je suis aussi souple qu’une vache. » Un nouveau sourire s’étire sur tes lèvres. C’est très spécifique. Et toi t’es très silencieux alors que tu aurais pu la sortir à voix haute celle là pour qu’il voit que t’es pas si méchant au fond. Je suis en train de sourire je suis pas méchant. Right.

« Et toi, qu’est-ce que tu fais ? » Bonne question ça Asher.  « Et non, je ne voulais rien tenter. » Et bonne réponse de sa part, même si tu ne le crois pas. Au fond tu aurais bien voulu qu’il veuille tenter quelque chose. « J’ai presque quelqu’un. » Et ça, ça tique ta curiosité. Tu tournes la tête vers lui. « J’ai presque un travail. » Que tu dis pour rebondir avec sa même réponse. C’est beaucoup trop vrai, tu fais pas ça pour jouer au petit con non pas du tout. Ca te plaît juste que ça puisse être le cas en plus ouais. « Comment tu peux avoir presque quelqu’un ? » Que tu demandes avec tout les mots qu’il faut pour qu’il le comprenne. Je suis fier de toi Asher quand tu es clair dans tes demandes. Mais ouais il t’intrigue le gars là et s’il peut te raconter une histoire divertissante au passage, tu prends. Tu te rends compte que c’est sa vie Asher et pas juste une histoire ? Pareil. Hmmm ok.

Il pose des questions mais ne répond pas à celles des autres. C’est étrange comportement mais ça n’est pas suffisant pour agacer Jake. Il lui en faut beaucoup, beaucoup, beaucoup plus. Il est très certainement l’homme le plus patient de Brisbane quand il s’agit d’interactions sociales. D’autant plus lorsqu’il s’agit d’un parfait inconnu qu’il ne reverra probablement jamais. Il le met dans le même panier que tous les autres, pourtant : il l’apprécie déjà. Parce que Jake ne sait pas faire autrement, il préfère voir le bon dans tous le monde et qu’on lui prouve le contraire plutôt qu’être méfiant à tort. « J’ai presque un travail. » Il répond sur le même ton que lui. « Comment tu peux avoir presque quelqu’un ? » Qu’il soit infirmier ne l’a pas plus interloqué que ça mais cette phrase, sortie on ne sait pas trop pourquoi, a été suffisante pour l’intéresser. Jake le regarde un instant, il cherche ses mots, il cherche comment expliquer sa relation étrange avec Marcus. « Il y a un homme qui m’intéresse. » Depuis trop longtemps pour le dire à haute voix, ça devient ridicule. « Il n’y a jamais rien eu entre lui et moi. » Non, il lui a foutu un vent de l’espace au marché de Noël et Jake n’a plus jamais rien tenté depuis. « Et pourtant… Je suis attaché à lui. Un peu trop pour imaginer m’engager ailleurs. » Il aurait l’impression de le tromper alors qu’ils ne sont rien l’un pour l’autre, concrètement. C’est stupide. « Je me dis qu’il finira par se rendre compte qu’il y a quelque chose entre nous. Ou alors je me fais des films depuis des mois et des mois, mais je préfère vivre encore dans le déni s’il s’agit de ça. » A son âge, il ne devrait pas s’arrêter sur quelqu’un qui n’arrive pas à le remarquer. Il a assez donné dans ce domaine avec son ex petit ami. « Et comment tu peux avoir presque un travail ? Qu’est-ce que tu fais ? » Jake a répondu à sa question, il espère qu’Asher en fera de même. Il se demande ce que va donner cette discussion s’ils doivent à chaque fois se renvoyer l’ascenseur comme ça. « On a presque une discussion. » Il fallait la faire, celle-là. Pour le bien de l’humanité.

« Il y a un homme qui m’intéresse. » Jusque là c’est logique. Ca aurait été surprenant qu’il soit presque avec quelqu’un qui l’intéresse pas. « Il n’y a jamais rien eu entre lui et moi. » D’un coup il te perd totalement. Comment il peut être presque avec quelqu’un avec qui y’a jamais rien eu ? C’est tout dans son imagination ? « Et pourtant… Je suis attaché à lui. Un peu trop pour imaginer m’engager ailleurs. » Ok tu comprends à peu près pour le coup. Tu bois une gorgée de ton verre en l’écoutant toujours. « Je me dis qu’il finira par se rendre compte qu’il y a quelque chose entre nous. Ou alors je me fais des films depuis des mois et des mois, mais je préfère vivre encore dans le déni s’il s’agit de ça. » Etrange. « Et comment tu peux avoir presque un travail ? Qu’est-ce que tu fais ? » Et il enchaine avec bien trop de question à ton propos. « On a presque une discussion. » Et il te fait rire avec cet ajout là. C’est rare de te voir te marrer avec un étranger Asher.

« Je suis dans un groupe de musique, je gagne aucun argent avec. » Tu te marres en disant ça à voix haute car vraiment tu vois que y’a une évolution dans le bon sens avec le groupe mais l’argent ne suit pas du tout. Tu ris totalement jaune car t’es encore si loin du niveau de ton ancien groupe mais ça vous avait pris dix ans pour. Tu n’entres que dans ta deuxième année avec le nouveau. « On est aussi impatient l’un que l’autre hein. » Que tu dis en comparant vos deux situations qui bizarrement se rejoignent. « Pourquoi tu lui dis pas directement qu’il t’intéresse au lieu d’attendre ? » Tu trouves ça très stupide ouais. « Tu préfères rêver que de savoir ? » T’as plein de question dis donc. « C’est quoi qui bloc ? » Encore une eh ben, ça fait beaucoup. Le gars il a l’air bien hors du placard donc tu peux pas comprendre pourquoi il se lance pas simplement. Peut être c’est l’autre qui ne l’est pas…

Les discussions entre inconnus dans un bar ne sont pas qu’une légende. Ça existe, et Asher et Jake le prouvent parfaitement. Ça commence par demander si le siège est vide, ça lance quelques banalités et, finalement, au bout d’un laps de temps pour ou moins long, on finit par se livrer entièrement. C’est Jake qui se lance le premier en avouant avoir presque quelqu’un : le blond lui demande des détails parce qu’il ne semble pas comprendre comment c’est possible. Alors il lui explique très légèrement la situation. Il ne lui dit pas que ça fait plus d’un an qu’ils se tournent autour sans jamais conclure, qu’ils ne se disent pas les choses mais se contentent de les ressentir. Et si c’était réellement que du côté de Jake ? S’il n’y avait rien de celui de Marcus ? Il ne peut pas le croire. Asher ne commente rien là-dessus, il écoute juste en buvant son verre. Il n’a pas l’air de trop aimer parler, celui-là. Il le doit pourtant puisque Jake retourne la question à son nouveau camarade : comment peut-il avoir presque un travail ? « Je suis dans un groupe de musique, je gagne aucun argent avec. » Oh, c’est intéressant ça. « Tu joues d’un instrument ? Tu chantes ? » Il est vraiment curieux, Jake. « On est aussi impatient l’un que l’autre, hein. » Ils ont l’air de l’être, oui. Les mois et les années passent, est-ce réellement de l’impatience à ce stade ? « Pourquoi tu lui dis pas directement qu’il t’intéresse au lieu d’attendre ? Tu préfères rêver que de savoir ? C’est quoi qui bloc ? » Il boit une nouvelle gorgée de son verre, comme pour se donner du courage. « C’est lui. Je crois qu’il a peur de s’engager dans quelque chose. Dès que j’ai l’impression que l’on fait un pas en avant, il en fait deux en arrière. Lui dire ce que je ressens est la meilleure manière de le faire fuir. » Il hausse ses épaules, ne sait pas tellement ce qu’il est supposé faire face à ça. « Je m’étais promis de ne retenter ma chance qu’avec une personne qui ne craint pas d’être avec moi. Son problème à lui ce n’est pas son homosexualité car il est parfaitement assumé, non. Ce sont juste ses sentiments. Et je ne sais pas si ça s’arrangera un jour. » Alors que faut-il faire ? Continuer d’y croire ou totalement abandonner ?  

« Tu joues d’un instrument ? Tu chantes ? » « Je chante. Je joue un peu. » Pas beaucoup. Juste quand y’a des sessions acoustics et tu sais jouer les titres nécessaires, pas plus. C’est Johnny le pro de la musique de votre duo. Toi t’es le pro des mots sur ses mélodies. Une parfaite complémentarité. Tu préfères parler de la presque relation de ce type à tes côtés. C’est quoi son prénom déjà ? Tu te souviens plus. « C’est lui. Je crois qu’il a peur de s’engager dans quelque chose. Dès que j’ai l’impression que l’on fait un pas en avant, il en fait deux en arrière. Lui dire ce que je ressens est la meilleure manière de le faire fuir. » Il a l’air de bien avoir besoin de parler ton voisin. « Je m’étais promis de ne retenter ma chance qu’avec une personne qui ne craint pas d’être avec moi. Son problème à lui ce n’est pas son homosexualité car il est parfaitement assumé, non. Ce sont juste ses sentiments. Et je ne sais pas si ça s’arrangera un jour. » Ah ça tu veux bien comprendre que parfois y’a encore plus qui pose problème. L’humanité est une espèce bien complexe et chaque individus sont uniques. « Bon courage. » C’est la phrase la plus cliché qu’il soit mais c’est la seule chose que tu sais répondre. C’est compliqué son histoire et ça te mange le cerveau rien que de l’entendre. Loin de toi l’envie de cogiter à ce sujet. Tu as assez de ton côté pour te bourrer la tête de pensées.

« Du coup tu viens dans des bars pour trouver un nouveau coup de foudre ou quoi ? » Tu lances ça au pif mais ouais à ton avis il ferait mieux de se trouver une autre obsession car celle ci a l’air de le frustrer plus que nécessaire. Sauf s’il aime ça Asher, t’as pas pensé à ça. Ce serait totalement stupide. Mais tu sais au fond que ça pourrait car tu es aussi de cette team stupid. « J’ai embrassé mon fiancé pour la première fois dans un bar. J’étais ivre. » Tu te marres de réaliser ça. « Je lui avais pas demandé son avis. Je sortais des toilettes et c’est tombé sur lui. »  Le hasard fait bien les choses. « Peut être que tu auras cette chance aussi. » La chance de se faire embrasser par un parfait inconnu totalement ivre et sans son consentement ? Exactly it. T’es so weird Asher.

« Je chante. Je joue un peu. » Jake respecte les musiciens. Sa voix est agréable lors d’une discussion mais rapidement énervante s’il se met à chanter – il ne le fait que pendant sa vaisselle – et les instruments ne sont pas ses amis. Son fils est un prodige et il n’est que le reflet de sa mère, il ne peut pas retirer une once de mérite là-dessus. Tant pis. L’homme retourne vite la discussion pour qu’elle ne tourne pas trop autour de lui. Il a l’air d’être assez discret, ce que Jake n’est absolument pas de son côté : il aime parler, il aime raconter, il aime qu’on l’écoute. Il pourrait parler de ce qu’il a fait, vu et entendu jusqu’au bout de la nuit s’il avait un auditoire. Pas sûr qu’Asher tienne le coup. « Bon courage. » Et pour preuve, il ne cherche pas à approfondir et lui balance juste les deux mots les plus prononcés de l’univers. « Du coup tu viens dans les bars pour trouver un nouveau coup de foudre ou quoi ? » Il secoue son visage. « Je t’ai dit que je ne m’attendais pas à rencontrer l’homme de ma vie ici, ce soir. Je suis juste sorti ce soir parce que j’en avais envie. » Il n’a pas dans l’idée de repartir aux bras d’un inconnu, ni d’en draguer un autre qu’il rappellera dans quelques jours. Il voulait simplement se changer les idées en buvant un verre avec d’autres personnes. C’est ainsi que l’on fait de nouvelles connaissances, il paraît. « J’ai embrassé mon fiancé pour la première fois dans un bar. J’étais ivre. Je lui avais pas demandé son avis. Je sortais des toilettes et c’est tombé sur lui. Peut-être que tu auras cette chance aussi. » Il hausse ses épaules. « Si cet inconnu est Marcus, pourquoi pas. Sinon… Je ne sais pas. » Il n’a pas envie de recommencer à apprendre à connaître quelqu’un d’autre. Il est vraiment très attiré par Marcus. Plus qu’un crush, celui-ci lui a tapé dans l’œil, dans le cœur, dans tout son corps. Et ça l’embête réellement qu’ils n’arrivent pas à communiquer et à en être au même stade au même moment. Jake a évolué dans une relation fictive bien trop rapidement quand Marcus, lui, a un peu trop les pieds sur terre. Réussiront-ils un jour à se rejoindre pour être en osmose ? Il en doute fortement. « Enfin, quoique… » Il boit une gorgée. « C’est pour quand le mariage ? » Il a bien dit ‘fiancé’, non ? Il rêve du jour où il se mariera, lui aussi. Il veut bien porter le nom d’un autre ou transmettre le sien, peu importe, tant qu’il est lié à un autre jusqu’à la fin de ses jours. Si cet autre peut être Marcus, c’est encore mieux. Mais chut, ne le disons pas trop fort, ça pourrait porter malheur.

« Je t’ai dit que je ne m’attendais pas à rencontrer l’homme de ma vie ici, ce soir. Je suis juste sorti ce soir parce que j’en avais envie. » Oui mais toi tu sais qu’entre ce qu’on dit et ce qu’on veut y’a parfois - souvent - un gouffre immense. Le subconscient veut plus, veut différent et tu n’es pas spirituel ni penché vers la psychologie mais tu sens mine de rien que ce type chercher quelque chose sans même le savoir.  « Si cet inconnu est Marcus, pourquoi pas. Sinon… Je ne sais pas. » Mais il a l’air vraiment extrêmement accroché à ce Marcus, ce que tu peux comprendre vu combien tu es obsédé par Tovi malgré qu’il soit partout sauf avec toi depuis le début de l’année. Toi aussi tu essaies de voir des choses qui ne sont pas, comme l’envie de ton futur mari d’être avec toi. Son travail a bon dos car c’est une excuse légitime. L’avenir dira - ou pas - qu’il y avait autre chose là dessous. Mais pour l’instant tu es totalement ignorant de la réalité. C’est pas grave, ce n’est pas du temps perdu, tu ne verras jamais ça comme du temps perdu. Tu es en vie c’est bien plus de temps que d’autres. « Enfin, quoique… » Le gars a côté de toi - c’est quoi son prénom déjà? - a l’air bien dans ses pensées encore. Tu le fais cogiter avec tes réflexions à la con. Tu sers à quelque chose Asher, c’est bien.

« C’est pour quand le mariage ? » Ton tour de revenir à la réalité tout à coup. C’était bizarrement plus agréable quand on parlait de lui et Marcus. Comment il s’appelle déjà? Ah ben demande lui. « Ca devait être en décembre. » Ca te fait marrer de dire cette vérité qui au final est bien triste. « On a décalé parce qu’il est en voyage pour l’instant. J’étais en voyage en premier lieu j’ai pris le large en voiture. » Tu donnes beaucoup d’infirmation là Asher nan ? Bizarrement c’est facile de parler à un parfait inconnu. En plus tu te souviens plus de son prénom. Tu bois une gorgée de ton verre avant de reprendre. «  On a pas encore de date précise. » Tu hausses une épaule car au final c’est pas important. Le simple fait qu’il ait dit oui c’est ça qui est énorme pour toi. Tu pensais jamais te marier un jour. L’avenir dira que tu ne te marieras toujours pas non, mais t’es mignon là, tu sais pas. T’y crois encore. « Il est en tournée aux Etats-Unis. C’est un gros marché, c’est important. » Etant toi même dans un groupe qui a marché là bas, tu sais à quel point c’est primordial dans une carrière d’avoir le marché américain derrière soit. Tu penses plus au business, au bonheur et l’accomplissement qu’une réussite dans la musique apporte qu’au reste. Vous continuez de discuter, surtout du boulot car toi tu l’aimes mais tu n’es pas encore au niveau que tu désires et ça reste plutôt amer et frustrant. Tu n’as pas une grande patience au fond même si tu sais que c’est le seul chemin possible quoi qu’il en soit. Tu attends ton moment en continuant de travailler avec Johnny pour faire ça bien. Ca fait du bien de discuter avec un inconnu et tu ne t'en rends pas encore compte mais tu as besoin d'être entouré plutôt que de rester seul tout le temps...